• La Guerre en Libye : enlisement ou piège pour le monde occidental

    Kadhafi et la gestion des contradictions occidentales : le conseil national de transition souhaite le départ de Kadhafi pour ses propres intérêts aux dépens du peuple libyen. 

    L’OTAN, la France et le monde occidental ont promis une « Blitzkrieg », une guerre éclair, après la résolution (1973) du conseil de sécurité obligeant Kadhafi à quitter le pouvoir. C’est un échec total car l’Occident est obligé de reconsidérer sa stratégie politique et militaire et de changer de stratégie afin de négocier avec Kadhafi par l’intermédiaire d’un conseil national de transition, aussi fantasque que fantasmagorique. 

    Un des membres influents de ce conseil national de transition, Ali Salabee, essaie de négocier les conditions de la crise libyenne avec Kadhafi. Salabee a la permission de l’Occident qui pensait défaire le colonel Kadhafi après quelques frappes provenant d’avions mobilisés par le monde occidental. Il s’agissait d’obliger Kadhafi à quitter le pouvoir, or on note qu’aujourd’hui il faut négocier avec Kadhafi. C’est un échec pour l’alliance occidentale chargée de bombarder la Lybie sous mandat du conseil de sécurité de l’ONU. 

    L’Afrique par l’intermédiaire de Jacob Zuma, Président sud-africain mandaté par l’Union africaine souhaite une fin des hostilités, une négociation entre les parties et donc une solution politique de la crise en Libye. 

    La Libye de Kadhafi n’est pas la Côte d’Ivoire de Gbagbo. La France peut obliger Gbagbo à quitter le pouvoir après deux ou trois tirs par les hélicoptères gazelles, à cause de l’inorganisation et de l’incapacité stratégico-militaire des Noirs ivoiriens pro-Gbagbo ; rien de tel avec les forces de défense de Kadhafi, mieux entrainées et plus structurées que les forces ivoiriennes. L’Afrique noire francophone n’est pas l’Afrique du Nord francophone et arabe. L’Occident donne l’impression de s’enliser en Libye car les différents protagonistes ne poursuivent les mêmes objectifs. Au sein de l’alliance occidentale, les Américains sont intervenus en Libye à reculons. Pour des raisons électoralistes, Obama ne veut pas s’enliser en Libye comme Bush s’est enlisé en Irak. La France est piégée car elle s’est engagée dans cette aventure sous l’injonction du philosophe Bernard Henry Levy qui a réussi à convaincre Nicolas Sarkozy que le Conseil national de transition était prêt à remplacer Kadhafi et à gérer la vie politique libyenne. Le conseil national de transition est traversé par des courants contradictoires et des oppositions fortes. Pour la France, il faut qu’elle sache que la Libye n’appartient pas à l’Afrique francophone et que les relations ethniques sont beaucoup plus complexes que celles qu’elle gère depuis le 19ième siècle en Afrique noire (traite, esclavage, colonisation et néo colonisation). Attention au piège d’enlisement que favorisent les guerres non évaluées, comme en Libye, comme en Afghanistan où se trouve Nicolas Sarkozy ce 12 juillet et peut-être demain en Syrie où l’ambassade de France vient d’être attaquée. Attention à l’Orient improbable et incompréhensible pour la pensée rationaliste occidentale. 

    Le conseil national de transition est fondamentalement représenté par une ethnie majoritaire dont la capitale est Benghazi qui s’est toujours opposée à Kadhafi lors de sa prise de pouvoir en 1969. Après 42 ans de pouvoir de Kadhafi, l’Occident en général et la France en particulier se sont compromis en recevant Kadhafi, la France en acceptant qu’il déroule sa tente en plein Paris au nom du pétrole et du gaz, alors que tout le monde savait que Kadhafi a été le parrain financier du terrorisme international. L’Occident doit arrêter de mentir à son opinion publique en érigeant les fantasmes de la démocratie et de la libération du peuple libyen. Le véritable problème est l’instrumentalisation du conseil national de transition par l’Occident pour faire partir Kadhafi et utiliser à bon compte pétrole et gaz libyens en utilisant un modèle lowcost en termes de production et d’approvisionnement à l’avantage de l’Occident. Le conseil national de transition devenant la caution morale de l’Occident aux dépends de la population libyenne et au profit des dirigeants du conseil national de transition qui remplaceraient Kadhafi dans la confiscation de la rente pétrolière. 

    A l’ouest de la Libye, les troupes du conseil national de transition ont gagné la bataille, mais sur le terrain il leur manque tout, la nourriture, de l’eau et de l’essence afin de progresser vers Tripoli. L’inorganisation du Conseil national de transition est abyssale. Sur le terrain les troupes de Kadhafi résistent et l’Occident est obligé de trouver des compromis alors qu’il était question de gagner rapidement la guerre par des frappes chirurgicales qui auraient défait immédiatement le régime de Kadhafi. Le maintien du régime du guide libyen valorise la théorie du faible au fort qui veut qu’aucun armement sophistiqué ne peut détruire la volonté d’un peuple qui résiste, même pour des mauvaises raisons, comme dans le cas libyen. Néanmoins, la parabole biblique de David et Goliath vaut toujours lorsqu’un peuple s’estime attaqué. C’est le message que Kadhafi infuse à une partie de la population libyenne qui lui est restée fidèle.

    http://larepubliqueenmouvement.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/07/12/la-guerre-en-libye-enlisement-ou-piege-pour-le-monde-occiden.html

    La Libye, objectif politique devenu incertain pour l'Elysée

    Le premier bombardement français en Libye a eu lieu à 17 h 45, heure de Paris, le samedi 19 mars 2011.

    Le premier bombardement français en Libye a eu lieu à 17 h 45, heure de Paris, le samedi 19 mars 2011. REUTERS/HO

    "Un tournant de la politique étrangère menée par la France depuis la fin de la colonisation." C'est ainsi que Nicolas Sarkozy présentait, dans un entretien à L'Express en mai dernier, l'intervention française en Libye. Une intervention qui devait au départ "se compter en jours ou en semaines – certainement pas en mois", selon Alain Juppé, ministre des affaires étrangères.

    En retard face aux révolutions arabes de décembre et janvier 2010, Paris souhaitait avec le soutien militaire aux insurgés libyens montrer que la donne avait changé.

    L'objectif est alors clair. Le chef de l'Etat le résumait ainsi, le 27 mai, en marge du sommet du G8 à Deauville : "Il n'y a pas de médiation possible avec M. Kadhafi. Les soldats de M. Kadhafi doivent rentrer dans les casernes et M. Kadhafi doit partir. On peut discuter des modalités du départ dans l'honneur, dans quel pays… tout cela, c'est effectivement discutable [...]. M. Kadhafi a en main sa situation personnelle : il part et il évite bien des souffrances au peuple libyen ; il s'entête et lui-même en paiera les conséquences." Un argument répété le 24 juin, lors d'une conférence de presse à Bruxelles : "Nous devons continuer jusqu'au départ de M. Kadhafi."

    "SE METTRE AUTOUR D'UNE TABLE"

    Mais l'offensive militaire n'a pas pour l'heure connu le succès escompté. Sur le terrain, la situation est difficile. Et l'Elysée, s'il escomptait des bénéfices politiques rapides de l'opération, doit déchanter. Le quotidien britannique The Guardian ou Le Canard enchaîné en France avaient évoqué une pression de Nicolas Sarkozy sur l'état-major, dans l'espoir d'obtenir une victoire définitive avant le 14-Juillet.

    Pour renforcer les anti-Kadhafi, la France avait par ailleurs parachuté en secret des armes aux insurgés libyens, à la surprise de ses alliés américains ou britanniques. Avant de stopper ces livraisons, non sans avoir finalement admis leur existence. D'autres échos parlaient d'une visite du chef de l'Etat sur le terrain libyen d'ici là. Il a finalement préféré se rendre en Afghanistan, mardi 11 juillet, pour une visite éclair de quelques heures, au cours de laquelle il a confirmé le retrait de 1000 soldats français engagés dans ce pays.

    Alors que la France se retire d'Afghanistan après neuf ans de présence, l'assemblée nationale doit se prononcer mardi 11 juillet sur la poursuite de l'intervention en Libye. Une intervention dont les objectifs semblent désormais plus flous. Interrogé sur BFM TV, dimanche 10 juillet, le ministre de la défense, Gérard Longuet, a ainsi estimé qu'il "va falloir se mettre maintenant autour d'une table. On s'arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leurs casernes. Ils peuvent parler entre eux puisqu'on apporte la démonstration qu'il n'y pas de solution de force".

    KADHAFI "DANS UNE AUTRE PIÈCE DE SON PALAIS"

    Quant au sort réservé au dictateur libyen, il semble lui aussi incertain. Pour Gérard Longuet, s'il y a des négociations, "il sera dans une autre pièce de son palais, avec un autre titre". Une déclaration corrigée lundi 12 juillet par le ministère de la défense, pour qui il n'y a "pas d'inflexion de la position de la France" : "Pour Gérard Longuet, il est clair que Kadhafi n'a plus sa place comme dirigeant du pays."

    Pourtant, Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, a assuré dans un entretien à la presse algérienne que Paris négocierait désormais officieusement avec Kadhafi des modalités d'un cessez-le-feu. Une affirmation réfutée par Paris, qui nie toute "négociation directe" avec Tripoli, mais reconnaît désormais faire passer des "messages" au régime. "Toute solution politique passe par le retrait de Kadhafi du pouvoir et son renoncement à tout rôle politique", assure cependant le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.

    Ces précisions données par Paris ont suscité une mise au point de Washington : "Ce sont les Libyens qui décideront eux-mêmes la manière dont la transition doit s'accomplir, mais nous restons fermes dans notre conviction que Kadhafi ne peut pas rester au pouvoir", a réagi le département d'Etat américain.

    "METTRE LE TREILLIS"

    Le vote des députés mardi ne devrait pas poser de problème : la majorité et l'essentiel de l'opposition, à l'exception du groupe Gauche démocrate et républicaine (PC, Verts et Parti de gauche), devraient voter en faveur de la poursuite de l'intervention. Mais l'opération commence à coûter cher, dans un contexte de crise économique et de déficits records : 160 millions d'euros, selon la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, qui contredit les chiffres de M. Longuet, qui évoquait pour sa part 100 millions d'euros.

    Autant d'incertitudes qui rendent l'exploitation politique de cette opération libyenne difficile pour l'Elysée. Nicolas Sarkozy devrait cependant profiter du 14-Juillet pour "mettre le treillis", selon son expression, reprise par Le Figaro. Ce mardi, il rend visite à des soldats blessés en Afghanistan, avant d'assister jeudi aux cérémonies militaires du 14-Juillet à Paris.

    Le Monde.fr

     


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    surmely alain
    Lundi 19 Septembre 2011 à 20:23

    1) Dominique de Villepin s'est vu confier par l'Elysée la mission de négocier avec le régime de Khadafi:n'était-il pas l'ennemi juré et personnel de M.Sarkozy? 2)MM Sarkozy et Cameron interviennent lourdement en Libye afin de venir au secours des Libyens aspirant à se débarrasser de leur dictateur.Comment comprendre cette phrase profondément injurieuse et non moins célèbre de l'ancien Ministre d'Etat ministre de l'Intérieur:"Quand il y en a un ça va c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes"(avec les rires d'encouragement de M.Copé,responsable politique de premier plan comme chacun sait).Comment peut-on comprendre également les discours également très négatifs de MM.Sarkozy et Cameron sur le multiculturalimse,qualifié par l'un comme par l'autre d'"échec"? Y aurait-il un discours à l'intérieur de l'UMP,destiné aux initiés munis du décodeur adéquat et un discours à l’extérieur de l’UMP adressé aux simples citoyens soumis à des propos pour le moins contradictoires ?En réalité,on l’aura compris,trois hypothèses interprétatives peuvent être avancées :hypocrisie de ce parti politique et de ses dirigeants,complexe de supériorité par rapport aux citoyens « ordinaires » ou encore problème psychique voire mental grave.En ce qui concerne la troisième hypothèse je n’irai pas plus avant n’étant pas qualifié pour m’y hasarder et ne souhaitant nullement être désobligeant.Pour ce qui est des deux premières hypothèses il me semble en revanche,pour rester sur un terrain « strictement » politique et professionnel,qu’il y aurait déjà pas mal de grain à moudre.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :