• Libye : le PCF souligne les risques d'une logique de guerre

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    La situation des combats et des objectifs clés en Libye.
    Alors que les Nations unies ont autorisé le recours à la force contre l'armée de Mouammar Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes, la Libye annonce qu'elle mettait fin à toutes les opérations militaires.


    Alors que les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont donné leur feu vert jeudi 17 mars à l'utilisation de la force contre le régime de Kadhafi, la mise en oeuvre d'une intervention militaire que la France déclarait imminente se faisait attendre vendredi. La Libye a annoncé dans la matinée la fin de ses opérations militaires et un cessez-le-feu, rejeté aussitôt par la rébellion. Les contacts diplomatiques se multiplient entre pays occcidentaux, africains et arabes pour tenter de trouver un accord sur les mesures à prendre. L'Union européenne dit vouloir «examiner» les détails de l'annonce de cessez-le-feu par le régime libyen. Sur le terrain, la chaîne Al-Arabiya rapporte des bombardements sur Misrata, dernier bastion rebelle dans l'ouest et des combats aussi à Nalout et Zenten.


    Explosion de joie la nuit dernière, à Benghazi. Il faut dire que la situation s’était considérablement tendue ces derniers jours et les Libyens qui passaient le poste frontière jeudi, expliquaient que les habitants de Benghazi voyaient vraiment leur dernière heure arriver. Un soulagement mêlé d’inquiétude quand même, parce que ce vote à l'ONU à New York a été précédé d’un discours particulièrement glaçant du colonel Kadhafi, dans lequel il affirmait qu’il n’allait pas tarder à frapper Benghazi. Il prévenait qu’il serait sans pitié et les habitants de l’est libyen savent très bien ce que cela veut dire. Maintenant il va falloir surveiller de très près l’activité des forces fidèles au régime de Tripoli. On sait qu’il y a eu des bombardements ce matin encore sur la ville de Misrata entre Tripoli et Syrte.


    Les Etats-Unis veulent des actes pas des paroles. A la demande de cessez-le-feu des forces de Kadhafi, les Etats-Unis ont répondu qu'ils voulaient "des actes pas seulement des mots", a déclaré vendredi la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. "Nous sommes au courant par la presse de l'annonce d'un cessez-le-feu par le gouvernement libyen", a déclaré Mme Clinton devant des journalistes. "La situation évolue rapidement. Nous n'allons pas nous laisser impressionner par des mots". De leur côté, les Européens sont parvenus vendredi à un accord de principe sur de nouvelles sanctions renforcées contre onze individus, notamment des membres du gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi, et neuf nouvelles entités libyennes, a-t-on appris de sources diplomatiques. Ces sanctions - des gels d'avoirs et des interdictions de visa - devraient être adoptées formellement lundi par les 27 ministres des Affaires étrangères, et complétées dans les jours suivants par un train de sanctions supplémentaires afin de se conformer pleinement à celles décidées à l'ONU, ont indiqué ces diplomates.


    La présidente du groupe CRC-SPG (communistes et Parti de gauche), Nicole Borvo Cohen-Seat, a demandé au Premier ministre "une réunion du Parlement" sur la Libye après la résolution de l'ONU permettant une intervention militaire. "Je demande une réunion du Parlement. On entend dire par le porte-parole du gouvernement que des frappes auraient lieu rapidement, cela veut dire intervention militaire, alors il est normal que le Parlement soit saisi pour avaliser ou non une opération militaire", a déclaré la sénatrice de Paris. "Il y a une différence entre dire on veut empêcher Kadhafi de faire tirer sur la foule ou on veut entrer en guerre pour faire tomber Kadhafi, comme en Irak au moment de Saddam Hussein, il faut que l'on sache ce qu'il en est", a-t-elle ajouté. 

    Le PCF souligne les risques d'une logique de guerre. En adoptant, sous pression de la France et de la Grande-Bretagne, une résolution qui autorise une intervention militaire aérienne et des frappes ciblées, le Conseil de Sécurité prend le risque d'un engrenage en s'inscrivant dans une logique de guerre aux conséquences hasardeuses. Le Parti communiste français, qui n'a cessé d'exiger l'arrêt immédiat des opérations et de la répression militaires ayant déjà fait de nombreuses victimes civiles, réitère une fois encore sa condamnation du régime de Kadhafi et son plein soutien aux forces qui agissent pour la démocratie en Libye, avec le Conseil National de Transition. De lourdes questions se posent aujourd'hui. Toutes les possibilités d'aide directe ou par les États arabes à la rébellion ont-elles vraiment été étudiées? Est-ce vraiment la protection du peuple libyen que cherchent les puissances occidentales? Des experts, des journalistes expliquent déjà qu'il faudra envoyer des forces spéciales au sol et que l'objectif est de faire tomber le régime de Kadhafi...
    Le Parti communiste français, dans ces graves circonstances, rappelle le désastre des guerres en Irak et en Afghanistan qui furent chaque fois déclenchées au nom de la protection des populations et de la démocratie. Il exprime son inquiétude profonde devant une telle situation. Il appelle à la plus grande vigilance. Il s'étonne enfin par ailleurs du silence complice qui entoure au même moment la répression du mouvement populaire au Barheïn.

    http://pcfbalaruc.over-blog.com/

    Lire aussi http://www.mondialisation.ca/index.

    Une nouvelle guerre ?
    Par Jean-Emmanuel Ducoin

    Comment venir en aide aux insurgés libyens en dépassant la simple indignation morale mais sans pour autant déclencher une énième guerre absurde et mortifère pour tous, à commencer par les peuples arabes eux-mêmes ? Face à ce questionnement cornélien que tout internationaliste et citoyen du monde portait en lui confusément depuis des jours et des jours, sans qu’aucune solution satisfaisante ne puisse être apportée véritablement par les acteurs du drame qui se joue en Libye, le Conseil de sécurité de l’ONU vient donc de répondre à sa manière en adoptant une résolution qui autorise le recours à la force contre l'armée de Mouammar Kadhafi. Des frappes aériennes. Que l’on qualifiera sans doute, dans les heures qui viennent, de «chirurgicales»

    Malgré les propositions de «cessez le feu» déjà lancées par un Kadhafi que l’on imagine aux abois, sommes-nous officiellement en guerre ? Une de plus ? Bien que le «cadre» de l’intervention semble pour l’instant limité et qu’une issue diplomatique de dernière minute ne soit pas totalement exclue, une question nous hante néanmoins : le Conseil de Sécurité prend-il le risque d'un engrenage en s'inscrivant ainsi dans une logique guerrière aux conséquences hasardeuses ? En ce domaine, l’histoire contemporaine nous incite à la plus grande prudence… Tâchons de ne pas avoir la mémoire courte, car aujourd’hui seul le sort des Libyens doit nous importer, tout comme l’avenir d’une région en légitime révolte. Nous connaissons parfaitement bien les dangers potentiels et concrets des guerres, nous connaissons aussi par avance ce que signifierait une mise sous tutelle des révolutions arabes : ce serait un signe catastrophique donné à tous les peuples en voie d’émancipation…

    Avec un réel sentiment de colère, nous regardions comme tous le sort tragique réservé par Kadhafi à sa population, et singulièrement aux insurgés, massacrés les uns après les autres, bastion après bastion. Nous savions que l’homme de Tripoli, enfoncé dans sa propre folie, était capable du pire pour se maintenir au pouvoir et en vie (politique), et qu’il utiliserait tous les moyens militaires encore à sa disposition pour renverser la révolution en cours jusqu’à faire saigner Benghazi, symbole des symboles.

    Beaucoup de commentateurs, évoquant le précédent lointain mais toujours poignant de la guerre d'Espagne, disent aujourd’hui : «Il était temps.» En effet, depuis cette résolution votée à l’ONU, dont les principaux instigateurs furent la France et la Grande Bretagne, le flot discontinu de commentaires pour dire «enfin !» semble ensevelir les éventuelles réserves que tout observateur quelque peu dialecticien se doit pourtant d’observer. Devrait-on se montrer dupes des tours de passe-passe diplomatiques qui ont émaillé le drame libyen depuis plusieurs jours ? Par exemple, pourquoi les Etats-Unis ont-ils finalement accepté de voter cette résolution, alors que, depuis le début, ils ont ouvertement maintenu deux fers au feu comme s’il s’agissait avant tout de protéger leurs intérêts et surtout pas de mettre en œuvre toutes les possibilités d'aides directes ou indirectes (les États arabes) envers la rébellion libyenne ? Pourquoi avoir laissé pourrir la situation ?

    Ainsi, ceux qui bombardent en Afghanistan ou en Irak, voudraient cette fois « protéger » la Libye. Autrement dit, ceux qui n’ont pas levé le petit doigt quand Israël massacrait Gaza, ou, il y a quelques jours et quelques heures encore, quand on écrasait les insurgés au Bahreïn avec l’appui de troupes saoudiennes, veulent nous faire croire qu’ils se prennent tout à coup d'un amour immense pour les peuples arabes !  

     

     


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