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Les marchands de la mort
L’affaire des grenades suisses aux mains des insurgés en Syrie continue de faire des remous. L’Hebdo écrit ainsi qu’elles étaient destinées, en fait, au régime criminel de Bachar al-Assad! Elles «se trouvaient dans des stocks militaires emportés par des déserteurs de l’armée loyaliste qui ont rejoint les rangs de l’ALS [l’Armée libre syrienne], soutiennent plusieurs sources sur place. Une partie faisait en outre partie de lots vendus par les militaires syriens aux rebelles. « Et ce ne sont pas les seuls engins de mort qu’envoient Dubaï ou Abou Dhabi à Bachar », abonde un Syrien de Suisse. On évoque également des missiles sol-air, des obus et quantité de fusils d’assaut, notamment les SIG qu’utilise l’armée suisse, et d’armes de point.» (L’Hebdo, 9 août 2012)
Ce qui est sûr et certain, c’est qu’à l’origine, en 2003 en l’occurrence, les grenades en question avaient été vendues aux Emirats arabes unis (EAU). A la suite de leur découverte en Syrie, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) a ainsi été contraint d’interdire les transactions militaires vers les EAU (le meilleur client de l’industrie militaire helvétique l’année dernière!). Mais ce moratoire n’a duré que… deux semaines. C’est le résultat des interventions de Pilatus auprès du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, patron du Seco. Cette entreprise, sise à Stans (Nidwald), vient en effet de livrer 25 avions PC-21 aux EAU et ce, pour un prix de 500 millions de francs. Comme il lui reste encore à fournir les simulateurs de vols, des pièces détachées et des logiciels, de même qu’à assurer les services d’entretien, le Conseil fédéral, aux ordres, a mis un terme au moratoire…
Bon, c’est vrai que Pilatus, c’est une longue histoire au service d’éminents démocrates: Saddam Hussein contre les Kurdes, l’armée mexicaine contre les Indiens au Chiapas, les militaires en Birmanie et au Guatemala contre leur propre population, l’aviation militaire tchadienne au Darfour, etc.
Plus généralement, l’affaire des grenades en Syrie confirme que les promesses… n’engagent que ceux qui y croient. Lors de la votation populaire sur l’initiative contre les exportations d’armes, en novembre 2009, le Conseil fédéral avait prétendu «la main sur le cœur – croix de bois, croix de fer, si je mens, j’irai en enfer – que les armes « made in Switzerland » seraient contrôlées encore plus sévèrement» (L’Hebdo, 9 août 2012). C’était, il va sans dire, du baratin. Cette nouvelle affaire n’en est d’ailleurs qu’une confirmation supplémentaire. Rappelons aussi, pour ne prendre qu’un autre exemple récent, les chars suisses vendus à l’Arabie Saoudite et utilisés pour réprimer dans le sang la révolte à Bahreïn.
En fait, rien de nouveau sous le soleil: dans le système capitaliste, les intérêts des marchands de la mort priment et les gouvernements sont à leur service…
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