• Grèce : Chronique de la (sur)vie de tous les jours

     

    Grece 12

     

    sur le blog de Nicolas Maury

     

    Un vent de désespoir et de colère souffle sur la Grèce. C’est l’hécatombe dans les salaires et les prix explosent. La correspondante, Cécile Chams, du journal « Solidaire » du PTB, décrit la vie de tous les jours à Athènes et dans ses environs

     

    Dans ce café populaire du Pirée où nous nous sommes arrêtés, le café est à 3,50 euros. « Et ce n’est pas encore cher, m’explique Christos. Ailleurs, il se vend jusqu’à 5 ou 6 euros. » Il y a du monde dans le café situé face à la mer, mais les gens restent des heures avec une seule consommation. Les serveurs sont compréhensifs.


    Sur le mur de l’école primaire publique du quartier, une affiche annonce une réunion de parents pour protester contre l’absence de manuels scolaires. Pour la première fois, les enfants sont rentrés à l’école sans manuels ni livres.


    Nous attendons le bus pour rentrer à Athènes. Sur les vitres de l’arrêt de bus, il y a des petites annonces pour des cours privés : biologie, anglais, espagnol… Le ticket de bus ou de métro est passé à 1,60 euros. Ici, il n’y a pas de carte de réduction de 5 ou 10 voyages. Nous attendons le bus pendant une heure. Des postes de chauffeurs ont été supprimés et les transports fortement réduits. Ce qui alimente les conversations aux arrêts de bus. Demain, le 10 octobre, l’ensemble des transports publics sera en grève générale dans la région d’Athènes, où vivent 5 millions de gens, près de la moitié des habitants de la Grèce. Les voyageurs sont résignés, ils ont l’habitude de ces grèves. Des montagnes de poubelles remplissent les trottoirs, car les ouvriers en charge de l’enlèvement des immondices sont en grève depuis plusieurs jours.


    Vivre au jour le jour


    Ici, la crise est le seul sujet de conversation entre les gens. Un vieil homme peste contre l’État et les voleurs qui le dirige. Une dame retraitée explique qu’elle ne peut plus payer le crédit de l’appartement qu’elle a acheté pour sa fille. Sa pension de fonctionnaire a été fortement réduite et sa fille est sans emploi. Et revendre l’appartement n’est pas une option, car plus personne n’a les moyens d’acheter un logement. Une jeune fille explique qu’elle travaille dur pour un salaire de 600 euros. Beaucoup de travailleurs sont obligés de rester vivre avec leurs parents, jeunes ou moins jeunes, car ils ne peuvent plus payer un loyer.


    Christos, enseignant, m’explique : « Heureusement, je n’ai pas acheté d’appartement. Les gens qui ont contracté des crédits au logement connaissent de graves problèmes. C’est un risque que je n’ai pas voulu prendre. Mon salaire était de 1 300 euros il y a 3 ans. Aujourd’hui, je ne touche plus que 940 euros par mois. Et j’ai dû payer 520 euros d’impôts. Les congés payés et la prime de Pâques ont été totalement supprimés. En principe, je vais toucher cette année une prime de 100 euros pour la fin d’année. On parle de réduire davantage les salaires. Qui sait, dans quelques années, je ne toucherais plus que 600 euros, juste de quoi payer mon loyer de 300 euros et manger. »


    Le loyer de Christos pour un appartement de 45m2 à Athènes était de 350 euros l’an dernier. Mais son propriétaire a accepté de le baisser à 300 euros. Beaucoup d’autres propriétaires ont fait de même, préférant garder un locataire qui paye plutôt que de risquer de ne pas relouer leur logement. Il paye l’électricité environ 30 euros. Mais elle n’est pas encore privatisée. On parle d’une augmentation de 100 % dans les mois à venir.


    « On apprend à vivre au jour le jour, précise Christos. Et je peux m’estimer heureux d’avoir un emploi assuré. D’autres n’ont pas cette chance. Le gouvernement prétend que le taux de chômage est de 17 %, mais c’est en mensonge. En réalité, il est de 25 %. »


    Nous regardons les nouvelles à la télé. Le ministre de l’Intérieur a voulu aller au cinéma ce dimanche à Thessalonique. Reconnu par des étudiants, il a été copieusement arrosé d’eau et de yaourt et a dû quitter la salle de cinéma sous les slogans militants des étudiants.


    Des parts de l’aéroport international d’Athènes sont en vente pour une somme de 350 millions d’euros. L’Allemagne et la Chine se disputent ce paquet, qui permettra le contrôle de l’aéroport jusqu’en 2046.


    On comprend mieux les raisons qui poussent les Grecs a manifester massivement depuis des mois.

     

    http://www.ptb.be/nieuws/artikel/grece-chronique-de-la-survie-de-tous-les-jours.html


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