• La fin de l' « Europe sociale »

    afficheLa fin de l' « Europe sociale »

     

    Article de CMK pour Socialist voice, organe du PC Irlandais

    Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Cela fait des années que le bon sens, au sein du mouvement syndical Européen dominant et des partis sociaux-démocrates, est de dire que nous mettons le cap vers une « Europe sociale », une Europe qui donnera du travail à tout le monde et offrira la sécurité aux travailleurs, aux chômeurs et à tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ne pourraient travailler, aux jeunes qui rentrent dans la vie active, aux mères qui ont peu d'expérience dans le monde du travail hors du foyer, et aux retraités.

     

    Tant que l'Europe de l'ouest capitaliste a dû rivaliser avec le modèle social et économique de l'Union soviétique et de ses alliés pour remporter l'adhésion des travailleurs, la droite ne trouvait rien à y redire.

     

    Fondée en 1973, la Confédération européenne des syndicats (CES) fut le produit d'une prise de conscience que le mouvement syndical devait coordonner ses forces pour jouer un rôle à l'échelon supra-national.

     

    La position politique de la CES apparaît crûment dans son slogan « Plus d'Europe, une Europe sociale ». Sa principale activité consiste à parlementer avec les institutions de l'UE et les associations patronales européennes, à la fois dans le Comité économique et social de l'UE et ailleurs.

     

    Il s'agit d'un modèle corporatiste, reposant sur l'idée d'intérêts communs entre travail et capital, au lieu d'une lutte entre classes – un modèle qui plonge ses racines dans les idéologies d'Etat conservatrice-Catholique et celle du fascisme Italien.

     

    Le mouvement syndical n'est pas le seul à s'accrocher à une conception erronée d'une Union européenne progressiste. Dans de nombreuses organisations est enracinée la conviction que livrer encore de nouvelles compétences nationales entre les mains de l'UE serait en soi synonyme de meilleure gestion. Tous ont foi dans les belles promesses du projet européen (CEE/UE), bien qu'elles n'aient eu aucune concrétisation.

     

    L'Union européenne pointe son nez partout, mais c'est loin d'être une garantie que les choses s'amélioreront. Pour ce qui est des politiques sociales, c'est doublement le cas.

     

    Dans le cadre des rapports de force actuels, il serait illusoire d'attendre de l'harmonisation des législations régissant les allocations sociales, les retraites, un salaire minimum, les horaires de travail ou la situation des personnes incapacitées, par la maladie ou l'invalidité de travail, un nivellement par le haut, un alignement sur les conditions du meilleur Etat-membre.

     

    En réalité, la tendance n'est pas à la réalisation d'une « Europe sociale » mais elle va tout à fait dans la direction opposée, ce qui est d'autant plus le cas aujourd'hui que le modèle économique et social de l'Union soviétique et de ses alliés n'est plus là pour opposer une alternative.

     

    L'UE est à l'origine de toute une série de documents réaffirmant des droits qui devraient aller de soi, c'est-à-dire :

     

    • égalité salariale entre hommes et femmes;

    • absence de discrimination raciale à l'emploi;

    • chacun devrait avoir une forme ou une autre de retraite ;

    • les syndicats doivent être légaux, et leur rôle en tant que partenaire dans les négociations doivent être respectés ;

     

    Ce genre de textes, toutefois, ne vont jamais bien plus loin que la limite du tolérable.

     

    La crise actuelle de l'euro a accéléré un mouvement flagrant d'abandon des prétentions à la construction d'une « Europe sociale ». Le priorités sociales de l'UE comprennent désormais la baisse du coût du travail, la diminution du nombre de personnes qui dont droit aux allocations-chômage, et une baisse du nombre de retraités.

     

    Les patrons ne veulent pas payer leur part de cotisations pour la Sécurité sociale, tout comme ils ne veulent pas que ces coûts soient pris en charge par l’État, car cela voudrait dire que les impôts ne pourraient être revus à la baisse. Par ailleurs, ils veulent voir un marché du travail plus flexible, où il serait plus facile de virer les gens et où les travailleurs auraient moins de droits alors que leurs emplois seraient précaires.

     

    Quelque soit le dénouement de la crise actuelle de la zone euro, l'UE est désormais bien engagée sur une voie néo-libérale. Cela signifie que la libre-concurrence règne, tandis que les législations nationales protégeant le travail et l'environnement peuvent être remises en cause par les directives européennes.

     

    Le rôle d'organisations comme « la Table ronde européenne des industriels » dans l'élaboration de la politique de l'UE n'a jamais été totalement révélé au grand jour. Cette organisation a mené campagne pour l'introduction de l'euro. L'Europe du capital existe depuis bien longtemps, mais il n'y a jamais eu d'Europe sociale.

     

    Et il se n'agit pas seulement d'un petit complot fomenté par des forces politiques de droite. Si on remonte en mars 2000, un sommet des chefs de gouvernement avait été réuni à Lisbonne pour discuter des mesures qui pourraient être adoptées pour répondre à la revendication des syndicats d'une « Europe sociale ».

     

    Cependant, les conclusions des premiers-ministres majoritairement sociaux-démocrates, pour dix d'entre eux, furent loin d'aller dans le sens de la semaine de 35 heures, de la réduction des inégalités de revenu, avec sécurité sociale, salaire minimum, développement des allocations sociales, création d'emplois dans les services publics ou rabaissement de l'âge de départ à la retraite. Au contraire, ils ont lancé un appel à des privatisations massives avec désengagement de l'Etat de ses fonctions sociales, ainsi qu'à la stimulation de la croissance économique par une baisse des impôts et une coupe dans les dépenses collectives.

     

    Cette lutte pour la « compétitivité » à laquelle ils ont alors adhéré devait être financée par des coupes dans les services publics et se poursuivre par le bradage de ce qui restait d'entreprises publiques.

     

    La privatisation généralisée fut mise à l'ordre du jour. Un objectif fondamental qui se trouvait derrière cette privatisation fut de casser la force des syndicats et de pousser vers le bas les salaires en transformant chaque emploi en emploi précaire.

     

    Si on les pousse un peu, les partisans de l' « Europe sociale » persisteraient à dire qu'elle ne peut advenir uniquement si on sauve l'euro. Et pour sauver l'euro, il faut baisser les salaires, les impôts, et remettre en cause les droits des travailleurs et de l'environnement. Ce type de croissance contribue moins à trouver une solution que ne le ferait une répartition plus égale des richesses que nous avons déjà.

     

    Devons-nous en être surpris ? Jetons un coup d'oeil à certains des leaders de cette nouvelle « Europe sociale ».

     

    Le nouveau président de la Banque centrale européenne (BCE) est Mario Draghi. Draghi a été vice-président et directeur général de Goldman Sachs International et membre du comité directeur de Goldman Sachs. Il a été également un directeur exécutif italien de la Banque mondiale, gouverneur de la Banque d'Italie membre du comité directeur de la BCE, membre du Conseil d'administration de la Banque des réglements internationaux, membre du Conseil d'administration de la Banque internationale pour la reconstruction et le développemen et de la Banque asiatique de développement, et président du Bureau de stabilité financière.

     

    Le nouveau premier ministre Italien, Mario Monti – qui a été nommé, et non élu – était un membre du Bureau des conseillers internationaux de Goldman Sachs. Il a été nommé à la Commission européenne, un des organes de gouvernement de l'UE. Monti est président européen de la Commission trilatérale, une organisation Américaine chargée de défendre l'hégémonie américaine dans le monde. Il est membre du groupe Bilderberg et membre fondateur du groupe Spinelli, une organisation créée en septembre 2010 pour faciliter l'intégration dans l'UE.

     

    Tout comme un banquier non-élu a été installé comme premier ministre en Italie, un banquier non-élu vient d'être installé comme premier ministre en Grèce. Le nouveau premier ministre nommé en Grèce, Loukas Papademos,était gouverneur de la Banque de Grèce. De 2002 à 2010, il a été vice-président de la BCE. Lui aussi est membre de la Commission trilatérale Américaine.

     

    Le mythe de l' « Europe sociale » a fourni un slogan utile aux Euro-fanatiques de toute l'Europe. Maintenant que l'UE apparaît pour ce qu'elle est, alors qu'elle impose une forme d'asservissement économique à de larges pans de la population, il a été démasqué comme le mensonge qu'il n'a jamais cessé d'être.


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