•   - le 22 Février 2013

    Déficits: Bruxelles pousse la France vers plus d'austérité

    La Commission européenne a invité le gouvernement français à poursuivre ses efforts de réductions budgétaires et sa réforme du marché du travail après avoir estimé ce vendredi que le déficit public de la France atteindra cette année 3,7% du PIB et que la croissance n'atteindra que 0,1% en 2013.

    "Etant donné les risques liés à une dette publique qui a déjà grimpé au-dessus de 90% et le défi de compétitivité très important auquel fait face l'économie française, il faut que la France poursuive (...) les efforts budgétaires et les réformes structurelles pour la croissance et l'emploi", a affirmé le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn. "Il est d'une importance primordiale que la France, qui est la deuxième économie de la zone euro et qui est au coeur de la stabilité de toute la zone, mette en avant les mesures adéquates et convaincantes dans le cadre de ses programmes de stabilité et de réformes à venir", a-t-il conclu.

    Chantage de l'assouplissement des 3%

    En clair, la Commission européenne presse la France:

    1. de couper encore plus franchement dans ses dépenses publiques
    2. de libéraliser un peu plus son marché du travail, après l'accord dit de sécurisation de l'emploi signé par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC
    3. de bien verser les 20 milliards d'euros promis aux entreprises dans le pacte de compétitivité

    Et si Bruxelles agite une hypothétique carotte - repousser à 2014 l'objectif d'un déficit à 3% sous certaines conditions- elle continue bien de manier la politique du baton de l'austérité.

    A la bonne volonté de Bruxelles

    Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn ne s'en cache d'ailleurs pas. La décision par la Commission européenne d'un éventuel assouplissement du dogme des 3% est assujetti à la présentation par la France de "ses programmes de stabilité et de réformes, qui devraient inclure un examen complet et profond des dépenses publiques."

    Ensuite, "si des événements économiques négatifs et inattendus ayant des conséquences défavorables majeures pour les finances publiques se produisaient, alors le Pacte de stabilité et de croissance permettrait de repousser à 2014 l'échéance pour ramener le déficit nettement en dessous de 3%", poursuit Olli Rehn.

    Les prévisions pour la France: le déficit public de la France atteindra cette année 3,7% du PIB, loin de l'objectif des 3% imposés par Bruxelles, et sera encore plus important en 2014 à 3,9%, selon les prévisions de la Commission européenne publiées vendredi. Selon Bruxelles, la croissance de la France sera quasiment nulle cette année, à +0,1%, avant de repartir en 2014 avec 1,2%.

      le 19 Février 2013

    Budget

    Ménages, collectivités, services publics: avis de tempête austéritaire

    Pour atteindre un déficit public zéro en 2017, le gouvernement promet une saignée dans les dépenses publiques afin de traquer le plus petit euro d’économies.

    Le choc d’austérité conduit par la droite sous Sarkozy puis poursuivi par Hollande depuis juin aura eu raison de la croissance et du déficit public. Mais, pour 2017, la barre reste bloquée vers un déficit zéro. Et c’est «la réduction de dépenses qui sera privilégiée», a réaffirmé le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici. Des lettres de cadrage budgétaire aux différents ministres vont être envoyées «d’ici quinze jours» afin de savoir quelles coupes leur seront encore demandées pour 2014.

    Facture salée

    Pourtant, la facture austérité était déjà salée. Après cinq années sarkozystes et la mise en place de la révision générale des politiques publiques (RGPP), 150 000 postes de fonctionnaires avaient été supprimés et, au total, 15 milliards d’euros « d’économies » avaient été dégagés. Le budget 2013 et la loi de programmation des finances publiques 2013-2017 amplifient le choc puisqu’il est question de baisser les dépenses publiques de 50 milliards d’euros. Un étranglement qui ne comprenait pas les 20 milliards d’euros que coûtera tous les ans le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (lire page 4). Résultat : le gouvernement a décidé qu’en plus des 50 milliards, ce seront 10 milliards d’euros d’économies qui viendront s’ajouter en 2014 et 2015, pour financer cette mesure. Voire un peu plus avec la détérioration de la conjoncture.

    Coupes dans les politiques publiques

    Pour y parvenir, les ministres sont appelés à proposer une réforme structurelle de leur administration, dans le cadre d’une modernisation de l’action publique (MAP). En plus des réductions des crédits de fonctionnement de 7 % en 2013 par rapport à 2012, 4 % en 2014 par rapport à 2013 et 4 % en 2015 par rapport à 2014, les ministres sont amenés, sous couvert d’efficacité, à dégager des euros par une série d’évaluations de quarante politiques publiques à lancer en 2013. D’autres vagues suivront, de sorte que la totalité des politiques publiques soit évaluée d’ici à 2017.

    Et « tous les acteurs publics », État, opérateurs, collectivités locales et Sécurité sociale, a affirmé Jean-Marc Ayrault, seront passés à la loupe. Sont visées : les aides à la famille (60 milliards d’euros), les 7 000 aides directes aux entreprises (80 milliards), la gestion des prestations d’assurance maladie, la territorialisation de la politique du logement, ou encore la formation professionnelle des demandeurs d’emploi. Les premiers résultats sont attendus d’ici à avril ou juin.

    Allocations familiales et retraites

    D’ores et déjà, le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a lancé l’assaut en proposant d’imposer les allocations familiales ou de les rendre accessibles sous condition de ressources. Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a renvoyé le rapport demandé par Matignon au président du Haut Conseil de la famille, Bertrand Fragonard, qui doit remettre fin mars ses conclusions pour une économie de 1,5 milliard d’euros. Le système des retraites est également dans le collimateur, avec comme horizon le relèvement de l’âge de départ à la retraite, la hausse des cotisations des actifs ou le gel des pensions. Les collectivités locales seront les autres canards plumés, puisque leurs dotations baisseraient de 1,5 milliard d’euros en 2014 et d’autant en 2015, soit deux fois plus qu’initialement prévu.


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  •   - le 17 Février 2013

    Portugal: de nouvelles grèves et manifestations contre l'austérité

    "A partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin du mois de mars il y aura des grèves et des manifestations dans tout le pays", a annoncé le secrétaire général de la CGTP, Arménio Carlosa, à l'issue des manifestations contre l'austérité à Lisbonne et dans les autres grandes villes du Portugal ce samedi.

    Le secrétaire général de la CGTP s'est déclaré convaincu de la participation de "plusieurs dizaines de milliers de protestataires" aux défilés et rassemblements qui ont eu lieu dans une vingtaine de villes du pays. La CGTP a assuré qu'à Porto, la grande ville du nord du pays, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté et plusieurs milliers dans le sud notamment à Faro et Portimao. Un bilan précis sur l'ensemble du pays restait toutefois difficile à établir d'autant que les autorités ne communiquent généralement aucune estimation.

    "Changement de cap, nouvelle politique", "Luttons", "Le gouvernement dehors", pouvait-on lire sur de grandes banderoles portées par les manifestants à Lisbonne. "Nos sacrifices tombent dans les poches des voleurs: les banquiers et les politiciens", clamaient des pancartes portées par les manifestants qui agitaient les drapeaux rouges de leur syndicat.

    Manque d'argent

    "On ressent quotidiennement le manque d'argent, les transports ont augmenté, les frais de scolarité aussi. Cette politique n'a pas d'avenir, elle détruit l'économie du Portugal", estimait Maria Manuel Reis, 55 ans, employée au ministère des Affaires étrangères, également concernée par les coupes budgétaires qui vont s'accroître en 2014. Après les hausses d'impôts généralisées, le gouvernement prévoit une vaste "réforme de l'Etat" qui devrait permettre des économies supplémentaires de 4 milliards d'euros. Pour 2013, le gouvernement a déjà décrété des hausses d'impôts sans précédent tandis que depuis l'année dernière salaires et retraites ont été nettement réduits. En contrepartie d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho met en œuvre un vaste programme de réformes et de rigueur.

    Grève générale

    "Nous voulons rompre avec les engagements pris en échange du plan d'aide, rompre avec la politique de droite, exiger la démission du gouvernement et de nouvelles élections", a résumé Arménio Carlos, de la CGTP, sans exclure un nouveau recours à "une grève générale au moment adéquat"..

    16.9%, c'est le pourcentage de la population active portugaise au chômage, soit une hausse de 3,2% en 2012. le chômage touche 40% des jeunes.


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  • L'agonie de Savita Halappanar

    L'agonie de Savita Halappanar La bêtise catholique n'est pas encore taxée ce qui est bien dommage. Taxer la bêtise catholique permettrait de dégager des excédents économiques. Lorsque c'est l'inertie et la perversion des structures qui décident à la place de la conscience humaine, c'est l'éternelle  histoire de celui qui suit benoitement la doctrine officielle comme le cadavre de la formule : Perinde ac cadaver !  En voici la démonstration flagrante concernant la secte des catholiques qui ne savent plus  quoi inventer pour occuper le devant de la scène. En Irlande du Nord, Savita Halappanar, dentiste d'origine indienne, a fait une fausse couche le 21 octobre 2012. Les médecins, pour des raisons religieuses, ont refusé d'intervenir avant que le cœur du fœtus ne cesse de  battre. La mère ne résista pas à son agonie de trois jours et mourut d'une septicémie. Le gouvernement de Dublin a réagi en autorisant l'IVG si mère était en danger.
    Mais voilà que Mgr John Buckley, évêque de son état, exprime son désaccord. " L'avortement est la menace la plus grave  pour les droits de l'homme. L'IVG ouvre la voie à des meurtres intentionnels d'enfants à naitre. Le droit à la vie est le plus fondamental de tous les droits." C'est justement au nom de ce droit à la vie que Savita Halappanar est décédée.
    La lumière de ces hommes n'est subordonnée qu'à la loi céleste qui prime sur le bon sens terrestre. Ils s'enivrent de l'orgueil suprême qui consiste à s'agenouiller devant une statue de marbre, car il s'agit bien plus d'orgueil que de déférence. Certains hommes s'imaginent être les représentants de Dieu sur terre, alors ils manient la faconde du bonimenteur avec une telle dextérité qu'ils pervertissent l'espérance simple que nous avons naturellement depuis Pandore et sa boîte magique.

    Amen !

     http://leherissonkipik.over-blog.com

     

     


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  • Le PTB s’oppose à la participation de la Belgique dans l’intervention militaire de la France au Mali

    Service de presse du PTB

    Photo Belga

    Le gouvernement a décidé de participer à l’intervention militaire de la France au Mali, prêtant son concours par l’envoi de deux C-130, deux hélicoptères et 75 militaires. La force armée occidentale a pour but de stopper l’avancée des groupes de rebelles islamistes dans le Nord du pays, et ce à la demande du gouvernement malien et avec le soutien après coup du Conseil de sécurité  de l’ONU.

    « Le président français François Hollande joue cependant en fait cavalier seul, déclare Bert De Belder, le spécialiste de la politique étrangère au PTB. Par son action de guerre, il sape une large initiative de paix élaborée par l’ONU avec les pays africains. »

    Le fait que le Mali soit devenu un tel guêpier est largement dû aux conséquences de la guerre menée par l’OTAN en Libye et à l’ingérence politique occidentale depuis des lustres. Pour le PTB, la paix, la stabilité et le développement ne peuvent avoir une possibilité de réussite que par des initiatives extrêmement prudentes, soutenues par une large base et principalement africaines.

    L’intervention de la France n’est évidemment pas désintéressée. En tant qu’ancienne puissance coloniale, la France a toujours de grands intérêts économiques dans la région. Le Mali possède des mines d’or et de l’uranium, utilisé pour une partie de l’énergie nucléaire française.

    « Tout comme lors des bombardements meurtriers de l’OTAN effectués en Libye il y a deux ans, la Belgique s’empresse d’apporter sa contribution, constate Bert De Belder. Et cela sans le moindre débat démocratique sur les objectifs, les conséquences et le coût. » En ce qui concerne la facture, le ministre de la Défense Pieter De Crem (CD&V) garde le silence. Pour le PTB, dans une période de douloureuses économies sur les dépenses sociales, tout budget supplémentaire pour la Défense est tout simplement cynique.

    Le gouvernement reste dans le flou complet quant à la durée de l’intervention militaire au Mali. Se contentant d’un « très brève, brève ou de durée moyenne », De Crem envoie promener le contribuable belge. Comme ce n’est que fin février qu’une première évaluation est prévue, il s’agit donc – pour commencer – d’une durée de six semaines. « Mais combien de fois cette période sera-t-elle prolongée, comme ce fut le cas en Afghanistan ?, s’interroge De Belder. Et de combien de Maliens qui seront blessés ou contraints à fuir le gouvernement Di Rupo portera-t-il la responsabilité ? »

    Service de presse du PTB
     

    Le Parti communiste du Luxembourg condamne la guerre au Mali

    Nous publions ci-dessous la déclaration du Parti communiste du Luxembourg en date du 15 janvier 2013 qui condamne la guerre au Mali

     

    Depuis vendredi dernier, la France ancienne puissance coloniale mène une guerre à l'Ouest du Mali Africain.

     

    La prétention est d'empêcher les rebelles islamistes de poursuivre leur avancée dans le nord du pays vers la capitale Bamako. Pour cette raison, la Force aérienne Française a attaqué des villages avec des bombes et des missiles. Déjà, dès les premiers jours de la guerre française, plus de 100 personnes ont été tuées, parmi lesquelles des femmes et des enfants.

     

     

    Le ministre français de la guerre Jean-Yves Le Drian a déclaré qu'il était nécessaire d'éviter l'instauration d'« un Etat terroriste en face de la France et de l'Europe ». Le même argument hypocrite a été utilisé, il y a des années, par les USA et leurs alliés lors des agressions en Afghanistan et en Irak. Mais en réalité cette nouvelle guerre n'est pas destiné à protéger le peuple du Mali ou pour empêcher un « Etat terroriste », mais- comme habituellement dans de tels cas - pour soutenir un régime qui est acceptable pour l'Occident, un régime qui sécurise l'accès aux richesses naturelles et aux positions géostratégiques.

     

    Même avec l'élargissement des troupes de la France aux autres états de l'OTAN et aux autres forces militaires régionales il n'y aura pas de solution militaire pour le Mali. La poursuite et l'extension de la guerre causera plus de destructions, plus de victimes, plus de misères et plus de réfugiés.

     

    Le Parti communiste du Luxembourg refuse toute guerre comme solution aux conflits. Le Parti communiste du Luxembourg appelle le gouvernement et en particulier les diplomates du Luxembourg à prendre leur responsabilité en leur qualité de membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies et d'agir pour une solution pacifique au Mali et également pour le retrait des troupes de la région.


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  • The Brussels Business

    2500 structures de lobbying, 15.000 lobbyistes, Bruxelles est le deuxième pôle de lobbying mondial après Washington.

     
    The Brussels Business

    Ce film montre la version non officielle de l’intégration européenne. Il remonte dans le temps et fait l’historique des groupes de pression qui ont gravité autour de l’Union Européenne (comme l’ERT). Il montre comment ils sont intervenus dans des négociations cruciales comme Seattle ou lors de la récente crise grecque.

    « C’est un petit monde. Quand vous avez le bon carnet d’adresse, vous ne devez plus contacter qu’une petite centaine de personnes vraiment importantes. Les autres ne sont que des électrons » — Pascal Kerneis, lobbyiste.

    Tous droits réservés à la une, rtbf et réalisé par Mathieu Liétaert et Friedrich Moser, qui en ont la propriété exclusive.

    La publication de cette vidéo a pour objectif de promouvoir le documentaire, aucun profit financier direct ou indirect n’en sera tiré.

     

     

     

    The Brussels Business from Attac France on Vimeo.

    http://ellynn.fr/dessousdebruxelles/spip.php?article192


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  • Le rejet de l’austérité au Portugal inquiète le FMI

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    L’exécution du programme imposé au Portugal par la troika (UE, BCE, FMI) en mai 2011 en échange d’une aide financière internationale de 78 milliards deuros « est en bonne voie » a déclaré Christine Lagarde, samedi 5 janvier au journal portugais l’Expresso.

    « Une part significative de l’ajustement budgétaire a déjà été concrétisée » a t-elle souligné. Les autorités portugaises et les Portugais ont été extrêmement courageux et fermes dans l’application de réformes difficiles et douloureuses », se disant également : « très confiante ».

     

    Inquiet, le 25 octobre dernier, le FMI , déclarait dans un rapport : « Les risques pesant sur les objectifs du programme (portugais) se sont nettement accrus » et « la résistance politique et sociale à l’ajustement a augmenté. Les choix politiques difficiles qui doivent être faits mettent à l’épreuve le large consensus politique qui existait jusqu’à présent ».

     

    Le Portugal qui subit sa troisième année de récession avec un recul estimé à 1% du PIB et un taux de chômage de 16%, a vu son gouvernement adopter un budget pour 2013 contenant des coupes à hauteur de 5,3 milliards d’euros, une hausse des impôts et une diminution des retraites et des salaires des fonctionnaires. Cette politique a déclenché des critiques de la part de l’opposition de gauche, suscité de vives tensions au sein de la coalition de droite au pouvoir et provoqué une grève générale le 14 novembre dernier, une grève des transports le 1 er janvier.

     

    C’est dans cette situation que le président de la république portugaise, lui-même, a saisi la cour constitutionnelle pour qu’elle examine la conformité du budget 2013 avec la loi fondamentale du pays.

     

    Source : POI (Parti Ouvrier Indépendant )

     

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    La malnutrition infantile au Portugal ... La crise économique continue de faire des ravages dans le sud de l'Europe. Au Portugal, le chômage et la baisse drastique des revenus des ménages ont forcé certaines écoles de laisser ouverte la cafétéria pendant les vacances de Noël afin que les enfants puissent manger. 

     

     La suite ici >>>  La cantine, ultime recours contre la faim au Portugal

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


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  •  Seuls contre tous et face à la « gauche européiste », les communistes portugais refusent de « sauver l'Euro »

    euro collapse« Sauver l'Euro »

     

    Article de João Ferreira* pour Avante, organe du Parti communiste portugais



    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



    Nous savions déjà que l'adhésion à la monnaie unique avait correspondu au Portugal à une décennie de stagnation sur le plan économique. Sur le plan social, le nombre de chômeurs nous aide à compléter le tableau : entre 2001 et 2013, le nombre de chômeurs dans notre pays avait augmenté de 147% (dans la zone euro, en moyenne, l'augmentation fut de 49%).



    Selon les chiffres publiés la semaine dernière par Eurostat, entre 1999 et 2001, le PIB par tête au Portugal est passé de 81 à 77% de la moyenne de l'Union européenne (UE). Les chiffres, disponibles pour les 27 pays membres, correspondent à la richesse produite par habitant sur chaque territoire, corrigés des différences de prix enregistrées dans chaque pays.



    Depuis l'entrée dans l'euro jusqu'en 2011, le Portugal ne s'est pas seulement éloigné de la moyenne de l'UE, comme c'est le lot des pays qui se trouvaient en-dessous de la moyenne européenne en termes de PIB par tête, mais c'est celui qui a connu la chute la plus importante. Les grecs, qui connurent une chute comparable de quatre points en 2011, se situaient ainsi à 79%, soit deux points au-desssus du Portugal.



    Autre indicateur, celui de la consommation par tête – qui traduit d'une certaine façon le niveau de vie des ménages – a également connu une chute de 84 à 81% par rapport à la moyenne de l'UE, entre 1999 et 2011.



    Ces chiffres ne font que confirmer (si cela était nécessaire) les résultats désastreux de l'adhésion du Portugal à la monnaie unique. Des résultats que le PCP, on ne le répétèra jamais assez, avait prévu et contre lesquels il avait mis en garde.



    Mais ces chiffres confirment également le mensonge de l'Europe sur la solidarité et la cohésion, dévoilant, au contraire, la vérité nue et crue sur cette fracture au coeur de l'Europe. Les pays qui en 1999 avaient un PIB par tête supérieur à la moyenne de l'UE sont les mêmes qui en 2011 se trouvent encore au-dessus de la moyenne de l'UE. Mais la différence entre le haut de la liste (Luxembourg) et le fond du panier (où se trouve la Bulgarie) s'est creusée, passant de 221 à 225 points de pourcentage.



    Curiosité : des pays non-membres de la zone euro, à l'exception du Danemark et du Royaume-uni, tous les autres ont connu une augmentation de leur PIB par tête par rapport à la moyenne de l'UE, alors que parmi les pays de la zone euro, sept ont connu une évolution négative – Autriche, Belgique, Finlande, France, Italie et Portugal. Des chiffres qui nous conduisent inévitablement à nous souvenir des promesses, faites à la fin du siècle dernier, selon lesquelles l'euro serait un « bouclier contre la crise ».



    Monnaie du capital

     

    En guise de bilan, les chiffres désormais publiés par Eurostat viennent compléter les chiffres et prévisions de la Commission européenne, qui montrent bien à qui a profité l'euro (démontrant bien sa nature de classe). Entre 2001 et 2013, en moyenne, les profits ont connu une croissance cinq fois plus élevée que celle des salaires dans la zone euro. Au Portugal, la différence s'est creusée : les profits ont connu une croissance 26 fois supérieure à celle des salaires.



    A la lumière de ce bilan fondamental, on perçoit plus nettement le sens des appels insistants à « sauver l'euro », pour raffermir l' « édifice de la monnaie unique », renforcer et approfondir l'Union économique et monétaire (UEM). Le mal, nous disent-ils aujourd'hui, ne vient pas de ce qui a été fait, mais au contraire ce qui n'a pas été fait.



    Ces appels au salut, partant de milieux très différents, de la droite à la social-démocratie, en passant par la « gauche européiste », servent au bout du compte, les mêmes intérêts. Ce qui aide peut-être à comprendre les votes en session plénière de Novembre au Parlement européen.



    On votait alors un rapport sur l'approfondissement de l'UEM. Un amendement au rapport, présenté par les députés du PCP et signé par d'autres députés du Groupe de la gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, proposait de remplacer le texte « considère nécessaire de placer la gouvernance de l'UEM dans le cadre institutionnel de l'Union, ce qui est une condition préalable pour assurer son efficacité et combler le hiatus politique actuel entre les politiques nationales et les politiques européennes » par un autre, allant dans l'autre sens et clarifiant les choses : « considère important de préserver la démocratie et d'assurer la participation effective des citoyens, ce qui suppose la défense de la souveraineté nationale et l’exercice plein, de la part des institutions nationales, du rôle qui leur incombe, au lieu de leur dévalorisation ou du transfert de leurs compétences aux institutions supra-nationales de l'UE, notamment, par un renforcement du droit des parlements nationaux à décider des politiques de l'UE. »

    FERREIRA JOAO PT



    Le résultat du vote fut le suivant : pour – PCP ; contre – PS, PSD, CDS ; abstention : Bloc de gauche.



    Instructif.

     

    * Joao Ferreira est député européen du Parti communiste portugais (PCP)

     Grève à Noël au Portugal

    Les cheminots, qui font grève aux jours fériés depuis juin pour protester contre une réduction de leur rémunération durant ces jours, ont été rejoints en ce jour de Noël par les employés des bus de Lisbonne et de Porto (nord) ainsi que par ceux du tramway de la banlieue sud de la capitale. Ces services de transports en commun étaient quasiment paralysés en fin de matinée.

    Dans le cadre de la rigueur imposée par l'UE, la BCE et le FMI, le Portugal a cassé son code du travail et réduit les salaires, tout en facilitant les licenciements.
    Au cours de cette année, grèves et manifestations se sont multipliées à l'encontre de la politique d'austérité menée par le gouvernement de centre-droit, qui a provoqué une forte récession économique et un taux de chômage record.

    Le Portugal se vend aux enchères, notamment dans le secteur des transports. Et ses salariés le font savoir, même à Noël. Si le gouvernement a reculé, pour l'instant, sur la vente de la compagnie aérienne TAP Portugal, les privatisations restent sur la table. L’exécutif s’apprête à brader non seulement la compagnie nationale aérienne mais également les aéroports, la télévision publique, les chantiers navals… Les Portugais ont la gueule de bois : le prétendu sauvetage financier de l'Union européenne, de la Banque centrale et et du FM se solde par une régression sans nom et une récession économique structurelle.

    Aucun secteur n’est épargné, faisant renouer le pays avec la pauvreté et l’émigration qui avaient cours du temps de la dictature de Salazar décédé en 1970. Le Portugal a également été le théâtre de deux grèves générales historiques.

    Et 2013 s’annonce déjà très tendue.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • Raoul Hedebouw : « Le PTB n'est pas un parti de Bisounours »

    Sur le PTB, et son évolution récente : Raoul Hedebouw a été interviewé par François Brabant pour levif.be. Retrouvez ici l’interview en intégralité.

    François Brabant (levif.be)
     

    L’ex-parti maoïste a le vent en poupe : 52 élus aux dernières communales, et une échevine en Flandre ! Considéré comme marginal jusqu’il y a peu, le PTB se révèle être une machine de guerre : ultra-organisé, caisses pleines et troupes disposées à tous les sacrifices. Pour un objectif inchangé : en finir avec « le système ». Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, enquête sur le vrai visage du PTB, qui tiendra un congrès en 2013, son premier depuis cinq ans. Pour levif.be, Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB répond à toutes les questions qui fâchent. Que pense-t-il de l’URSS ? Pourrait-il entrer dans un gouvernement avec le PS et Ecolo ? Envisage-t-il le recours à la violence ? Plus qu’une interview, un document.

     Le Parti du travail de Belgique (PTB) a adopté un nouveau look depuis son congrès de 2008. Le sigle du parti n’arbore plus le marteau et la faucille. Mais le fond, lui, a-t-il changé ?

    Le PTB est un parti qui a changé, mais qui conserve ses principes. Cela veut dire que le PTB garde une grille d’analyse marxiste et, pour ses cadres, les mêmes règles d’engagement que celles décidées lors de la création du parti, en 1979. L’engagement militant maximal, le non-enrichissement, la discipline des cadres : c’est un héritage du passé qu’on veut maintenir.

    Les nouveaux statuts du PTB, adoptés en 2008, évoquent « un parti communiste de notre temps ». Cela veut dire quoi ?

    Le débat n’est pas simple, je ne m’en cache pas. Le PTB devra encore évoluer. Mais sans renoncer à ses principes. Le Parti communiste italien, qui était la plus grande formation communiste d’Europe, a complètement disparu en voulant se rénover.

    Etre communiste en 2012, concrètement, ça implique quoi ?

    On veut mettre les moyens de production aux mains de la démocratie la plus large possible. Il n’y a pas de message caché ou de double discours : oui, le PTB est pour une société où les grandes industries appartiendraient au collectif. Je parle des biotechnologies, des compagnies maritimes et ferroviaires, de la sidérurgie… Pas du cafetier du coin.

    Beaucoup contestent votre marketing électoral, vos slogans simplistes, le style quasi publicitaire de vos campagnes.

    On peut reprocher tout ce qu’on veut au PTB, mais la réalité c’est qu’on rend le goût du débat aux gens. Je n’accepte pas la critique de ceux qui disent qu’on alimente l’antipolitisme. C’est le contraire ! Expliquer les intérêts notionnels aux gens, ce n’est pas du discours simpliste, c’est de la pédagogie. Par contre, c’est vrai que sur un tract de quatre pages, on ne peut pas tout dire. Pour mieux se faire comprendre, on utilise l’humour, on met le paquet sur quelques idées. Tous les partis le font ! C’est de la communication élémentaire. On a sans doute été idiots de ne pas le comprendre pendant vingt ans.

    Tous les dirigeants actuels du PTB étaient déjà des cadres du parti à la fin des années 1990, quand vous vous référiez encore ouvertement à Staline et Mao. Forcément, cela alimente la suspicion sur la sincérité du changement de cap opéré par le PTB. Dans quelle mesure le PTB a-t-il rompu avec ce passé-là ?

    Pour répondre, je dois remonter aux élections de 2003. Cette année-là, on a perdu la moitié de nos voix, alors qu’on avait fait campagne comme jamais auparavant. Cet échec a été un électrochoc. On s’est dit : il y a un truc qui cloche, on milite depuis plus de vingt ans, et même dans les bastions industriels, on reste bloqué à 1 ou 2 %. Cela a entraîné des débats assez durs à l’intérieur du parti. Certains ont dit : ça suffit avec ces revendications maximalistes, cette approche provocatrice, cette incapacité à travailler avec les syndicats et les autres partis de gauche ! En fin de compte, cela a provoqué le départ de 3 des 8 membres du bureau national. Ce n’est pas rien ! On parle de la moitié de la direction, dont la secrétaire générale du PTB à l’époque, Nadine Rosa-Rosso. C’est comme si Didier Reynders était exclu du MR… C’est une première réponse à ceux qui prétendent qu’il n’y a pas eu de rupture au PTB : sur le plan organisationnel, il y a eu rupture !

    Longtemps, le PTB a soutenu sans réserve les régimes communistes à Cuba, en Chine, en Corée du Nord, la guérilla maoïste aux Philippines ou au Pérou. Sur ce plan-là, y a-t-il rupture entre l’ancien et le nouveau PTB ?

    Avant, le PTB se comportait un peu comme l’ambassade de tout ce qui s’est fait dans le monde au nom du socialisme. C’est fini, ça ! Le modèle nord-coréen, dynastique, militarisé, peu démocratique, ce n’est pas le nôtre. Mais je dis aussi que la gauche européenne hurle trop vite avec les loups. Nous, au PTB, on ne va pas dire tout le mal qu’on pense de la Syrie, de Cuba, de la Corée du Nord, car on sait très bien que ces discours servent en réalité à préparer les esprits pour une future intervention militaire. Là, on reprend un flambeau qui faisait avant consensus à gauche, c’était un acquis de la charte des Nations unies : pas d’immixtion dans les affaires internes d’un pays. Depuis la chute du mur de Berlin, une autre idéologie s’est imposée, celle du droit d’intervention. Aujourd’hui, quel est le bilan des deux interventions américaines en Irak ? 1,5 million de morts. On refuse de souscrire à cette vision noir-blanc des enjeux géostratégiques.

    Quel bilan faites-vous des expériences communistes au 20e siècle ?

    On voudrait nous mettre dans un coin, nous entraîner dans une révision de l’histoire. Moi, je ne marche pas là-dedans, quitte à perdre des plumes aux élections. Oui, j’ose dire que si l’Union soviétique n’avait pas existé, il y a beaucoup de chances qu’à Liège, on parlerait allemand aujourd’hui. Oui, les communistes ont joué un grand rôle dans la chute de Salazar au Portugal. Oui, le mouvement communiste mondial, avec l’aide des camarades socialistes, a résisté à la dictature de Franco.

    Vous reconnaissez tout de même que le communisme, en Russie, a donné lieu à des dérives sanglantes ?

    Oui, il y a eu des erreurs graves. La preuve, c’est que ça n’existe plus. Mais on ne peut pas dire ça sans ajouter que la révolution a permis d’énormes progrès en matière d’alphabétisation. L’URSS a porté 80 % du poids de la guerre contre le nazisme. Notre sécurité sociale, on ne l’aurait pas obtenue sans la peur du rouge, de l’autre côté du mur. Sur ces débats-là, je suis souvent d’accord avec Philippe Moureaux. Il a une vision critique de l’Union soviétique, mais il refuse de se laisser entraîner dans une relecture, une révision en noir-blanc de toute l’histoire du 20e siècle. Qu’on aille interviewer les 80 000 prostituées en République tchèque ! Depuis la chute du communisme, ce pays est devenu le bordel de l’Allemagne. Qu’on aille interviewer les ouvriers russes qui ont perdu douze ans d’espérance de vie depuis la fin des années 1980 ! Dans l’histoire moderne, on n’a jamais connu des régressions d’une telle ampleur sur des territoires aussi étendus.

    Vous évoquez des « erreurs » commises par le pouvoir soviétique. Lesquelles ?

    Les millions de morts en URSS. La répression. Des erreurs grosses comme des maisons, par dizaines. Il faut analyser tout ça. Mais ce n’est pas là-dessus que va se concentrer le PTB dans les prochaines années. On n’en a pas les moyens humains et matériels. Notre centre d’études se concentre désormais sur une tâche : trouver des solutions. On ne va plus dépenser toute notre énergie pour analyser l’histoire de l’URSS et de Cuba. Mais que des historiens le fassent, de façon approfondie, critique, on ne demande pas mieux. On veut bien être partie prenante du débat.

    Le Parti de la révolution, écrit en 1996 par Ludo Martens, le père-fondateur du PTB, sert aujourd’hui encore de manuel de référence pour les cadres du parti. On y trouve des expressions comme « rectifier et épurer » ou « combattre le déviationnisme petit-bourgeois ». Cela ne vous gêne pas ?

    Ce livre est le reflet d’une époque. L’après-1989 a été dur pour tous les partis marxistes en Europe. La plupart ont disparu. Cela a généré une mentalité d’assiégé. Face au matraquage idéologique, le PTB s’est enfermé dans le dogmatisme, pour maintenir l’existence de l’organisation.

    Imaginons que le PTB grandisse encore dans les années à venir, vous allez vous retrouver confrontés à une question qui a déchiré les écologistes dans les années 1980 et 1990, celle de la participation au pouvoir. Pourriez-vous participer à un gouvernement avec le PS et Ecolo ?

    C’est ça, le débat difficile : quelle doit être la relation de la gauche de gauche avec la social-démocratie ? Quand Die Linke participe à la coalition au pouvoir à Berlin et que ses députés votent les privatisations avec les sociaux-démocrates du SPD, ils font fausse route. Le Parti communiste, en France, a voté les privatisations décidées par le gouvernement Jospin. Ils en sont revenus : c’était une erreur ! Est-ce qu’on accepte d’être une force d’appoint, un aiguillon des majorités de centre-gauche ? Ou alors est-on là pour construire un vrai contre-pouvoir, comme les Fronts populaires dans les années 1930, avec l’objectif d’établir un rapport de forces dans la durée ? Voilà la vraie question.

    Donc, pour vous, participer à une coalition de type « Olivier », c’est exclu ?

    Si on n’a pas la garantie de peser dans le rapport de forces, c’est non ! Quand je lis les programmes des partis aujourd’hui, je ne vois pas avec qui le PTB pourrait former une coalition au niveau national. On n’accepte pas le carcan des directives budgétaires européennes. Rien que là-dessus, on serait en rupture totale. Mais sur le plan local, c’est différent : d’ailleurs, on a pris nos responsabilités en entrant en majorité à Borgerhout.

    Le PTB parle beaucoup de la taxe des millionnaires, des sacs-poubelles payants, des licenciements dans la sidérurgie. Mais il entretient le flou sur le but qu’il poursuit à long terme. N’est-ce pas une forme de manipulation des électeurs ?

    Je suis plus que demandeur d’avoir un débat sur la gauche du 21e siècle avec Thierry Bodson (FGTB), Olivier Deleuze (Ecolo) et Elio Di Rupo (PS). Mais ce n’est pas un débat dont le PTB va parler dans ses tracts… Parce que c’est inaudible ! Ce n’est pas de notre faute si le climat idéologique a tellement changé depuis les années 1970 qu’il est devenu quasi impossible de délivrer certains messages sans se faire quasi insulter. Mais si Le Vif/L’Express veut organiser un débat autour d’une table entre quatre acteurs de la gauche en Belgique francophone, je suis preneur ! Et pas pour discuter des intérêts notionnels ou de la taxe des millionnaires, mais pour vraiment parler de notre projet de société à long terme : vers où veut-on aller ? C’est quelque chose que j’ai toujours respecté chez Jean Gol et chez Jean-Luc Dehaene. Ils ne défendaient pas du tout la même vision que moi, mais eux, au moins, ils osaient les débats idéologiques. Ils se mouillaient en abordant la question : quel modèle de société veut-on ? Aujourd’hui, ça n’existe plus.

    Vous regrettez de n’avoir plus, face à vous, des adversaires aussi « musclés » que Jean-Luc Dehaene ou Jean Gol ?

    Tout le monde s’est converti au social-libéralisme ou au libéralisme social. Tout le monde soutient le Plan Marshall 2.Vert. Les débats politiques sont devenus ennuyeux… Il n’y a plus que des débats techniques. Plus personne n’y comprend rien dans un tel mic-mac idéologique. Heureusement, il reste Didier Reynders et Philippe Moureaux. Vous pouvez me croire ou pas, mais j’ai du respect pour eux. Cela me plait qu’il y ait encore des hommes politiques qui assument leur position sans langue de bois, qui osent les débats francs. Une démocratie a beaucoup à gagner avec ce genre de débats.

    Les militants et les cadres du PTB doivent reverser une partie de leurs revenus au parti. Pourquoi ?

    Cette règle s’applique aux cadres, pas aux simples adhérents. Dans les autres partis, plus on monte dans la hiérarchie, plus on augmente son confort matériel. Au PTB, c’est l’inverse. Nos cadres gagnent le salaire moyen d’un ouvrier. C’est-à-dire entre 1 300 et 1 700 euros. On tient compte de différents paramètres, comme le fait d’avoir des enfants ou pas. Pour nous, c’est une forme de sélection, pour n’avoir à la tête du parti que des gens vraiment motivés. On peut dire que c’est démodé, je m’en fous. On veut maintenir une rigueur idéologique pour préserver l’intégrité du parti. Mon salaire tourne autour de 1 350 euros. Non seulement parce que les finances du PTB sont réduites, mais aussi parce que j’estime que je ne suis pas là pour m’enrichir. Je ne peux pas concevoir un dirigeant du PTB qui gagnerait 3 000 euros par mois. A un moment, qu’on le veuille ou non, on commence à penser comme son portefeuille. Quand les députés gagnent tous entre 2 500 et 5 000 euros, ça crée un certain climat idéologique. Il y a un lien entre le fait qu’aucun député n’a jamais travaillé à la chaîne et la facilité avec laquelle on a détricoté les prépensions.

    Le PTB reste un parti unitaire, bilingue, avec une seule direction nationale. N’est-ce pas en décalage complet avec l’évolution de la Belgique ?

    Au bureau du parti, chacun parle sa langue. La connaissance active du français et du néerlandais constitue une condition pour y entrer. Mais on a aussi appris à tenir compte des différences qui existent entre la Flandre et la Wallonie. Jusqu’il y a dix ans, on distribuait systématiquement les mêmes tracts des deux côtés de la frontière linguistique. On avait cette conception d’unifier le monde du travail… Le débat politique, malheureusement, diffère de plus en plus au nord et au sud du pays. Donc, on en tient compte. La version francophone de notre hebdomadaire, Solidaire, n’est plus une traduction exacte de la version néerlandophone. Par contre, on se refuse toujours à travailler dans des sous-groupes Flandre et Wallonie. J’y suis personnellement opposé. Parce que si on organise le parti en fonction de critères linguistiques, cela va déboucher à un moment sur des lignes politiques différentes, c’est la nature humaine. On veut éviter ça. Mais je ne nie pas que le PTB va aussi devoir préciser son positionnement sur la question nationale. On ne vit pas sur Mars, on sait bien que l’institutionnel sera l’un des enjeux de la campagne électorale en 2014. On doit s’y préparer.

    La candidature de Jean-Luc Mélenchon lors des élections présidentielles en France a reçu beaucoup d’écho en Belgique francophone. Qu’est-ce qui vous différencie de lui ?

    C’est difficile de répondre, car Mélenchon lui-même évolue beaucoup. Où veut-il aller ? Ce n’est pas clair. Mais c’est aussi ce qui rend le personnage intéressant : il est capable d’évoluer. Jusqu’à présent, Mélenchon s’est revendiqué d’une pensée mitterrandienne, c’est-à-dire un réformisme qui s’accommode très fort de l’économie de marché. Nous, on conçoit l’économie en-dehors du marché. On a aussi une vision assez différente de la question nationale. Sur ce sujet, ses discours ont une teinte assez franchouillarde. On n’a pas non plus la même approche de la laïcité. Cela peut se comprendre : il est en France, nous en Belgique, on n’a pas la même histoire. Mais si certains veulent importer chez nous une laïcité offensive à la Mélenchon, un peu comme Bernard Wesphael semble vouloir le faire, on ne se retrouvera pas dans cette vision-là.

    Par rapport au président vénézuélien Hugo Chavez, comment vous vous situez ?

    Moi, je soutiens en grande partie l’approche de Chavez. Mais, depuis la Belgique, ce n’est pas non plus à moi de dire aux Vénézuéliens ce qu’ils doivent faire. Au Venezuela, il y a de vifs débats. Certains pensent qu’il faut approfondir la révolution bolivarienne. D’autres pensent qu’il faut maintenant temporiser. Et que faire sur le plan énergétique, vu que les réserves de pétrole s’épuisent ? Mais si vous me demandez si le PTB estime positive la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez, je réponds oui.

    Le PTB, dans sa façon de concevoir l’action politique, reste-t-il sur une ligne révolutionnaire ?

    Oui, le PTB veut un changement révolutionnaire de la société. Notre démocratie est très faible. Les citoyens n’ont quasi aucun droit d’interpellation au conseil communal. Les quatre partis traditionnels se sont habitués à ce système démocratique faiblard, où on demande juste aux gens de mettre une boule rouge à côté d’un nom, tous les trois ou quatre ans. Nous voulons une démocratie beaucoup plus large que ça. La démocratie, ce n’est pas seulement les élections et le parlement. Une grande partie de nos réformes sociales ont été écrites par des voies extraparlementaires. Je ne vais pas nier le fait que l’histoire en Belgique a été ponctuée de moments violents de confrontation entre les mouvements sociaux et le pouvoir. Non, le PTB n’est pas le parti des Bisounours ! Si j’avais vécu à l’époque du nazisme, j’espère que j’aurais eu le courage de m’engager dans la Résistance. Si Mandela n’avait pas utilisé la lutte armée, l’apartheid règnerait encore en Afrique du Sud. Mais dans le contexte de la Belgique aujourd’hui, nous rejetons clairement la violence. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus.

    Publication originale sur levif.be.

    http://reveilcommuniste.over-blog.fr


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  • Un communisbubenicek.jpgte à la tête d'une région en République tchèque : une première depuis 1989

     

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    Nous l'avions annoncé, c'est officiel : un communiste vient d'être élu gouverneur d'une région en République tchèque. Une première depuis la restauration du capitalisme, en 1989.

     

    Oldrich Bubeníček, candidat du Parti communiste de Bohême-Moravie (KSCM) aux élections régionales d'Octobre, vient d'être élu ce 20 novembre gouverneur de la région d'Ústí nad Labem.

     

    Le KSCM était arrivé en tête dans la région avec 22% des voix, obtenant 20 sièges au Parlement régional, tandis que les sociaux-démocrates du CSSD obtenait 13 sièges. 39 des 53 députés régionaux ont approuvé l'investiture du nouveau gouverneur.

     

    Après la signature d'un « pacte gouvernemental » entre communistes et sociaux-démocrates, le nouveau Conseil régional sera composé de six communistes et de cinq sociaux-démocrates. Outre le gouverneur, le premier vice-gouverneur sera également un communiste, Stanislav Rybák.

     

    Les résultats historiques du Parti communiste lui permettent de participer à la gestion de neuf des treize régions du pays. A Karlovy Vary, autre région où les communistes sont arrivés en tête, des négociations sont en cours qui pourraient aboutir à l'élection d'un deuxième gouverneur communiste

     

    Si la propagande anti-communiste a redoublé depuis le scrutin, les manifestations contre l'élection de communistes aux exécutifs régionaux n'ont guère mobilisé plus d'une centaine de personnes, que ce soient à Zlin en Moravie, en Usti nad Labem ou encore àČeské Budějovice en Bohême du sud.

     

    La manifestation contre les mesures d'austérité le 17 novembre, détournant le jour de la commémoration la contre-révolution de velours, a elle mobilisé plus de 25 000 personnes dans les rues de Prague, répondant à un appel lancé notamment par le Parti communiste et les syndicats.

     

    Les communistes n'ont jamais été aussi populaires en République tchèque. Si les élections législatives avaient lieu demain, les communistes seraient la deuxième force du pays derrière les sociaux-démocrates.

     

    L'anti-communisme recule également au fur et à mesure que le pays s'enfonce dans le crise. Selon un autre sondage de l'agence de presse STEM, une majorité de la population (56%) n'est pas gênée par l'arrivée de communistes au pouvoir dans les régions, hormis pour la population de Bohême centrale.

     

    Plus surprenant encore, le sondage dans la région d'Usti nad Labem révélant que la majorité de la population était plutôt satisfaite de la victoire des communistes dans la région mais guère satisfaite que ce soient les sociaux-démocrates qui aient remporté le scrutin nationalement.

     

    Selon le sondage STEM, les trois principales raisons qui ont poussé les électeurs à voter communiste sont leur rejet du système politique et économique actuel, la reconnaissance envers le seul parti ne baignant pas dans la corruption, enfin l'adhésion aux idées et au programme national du Parti.


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  • Hongrie : l'extrême droite veut une liste des juifs

    Marton Gyongyosi, un dirigeant du Jobbik, parti national radical hongrois, a suscité une vague d'indignation dans son pays en demandant au gouvernement de dresser une liste de juifs représentant un "risque pour la sécurité nationale", y compris parmi les députés.

    Responsable des questions diplomatiques au Jobbik, la troisième formation politique de Hongrie, Marton Gyongyosi juge une telle initiative nécessaire à la suite du conflit dans la bande de Gaza. Le  dirigeant d'extrême droite a réagi en déclarant devant le Parlement, selon une vidéo diffusée lundi soir sur le site internet du Jobbik : "Je sais que beaucoup de personnes d'ascendance hongroise vivent en Israël et que beaucoup de juifs israéliens vivent en Hongrie. Je pense qu'un tel conflit rend opportun un recensement des gens d'origine juive vivant ici, notamment au sein du Parlement hongrois et du gouvernement hongrois, qui, effectivement, constituent un risque pour la sécurité nationale en Hongrie".

    "Je suis un survivant de l'Holocauste", a réagi Gusztav Zoltai, directeur de la Fédération des consistoires juifs de Hongrie. "Chez les gens comme moi, cela génère une peur viscérale, même s'il est évident que tout cela répond uniquement à des considérations politiciennes. C'est la honte de l'Europe, la honte du monde." De 500.000 à 600.000 juifs de Hongrie ont été exterminés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, selon le Mémorial de l'Holocauste à Budapest. "Le Jobbik est passé de l'expression d'une superstition médiévale à une idéologie ouvertement nazie", a écrit Slomo Koves, grand rabbin du Consistoire juif unifié de Hongrie.

    Le scandale a débuté après des propos du secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Zsolt Nemeth, déclarant qu'aux yeux de Budapest, un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien bénéficierait à la fois aux Israéliens d'ascendance hongroise, aux Hongrois juifs et aux Palestiniens vivant en Hongrie. Le gouvernement a vivement condamné ces déclarations. "Le gouvernement rejette strictement les propos extrémistes, racistes et antisémites de toutes sortes et fait tout pour éteindre de telles voix", a-t-il déclaré.

    Marton Gyongyosi a tenté mardi d'atténuer ses déclarations en disant qu'il faisait uniquement allusion aux personnes possédant la double nationalité hongroise et israélienne. "Je présente mes excuses à mes compatriotes juifs pour mes propos qui ont pu être mal interprétés", a-t-il dit, selon le site internet du Jobbik. Il a par la suite affirmé au cours d'une conférence de presse qu'il ne démissionnerait pas et que l'affaire était à ses yeux close, a rapporté l'agence de presse MTI.

    Créé en tant que parti politique en 2003, le Jobbik est entré au Parlement à la faveur des élections de 2010, qui lui ont offert 44 des 386 sièges de l'assemblée. Il a formé la Garde hongroise, une organisation de volontaires non armés rappelant à ses détracteurs les milices d'extrême droite de la Seconde Guerre mondiale.


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