• Le maire indigne et la vieille dame au tricot

    Yanick Paternotte, le maire UMP de Sannois.

    Politique - le 21 Mars 2013

    Elle tricote, il lui tond la laine sur le dos !

    Sannois : Le maire indigne et la vieille dame au tricot

     

    Cactus. L’histoire remonte au 4 décembre 2011. Comme tous les 
dimanches, Françoise Puyau-Puyalet a installé son stand dans la galerie marchande du Monoprix de Sannois (Val-d’Oise). Depuis six mois, cette retraitée de soixante-huit ans essaie d’arrondir sa maigre pension de 500 euros en confectionnant des tricots. Les clients lui fournissent la laine et elle tricote pulls et écharpes sur fond de vieilles chansons françaises...

    « Il y a beaucoup de retraités le dimanche qui se promènent ici, ce genre de musique, ça leur plaît », dit-elle. Les habitués connaissent bien Françoise qui œuvre aussi à Argenteuil, devant le magasin Babou. Elle n’est jamais avare d’un « bonne journée ! » aux chalands qui passent. Et il ne viendrait à l’idée d’aucun des commerçants de venir chicaner l’agréable vieille dame.

    Et pourtant, ce dimanche-là, Françoise voit débouler un homme en costume. « Il m’a tutoyée d’emblée et, sans se présenter, m’a dit ‘‘dégage !’’ », assure la retraitée. Outrée, Françoise réplique du tac au tac : « Je t’emmerde, salaud ! » Mais voilà, en face d’elle, c’est Yanick Paternotte, le maire UMP de Sannois. Le stand de Françoise se retrouve sous la pluie et la 
retraitée en garde à vue, avec prise d’empreintes et interrogatoire. L’élu, brandissant son arrêté anti-mendicité, ne compte pas en rester là. Il porte plainte pour insulte, vente à la sauvette et se constitue partie civile.

    Le procès a eu lieu le 14 mars dernier. Yanick Paternotte n’est pas présent à l’audience. Mais Françoise se fait condamner : 800 euros d’amende avec sursis et 1 euro symbolique de dommages et intérêts. Un verdict qui satisfait l’édile. « Il y en a marre de se laisser insulter impunément, a-t-il réagi dans le Parisien. On lui avait déjà proposé de régulariser sa situation en intégrant le stand d’une association caritative. Elle avait refusé. » Françoise le conteste. « En six mois, je n’ai vu qu’un monsieur qui est venu me dire que, tant que je ne troublais pas l’ordre public, c’était OK. Et puis, je n’aurais jamais parlé comme ça s’il avait été poli et si j’avais su qui il était. Moi, j’habite Argenteuil, je ne connais pas le maire de Sannois. »

    Il est vrai qu’en 2011, Yanick Paternotte n’avait pas encore fait la une des gazettes locales pour ses démêlés judiciaires. En décembre dernier, l’élu, connu depuis pour avoir présidé l’éphémère « Conar », la commission nationale des recours de l’UMP, s’est fait lourdement condamner par le tribunal correctionnel de Nanterre. Quinze mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité pour « abus de faiblesse » envers une vieille dame de quatre-vingt-onze ans... Décidément. Une vieille dame avec qui il a su, cette fois, se montrer suffisamment aimable – trop, selon la justice – pour obtenir d’elle une donation immobilière d’une valeur de plus de 200 000 euros. Un verdict dont il a fait appel.

    Las, ces sommes paraissent extravagantes pour Françoise qui s’inquiète aujourd’hui de son sort. Car, malgré le sursis, l’affaire pourrait ne pas être blanche financièrement. Le tribunal de Nanterre a accordé 500 euros de remboursement de frais d’avocat à Yanick Paternotte – qui en réclamait 1 000. « Si l’on ajoute les 90 euros de droits fixes que doit payer toute personne condamnée, Françoise va devoir sortir 590 euros, soit quasiment un mois de revenu », s’agace son avocate Me Béatrice Bonacorsi. 
Elle espère que le maire renoncera à ce remboursement. Sinon, face à l’insolvabilité de Françoise, la justice pourrait saisir ses quelques meubles, ce qui n’y suffirait pas, et surtout sa pension de retraite. Un comble. « Je fais du tricot pour m’en sortir. Et là, on me remet plus bas que terre pour un mot plus haut que l’autre ! » peste la vieille dame.

    Le maire UMP de Sannois s’acharne à poursuivre en justice une vieille dame qui arrondit ses fins de mois en vendant des tricots dans une galerie marchande. Et a eu le tort de lui lâcher une insulte alors qu’il voulait la faire déguerpir...


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