• La nationalisation des hydocarbures par l'Argentine

    ypfLa nationalisation des hydocarbures par l'Argentine fait naître une sainte alliance réformiste, PSOE et syndicats en tête, derrière Repsol en Espagne

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Le gouvernement argentin a proposé ce lundi un projet de loi au Congrès visant à une prise de contrôle publique de la filière argentine de la multi-nationale pétrolière espagnole Repsol, YPF, par lequel 51% des actions de l'entreprise passeraient entre les mains de l’État argentin.

     

    La présidente Cristina Kirchner a affirmé que « poursuivre cette politique d'évidement, de non-production, de non-exploitation, ce serait faire de nous un pays non viable, en raison de la politique de certaines entreprises et non par les ressources que nous avons » et elle a ajouté que « pour la première fois depuis 17 ans, l'Argentine a dû importer du gaz et du pétrole ».

     

    La présidente argentine a défendu le projet de nationalisation des hydrocarbures car « nous sommes quasiment le seul pays qui ne gère pas ses ressources naturelles », et a dénoncé le scandale de la privatisation puisque entre 1999 et 2011 « les profits net de YPF furent de 16 450 millions de dollars » et l'entreprise a distribué pour 13 246 millions de dollars de dividendes. « Le problème fut celui de la dé-nationalisation », a-t-elle ajouté.

     

    Cristina Kirchner a affirmé que le modèle choisi pour l'avenir de YPF « ne serait pas celui de l'étatisation » mais celui d'une « récupération de souveraineté et de contrôle » des hydrocarbures. « Pendant de nombreuses années, dans divers secteurs de l'économie gérés par l’État, on a défendu une politique partisane, qui s'est perpétuée en avançant l'idée que l’État était inutile et que seul le privé pouvait gérer les ressources de l’État ».

     

    La fin d'une politique de privatisation entamée au début des années 1990

     

    Le projet gouvernement revient sur une politique de privatisation progressif entamé sous le gouvernement libéral de Carlos Menem au début des années 1990 avec le passage d'une société étatique qu'était la YPF (Gisements pétrolifères fiscaux) pour devenir une Société anonyme. En 1993, l’État conservait 20% des actions ainsi que les « golden shares » tandis que 12% du capital était détenu par les États provinciaux. Le secteur privé, avec des banques et fonds d'investissements de divers pays, était propriétaire de 46% du capital.

     

    En 1998, le secteur privé possédait près de 75% des actions, bien que l’État conservait encore les « golden shares ». Finalement, la privatisation s'est achevé par la vente des 25 derniers pour cent des actions étatiques et provinciales à l'entreprise espagnole Repsol en 1999 pour une valeur de 15 milliards de dollars. Repsol a acheté la même année les 73% restants qui appartenaient au secteur privé.

     

    Une sainte alliance entre patronat et syndicats réformistes, Union européenne et partis du consensus européiste, PS en tête pour défendre Repsol !

     

    Face à cette nationalisation de la principale entreprise argentine d'hydrocarbures, les réactions ne se sont pas faits entendre en Espagne. L'opposition résolue du patronat espagnol ainsi que du gouvernement de droite de Mariano Rajoy est tout sauf une surprise.

     

    Toutefois, parmi les premiers soutiens publics de la multi-nationale se trouve aussi le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Son secrétaire-général Alfredo Perez Rubalcaba s'est empressé d'accorder au président de Repsol « son soutien total » dans le contentieux qui l'oppose à l’État argentin. Il a ajouté qu'il « soutiendra le gouvernement dans les mesures qu'il pourra prendre pour défendre les intérêts des entreprises espagnoles ».

     

    Autre soutien surprenant mais éclairant, celui des deux principaux syndicats espagnols, les Commissions ouvrières (CC.OO) et l'UGT adeptes de la ligne du « dialogue social » et partisans du consensus européiste.

     

    Le secrétaire-général de la Fédération de la Chimie des CC.OO, Joaquim González Muntadas, a ainsi assuré que « les travailleurs de Repsol Espagne ont conscience de faire partie d'un groupe industriel mondialisé et que les tensions à des milliers de kilomètres de leur poste de travail affectent directement leurs conditions de travail ».

     

    Pour Gonzalez, l'Argentine « est dans l'erreur » en « ne profitant pas au mieux de la volonté d'investissement de Repsol », ainsi que « ses capacités technologiques déjà démontrées » et sa velléité à « créer des consortium » dans le cadre du « colossal » projet d'exploitation de Vaca Muerta.

     

    Le syndicaliste ajoute que l'Argentine doit se conformer au droit international dans ses relations à Repsol, jugeant comme une « très mauvaise nouvelle » les derniers événements en Argentine, mettant en péril « la nécessaire stabilité et sécurité des entreprises espagnoles dans la zone ».

     

    Il conclut en apportant son soutien à « la gestion ainsi qu'aux efforts » réalisés par le gouvernement pour résoudre le conflit dans le sens de la défense des intérêts des entreprises espagnoles.

     

    La crise a pris enfin une dimension européenne avec le relais apporté aux récriminations espagnoles par les institutions européennnes. La Commission a boycotté ce mardi une rencontre avec des responsables argentines pour protester contre la décision de re-nationaliser YPF.

     

    La porte-parole de la Commission européenne Pia Ahrenkilde Hansen a exprimé son soutien à la multi-nationale Repsol ainsi qu'au gouvernement espagnol: « Nous accordons à l'heure actuelle un soutien politique à l'Espagne, tout en envisageant toutes les options. Cela crée de l'incertitude, ce qui ne va pas dans le sens d'une amélioration des relations économiques, et de l'économie dans son ensemble. » Le président de la Commission José Manuel Barroso a lui exprimé sa « profonde déception » face à la décision de l’État Argentin de reprendre le contrôle de ses hydrocarbures.


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