• His songs kill fascists

    His songs kill fascists

    Cette année marque le 100e anniversaire de la naissance de Woody Guthrie. Solidaire profite de cette occasion, et de la réédition en français de son autobiographie, pour présenter ce personnage hors du commun, véritable porte-parole du peuple américain.

    Quentin Vanbaelen
     
     

    Woody Guthrie est l’un des plus grands chanteurs de folk américain. Ses chansons évoquent la Grande Dépression, la vie des ouvriers, mais aussi la résistance de ceux-ci. Sur sa guitare, il avait inscrit cette phrase restée célèbre :  This machine kills fascists (Cette machine tue des fascistes). (Photo World Telegram, Al Aumuller)

    Le 14 juillet 1912, à Okemah, en Oklahoma (États-Unis) naissait Woody Guthrie. Si vous ne connaissez pas ce nom directement, il ne fait aucun doute que d’autres artistes vous auront transmis son héritage. Woody Guthrie est, en effet, l’un des plus grands chanteurs de folk américain. Ses chansons évoquent tour à tour la Grande Dépression, la vie des ouvriers de l’entre-deux-guerres, le vagabondage, l’exil des milliers de travailleurs mis sur la paille par la crise, mais aussi la résistance de ceux-ci. Sur sa guitare, il avait inscrit cette phrase restée célèbre « This machine kills fascists » (Cette machine tue des fascistes). Sa vie même avait été marquée par les aléas de la crise économique et ses ravages. Il se sentait donc lié à tous les « damnés de la terre » : les travailleurs, les chômeurs, les minorités… et se faisait un devoir de les défendre dans ses chansons.
        Proche des milieux communistes et syndicaux, très actifs à l’époque aux États-Unis, il a longtemps voyagé à bord des trains de marchandise, en compagnie de dizaines de « hoboes », ces vagabonds qui allaient de ville en ville à la recherche d’un emploi, d’une situation, d’une vie décente. Il travaillait alors à leurs côtés et chantait leur quotidien et leurs luttes. Ses chansons étaient écrites pour les gens, et il considéraient qu’elles appartenaient à qui s’y reconnaissait. Il a ainsi écrit, à propos des droits d’auteur de This Land Is Your Land : « Cette chanson est enregistrée aux États-Unis sous le numéro de copyright 154085, pour une période de 28 ans, et quiconque sera pris à la chanter sans notre permission sera considéré comme un de nos bons amis, car on s’en moque. Publiez-la. Écrivez-la. Chantez-la. Dansez dessus. Yodlez-la. Nous l’avons écrite, c’est tout. »

    Au cœur de l’Amérique

    L’autobiographie de Woody Guthrie, En route pour la gloire (Bound for Glory), écrite en 1943, a été rééditée cette année en français aux éditions Albin Michel. Dans ce texte, il revient sur sa jeunesse, son enfance en Oklahoma, l’arrivée de la crise économique des années 1920, ou encore la grande instabilité de la région, agitée à l’époque par la découverte de gisements de pétrole qui ont provoqué de réelles ruées vers l’or noir.
        Avec une écriture marquée par un style oral et populaire, très proche des paroles de ses chansons, l’autobiographie de Woody Guthrie ressemble à un long monologue, un récit qu’on dévoile autour d’un brasero entre deux rasades de whisky. Son histoire, comme son œuvre, dépasse cependant le récit personnel. Elle se fait l’écho de l’Amérique profonde, du peuple américain meurtri par le capitalisme. Elle raconte 30 ans d’histoire populaire, ouvrière et paysanne.
        Le récit impressionne par la quantité d’anecdotes et de détails, mais aussi par l’espoir et l’idéal qui le traverse. Woody Guthrie n’était pas du genre à baisser les bras, à se laisser abattre. Il s’est battu des années durant contre le racisme et les injustices de classe, en dénonçant l’arrogance des puissants et leur mépris des travailleurs.

    Héritage

    Woody Guthrie est mort le 3 octobre 1967 de la maladie de Huntington. Durant le long séjour en hôpital qui a précédé son décès, il a reçu le soutien et la visite d’une foule d’artistes, amis ou admirateurs, qui venaient lui rendre hommage et le rencontrer tant qu’il était encore en vie. Parmi ceux-ci, notons la présence assidue de Pete Seeger, grand ami de Guthrie, ainsi que du jeune Bob Dylan. Ce dernier n’aurait sans doute pas eu la trajectoire qu’on lui connaît si le parrain de la protest song n’avait existé. Le fait que la première chanson enregistrée par Dylan pour son premier album s’appelle Song to Woody (Chanson pour Woody) en atteste.
        Des chansons comme This Land is Your Land font partie du répertoire des chansons ouvrières américaines encore aujourd’hui, au point qu’elle en est presque devenu un hymne national alternatif. De nombreuses rééditions de ses enregistrements sont parues cette année, l’occasion de (re)découvrir l’œuvre impressionnante du chanteur. Woody Guthrie a marqué le paysage de la culture américaine comme peu d’autres, chantant et vivant avec et pour le peuple.


    Woody Guthrie en trois chansons

    • This Land is your Land

    Cette chanson est souvent interprétée à tort, aux États-Unis, comme un hymne patriotique. En réalité, elle a été écrite en réponse à God Bless America, une chanson de l’époque qui encensait l’Amérique et que Guthrie trouvait peu réaliste. This Land is Your Land est en fait une chanson qui invite le peuple à revendiquer son pays, à s’en rendre maître. Dans le contexte de lutte et de grèves des années 1930, dans lequel la chanson a été écrite, ses paroles prennent un sens très militant que beaucoup ont tenté d’occulter par la suite.

    • Ludlow Massacre

    Le massacre de Ludlow est le nom donné à la tuerie orchestrée par les forces de l’ordre de l’État du Colorado et les milices des entreprises minières contre les mineurs en grève dans la localité de Ludlow. Les travailleurs réclamaient de meilleures conditions de travail et plus de droits, comme la reconnaissance du syndicat, et sont restés en grève durant 14 mois. Le 20 avril 1914, la Garde nationale a donné l’assaut au campement où vivaient les mineurs et leur famille. Plus de 20 victimes ont été dénombrées, dont des femmes et des enfants.

    • Tom Joad

    Cette chanson évoque le personnage central du roman Les raisins de la colère de John Steinbeck, qui raconte l’histoire d’une famille forcée de quitter ses terres en raison de la crise économique des années 1930. Les thèmes chers à Woody Guthrie s’y retrouvent, et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il en ait tiré une de ses meilleures et plus longues chansons. Celle-ci a inspiré à Bruce Springsteen un morceau intitulé The Ghost of Tom Joad, qui réactualise le problème, des décennies plus tard. La chanson se termine par une incitation à la lutte, où Guthrie fait dire à Tom Joad :
    Wherever little children are hungry and cry,
    Wherever people ain’t free,
    Wherever men are fightin’ for their rights,
    That’s where I’m a-gonna be, Ma.
    That’s where I’m a-gonna be.

    (Partout où des petits enfants ont faim et pleurent,
    Partout où le peuple n’est pas libre,
    Partout où les hommes se battent pour leurs droits,
    C’est là que je serai, M’man.
    C’est là que je serai.)

    http://www.ptb.be

    http://reveilcommuniste.over-blog.fr


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