• Le Pirée à venir , le pire serait qu'il ne vienne pas

    http://membres.multimania.fr/stromhg2/cours/seconde/hist/antiquite/images/erech.gif  

    Le chaudron grec va-t-il entrer en ébullition ?

    Il y a des Femmes et des Hommes qui à un moment portent l'Histoire et il y a des moments de l'Histoire qui font que des Femmes et des Hommes parfois célèbres portés par les évènements portent des liens très forts avec leur peuple.

    Plus que l'intervention de Mikis Théodorakis qui pour emblématique qu'elle soit ne pourrait faire oublier son compagnonage avec les partis dit de "centre droit", c'est la puissance du mouvement populaire (qui a fait que Théodorakis retrouve sens avec ses racines) qui est l'évènement de la semaine en Grèce.

    On ne va pas s'en plaindre et même se dire que la contagion est souhaitée, dire qu'elle doit s'intensifier pour ne pas en rester au stade d'indigné-es mais surtout ne pas pour autant sous estimer ou mépriser chacune de ses manifestations.

    Ce qui se passe en grèce est exmplaire et la carte des manifestations montre la force de l'onde de colère. Mesurons : 250 000 manifestant à AZthène pour un pays d'une population totale de 11 250 000 habitants...

    D'Heraklion à Thessalonique, de Patras à Athènes le peuple des inventeurs de la démocratie reprend le chantier pour tenter de l'actualiser à partir de bases populaires nouvelles.

    http://www.econostrum.info/photo/art/default/1619333-2175979.jpg?v=1289521337Le Pirée , port d'Athènes.

          

    Grèce : Révolte populaire de masse sans précédent

     

    Yorgos Mitralias

     

    11 juin 2011

     

    C’est désormais par centaines de milliers que les Indignés grecs déclarent la guerre a leurs bourreaux  néolibéraux !

     

    Deux semaines après ses débuts, le mouvement des « Indignés » grecs fait déborder les places des villes du pays par des foules énormes criant leur colère, et fait trembler le gouvernement Papandreou et ses soutiens locaux et internationaux.

     

     

    Ce n’est plus, ni une simple protestation, ni même une mobilisation d’ampleur contre les mesures d’austérité.

     

     

    Désormais, c’est une véritable révolte populaire qui balaie la Grèce !

    Une révolte qui crie haut et fort son refus de payer « leur crise » et « leur dette » tout en vomissant le bipartisme néolibéral sinon l’ensemble d’un personnel politique aux abois.

    Combien étaient-ils à la Place de Syntagma (place de la Constitution) au centre d’Athènes, juste en face du Parlement, le dimanche 5 juin 2011 ? Difficile a dire car une des particularités de ces rassemblements populaires est que, faute de discours central ou de concert, il y a un va et vient permanent de manifestants. Mais, en tenant compte des responsables du métro d’Athènes, qui savent comment calculer le nombre de leurs passagers, il y a eu un minimum de 250.000 personnes confluant à Syntagma à cette mémorable soirée !

    En somme, plusieurs centaines des milliers si on y ajoute les foules « historiques » rassemblées aux places centrales des dizaines d’autres villes grecques.

    Grece 01

    A ce moment s’impose pourtant une interrogation : comment est-ce possible qu’un tel mouvement de masse qui, en plus est en train d’ébranler un gouvernement grec au centre de l’intérêt européen, soit passé sous un silence assourdissant par tous les medias occidentaux ? 

    Pendant, ses 12 premiers jours, pratiquement pas un mot, pas une image de ces foules sans précédent hurlant leur colère contre le FMI, la Commission Européenne, la Troïka (FMI, Commission européenne et Banque centrale européenne) et aussi Mme Merkel et le gotha néolibéral international. Absolument rien. Sauf de temps en temps, quelques lignes sur « des centaines de manifestants » aux rues d’Athènes, a l’appel de la CGT grecque. Etrange prédilection pour les manifs squelettiques des bureaucrates syndicaux totalement déconsidérés au moment ou à quelques centaines de mètres plus loin d’énormes foules manifestent jusqu’à très tard après minuit depuis deux semaines…

    Grece 02

    Il s’agit bel et bien d’une censure aux dimensions inconnues jusqu’à aujourd’hui. D’une censure politique très organisée et méthodique, motivée par le souci de bloquer la contagion de ce mouvement grec, de l’empêcher de faire tache d’huile en Europe !

    Face à cette nouvelle arme de la Sainte Alliance de temps modernes, il faudra qu’on réagisse tous ensemble, tant pour dénoncer ce scandale que pour trouver les moyens de contourner cette interdiction d’informer les opinions publiques, par le développement de la communication entre les mouvements sociaux de toute l’Europe et la création et le renforcement de nos propres medias alternatifs…

    Revenant aux Indignés grecs (Aganaktismeni, en grec), il faut remarquer qu’il s’agit d’un mouvement de plus en plus populaire ou même plébéien, à l’image d’une société grecque façonnée par 25 ans de domination absolue de l’idéologie (néolibérale) cynique, patriotarde, raciste et individualiste qui a tout transformé en marchandises.

    C’est pourquoi l’image qui en émerge est souvent contradictoire, mêlant le meilleur et le pire dans les idées comme dans les actes de chacun des manifestants !

    Comme par exemple, quand la même personne manifeste de façon ostentatoire un patriotisme grec aux allures racistes tout en brandissant un drapeau tunisien (ou espagnol, égyptien, portugais, irlandais et argentin) pour manifester sa solidarité… internationaliste aux peuples en lutte de ces pays.

    Grece 03

    Doit-on conclure alors qu’on est en présence d’une foule de manifestants schizophrènes ? Absolument pas.

    Comme il n’y a ni de miracles, ni de révoltes sociales politiquement « pures », le mouvement des Indignés grecs se radicalise à vue d’œil tout en étant marqué par ces 25 ans de désastre social et moral.

    Mais, attention : toutes ses « tares » se subordonnent à sa caractéristique principale qui est son rejet radical du Mémorandum, de la Troïka, de la dette publique, du gouvernement, de l’austérité, de la corruption, de cette démocratie parlementaire fictive, de la Commission Européenne, en somme du système dans son ensemble !

    Ce n’est pas donc un hasard que les centaines des milliers d’Indignés grecs s’époumonent depuis 14 jours en répétant des mots d’ordre éloquents tels que « On ne doit rien, on ne vend rien, on ne paye  rien », « On ne vend et  on ne se vend pas », « Qu’ils  s’aillent maintenant tous, Mémorandum, Troïka, gouvernement et dette » ou  « Nous restons jusqu’à ce qu’ils s’aillent ». C’est un fait que des mots d’ordre de ce genre unissent tous les manifestants, comme d’ailleurs tout ce qui a trait au refus d’assumer et de payer la dette publique |1|. C’est d’ailleurs pourquoi la campagne de l’Initiative pour une Commission d’audit de la dette publique fait un réel tabac pratiquement dans tout le pays. Son stand en pleine Place de Syntagma est en permanence assiégé par une foule de gens voulant signer son appel |2| ou offrir leurs services comme volontaires…

    D’abord presque totalement inorganisés, les Indignés de Syntagma se sont offert progressivement une organisation dont le summum est l’Assemblée populaire qui attire chaque soir à 21 h. plusieurs centaines de participants devant quelques milliers d’auditeurs très attentifs. Les débats sont souvent d’une grande qualité (p.ex. celui sur la dette publique), dépassant de loin tout ce qu’il y a de mieux sur les grandes chaines de télévision. Et tout ca malgré le bruit (on est en plein centre d’une ville de 4 millions d’habitants), le va-et-vient des dizaines des milliers de gens et surtout, la composition hétéroclite de ces auditoires monstres au milieu d’un campement permanent qui ressemble par moments à une vraie Tour de Babel.

    Toutes ces vertus de la « Démocratie directe » expérimentée jour après jour à Syntagma, ne doivent pas nous faire oublier ses faiblesses, ses ambiguïtés ou ses tares comme p.ex. Son allergie initiale à tout ce qui a trait aux partis, aux syndicats ou à toute collectivité établie. Si c’est indiscutable que cette aversion pour les « partis » est dominante dans les foules des Indignés grecs qui ont tendance à rejeter l’ensemble du monde politique sans distinction, il faut quand même noter l’évolution spectaculaire de l’Assemblée Populaire, tant à Athènes qu’à Salonique, qui est passé du rejet des syndicats à l’invitation de faire aboutir leurs manifestations à Syntagma afin que leurs travailleurs rejoignent les Indignés…

    Evidemment, ce n’est pas un secret que, le temps passant, il y a eu une clarification du paysage politique de la Place de Syntagma, la droite et l’extrême droite populaire étant représentée parmi la foule en haut de la Place, juste devant le Parlement, et la gauche radicale et anarchisante occupant la Place elle-même et contrôlant l’Assemblée populaire et le campement permanent. Sans aucun doute, bien que cette gauche radicale donne le ton et laisse son empreinte sur toutes les activités et manifestations à Syntagma, les colorant d’un rouge profond, on ne peut pas conclure que les diverses nuances de la droite populiste, patriotarde, raciste ou même carrément néo-nazi vont cesser leurs tentatives d’influencer cet immense mouvement populaire. Elles vont persister et tout dépend, en dernière analyse, de la capacité de l’avant-garde du mouvement de l’enraciner profondément dans les quartiers, les lieux de travail et les écoles tout en le dotant d’objectifs clairs faisant le pont entre ses énormes besoins immédiats et sa rage vengeresse et anti système.

    Assez différent de son homologue espagnol par ses dimensions, sa composition sociale, sa radicalité et son hétérogénéité politique, le Syntagma grec partage avec la Place Tahrir du Caire ou la Puerta del Sol de Madrid la même haine pour l’élite politique et économique qui accapare et vide de tout contenu la Démocratie parlementaire bourgeoise aux temps du néolibéralisme le plus arrogant et inhumain.

    En même temps, il est traversé par le même désir participatif, démocratique et non violent qui marque profondément toute révolte populaire en ce début du XXIème siècle.

    Notre conclusion ne peut être que très provisoire : indépendamment de la suite des événements, qui s’annoncent déjà cataclysmiques, le mouvement actuel des Indignés grecs aura marqué un tournant dans l’histoire du pays. Désormais tout est possible et rien ne sera plus comme avant…

     

    Notes

    |1| Pour en savoir plus voir l’article d’Eric Toussaint, Grèce : Tout un symbole de dette illégitme http://www.cadtm.org/Grece-Tout-un-...

     

    |2| Des économistes, des militants, des académiques et des parlementaires du monde entier ont appuyé un appel pour auditer les dettes publiques de la Grèce. L’appel demande l’établissement d’une Commission publique pour examiner la légalité et la légitimité de ces dettes en vue d’obtenir l’annulation de la partie illégitime et la poursuite des responsables. http://www.cadtm.org/Appel-pour-une...

     

    P.-S.

    Yorgos Mitralias anime le comité grec contre la dette qui est membre du réseau international CADTM. Voir le site du comité grec : http://www.contra-xreos.gr/

        

    (repris sur le site des communistes du bassin  d'Arcachon)

        

     

    http://www.naoussa.gr/photos/ritsos-1.jpg

     

    Et voilà mon frère,

    Nous avons appris à nous parler

    Posément, posément et simplement

    Nous nous comprenons maintenant

    Plus rien d’autre ne compte

        

    Et je dis que demain nous serons

    Encore plus simples

    Nous trouverons ces paroles

    Qui valent le même poids

    Dans tous les cœurs

    Sur toutes les lèvres

        

    Désormais nous dirons simplement

    les choses telles qu'elles sont

    Désormais les autres riront et diront :

    « de tels poèmes nous pouvons t’en faire cent dans l’heure ».

    C’est aussi ce que nous voulons.

     

    Parce que nous ne chantons pas pour nous distinguer, mon frère,

        Ici bas, nous chantons pour unir le monde

    Yannos Ritsos (écrit en prison 1948)

    Par canaille le rouge


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :