• L'auteur de BD Jacques Tardi refuse la légion d'honneur

    Jacques Tardi, l'auteur de BD français, a refusé la légion d'honneur qui lui était attribué le 1er janvier 2013.Jacques Tardi, l'auteur de BD français, a refusé la légion d'honneur qui lui était attribué le 1er janvier 2013. / Crédits : ALAIN JULIEN /
    Le célèbre auteur de bandes dessinées Jacques Tardi "refuse avec la plus grande fermeté" la Légion d'honneur qui lui a été attribuée le 1er janvier. Il dit vouloir "rester un homme libre".

    "J'ai appris avec stupéfaction par les médias, au soir du 1er janvier, que l'on venait de m'attribuer d'autorité et sans m'en avoir informé au préalable, la Légion d'honneur!", souligne l'auteur de BD Jacques Tardi, âgé de 66 ans, qui vient de publier chez Casterman "Moi René Tardi, prisonnier de guerre, Stalag II B", une oeuvre très personnelle, basée sur le témoignage de son père, prisonnier en Allemagne.

    "Attaché à ma liberté de pensée"

    "Etant farouchement attaché à ma liberté de pensée et de création, je ne veux rien recevoir, ni du pouvoir actuel, ni d'aucun autre pouvoir politique quel qu'il soit. C'est donc avec la plus grande fermeté que je refuse cette médaille", déclare dans un communiqué séparé Tardi, fait chevalier aux côtés des acteurs Bruno Podalydès ou Jean-Pierre Léaud.

    "Je n'ai cessé de brocarder les institutions. Le jour où l'on reconnaîtra les prisonniers de guerre, les fusillés pour l'exemple, ce sera peut-être autre chose", ajoute Jacques Tardi, qui s'est aussi beaucoup penché sur la Grande Guerre ("Putain de guerre!", "C'était la guerre des tranchées"...). "Je ne suis pas intéressé, je ne demande rien et je n'ai jamais rien demandé. On n'est pas forcément content d'être reconnu par des gens qu'on n'estime pas", conclut l'auteur d'Adèle Blanc-Sec.

    D'autres refus célèbres

    Avant Tardi, de nombreuses personnalités ont refusé la Légion d'honneur pour des raisons diverses, de Louis Aragon à Albert Camus, de Claude Monet à Hector Berlioz, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Georges Brassens en a même fait une chanson. Léo Ferré fustigeait "ce ruban malheureux et rouge comme la honte". Plus récemment, en août 2012, la chercheuse Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels, avait refusé cette décoration pour dénoncer l'"indifférence" qui touche la santé au travail et l'impunité des "crimes industriels", avait-elle écrit à la ministre du Logement, Cécile Duflot.

    Contrairement aux idées reçues, la Légion d'honneur ne se réclame pas mais vous est attribuée. Quand son nom apparaît dans le Journal officiel, il faut se faire décorer pour "prendre rang". Ce sont les ministres qui adressent les dossiers à la Grande Chancellerie  de la Légion d'honneur. Les dossiers sont ensuite instruits par le Conseil de l'ordre de la Légion d'honneur et ses décisions soumises au président de la République.

    http://lci.tf1.fr


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  • L’engagement de Jean-Louis Trintignant

    Jean-Louis Trintignant -…Je pense que le communisme, c’est ça ! Il était impensable que cette doctrine puisse triompher, mais s’il avait existé la moindre chance de réussite, ça aurait été tellement plus beau que toutes les autres idées politiques et économiques. C’est pour cela que j’ai pensé communiste. Cette idée me plaisait parce qu’elle représentait la solution, et même si je doutais qu’elle fût réalisable maintenant, elle valait la peine d’être défendue….

    Jean-Louis Trintignant – Tu as raison, nous ne sommes pas prêts à être communistes. Pas encore, c’est trop tôt ! …

    extrait de: Jean-Louis Trintignant du côté d’Uzès entretiens avec André Asséo Le Cherche Midi Editeur 2012.

    J’ai trouvé cet extrait sur le site:

    http://vdr.pcf30.over-blog.com/article-quand-jean-louis-trintignant-fait-l-apologie-du-communisme-les-camarades-du-gard-rhodanien-lui-dise-111749785.html

    La prise de position de Jean-Louis Trintignant est intéressante. Sans se réclamer aujourd’hui d’un projet communiste qu’il pense pour l’heure irréalisable, le grand acteur rappelle son ancien engagement communiste et souligne la valeur de l’objectif lointain d’une société « communiste » pour laquelle l’homme n’est pas encore prêt. A mes yeux ce qui est important dans les propos de Trintignant, c’est la défense de l’idée qu’une grande amélioration de l’homme est possible. Les néolibéraux ont distillé depuis vingt ans l’idée soi-disant réaliste que l’homme était irrémédiablement égoïste et matérialiste, et que croire en son perfectionnement ne pouvait conduire qu’au goulag. Cette propagande a eu il faut le reconnaître un succès extraordinaire. Il est vrai qu’en même temps on multipliait crédits et supermarchés pour conduire justement les hommes au tout-consommation et montrer ainsi qu’effectivement s’enrichir et acheter étaient les seuls buts de l’humanité (et pour mettre un point final à la discussion on peut mentionner la Chine « communiste » qui, sitôt sortie du maoïsme, s’est ruée vers la quête de la consommation effrénée et des profits maximaux). Des propos comme ceux de Trintignant vont ainsi à contre-courant de la mode actuelle du pessimisme et du scepticisme. Et ils ne justifient pas pour autant les abus qu’on a commis au nom d’une grande idée.

    Mais selon moi, le terme de « communisme » est vague. Je pense que Trintignant l’utilise aussi d’une façon générale au sens d’une société libérée de l’oppression et de la guerre, de la rapacité et de l’injustice. Dans ce sens, rejeter l’idéal communiste c’est effectivement rejeter la perspective d’un monde délivré de ses défauts et de ses vices les plus graves. Dire qu’on ne peut aller dans ce sens montre le plus total pessimisme, l’indifférence à l’enseignement des religions et de plusieurs grandes philosophies et la méconnaissance des réels progrès sociaux, moraux et politiques accomplis peu à peu depuis des siècles. Rechercher ce monde meilleur ne signifie pas qu’on le pense totalement réalisable, en tout cas pas pour l’instant avec notre état de conscience encore défaillant. Mais cela ne veut pas dire qu’on doive renoncer à trouver les voies qui conduisent dans sa direction. Cela ne veut pas dire non plus qu’on ignore les erreurs tragiques commises par les communistes du XXème siècle: ils se trompèrent sous l’influence d’une pensée romantique (l’idéalisme allemand) exaltant la violence, d’un cynisme estimant que la fin justifiait les moyens, et d’un culte de l’Etat sous sa forme la plus contraignante. Les (dirigeants) communistes du XXème siècle n’ont pas compris que les changements importants venaient progressivement dans l’esprit des hommes, et qu’une lutte d’abord culturelle était seule capable de produire peu à peu, en toute liberté, l’amélioration souhaitée.

    Jean-Louis Trintignant nous fait réfléchir à la nécessité de retrouver cette foi au changement, tout en abandonnant les illusions d’une révolution étatique venant d’en haut menée par une minorité tyrannique et bureaucratique. Il nous aide à retrouver en somme la foi dans l’homme, dans son progrès moral. Et le progrès moral, qui est le but, compte bien plus que les « progrès » technologiques tellement célébrés de nos jours, qui ne sont que des moyens, coquilles vides s’ils ne mènent pas vers un accroissement de nos chances d’épanouissement et de bonheur.

    Merci donc à Jean-Louis Trintignant, un  grand artiste et un homme de coeur !

    Jean-Louis Trintignant

    Jean-Louis Trintignant

    franceinter.fr

    Résister et manifester: croire que le monde peut changer

    Résister et manifester: croire que le monde peut changer

    parismatch.com

    http://lib54.wordpress.com


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  • Les bottes brunes

    bruit_de_bottes.jpg

     

    Elles ne sont pas belles…Oh ! Non !

    Elles ont une couleur indéfinie,

    une couleur de crasse

    de boue, d’excréments

    de salissures récupérées

    aux commissures des idées

    errantes dans les couloirs sombres

    de la mort qui perdure.

     

    Elles ne sont pas belles…et pourtant,

    Elles plaisent !

    De plus elles sont portées fièrement

    et claquent au son du tambour

    et du clairon traitre et sournois,

    celui qui sait parfaitement

    sonner l’hallali au fond du bois.

    Leur vilaine couleur indélébile

    peut facilement se couvrir d’un rouge

    vermillon décliné en multiples

    taches.


    Elle peut se revêtir des cacas d’oies,

    des fientes de poules,

    des purins de porcs lépreux

    aux estomacs défoncés,

    des pestilences des hommes

    qui vocifèrent et éructent

    chaque jour leur haine.

    Haine de l’autre, haine de celui

    qui ne possède pas la couleur de peau

    bénie par les oui-oui,

    qui a le malheur d’être trop noir

    trop gris ou trop jaune

    ou même trop rouge.


    Haine de ceux qui ne croient pas

    au paradis des haineux,

    de ceux qui sont athées ou anticléricaux

    sachant que la religion nourrit parfois

    les pourceaux,

    et qui alors s’en éloignent

    en toute et bonne conscience.

    Leurs bottes à la sale couleur

    font du bruit.


    On l’entend au loin grâce à l’écho

    et sa chanson nous nuit,

    sa chanson nous dit de nous battre,

    sans faiblir car la bête immonde

    est aux abois et veille

    au grain de l’immondice qui sommeille

    dans les maisons des êtres alimentés

    par la pensée unique ;

    celle-là même la grande prêtresse

    nourrice de malfaisantes et traitresses

    bestioles aux faces de haine et de mort.


    Notre combat :

    C’est elle, la bête chaussée !

    Ne faiblissons pas, renouvelons

    nos forces, nos solidarités, nos unions

    pas un centimètre de sol de notre terre

    doit tomber dans les pas des bottes.

    Vigilance, surveillance, prudence

    sont de mises et en permanence

    afin que les bottes putrides

    se dissolvent dans l’acide de nos combats

    pour l’humanité, l’amour, la justice

    la dignité et la sincérité.

     

    Carole Radureau (15/11/2012)

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


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  •  Il ya 60 ans le 18 novembre 1952  mourrait Eugène Paul Emile Grindel.

    « Liberté »

    Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Eugène Grindel publie, sous le nom de Paul Eluard, de nombreux textes, dont le célèbre poème « Liberté », symbole de la Résistance.

    Pendant la guerre, engagé dans la Résistance, Paul Eluard participe au grand mouvement qui entraîne la poésie française, et le poème Liberté ouvre le recueil Poésie et Vérité paru en 1942.
    Les textes qui forment ce recueil sont tous des poèmes de lutte. Ils doivent entrer dans la mémoire des combattants et soutenir l'espérance de la victoire : comme on le faisait pour les armes et les munitions, le poème Liberté à été, à l'époque, parachuté dans les maquis.

    « Liberté »

     


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  • His songs kill fascists

    Cette année marque le 100e anniversaire de la naissance de Woody Guthrie. Solidaire profite de cette occasion, et de la réédition en français de son autobiographie, pour présenter ce personnage hors du commun, véritable porte-parole du peuple américain.

    Quentin Vanbaelen
     
     

    Woody Guthrie est l’un des plus grands chanteurs de folk américain. Ses chansons évoquent la Grande Dépression, la vie des ouvriers, mais aussi la résistance de ceux-ci. Sur sa guitare, il avait inscrit cette phrase restée célèbre :  This machine kills fascists (Cette machine tue des fascistes). (Photo World Telegram, Al Aumuller)

    Le 14 juillet 1912, à Okemah, en Oklahoma (États-Unis) naissait Woody Guthrie. Si vous ne connaissez pas ce nom directement, il ne fait aucun doute que d’autres artistes vous auront transmis son héritage. Woody Guthrie est, en effet, l’un des plus grands chanteurs de folk américain. Ses chansons évoquent tour à tour la Grande Dépression, la vie des ouvriers de l’entre-deux-guerres, le vagabondage, l’exil des milliers de travailleurs mis sur la paille par la crise, mais aussi la résistance de ceux-ci. Sur sa guitare, il avait inscrit cette phrase restée célèbre « This machine kills fascists » (Cette machine tue des fascistes). Sa vie même avait été marquée par les aléas de la crise économique et ses ravages. Il se sentait donc lié à tous les « damnés de la terre » : les travailleurs, les chômeurs, les minorités… et se faisait un devoir de les défendre dans ses chansons.
        Proche des milieux communistes et syndicaux, très actifs à l’époque aux États-Unis, il a longtemps voyagé à bord des trains de marchandise, en compagnie de dizaines de « hoboes », ces vagabonds qui allaient de ville en ville à la recherche d’un emploi, d’une situation, d’une vie décente. Il travaillait alors à leurs côtés et chantait leur quotidien et leurs luttes. Ses chansons étaient écrites pour les gens, et il considéraient qu’elles appartenaient à qui s’y reconnaissait. Il a ainsi écrit, à propos des droits d’auteur de This Land Is Your Land : « Cette chanson est enregistrée aux États-Unis sous le numéro de copyright 154085, pour une période de 28 ans, et quiconque sera pris à la chanter sans notre permission sera considéré comme un de nos bons amis, car on s’en moque. Publiez-la. Écrivez-la. Chantez-la. Dansez dessus. Yodlez-la. Nous l’avons écrite, c’est tout. »

    Au cœur de l’Amérique

    L’autobiographie de Woody Guthrie, En route pour la gloire (Bound for Glory), écrite en 1943, a été rééditée cette année en français aux éditions Albin Michel. Dans ce texte, il revient sur sa jeunesse, son enfance en Oklahoma, l’arrivée de la crise économique des années 1920, ou encore la grande instabilité de la région, agitée à l’époque par la découverte de gisements de pétrole qui ont provoqué de réelles ruées vers l’or noir.
        Avec une écriture marquée par un style oral et populaire, très proche des paroles de ses chansons, l’autobiographie de Woody Guthrie ressemble à un long monologue, un récit qu’on dévoile autour d’un brasero entre deux rasades de whisky. Son histoire, comme son œuvre, dépasse cependant le récit personnel. Elle se fait l’écho de l’Amérique profonde, du peuple américain meurtri par le capitalisme. Elle raconte 30 ans d’histoire populaire, ouvrière et paysanne.
        Le récit impressionne par la quantité d’anecdotes et de détails, mais aussi par l’espoir et l’idéal qui le traverse. Woody Guthrie n’était pas du genre à baisser les bras, à se laisser abattre. Il s’est battu des années durant contre le racisme et les injustices de classe, en dénonçant l’arrogance des puissants et leur mépris des travailleurs.

    Héritage

    Woody Guthrie est mort le 3 octobre 1967 de la maladie de Huntington. Durant le long séjour en hôpital qui a précédé son décès, il a reçu le soutien et la visite d’une foule d’artistes, amis ou admirateurs, qui venaient lui rendre hommage et le rencontrer tant qu’il était encore en vie. Parmi ceux-ci, notons la présence assidue de Pete Seeger, grand ami de Guthrie, ainsi que du jeune Bob Dylan. Ce dernier n’aurait sans doute pas eu la trajectoire qu’on lui connaît si le parrain de la protest song n’avait existé. Le fait que la première chanson enregistrée par Dylan pour son premier album s’appelle Song to Woody (Chanson pour Woody) en atteste.
        Des chansons comme This Land is Your Land font partie du répertoire des chansons ouvrières américaines encore aujourd’hui, au point qu’elle en est presque devenu un hymne national alternatif. De nombreuses rééditions de ses enregistrements sont parues cette année, l’occasion de (re)découvrir l’œuvre impressionnante du chanteur. Woody Guthrie a marqué le paysage de la culture américaine comme peu d’autres, chantant et vivant avec et pour le peuple.


    Woody Guthrie en trois chansons

    • This Land is your Land

    Cette chanson est souvent interprétée à tort, aux États-Unis, comme un hymne patriotique. En réalité, elle a été écrite en réponse à God Bless America, une chanson de l’époque qui encensait l’Amérique et que Guthrie trouvait peu réaliste. This Land is Your Land est en fait une chanson qui invite le peuple à revendiquer son pays, à s’en rendre maître. Dans le contexte de lutte et de grèves des années 1930, dans lequel la chanson a été écrite, ses paroles prennent un sens très militant que beaucoup ont tenté d’occulter par la suite.

    • Ludlow Massacre

    Le massacre de Ludlow est le nom donné à la tuerie orchestrée par les forces de l’ordre de l’État du Colorado et les milices des entreprises minières contre les mineurs en grève dans la localité de Ludlow. Les travailleurs réclamaient de meilleures conditions de travail et plus de droits, comme la reconnaissance du syndicat, et sont restés en grève durant 14 mois. Le 20 avril 1914, la Garde nationale a donné l’assaut au campement où vivaient les mineurs et leur famille. Plus de 20 victimes ont été dénombrées, dont des femmes et des enfants.

    • Tom Joad

    Cette chanson évoque le personnage central du roman Les raisins de la colère de John Steinbeck, qui raconte l’histoire d’une famille forcée de quitter ses terres en raison de la crise économique des années 1930. Les thèmes chers à Woody Guthrie s’y retrouvent, et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il en ait tiré une de ses meilleures et plus longues chansons. Celle-ci a inspiré à Bruce Springsteen un morceau intitulé The Ghost of Tom Joad, qui réactualise le problème, des décennies plus tard. La chanson se termine par une incitation à la lutte, où Guthrie fait dire à Tom Joad :
    Wherever little children are hungry and cry,
    Wherever people ain’t free,
    Wherever men are fightin’ for their rights,
    That’s where I’m a-gonna be, Ma.
    That’s where I’m a-gonna be.

    (Partout où des petits enfants ont faim et pleurent,
    Partout où le peuple n’est pas libre,
    Partout où les hommes se battent pour leurs droits,
    C’est là que je serai, M’man.
    C’est là que je serai.)

    http://www.ptb.be

    http://reveilcommuniste.over-blog.fr


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  • Marie-Claude Vaillant-Couturier: une femme engagée, du PCF au Procès de Nuremberg

    Centenaire de la naissance de Marie-Claude Vaillant-Couturier

    Le 3 novembre 2012, Marie-Claude Vaillant-Couturier, ancienne députée de Villejuif, aurait eu 100 ans. A cette occasion, les éditions Balland publient «La Dame de Nuremberg» écrit par Dominique Durand, journaliste, qui présentera son livre le 10 novembre, de 15h30 à 19h, à la Maison de la presse de Villejuif (Val de Marne). « Ce qui m’a captivé, explique-t-il, c’est de suivre la naissance d’un engagement, de convictions, et leur réalisation à force d’obstination». Marie-Claude.jpg

     

    Dominique Durand, journaliste, publie un ouvrage sur Marie-Claude Vaillant-Couturier, qui fut députée de la 1e circonscription du Val de Marne de 1945 à 1973. Nous lui avons demandé pourquoi il s’était intéressé à elle et ce qu’il a découvert.
    «Marie-Claude Vaillant-Couturier aurait eu cent ans le 3 novembre 1912, rappelle Dominique Durand. Elle a traversé les épreuves du XXème siècle, s’est engagée dans le Front populaire, la Résistance, a vécu la déportation, à Auschwitz et Ravensbrück.

    Elle a témoigné au Procès de Nuremberg, a dirigé de grandes organisations féminines, est restée, de 1934 à son décès en 1996, fidèle au Parti communiste, et n’a jamais vécu sur son Olympe. Je suis persuadé, souligne l'auteur, que des habitants de Villejuif se souviennent encore de ses permanences de députée, de ses visites dans leur appartement, de ses interventions pour les aider dans une passe difficile de leur vie.

    D’autres, poursuit-il, ont encore en mémoire la vision de cette grande dame aux cheveux blancs serrés en chignon qui tenait des discours posés et en même temps enflammés.

    C’est cette vie-là que j’ai voulu décrire, raconter, explorer. Cela n’avait jamais été fait.

    Et ce qui m’a captivé, parce que j’ai eu accès à de nombreux documents familiaux, c’est de suivre la naissance d’un engagement, de convictions, leurs mises en œuvre, avec des périodes de doute parfois, et leur réalisation à force d’obstination, d’objectifs posés dans des époques bien antérieures. »

     

    Dominique Durand présentera son livre Marie-Claude Vaillant-Couturier, la dame de Nuremberg (Balland, 2012) le 10 novembre, de 15h30 à 19h, à la Maison de la presse (librairie Alcréa, en centre-ville à Villejuif).

     

    Source : site de la ville de Villejuif

    http://eldiablo.over-blog.org


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  •  Le fol aéroport de Notre Dame des Landes

    la Parisienne Libérée chante le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et l’arrivée dans le bocage d’un nouveau genre de troupeau : des vaches qui ne font pas « meuh » !
    Parce que quand même.
    A quoi cela va-t-il servir ?
    Quel retour social sur investissement.
    Quel prix la stérilisation des terres agricoles ?
    Qui comme spéculateurs pour user des terrains libérés par l'ancien aéroport ?
    Quel Urba d'études, pardon bureau d'études ?
    Et quelles rétro fusées pardon rétro commissions ... et pour qui ?

    http://canaille-le-rouge.over-blog.com


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  •  KHAOS, le film

    Grèce 2012.

    Khaos, les Visages Humains de la Crise Grecque aborde – à partir de nombreux témoignages et portraits – sans fards, la vie quotidienne du peuple grec, avec Panagiotis Grigoriou – historien et blogueur de guerre économique – pour fil conducteur.

    C’est un road-movie au rythme du jazz et du rap qui nous mène de Trikala à l’île de Kea, en passant par Athènes, à la rencontre du citoyen grec, du marin pêcheur au tagueur politique.

    http://www.khaoslefilm.com/

    KHAOS, le film

     


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  • L’Espagne dans nos cœurs, de Loïc Ramirez
    Philippe Pivion a lu ce livre qui évoque les relations entre communistes français et espagnols entre 1944 et 1975

    L’Espagne dans nos cœurs

    Voici un petit livre bien utile. Il analyse et par là même rend hommage à l’activité communiste et à la solidarité entre les partis espagnol et français dans la période 1944-1975.

    Dès les premières pages une question se pose : la guerre civile espagnole a-t-elle pris fin en mars 1939 ? Il y a des prolongations, certaines militaires, d’autres politiques, nous les découvrons.

    L’Espagne dans nos cœursBien évidemment lors de la victoire de Franco, la débâcle et le découragement assaillirent les républicains et les communistes espagnols. Le gouvernement français s’empressait d’interner dans des camps les réfugiés et les combattants. Les camps de Gurs, de Saint Cyprien et d’Argelès restent de sinistre mémoire. Mais rapidement les militants et organisations du PCF vont héberger et abriter nombre de leurs homologues espagnols. La question de la double appartenance et celle de l’existence du PCE sur le sol français ne bousculent pas dans l’immédiat la direction du PCF. D’ailleurs celle-ci doit entrer en clandestinité et bientôt entamer le combat contre l’occupant nazi.

    Quant aux militants français issus des Brigades internationales, avec leur savoir-faire, avec leur maitrise de la lutte armée, ils vont donner une ossature militaire à la résistance française, rejoints par les réfugiés espagnols. D’autres, qui ont réussi à passer en Angleterre, participeront aussi à la lutte de libération du sol national, notamment avec Leclerc. Et nous voilà en 1944, moment où cet ouvrage inscrit le début de sa réflexion.

    Ramirez remet en lumière la volonté farouche des communistes espagnols de libérer leur territoire du joug franquiste. Se souvient-on qu’alors des milices, des brigades de plusieurs milliers de combattants pénètrent en Espagne pour porter la lutte armée contre le dernier bastion fasciste européen ? Ces hommes vont franchir la frontière, attaquer des villages, les libérer, pensant mettre à bas le régime de Franco. Les communistes français ne sont pas en reste. Ils aident, fournissent logistique et appuis politiques. André Marty, secrétaire du Comité central du PCF porte ce nouveau combat. Il échoue. Il faudra renoncer à cette forme de lutte. Pour le PCF, l’engagement contre le fascisme espagnol est naturellement la prolongation de celui contre l’hitlérisme et le mussolinisme. Mais les enseignements de la défaite de la république espagnole en 1939 n’ont pas été portés à un niveau suffisant. Il est hors de question pour la bourgeoisie française mais aussi pour celle d’Angleterre et des Etats unis d’avoir entre Tanger et les Pyrénées, une république où les communistes seraient aux commandes. C’était la raison fondamentales de la « non –intervention » de 1936. C’est la raison essentielle du choix de Franco en 1945. D’ailleurs, très vite, la guerre froide et la logique des blocs vont prévaloir et les dirigeants sociaux-démocrates puis gaullistes vont s’accommoder de la présence d’une dictature fasciste au sud de notre pays, dictature qui a eu l’intelligence de ne pas emboîter le pas à Hitler lorsque celui-ci le lui demandait.

    Et ce n’est pas la fermeture de la frontière en 1946 par de Gaulle, suite à l’assassinat du FFI espagnol Cristino Garcia par un tribunal aux ordres de Franco, qui changera grand-chose sur le fond. D’ailleurs les protestations du journal le Figaro à cette époque sont illustratives des enjeux stratégiques. C’était une réponse politique à l’exécution d’un homme qui avait combattu les nazis sur le sol français, emporté des succès remarquables dans cette lutte. Ne pas agir, à l’époque, aurait été incompris de l’opinion française pour qui la résistance demeurait une odyssée héroïque vive dans les esprits et dans les chairs. D’ailleurs la protestation contre l’incarcération de Julian Grimau, exécuté en 1963 pour crime contre l’Etat franquiste commis en 1936-1939, rencontrera un écho populaire mais il n’y aura pas de conséquence gouvernementale. Rappelons que l’Espagne est devenue un partenaire, qu’elle est membre de l’ONU. Seuls les communistes mèneront le combat contre l’exécution de Grimau.

    Le livre de Ramirez revient utilement sur tous ces développements, démontrant l’implication forte du PCF et de ses militants, des plus obscurs aux plus importants. Il revient sur le rôle des maires de dizaines de communes pour soutenir et faire vivre le PCE. Passages de frontières, accueil de militants, prêts de locaux, donation de matériels, impression de tracts et journaux, la liste est longue des actes d’une solidarité qui n’était pas seulement politique mais aussi humaine. Il fait parler des chercheurs, des militants et militantes, telle Marie-Rose Pineau, dont le mari disparait régulièrement pour des voyages mystérieux.

    Et puis il évoque avec justesse les derniers soubresauts de la bête franquiste. Les années 70 voient l’émergence d’une nouvelle forme de lutte centrée autour de la violence, alors que le PCE travaillait à une conception de rassemblement. L’ETA provoque des attentats qui trouvent un écho dans la jeunesse de France et d’ailleurs. 1968 est passé par là. Ramirez démontre avec justesse l’évolution du combat des communistes et leur opposition la plus ferme au fascisme à l’œuvre. De nouvelles victimes comme Puig Antich entrent aux Panthéon de la martyrologie espagnole. L’ouvrage, nous pouvons le regretter, encore que ce ne soit pas son sujet central, fait l’impasse sur le remplacement de la fusillade par le garrotage. Il n’en demeure pas moins que les communistes français en solidarité avec des militants dont ils ne partagent pas les formes de lutte seront le moteur de la protestation et de la solidarité, jusqu’à l’extinction du régime lors de la mort de Franco, fin 1975, alors que de nouvelles vagues de répressions se sont déchainées dans tout le pays. L’auteur souligne aussi que le combat solidaire fut souvent mené au nom du passé, des luttes de 36-39, de la résistance, au lieu de l’être en projection, dans l’émergence d’une nouvelle société d’émancipation.

    C’est un ouvrage à lire parce qu’il aide à comprendre et à apprendre les conditions de la survie politique du PCE dans la clandestinité, pourchassé tant par le régime franquiste que par la police française. Ramirez va aux sources, il utilise un matériel historique considérable pour étayer son propos. Les références permettent au lecteur de prolonger sa lecture, quelque peu entravée par des fautes typographiques et des redites. Les notes et renvois sont utilisés à bon escient et n’encombrent pas la pagination. Enfin, le choix du titre est une belle résonnance à Neruda et à son magnifique hommage à la république espagnole et aux Brigades internationales, l’Espagne au cœur.

    Philippe Pivion. Juillet 2012

    L’Espagne dans nos cœurs, de Loïc Ramirez. Editions Atlantica.

    http://www.lafauteadiderot.net/


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  • 1679350208.jpg Acteur populaire, chanteur éclectique, écrivain voyageur… Richard Bohringer ressemble à John, l’un des personnages de son nouveau livre, les Nouveaux Contes de la cité perdue (Flammarion), homme libre, engagé et détaché de tout, sauf de l’amour. Un révolté avant tout, dégoûté du monde d’aujourd’hui voué au culte de l’argent, bouffi d’orgueil et de préjugés.

    Votre dernier livre, les Nouveaux Contes de la cité perdue (Flammarion), commence par évoquer Jésus… puis la révolution : « Paulo et John s’étaient rencontrés en ces temps troubles. […] Paulo avait été communiste. John aussi. » On ne vous savait pas aussi engagé politiquement ?

    Richard Bohringer. À gauche, vous pouvez l’écrire... Les Tunisiens m’ont filé un sacré coup d’énergie alors que j’écrivais ce livre. Je voulais évoquer le parcours des gens qui s’indignent, se rebellent, n’acceptent pas. Cela va de Kerouac, qui prend la route à vingt ans, parfois naïvement, aux jeunes Tunisiens qui risquent leur vie pour changer le monde. Leur monde... Ils sont enthousiastes et utopiques. Ils se battent pour être libres. Je ne pouvais pas écrire ce livre sans évoquer ces peuples courageux de la Méditerranée...

     Vous les appelez « le clan des affamés » 
et vous ajoutez : « Les gens étaient perdus, 
avec des promesses pas tenues... »

    Richard Bohringer. Oui, c’est ça : le clan des affamés. Des bafoués dont on se moque… C’est pour ça que je cite Lumumba et Sankara, les deux leaders africains assassinés qui ont voulu plus de justice dans leurs pays. Ils ont connu le sort du commandant Massoud… S’il avait été accueilli par la grande porte, le sort de l’Afghanistan aurait été différent, c’est certain. Ce chaos interminable... Je ne m’adresse pas aux soi-disant élites quand j’écris. Mais aux gens comme moi, qui n’ont peut-être pas eu ma chance. S’ils s’y retrouvent, tant mieux. Je fais souvent des séances de dédicace où je constate qu’ils ont envie qu’on parle en leur nom. C’est souvent gênant, parce que je ne suis pas aussi bien qu’ils le croient… Ce n’est pas parce que tu es connu que tu n’es plus un citoyen lambda. Je suis comme les autres. La seule différence, c’est que j’ai la chance de faire un métier qui me passionne et de gagner ma vie avec. Je ne me lève pas à 6 heures du mat’ pour faire deux heures de transport et gagner à peine de quoi survivre… Je ne suis pas démago en disant ça : je suis et resterai de ce côté-là. Du côté des exploités, quoi. Du milieu d’où je viens… Moi aussi je m’inquiète pour mes enfants. L’avenir, c’est eux.

     Tout au long de votre récit, vous évoquez 
Jack London, auteur de Martin Eden… 
En quoi vous inspire-t-il ?

    Richard Bohringer. C’est sa manière de transcrire l’émotion et la vie. Je crois qu’il y a la littérature américaine avant Jack London et après… Je sais bien que je n’aurai jamais son génie, mais c’est lui qui m’a autorisé à écrire. Je n’ai pas été longtemps à l’école, mais comme Martin Eden, j’ai commencé en autodidacte. Et n’oublions pas que c’est un témoin socialiste de son époque. Les communistes lisaient tous Jack London… Les jeunes gens un peu trop mous à l’intérieur, à mon goût, en France, devraient lire. Martin Eden, c’est un livre de conquête, c’est un chef-d’œuvre orgueilleux, sur la résistance d’un homme au destin aventureux. London était une sorte de génie… Le jour où je me suis rendu compte que je n’avais que du talent, j’ai été soulagé finalement, tout est devenu plus simple. À mes débuts, j’étais dans l’attente du génie. Mes amis d’alors me disaient que j’avais quelque chose, du swing dans mes mots : j’y ai cru, alors j’ai écrit, du théâtre… Je sais que je n’écrirai pas de chef-d’œuvre, mais j’écris.

     À quel âge avez-vous commencé ?

    Richard Bohringer. À vingt ans… Zorglub et les girafes, ma pièce de théâtre, a été joué très tôt, en 1966. J’ai commencé à écrire comme un musicien de jazz improvise. Sans plan. Je me laisse inspirer par l’actualité. Ma phrase devait bien sonner. Après, je me suis intéressé à la syntaxe, à la grammaire, etc. J’écrivais mes phrases comme des solos de be-bop, ou des riffs de guitare de blues. Je viens du be-bop. L’époque des beatniks… J’aime les mots pour leur beauté et leur sonorité.

     Que faites-vous en ce moment ? On vous voit moins au cinéma…

    Richard Bohringer. Je cherche mes racines… Je réapprends le créole, par exemple. Je suis en train de découvrir des zones mystérieuses dans mon passé, ma généalogie. Ma grand-mère me disait que j’avais du sang maure ! Arabish, elle disait. Ce qui expliquerait pourquoi je suis tellement attiré par l’Afrique et La Réunion, où je suis tout le temps fourré, malgré toutes les complications que cela implique… Ils ont été tellement trahis, exploités, là-bas, qu’il faut savoir se faire accepter avec patience. Il y a un énorme décalage entre l’Occident et l’Afrique. Sinon, j’écris, vous voyez, et je continue à chanter, en tournée, seul, a cappella, tradition orale, je parle, comme un griot… blanc ! Je fais des lectures, je dédicace mes livres, et j’ai un beau projet pour la rentrée au cinéma. Le premier film d’une actrice qui s’appelle Hélène Vaissière, avec Laetitia Casta et Benoît Poelvoorde. Je serai le mari de la sublime Laetitia Casta. Je suis heureux de la façon dont ça s’est décidé… dans la joie : un beau cadeau.

     Vous évoquez le bar du Bout du monde, 
et les amis qui vous manquent : 
Philippe Léotard, Roland Blanche, 
Bernard-Pierre Donnadieu et Bernard Giraudeau, qui viennent de nous quitter. L’amitié tient une grande place dans votre vie...

    Richard Bohringer. Oui, mais pas forcément au bistrot, comme certains semblent encore le croire… Je ne bois plus depuis plus de dix ans ! Tous ces mecs m’ont appris beaucoup de choses. Comme dans les bars, d’ailleurs… Le type du bout du zinc qui vous parle enfin, après des jours et des jours de silence face à un verre : c’est le destin d’un homme qui est comme un présent somptueux. Il se lâche dans l’ivresse et tu découvres que c’est l’amour, la mort, la vie qui a fait que… Je ne le cite pas, mais j’ai souvent fait la fête avec Belmondo ! Il m’appelait le « fils de Levigan ». C’était l’époque de Blondin, l’Humeur vagabonde, les verres de contact… Jean-Paul était le casting parfait pour Un singe en hiver ! C’était un poète, il partait en ivresse, il était drôle, sympa, une crème. Un homme bon et modeste. Il était temps que le Festival de Cannes lui rende hommage. Jean-Paul, c’est pas « mon cul sur la commode », n’oublions pas que c’est non seulement À bout de souffle, mais aussi Léon Morin, prêtre, Pierrot le Fou, etc.

    Dans votre livre, John dit qu’il a flingué 
sa carrière tout seul… Comme il est votre double, c’est ce que vous pensez de la vôtre ?

    Richard Bohringer. Oui. J’ai ma part de responsabilité. L’époque a changé. Ce ne sont plus les mêmes à la tête des boîtes de production : on m’a mis l’étiquette d’ingérable, caractériel, comme Bernard-Pierre Donnadieu, qui était un acteur formidable, un homme intègre. J’ai arrêté de boire parce que c’était mauvais pour ma santé mentale. Cette belle fleur vénéneuse complote avec la folie… Sur les plateaux de ciné, lorsque j’étais au cul du camion, c’était pas seulement pour boire des pastis avec les machinos, c’était parce que je viens de là et que leur avis sur mon jeu était parfois plus pertinent que celui du réalisateur, qui ne savait pas ce qu’il voulait. Je reconnais que c’était pas fastoche de tourner avec moi à une certaine époque, mais quand tu vois un réalisateur ne sait pas où mettre sa caméra, que tu ne seras pas dirigé parce que tu vois dans son œil une fragilité de gallinacé, eh bien ça ne se passe pas bien. Pas de problème avec Peter Greenaway, alors que le tournage était difficile.

     Vous avez vraiment la double nationalité 
franco-sénégalaise ?

    Richard Bohringer. Je ne suis jamais allé chercher les papiers… J’ai fait ça pour le geste symbolique : une main blanche dans une main noire pour la vie ! Respect et style… Plus mon immense admiration pour le continent africain. Quand tu descends vers l’empire du Mali… La Terranga du Sénégal, c’est fort, mythique, mystique : le berger peul, il est à la verticale du prophète, sous le soleil, avec ses bêtes… Ses uniques compagnons, avec Dieu. Sous 45° de soleil le jour et – 2 la nuit… Va lui parler d’autre chose que de son Dieu ! Mais, là-bas, si tu ne veux pas prier, tu ne pries pas… Personne ne va te faire ch… Tu veux prier, tu pries, personne te fera ch… Je ne dis pas que c’est le paradis, mais l’Afrique c’est prenant. J’y vais par période.

     Vous avez eu aussi 
votre période réunionnaise…

    Richard Bohringer. Oui, une île très marquée politiquement par le Parti communiste. J’y ai chanté avec le groupe Zizkakan et mon ami Gilbert Pounia, là-bas… La moitié de la population de l’île est au RMI, faut pas l’oublier. Les niches communistes y restent rayonnantes. C’est toujours agréable de partager une mangeaille avec des communistes… Je suis parfois allé déjeuner au siège de l’Huma, à Saint-Denis. Je le lis de temps en temps… Les communistes ont une lumière dans l’œil que les autres non pas, comme à la Fête de l’Humanité, où je ne suis pas retourné depuis longtemps. C’est l’utopie qui est intéressante.

     Comment John – vous-même – 
s’est-il mis à la politique ?

    Richard Bohringer. Rhhaaaa, il sait bien qu’il ne s’est pas assez engagé, John… Il s’est perdu dans sa tourmente romanesque. C’est sur le tard qu’il se rend compte qu’il a toujours été de ce côté-là, mais il n’a pas laissé fleurir ses velléités révolutionnaires. Moi-même, je n’ai jamais milité mais j’ai eu de nombreux amis communistes. En ce moment, on ne sait plus où on en est.

     Que pense le citoyen 
de la future élection présidentielle ?

    Richard Bohringer. Je crains surtout le rassemblement de la droite. Parti comme c’est parti, la gauche est mal barrée… Mélenchon et le Front de gauche m’intéressent. S’ils font un gros pack d’avants, comme au rugby, on a des chances… Il faut que la vraie gauche réexiste. Que ce soit un poids que la gauche socialo-écologiste soit obligée de prendre en compte. Les écolos recommencent à dérailler. Moi j’aime bien la manière franche et claire du parler de Daniel Cohn-Bendit. On comprend ce qu’il dit. De toute façon, je voterai à gauche et je dis qu’il n’y a pas de vote inutile… Je me refuse à l’abstention. C’est à nous de régler nos comptes. J’attends que ce soit un peu plus clair…

    Biographie express

    Né en janvier 1942 (soixante-neuf ans), à Moulins, Richard Bohringer est comédien. Son mentor 
fut Antoine Blondin, auteur de l’Humeur vagabonde. César du meilleur acteur pour son rôle dans 
le Grand Chemin (1984), il reçoit le césar du second 
rôle pour l’Addition (1985). À ce jour, il a joué dans 
120 films et 50 téléfilms. Son livre, C’est beau 
une ville la nuit (1988) a été un best-seller et se vend encore. Il a publié depuis le Bord intime des rivières (1994), l’Ultime Conviction du désir (2005), Carnets 
du Sénégal (2007), Bouts lambeaux (2008). 
ll a également publié chez Flammarion : Zorglub et les Girafes (2009) et Traîne pas sous la pluie (2010). Puis les Nouveaux Contes de la cité perdue, qui s’est déjà vendu à 10 000 exemplaires.

    Entretien réalisé par Guillaume Chérel


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  • Newsletter d’O.P.A, à faire suivre d’un klik :
    http://www.opa33.org/un-peu-plus-lo...

    Yep !

    Alors que nous parcourrons sans précipitation nos quotidiens souvent bornés, dans l’ombre, au coin de nos angles morts, des réalités plus ou moins équivoques nous tirent à elles et nous sollicitent sans précaution.

    Ici, nous pouvons découvrir notre humanité délicate, nos peurs enfouies, nos ressemblances improbables et parfois, et bien sûr, nos correspondances.

    Au détour, nous voyons qu’il n’y a rien qui ne sépare ni ne rapproche que nous n’ayons en nous sondé.

    L’autre est là, déjà en nous-mêmes impatient, déjà en nous-mêmes réceptacle et miroir et nulle peine, nulle joie, nulle bonté, nulle atrocité ne s’attardent à nous surprendre si nous fouillons assez profondément.

    L’autre est là, avec la même soif, avec la même faim, avec la même ombre qui se courbe dans les matins solitaires, dans les nuits où nous terrons nos visions enfantines, dans les silences qui ont recouvert peu à peu le tumulte que faisait le clapotis de nos premiers chagrins.

    L’autre est là, tendant son ego vers nos egos semblables, tentant parfois l’approche ou fuyant au chaos de notre désordre intime, emportant avec lui ce qui faisait souffle et dans l’écho terrible d’une porte qui claque, il est encore là, comme une trace, comme un sillon et nous voilà à jamais imprégner.

    Alors se penchant, au plus près, à la charnière de ce qui nous distant, nous pouvons retrouver la volonté de partage et d’écoute et se souvenir - en conjuguant le présent au futur - qu’il n’y a qu’à baisser la garde pour trouver la confiance et la félicité d’aller nu dans un univers lui-même sans parure.

    Un peu plus loin donc, à deux pas, tout près, l’autre est là, tapi dans l’impatience de nos désirs, dans les vibrants déserts de nos solitudes.

    Il nous appelle, et sans feindre de nous reconnaitre, il nous ramène au rivage que, dérivant, nous pensions avoir perdu de vue.

    Il faut alors savoir de nouveau s’étonner, retrouver nos visions enfantines et prendre goût, comme au jour premier, de l’émerveillement d’être au monde.

    L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre - O.P.A

    ***
    ACTUALITE O.P.A

    PROCHAIN CONCERT
    Samedi 9 juin 2012 - 22h - La Mac - Talence33
    Festival Mestizaje
    http://www.opa33.org/festival-mesti...

    POESIE
    Des illusions
    http://www.opa33.org/desillusions.html

    DERNIERES VIDEOS EN LIGNE

    Festival "Tous à l’Urinoir" - L’Intégrale
    http://www.youtube.com/playlist?lis...

    Extrait - La semaine sanglante (Jean Baptiste Clément)

    La complainte de la butte (Jean Renoir/O.P.A)

    "Je chante pour passer le temps" (Louis Aragon/O.P.A)
    http://youtu.be/gzsX4Q_6dZY

    UN ALBUM AU HASARD EN LIBRE TELECHARGEMENT
    Live2 Hell Boqueron (Acoustique)
    http://www.opa33.org/live-hell-boqu...

    ***
    L’ACTU DES COPAINS

    Samedi 9 juin - Fête de Réseau Education Sans Frontière - Bordeaux
    http://gironde.demosphere.eu/node/1867

    Samedi 9 juin - Repas de soutien au Samovar - Bordeaux
    http://gironde.demosphere.eu/node/1876

    Du 6 au 8 juillet - Festival Gemme La Résistance
    http://gemmelaresistance.org/

    [Vidéo] GrandJacques - 6 mai - 20h (Clip)
    http://www.opa33.org/6-mai-20h.html

    [Vidéo] Isabelle Solas - "En un temps suspendu" (Documentaire sur la bourse du travail - Bordeaux)
    http://www.opa33.org/en-un-temps-su...

    **
    REVUE DE PRESSE - MAI 2012

    Un peu plus loin donc...

    MONTREUIL

    Du 22 au 24 juin - Foire à l’autogestion
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    Que cesse le harcèlement des familles Roms !
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    **
    LEGISLATIVES - De graves menaces de fraudes planent sur le vote par Internet
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    ISLANDE

    Seconde torgnole à la finance mondiale
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    L’Islande fera le triple de la croissance de l’UE en 2012
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    PALESTINE - Ramallah - La "Femme au Drapeau"
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    GRECE

    Désespoir et espoir
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    Un migrant tabassé ignoblement par la police
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    Violences xénophobes contre des réfugiés à Patras
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    **
    ESPAGNE

    Madrid -Trois télévisions « indignées » passent dans la clandestinité
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    Les indignés bientôt considérés comme terroristes ?
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    ** 1er MAI - Tour du monde des arrestations massives
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    JAPON - Alerte à Fukushima !
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    MEXIQUE

    Assassinats de Bety & Jyri - Nous n’oublions pas le 27 avril 2010 !
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    La pêche et le peuple Cucapa
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

    Chéran célèbre un an de soulèvement
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    ALLEMAGNE - Cambriolages politiques
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    SUISSE - Elle renonce provisoirement à signer l’ACTA
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    TURQUIE - Près de 130 étudiants arrêtés en mai
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...

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    ISRAEL - La police militaire à la poursuite des déserteurs et objecteurs de conscience
    http://www.myspace.com/orchestrepoe...


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  • J’aimerais te laisser tranquille, au repos dans cette terre choisie. J’aurais aimé que ta voix chaude ne serve maintenant qu’à faire éclore les jeunes pousses plus tôt au printemps, la preuve, j’étais à Entraigues il n’y a pas si longtemps et je n’ai pas souhaité faire le pèlerinage. Le repos c’est sacré!

    Pardon te t’emmerder, mais l’heure est grave, Jean. Je ne sais pas si là où tu es tu ne reçois que le Figaro comme dans les hôtels qui ne connaissent pas le débat d’idées , je ne sais pas si tu vois tout, de là haut, ou si tu n’as que les titres d’une presse vendue aux argentiers proche du pouvoir pour te tenir au parfum, mais l’heure est grave!

    Jean, écoute moi, écoute nous, écoute cette France que tu as si bien chantée, écoute la craquer, écoute la gémir, cette France qui travaille dur et rentre crevée le soir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies , celle qui meurt au travail, qui s’abime les poumons, celle qui se blesse, qui subit les méthodes de management, celle qui s’immole devant ses collègues de bureau, celle qui se shoote aux psychotropes, celle à qui on demande sans cesse de faire des efforts alors que ses nerfs sont déjà élimés comme une maigre ficelle, celle qui se fait virer à coups de charters, celle que l’on traque comme d’autres en d’autres temps que tu as chantés, celle qu’on fait circuler à coups de circulaires, celle de ces étudiants affamés ou prostitués, celle de ces ceux-là qui savent déjà que le meilleur n’est pas pour eux, celle à qui on demande plusieurs fois par jour ses papiers, celle de ces vieux pauvres alors que leurs corps témoignent encore du labeur, celles de ces réfugiés dans leurs propre pays qui vivent dehors et à qui l’on demande par grand froid de ne pas sortir de chez eux, de cette France qui a mal aux dents, qui se réinvente le scorbut et la rougeole, cette France de bigleux trop pauvre pour changer de lunettes, cette France qui pleure quand le ticket de métro augmente, celle qui par manque de superflu arrête l’essentiel…

    Jean, rechante quelque chose je t’en prie, toi, qui en voulais à D’Ormesson de déclarer, déjà dans le Figaro, qu’un air de liberté flottait sur Saigon, entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas? Qui pourrait le chanter maintenant? Pas le rock français qui s’est vendu à la Première dame de France.

    Ecris nous quelque chose à la gloire de Serge Letchimy qui a osé dire devant le peuple français à quelle famille de pensée appartenait Guéant et tout ceux qui le soutiennent!

    Jean, l’huma ne se vend plus aux bouches des métro,  c’est Bolloré qui a remporté le marché avec ses  gratuits. Maintenant, pour avoir l’info juste, on fait comme les poilus de 14/18 qui ne croyaient plus la propagande, il faut remonter aux sources soi-même, il nous faut fouiller dans les blogs… Tu l’aurais chanté même chez Drucker cette presse insipide, ces journalistes fantoches qui se font mandater par l’Elysée pour avoir l’honneur de poser des questions préparées au Président, tu leurs aurais trouvé des rimes sévères et grivoises avec vendu…

    Jean, l’argent est sale, toujours, tu le sais, il est tâché entre autre du sang de ces ingénieurs français. La justice avance péniblement grâce au courage de quelques uns, et l’on ose donner des leçons de civilisation au monde…

    Jean l’Allemagne n’est plus qu’à un euro de l’heure du STO, et le chômeur est visé, insulté, soupçonné. La Hongrie retourne en arrière ses voiles noires gonflées par l’haleine fétide des renvois populistes de cette droite “décomplexée”.

    Jean, les montagnes saignent, son or blanc dégouline en torrents de boue, l’homme meurt de sa fiente carbonée et irradiée, le poulet n’est plus aux hormones mais aux antibiotiques, et nourri au maïs transgénique. Et les écologistes n’en finissent tellement pas de ne pas savoir faire de la politique. Le paysan est mort et ce n’est pas les numéros de cirque du salon de l’agriculture qui vont nous prouver le contraire. Les cowboys aussi faisaient tourner les derniers indiens dans des cirques! Le paysan est un employé de maison chargé de refaire les jardins de l’industrie agroalimentaire, on lui dit de couper il coupe, on lui dit de tuer son cheptel il le tue, on lui dit de s’endetter il s’endette, on lui dit de pulvériser il pulvérise, on lui dit de voter à droite il vote à droite… Finies les jacqueries!

    Jean, la Commune n’en finit pas de se faire massacrer chaque jour qui passe. Quand chanterons-nous “le Temps des Cerises”? Elle voulait le peuple instruit, ici et maintenant on le veut soumis, corvéable, vilipendé quand il perd son emploi, bafoué quand il veut prendre sa retraite, carencé quand il tombe malade… Ici on massacre l’Ecole laïque, on lui préfère le curé, on cherche l’excellence comme on chercherait des pépites  de hasards, on traque la délinquance dès la petite enfance mais on se moque du savoir et de la culture partagés…

    Jean, je te quitte, pardon de t’avoir derrangé, mais mon pays se perd et comme toi j’aime cette France, je l’aime ruisselante de rage et de fatigue, j’aime sa voix rauque de trop de luttes, je l’aime intransigeante, exigeante, je l’aime quand elle prend la rue ou les armes, quand elle se rend compte de son exploitation, quand elle sent la vérité comme on sent la sueur, quand elle passe les Pyrénées pour soutenir son frère ibérique, quand elle donne d’elle même pour le plus pauvre qu’elle, quand elle s’appelle en 54 par temps d’hiver, ou en 40 à l’approche de l’été. Je l’aime quand elle devient universelle, quand elle bouge avant tout le monde sans savoir si les autres suivront, quand elle ne se compare qu’à elle même et puise sa morale et ses valeurs dans le sacrifice de ses morts…

    Jean je voudrais tellement t’annoncer de bonnes nouvelles au mois de mai…

    Je t’embrasse.

     

    Ps: Il y a un copain chanteur du Président de la République, qui reprend du service dans la grande entreprise de racolage en tous genres, et qui chante à ta manière une chanson en ton honneur. N’écoute pas, c’est à gerber…

    http://philippetorreton.wordpress.com/2012/02/19/jean/


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  • Les Raisins de la colère (1939).

    John Steinbeck.

    Les raisins de la colère

    Les raisins de la colère

    Encore une fois, je ne choisis pas une nouveauté ou un best seller qui rempli les rayons de nos supermarchés, mais un grand classique de la littérature. John Steinbeck nous raconte, à travers l’histoire de la famille Joad, le destin de millions d’américains arrachés à leurs terres lors de la grande crise de 1929 pour être jeté sur les routes à la recherche d’un emploi en Californie. Il est intéressant, alors que les économistes comparent la crise actuelle à la crise décrite par Steinbeck, de lire « les raisins de la colère » pour prendre conscience des formes que peuvent prendre les luttes de classes si nous laissons la société glisser vers l’extrémisme bourgeois.

    Le livre est très long (plus de 600 pages), il m’est donc impossible de restituer toute sa richesse sans le recopier intégralement. Je vais donc me borner à parler de ce qui m’intéresse dans le cadre de ce site : l’analyse quasi-marxiste que fait Steinbeck de sa société. Pour ceux qui veulent faire une approche en douceur des Raisins de la colère, il existe une adaptation cinématographique (qui malheureusement laisse un peu de coté le coté militants de l’œuvre) qui date un peu mais qui a le mérite d’être très bien réalisée.

    Nous assistons donc à l’expropriation d’une famille de fermier, la famille Joad, qui se retrouve contrainte de quitter l’Oklahoma dans l’espoir de trouver du travail en Californie, où celui-ci semble être abondant d’après les nombreux tracts qui circulent dans cette région. Une grande partie de l’histoire raconte donc le périple de cette famille déracinée sur la fameuse route 66. La situation des Joad n’est pas un cas isolé. En fait des milliers de familles sillonnent la route vers la même direction, avec le même espoir, après avoir été chassées par les spéculateurs qui transformeront leurs terres, grâce à l’introduction du tracteur, en de gigantesques exploitations agricoles.

    Très tôt, Steinbeck aborde un des thèmes de prédilection de Marx (voir La question Juive) : la société est une société bourgeoise et les droits de l’homme sont les droits de l’homme bourgeois. La réflexion « la liberté dépend du fric que t’as pour la payer » résume à elle seule ce concept.

    Dans la même veine, les familles expropriées comprennent que l’expropriation des expropriateurs devient une nécessité vitale.

    Les familles de l’Oklahoma, que les californiens appellent péjorativement les Okies, découvrent une nouvelle société, modelée par les rapports de l’argent. Cette idée que l’argent détruit la vieille société et ses valeurs est également une idée que l’on retrouve dans le Manifeste du Parti Communiste de Karl Marx.

    En effet, nous avons l’impression que les pauvres Okies se retrouvent plongés dans la société que Marx décrit dans son œuvre : la société Anglaise du XIXème siècle. Les Okies découvrent donc tour à tour la mise en concurrence des ouvriers pour faire baisser les salaires, la répression contre toute forme d’organisation ouvrière, la déshumanisation du travail, le « racisme social » et enfin le chômage.

    Tout comme dans un processus révolutionnaire, à l’école de la lutte des classes les exploités font vite leur apprentissage. Leur conscience s’élargit et les solutions à leurs problèmes font surface : organisation en syndicat pour renverser le rapport de force ; mise en place de comité avec des élus révocables dans les structures d’hébergements gérées par les travailleurs, qui est en somme une application concrète de la dictature du prolétariat (l’organisation en « Soviet » prônée par les révolutionnaires Russes).

    La critique des classes sociales antagonistes à la majorité de la population, c’est-à-dire les ouvriers, est également très marxiste. Il y a donc critique du marchand qui impose des transactions injustes à l’acheteur. Critique du propriétaire qui spécule sur la nourriture et qui préfère laisser pourrir sa récolte excédentaire alors que des milliers de personnes meurent de faim. Critique des curés qui relaient l’idéologie bourgeoise pour discipliner les travailleurs (« la religion est l’opium du peuple », Marx). Critique du capitaliste multimillionnaire qui possède des terres et des richesses dans un ordre de grandeur qui dépasse l’imagination des pauvres Okies qui se contenteraient d’un lopin de terre pour survivre.

    Les féministes trouveront également de quoi se satisfaire chez Steinbeck. En effet, les femmes, incarnées par « Man », la mère, semblent plus aptes à s’adapter, plus fortes pendant une période de crise où les hommes ont tendance à se laisser chavirer, plus pragmatiques et révolutionnaires également. Pendant toute la lecture, cette femme me faisait penser à ces mères russes qui ont initié la révolution avec pour mots d’ordre : « du pain ! ». Cette femme remet en question l’autorité masculine (incarné par « Pa », le père) et prend la tête de la famille, de façon naturelle, en faisant comprendre à son mari que celui-ci retrouvera son autorité et pourra la battre s’il le souhaite, lorsqu’ils auront de nouveau un toit et un travail…

    Manifestation de la faim après le krach de 1929

    Manifestation de la faim après le krach de 1929 (© - / Sipa)

    De même, il est intéressant de découvrir le sentiment de peur parmi les bourgeois face à la révolution communiste en Russie/URSS. A la moindre contestation, ou suspicion de contestation, les Okies sont accusé d’être des « Rouges », c’est-à-dire des communistes. Le simple fait d’être « Rouge », ou d’en être accusés, justifie l’intervention de la police, l’incarcération et toutes sortes de répressions. En somme, c’est la mise entre parenthèses de la démocratie, dans le sens noble du terme, pour éliminer la menace. Le comique de cette situation c’est que la plupart des Okies ignorent qui sont ces fameux Rouges.

    Cette peur des Rouges, nous le savons, mènera le monde vers toutes sortes d’extrémismes et de dictatures anti-ouvrières, prenant tour à tour la forme d’un nazisme rejetant clairement le communisme (liquidation de la révolution allemande, destruction du parti communiste et des syndicats), d’un stalinisme prônant un communisme qu’il n’applique pas et détruit sciemment (purge parmi les anciens révolutionnaires et mise en place d’un capitalisme d’état sous couvert de mesures dites socialistes) et de tout leurs avatars fascistes ou pseudo-communistes…

    Voilà tout ce qui fait à mes yeux l’intérêt de ce livre. Bien entendu l’histoire en elle-même est également poignante. Ce livre n’est pas un chef d’œuvre pour rien. Mais ne voulant pas gâcher le plaisir que vous aurez à le lire, je préfère ne pas vous dévoiler l’histoire.

    Quoiqu’il en soit le texte, même s’il est très long, reste accessible. La traduction est très bonne et c’est avec plaisir que l’on découvre avec quelle subtilité l’auteur (et les traducteurs) ont su rendre la couleur de l’accent « Okies » qui ressemble un peu aux patois de nos campagnes françaises.

    Pour finir, même si Steinbeck évoque cette idée à la moitié du livre et non à la fin, il rejoint les marxistes lorsqu’il explique que les capitalistes sont incapables de trouver des solutions, ne songent qu’à trouver les moyens d’abattre toutes révoltes et qu’en somme… le capitalisme creuse sa propre tombe.

    Jean-François Garcia


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    Décès de Claude Vinci : réaction de Pierre Laurent

    C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai appris le décès de Claude Vinci. Sa voix va nous manquer. Claude était pour nous un camarade aimé et admiré pour son œuvre, respecté pour ses engagements et ses convictions.

    Claude Vinci, ingénieur diplômé de l'école des Arts et métiers, footballeur tenté un temps par la carrière professionnelle, s'est engagé en chanson comme il s'engageait en toute chose : en conscience, avec cœur, avec générosité, avec talent et avec humilité. Il fut et restera l'un des plus grands talents de la chanson française, une voix, des textes et des musiques qui continueront de nous faire frissonner et de nous réchauffer en les écoutant.

    Adolescent, en pleine Occupation, Claude vit son père enterrer le poème "Liberté" de Paul Eluard comme on sème une graine pleine d'espérance. De fait, Claude aura été de tous les combats de son temps pour la justice et l'émancipation du genre humain : résistant dès l'âge de 16 ans, déserteur de l'armée française en Algérie et "moudjahidine d’honneur" pour son combat aux côtés du FLN, syndicaliste conquérant des artistes, soutien indéfectible de la cause palestinienne. Assurément, Claude, notre ami, notre camarade, « par le pouvoir d'un mot » naquit et vit « pour la nommer. Liberté ».

    A son épouse, Anne, à ses enfants et à petits-enfants, j'adresse, en mon nom et au nom du Parti communiste français, mes très sincères condoléances.

     

    Claude Vinci

    Né en 1932 dans village du nord de l'Indre. Son père était maître d'école de la classe unique. Sa biographie indique que "Il a traîné très tôt ses fesses au fond de la classe, à tel point que ses parents, aux alentours de ses trois ans, ont découvert qu'il savait lire, écrire et compter sans qu'il eut vraiment appris".

    Études secondaires au Lycée Giraudoux de Châteauroux et football à la Berrichonne (gardien de but).

    Claude aura été de tous les combats du 20ème siècle jusqu'à cette entrée dans le 21ème. Communiste, syndicaliste : Il a connu la guerre de 39-45 où il fait la connaissance de la poésie clandestine de Paul Éluard (notamment Liberté), mais surtout le maquis.  Il "commence" comme Résistant dès l'âge de 16 ans, Pacifiste et internationaliste : jusqu'à la fin de ses jours il sera un soutien indéfectible de la cause palestinienne,


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