• La guerre de Troie aura lieu et le socialisme n’est pas pour demain

    Par Danielle Bleitrach

    “La guerre de Troie n’aura pas lieu” est une pièce de théâtre de Jean Giraudoux.

    Giraudoux a gardé de la guerre de 1914-18 la haine de la guerre et il écrit cette pièce  entre l’automne 1934 et juin 1935, alors que le fascisme et nazisme montent en Europe et que la crise de 1929 continue de sévir.La guerre est alors le reflet de la réalité, abominable, avec la volonté de puissance et la monstrueuse bêtise qui dominent les hommes de cette époque, la guerre dont personne ne veut mais qui s’impose à tous parce que le monde est ce qu’il est. Oui on pourrait écrire la même pièce sur l’Iran aujourd’hui en montrant comment et c’est la conclusion de la pièce la guerre d’iran a lieu parce que la guerre est le reflet de la réalité et de ce vers quoi les peuples sont conduits et qui débouchera sur la barbarie. Et comme nous sommes dans un problème structurel si ce n’est pas l’Iran, ce sera un autre peuple, peut-être la Chine mais la réalité est là, celle dont personne ne veut au point d’accepter de ne pas la regarder en face.

    La mauvaise foi des pretextes de guerre

    Ma position n’a pas varié: les fauteurs de guerre ne sont pas en priorité les Iraniens, je parle des dirigeants, parce que le peuple iranien comme le peuple français et même le peuple israélien aujourd’hui opposé à 70% à la frappe préventive d’Israêl ne veulent pas la guerre. Et pourtant celle-ci a quelque chose d’inexorable tant ceux qui détiennent le droit de guerre et de paix et en ont dépouillé les peuples s’entendent sur la nécessité de cette guerre.

    On a souvent dit à quel point alors qu’Israël qui est la puissance la plus belliciste de la région ou le Pakistan le pays le plus instable détiennent l’arme nucléaire, prétendre exiger la suspension du programme nucléaire iranien est insoutenable. Prétendre infliger sanctions puis attaques préventive sous prétexte que l’Iran ne répondrait pas aux dispositions de l’article IV du traité de non-prolifération - qui est tout entier centré sur la coopération,la transparence pour limiter l’utilisation du nucléaire à l’usage pacifique-  est en doit et en morale internationale une farce. Si l’humanité survit à cette période, elle contemplera avec stupéfaction ce prétexte qui l’aura voué à de tels malheurs. Cette référence au Traité pour justifier une attaque de l’Iran est d’autant plus insupportable qu’elle ne concerne que les pays qui ont signé ce traité et de fait Israël peut tranquillement continuer à accroître son potentiel nucléaire. De surcroît comme bien des institutions internationales, l’AEIA est manipulée, utilisée en fonction des diktats des Etats-Unis et de leurs alliés et l’appareil de propagande fait le reste, en déformant les faits et en faisant silence sur les périls. C’est la base même du Droit international, la souveraineté des nations qui vole en éclat.

    Une seule solution le désarmement nucléaire de la région

    La mauvaise foi est donc totale et il est incroyable qu’il ne se trouve pas un mouvement de la paix digne de ce nom pour montrer à quel point cette affaire représente un viol du droit international qui peut aller jusqu’au brigandage pur et simple avec l’assassinat des atomistes iraniens donc l’état de guerre généralisé légitimé avec le droit du plus fort. L’état de torpeur dans lequel est maintenue une humanité, appelée pour une part périodiquement à des jeux électoraux, est sans doute une des réalités les plus saisissantes de la période. Car la guerre avalera chacun des revendications légitimes à la santé, l’éducation, à toutes les protections sociales comme déjà elle le fait aujourd’hui sans qu’il en soit jamais question. Tous ces meetings, ces drapeaux agités, ces discours creux sont-ils la danse macabre de notre temps?
     
    La seule solution serait pourtant d’aboutir à un désarmement nucléaire généralisé dans la région et j’ajouterai volontiers dans le monde et cela ne peut se faire que dans une négociation entre nations souveraines et passe donc par le désarmement israélien et la reconnaissance de deux Etats. Ce dont ne veulent ni les dirigeants israéliens ni ceux qui ont pris pour drapeau la fin d’Israël. L’entente est sur le fond entre eux au delà des antagonismes verbaux.Une telle démarche de désarmement pourtant correspondrait parfaitement aux voeux non seulement du peuple iranien mais aussi je le répète du peuple israélien qui est en train de souffrir de tensions sociales insupportables et qui est de plus en plus conscient du caractère fou d’un pays livré à l’extrémisme, à une bande d’oligarques et à un politique de défense dont il n’a plus les moyens.

    Tous les peuples protagonistes de cette sinistre farce ont autre chose à souhaiter que la Guerre, la crise qui s’étend et qui menace d’être plus meurtrière encore que celle de 1929 va avec son cortège de misère, de chômage et envisager la mise en marche des cavaliers de l’apocalypse est une folie terrible.

    OUi mais en dehors decette référence virtuelle à des peuples, il n’existe aujourd’hui aucune force politique capable d’imposer la paix, les seuls sur lesquels on puisse encore tabler sont les pays émergents en particulier la Chine et la Russie avec leur droit de véto. Mais dans la mesure où ces pays recherchent uniquement  leurs propres intérêts nationaux, leurs positions peuvent varier et ne sont donc en rien une garantie. il faut bien voir que depuis le retournement du printemps arabe marqué par l’intervention des Saoudiens au Barhein et de l’OTAN en Libye, l’impérialisme occidental a marqué des points. M’assemblée de l’ONU  reflète l’évolution des rapports de force. sans parler de la région avec la soumissionde la Ligue arabe. , On ne peut qu’approuver la position du refus des sanctions en Syrie de la Russie(1), Cuba et la Chine qui constitue un coup d’arrêt à l’avancée belliciste et de pillage sous bannière des Etats-Unis . Parce que leur position marque le refus de sanctions en tant que celles-ci sont l’ étape préalable des interventions. La position de la Chine, de la Russie exige la négociation. Ils ont été rejoints par l’Inde et d’autres à propos de l’Iran. C’est une simple barrière mais on ne peut que considérer qu’il s’agit d’un moindre mal sans pour autant considérer que le statu quo autour de dictatures est une position d’avenir. Surtout si on considère que nous sommes entrés dans un processus, aucune des contradictions qui a provoqué le printemps arabe n’étant résolue.De toute manière, ils sont tous dans la recherche non d’une solution mais dans la tentative de maintenir des équilibres.

    Tant que les peuples ne perçoivent pas ce contexte on pourra les amuser avec des campagnes électorales qui ne sont que jeu de marionnettes. Tant que l’on ne comprend pas qu’il n’y a pas de complot même si les sommets qui se multiplient pour aggraver à chaque fois la situation en donnent une assez bonne image, il y a un système social, le capitalisme arrivé à son stade  sénile qui engendre la mort industrielle, de la boucherie de 14-18 à Hiroshima, en passant par les camps d’extermination.  Ce qui a été fait une fois sera reproduit et le ventre de la bête immonde est plus que jamais fécond.

    C’est une crise systémique mais dans le contexte d’effondrement d’un empire

    Ce qu’il faut bien mesurer également c’est que le système est tel qu’il ne cesse d’engendre entre capitalistes de tous niveaux des guerres concurrentielles à géométrie variable. Il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre, cette vision du monde est l’illusion du réel que nous conservons des années où a existé l’URSS. C’est fini, nous avons des concurrences monopolistiques entre capitalistes dans un monde où les ressources en particulier énergétiques se raréfient. Ces luttes concurrentielles engendrent des tactiques où l’allié de hier peut devenir l’adversaire de demain. Dans un tel contexte, toute institution, toute idéologie, doit être envisagée dans la contradiction qui est la sienne par rapport à l’ébranlement de l’infrastructure. Ainsi la référence aux souverainetés nationales sont à la fois essentielles dans la résistances des peuples et elles peuvent déboucher sur le fascisme.Parce qu’il s’agit d’entraîner les peuples vers de bonnes raisons d’accepter les guerres autant que de leur fournir un bouc émissaire. La nation devient un danger quand elle est conçue comme un enfermement dans des formes ossifiées religieuses mais aussi apparement laïques, identitaires, fermées sur elles-mêmes.

    Et à ce titre parler de l’islam à propos de ce qui se passe au Moyen-Orient est un leurre, c’est la réalité qu’a prise une bourgeoisie locale qui prétend jouer dans ces luttes concurrentielles, créer sa propre base d’accumulation, sa propre expansion territoriale. Il est clair de ce point de vue que le gouvernement iranien ne cesse de jouer la politique du pire. Les islamistes avaient toujours dénoncé le concept de nation comme une invention perfide des impérialistes occidentaux empêchant l’unité des musulmans pour faire éclater le monde islamiste se sont lancés dans un propagande en faveur del’honneur national à propos de la question du nucléaire. Ce gouvernement iranien fait tout pour monter une image menaçante de l’Iran qui ne correspond pas à la réalité, mélange de fanatisme et de souci impérialiste de domination concurrentielle sur le monde musulman en particulier à travers la question palestinienne, Lorsque Ahmadinjad multiplie les attaques contre les américains et contre les Israéliens c’est pour accroître son audience dans le monde arabe mais cela contribue aussi à son isolement et on peut dire que washington a marqué des points dans ce domaine depuis 2006 avec une accélération gtâce aux printemps arabes. le fait est qu’ils attendent et peut-être espèrent la guerre .

    La fragilité des Empires ne signifie pas que nous allons vers le socialisme

    Nous avons donc un impérialisme encore hégémonique qui derrière les Etats-Unis est en train de perdre pied, une de ses trois bases hégémonique est sérieusement menacée, le rôle du dollar et il lui est difficile de s’opposer à cette évolution, depuis que ses principaux créanciers, le Japon et la Chine ont accepté d’entrer dans des échanges monétaires bi-laréraux qui tendent à se développer sur toute la planète. Il leur reste l’information qu’ils gouvernement à 90% et surtout la puissance militaire (les Etats-Unis représentent à eux seuls l’équivalent de tous les autres pays réunis).

    En général cette puissance militaire présente deux problèmes:

     le premier est que principal facteur de déséquilibre économique, elle reste en général un des rares secteurs qui réquilibre une balance commerciale désastreuse et donc dans le même temps est facteur d’endettement et moyen d’y faire face par la vente d’armes. D’où une situation d’équilibre instble où on ne vend qu’à des alliés, on les suréquipe, on entretient les conflits locaux comme entre la Grèce et la Turquie. La france de ce point de vue est un cas exemplaire avec une accélération de la desindustrialisation, une financiarisation qui en fait un maillon faible de l’endettement et dans le même temps une puissance militaire, voir nucléaire sans rapport avec son niveau économique réel.

     Le second problème est l’inefficacité de ces armadas et leur intégration au sein de l’OTAN accentue les déséquilibres entre but et moyens. Ces armées sont hautement technologiques et totalement inadaptées aux opérations qu’elles prétendent mener, armée de métier elles recrutent des gens issus de la crise de leur société qui rapidement développent l’hostilité autour d’eux. Les peuples qu’ attaquent les forces de l’OTAN sont en général des pays sous développés dont l’appareil de propagande occidentale accentue les traits dictatoriaux pour en faire de nouveaux Hitler (à ce titre Israêl joue un rôle fantasmatique important(2)). Mais comme il ne s’agit que d’opérations de simple police vu la taille de l’adversaire et que la police est différente de l’armée, les dites forces otanesques  tel robocope avancent aveugles et sourdes aux peuples dont elles provoquent la révolte et dans lesquels elles ne savent qu’installer un chaos qui leur permet de piller.Ce qui accroît la vision de leur vulnérabilité réelle et le fait que les empires sont désormais condamnés.

    Oui mais ma conclusion sera encore plus pessimiste que mon analyse, la chute de l’empire étasunien et de ses alliés ne signifie en rien la naissance d’un autre mode de production, nous nous éloignons chaque jour davantage d’une issue vers le socialisme même sous sa forme marchande de la Chine. La crise et les destructions des guerres engendrent pour le moment tout autre chose.

    Et quand j’écoute les prétendants à la présidence française, la manière dont ils parodient les enjeux citoyens j’ai le sentiment du discours sur une quelconque ligne maginot alors que tout le monde est bien d’accord sur l’idée que la guerre de troie aura lieu quelles qu’en soient les conséquences.

    Danielle Bleitrach

    (1) La Russie est aujourd’hui un des premiers partenaires commerciaux de l’Iran (armes et équipements militaires, avions de combat, missiles et réacteurs nucléaires).Cela vaut pour la Chine et l’Inde avec de surcroît leur dépendance énergétique de l’étranger dans une forte croissance. Par ailleurs la Russie comme la Chine s’efforcent de résister à l’accroissement du pouvoir des Etats-Unis en Asie centrale ou du moins de lui opposer un contrepoids, s’il y a entente Russie, Chine et Inde l’Iran serait le pont idéal entre le proche et le Moyen-orient mais il y a des limites qui tiennent pour ces pays à la fois à leur refus de voir se développer à leur frontière une puissance nucléaire comme la nécessité de préserver des relations équilibrées avec l’Europe et les Etats-Unis. L’ensemble définit les limites de ce qu’on peut attendre de la Russie, de la Chine et plus encore de l’Inde en matière de position de principe. (2) s’il fallait une preuve de l’entente de fait de tous les protagonistes du système, je le verrais dans cette anecdote qui fait que le gouvernement iranien fait appel à une bande de branquignols négationnistes et d’extrême-droite, le tout complaisamment relayé par l’extrême-gauche… La encore sans exagérer l’impact de ces marginaux, imaginons un instant la folie d’une obsession qui serait d’organiser le débat autour du droit des faussaires du Protocole des sages de Sion à étaler leurs oeuvres et qui verrait dans cette défense l’essentiel de la lutte pour nos libertés ? A qui profite tout cela ?


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