• Intervention de Yves Dimicoli, Conférence nationale des 3, 4 et 5 juin 2011

     

    Parti Communiste Français

    Je veux dire pourquoi je soutiens la candidature d'André Chassaigne.  

    La crise du capitalisme est désormais d'une gravité extrême, mais sa portée demeure sous-estimée à gauche.  

    La situation est grosse du besoin d'un dépassement que cherchent, pour le moment à l'aveugle, les luttes qui de partout se lèvent.  

    La réponse aux urgences doit se conjuguer à la visée d'une nouvelle civilisation.  

    En France, tout est fait pour que cette recherche soit bornée par deux logiques:  

    - Le Front national prône la sortie de l'euro, le protectionnisme, la préférence nationale et la concurrence à mort entre européens;

    - La droite et le PS, de leur côté, d'accord sur le Traité de Lisbonne, rivalisent à la marge avec des petites promesses nationales.  

    Le Front national progresse en instrumentalisant la question sociale. La droite pourrait faire jonction avec lui pour les législatives de 2013. D'où le risque, à gauche, d'un gros vote utile PS dés le 1er tour de la présidentielle.  

    Face à ce piège, il y a débats dans le front de gauche entre deux conceptions du rassemblement. 

    Cela concerne d'abord le Front lui-même :  

    - Pour Mélenchon, ce doit être un cartel d'organisations à but électoraliste pariant sur le jeu personnel médiatisé de son leader et dans lequel, au nom du rassemblement, on tend à minimiser les divergences, avec la perspective ultérieure de former un seul parti ;

    - Nos congrès ont retenu la conception d'un Front de luttes, mettant en débat les différences avec une émulation sur les propositions, à l'appui de la prise en mains par les gens eux-mêmes, jusqu'aux urnes, de grands axes d' un programme transformateur. Cette option me paraît la bonne.  

    C'est tout l'électorat de gauche qu'il faut faire bouger pour bousculer le PS avec des propositions suffisamment aiguisées et cohérentes, à l'opposé d'une campagne qui se contenterait de le cogner avec des options vagues et des effets de manche. 

    Et c'est une mobilisation populaire qui est nécessaire face au FN avec des propositions suffisamment radicales, contre toute démagogie populiste, pour faire échec à son entreprise de séduction des « sans grade » qui cherche à conjuguer toutes les peurs.  

    Un second débat porte sur le contenu.  

    Jean-Luc Mélenchon parle d'un meilleur partage des richesses avec un salaire maximum et l'impôt...comme le PS. Mais on ne l'entend pas sur l'exigence d'une transformation de la production de richesses et de son financement, avec de nouveaux pouvoirs des salariés dans les entreprises, de nouveaux critères du crédit et des investissements. Or, sans ça, impossible de mieux partager aujourd'hui!  

    Mélenchon parle aussi de « sortir du traité de Lisbonne », mais « sans sortir de l'euro »! Mais enfin...On ne peut pas vouloir faire les deux à la fois, c'est contradictoire.  

    Il ne faut pas sortir de l'euro, mais se battre pour imposer une tout autre utilisation de la force de cette monnaie et de la BCE, vers un nouveau traité.  

    Bien plus que ses nombreux inconvénients, ce sont les importants potentiels positifs dont nous priverait cette sortie qui font rejeter cette hypothèse illusoire; notamment, une création monétaire commune beaucoup plus ample que la seule création monétaire nationale si limitée avec la mondialisation.  

    De plus, croyons-nous vraiment que c'est la France toute seule qui arrivera à casser l'hégémonie du dollar? Allons donc... Pourtant, quel besoin d'une monnaie commune mondiale de coopération, comme nous le proposons, à partir des Droits de Tirage Spéciaux du FMI radicalement transformé et démocratisé.  

    L'euro peut y aider si on s'en sert autrement et qu'on réoriente la BCE avec une maitrise sociale du crédit et des banques.  

    Dés 1998, nous avons avancé l'idée d'un pôle public financier et de Fonds publics régionaux. C'est désormais majoritaire à gauche.  

    Mais, il ne s'agit pas de recommencer les nationalisations bancaires de 1982, comme le suggère Mélenchon, et encore moins de constituer un Fonds souverain, comme le propose le PS. Nous voulons un nouveau crédit sélectif pour les investissements encourageant, avec l'intervention populaire et la fiscalité, la création d'emplois et la formation bien rémunérés, contre les placements financiers, jusqu'à conditionner autrement le refinancement des banques par la BCE. C'est dans ce but qu'on nationaliserait.  

    Enfin, avec le PGE, nous proposons un Fonds social et solidaire de développement européen qui utiliserait la création monétaire de la BCE, non pour les créanciers, mais pour une expansion des services publics en Europe. Sans parler du besoin d'une grande coopération avec les peuples arabes, au lieu de l'intervention en Libye.  

    Ces exigences et différences me font soutenir la candidature d’André Chassaigne et demander que le bulletin de vote mentionne les 4 candidats, ce qui est nécessaire si on veut un vote souverain des communistes.


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