• L’offensive de Monsanto pour décrédibiliser l’étude sur les OGM

    La contre-attaque de Monsanto à l’étude sur les OGM de Gilles-Eric Séralini et du Criigen ne s’est pas faite attendre. C’est un courriel envoyé par un dirigeant de Monsanto, Jaime Costa, ingénieur agronome et directeur technique de Monsanto en Espagne. Il conseille à ses interlocuteurs d’aller consulter plusieurs réactions de scientifiques critiquant l’étude. Des scientifiques loin d’être indépendants...

    Traduction de l’espagnol : « Objet : Au sujet des recherches indépendantes sur les OGM.

    Sur cette page (lien), vous pouvez lire l’opinion de quelques scientifiques indépendants sur cette nouvelle publication qui n’a pas été revue par l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) » [1].

    Le courriel a été révélé par l’Observatoire européen des entreprises (CEO). Le lien préconisé par le cadre de Monsanto renvoie vers le site du Science Media Centre, basé à Londres et présenté comme une source d’informations indépendante. Le centre publie huit réactions de scientifiques. Tous rejettent l’étude du Criigen.

    Se présentant comme une entreprise indépendante « qui travaille à promouvoir les opinions de la communauté scientifique au Royaume-Uni pour les médias », le Science Media Center est en réalité financé à 70 % par les grands noms de l’industrie de la biotechnologie. BASF, Bayer, Novartis, CropLife International sont autant de bailleurs de fonds de cette entreprise.

    Malgré le conflit d’intérêt évident, l’opération semble bien fonctionner. Trois des huit experts mentionnés sur le Science Media Center ont été repris par l’agence de presse Reuters. C’est le cas de Tom Sanders, directeur du département des sciences nutritionnelles au King’s College de Londres, qui note que « cette race de rat est particulièrement sujette aux tumeurs mammaires lorsque les ingestions de nourriture ne sont pas contrôlées ».

    Mais aussi de Mark Tester, professeur à l’université d’Adelaïde en Australie qui s’est étonné que les précédentes études n’aient pas soulevé les mêmes inquiétudes. « Si les effets sont aussi importants que rapporté et que l’étude est vraiment pertinente concernant l’homme, pourquoi les Nord-Américains ne tombent-ils pas comme des mouches ? » interroge t-il. « Les OGM font partie de la chaîne alimentaire depuis une décennie là-bas et la longévité continue de s’accroître inexorablement ».

    Le groupe de lobby des biotechnologies Europabio a également publié un communiqué de presse citant ces mêmes experts et énumérant un ensemble d’arguments pour tenter de discréditer la recherche. Pour le CEO, ce n’est « probablement que le début des tentatives de l’industrie des biotechnologies pour miner la crédibilité de cette nouvelle étude ». L’équipe du Criigen répond à ces critiques sur le site du Nouvel Observateur.

    Notes

    [1] Le CEO précise avoir changé des éléments pour protéger la source.

    http://www.bastamag.net/article2651.html

    Séralini répond aux critiques de son étude sur les OGM

    Louis-Gilles Francoeur (Le Devoir) - 21 septembre 2012

     L’étude de Gilles-Eric Séralini et de ses collègues venait à peine d’être publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology que plusieurs chercheurs, britanniques et australiens, la bombardaient de critiques méthodologiques. Pas un seul n’en a salué l’intérêt. Ils mettaient plutôt de l’avant des failles alléguées à propos des méthodes d’échantillonnage retenues, de l’analyse statistique, voire à propos de la revue scientifique choisie, même s’il s’agit de celle où Monsanto publie ses propres résultats.

    L’équipe Séralini a répondu à neuf de ces critiques jeudi 20 septembre.

    À ceux qui lui reprochent d’avoir retenu un " faible " échantillon de 200 rats, les auteurs répliquent que des lots de 20 rats sont exactement ceux qu’utilise Monsanto, mais dans des études de 90 jours plutôt que de 730 jours. Ils ajoutent que le budget de 3,2 millions d’euros, glanés difficilement, ne permettait pas davantage à une équipe indépendante.

    À ceux qui contestent l’utilisation de rats Spraque-Dawley, qui développent facilement des tumeurs, le Dr Joël Spiroux, coauteur de l’étude, répond que c’est précisément la lignée qu’utilisent les producteurs d’OGM, y compris Monsanto. " Et, ajoute le chercheur, les faits sont là : ceux qui ont été nourris au maïs OGM, avec ou sans Roundup, développent plus de pathologies et beaucoup plus vite. "

    Dans les trois groupes de rats traités, les tumeurs et affections des reins et du foie interviennent dès le 4e mois, dit-il, et ils explosent au 11e et 12e mois, ce qui correspond à l’âge d’un humain de 35 à 40ans. Dans le groupe témoin, les tumeurs surviennent vers le 23e et le 24e mois. Chercheur biaisé ?

    D’autres chercheurs ont critiqué la diète à base de croquettes, mais, réplique l’équipe française, ce sont les mêmes qu’utilisent les producteurs d’OGM.

    Quant à l’idée que les rats de cette expérience auraient absorbé plus de maïs OGM que des humains en proportion, les chercheurs français répliquent que la dose correspond à ce que mangent les Nord-Américains à leur insu.

    À ceux qui reprochent à Séralini d’être un " anti-OGM ", le chercheur répond : " faux ". Séralini se dit favorable à plusieurs techniques transgéniques, dont la fabrication de médicaments. Mais " en revanche, ajoute le Dr Spiroux, Gilles-Éric Séralini et nous sommes contre les OGM agricoles, mal étiquetés et dont la toxicité au long cours est mal étudiée ", notamment avec des protocoles scientifiques qui ont été élaborés sous la dictée de politiciens et de représentants de l’industrie, comme l’a démontré Marie-Monique Robin dans son livre percutant, Le monde selon Monsanto.

    Source : Le Devoir

    http://reporterre.net/spip.php?article3228


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