• Marx écologiste...

    A l’heure où l’on fiscalise les livres pour mieux absoudre les péchés des gestionnaires de fonds (TVA de 5,5 à 7% sans la moindre opposition du ministre de la culture !), peut-être est-il urgent de plébisciter tous les livres susceptibles de nous sortir de l’économie casino ? Surtout lorsque dans le même temps, le seul débat politique qui semble agiter les bien-pensants de ce beau monde, se résume à un étrange marché où l’on s’échange des circonscriptions contre des centrales nucléaires (voir l’accord PS/EELV !)…

    Marx-ecologiste.jpg Les Marxistes sont à l’Ouest !

    Et bien, figurez-vous qu’avec un seul livre, vous pouvez faire d’une pierre deux coups ; balayer le système et poser les bases théoriques d’une authentique refondation écologique de l’organisation socio-économique. Cet ouvrage que l’on trouve sans problème sur la place des Halles, s’intitule « Marx écologiste ». Il est l’œuvre de John Bellamy Foster, professeur de sociologie à l’université de l’Oregon et directeur d’une revue scientifique de référence internationale « The Monthly Review »…

    La « rupture métabolique »

    Voilà pourquoi il convient aujourd’hui de faire un point sur la théorie marxiste de « la rupture métabolique » qui n’est ni plus ni moins qu’un des fondements incontournables de toute « sociologie environnementale » un tantinet conséquente (John Bellamy Foster, « Marx écologiste », Editions Amsterdam, 2011). « La production capitaliste (…) perturbe le métabolisme entre l’homme et la terre. » Ici, Marx transpose dans le champ de l’économie sociale, une notion issue de la biologie : l’échange métabolique, c’est-à-dire, l’interaction entre l’homme et son environnement, deux entités toujours envisagées dans un rapport dialectique, où l’une et l’autre sont en coévolution.

    Le procès en sorcellerie

    Evidemment, on ne peut mesurer pleinement l’apport de Karl Marx à l’écologie politique que si l’on sait se garder des procès en sorcellerie de toutes celles et tous ceux qui faute d’avoir lu la moindre ligne du barbu rhénan en sont réduits à enfiler des perles… Premier chef d’inculpation : technologisme aggravé. Ici, c’est son refus de l’obscurantisme scientifique qui est incriminé comme si le défi de « la soutenabilité écologique » supposait qu’on en rabatte sur « l’importance du développement de la culture humaine et de la production » (Foster, op. cit.). Deuxième chef d’inculpation : soviétisme larvé…  Ici, non seulement Marx est convoqué  post-mortem mais l’aveuglement et l’ignorance de ses accusateurs ne résistent pas trois secondes au simple rappel des faits ; à savoir ses très nombreuses analyses sur « la régénération des sols [influence de Liebig], la pollution, les conditions d’hygiène, la déforestation, les inondations, la désertification, (…) le recyclage des déchets industriels, la diversité des espèces ou encore la marchandisation des animaux » (Foster, op. cit.)…

    Le barbu rhénan, premier baba cool ? marx.jpg

    Et pourtant si l’on réfléchit plus de moins de trois secondes, on n’est guère surpris de constater que « Marx a dénoncé la spoliation de la nature avant même la naissance de la conscience écologique bourgeoise moderne » (Massimo Quaini, « Marxisme et géographie », 1992). « Toutes les choses vivantes doivent se libérer » du capitalisme selon Marx…  C’est d’ailleurs en s’appuyant sur les analyses de Marx que Kautsky a développé sa réflexion qui fait encore largement autorité sur « La Question agraire » (1899). Rappelons comme le fait d’ailleurs fort justement John Bellamy Foster que « les dégradations environnementales sont aussi essentielles au capitalisme que la recherche du profit (qui dépend d’ailleurs d’elles dans une large mesure) »…

    Pas d’écologie sans communisme ?

    Par déduction logique, chacun comprendra que toute politique écologique qui ne viserait pas à changer le monde de base n’aurait d’écologique que le nom… Et là encore, Marx nous laisse quelques pistes de réflexion qu’il convient maintenant de creuser : « organisation collective et démocratique » de la société, « extension du temps libre », développement « d’une approche non instrumentalisante de la nature » et de l’homme (Foster, op. cit.)… Vaste programme en effet…

    Nicolas MARJAULT


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