• Les damnés de la terre

        On ne sait pas suffisamment que la France est le premier producteur agricole de l'Union européenne. Près de 800 000 exploitations salarient 1 800 000 personnes, dont 43% sont des travailleurs saisonniers ou occasionnels, selon le dernier recensement de 2010. Cette précarité dans le travail et la dispersion du salariat agricole en général rendent difficiles leur défense, surtout avec une FNSEA omnipotente dans les Chambres d'agriculture et majoritaire dans les organisations professionnelles. De ce fait, concernant la rémunération du salariat agricole, c'est peu dire qu'elle est à la traîne. Quant à la prise en compte des problèmes de santé, la situation est pire.

         Le syndicat patronal est plus connu pour sa défense acharnée du montant des subventions de Bruxelles que dans une critique des méfaits de l'agro-industrie. Elle est aussi plus coutumière à déverser des tonnes de fruits et légumes dans les rues, que de vendre à la population des produits à prix coûtants comme l'exerce le MODEF par exemple. En juin dernier, la FNSEA a voté contre un nouveau tableau des maladies professionnelles, lors de la Commission supérieure des maladies professionnelles en Agriculture.

         Et, comme il n'y a pas de hasard dans le monde capitaliste, l'Union des industries des produits phytosanitaires (utilisés dans le productivisme agricole cher à la FNSEA), finance les laboratoires de recherche décrétant ce qui est bon ou pas. Ainsi, la puissante multinationale Monsanto peut se vanter sur son site que, depuis 1990, elle travaille en collaboration avec les Chambres d'agriculture et la distribution agricole pour "la promotion des techniques de conservation des sols". Plus blanc que blanc, tu meurs, hélas sans jeu de mots.

     

         Dans ce contexte, la santé du salariat agricole et celle des petits exploitants est sous évaluée par rapport à la réalité. Ce décalage est hélas historique et les ministres de l'Agriculture (de droite), issus de la FNSEA ou du productivisme agricole, n'ont rien fait évoluer: le premier tableau des maladies professionnelles du régime général (affections dues au plomb et à ses composés) est acté par la loi du 25 octobre 1919; le premier tableau du régime agricole (le tétanos omniprésent dans la profession) provient d'un décret en juin 1955. Aujourd'hui, des cancers (du sang ou de la prostate en nombre plus important dans le monde agricole) sont reconnus en maladies professionnelles dans le régime général et pas dans l'agriculture.

         De son côté, la MSA (Mutualité sociale agricole équivalent à la Sécu) n'est pas plus active dans la défense de la santé de ses assurés. Ainsi, seulement 305 médecins du travail officient pour 1 800 000 salariés agricoles. En agriculture comme ailleurs, le pouvoir de l'argent, appuyé par les directives ultra-libérales de Bruxelles, n'est pas rien.

     

         Pour toutes ces raisons, le nouveau tableau des maladies professionnelles agricoles, adopté grâce au travail et aux actions menés par la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT et son Institut de recherche et d'études des salariés agricoles (IRESA) va au-delà de la reconnaissance de la maladie de Parkinson dans les affections professionnelles. Elle ouvre la voie à un travail plus large sur les conséquences de l'usage des produits chimiques et cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques sur la santé du petit monde agricole. Avec son institut de recherche, la fédération CGT démontre son souci permanent dans la défense de la santé des travailleurs agricoles. Un fait, par cette victoire, qui n'a pas été à la Une des médias aux ordres, eux privilégiant les gros et la FNSEA contre la vie des damnés de la terre. Alors que le nouveau tableau des maladies professionnelles en Agriculture doit paraître en ce mois de décembre 2011

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