• Les élections espagnoles

    Un "triomphe historique". Une "droite absolue". "Tout le pouvoir à Rajoy"… L'ensemble de la presse espagnole titrait, lundi 21 novembre, sur la majorité absolue obtenue par le Parti populaire (PP) aux élections, et la victoire sans équivoque du futur chef du gouvernement, Mariano Rajoy, dimanche 20 novembre.

    Le défi pour M. Rajoy va être, désormais, "de sortir l'Espagne de la crise, gagner la confiance des marchés et créer des emplois", résumait le journal conservateur catalan La Vanguardia. Si la couverture des journaux ibériques a fait la part belle à la victoire écrasante de la droite, la presse n'a pas occulté le pendant de cette victoire : l'avenir du parti socialiste PSOE dont José Luis Rodriguez Zapatero est le secrétaire général et Alfredo Pérez Rubalcaba le chef de file.

    La défaite du PSOE pose la question de son avenir et de son positionnement futur alors qu'il s'apprête à passer dans l'opposition après sept ans au pouvoir. Avec 110 députés, le parti socialiste perd 59 sièges et 4,5 millions des 11,3 millions de votants qui s'étaient portés sur ses listes en 2008. Avec 28,35 % des voix, le PSOE a enregistré son plus faible résultat depuis son accession au pouvoir en 1982. Jamais depuis il n'avait obtenu moins de 34 % des suffrages aux élections législatives. Le temps serait donc venu pour le parti au pouvoir d'initier "sa traversée du désert", souligne le quotidien El Pais.

     

    Le parti de M. Zapatero n'est plus en tête que dans deux provinces, celles de Barcelone et de Séville.

    Le parti de M. Zapatero n'est plus en tête que dans deux provinces, celles de Barcelone et de Séville.REUTERS/SUSANA VERA

    Une fois les résultats des élections confirmés, le ministre de l'intérieur, puis vice-président du gouvernement Zapatero et candidat à l'élection, Alfredo Pérez Rubalcaba, est monté à la tribune. Après avoir accompli le rituel qui incombe à tout perdant, félicitant l'adversaire, M. Rubalcaba a recentré son discours autour de ce qui est en passe de devenir le "premier parti d'opposition au Parlement".

    "J'ai transmis au secrétaire général du PSOE mon opinion sur le fait qu'il faille convoquer le plus rapidement possible un congrès du parti", a-t-il déclaré devant cinq cents militants venus soutenir le parti au siège de celui-ci, malgré la défaite. M. Zapatero, président du gouvernement en fonction, peut, théoriquement, occuper le poste jusqu'en juillet. "Mais les analystes sont convaincus qu'il accélérera le processus de succession : un congrès devrait être convoqué début 2012", précise Le Figaro.

    Le parti socialiste va devoir penser sa rénovation en profondeur, indique le quotidien de droite ABC. Les principaux chantiers de réflexion, selon M. Rubalcaba, seront la défense des services publics, les égalités entre hommes et femmes ainsi que la défense des libertés et des droits civils, rapporte le quotidien conservateur El Mundo. Dans la bouche de M. Rubalcaba, le message est clair : le parti doit "initier la route pour récupérer la majorité politique et sociale".

    Mais quid du futur leader du PSOE ? Les instances dirigeantes du parti doivent se réunir au lendemain de la défaite, lundi, pour aborder les raisons de la débâcle et poser les bases du futur congrès qui devra déterminer qui sera le nouvel homme fort du parti pour la durée de la mandature de M. Rajoy, soit quatre années.

    Alfredo Pérez Rubalcaba, porte-parole du gouvernement et proche de M. Zapatero, pourrait être celui qui succédera au chef du gouvernement. Jusqu'à dimanche, M. Rubalcaba évitait soigneusement d'annoncer son avenir personnel en cas de défaite. Mais aujourd'hui, il semble disposé à prendre les rênes du parti, bien qu'il n'en a pas fait mention officiellement, dimanche, note El Mundo.

    Mais M. Rubalcaba n'est pas la seule option. La ministre de la défense, Carme Chacon, semble séduite par l'idée de prendre la tête du parti. "Elle occupe aujourd'hui la première place d'une nouvelle liste : celle des candidats à la succession du tandem Zapatero-Rubalcaba," souligne Le Figaro. La guerre des prétendants a commencé.

    La percée historique d'Izquierda Unida

    Les élections espagnoles

    Malgré un système électoral qui privilégie les partis nationalistes régionaux face aux petites formations nationales, les écolos-communistes d’Izquierda Unida occuperont onze sièges contre deux auparavant, au Congrès, la puissante chambre basse du Parlement où elle va constituer un groupe parlementaire.

    "Nous n'allons pas devenir une institution. Nous allons continuer dans la rue", assurait dimanche Cayo Lara, candidat d’IU à la présidence du gouvernement. Avec 700 000 voix en plus par rapport aux législatives de 2008, Izquierda Unida qui comptait deux députés jusqu'à présent, a ainsi réussi à se frayer un chemin et occupera onze sièges au Congrès. "Vous ne pouvez pas imaginer comme cela fait plaisir que la joie entre, de temps en temps, dans la maison des pauvres", a ajouté Coyo Lara. Une percée qui fait écho au mouvement des Indignados, né il y a six mois en Espagne et sonne comme un avertissement aux grands partis dont la crédibilité s'effrite sous l'effet de la crise.

    Et ce en dépit d'un système électoral complexe, résultant de la forte décentralisation de l'Etat espagnol, qui privilégie les partis nationalistes régionaux face aux petites formations nationales. En nombre de voix, Izquierda Unida est la troisième formation espagnole, derrière les socialistes.

    Sous l'effet des nouvelles mesures d'austérité qui se profilent, la mobilisation sociale pourrait gagner en ampleur, alors que le chômage reste à un niveau record (21,52%). "L'axe central du discours de campagne d'IU passait par une opposition frontale aux politiques du gouvernement et aux coupes budgétaires à venir", souligne le politologue Anton Losada. "La période qui s'ouvre va voir les syndicats et les partis politiques de gauche jouer un rôle très actif", ajoute-t-il.

    "Après le 20 novembre, la lutte se poursuit dans la rue", annonçait, comme en écho, une grande affiche placardée dimanche soir sur la Puerta del Sol, la place au centre de Madrid qui a vu naître les "indignés" au printemps. "Nous pouvons nous attendre à un grand mouvement social", assure Manolo Nolla, 64 ans, l'une des têtes les plus visibles de la commission économique des "indignés" madrilènes.

     




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