• Le mouvement social au cœur de la gauche

    Le mouvement social au cœur de la gauche. Parole de femmeIl « n’est pas une antichambre où l’on attendrait des changements venus d’en haut », a insisté André Chassaigne, hier à Nantes.

    Nantes, envoyé spécial. Signe des temps ? Salle comble au banquet annuel des communistes de Loire-Atlantique, hier. Saluant ce « soir de fête », Aymeric Seassau, secrétaire départemental, a « la certitude que la fraternité est dans notre camp ». « Sachons la cultiver comme un des piliers essentiels des luttes qu’il nous faudra mener pour chasser du pouvoir Sarkozy à qui l’on vient de découvrir une nouvelle fonction, celle de tour-operateur des régimes autoritaires du monde arabe. » Mais ici, face à un « gouvernement (qui) ne peut plus gouverner que par la force », qui « méprise les salariés et les familles populaires », « il y a urgence à chasser cette droite arrogante au service des actionnaires » : « L’état du pays ne nécessite pas l’alternance, il force à construire l’alternative. »

    C’est tout le sens de l’engagement d’André Chassaigne. Le député communiste voit, de Tunis au Caire, « une aspiration populaire à vivre et à proposer », « à construire des réponses politiques aux problèmes sociaux, économiques, comme en terme de droits et de libertés nouvelles ». Face à « la fracture profonde entre le “monde” politique et les citoyens », le candidat à l’investiture du Front de gauche souligne l’exigence de « faire de la politique autrement » et d’« être au cœur de la gauche » pour construire un « vrai changement » avec le peuple lui-même.

    « Le Front de gauche ne doit pas s’enliser dans des questions purement électorales et se limiter à coélaborer son projet avec les autres forces qui le composent. » « Le mouvement social n’est pas une antichambre où l’on attendrait des changements venus d’en haut. Il n’a rien à faire de la cuisine électorale qui occupe depuis des mois tant de médias et d’états-majors », lance l’élu auvergnat. « Il attend des soutiens forts pour bousculer ce gouvernement qui continue sans vergogne son œuvre de régression qui est une véritable “entreprise de dé-civilisation”. »

    Michel Guilloux

     

     

    Face à un capitalisme féroce, comment répondre au besoin de réformes radicales ?

    2011, 2012… et la suite. Car il y aura aussi un après la présidentielle

    Par Henri Malberg, membre de la direction du PCF de Paris.

    Les choses vont dans tous les sens, le doute et l’espoir, l’envie de tout renverser et la crainte devant l’inconnu. Or il y a du nouveau.

    Par exemple, l’Humanité du 11 janvier en témoigne. À la question : faut-il fixer par la loi un salaire maximal, notamment pour les dirigeants des grandes entreprises, les Français sont 75 % à répondre nettement « oui ». Ils sont 84 % à gauche et 58 % chez les sympathisants de l’UMP. Quand a-t-on vu cela ?

    Une conscience politique chemine, dans le vaste monde du travail et même au-delà du clivage gauche-droite. Une majorité de la France cherche une réponse politique et met en cause, sur des points essentiels, le système lui-même. Il y a un très fort sentiment que tout fout le camp et qu’il faut faire quelque chose.

    Les 7 millions de manifestants de l’automne dernier sont toujours là avec leur colère et leurs attentes. Comment ne pas remarquer aussi le grand retour des intellectuels et de la pensée critique ? En France, ceci est toujours capital. On le voit, en lisant nombre de livres, l’Humanité et l’Humanité Dimanche, et souvent des articles dans la presse et les revues. On voit apparaître, réapparaître, des débats de fond sur la justice sociale, les classes et la lutte des classes, l’avenir de la société, l’économie capitaliste et le marché, l’État, la libre circulation des capitaux et des marchandises, les nationalisations…

    Le besoin de réformes radicales est dans l’air du temps. La sauvagerie d’un capitalisme déchaîné devient insupportable. Il y a comme un souffle d’abolition des privilèges. Pour les communistes, c’est un grand encouragement. L’idéologie dominante se lézarde. Il est possible, plus que depuis longtemps, de combattre pour une politique nouvelle qui fasse des besoins du peuple et de la société l’objectif fondamental de la politique. L’heure des réformes profondes à l’image de ce qu’on a vu avec le programme du Conseil national de la Résistance sonne de nouveau (d’où l’événement Hessel). Il faut des basculements de cette nature. Notre pays – comme d’autres dans le monde – cherche le renouveau. En 2012 et dans les années qui suivent, le peuple peut reprendre la main.

    Les communistes sont décidés à jeter toutes leurs forces dans la bataille pour chasser de l’Élysée Sarkozy et l’oligarchie financière. Ils feront tout pour que se dégage une majorité décidée à porter les réformes et les objectifs d’une nouvelle politique. C’est le cœur de leur combat aujourd’hui, pour 2012 et pour toute la période qui viendra après. Car il y aura aussi un après.

    Est-ce que cela est facile ? Non. Le pouvoir organise farouchement la contre-offensive. On le voit avec la mise en scène de la démagogie de Marine Le Pen, la reprise en main de la droite, la désastreuse campagne contre les partis politiques, et les tentatives de museler tout ce qui résiste. C’est vrai contre le mouvement social. C’est vrai dans les médias, la magistrature et même la police, et l’administration.

    Dommage que, pour l’heure, le Parti socialiste n’exprime pas clairement une politique de changement favorisant le rassemblement majoritaire de toute la gauche et des républicains. Mais là aussi le débat n’est pas clos. Le Parti socialiste est au carrefour. Tout le monde est au carrefour, les Verts, le NPA, le Front de gauche aussi.

    La stratégie du Front de gauche choisie par le Parti communiste se veut une contribution au changement du rapport de forces politique dans le pays et dans la gauche. La question du candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle fait débat. Il y a la candidature d’André Chassaigne et celle de Jean-Luc Mélenchon. D’autres se présentent. Aucune ne va de soi pour l’ensemble des partenaires. Et il faut prendre au sérieux le souci légitime des communistes – et pourquoi pas d’autres formations – de ne pas effacer ce qu’ils représentent. Toute démarche en ce sens affaiblirait dangereusement tout le Front de gauche et pourrait casser l’élan nécessaire.

    Or voici que la presse se déchaîne. Le journal le Monde a trouvé une formule : « Mélenchon réalise une OPA sur le Parti communiste moribond. » D’autres ont parlé de : « La fin de l’histoire pour le PCF. » Ils prennent leur désir pour la réalité. Ces formules, à l’évidence, sont un piège tendu aux communistes, mais aussi à leurs partenaires. Elles peuvent également servir d’un avertissement salutaire à ne pas tomber dans ce jeu. Le Parti communiste est une des grandes formations politiques du pays. Il n’est pas « opéable ». Moins que jamais en ce moment, où le capitalisme montre sa limite historique, ce qui est plus qu’encourageant pour les communistes, dont la raison d’être est de changer cette société.

    La gauche, en France, est faite de différences, dans la durée. Ici chacun a son histoire, sa culture, son organisation, son influence. Leur rassemblement peut devenir une force motrice. Elle est multipliée quand l’unité progresse dans le respect mutuel et l’indépendance de chacun. Dans la longue mémoire d’une nation comme la nôtre, la condition du succès, c’est la loyauté, entre les formations et dans le rapport au peuple. Il ne s’agit pas seulement d’éthique, mais de politique. Les forces se mobilisent quand elles sentent nettement cela. C’est comme cela qu’on va loin et qu’on gagne.

    Tout cela, pour dire l’importance du débat démocratique qui a lieu en ce moment sur ces questions chez les communistes. Sachant en même temps, on le voit un peu partout, que le peuple n’attend pas forcément les échéances électorales pour donner des coups de boutoir qui changent la donne.

    Henri Malberg

     

     

     


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