• La Fonderie du Poitou livrée à un "prédateur du capitalisme financier"?

    La Fonderie du Poitou est-elle vraiment sauvée? Oui si l'on en croit le tribunal de commerce de Nanterre qui a attribué ce jeudi la reprise de l'usine d'Ingrandes (Vienne) à l'équipementier automobile lyonnais Saint-Jean Industries-Aluminium. Mais non, si l'on en juge par un précédent à Vénissieux, dénoncé par le maire PCF de la ville Michèle Picard. Rappel des faits.

    • 450 salariés en lutte.

    Le 20 octobre le tribunal de commerce a placé la Fonderie du Poitou-Aluminium (FDPA) en redressement judiciaire à la demande du désormais précédent propriétaire de l'entreprise, le groupe Montupet , déterminé à se désengager et à favoriser la recherche d'un repreneur. Auparavant, Montupet avait tenté de monnayer la survie du site à condition de baisser les salaires de 25%. Un plan rejeté par les salariés, qui ont fait une grève de deux mois.

    Les salariés se sont alors mobilisés pour demander que Renault , client à 85% de l'usine fabricant des culasses de moteurs, reprenne l'unité industrielle qu'elle avait créé en 1979 avant de la vendre en 1998 pour passer aux mains du groupe Montupet en 2010.

    • Opération récupération de Sarkozy

    La Fonderie du Poitou et son avenir sont entrés dans la campagne lundi dernier. Désireux de se départir de son bilan industriel calamiteux, le candidat président est venu sur le site pour annoncer la reprise du site de production par le groupe Saint-Jean Industries-Aluminium, quatre jours avant la décision du tribunal de commerce.

    La CGT, notamment, avait ironisé sur les déclarations du chef de l'Etat "venu à son initiative annoncer ce qui était déjà prévu" puisqu'il n'y avait qu'un seul repreneur.

    • Ce que prévoit le plan de reprise

    L'entreprise, basée dans le Rhône, nouveau propriétaire du fabricant de culasse, s'est engagée à préserver 395 postes de travail, ce qui devrait entraîner la suppression d'une soixantaine dans le cadre d'un plan social.

    Selon Nicolas Sarkozy, le repreneur bénéficiera de 12 millions d'euros d'investissement de l'Etat, grâce au Fonds de modernisation des équipementiers automobiles. Renault investira de son côté 19 millions d'euros dans FDPA qui pourra compter sur une aide publique de 8 millions d'euros au titre de la réindustrialisation, avait-il ajouté.

    • Saint-Jean Industries, liquidateur de la Fonderie de Vénissieux en 2009

    Tout irait donc bien dans le meilleur des mondes vanté par Nicolas Sarkozy si Michèle Picard n'avait rappelé le précédent de la Fonderie de Vénissieux. Dans un communiqué émis jeudi, la maire communiste de Vénissieux (Rhône) voit dans l'intervention de Saint-Jean industries l'exemple des "méthodes cyniques et le caractère prédateur du capitalisme financier"

    "Depuis 2009, le chiffre d’affaires du Groupe Saint-Jean Industries a quasiment doublé, passant de 90 millions d’euros à 177 en 2011, rachetant à tout va des entreprises aux États-Unis, en Norvège, en Allemagne ou encore en Suisse, explique Michèle Picard. Si on ne le savait déjà, ces décisions prouvent rétrospectivement que le groupe d’Emile Di Serio avaient les moyens de garder, d’investir et de moderniser la fonderie de Vénissieux. Il a choisi au contraire de sous-investir dans l’appareil de production, il a choisi au contraire le pourrissement de la situation en développant à l’époque, et en parallèle, des activités en Croatie, il a choisi au final la manipulation des salariés, prétextant que l’arrêt des commandes de Volvo Renault-Trucks était à l’origine de la décision de la fermeture du site de Vénissieux. Or, qu’apprend-on aujourd’hui dans le cadre du rachat de la Fonderie du Poitou? Que Saint-Jean Industries a pu obtenir des garanties, notamment de la part de Renault pour des commandes jusqu’à un million d’unités en 2015."

    Michèle Picard souligne enfin que "le comble du cynisme est atteint lorsque l’on apprend que le Groupe Saint-Jean-Industries, qui a réussi à ne pas verser un euro d’indemnité de licenciement aux salariés de Vénissieux, bénéficiera de 12 millions d’Euros de la part de l’Etat dans le cadre du rachat de la Fonderie du Poitou."

    Le maire de Vénissieux rappelle les 108 salariés "laissés sur le carreau" et espère que la Fonderie du Poitou ne va pas connaître le même sort.


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