• Le parti de l’austérité

    Par Patrick Apel-Muller


    Le parti de l’austérité mène campagne tambour battant. Il a ses orateurs, de François Fillon à Laurence Parisot. Des idéologues, tels Jacques Attali ou Alain Minc, produisent à la chaîne les petits manuels qui prêchent la fatalité. Un réseau souterrain alimente les fuites telle la promotion hier des morceaux choisis d’un rapport choc de Bercy, commandé par l’ancien régime et non encore publié, qui prône la baisse des effectifs publics, le gel des salaires et des retraites, le blocage des carrières des fonctionnaires, des suppressions de prestations (adultes handicapés, aides au logement, anciens combattants, hébergement d’urgence, bourses aux étudiants, etc.) et de subventions. L’auteur? Jean-Michel Charpin, qui avait déjà commis une précédente étude ouvrant la voie à la démolition des retraites. Ce document, de 122 pages nous dit-on, labélisé par l’Inspection générale des finances, a échoué comme par hasard dans le journal patronal les Échos, dont le chroniqueur quotidien sur France Inter a pu doctement affirmer qu’il n’y avait pas d’autre politique possible... sans être contredit, alors qu’une majorité de Français vient de censurer la rigueur sarkozyste. Soit dit en passant, si la radio publique souhaite un zeste de pluralisme en donnant, hélas exceptionnellement, la parole à un journaliste de l’Humanité, nous sommes tout à fait disposés à débattre sur les antennes avec Dominique Seux.

    Pour l’heure, le parti de l’austérité se rêve en parti unique. Depuis Bruxelles, Manuel Barroso lance des excommunications à l’égard de qui conteste le dogme. La semaine dernière, l’Espagne, Chypre et la France étaient dans son collimateur. La presse allemande révèle qu’un quatuor d’eurocrates (le président de la Commission et MM Draghi de la BCE, Van Rompuy président du Conseil, Junker président de l’Eurogroupe) concocte un nouveau plan pour ligoter les peuples en imposant une union bancaire, une « union budgétaire », une union « politique » qui leur donnerait les pleins pouvoirs, une destruction des garanties sur le marché du travail et la mise à bas de toutes les frontières douanières. Ces personnages dénués de tout mandat conféré par le suffrage universel veulent imposer l’ordre de fer de l’austérité. Voilà sous quelle pression ils veulent placer le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement des 28 et 29 juin.

    Les milieux dirigeants ont décrété une mobilisation générale pour contenir l’aspiration des peuples européens dont ont témoigné récemment les élections française et grecques, les manifestations italiennes ou portugaises, les indignations espagnoles ou allemandes. Déjà, on sent mollir certains ministres français prêts à faire passer la Grèce par-dessus le bastingage de l’UE ou prompts à rallier la priorité à la réduction des déficits budgétaires. Face à la chancelière allemande, la berceuse des compromis endort des énergies et l’exigence d’une politique de croissance se rapetisse à la dimension d’un codicille au bas d’un traité Merkozy.

    Maintenant, le changement ne doit pas se diluer. Dimanche, les électeurs qui ont choisi d’en finir avec le règne de l’UMP et du Medef ont intérêt à mettre, grâce au vote Front de gauche, un tigre dans le moteur de l’Assemblée nationale, de la résolution et du courage dans les choix économiques et sociaux, de l’élan pour leurs mobilisations futures qui garantiront la réussite de la gauche.


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