• Le pacte pour l’euro

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

    Le pacte pour l’euro, une reconfiguration de la construction européenne ?
    Par Pierre Ivorra


    Le pacte pour l’euro, adopté par les dirigeants de la zone, est une véritable agression contre les peuples. L’Allemagne n’a accepté de pérenniser le mécanisme européen de financement des pays en quasi-faillite, tels que la Grèce ou l’Irlande, que sous la condition que des mesures draconiennes de restriction de la dépense publique utile et d’austérité salariale soient mises en œuvre. Il y a chez Angela Merkel et à sa suite, chez Nicolas Sarkozy, une fuite en avant dans des dispositions visant à étouffer la demande sociale et qui en même temps ruinent la croissance, creusent les déficits et au bout du compte justifient un nouveau resserrement de l’étau du pacte de stabilité. Mais ne s’agit-il que d’une fuite en avant ? Il y a de cela, sans aucun doute, mais aussi peut-être un peu plus, tel qu’un début de reconfiguration institutionnelle, économique, financière et sociale de la construction européenne et des relations entre pays dominants et dominés.

    Au niveau institutionnel, d’abord. La mise en œuvre des objectifs de réduction des déficits, de police des salaires, de baisse des prélèvements sur le capital et le contrôle de leur réalisation «feront l’objet d’un suivi annuel au niveau politique par les chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro», précise la déclaration. La procédure ne sera visée qu’à ce niveau, les parlements nationaux et européen ne seront que des spectateurs. Par ailleurs, le texte balaie la séparation traditionnelle entre les compétences de l’Union et celles relevant du niveau national. Ne précise-t-il pas lui-même que, bien qu’émanant des autorités de l’Union, il «met surtout l’accent sur les domaines relevant de la compétence nationale»?

    Sur les autres plans, il faut remarquer que la déclaration réserve un sort particulier aux pays le plus en difficulté, qui, de l’avis de ses rédacteurs, méritent une «attention particulière». «Des instruments spécifiques et des initiatives communes seront envisagés pour favoriser la productivité dans les régions en retard de développement», est-il indiqué. Lorsqu’on sait que la plupart des dirigeants de la zone euro identifient productivité et baisse du coût du travail, on se demande s’ils ne veulent pas faire durablement des pays dits de la «périphérie», des zones à la fois de bas salaires et de productivité du travail élevée, aptes à relever la rentabilité des capitaux dominants, allemands et secondairement français, mise à mal par la crise. Mais on mesure les contradictions d’une telle ambition : on peut difficilement demander à des travailleurs d’être à la fois mal payés et toujours plus efficaces. C’est la quadrature du cercle.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :