• Halte au caca d’huître !

     
    Halte au caca d’huître !
     

    Imaginez, face à 7 kms de plage de sable fin, dans une eau limpide, des millions d’huîtres recrachant chaque jour des tonnes d’excréments. Les huîtres, en effet, filtrent l’eau en permanence, retiennent le phytoplancton, en extraient la matière nutritive, sur laquelle agissent des enzymes digestives, et tout ce qui n’est pas digéré est évacué sous forme de caca d’huître…

    Le projet fait cauchemarder les habitants d’Oléron. Il consiste à suspendre en pleine mer, sur pas moins de 360 hectares, des cages remplies d’huîtres grâce à 50 kms de câbles maintenus à flot par 15 000 bouées, le tout arrimé au fond avec un millier de blocs de béton, pesant chacun entre 2,5 et 4 tonnes. On appelle ça des « lanternes japonaises ». En avril 2011, à peine arrivée, la nouvelle préfète, Béatrice Abolivier, a donné son accord au début des travaux, qui doivent durer un an.

     

    Du coup, 2 500 Oléronais ont déjà signé une pétition contre ce qu’ils appellent l’ « usine à huîtres », une association de défense a été créée pour l’occasion, et deux maires du coin ont dégainé des recours contre l’arrêté préfectoral. En s’appuyant sur des docs de l’Ifremer, l’Aplimap, qui regroupe les opposants, a calculé que les huîtres pourraient rejeter chaque jour 600 à 800 tonnes d’excréments !

     

    Un chiffre que conteste le Comité régional de conchyliculture. Lequel, interrogé par Le Canard, ne voit pas où est le problème, vu que « les rejets seront dispersés par les courants ». Du côté de l’Ifremer, on avoue être incapable, en l’état, de calculer la quantité d’excréments d’huître qui pourraient menacer la plage. « Il faudrait faire un point zéro au démarrage du champ d’huîtres et surveiller l’évolution », précise un chercheur.

    L’autre sujet de fâcherie, c’est que la majorité de ces huîtres seront des triploïdes, issues d’une manipulation chromosomique (pour ne pas prononcer le mot « génétique » !) qui les a rendues stériles et, du coup, plus productives. Là ou une huître lambda dépense 60 % de son énergie à produire de la semence, la « triplo » fait du gras, et, en plus, on peut en vendre toute l’année car elle n’est jamais laiteuse.

    Au fait, pourquoi vouloir immerger des cages à huîtres face aux plages d’Oléron ? Tout simplement parce que sur le littoral les parcs à huîtres sont gagnés par la vase – à cause des alluvions mais aussi des excréments. Y a de quoi tourner en bourriche…

    (Photo : parc à huîtres sur l’île d’Oléron)

    Le Canard Enchaîné N° 4800 du 24 octobre 2012

    http://altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article21382


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