• Le gouvernement en pleine interrogation sur la rigueur

    François Fillon entouré des ministres Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse, François Baroin et Xavier Bertrand à l’hôtel Matignon avant la présentation des principales mesures d’austérité budgétaire, le 24 août.

    François Fillon entouré des ministres Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse, François Baroin et Xavier Bertrand à l’hôtel Matignon avant la présentation des principales mesures d’austérité budgétaire, le 24 août. AP/Patrick Kovarik

    Prudence, prudence. Alors que les ordinateurs de Bercy tournent pour trouver de nouvelles mesures d'économie, notamment en envisageant une hausse de la TVA ou encore une surtaxe de l'impôt sur les sociétés selon le quotidien Les Echos du jeudi 27 octobre, le gouvernement attend l'intervention télévisée, jeudi soir, de Nicolas Sarkozy.

    "Rien n'est arbitré concernant le budget 2012, et rien ne le sera tant que le président ne se sera pas exprimé", explique-t-on à Matignon. A Bercy, l'entourage de Valérie Pécresse, la ministre du budget, n'est guère plus loquace. "On sait qu'il faudra probablement réviser nos prévisions de croissance, mais pas encore à quel niveau. Rien n'est arrêté, ni sur TVA ni sur le reste." Une chose est sûre, selon Bercy, "il faudra faire de nouveaux efforts, des efforts structurels".

     DES MESURES QUI DIVISENT LA DROITE

    Deux pistes sont évoquées pour faire face à une croissance plus faible : l'augmentation de la TVA, en créant un nouveau taux intermédiaire entre les 5,5 % et 19,6 %, et la suppression des allègements de charges en compensation des 35 heures. Des mesures qui divisent au sein de la droite. "Réfléchir à une TVA X ou Y me paraît compliqué tant qu'on ne connaît pas la jauge", juge le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu.

    Alors que plusieurs parlementaires expliquent que "la question du taux intermédiaire de la TVA est posée", Laurent Wauquiez, ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur, estime qu'"on n'aura pas forcément besoin d'une mesure aussi lourde". Quant à la suppression des allégements de charges liées aux 35heures, il assure que "ce serait suicidaire. (…) Cela signifierait une destruction astronomique d'emplois".

    A l'Elysée, le message est le même: "Rien n'est tranché." Un conseiller note à propos de l'augmentation de la TVA : "Ce n'est pas sûr que ça soit opportun car cela pèserait sur le pouvoir d'achat" des Français. Prudence, prudence.

    Vanessa Schneider

    Nicolas Sarkozy à la télévision, une émission sur mesure

    Nicolas Sarkozy, lors de l'émission "Paroles de Français", le 10 février 2011

    Nicolas Sarkozy, lors de l'émission "Paroles de Français", le 10 février 2011AP/Philippe Wojazer

    Fin du silence médiatique pour Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat sera, jeudi 27 octobre, à 20h15 sur TF1 et France 2 pour une émission sur la crise. L'organisation de cette émission fait grincer des dents à gauche et chez les syndicats de journalistes.

    Nicolas Sarkozy n'a plus parlé à la télévision depuis huit mois. Sa dernière prise de parole officielle est la brève intervention qu'il avait faite fin février, au moment de l'éviction de Michèle Alliot-Marie du gouvernement : sans citer l'ex-ministre des affaires étrangères fragilisée par ses relations avec avec le régime de Ben Ali, il avait parlé des "printemps arabes" dans leur ensemble, et annoncé le nouveau remaniement.

    La dernière grande émission organisée autour de chef de l'Etat remonte à quelques semaines plus tôt : dans "Parole de Français", il avait échangé avec un panel de citoyens sélectionnés par TF1, en présence de Jean-Pierre Pernault, de nouveau sollicité ce jeudi soir. Dans cet exercice assez policé, Nicolas Sarkozy avait plutôt "bétonné" à droite, évoquant "l'échec" du multiculturalisme, donnant des gages aux classes moyennes sur les réformes fiscales ou évoquant la sécurité, comme avec cette pharmacienne de Nice qui sera embauchée par la suite par le maire UMP de la ville, Christian Estrosi.

    Ces prestations avaient été jugées plutôt ratées et le chef de l'Etat avait depuis choisi de ne plus s'adresser aux Français par le moyen de la télévision.

     

    UNE SOCIÉTÉ PRIVÉE

    L'actualité de la crise et du sommet européen du 26 octobre justifie aujourd'hui pour l'Elysée un nouvel exercice télévisuel. Et pour ce retour, réclamé depuis longtemps par une partie de la majorité inquiète du succès de la primaire socialiste, la présidence a choisi avec soin le dispositif.

    Pour la première fois, l'émission, qui se déroulera dans le bureau d'été présidentiel, au rez-de-chaussée de l'Elysée, sera tournée non par la rédaction de TF1 ou de France 2, mais par une société privée indépendante, Maximal production, propriété de Jérôme Bellay, directeur du journal du Dimanche, qui appartient lui-même au groupe Lagardère [par ailleurs actionnaire minoritaire du Monde interactif], et dont le patron est proche du chef de l'Etat.

    C'est Renaud le Van Kim, réalisateur du Grand Journal, sur Canal plus, qui officiera. Une vieille connaissance de M. Sarkozy : c'est lui qui avait mis en scène le "show" de l'investiture de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP en 2004, mais aussi plusieurs meetings de la campagne de 2007 et interventions présidentielles, dont une émission télévisée à l'Elysée en avril 2008.

    PROTESTATIONS DU PS

    L'émission d'une heure et quart, qui devait initialement être diffusée lundi, et a été repoussée dans l'attente des conclusions du sommet européen, sera animée par deux journalistes : le présentateur du journal télévisé de 13 heures de TF1, Jean-Pierre Pernault, et l'animateur de France Télévisions Yves Calvi, dont l'émission, C dans l'air, est produite par Maximal productions.

    Aucun des deux n'est spécialiste des questions d'Europe ou d'économie qui devraient constituer l'essentiel de l'émission. Catherine Nay, directrice de l'information de TF1, juge que M. Pernault a un "profil tourné vers l'explication", "intéressant pour une émission comme celle-ci". Quant à Yves Calvi, "il a l'habitude d'être le plus clair possible", justifie Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions.

    Ces conditions de réalisation ont fait bondir les syndicats de France Télévisions. . "C'est parfaitement choquant qu'une émission du service public fasse appel à une société privée", affirme ainsi le secrétaire général du SNJ de la chaîne, Dominique Pradalié. "Ce qui nous choque, c'est que Maximal Productions, c'est Jérôme Bellay, qui travaille au JDD, qui appartient à 100% à Lagardère, qui était invité au Fouquet's le soir de l'élection de Nicolas Sarkozy", renchérit Jean-François Téaldi, délégué syndical central CGT à France Télévisions, qui regrette aussi "la mauvaise habitude qu'ont pris tous les présidents politiques de choisir leurs intervieweurs".

    Le parti socialiste a également protesté contre cette émission "trop spéciale", qui ne sera pas décomptée du temps de parole de la majorité par le CSA, Nicolas Sarkozy s'exprimant au titre de chef de l'Etat. Patrick Bloche, secrétaire national aux médias, se dit "consterné" par "la mise en scène" de l'émission, "dont N. Sarkozy a choisi seul les deux journalistes intervieweurs, ainsi que sa production par une société privée détenue par le groupe Lagardère, dont il n'est nul besoin de rappeler la proximité avec le président de la République".

    Samuel Laurent


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