• Grève lycéenne et étudiante en Espagne

    sindicato.jpgGrève lycéenne et étudiante massivement suivie en Espagne contre les coupes dans l'éducation

     

    Article AC pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ et http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Ce jeudi 18 octobre marquait la troisième et dernière journée de la « semaine de lutte ». Un mouvement de grève national en Espagne lancé par le Syndicat des étudiants (SE) et suivi par une large majorité des lycéens et étudiants du pays.

     

    Selon les syndicats étudiants, plus de 80% des lycéens espagnols ont suivi la grève, des chiffres qui s'élèvent à plus de 90% en Andalousie, dans les Asturies et en pays Valencian.

     

    2 100 lycées n'ont pas ouvert leurs portes, tandis qu'une dizaine d'universités se sont joint au mouvement. Les deux universités madrilènes de Complutense et Autonoma ont ainsi été occupées par les étudiants.

     

    La grève s'est accompagnée, mercredi 17 octobre, de manifestations étudiantes mobilisant près de 200 000 lycéens et étudiants dans les rues d'Espagne : plus de 40 000 à Madrid et à Barcelone, entre 10 et 15 000 à Séville, Valence, en Galice et dans les Asturies.


    Le mot d'ordre central des manifestants, à Madrid comme ailleurs : la démission du ministre de l'éducation José Ignacio Wert et le retrait de la réforme de l'éducation.

     

    Parmi les slogans les plus populaires, « Ces coupes, nous allons les mettre en échec » ou encore« L'argent des banquiers pour le lycée des ouvriers » ! Sur la banderole principale de la manifestation madrilène, on retrouvait : « Non à l'éducation franquiste : Wert, démission! ».

     

    Ce que dénoncent les lycéens et les étudiants, c'est le plus grand plan de casse de l'éducation en Espagne depuis l'époque franquiste, un véritable démantèlement de l'éducation publique :

     

    Un plan de démantèlement de l'éducation publique

     

    10 milliards d'euros de coupes à répartir entre l’État central et surtout les communautés autonomes (régions) en charge de l'essentiel des prérogatives en terme d'éducation, dans un système presque intégralement décentralisé.

     

    La première mesure touchera les professeurs. Ils travailleront plus pour gagner moins. Les professeurs, comme les autres fonctionnaires, ont vu leurs salaires baisser de 5%. Ils feront par contre plus d'heures de classe, de 18 à 20 dans le secondaire (35 à 37,5 heures en tout) et de 21 à 25 heures dans le primaire.

     

    Dans le même temps, le gel de l'embauche des professeurs est confirmé tout comme le licenciement des contractuels dans nombre de régions. Selon les syndicats, ce sont 40 000 postes de professeurs qui seront supprimés d'ici cinq ans.

     

    Conséquence immédiate, le nombre d'élèves par classe est déjà en hausse. Le gouvernement a rehaussé le plafond qui est déjà devenu la norme : 30 élèves par classe en primaire et 40 dans le secondaire.

     

    La seconde vague de mesures touchera les parents. La TVA sur le matériel scolaire passe du taux réduit au taux normal ré-évalué, soit de 4 à 21%. 500 000 bénéficiaires actuels (sur 800 000) des aides pour la cantine et les manuels scolaires doivent désormais les payer de leurs poches.

     

    Dans un contexte de crise, avec un nombre croissant de ménages tombant dans la pauvreté, les récits abondent depuis la rentrée pour décrire des élèves sans livres faute de moyens, ou alors déjeunant le midi au mieux d'un panier-repas frugal.

     

    Si les conditions d'accès à une éducation publique, gratuite et de qualité se dégradent, l'accès à l'université devient de plus en plus un luxe pour les enfants des classes populaires.

     

    Et la facture va s'alourdir à la rentrée pour les étudiants espagnols et leurs parents.

     

    D'une part, le gouvernement central a autorisé les universités à doubler les frais de scolarité, passant de 700 à 1 300 €. D'autre part, les conditions d'accès aux bourses se durcissent, entre 20 et 35% des étudiants actuellement boursiers devraient perdre leurs financements dans les deux années à venir.

     

    Par ailleurs, les programmes d'aide pour les élèves en échec scolaire sont également coupés par le gouvernement : les classes du soir pour les élèves en difficulté au lycée (PROA), le programme de lutte contre l'abandon scolaire ou encore les cours de langue pour les étudiants immigrés.

     

    Les associations de parents avec les étudiants : « Nous défendons aujourd'hui l'éducation de nos enfants »

    Devant ce plan de guerre contre les lycéens, les étudiants et les professeurs, même la Confédération espagnole des associations des parents d'élèves (CEAPA) a appuyé le mouvement et s'est joint à l'appel à la grève le jeudi 18 octobre. Une première depuis trente ans.

     

    José Luis Pazos, porte-parole de la CEAPA explique cette décision : « C'est de plus en plus difficile chaque jour de se lever, de regarder nos enfants et de leur expliquer pourquoi ils doivent arrêter leurs études, pourquoi ils ne peuvent pas manger au collège et pourquoi ils n'ont plus de livres gratuits ».

     

    Face à ce qu'il dénonce comme un plan de démantèlement de l'éducation publique, Pazos apporte une réponse claire : « Nous défendons aujourd'hui l'éducation de nos enfants ».

     

    Le ministre de l’Éducation conservateur, José Ignacio Wert, s'est empressé de dénoncer des parents « irresponsables »,cédant à une « grève exclusivement politique »convoquée par « l'organisation la plus radicale parmi les associations étudiantes, inspirée par l'extrême-gauche radicale et anti-système ».

     

    Du côté étudiant, le secrétaire général du Syndicat des étudiants, Tohil Delgado, a résumé les revendications des manifestants à la fin du rassemblement de mercredi : redonner à l’Éducation les 4 milliards de coupes déjà actées, ré-embaucher les 50 000 enseignants contractuels licenciés par le gouvernement et les régions, retirer le projet de Loi sur l'amélioration de la qualité de l'éducation (LOMCE) et enfin la démission du ministre de l’Éducation.

     

    Pour Tohil Delgado, la lutte continue : « c'est notre dernier jour de grève, mais la lutte pour nos droits ne s'arrête pas ici ».


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