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    Mascarade 

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenneLa visite aujourd’hui de Nicolas Sarkozy au Puy-en-Velay pour y saluer « l’héritage patrimonial de la France » est une mascarade et une provocation. Une mascarade, parce qu’il s’agit d’un prétexte en total déphasage avec les problèmes réels de la France et des Français aujourd’hui. Une mascarade, parce que
c’est une mise en scène et que le choix de la ville, comme le programme de visite du président, la cathédrale, 
le baptistère et le cloître, sont autant de signaux à quelques jours du débat scélérat que l’UMP entend lancer, dès le 5 avril, sur la laïcité, en réalité sur l’islam. Rappelons d’un point de vue touristique que la ville du Puy, fort agréable au demeurant, dominée par une statue géante de la vierge et donc, par cette grande et fort belle cathédrale en pierres volcaniques, est une halte sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, ce qui ne mériterait aucun commentaire si, précisément, le président n’avait pas choisi d’en faire le décor de la pièce qu’il entend y jouer. Et cela, c’est la provocation. L’instrumentalisation d’une ville, de ses habitants et, oui, de la religion elle-même pour des objectifs politiciens.

    Le sens général de sa visite, qui sera toutefois saluée par une manifestation ce matin des syndicats et des formations de gauche, n’en est pas moins clair. 
Il s’agit, dans le droit fil de ses diverses initiatives politiques de l’année et de son allocution de dimanche, d’opposer la vraie France et ses prétendues racines chrétiennes à tout ce qui la menace. Le délinquant étranger, les Roms, le multiculturalisme, les flux migratoires dus aux révolutions et tout cela, au total, résumé dans l’islam. C’est odieux, au point que certains à droite se sont crus tenus à des mises en garde qui laissent songeur. Ainsi François Fillon. 
« Si ce débat devait conduire à stigmatiser 
les musulmans de France, je m’y opposerais. » S’il le devait. Joli usage du conditionnel comme une manière de se poser en garde-fou dans une sorte de partage des rôles. 
Et pendant ce temps, l’UMP, qui le recevait hier soir comme un « cher ami », selon Hervé Novelli, tresse des lauriers à Éric Zemmour, condamné pour ses propos racistes. Lequel est toujours du reste invité dans au moins une émission du service public, pourquoi ?

    Les sondages sont en berne. La parole présidentielle ne porte plus, le volontarisme affiché a fait long feu et n’a plus de crédit, la voix de la France, malgré les haussements d’épaules et les coups de menton, n’a fait que s’affaiblir, le chômage est en hausse, 
le pouvoir d’achat est en baisse, les profits valsent, aucune des promesses de l’ancien candidat n’a été tenue, sauf et ce n’est certes pas un détail, le bouclier fiscal 
et maintenant la suppression probable de l’impôt sur 
la fortune. Qu’on ne s’y trompe pas cependant. 
Tout cela ne conduit pas nécessairement les Français 
à se tourner vers la gauche en général, ni même vers un PS en attente du messie. C’est même sur le désarroi engendré par cette politique que le Front national 
entend prospérer en teintant son discours de social 
et de républicanisme, tout en cultivant les terrains gras de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion. Ces terrains que la droite et Nicolas Sarkozy lui disputent, 
comme le seul moyen désormais de gagner en 2012.

    Faudrait-il attendre ? Rien ne serait plus dangereux. C’est maintenant que toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans une France humaniste, laïque, républicaine, de progrès social et de justice peuvent dire « ça suffit » et, dans le débat, se mettre à rebâtir. 

    Tout cela ne conduit pas nécessairement les Français à se tourner vers la gauche.

    Par Maurice Ulrich


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