• Grève nationale en Norvège contre la transposition d'une directive européenne

    Grève nationale en Norvège contre la transposition d'une directive européenne de libéralisation du marché du travail

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Grève nationale en Norvège contre la transposition d'une directive européenneLes syndicats norvégiens ont lancé mercredi dernier une grève générale contre le projet gouvernemental de transposition d'une directive de l'Union européenne sur les travailleurs temporaires et intérimaires dans le droit national et le dumping social qu'elle déclencherait.

    Le fait que l'action de grève nationale se soit produit contre une directive qui s'inscrit dans une large mesure dans l'agenda de l' « Europe sociale », ce qui en dit long sur ce que cet agenda porte concrètement.

    Les Norvégiens ont rejeté par deux fois l'adhésion à l'Union européenne lors de référendums, mais le pays a rejoint l'Espace économique européen (EEE) en 1994 et est membre de l'Association européenne de libre-échange (AELE) aux côtés de l'Islande et du Liechtenstein.

    L'adhésion d'Oslo à l'EEE signifie qu'elle doit effectivement suivre les règles de l'UE sur la libre circulation des biens, services, du capital et du travail en échange de l'accès au marché unique européen.

    Cependant, un récent sondage laisse entendre que 76% des Norvégiens voulaient que leurs pays reste en dehors de l'UE.

    Des manifestations syndicales massives se sont tenues dans près de 40 villes dont Oslo, Bergen, Trondheim, Kristiansand, Stavanger, Haugesund, Tromsø, Gjøvik, Raufoss, Fredrikstad, Arendal, Porsgrunn et Sarpsborg.

    Les syndicats affirment que la mise en œuvre de la directive européenne sur les travailleurs temporaires et intérimaires remettra en cause le code du travail Norvégien et diffusera à tous les niveaux l'emploi de travailleurs temporaires et intérimaires, signifiant la fin des contrats stables et affaiblissant les droits des travailleurs et les conventions collectives.

    La directive donne également l'autorité suprême en terme de législation du travail à la Cour de l'AELE, un corps judiciaire supra-national responsable pour les trois membres de l'EEE/AELE, l'Islande et le Liechtenstein et la Norvège.

    Cette cour ressemble fortement à la Cour européenne de Justice de l'UE qui a déjà rendu des jugements draconiens battant en brèche les droits syndicaux à la négociation collective dans les pays voisins de la Suède et de la Finlande, avec les affaires Laval et Viking.

    La Cour européenne a statué que, selon les traités européens, les droits du patron d' « établissement » ont une valeur supérieure aux droits syndicaux fondamentaux, jugements qui ne sont pas passés inaperçus en Norvège.

    La Confédération norvégienne des syndicats (LO) exige que le gouvernement rejette la directive et mette en place des lois qui assurent que les salaires et les conditions de travail de tous ceux qui sont embauchés soient les mêmes que ceux des employés en CDI.

    La Loi sur l'environnement de travail, mise en place en 1994, établit actuellement l'emploi stable comme la norme en Norvège, avec des exemptions réglementées dans l'usage des contrats de travail temporaires.

    Soutenant la grève, le secrétaire de la Fédération internationale des travailleurs du transport David Cockroft a déclaré que la législation Norvégienne sur l'emploi temporaire et le travail contractuel était une des meilleures au monde.

    « La directive ne risque pas seulement de transformer une bonne loi en une loi médiocre – elle pourrait également arracher des droits dont jouissent actuellement les travailleurs et ouvrir la porte à leur remplacement par un personnel intérimaire et précaire qui bénéficiera d'une protection du travail inférieure », a-t-il déclaré.

    Le président de  Fédération internationale des travailleurs du transport Paddy Crumlin a déclaré que les syndicats et les travailleurs Norvégiens intensifiaient la lutte pour défendre une législation qui « répond aux objectifs qu'elle est censée défendre ».

    La Norvège enregistre un niveau de chômage faible en comparaison avec de nombreux autres pays Européens et fait une utilisation bien moindre du travail temporaire. La croissance du nombre de travailleurs temporaires et intérimaires est inégale dans toute l'Europe mais est inextricablement liée au niveau de dérégulation de l'économie en phase avec les directives néo-libérales de l'UE au sein du marché unique.

    Selon les chiffres datant de 2007, on comptait en Norvège seulement à 8 172 travailleurs intérimaires et temporaires. En Grande-Bratagne, on en comptait alors 1,2 millions de travailleurs de ce type. Ces chiffres ont probablement explosé depuis au sein de l'UE et des pressions sont exercées afin que le nombre de travailleurs temporaires augmente en Norvège.

    Un récent rapport, commandé par le gouvernement, du professeur Fredrik Sejersted de l'Université d'Oslo a révélé que la Norvège avait adopté 75% des directives de l'UE ces dernières années et que plus de 6 000 directives européennes ont été transposées dans le droit Norvégien. « Nous sommes presque aussi profondément intégrés que le Royaume-Uni », a-t-il déclaré.

    Son rapport « Outside and Inside » soulève les questions que cela pose pour la société, l'économie et la démocratie Norvégienne et exprime son inquiétude quant aux conséquences politiques de l'adoption des politiques européennes « sans aucun droit de vote correspondant ».

    Sejersted dénote un « important déficit démocratique », suggérant qu'en parallèle à l'intensification de l'intégration de la Norvège à l'UE, le niveau de compréhension de la situation dans les médias, la vie politique et l'opinion publique s'est considérablement affaibli.

    « Il n'y a guère d'autres domaines au sein de la démocratie Norvégienne aujourd'hui où un si grand nombre de personnes en sait aussi peu, comme c'est le cas pour ce qui est de la politique européenne de la Norvège », a-t-il affirmé.

    Les europhiles de tout bord politique vont sans doute reprocher aux travailleurs Norvégiens de résister à cette progressive dérive néo-libérale et les qualifier d' « égoistes », de « protectionnistes » ou même de « racistes », en refusant la dérégulation générale de l'encadrement légal des pratiques de travail.

    Néanmoins, cette grève révèle le fossé croissant entre les revendications démocratiques des électeurs Norvégiens et les manœuvres de la classe politique Norvégienne et sa collusion avec l'UE dans la mise en œuvre de son agenda social et économique néo-libéral, et ce sans aucun mandat populaire.

     

    Source: Morning Star, quotidien du PC Britannique


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