• LE CREUSOT : Près de 200 personnes contre «un accord scélérat»

    LE CREUSOT : Près de 200 personnes contre «un accord scélérat»


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    Annoncée contre l'accord signé entre certaines organisations syndicales et le MEDEF, la manifestation de ce mardi après-midi a rassemblé près de 200 personnes au Creusot.

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    Les syndicats initiateurs de la mobilisation - la CGT et FO avec le soutien de Solidaires et FSU - l'avaient bien dit. Cette manifestation avait pour but d'interpeler les députés sur un accord qui, selon les syndicalistes protestataires, ne respectent pas le Code du travail et encore moins donc les droits des salariés.

    S'étant d'abord retrouvés en milieu d'après-midi sur l'esplanade François Mitterrand, les manifestants ont alors pris la direction du boulevard Henri-Paul Schneider, pour s'arrêter une dizaine de minutes devant la permanence du député Philippe Baumel. Le temps pour lui de recevoir quelques représentants des Unions locales CGT et FO, creusotines et autunoises. Cela pour les écouter et surtout pour dire : « Déjà ce n'est pas une loi, c'est juste un texte. Et j'ai l'intention comme d'autres de l'amender dans le sens de le faire évoluer dans le sens du progrès social ». Avant de répondre sur les remarques liées notamment à la mobilité interne forcée ou aux baisses de salaires évoquées : « Sur cette mobilité, la rédaction du texte n'est pas acceptable. Après, je suis prêt à vous recevoir plus longuement pour parler de cet accord ». Des propos retenus par la délégation, sachant que la date du 15 mars est d'ores et déjà fixée avec les syndicalistes autunois. Au Creusot, une rencontre est souhaitée assez rapidement avec le député.
    Après une montée du cortège jusque sur la place Schneider, c'est devant l'entrée de la mairie que le discours commun a été prononcé par la secrétaire de l'UL CGT, Magali Nectoux, et son homologue de FO, Murat Berberoglu. Deux intervenants qui, malgré l'absence du député, devant les manifestants massés sur le parvis de l'hôtel-de-ville, ont appuyé leurs mots et rajouté que la mobilisation doit prendre de l'ampleur avant l'échéance... Cette prise de parole est à retrouver ci-dessous.

    Discours unitaire du 5 mars 2013
    Chers amis, chers camarades,
    Merci d'avoir répondu présent à l'appel des organisations syndicales CGT et FO, soutenues par Solidaires et FSU, pour empêcher la mise en œuvre de l'accord national interprofessionnel du 11 janvier dernier !
    Comme vous le voyez, la CGT et Force Ouvrière sont côte-à-côte pour défendre les intérêts des salariés. Ce n'était pas arrivé depuis 1995 ! Comme quoi cette unité exceptionnelle démontre bien que ce qui est en train de se passer est aussi exceptionnel, et très grave, pour les salariés !!!
    Aujourd'hui, 172 rassemblements ont lieu partout en France pour interpeler les députés sur la dangerosité de cet accord, et surtout pour empêcher qu'ils n'en fassent une loi ! En Saône-et-Loire, il y a 5 rassemblements pour interpeler « publiquement » les 5 députés.
    Il y a tromperie sur la marchandise ! Cet accord ne pourra que détériorer encore plus les conditions de travail et de vie des salariés !
    Commençons par son titre qui en dit long : « Un nouveau modèle économique et social ».
    La flexi-sécurité n'apportera rien de positif pour les salariés ! Ce n'est pas en licenciant qu'on crée des emplois ! C'est complètement faux, et nous avons de multiples exemples pour le démontrer : depuis 25 ans que les règles de licenciements ont été assouplies en France, le chômage ne cesse d'augmenter. Les pays nordiques, tant mis en avant, sont en train de tomber dans le chômage avec des chiffres qui avoisinent dorénavant les 8%… L'Allemagne a mis en place les négociations entreprise par entreprise. Dix ans plus tard, les syndicats allemands, dont le puissant DGB, font un terrible constat : il y a des millions de salariés exclus des conventions collectives. Les conséquences sociales sont catastrophiques pour les Allemands !
    L'accord prévoit le chantage à l'emploi ! Les employeurs pourraient augmenter le temps de travail des salariés sans les payer plus !!! Ou pire, leur baisser leur salaire jusqu'à deux ans !!! Comment les salariés feront pour payer leurs factures ? Les banques vont-elles baisser les mensualités des crédits ? Les commerces vont-ils baisser leur prix de vente ? Tout le monde sait bien que non !
    L'accord prévoit la mobilité pour les salariés, sans que ceux-ci ne puissent la refuser. Les salariés seraient baladés d'un site à l'autre en fonction des besoins des entreprises, sans rien pouvoir dire ! Si le salarié refuse, il sera licencié sans aucun recours contre l’employeur ! Si demain on vous mute à 300 km de chez vous, comment gérer sa vie de famille ? Avec son conjoint, le travail de son conjoint, avec ses enfants, l'école, la nourrice, la crèche… Le salarié refuserait la mutation et se retrouverait licencié de sa propre faute !
    L'accord prévoit la mise en place du CDI Intermittent, le CD2I. Pour être simple, c'est une alternance entre des périodes travaillées et non travaillées. Comme un CDD pourrait-on penser… Mais non ! Il n'y aura pas d'allocations de chômage pendant les périodes non travaillées. Le patron a donc, à son entière disposition, des salariés à temps plein qu'il paye à temps partiel.
    Comment vivre avec un salaire lissé sur l'année ? Tout le monde connait le niveau des salaires actuels, ils permettent à peine de vivre dignement en le touchant tous les mois… Alors en le diminuant, même lissé, ça ne permettra pas de mieux vivre ! C'est le contraire !
    Cet accord attaque aussi les droits des salariés ! Les droits des salariés, et les droits de leurs représentants ! Les salariés n'auraient plus que 2 ans après la fin du contrat pour intenter une action en justice, et ils ne pourraient réclamer plus que 3 ans d'arriérés au lieu de 5 ans actuellement. Les droits des représentants du personnel seraient très diminués ! Exemple lors d'un plan de licenciement : tout serait réglé en 2 mois s'il y a moins de 99 licenciements, et réglé en 4 mois s'il y a au moins 250 licenciements ! L'employeur pourra aussi déroger à l'ordre des critères de licenciements… Tous les recours juridiques, le travail avec les experts pour trouver des solutions alternatives aux licenciements seraient mises à mal.
    Le Syndicat de la magistrature a dit que cet accord « est une grave récession pour les droits des salariés et une nouvelle source de précarité ». Le Syndicat des avocats de France a dit : « Le MEDEF revendique l'immunité judiciaire pour les entreprises ». Cet accord fait des employeurs la seule catégorie qui échappe en France à la sanction proportionnelle au délit. Des forfaits d'indemnisation seraient mis en place, et réduiraient considérablement le montant des indemnités auxquelles auraient droit les salariés.
    Cet accord est très mauvais, il faut le répéter !!! Mais nous direz-vous, certains parlent d'avancées et nous ne faisons que critiquer… Alors parlons-en des avancées :
    - La complémentaire pour tous, ça commence déjà bien. Celle-ci est renvoyée à une négociation ultérieure ! Tous les salariés doivent être couverts en 2016, oui dans 3 ans, mais rien ne dit à quel montant de couverture… Il pourrait y avoir des prises en charge inférieures à la CMU complémentaire. Mais tous les salariés ne seront pas couverts par la complémentaire ! Tous les salariés des entreprises non soumises aux négociations obligatoires et non couverts par un accord de branche ne sont pas concernés ! Ce n'est pas écrit dans l'accord !
    Et quelle portabilité de la prévoyance pour les salariés ? Avec une précarité accrue, comment seraient couverts des familles obligées de changer très souvent de complémentaires ??? Certains soins sont longs et chers, si la couverture change en permanence, de nombreux salariés vont faire l'impasse de se soigner !
    - Les droits rechargeables pour l'indemnisation des chômeurs : les employeurs ne mettent pas 1 euro de plus ! Le chômage augmentant massivement, ce sera tout simplement une baisse du niveau d'indemnisation pour tous. On ne peut pas payer plus, si on ne fait pas rentrer plus d'argent dans les caisses ! C'est mathématique !
    - La taxation des contrats courts : la majorité des contrats ne seraient pas taxés, diverses exonérations sont prévues dont celles sur les contrats pour les salariés de moins de 26 ans. Ce serait au final un gain supplémentaire de 40 millions d'euros offert aux employeurs, après les 20 Mds € que le Gouvernement leur a déjà offert en novembre !
    - L'encadrement du temps partiel : il est déjà prévu une multitude de possibilités d'y déroger ! Les règles permettant de moduler le temps de travail seraient renforcées, l'employeur pourrait les modifier jusqu'à 8 fois dans l'année. Les salariés devraient se tenir à disposition de l'employeur, les heures faites en plus ne seraient pas forcément majorées, etc…
    Il existe donc un point commun entre toutes ces avancées : elles sont toutes renvoyées à plus tard ! Toutes les avancées pour le patron sont signées ! Toutes les avancées pour les salariés sont renvoyées à plus tard ! Qui a parlé d'un bon accord ? Ah oui…Laurence Parisot du MEDEF… Mais elle, c'est normal, puisqu'elle représente les patrons !
    Par contre, pour les syndicats de salariés, pour le Gouvernement, ce n'est pas normal de parler d'un bon accord !!! C'est pourquoi ce 5 mars nous interpelons publiquement les députés, mais nous vous demandons, à vous manifestants présents, de faire savoir largement autour de vous que cet accord est mauvais et que si d'autres mobilisations sont nécessaires, nous les organiserons !
    Le Gouvernement va débattre d'un projet de loi. Le conseil des ministres va en discuter demain, mercredi 6 mars,  pour permettre au Parlement de se prononcer début avril, selon la procédure d'urgence.  C'est juste le temps qui est nécessaire pour mener notre campagne, pour élargir la mobilisation, et nous adresser sur le terrain aux élus du personnel, aux militants syndicaux, aux juges prud'homaux, aux organisations de jeunesse, aux militants mutualistes, aux députés et sénateurs mais avant tout aux salariés. C'est de leur mobilisation que dépendra l'avenir de notre droit du travail et du développement économique et social de notre pays.
    Et, autre élément important, ne négligeons pas les militants, les syndiqués des organisations signataires qui se sentent lâchés, trahis par leurs confédérations, tous les opposants à cet accord scélérat sont les bienvenus à nos côtés pour le combattre ! Accueillons les s'ils viennent nous voir et allons à leur rencontre s'ils n'osent pas venir à nous…
    Progressivement, grâce à nos actions, les parlementaires vont mesurer les difficultés de transcription de l'accord. Quelques exemples suffisent :
    - L'article 20 sur le PSE négocié ou homologué est jugé « inapplicable en l'état » par certains juristes.
    - L'article 15 sur la mobilité interne est jugé « difficile à comprendre » et il n'est pas certain qu'il puisse s'appliquer aux contrats en cours.
    - L'article 18, sur les accords de maintien dans l'emploi n'est tout simplement pas conforme aux engagements internationaux de la France. Il est, en particulier, contraire à la convention 158 de l'OIT.
    Bon courage Mesdames Messieurs les parlementaires ! A nous de vous responsabiliser et de freiner vos éventuelles ardeurs à complaire au MEDEF. Mais ce qui est sur, c'est que si vous passiez outre et transcriviez cet accord dans la loi, vous en serez les seuls et uniques responsables, et nous nous chargerons de le faire savoir partout et largement ! Nous le répétons encore : ce n’est pas en facilitant les licenciements qu’on lutte contre le chômage et la précarité ! Des salariés, des citoyens vous ont élu sur votre promesse : « Le changement, c'est maintenant ! ». Alors ne faites pas ce que même le Gouvernement précédent n'a pas osé faire ! Occupez-vous des intérêts des salariés et de leurs familles pour améliorer leurs conditions de travail et de vie.
    Voilà Mesdames Messieurs les parlementaires ce que nous tenions à vous exprimer publiquement, en présence des salariés, pour vous montrer que nous ne sommes pas seuls à vous dire que cet accord est massivement rejeté !Pour finir, un petit message aux manifestants présents, nous voulons préciser quelques petits points : nous nous inscrivons en faux sur l'image que l'on voudrait donner des organisations syndicales non signataires que nous sommes ! Nous sommes là pour améliorer les conditions de vie et de travail des salariés. C'est ce qui nous guide au quotidien. Nous n'allons pas signer n'importe quoi pour être des partenaires sociaux respectables ! Nous sommes et resterons des organisations syndicales de salariés et, à ce titre, nous continuerons à vous représenter du mieux que nous le pouvons.
    Ceci étant dit, vous devez comprendre que les organisations syndicales ne sont composées que des adhérents qui paient une cotisation. Et que nos forces ne sont composées que des seuls salariés qui s'investissent et s'impliquent dans le syndicalisme. Comme nous l'avons dit au début, la situation est grave, la réponse doit être à la hauteur des enjeux, et le combat va être long, alors impliquez-vous dans le syndicalisme pour lui donner plus de force et de poids pour faire aboutir vos revendications. Donnez-vous les moyens de gagner ! Agissez ! Syndiquez-vous !
    Pour notre part (CGT et FO), nous allons nous rencontrer très prochainement et envisager les suites à donner pour faire annuler cet accord scélérat, empêcher qu'il ne devienne loi, et imposer nos revendications pour l'emploi stable, en CDI ou sous statut, bien rémunéré, et que le partage des richesses créées par le travail des salariés profitent aux salariés et pas aux actionnaires !
    Nous vous disons donc à très bientôt, nous pensons qu'il faudra montrer aux parlementaires notre mobilisation et notre détermination à combattre cet accord et empêcher sa retranscription dans la loi. Et surtout, gardons espoir, avec l'exemple du CPE. La loi n'a jamais été appliquée ! Nous ne sommes qu'au début d'une mobilisation qui doit monter en puissance pour combattre la précarité, mais surtout nous devons aller plus loin et lutter pour gagner  ! Nous devons lutter pour aller chercher les profits créés par le travail, pour satisfaire nos besoins. Nous devons lutter pour changer cette société qui ne privilégie que le profit ! Nous devons lutter pour mettre en place un nouveau système économique qui privilégie l'homme et le social avant la finance !
    Ce combat va être long, va être difficile, mais c'est ce combat qui nous permettra de vivre mieux, nous, et les générations futures. Exactement comme l'ont fait nos anciens avec la mise en place de la sécurité sociale à un moment où la France n'était pas aussi riche qu'aujourd'hui puisque nous sortions de la guerre… Donc ce qui était possible hier au sortir de la guerre, l'est forcément aujourd'hui ! Il suffit d'y croire et de le vouloir ! Soyons réalistes, exigeons l'impossible ! D'autant que nous ne sommes pas seuls à exiger du changement, nos collègues et camarades sont en lutte partout autour de nous… Belgique, Espagne, Italie, Grèce… Montrons notre détermination et mobilisons autour de nous pour être chaque fois plus nombreux !
    Chers amis, chers camarades, nous vous disons à bientôt… Nous vous ferons savoir très rapidement la prochaine action… A ceux qui veulent casser le social, le peuple répond : Ré-sis-tance !

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    http://www.creusot-infos.com/article.php?sid=46195&mode=&order=0

    Ils étaient près de 200 ce mardi après-midi à battre le pavé dans les rues du Creusot à l'appel de FO et de la CGT pour lutter contre l'accord passé entre le Medef et certains syndicats. Partis de l'Esplanade François Mitterrand, les manifestants ont fait una halte à deux pas de là, à la permanence du député Philippe Baumel qui les a reçu le temps de convenir d'un rendez-vous dans les prochains jours.

     
     
     

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