• Les Israéliens prêts à 30 jours de guerre ouverte avec l’Iran

    Israël a préparé sa population à un éventuel conflit qui pourrait durer 30 jours sur plusieurs fronts simultanés, avec l’Iran. Tout un système d’alerte anti-bombardement est en cours de test.

    "Il n'y a aucune raison d'être hystérique. Jamais auparavant, le front intérieur n'a été aussi bien préparé", a déclaré le ministre le ministre israélien sortant de la Défense passive, Matan Vilnaï.  "Je peux l'assurer avec la plus grande autorité: aujourd'hui, chacun sait exactement ce qu'il doit faire", a-t-il poursuivi. "Israël s'est préparé au scénario d'une guerre de 30 jours sur plusieurs fronts" qui pourraient faire quelque 500 morts.

    Des kits antichimiques et bactériologiques disponibles pour plus de la moitié de la population israélienne. L'armée est par ailleurs en train de tester un système d'alerte par messages SMS pour prévenir la population en cas d'attaques de missiles. Les SMS, envoyés en hébreu, en arabe, en anglais et en russe, visent à préparer la population à d'éventuels tirs de missiles ou roquettes de la part de l'Iran ou du Hezbollah libanais, qui pourraient répondre à une éventuelle attaque israélienne contre l'Iran.

    Des résistances à la guerre

    Selon un sondage publié de jeudi, 61% des juifs israéliens s'opposent à une attaque contre l'Iran sans l'accord des Etats-Unis. 500 universitaires et militaires à la retraite sont en campagne contre la guerre. Ils ont signé une pétition appelant les pilotes de chasse à refuser de mener une attaque unilatérale: "Nous vous lançons cet appel avec une profonde inquiétude et angoisse. Notre destinée, notre avenir est entre vos mains".
    Beaucoup d’Israéliens pensent que le bruit de bottes qu’on fait bruyamment entendre au gouvernement sert à la fois à inciter les Etats-Unis à l’action, mais aussi à détourner la population des problématiques sociales et économiques, domaine sur lequel le bilan du gouvernement Netanyahu est catastrophique.
    Les communistes israéliens ont également lancé un appel à la mobilisation afin de mettre en échec l’éventualité d’une guerre contre l’Iran, « qui sèmerait la destruction et le chaos en Israël ». L'appelle précise qu’« au-delà des ravages qu’elle causera, une guerre régionale sera préjudiciable à la lutte pour le changement et la justice sociale ».

    L'Iran avait indiqué mardi ne pas croire à une attaque "stupide" israélienne contre ses installations nucléaires. Téhéran dément toujours que son programme nucléaire civil soit également à visée militaire.

     

    Manifs à Tel-Aviv : Non à la guerre contre l’Iran

    Les manifestations contre la guerre en Iran se multiplient devant la résidence du premier ministre israélien à Tel- Aviv.

    Des centaines de manifestants se sont déjà rassemblés plusieurs fois en ce mois d’août devant le récent immeuble résidentiel, dont Ehoud Barak occupe le 14ème étage. Et ils se promettent de continuer, tandis que la polémique se développe en Israël sur l’opportunité d’attaquer l’Iran et sur les pertes que cela pourrait occasionner pour Israël.

    Des militants de diverses associations, de Gush Shalom au Meretz en passant par le parti communiste, s’opposent à la politique guerrière des dirigeants israéliens et notamment du premier ministre Benjamin Netanyahou, dont ils réclament la démission.

    Dimanche soir et mardi soir les slogans fusaient : "Non aux bombardements sur l’Iran !", "Armageddon ? Non merci !" "Un Moyen-Orient sans nucléaire !", tandis que les manifestants tournaient autour de ce luxueux building occupés par nombre de magnats israéliens.

    Par ailleurs des pétitions ont été lancées et signées y compris par des universitaires israéliens de renom, pour demander aux pilotes de refuser de bombarder l’Iran.



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  • La Syrie, jusqu’à quand ?
    Hubert de GEVIGNEY
    Officier
    Contre amiral (2S)

    8 août 2012


    Hormis la cruelle Russie et l’énigmatique Chine, il semble bien désormais que tout le monde trouve parfaitement normal qu’un pays soit l’objet d’une entreprise de déstabilisation en partie menée par des forces et financée par des capitaux venus de l’étranger. L’angélique devoir d’ingérence et le 11 septembre sont passés par là, curieux mélange qui donne bonne conscience aux anciens puissants que nous sommes et l’illusion de puissance aux assiégés que nous sommes en train de devenir. Les Syriens ont-ils vraiment besoin que le monde occidental ajoute ses certitudes confites et sa morale manichéennement correcte à leur problème qui n’est pas simplement de se débarrasser d’un régime autoritaire ? On entend des "il faut que Bachar El Assad s’en aille" confortables et ingénus, adressés à la ménagère de quarante ans, un peu comme on lui assure par ailleurs qu’on va décréter la croissance.
    Il n’y a pas si longtemps encore, on partait au Moyen-Orient "avec des idées simples", avec au moins la sagesse de penser que ces dernières pourraient être mises à l’épreuve d’une réalité plus subtile. Aujourd’hui on y va  - quand on y va ! – et on en revient avec les mêmes idées préfabriquées que l’on avait au départ. Pire encore, on y va en traînant nos propres contradictions, empêtrés de nos alliances de circonstance, et l’on s’étonne, étant évidemment du côté des bons autoproclamés, que le miracle n’opère pas. Serait-ce que la situation est moins simple qu’il n’y paraît et jusqu’à quand notre microcosme politico-médiatique feindra-t-il de n’en rien savoir ? Pourtant, depuis le début du conflit, des voix et des témoignages se sont élevés qui, pour le moins, auraient dû inviter à douter quelque peu des intentions de l’hirondelle censée faire le printemps d’un des tout derniers pays arabes qui résiste, selon l’esprit de sa constitution, à la poussée islamiste…

    Car enfin… Peut-être bien que nos journalistes ne se sont pas trouvés très nombreux à exercer leur devoir d’informer quand, au tout début du conflit, des bandes venues de toutes parts, en partie commandées par des chefs de guerre fraîchement arrivés de Libye où ils venaient de réaliser la libération que l’on sait, ont envahi brutalement des quartiers entiers de Homs, obligeant des dizaines de milliers de chrétiens, druzes, chiites et sunnites modérés à leur abandonner leurs maisons pour aller se réfugier dans les montagnes. Peut-être bien qu’à ce moment-là, notre docte ministre des affaires étrangères de l’époque, subitement va-t-en guerre, encore sur le petit nuage de notre victoire sur Kadhafi, n’était pas tout à fait en phase avec les comptes-rendus de situation qu’il recevait de notre ambassade à Damas. Alors que sur nos chaînes de télévision s’expriment à souhait des combattants filmés curieusement le plus souvent à la frontière vers la Syrie, barbus et sans moustache (signe extérieur des salafistes), peut-être bien que l’on n’interroge pas beaucoup ceux des Syriens qui se demandent pourquoi on veut absolument voir se réinstaller chez eux un régime qui les a oppressés pendant des siècles et qui, en revanche, pourraient expliquer pourquoi ils se battront jusqu’au bout – avec Bachar El Assad ou pas – pour conserver leurs acquis.
    A cet égard, il est curieux que le récent témoignage, sur nos ondes nationales, du chef du parti communiste syrien – il y en a un, et même avec deux courants, ce qui n’est pas trop mal pour une dictature ! – n’ait pas eu plus d’écho dans notre microcosme bien pensant, au moins chez nos nostalgiques du grand soir. Il faut dire qu’il y demandait expressément qu’on laisse les Syriens régler leurs problèmes entre eux car l’expérience montrait – et de citer ceux que l’on venait d’aider généreusement à accéder à la démocratie (!) - que chaque fois qu’un pays arabo-musulman recevait l’aide de la communauté internationale, il faisait un bond de cinquante ans en arrière. Peut-être bien aussi, dans notre petit registre d’exception national, qu’il était gênant de reconnaître depuis le début que le reporter de France 2 était plutôt tombé sous les tirs des insurgés que sous ceux de l’armée régulière. Peut-être bien encore…

    Le "niet" de la Russie aura eu au moins l’avantage de donner le temps aux moutons occidentaux de ne pas se précipiter une fois de plus dans le ravin du manichéisme dominant. Quelques récents – encore timides - signes de retenue dans les propos des politiques et d’ouverture dans certains médias de masse laissent espérer que l’on pourrait en venir enfin à appréhender la situation dans toute sa complexité. Ce qui doit soulager nombre de sages observateurs arabes (autres que ceux de la Ligue du même nom) décontenancés par la tournure qu’ont prise les événements depuis le début du fameux printemps. On peut comprendre l’attitude de la Russie. Certes, toujours dans l’esprit de Pierre le Grand, elle ne lâchera pas son allié qui, à défaut de Dardanelles et de Bosphore, lui permet un semblant d’accès à la Méditerranée, mais aussi, forte de son expérience avec ses anciennes républiques musulmanes et de sa qualité de loser en titre (qu’elle risque de perdre au profit des Occidentaux quand nous aurons quitté l’Afghanistan !) elle sait que ce n’est pas par la force que l’on imposera notre vision démocratique au monde arabo-musulman. Et puis, en Russie, on excelle aux échecs et l’on pense au moins au coup d’après…

    La grande question reste de savoir pourquoi, d’un côté, ceux qui l’avaient armé ont dépensé plus de mille milliards pour la peau d’un terroriste qui, dans le fond, a gagné puisque tout le monde a peur, surtout les puissants, et, pourquoi de l’autre, on encourage ceux qui se réclament d’un courant comparable, à prendre le pouvoir dans tout le Moyen-Orient et à l’est du Maghreb…. Pour ce qui concerne les intentions de l’Oncle Sam, on sait. Elles ne changeront pas jusqu’à l’épuisement des ressources fossiles des monarchies théocratiques du Golfe arabo-persique. Quant à ces dernières, elles mettent les bouchées doubles à tenter de rattraper ce qu’elles n’ont pas fait pour entrer dans l’Histoire en presque un siècle de gaspillage de leurs pétrodollars… S’agissant d’Israël, on imagine mal son intérêt à avoir un pays islamiste de plus à sa frontière, et non la moindre. Et pour nous Européens, et Français en particulier ? Le refus de participer à l’invasion de l’Irak et à la chute du régime de Saddam Hussein aurait pu laisser entendre que nous avions encore une "politique arabe" singulière. On peut se demander maintenant si elle n’était pas déjà dictée par le souci de ménager en interne une partie grandissante de notre population. C’est que pour certains experts en géostratégie, la carte de l’Europe occidentale porte déjà de significatives hachures à la couleur de l’Islam. Pourtant, si d’aventure on finissait par reconnaître ce qui se passe actuellement en Syrie, on en viendrait peut-être à comprendre ce qui pourrait rapidement nous menacer chez nous. Dans l’immédiat, si l’on veut en connaître – et l’on n’y trouvera pas de panégyrique de Bachar El Assad ! - il est encore préférable d’acquérir le dernier SAS (en deux tomes !) plutôt que de se fier aux rodomontades et effets de brushing de quelque "maître à penser", ego-victime en diable de notre désolant paysage politico-médiatique, auquel on a pu abandonner, l’espace d’une guerre, notre pensée stratégique.

    http://www.magistro.fr/


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  • Entretien avec Karin Leukefeld, journaliste indépendante allemande installée en Syrie :

     

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    « Parmi la population, personne ne veut de cette guerre »

     

     

     

    Traduction WM pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    Mme Leukefeld, on entend constamment dans les médias que les insurgés se seraient désormais emparés de la capitale syrienne, qui serait « libérée ». Comment cette libération est vécue par la population syrienne? Comment la population syrienne perçoit-elle ces insurgés ?

     

    Tout d'abord, je dois dire que cette représentation n'est pas tout à fait correcte. Damas est une ville de plusieurs millions d'habitants, près de deux millions dans le centre, quatre millions environ dans la banlieue. Les insurgés sont forts avant tout dans les communes autour de Damas. Ils y ont livré des combats qui les ont opposé aux forces de l'ordre et à l'armée. La semaine passée, il y eut ce qu'on a appelé l'opération Volcan de Damas, un assaut sur la ville de Damas. Depuis, les rebelles ont bien avancé vers le centre de Damas, prenant d'assaut plusieurs postes de police.

     

    Ainsi dans le quartier où je réside, on a entendu très nettement ces affrontements. Ces derniers jours, les tirs se sont tellement rapprochés que je ne pouvais plus quitter ma maison. Mais ces groupes ont été repoussés après une opération militaire de grossse envergure. L'armée syrienne utilise tous les armements à sa disposition, chars et artillerie compris. Des hélicoptères auraient été détruits par ailleurs. De ce que j'ai pu voir, je ne peux le confirmer. Mais les dix derniers jours ont été marqués de façon ininterrompue par des opérations militaires de grosse ampleur, dans la périphérie de Damas. Depuis samedi dernier, la ville a toutefois retroué son calme. Les gens essaient de retrouver une vie quotidienne normale. Les marchés ont rouvert, le trafic routier a repris – à un rythme certes moins élevé que d'habitude, mais il faut dire qu'on est en plein Ramadan.

     

    De quel soutien les insurgés bénéficient-ils au sein de la population, et plus précisément dans la population sunnite?

     

    Je ne demande pas aux gens leur confession quand je leur parle... Je vis actuellement dans un petit hôtel qui était presque vide au départ, mais depuis le début des attaques, il affiche complet. Beaucoup de gens se sont placés avec leurs enfants et un peu d'affaires en sécurité car ils ne savent pas comment les choses vont évoluer. Ces gens n'ont aucune sympathie pour les insurgés armés. Même si ils sentent bien que quelque chose doit changer dans la politique Syrienne, ils rejettent la violence. Dans la banlieue de Damas, par exemple dans des communes comme Jdeideh Artuz, Qutseiya ou Tadmoun, il existe probablement une base de soutien pour les forces armées, sinon ils ne pourraient s'installer dans ces régions comme ils l'ont fait. Et on peut aussi se demander si le soutien de la population est vraiment volontaire. On entend beaucoup de cas d'intimidation. Des cas par exemple de personnes devant fermer leurs magasins. Des appels sont lancés à la population, pour qu'elle prenne les armes et rejoigne les insurgés. C'est un chef de famille qui m'a dit: « J'ai un couteau de famille, pourquoi prendre les armes! Je refuse. La sécurité de ma famille est la chose la plus importante. »

     

    Je voudrais avoir des informations plus précises sur la situation des minorités ethniques et religieuses en Syrie. A Damas, 15% de la population est chrétienne – comment leur vie a changé depuis le déclenchement du conflit armé ?

     

    Je connais beaucoup de chrétiens en Syrie et j'ai des amis chrétiens ici – dont beaucoup vivent dans la vieille ville de Damas, près de Bab Touma, et c'est plutôt calme par là-bas. Les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes. Il y a deux jours, je parlais à un jeune homme qui me demandait : « Que pensez-vous des informations venant de l'étranger », je lui ai répondu :« J'ai l'impression que beaucoup ne savent pas vraiment ce qui se passe ici ». Il était au bord des larmes pour me dire : « Nous ne savons pas quoi faire pour faire passer des informations à l'étranger, sur ce qui se passe réellement ici ». On se sent isolé, incompris, comme si on décrivait la situation d'un conflit dans un autre pays. Je crois que c'est un souci pour beaucoup de gens, qui ont l'impression que, hors de Syrie, on se fait une représentation déformée de ce qu'ils voient, ce qu'ils pensent de leur sort, et qui ne correspond pas à ce à quoi ils aspirent.

     

    On a l'impression que le peuple est broyé entre les différentes parties avec leurs intérêts. D'une part, le gouvernement Assad avec l'armée et ses services secrets, d'autre part, les insurgés soutenus par l'Occident. Quelle influence le peuple Syrien a-t-il sur les événements en Syrie ?

     

    A mon avis, aucune. Les manifestations qui se sont produites en mars, avril et mai 2011, exigeant des réformes politiques, sont désormais hors-jeu. L'opposition politique est elle aussi hors d'état, et la population est elle-même subie à de fortes pressions, d'ordre économique. Pour dire les choses clairement : les responsables de ces pressions économiques sont aussi les sanctions continuellement alourdies par l'Union européenne. Par exemple, il n'y a actuellement plus de gaz pour faire la cuisine. Tous les ménages sont concernés. Les gens doivent attendre jusqu'à six semaine voire plus pour obtenir une bouteille de gaz à un prix abordable. L'essence et le mazout manquent, car les sanctions touchent aussi le secteur pétrolier. Ce qui signifie que la vie quotidienne des Syriens est terriblement affectée par les sanctions, par les problèmes économiques et par la violence, ils n'ont donc plus la capacité de s'exprimer sur le plan politique.

     

    Ce que vous nous décrivez s'applique avec d'autant plus de force à Alep, avec les événements de la dernière semaine. A Alep, il y a une explosion de violence en ce moment. Des compte-rendus font état de 4 000 rebelles qui auraient pris la ville. Quel rôle joue Alep dans le conflit en Syrie ?

     

    Alep est la capitale économique du pays, très importante aussi par sa proximité avec la Turquie et l'Europe. C'est une ville qui se trouve sur la ligne reliant la Méditerranée et l'Asie. Il y a l'autoroute, le chemin de fer, des aéroports, une université. C'est une ville d'une grande importance. Combien de rebelles se trouvent dans la ville, je ne peux le vérifier. Hier, j'ai téléphoné à quelqu'un qui se trouve à Alep, qui m'a dit qu'une bonne partie de la ville est totalement calme. Les batailles se déroulent en périphérie, où les pauvres habitent – dans le sud et le nord-est. Et il m'a dit qu'il y avait des problèmes d'approvisionnement. L'électricité est limitée, le pain rationné, l'essence de plus en plus rare. C'est le même schéma que nous connaissons ici à Damas. Je crois aussi que l'importance d'Alep vient du fait qu'elle s'est révélée d'une neutralité totale au cours des 16 premiers mois du conflit. Comme à Damas, il y eut des petites manifestations sur le campus de l'université, que les forces de sécurité ont violemment réprimé... Mais la protestation ne s'est pas étendue aux trois millions d'habitants que compte Alep. Alep abrite une population très mélangée. Il y a les Arabes, les Kurdes, les Arméniens, les Turkmènes, beaucoup de chrétiens – plus de 20% de la population – et tout indique que la population ne veut pas de ce conflit. Cette guerre, on lui a imposé. Les gens veulent des réformes politiques, cela ressort clairement des nombreuses conversations que j'ai eu sur place. Mais ils ne veulent pas de cet affrontement militaire. Mais désormais la guerre est là, ce qui a sans doute à voir avec la proximité avec la Turquie, d'où les combattants bénéficient d'un appui logistique et militaire, c'est ce que l'on peut imaginer. Si cette ville est prise, on pourrait la séparer du reste de la Syrie et établir une zone tampon réclamé depuis longtemps.

     

    On le sait désormais de source officielle, cela a même filtré dans « Der Spiegel » du 26 juillet, que les États-Unis apportent un soutien militaire au Qatar et à l'Arabie saoudite depuis le mois de mai. Pourquoi l'Occident soutient des régimes fondamentalistes comme l'Arabie saoudite, et tentent de renverser des États laïques comme la Syrie ou la Libye ?

     

    Il y a des raisons géostratégiques. Le Qatar et l'Arabie saoudite possèdent les plus importances ressources et matières premières au monde. Le pétrole, le gaz. Le Qatar et l'Arabie saoudite sont de puissants investisseurs d'économies en difficulté, en Europe et surtout aux États-Unis. Ils sont donc à bien des égards, avant tout sur le plan financier et dans la sécurisation de sources en hydrocarbures, des partenaires clés, que l'Occident veut protéger. Leur dessein est évident, depuis le Qatar et l'Arabie saoudite, construire des pipelines depuis la péninsule Arabique, via la Turquie et vers l'Europe. Et la Syrie serait d'une certaine manière également sur le chemin. On veut casser le lien qui existe entre la Syrie et l'Iran. C'est une situation géostratégique et politique très complexe dans la région. L'ingérence de l’Occident pour moi n'a rien à voir avec l'amélioration de la situation des droits de l'Homme et de la situation économique, mais tout à voir avec des raisons géostratégiques qui expliquent pourquoi on coopère avec certains régimes et qu'on tente de faire tomber certains autres. Je pense clairement qu'on a la preuve désormais qu'ils n'ont pas intérêt à une résolution politique du conflit en Syrie, ils veulent véritablement mener une guerre ici. Des interlocuteurs m'ont dit ici qu'il s'agit d'une sorte de troisième guerre mondiale entre les Etats-unis et la Russie, sur le dos des Syriens, en pays Syrien. Les Syriens vont en payer le prix fort, sans être aucunement associés à la solution du conflit.


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  • Le Département fédéral des affaires étrangères a contribué, par une somme de 60’000 francs, aux dépenses logistiques des réunions à Berlin destinées à préparer l’opposition syrienne en vue du remplacement du président Assad. Berne est donc en train d’aider explicitement des groupes qui entendent prendre le pouvoir avec les armes et mènent une guerre civile soutenue par les forces impérialistes des USA et leurs alliés, la France en premier lieu.

    « Il s’agit, de la part du gouvernement suisse, d’une honteuse ingérence dans les affaires d’un pays souverain, en dépit de sa neutralité proclamée à tout moment, et pour se mettre aux côtés des puissances néo-colonialistes qui sont en train de préparer une nouvelle mise à sac des ressources pétrolières à travers une guerre, comme ce fut le cas en Iraq et en Libye », estime, dans un communiqué, le secrétariat du Parti suisse du Travail - POP.

    "Cela jette dans le chaos le Moyen-Orient, lance un défi irresponsable à la Chine et à la Russie et met en grave danger la paix mondiale.

    Le rôle de notre pays, en tant que pays neutre, est d’agir pour favoriser le dialogue entre les parties en conflit et certainement pas d’en aider seulement une, d’autant plus que l’opposition syrienne n’est pas forcément beaucoup plus démocratique que le régime Assad. Des actions comme celle-là jettent un discrédit sur notre politique étrangère et nous font perdre de notre crédibilité aux yeux des autres pays non alignés dans cette guerre.

    Nous condamnons toutes formes d’interventions militaires étrangères en Syrie. Seule une solution politique à travers un dialogue entre les parties en conflit pourra mettre fin à cette guerre civile. Mais l’opposition syrienne est fortement divisée et ses différentes tendances poussent vers diverses solutions, selon leurs « sponsors » qui ont des intérêts différents (Arabie Saoudite, Qatar, USA, France, Turquie, Israël, etc.).

    Par ailleurs, nous exigeons que la Suisse cesse de vendre des armes au Qatar, car celles-ci finiront très probablement entre les mains des rebelles syriens soutenus et armés par cette monarchie du Golfe et contribueront ainsi à alimenter la guerre civile en cours. Nous exigeons que la Confédération respecte dans les faits les principes dont elle se revendique en paroles et cesse de vendre des armes aux pays belligérants ou qui soutiennent matériellement des guerres en dehors de leur territoire."

    http://www.gauchebdo.ch/


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  • 07 Aout 2012

    Bleitrach 221

    Ce pays est au cœur du Proche-Orient, et pourtant nous le connaissons si mal. La Syrie au présent vient combler cette lacune en dressant un portrait saisissant et minutieux d’une société complexe, qui ne se laisse pas résumer au régime autocratique de Bachar al-Assad.

     

    Recensé : La Syrie au présent, Reflets d’une société. Sous la direction de Baudoin Dupret, Zouhair Ghazzal, Youssef Courbage, Mohammed Al-Dbiyat, Sindbad, Actes Sud, 2007, 877 pages. 30€.

     

    La Syrie est le parent pauvre des ouvrages français consacrés au Moyen-Orient – chose étonnante, vu sa complexité et la place centrale qu’elle occupe dans les équilibres régionaux, qui interdisent de le réduire au statut d’« État voyou » (rogue state) ou de le juger à travers le seul prisme de son régime politique. Depuis l’ouvrage collectif édité par le CNRS en 1990 (La Syrie d’aujourd’hui, sous la direction d’André Bourgey), les lecteurs français ne disposaient en effet que d’articles scientifiques très spécialisés pour comprendre les réalités politiques et sociales de ce pays.

     

    La parution de La Syrie au présent, l’ouvrage dirigé par quatre chercheurs de l’Institut Français du Proche-Orient, est donc, d’emblée, un événement remarquable. Réunissant une équipe d’universitaires et de praticiens venant de tous horizons, cet ouvrage dresse un portrait sinon exhaustif (le sous-titre indique humblement qu’il s’agit de ‘reflets’), du moins fidèle à la complexité de la Syrie contemporaine [1]. Cette ambition se reflète dans le plan de l’ouvrage, composé autour de huit thématiques – le territoire, la population, la religion, la culture, l’économie, le droit, la politique, la place de la Syrie dans la région –, chacune faisant l’objet d’un long chapitre introductif suivi d’une série de papiers plus courts. On y trouvera des études approfondies sur des sujets très précis (par exemple, la production laitière, ou un camp de réfugiés palestiniens….), mais aussi des questions transversales (le soufisme, les questions linguistiques actuelles, la politique de l’eau, les Frères musulmans, le théâtre syrien…), des témoignages (sur les maisons en parpaings, sur un concert de Sabakh Farhi, chanteur classique vénéré en Syrie…), et des zooms plus ou moins rapprochés (allant des jardins des villes de l’Oronte à la badia, terre des bédouins) qui ancrent les analyses dans des réalités situées à différentes échelles.


     

    Reposant sur une expertise solide mais accessible au public non spécialiste, La Syrie au présent effectue aussi une manière de bilan : celui de quarante années d’« intermède socialiste », celui de quarante années de régime autoritaire. Grâce aux multiples « reflets » qu’elle propose, grâce aux allers-retours constants des textes entre temps long et instantanés du quotidien, l’ouvrage décrit une société paradoxale : entravée, certes, mais pourtant extrêmement vivante et plurielle. Quel que soit le jugement que l’on porte sur le bilan – il est pourtant sévère – force est de constater que, en Syrie, rien n’est si immobile qu’il en a l’air, malgré la rigidité du cadre étatique, la main de fer du régime policier, la longue fermeture du pays, la paupérisation de la population. Le fil rouge reliant ces chapitres pourrait donc être, d’une certaine manière, les tensions et recompositions qui ont lieu, à toutes les échelles et dans tous les domaines, entre d’une part terroirs, réseaux et sociabilités, savoir-faire, créativité et d’autre part planification, objectifs nationaux de développement, dirigisme. Ces tensions sont ravivées par le contexte récent de relative libéralisation économique et de plus grande ouverture du pays tandis que se maintiennent la chape de plomb politique, la corruption et le clientélisme qui, en dernière analyse, empêchent le pays de refermer « l’intermède ».


     

    Un exemple de ces tensions, adaptations et métissages est donné dans le premier chapitre, consacré aux transformations du territoire syrien depuis les années 1960. Ce chapitre décrit ainsi les recompositions du territoire syrien – et notamment l’intégration de périphéries auparavant délaissées, en particulier celle de la Jazira, territoire du nord-est à forte population kurde, et celle de la région alaouite, montagne en bordure de la Méditerranée. Le destin de la Jazira a été transformé par le développement d’un programme d’irrigation intensive (grâce à la construction de deux barrages sur l’Euphrate), par l’implantation de fermes agricoles d’État et d’industries du secteur public, et enfin par la découverte et l’exploitation du pétrole à partir des années 1980 – les modalités de cette insertion font d’ailleurs dire à des intellectuels de la région cités par les auteurs que la Jazira est devenue une « colonie interne » à la Syrie du fait de l’exploitation à sens unique de ses ressources. La construction ex nihilo de la « région alaouite » doit, elle, tout à la prise du pouvoir damascène par les membres de cette communauté, qui jusqu’à présent était confinée dans un terroir enclavé et pauvre. Ces transformations participent par ailleurs d’une centralisation croissante du territoire au profit de Damas. Cette centralisation reformule la hiérarchie urbaine et le rapport des villes les unes avec les autres, et en particulier le rôle de la seconde ville du pays, Alep. Celle-ci, éternelle rivale de la capitale et pôle industriel et commercial essentiel, est en effet déstabilisée par le processus de métropolisation damascène – qui capte désormais la majeure partie de l’investissement international – comme par la rupture partielle de sa domination sur son arrière-pays, une Jazira puissamment transformée. L’accélération de la déconnection des rapports ville/campagne, couple dont les relations ont structuré le développement de la Syrie au XXe siècle, est en effet accélérée par l’ouverture économique du début du XXIe siècle, et contribuent à l’ancrage des villes dans des réseaux de plus longue portée, régionaux et internationaux au détriment des solidarités locales. Au début du XXIe siècle, le territoire syrien est donc à la fois plus intégré, mais aussi plus fragmenté, en transition entre l’héritage de la planification et la recomposition des ressources humaines et des réseaux locaux aux nouvelles conditions de l’ouverture.


     

    Adaptation, ajustement, contournement, métissage, résistance et normalisation caractérisent également les autres aspects de la société syrienne abordés par l’ouvrage. Le deuxième chapitre offre une analyse approfondie de la population syrienne, et souligne le coup d’arrêt persistant du processus de transition démographique – ce qui fait de la Syrie un cas quasi unique dans le monde. Il donne par ailleurs coups de projecteur utiles sur des populations minoritaires et que le pouvoir cherche à contrôler, avec plus ou moins de succès – Kurdes, bédouins, palestiniens par exemple. Le troisième chapitre s’attache à montrer la diversité du paysage religieux syrien : diversité des différents groupes confessionnels et de la composition interne de ceux-ci, dynamisme du débat religieux entre les différentes traditions, variété des pratiques et des espaces du sacré, complexité des rapports qu’entretiennent les différentes communautés entre elles comme avec un pouvoir baasiste  soucieux de les encadrer, de les contrôler, de les réprimer ou de les utiliser. Ce portrait met utilement en perspective la question de l’islam politique – sujet favori des médias occidentaux – et indique que celle-ci est loin d’épuiser la question religieuse en Syrie. Ce sont les éclairages consacrés à divers aspects de la scène culturelle syrienne qui font toute la richesse du chapitre consacré à la culture : ils rendent compte de la vitalité de la création dans de nombreux domaines (théâtre, cinéma, œuvres télévisuelles, livre, musique) malgré les contraintes internes – manque de moyens et contrôle politique – mais aussi en s’intéressant à des formes culturelles moins étudiées – il en est ainsi de la polyglossie de l’arabe ou de la musique nawar, musique de fête à deux instruments jouée par les tziganes – qui révèlent les tensions entre une culture de masse en expansion et le devenir de cultures et pratiques plus localisées. Le cinquième chapitre sur l’économie syrienne livre un bilan sévère des quarante années de l’« intermède socialiste » (y compris les politiques dites d’ouverture des années 1990), intermède qui a officiellement pris fin en 2005, lorsque le Congrès du Parti Baas a annoncé l’entrée de la Syrie dans une « économie sociale de marché » qui reste encore à définir ; les éclairages proposés décrivent les relations de proximité qui existent entre sphères économiques et sphères politiques. De façon assez similaire, le sixième chapitre, qui examine les rapports entre droit et société, rend compte des différents degrés et des différentes formes d’intervention de l’État dans le domaine juridique. Il prend exemple du développement d’un véritable « juridisme économique » qui permet à l’État, par le biais de l’économie, de déborder sur des domaines qui touchent au droit de la personne et, plus largement, au politique.


     

    Les chapitres sept et huit sont plus directement consacrés à la sphère politique. Le chapitre sept, consacré aux transformations internes, analyse de façon précise les mécanismes et équilibres institutionnels qui ont permis l’accession (en 2000) et le maintien de Bachar al-Assad au pouvoir ; cette analyse permet à ses auteurs de dépasser l’habituelle opposition entre « rupture ou continuité » en démontrant que les années Bachar sont davantage une phase d’« adaptation » du régime à de nouvelles contraintes externes et internes. Les articles additionnels font œuvre utile en proposant par exemple des analyses des oppositions politiques musulmanes, de la faiblesse politique des différentes bourgeoisies syriennes, ou de l’abandon en 2000 de l’un des piliers de la politique économique baasiste, le démantèlement des Fermes d’État. Le dernier chapitre place l’insertion régionale de la Syrie sous le paradigme d’un affaiblissement progressif de la position de Damas depuis le début des années 2000 (isolement croissant lié à l’engagement américain dans la région et à la mauvaise maîtrise de l’évolution des relations avec le Liban, que les troupes syriennes sont contraintes de quitter en 2005), en contraste fort avec le rôle central qu’elle y tenait jusqu’alors grâce à la maîtrise de quelques cartes essentielles.


     

    On peut certes regretter l’absence de certains thèmes – ainsi aimerait-on en apprendre davantage sur la jeunesse syrienne qui compose la majorité de la population, sur les conditions de vie de la population urbaine et rurale, sur le monde du travail ou encore sur les aspects économiques et culturels des liens qui lient la Syrie aux autres pays de la région. Il n’empêche : La Syrie au présent constitue une riche contribution aux études syriennes. Ce premier ouvrage de synthèse sur la Syrie au XXIe siècle fera donc date pour ceux qui s’intéressent à ce pays.

     

    par Leïla Vignal [30-10-2008]


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    Pour citer cet article :Leïla Vignal, « La Syrie à l’aube du XXIe siècle », La Vie des idées, 30 octobre 2008. ISSN : 2105-3030.  URL : http://www.laviedesidees.fr/La-Syrie-a-l-aube-du-XXIe-siecle.html


    Notes

    [1] Hasard du calendrier ou signe d’un frémissement éditorial ? La Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée a proposé, en 2006, un numéro spécial sur la Syrie, sous la direction de Sylvia Chiffoleau : N°115-116 – La Syrie au quotidien. Cultures et pratiques du changement, Décembre 2006.

    http://www.pcfbassin.fr


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    Syrie 184

    IRIB- Selon le quotidien syrien, « Al Watan », les forces navales chinoises iraniennes et russes s'apprêtent, sous peu, à mener des exercices navals de grande envergure, dans les eaux territoriales de la Syrie.

     

    « Al-Watan » souligne la mise en garde de l'Iran lancée à la Turquie, selon laquelle, Téhéran n'hésitera pas une seule seconde à entrer en action, si la Turquie attaquait la Syrie. L'Iran et la Syrie sont liés par un accord sécuritaire et militaire. « Les exercices navals que les flottes, russe, iranienne et chinoise s'apprêtent à organiser, dans les eaux syriennes, veulent envoyer un message clair aux ennemis de la Syrie ».

    http://french.irib.ir/info/moyen-or…


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  • Nos ministres, Juppé hier, Fabius aujourd’hui sont-ils mal renseignés, mal conseillés, ou naïfs ?

     

     

    Invité de l'Association Régionale Nice Côte d'Azur de l'IHEDN (AR29), le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, reconnu bien au-delà de l'Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, a livré aux auditeurs son sentiment au cours d'une conférence qui a connu un vif succès.


     

    L'expression « printemps arabe » est censée faire référence au « Printemps des peuples » de 1848.


     

    Depuis la révolte de Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, la contagion s'est étendue de la Tunisie successivement à l'Égypte, à la Libye, à Bahreïn, au Yémen et enfin en Syrie. Contrairement à ce qui a pu être dit, ces contestations populaires, d'une ampleur et d'une intensité très variables, n'ont pas été le fait des « réseaux sociaux », dans des pays où l'accès à Internet est réduit à une minorité de personnes « branchées » et où les moyens de blocage du Net sont très développés. Même si les aspirations de ces divers peuples visaient à chasser des dirigeants corrompus pour favoriser l'instauration d'une démocratie, les manifestants en reprenant le slogan « Dégage ! » (« Erhal » en arabe) entendaient réclamer un meilleur partage des richesses pour améliorer leurs conditions de vie, obtenir des emplois et retrouver une certaine dignité (« karama » en arabe). En fait, ces révoltes, révolutions ou encore « réveil arabe » ont en commun d'avoir été financées par le Qatar et d'autres monarchies du Golfe et d'avoir été encadrées par les Frères musulmans.


     

    Le résultat ne s'est pas fait attendre : on en voit déjà les effets en Tunisie, en Libye et bientôt en Égypte.

     

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  • Nos ministres, Juppé hier, Fabius aujourd’hui sont-ils mal renseignés, mal conseillés, ou naïfs ?

     

     

    Invité de l'Association Régionale Nice Côte d'Azur de l'IHEDN (AR29), le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, reconnu bien au-delà de l'Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, a livré aux auditeurs son sentiment au cours d'une conférence qui a connu un vif succès.


     

    L'expression « printemps arabe » est censée faire référence au « Printemps des peuples » de 1848.


     

    Depuis la révolte de Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, la contagion s'est étendue de la Tunisie successivement à l'Égypte, à la Libye, à Bahreïn, au Yémen et enfin en Syrie. Contrairement à ce qui a pu être dit, ces contestations populaires, d'une ampleur et d'une intensité très variables, n'ont pas été le fait des « réseaux sociaux », dans des pays où l'accès à Internet est réduit à une minorité de personnes « branchées » et où les moyens de blocage du Net sont très développés. Même si les aspirations de ces divers peuples visaient à chasser des dirigeants corrompus pour favoriser l'instauration d'une démocratie, les manifestants en reprenant le slogan « Dégage ! » (« Erhal » en arabe) entendaient réclamer un meilleur partage des richesses pour améliorer leurs conditions de vie, obtenir des emplois et retrouver une certaine dignité (« karama » en arabe). En fait, ces révoltes, révolutions ou encore « réveil arabe » ont en commun d'avoir été financées par le Qatar et d'autres monarchies du Golfe et d'avoir été encadrées par les Frères musulmans.


     

    Le résultat ne s'est pas fait attendre : on en voit déjà les effets en Tunisie, en Libye et bientôt en Égypte.


     

    La question que l'on est en droit de se poser est : par quel miracle, les Européens ont-ils pu soutenir à ce point des mouvements qui vont à la fois à l'encontre des intérêts mêmes de ces populations et aussi des nôtres. Si la démocratisation de ces pays ne nous laisse pas indifférent, les voir retomber dans une nouvelle forme de soumission plus insidieuse n'augure rien de bon pour l'avenir. Depuis plus d'un an, ce printemps arabe n'en finit pas. La Syrie est le dernier pays à avoir été pris dans une tourmente qui a mis le pays à feu et à sang.


     

    Les pires conjectures formulées au premier semestre 2011 concernant les mouvements de révolte arabes deviennent aujourd’hui réalité. Je les avais largement exposées dans divers ouvrages et revues [1] à contrecourant d’une opinion occidentale généralement enthousiaste et surtout naïve. Car il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la liberté allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces sociétés.


     

    Une fois passé le bouillonnement libertaire et l'agitation des adeptes de Facebook, il a bien fallu se rendre à l'évidence. Le pouvoir est tombé dans les mains des seules forces politiques structurées qui avaient survécu aux dictatures nationalistes parce que soutenues financièrement par les pétromonarchies théocratiques dont elles partagent les valeurs et politiquement par les Occidentaux parce qu'elles constituaient un bouclier contre l'influence du bloc de l'Est : les forces religieuses fondamentalistes. Et le « printemps arabe » n'a mis que six mois à se transformer en « hiver islamiste ».


     

    En Tunisie et en Égypte, les partis islamistes, Frères musulmans et extrémistes salafistes se partagent de confortables majorités dans les Parlements issus des révoltes populaires. Ils cogèrent la situation avec les commandements militaires dont ils sont bien contraints de respecter le rôle d'acteurs économiques dominants mais s'éloignent insidieusement des revendications populaires qui les ont amenés au pouvoir.


     

    Constants dans leur pratique du double langage, ils font exactement le contraire de ce qu’ils proclament.


     

    En, Égypte, après avoir affirmé sur la Place Tahrir au printemps 2011 qu'ils n'aspiraient nullement au pouvoir, ils revendiquent aujourd'hui la présidence de la République, la majorité parlementaire et l'intégralité du pouvoir politique.


     

    En Tunisie, et après avoir officiellement renoncé à inclure la charia dans la constitution, ils organisent dans les provinces et les villes de moyenne importance, loin de l'attention des médias occidentaux, des comités de vigilance religieux pour faire appliquer des règlements inspirés de la charia. Ce mouvement gagne progressivement les villes de plus grande importance et même les capitales où se multiplient les mesures d'interdiction en tous genres, la censure des spectacles et de la presse, la mise sous le boisseau des libertés fondamentales et, bien sûr, des droits des femmes et des minorités non sunnites.


     

    Et ces forces politiques réactionnaires n'ont rien à craindre des prochaines échéances électorales. Largement financées par l'Arabie et le Qatar pour lesquels elles constituent un gage de soumission dans le monde arabe, elles ont tous les moyens d’acheter les consciences et de se constituer la clientèle qui perpétuera leur domination face à un paysage politique démocratique morcelé, sans moyens, dont il sera facile de dénoncer l'inspiration étrangère et donc impie.


     

    La Libye et le Yémen ont sombré dans la confusion. Après que les forces de l'OTAN, outrepassant largement le mandat qui leur avait été confié par l'ONU, ont détruit le régime du peu recommandable Colonel Kadhafi, le pays se retrouve livré aux appétits de bandes et tribus rivales bien décidées à défendre par les armes leur pré carré local et leur accès à la rente.

     

    L'éphémère « Conseil National de transition » porté aux nues par l'ineffable Bernard Henri Lévy est en train de se dissoudre sous les coups de boutoir de chefs de gangs islamistes, dont plusieurs anciens adeptes d'Al-Qaïda, soutenus et financés par le Qatar qui entend bien avoir son mot à dire dans tout règlement de la question et prendre sa part dans l’exploitation des ressources du pays en hydrocarbures.


     

    Au Yémen, le départ sans gloire du Président Ali Abdallah Saleh rouvre la porte aux forces centrifuges qui n'ont pas cessé d'agiter ce pays dont l'unité proclamée en 1990 entre le nord et le sud n'a jamais été bien digérée, surtout par l'Arabie Saoudite qui s'inquiétait des foucades de ce turbulent voisin et n'a eu de cesse d'y alimenter la subversion fondamentaliste. Aujourd'hui, les chefs de tribus sunnites du sud et de l'est du pays, dont certains se réclament d'Al-Qaïda et tous du salafisme, entretiennent un désordre sans fin aux portes de la capitale, Sanaa, fief d'une classe politique traditionnelle zaydite – branche dissidente du chiisme – insupportable pour la légitimité de la famille saoudienne.


     

    Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d'islamisation au prix d'une incompréhension généralisée et de l'opprobre internationale.


     

    Avant de développer ce sujet, je crois devoir faire une mise au point puisque d'aucuns croient déceler dans mes propos et prises de positions des relents d'extrême droite et de complaisance pour les dictatures.


     

    Je me rends régulièrement en Syrie depuis 45 ans et y ai résidé pendant plusieurs années. Je ne prétends pas connaître intimement ce pays mais je pense quand même mieux le connaître que certains de ces journalistes qui en reviennent pleins de certitudes après un voyage de trois ou quatre jours.


     

    Mes activités m'ont amené à devoir fréquenter à divers titres les responsables des services de sécurité civils et militaires syriens depuis la fin des années 70. J'ai pu constater qu'ils ne font ni dans la dentelle ni dans la poésie et se comportent avec une absolue sauvagerie. Ce n'est pas qu'ils ont une conception différente des droits de l'homme de la nôtre. C'est qu'ils n'ont aucune conception des droits de l'homme…


     

    Leur histoire explique en grande partie cette absence. D'abord, ils puisent leur manière d'être dans quatre siècles d'occupation par les Turcs ottomans, grands experts du pal, de l'écorchage vif et du découpage raffiné. Ensuite, ils ont été créés sous la houlette des troupes coloniales françaises pendant le mandat de 1920 à 1943, et, dès l'indépendance du pays, conseillés techniquement par d'anciens nazis réfugiés, de 1945 jusqu'au milieu des années 50, et ensuite par des experts du KGB jusqu'en 1990. Tout ceci n'a guère contribué à développer chez eux le sens de la douceur, de la tolérance et du respect humain.


     

    Quant au régime syrien lui-même, il ne fait aucun doute dans mon esprit que c'est un régime autoritaire, brutal et fermé. Mais le régime syrien n’est pas la dictature d'un homme seul, ni même d'une famille, comme l'étaient les régimes tunisien, égyptien, libyen ou irakien. Tout comme son père, Bashar el-Assad n'est que la partie visible d'un iceberg communautaire complexe et son éventuel départ ne changerait strictement rien à la réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays.

     

    Il y a derrière lui 2 millions d'Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d'une mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que l'Occident semble encourager et promouvoir dans la région.


     

    Quand je suis allé pour la première fois en Syrie en 1966, le pays était encore politiquement dominé par sa majorité musulmane sunnite qui en détenait tous les leviers économiques et sociaux. Et les bourgeois sunnites achetaient encore – parfois par contrat notarié – des jeunes gens et de jeunes filles de la communauté alaouite dont ils faisaient de véritables esclaves à vie, manouvriers agricoles ou du bâtiment pour les garçons, bonnes à tout faire pour les filles.


     

    Les Alaouites sont une communauté sociale et religieuse persécutée depuis plus de mille ans. Je vous en donne ici une description rapide et schématique qui ferait sans doute hurler les experts mais le temps nous manque pour en faire un exposé exhaustif.


     

    Issus au Xè siècle aux frontières de l'empire arabe et de l'empire byzantin d'une lointaine scission du chiisme, ils pratiquent une sorte de syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des éléments de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Ils se désignent eux-mêmes sous le nom d’Alaouites – c'est à dire de partisans d'Ali, le gendre du prophète - quand ils veulent qu’on les prenne pour des Musulmans et sous le nom de Nosaïris – du nom de Ibn Nosaïr, le mystique chiite qui a fondé leur courant – quand ils veulent se distinguer des Musulmans. Et – de fait – ils sont aussi éloignés de l'Islam que peuvent l'être les chamanistes de Sibérie.


     

    Et cela ne leur a pas porté bonheur…. Pour toutes les religions monothéistes révélées, il n’y a pas pire crime que l'apostasie. Les Alaouites sont considérés par l'Islam sunnite comme les pires des apostats.


     

    Cela leur a valu au XIVè siècle une fatwa du jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, l'ancêtre du wahhabisme actuel, prescrivant leur persécution systématique et leur génocide. Bien que Ibn Taymiyyah soit considéré comme un exégète non autorisé, sa fatwa n'a jamais été remise en cause et est toujours d'actualité, notamment chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans.


     

    Pourchassés et persécutés, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l'actuelle Turquie tout en donnant à leurs croyances un côté hermétique et ésotérique, s'autorisant la dissimulation et le mensonge pour échapper à leurs tortionnaires.


     

    Il leur a fallu attendre le milieu du XXè siècle pour prendre leur revanche. Soumis aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, les bourgeois musulmans sunnites de Syrie ont commis l'erreur classique des parvenus lors de l'indépendance de leur pays en 1943. Considérant que le métier des armes était peu rémunérateur et que l'institution militaire n'était qu'un médiocre instrument de promotion sociale, ils n'ont pas voulu y envoyer leurs fils. Résultat : ils ont laissé l'encadrement de l'armée de leur tout jeune pays aux pauvres, c'est à dire les minorités : Chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites et surtout Alaouites. Et quand vous donnez le contrôle des armes aux pauvres et aux persécutés, vous prenez le risque à peu près certain qu'ils s'en servent pour voler les riches et se venger d'eux. C'est bien ce qui s'est produit en Syrie à partir des années 60.


     

    Dans les années 70, Hafez el-Assad, issu d'une des plus modestes familles de la communauté alaouite, devenu chef de l'armée de l'air puis ministre de la défense, s'est emparé du pouvoir par la force pour assurer la revanche et la protection de la minorité à laquelle sa famille appartient et des minorités alliées – Chrétiens et Druzes - qui l'ont assisté dans sa marche au pouvoir. Ils s'est ensuite employé méthodiquement à assurer à ces minorités – et en particulier à la sienne - le contrôle de tous les leviers politiques, économiques et sociaux du pays selon des moyens et méthodes autoritaires dont vous pourrez trouver la description détaillée dans un article paru il y maintenant près de vingt ans.[2]


     

    Face à la montée du fondamentalisme qui progresse à la faveur de tous les bouleversements actuels du monde arabe, son successeur se retrouve comme les Juifs en Israël, le dos à la mer avec le seul choix de vaincre ou mourir. Les Alaouites ont été rejoints dans leur résistance par les autres minorités religieuses de Syrie, Druzes, Chiites, Ismaéliens et surtout par les Chrétiens de toutes obédiences instruits du sort de leurs frères d'Irak et des Coptes d'Égypte.


     

    Car, contrairement à la litanie que colportent les bien-pensants qui affirment que « si l'on n'intervient pas en Syrie, le pays sombrera dans la guerre civile »…. eh bien non, le pays ne sombrera pas dans la guerre civile. La guerre civile, le pays est dedans depuis 1980 quand un commando de Frères musulmans s'est introduit dans l'école des cadets de l'armée de terre d'Alep, a soigneusement fait le tri des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites au couteau et au fusil d'assaut en application de la fatwa d'Ibn Taymiyya. Les Frères l'ont payé cher en 1982 à Hama – fief de la confrérie - que l'oncle de l'actuel président a méthodiquement rasée en y faisant entre 10 et 20.000 morts. Mais les violences intercommunautaires n'ont jamais cessé depuis, même si le régime a tout fait pour les dissimuler.


     

    Alors, proposer aux Alaouites et aux autres minorités non arabes ou non sunnites de Syrie d'accepter des réformes qui amèneraient les islamistes salafistes au pouvoir revient très exactement à proposer aux Afro-américains de revenir au statu quo antérieur à la guerre de sécession. Ils se battront, et avec sauvagerie, contre une telle perspective.


     

    Peu habitué à la communication, le régime syrien en a laissé le monopole à l'opposition. Mais pas à n'importe quelle opposition. Car il existe en Syrie d'authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde, qui s'accommodent mal de l'autoritarisme du régime et qui espéraient de Bashar el-Assad une ouverture politique. Ils n'ont obtenu de lui que des espaces de liberté économique en échange d'un renoncement à des revendications de réformes libérales parfaitement justifiées. Mais ceux-là, sont trop dispersés, sans moyens et sans soutiens. Ils n'ont pas la parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage médiatisé du « dictateur » comme cela a été fait en Libye.


     

    Si vous vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et audiovisuels, en particulier en France, vous n'aurez pas manqué de constater que toutes les informations concernant la situation sont sourcées « Observatoire syrien des droits de l'homme » (OSDH) ou plus laconiquement « ONG », ce qui revient au même, l'ONG en question étant toujours l''Observatoire syrien des droits de l'homme.


     

    L'observatoire syrien des droits de l'homme, c'est une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d'information privilégiée voire unique. Il n'a pourtant rien à voir avec la respectable Ligue internationale des droits de l'homme. C'est en fait une émanation de l'Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L'OSDH s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds saoudiens et maintenant qataris.


     

    Je ne prétends nullement que les informations émanant de l'OSDH soient fausses, mais, compte tenu de la genèse et de l'orientation partisane de cet organisme, je suis tout de même surpris que les médias occidentaux et en particulier français l'utilisent comme source unique sans jamais chercher à recouper ce qui en émane.


     

    Second favori des médias et des politiques occidentaux, le Conseil National Syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à l'initiative non de l'État turc mais du parti islamiste AKP.


     

    Censé fédérer toutes les forces d'opposition au régime, le CNS a rapidement annoncé la couleur. Au sens propre du terme…. Le drapeau national syrien est composé de trois bandes horizontales. L'une de couleur noire qui était la couleur de la dynastie des Abbassides qui a régné sur le monde arabe du 9è au 13è siècle. L'autre de couleur blanche pour rappeler la dynastie des Omeyyades qui a régné au 7è et 8è siècle. Enfin, la troisième, de couleur rouge, censée représenter les aspirations socialisantes du régime. Dès sa création, le CNS a remplacé la bande rouge par la bande verte de l'islamisme comme vous pouvez le constater lors des manifestations anti-régime où l'on entend plutôt hurler « Allahou akbar ! » que des slogans démocratiques.


     

    Cela dit, la place prédominante faite aux Frères musulmans au sein du CNS par l'AKP turc et le Département d'État américain a fini par exaspérer à peu près tout le monde. La Syrie n'est pas la Libye et les minorités qui représentent un bon quart de la population entendent avoir leur mot à dire, même au sein de l'opposition. Lors d'une visite d'une délégation d'opposants kurdes syriens à Washington en avril dernier, les choses se sont très mal passées. Les Kurdes sont musulmans sunnites mais pas Arabes. Et en tant que non-arabes, ils sont voués à un statut d’infériorité par les Frères. Venus se plaindre auprès du Département d'État de leur marginalisation au sein du CNS, ils se sont entendus répondre qu'ils devaient se soumettre à l'autorité des Frères ou se débrouiller tout seul. Rentrés à Istanbul très fâchés, ils se sont joints à d'autres opposants minoritaires pour démettre le président du CNS, Bourhan Ghalioun, totalement inféodé aux Frères, et le remplacer par un Kurde, Abdelbassett Saïda qui fera ce qu'il pourra – c'est à dire pas grand-chose - pour ne perdre ni l'hospitalité des islamistes turcs, ni l'appui politique des néo-conservateurs Américains, ni, surtout, l'appui financier des Saoudiens et des Qataris.


     

    Tout cela fait désordre, bien sûr, mais est surtout révélateur de l'orientation que les États islamistes appuyés par les néo-conservateurs américains entendent donner aux mouvements de contestation dans le monde arabe.


     

    Ce ne sont évidemment pas ces constatations qui vont rassurer les minorités de Syrie et les inciter à la conciliation ou à la retenue. Les minorités de Syrie – en particulier, les Alaouites qui sont en possession des appareils de contrainte de l'État – sont des minorités inquiètes pour leur survie qu'elles défendront par la violence. Faire sortir le président syrien du jeu peut à la rigueur avoir une portée symbolique mais ne changera rien au problème. Ce n'est pas lui qui est visé, ce n'est pas lui qui est en cause, c'est l'ensemble de sa communauté qui se montrera encore plus violente et agressive si elle perd ses repères et ses chefs. Plus le temps passe, plus la communauté internationale entendra exercer des pressions sur les minorités menacées, plus les choses empireront sur le modèle de la guerre civile libanaise qui a ensanglanté ce pays de 1975 à 1990.


     

    Il aurait peut-être été possible à la communauté internationale de changer la donne il y a un an en exigeant du pouvoir syrien des réformes libérales en échange d'une protection internationale assurée aux minorités menacées. Et puisque l’Arabie et la Qatar – deux monarchies théocratiques se réclamant du wahhabisme – sont théoriquement nos amies et nos alliées, nous aurions pu leur demander de déclarer la fatwa d'Ibn Taymiyyah obsolète, nulle et non avenue afin de calmer le jeu. Il n'en a rien été. À ces minorités syriennes menacées, l'Occident, France en tête, n'a opposé que la condamnation sans appel et l'anathème parfois hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois militairement – l'accession des intégristes islamistes au pouvoir et la suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique.


     

    Débarrassés des ténors sans doute peu vertueux du nationalisme arabe, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi, à l'abri des critiques de l'Irak, de l'Algérie et de la Syrie englués dans leurs conflits internes, les théocraties pétrolières n'ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d'en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l'ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité et les mettent à l'abri de toute forme de contestation démocratique.


     

    Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s'emparer d'un pouvoir qu'elles guignent depuis près d'un siècle n'a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l'empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.


     

    Prompt à condamner l'islamisme chez lui, l'Occident se retrouve à en encourager les manœuvres dans le monde arabe et musulman. La France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté internationale à en faire autant avec Bashar el-Assad, assiste, l'arme au pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas.


     

    De même les médias et les politiques occidentaux ont assisté sans broncher à la répression sanglante par les chars saoudiens et émiratis des contestataires du Bahreïn, pays à majorité chiite gouverné par un autocrate réactionnaire sunnite. De même les massacres répétés de Chrétiens nigérians par les milices du Boko Haram ne suscitent guère l'intérêt des médias et encore moins la condamnation par nos politiques.


     

    Quant à l'enlèvement et la séquestration durable de quatre membres de la Cour Pénale Internationale par des « révolutionnaires » libyens, elle est traitée en mode mineur et passe à peu près inaperçue dans nos médias dont on imagine l'indignation explosive si cet enlèvement avait été le fait des autorités syriennes, algériennes ou de tel autre pays non encore « rentré dans le rang » des « démocratures », ces dictatures islamistes sorties des urnes.


     

    À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de même à nous interroger sur cette curieuse schizophrénie de nos politiques et nos médias. L'avenir dira si notre fascination infantile pour le néo-populisme véhiculé par Internet et si les investissements massifs du Qatar et de l'Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d'une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l'abri.


     

    Nice le 27 juin 2012


     

    Alain Chouet


     

     

    « Our coverage of the Arab Spring was over-excited, admits BBC » : Head of news admits reporters may have failed to explore both sides of the story. Countries where regimes were not overthrown were ignored, says BBC Trust report by former UN director of communications. Two thirds of mobile footage and other user-generated content was broadcast without any caveats


     

    « La sortie de crise au Sahel passe par une refondation de la relation franco-algérienne » de Richard Labévière. "Une analyse de la crise syrienne" de Frédéric Pichon in Cahiers EPEE, Xenophon n°24, publié le 29.6.2012.


     

    « Les ambiguïtés du « Printemps arabe » : Texte publié sur les site internet de l’association des anciens des services spéciaux de la défense nationale ( ) (2011) « Où en est Al-Qaida » : Table ronde au Sénat sur le thème : le 29.01.2010.


     

    « L'Association des Frères musulmans : Chronique d'une barbarie annoncée » (2006) -- « The Association of Muslim Brothers »


     

    « Introduction à l'Atlas Mondial de l'Islam activiste » (2006)


     

    « Violence islamique : quels acteurs ? Quelles menaces ? Quelles réponses ? »


     

    « L'Islam confisqué : Stratégies dynamiques pour un ordre statique » (Texte publié en 1994 in « Moyen Orient : migrations, démocratisations, médiations » sous la direction de Riccardo Bocco et Mohammed Reza Djalili aux Presses Universitaires de France).


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  • Lu sur le petit blanquiste

    Marianne 01

     

    Roland Hureaux, chroniqueur associé à l’hebdomadaire Marianne, s'est livré à une analyse du conflit qui déchire la Syrie et de la manière dont les journalistes occidentaux en rendent compte. [1]


     

    NOMBRE REEL DE VICTIMES ?

     

    Comme il advient dans toutes les tragédies de ce genre, le nombre total de victimes est très incertain : 10.000 ? 20.000 ? A partir de là, « bienheureux est l’observateur ou l’historien qui peut déjà avoir une idée exacte du nombre de zéros ».

     

    QUI EST RESPONSABLE ?

    La responsabilité des tueries est partagée, sans doute inégalement, mais partagée quand même.

    D'autant que certains adversaires d’Assad se réclament d’Al-Qaida, laquelle « ne passe pas pour une organisation humanitaire ».

     

    Mais les médias occidentaux (sauf internet) sont quasi-unanimes à en imputer la responsabilité au seul régime.

     

    « Tel fut le cas de la récente tuerie de Houla (108 morts dont 49 enfants, dit-on) ».

     

    Qui a lancé ces chiffres si précis ? Qui peut les certifier ? Ces incertitudes n'ont pas empêché nos médias d'accuser  immédiatement les forces du régime d’Assad « alors même que cette ville était, semble-t-il, contrôlée par l’opposition ».

     

    Nombre de pays occidentaux (dont la France) et arabes ont pris prétexte du traitement médiatique de ce massacre pour renvoyer aussitôt leurs ambassadeurs syriens.

     

    « Or les informations reçues depuis renforcent l’hypothèse que la responsabilité de ce massacre pourrait  plutôt  revenir aux opposants « si tant est que tous les cadavres exposés aient été récoltés sur le champ de bataille et non sortis de la morgue comme ce fut le cas à Timisoara ».

     

    « Les mêmes doutes existent pour la plupart des incidents les plus médiatisés de ces dernières semaines »

    .

    UN CURIEUX OBSERVATOIRE

    La principale source d'information à laquelle se réfèrent les organes de presse occidentaux est « le prétendu Observatoire syrien des droits de l'homme ».

     

    Marianne 02

    Or, celui-ci se résume à un seul hommeRami Abdulrahman. C’est un opposant syrien exilé depuis longtemps en Grande-Bretagne et résidant à Coventry.


     

    Quand nos médias annoncent, sans autre précaution, que, début juin, il y a eu 55 morts à Al Koubeir, 87 morts à Hama, c'est lui qui est l’unique origine de cette information.

     

    MANIPULATION DE L'OPINION

    Formuler ces observations n'est pas innocenter le régime d’Assad, ni nier sa part de responsabilité dans certains massacres.

     

    Mais lui en imputer systématiquement la responsabilité exclusive est peu vraisemblable.

     

    « D’autant que les vingt-cinq dernières années ont vu se multiplier, sur le thème humanitaire, des opérations de manipulation de l’opinion internationale de grande ampleur », que ce soit le faux charnier de Timisoara en Roumanie, le faux massacre de Racak au Kosovo ou les prétendues armes de destruction massive de l’Irak.

     

    JOURNALISTES ET « JUSTICIERS »

     

    Marianne 03

    Les journalistes en poste à l'étranger, qui vivent dans les mêmes hôtels, travaillent avec les mêmes services de presse et assistent aux mêmes conférences de presse, partagent généralement la même vision des évènements qu'ils sont chargés de couvrir.


     

    Et cette opinion commune a choisi son camp.


    Cette approche partisane leur permet de comprendre vite (ou d’avoir l’impression de comprendre) une situation compliquée.

     

    Elle a également l'avantage de rendre l’enquête de terrain à peine nécessaire. Si un massacre a été commis, il est imputé quasi-automatiquement au  camp réputé mauvais sans qu'il soit nécessaire d’investiguer.

     

    Outre qu’elle déforme la vérité, une telle attitude est potentiellement criminelle. Dans le cas de la Syrie, les adversaires armés du gouvernement syrien ont intérêt à perpétrer le maximum d’atrocités, puisque celles-ci seront mises sans examen sur le compte de leur adversaire.

     

    LES PROTEGES DES ETATS-UNIS

    Marianne 04

    L'armée saoudienne envahit le Bahreïn pour réprimer les manifestations

     

    Ce mécanisme médiatique de déformation ne marche pas dans n’importe quel sens.  « Il joue toujours contre l’Etat, le régime ou la faction opposés aux États-Unis ».

     

    L’Arabie saoudite et les émirats du Golfe sont des Etats criminels : des femmes y sont lapidées régulièrement et les tentatives de révolte y sont réprimées dans le sang.

     

    Mais, quand des faits de ce genre s'y produisent, les médias n'en rendent que peu compte ou les présentent plus comme  des accidents de parcours que pour l’expression de régimes condamnables.

    Car ces pays sont des alliés des États-Unis...


     « CHIENS DE GARDE » ET VOIX DE SON MAÎTRE

    Marianne 05

    « L’information est devenue une arme de guerre ».


     

    Elle fait appel aux techniques les plus sophistiquées et se trouve manipulée par des gens qui en possèdent tous les ressorts et jouent « sur la naïveté et l’idéalisme de jeunes journalistes ».

     

    Ces derniers arrivent ainsi à se comporter de manière à peu près systématique comme les fantassins des guerres médiatiques conduites par les États-Unis.

     

    « Quand tel ou tel régime est présenté comme le plus odieux de la terre, on n’est certain que d’une chose : il déplaît à la puissance dominante ».

     

    [1] http://www.marianne2.fr/Syrie-certitudes-et-incertitudes-de-la-guerre-mediatique_a220108.html


    Jean-Pierre Dubois -  blanqui.29@orange.fr

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  • Pour la paix en Syrie, agir contre l’entreprise impérialiste d’asservissement et de dissolution du pays

    syrie1
    Les événements de Syrie sont dramatiques. La situation de guerre, longtemps confinée à quelques villes, semble s’étendre à l’ensemble du pays. Il y a déjà des milliers de morts. Cela risque de n’être qu’un début.
    Début 2011, un mouvement pacifique et légitime s’est développé porteur d’aspirations sociales et démocratiques. Il a été réprimé d’une façon inacceptable avant une libéralisation politique relative et bien trop tardive.
    Les Etats-Unis, ses alliés européens de l’OTAN, Israël, ainsi que des dictatures du Golfe et la Turquie s’en servent comme prétexte à une ingérence massive, attisant la guerre, avec comme modèle et perspective, un scénario à la libyenne ou à l’irakienne, des dizaines de milliers de morts, une décomposition du pays, la fin de sa souveraineté, le pillage de ses richesses.
    En France, nous ne pouvons pas l’accepter, nous ne pouvons rester sans rien faire.

     

    Ce qui se passe en Syrie, c’est bien une guerre et non la répression d’une révolte populaire. Elle oppose deux forces armées, celle du régime en place d’une part, celle, d’autre part, structurée progressivement depuis des mois à partir d’éléments disparates et puissamment équipée par les puissances impérialistes qui ont intérêt à sa chute voire à l’éclatement de la Syrie. Les armes affluent via l’Arabie Saoudite et le Qatar. La Turquie sert de base arrière.


    Une propagande mondiale est mise en œuvre pour justifier l’entreprise de déstabilisation de la Syrie. La télévision qatarienne Al Jezira inonde le monde arabe. La propagande est caricaturale en France. Elle n’est pas sans rappeler, par son outrance, celle qui précéda les guerres du Golfe.

     

    Mais même les observateurs, lointains, « des droits de l’Homme », basés depuis des décennies à Londres ou à New York, à qui l’impérialisme a conféré un contrôle mondial totalitaire de « l’information », commencent à être obligés de reconnaître la situation de guerre. Il est ainsi maintenant avéré que le journaliste français Gilles Jacquier a été tué en janvier par un tir d’obus des « rebelles ». Les morts des « massacres » sont unilatéralement imputés à la cruauté du régime mais il se vérifie qu’ils ont été victimes aussi bien des armes et des crimes des uns que des autres, de l’horreur de la guerre. On ne peut plus cacher que, dans la population ou parmi les réfugiés, l’adhésion politique à la « rébellion » (ou au régime) est aussi faible que le refus de la guerre et l’inquiétude pour l’avenir du pays sont grands.

     

    Comme d’habitude, la démocratie a bon dos.  Ceux qui font semblant de découvrir que le régime, dont Bachar El Assad a hérité de son père, est un régime autoritaire, fondé entre autres sur un appareil répressif, prennent l’opinion publique pour des imbéciles. Ce sont les mêmes, qui tel Sarkozy sur la tribune du défilé du 14 juillet 2008, place de la Concorde, faisaient hier encore l’accolade au président syrien. Dans la croisade anti-syrienne pour la « démocratie » figurent, sans que cela n’émeuve les « amis de la démocratie » de sordides dictatures obscurantistes comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite…

     

    Les forces impérialistes occidentales ont changé de stratégie vis-à-vis de la Syrie.
     

    Après la disparition de son allié soviétique en 1991, elles avaient cherché à renforcer leur influence, en s’accommodant du système en place, sans se soucier, ici comme ailleurs, de liberté politique, mais en forçant la « libéralisation » de l’économie du pays. Le peuple l’a payé d’une remise en cause d’une partie ses acquis sociaux et d’une nouvelle montée de la corruption.


    A la faveur du mouvement de protestation populaire comme dans d’autres pays arabes en 2011, l’impérialisme a trouvé le moyen politique de tenter d’abattre l’Etat syrien.


    Les « révoltes arabes » lui ont déjà permis d’intervenir militairement en Libye et de faire éclater la république pétrolière dans l’intérêt de ses multinationales. En Tunisie et en Egypte, l’impérialisme a adroitement accompagné la substitution au pouvoir des dictatures d’hier par de nouvelles équipes dirigeantes islamistes ultra-réactionnaires, qui préservent au mieux ses intérêts et ceux des capitalistes locaux et ne laissent aucun espoir de libéralisation démocratique réelle, encore moins d’amélioration des conditions d’exploitation des travailleurs. Au Barheïn, il a laissé son allié saoudien écraser la révolte populaire par les armes.


    En Syrie, dans ce contexte global, à défaut de possibilité, pour l’instant, si près d’Israël, d’intervention militaire directe, l’impérialisme a œuvré par la propagande, par l’action des services secrets, par l’action extérieure massive. Le travail de déstabilisation et d’organisation d’une opposition armée s’est révélé long et laborieux. Les groupes d’opposition politiques sont très divisés et peu représentatifs, en dehors des islamistes, notamment les bourgeoisies émigrées. Le régime El Assad, échaudé par la situation de ses voisins, a fait des concessions politiques comme la fin de l’état d’urgence et tenue d’élections pluripartites. Sa cohésion, construite sur des décennies de dictature, reste grande.

     

    L’entreprise impérialiste et ses relais locaux se sont employés à détourner le mouvement social, légitime et pacifique, l’aspiration à une libéralisation politique, pour établir un climat de violence, à provoquer la réaction l’appareil répressif d’El Assad, à exacerber, par le sang, les divisions religieuses historiques, à dévoyer un par un des cadres du régime, à inonder d’argent et d’armes les candidats potentiels à la rébellion. Indéniablement, leur plan avance maintenant plus rapidement. Vers quelle perspective ? La plus sombre pour le peuple syrien.


    Pourquoi la coalition impérialiste associant l’Occident, USA, UE, Israël, la Turquie, les dictatures du Golfe veut-elle détruire l’Etat syrien? C’est le dernier Etat du monde arabe à affichage laïque et socialiste, non aligné historiquement sur l’impérialisme occidental. Il se situe géographiquement sur les routes du pétrole. Il possède la dernière armée non asservie à l’impérialisme occidental. La Syrie a été un point d’appui décisif dans la mise en échec en 2006 de la guerre israélienne au Liban. L’Etat colonialiste, fer de lance de l’impérialisme, ne le tolère pas et exige sa destruction. Pour la Turquie, dirigée par des islamistes, c’est aussi l’occasion d’étendre sa zone d’influence économique à ses portes, de renforcer la pression sur le peuple Kurde.


    Le risque est maintenant réel d’un scénario à l’iraquienne avec décomposition de l’Etat, éclatement du pays, affrontements intercommunautaires, captation des richesses et paupérisation générale. Il n’y a pas d’illusion à avoir, c’est le choix de l’impérialisme. La « paix » en Irak depuis 2004 a fait entre 115.000 et 140.000 morts violentes. En Syrie, dans les années 20, les colonialistes français avaient déjà échafaudé un plan de partition du pays entre zones sunnite, alaouite etc.

     

    La Russie, animée par ses seuls intérêts géostratégiques et économiques, s’efforce d’empêcher cette perspective, de rendre possible une transition politique qui maintienne une certaine cohésion et indépendance du pays, sous protectorat conjoint des puissances impérialistes.


    L’urgence, c’est l’arrêt du processus de guerre. En France, nous pouvons agir pour la paix en Syrie.

     

    François Hollande et Laurent Fabius se sont empressés mettre leurs pas dans ceux de Sarkozy, Hollande envisageant même une intervention militaire directe. La France confirme son rôle d’éclaireur de l’impérialisme américano-européen. Les leçons des expéditions derrière l’OTAN, décidées par les gouvernements successifs, en Afghanistan, en Irak et en Libye, dramatiques pour ces pays, lourdes pour le nôtre, ne suffisent donc pas !


    Nous condamnons ces positions graves des gouvernants français. Nous demandons que la France exclue et condamne toute intervention militaire, sous l’égide de l’ONU ou non. Nous demandons qu’elle agisse, notamment à la tribune de l’ONU, pour :

     

    Un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de pourparlers entre les parties en guerre;


    -L’interdiction, sous peine de sanction, de toute livraison d’armes à l’un ou l’autre des belligérants;

     

    -La condamnation de toute intervention politique étrangère en Syrie;

     

    -La défense des droits élémentaires de la femme et de l’homme en Syrie comme dans tous les pays de la région, dont l’Arabie Saoudite;

     

    -La restauration de l’intégrité territoriale de la Syrie avec l’évacuation par Israël du Plateau du Golan illégalement annexé;

     

    -Pour une reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-est comme capitale, clef de la paix dans toute la région;

     

    La paix en Syrie passe par l’arrêt de l’ingérence impérialiste.  L’avenir de la Syrie passe le respect du droit de son peuple syrien de lui-même et des richesses de son pays. Il passe par la paix.
     

    Article EDT

    Source : "Solidarité internationale PCF"


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