• MITTAL s'explique et la CGT et FO quittent le CCE

    MITTAL S'EXPLIQUE ET LA CGT ET FO QUITTENT LE CCE

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    MITTAL S’EXPLIQUE 

    Je viens de prendre connaissance de l’interview dans le figaro du 14 décembre de Mittal le maitre des forges d’Arcelor Mittal.

    On lui donnerait le bon dieu sans confession.

    Grâce à lui, il existe toujours une sidérurgie en France et il fait tout pour qu’il en soit ainsi pour l’avenir.

    Il a les grâces de Hollande, Président de la république, qu’il a rencontré plusieurs fois et auquel il l’avait informé de la fermeture des 2 Hauts Fourneaux.

    Il ne licenciera personne dit-il.

    Il indique que la nationalisation est un bond en arrière, je le cite : « Si aujourd'hui, un pays comme la France, la cinquième économie du monde, parle de nationalisation, mais quel bond en arrière! Ce genre de menaces sont de nature à faire qu'un investisseur y réfléchira peut-être deux fois avant d'investir en France. Cela dit, là encore, je n'ai pas eu l'impression avec le président de la République qu'il était très partant pour nationaliser Florange ».

    Il nous indique que sa démarche est de désendetter Arcelor Mittal.

    Il ne donne pas cher de la peau du système Ulcos qu’il repousse aux calendes grecques.

    Voilà, à la volée, quelques indications de son interview, le jour où s’est déroulé le CCE d’Arcelor Mittal qui a vu les militants de la CGT et de FO quitter la séance et ceux de la CFDT et de la CGC  se contenter des paroles de Mittal.

    Discutons donc de la déclaration du patron Mittal.

    D’abord il faudrait éclairer le jeu trouble entre Mittal et le Président de la République et son gouvernement.

    Il y a eu mystification sans aucun doute.

    Les travailleurs ont été baladés aussi bien par Mittal que par le gouvernement.

    Nous  avions  subséquemment vu un Président de la République juché sur un camion, pendant la campagne électorale, promettre le devenir du site de Florange et de ses hauts fourneaux puis un président se taire au moment où l’enjeu de nationalisation apparaissait comme la seule solution .

    C’était  la raison centrale de la lutte des sidérurgistes de l’établissement de Florange.

    Le fait que Mittal admet s’être entretenu régulièrement de cela avec Hollande certifie ce « lâcher » du gouvernement envers les hauts-fournistes et le jeu malsain auquel  le plus haut personnage de l’Etat s’est adonné avec son premier ministre pour cacher les conciliabules secrets qu’ils avaient eu avec le magnat de l’acier durant l’été et l’automne.

    Alors, il est étonnant que Montebourg ait joué la carte de la nationalisation et d’un repreneur. S’il a été trompé par Hollande et Ayrault, ce qui serait grave, l’honneur serait qu’il le dise. Les paroles apaisantes de Mittal concernant la situation politique en France atteste de la fabrication perfide de cet accord, gouvernement-Mittal, pour supprimer les hauts-fourneaux par un jeu faux de poker-menteur et je cite à nouveau  Mittal: «  je comprends aussi la pression extraordinaire qui s'exerce sur les hommes politiques en ces temps de crise... Mais, à la fin, nous sommes parvenus à un bon compromis avec le président de la République et le premier ministre. C'est cela qui importe ».

    Mittal explique ainsi ce que l’on pourrait assimiler à un double jeu joué par Hollande, Ayrault et consorts.

    Le dirigeant de la CFDT, dans un moment de  dépit, n’a pas manqué de le dire par des mots durs comme « traitre » … dommage qu’il est rentré dans sa coquille après que Berger, Secrétaire  de la Confédération CFDT, l’ait apaisé et que son organisation ait tiré un trait au CCE  sur le devenir des hauts-fourneaux relégués à une attente lointaine du projet Ulcos .

    Tout cela sent la manœuvre et le site de Florange, sans ses hauts fourneaux et son aciérie, sera fragilisé et d’ailleurs Mittal n’accorde qu’un sursis à la filière froide et il dit : « Nous garantissons aussi le maintien de l'activité emballage pour au moins cinq ans et nous réaffirmons notre attachement à la filière froide de Florange ».

    Ayrault s’est vanté qu’il n’y aurait aucun licenciement et aucun plan social. C’est de l’intox…

    Les plans sociaux précédents de 79 et 84 avaient couté plus de 80 milliards de francs aux contribuables pour mettre en retraite à 50 ans les sidérurgistes de Denain, de Longwy et d’ailleurs :  il n’y avait pas eu de licenciements mais des pertes considérables d’emplois, plus de 50000 dans les usines sidérurgiques et bien plus en aval de la sidérurgie par des licenciements.

    C’est ce même scénario pour Florange qui est en cours et il n’y pas besoin de convention sociale pour le faire, la législation antisociale des années sarkozienne pourra régler aisément la fermeture des hauts-fourneaux comme elle a réglé Gandrange.

    Ici, à Florange, 600 emplois des hauts fourneaux et de l’aciérie seront perdus et avec les emplois de sous traitance,  il y aura immanquablement des licenciements : c’est une nouvelle casse de l’emploi et ailleurs, par le jeu des départs en retraite non remplacés, les effectifs seront réduits en conséquence.

    Mittal nous indique ensuite que la nationalisation serait «  un bond en arrière ». Là, le propriétaire des lieux parle : il ne veut pas perdre le pactole, celui qu’il a enlevé par une OPA hostile et en obtenant des financements à taux d’intérêts très élevés des banques et en particulier de la fameuse banque Goldman-Sachs et quand il nous parle de ses actionnaires, c’est à lui et sa famille  ainsi que les banquiers qui lui ont prêté des sommes énormes à des taux d’intérêts à plus de 10%  qu’il pense. Quand à ceux qui produisent les richesses, les travailleurs, il n’a même pas un mot d’estime.

    La nationalisation, dit-il : « c’est un bond en arrière ».

    Alors il faudrait rétablir la vérité : ce PDG a repris Arcelor Mittal quand cette entreprise, provenant de Sacilor et d’Usinor, a été remis en ordre de profitabilité, grâce à l’état, qui a dépensé sans compter pour apurer les comptes des maitres des forges précédents, dont De Wendel, parti ensuite spéculé sur les marchés financiers avec le magot du dédommagement accordé par Giscard d’Estaing. A cet époque, nous avions souffert de l’attitude des PDG des entreprises Usinor et Sacilor nationalisées, qui ont mené une véritable restructuration capitalistique pour rendre l’entreprise profitable et la remettre ensuite à des actionnaires comme Mittal.

    Dire, comme Ayrault, que la nationalisation a été un échec, c’est tromper les gens : elle a été un échec pour les travailleurs qui s’attendaient à avoir une gestion démocratique et une sidérurgie qui soit débarrassée du coût du capital qui avait fait tant de mal, elle a été l’outil pour les gouvernements socialistes où de droite pour faciliter le retour du capital après un lessivage des effectifs et des outils de production.

    Ce scénario là est une fausse nationalisation, c’est une étatisation provisoire pour remplumer le capital.

     A nouveau, avec Mittal, le coût du capital monte en flèche depuis qu’il a accaparé Arcelor :  il a croqué les résultats d’exploitation au détriment des travailleurs et l’opération Florange vise à lui redonner de la surface financière pour lui et ses actionnaires  à qui il doit rembourser les emprunts et il n’a aucune visée de répondre aux besoins et au maintien d’une industrie nationale de l’acier.

    Cela d’ailleurs éclate comme un couperet quand il dit qu’il fallait résorber, la dette d’Arcelor Mittal.

    Une dette qui provient de ses emprunts pour acheter dans le monde des installations sidérurgiques et minières, ce qui lui a permis d’être le premier producteur d’acier. Les actionnaires et les banques financières veulent leur dû et c’est la raison principale de sa séparation d’installations sidérurgiques, particulièrement  en Europe.

    D’ailleurs il l’affirme haut et clair et je le cite encore : « ArcelorMittal est entré dans la crise avec 32 milliards d'euros de dette. Nous l'avons réduite de plus de 10 milliards depuis, en travaillant sur nos coûts, en cédant des actifs, et nous continuerons ».

    Il passe sur les dégâts industriels et surtout humains qu’il a déjà causé partout où sa soif de profit s’est exprimée de la manière la plus cruelle.

    Quand on sait que Goldman-Sachs  (voir article Mediapart) attend qu’il règle ses dettes et du même coup la rentabilité doit être maxima, on peut saisir que son intérêt pour la France n’a aucune valeur sinon que de corrompre ceux qui y croient.

    Quand on regarde les investissements qu’il vient de faire dans le monde, on ne peut ignorer que son regard se tourne vers les pays où il pourra gagner encore plus d’argent et les investissements sidérurgiques en Pologne, en Inde où il vient de construire des hauts fourneaux pour produire plus de 12 millions de tonnes d’acier annuels, montrent à quel point cet individu à une autre attention que de produire de l’acier en France et pour la France.

    L’appropriation sociale des installations sidérurgiques françaises était et reste la solution pour que le potentiel industriel de l’acier ne disparaisse pas de notre pays et ce gouvernement aurait pu lui construire un avenir par la nationalisation démocratique et sociale de toute la sidérurgie française.

    Il est encore temps de faire machine arrière.

    Bernard LAMIRAND


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