• Grève nationale en Norvège contre la transposition d'une directive européenne de libéralisation du marché du travail

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Grève nationale en Norvège contre la transposition d'une directive européenneLes syndicats norvégiens ont lancé mercredi dernier une grève générale contre le projet gouvernemental de transposition d'une directive de l'Union européenne sur les travailleurs temporaires et intérimaires dans le droit national et le dumping social qu'elle déclencherait.

    Le fait que l'action de grève nationale se soit produit contre une directive qui s'inscrit dans une large mesure dans l'agenda de l' « Europe sociale », ce qui en dit long sur ce que cet agenda porte concrètement.

    Les Norvégiens ont rejeté par deux fois l'adhésion à l'Union européenne lors de référendums, mais le pays a rejoint l'Espace économique européen (EEE) en 1994 et est membre de l'Association européenne de libre-échange (AELE) aux côtés de l'Islande et du Liechtenstein.

    L'adhésion d'Oslo à l'EEE signifie qu'elle doit effectivement suivre les règles de l'UE sur la libre circulation des biens, services, du capital et du travail en échange de l'accès au marché unique européen.

    Cependant, un récent sondage laisse entendre que 76% des Norvégiens voulaient que leurs pays reste en dehors de l'UE.

    Des manifestations syndicales massives se sont tenues dans près de 40 villes dont Oslo, Bergen, Trondheim, Kristiansand, Stavanger, Haugesund, Tromsø, Gjøvik, Raufoss, Fredrikstad, Arendal, Porsgrunn et Sarpsborg.

    Les syndicats affirment que la mise en œuvre de la directive européenne sur les travailleurs temporaires et intérimaires remettra en cause le code du travail Norvégien et diffusera à tous les niveaux l'emploi de travailleurs temporaires et intérimaires, signifiant la fin des contrats stables et affaiblissant les droits des travailleurs et les conventions collectives.

    La directive donne également l'autorité suprême en terme de législation du travail à la Cour de l'AELE, un corps judiciaire supra-national responsable pour les trois membres de l'EEE/AELE, l'Islande et le Liechtenstein et la Norvège.

    Cette cour ressemble fortement à la Cour européenne de Justice de l'UE qui a déjà rendu des jugements draconiens battant en brèche les droits syndicaux à la négociation collective dans les pays voisins de la Suède et de la Finlande, avec les affaires Laval et Viking.

    La Cour européenne a statué que, selon les traités européens, les droits du patron d' « établissement » ont une valeur supérieure aux droits syndicaux fondamentaux, jugements qui ne sont pas passés inaperçus en Norvège.

    La Confédération norvégienne des syndicats (LO) exige que le gouvernement rejette la directive et mette en place des lois qui assurent que les salaires et les conditions de travail de tous ceux qui sont embauchés soient les mêmes que ceux des employés en CDI.

    La Loi sur l'environnement de travail, mise en place en 1994, établit actuellement l'emploi stable comme la norme en Norvège, avec des exemptions réglementées dans l'usage des contrats de travail temporaires.

    Soutenant la grève, le secrétaire de la Fédération internationale des travailleurs du transport David Cockroft a déclaré que la législation Norvégienne sur l'emploi temporaire et le travail contractuel était une des meilleures au monde.

    « La directive ne risque pas seulement de transformer une bonne loi en une loi médiocre – elle pourrait également arracher des droits dont jouissent actuellement les travailleurs et ouvrir la porte à leur remplacement par un personnel intérimaire et précaire qui bénéficiera d'une protection du travail inférieure », a-t-il déclaré.

    Le président de  Fédération internationale des travailleurs du transport Paddy Crumlin a déclaré que les syndicats et les travailleurs Norvégiens intensifiaient la lutte pour défendre une législation qui « répond aux objectifs qu'elle est censée défendre ».

    La Norvège enregistre un niveau de chômage faible en comparaison avec de nombreux autres pays Européens et fait une utilisation bien moindre du travail temporaire. La croissance du nombre de travailleurs temporaires et intérimaires est inégale dans toute l'Europe mais est inextricablement liée au niveau de dérégulation de l'économie en phase avec les directives néo-libérales de l'UE au sein du marché unique.

    Selon les chiffres datant de 2007, on comptait en Norvège seulement à 8 172 travailleurs intérimaires et temporaires. En Grande-Bratagne, on en comptait alors 1,2 millions de travailleurs de ce type. Ces chiffres ont probablement explosé depuis au sein de l'UE et des pressions sont exercées afin que le nombre de travailleurs temporaires augmente en Norvège.

    Un récent rapport, commandé par le gouvernement, du professeur Fredrik Sejersted de l'Université d'Oslo a révélé que la Norvège avait adopté 75% des directives de l'UE ces dernières années et que plus de 6 000 directives européennes ont été transposées dans le droit Norvégien. « Nous sommes presque aussi profondément intégrés que le Royaume-Uni », a-t-il déclaré.

    Son rapport « Outside and Inside » soulève les questions que cela pose pour la société, l'économie et la démocratie Norvégienne et exprime son inquiétude quant aux conséquences politiques de l'adoption des politiques européennes « sans aucun droit de vote correspondant ».

    Sejersted dénote un « important déficit démocratique », suggérant qu'en parallèle à l'intensification de l'intégration de la Norvège à l'UE, le niveau de compréhension de la situation dans les médias, la vie politique et l'opinion publique s'est considérablement affaibli.

    « Il n'y a guère d'autres domaines au sein de la démocratie Norvégienne aujourd'hui où un si grand nombre de personnes en sait aussi peu, comme c'est le cas pour ce qui est de la politique européenne de la Norvège », a-t-il affirmé.

    Les europhiles de tout bord politique vont sans doute reprocher aux travailleurs Norvégiens de résister à cette progressive dérive néo-libérale et les qualifier d' « égoistes », de « protectionnistes » ou même de « racistes », en refusant la dérégulation générale de l'encadrement légal des pratiques de travail.

    Néanmoins, cette grève révèle le fossé croissant entre les revendications démocratiques des électeurs Norvégiens et les manœuvres de la classe politique Norvégienne et sa collusion avec l'UE dans la mise en œuvre de son agenda social et économique néo-libéral, et ce sans aucun mandat populaire.

     

    Source: Morning Star, quotidien du PC Britannique


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  • Le Président du Comité Central du Parti Communiste de la Fédération de Russie, Guennadi Ziouganov, et le coordinateur du Front de gauche, Sergei Udaltsov, ont signé mardi un accord de coopération pour les présidentielles en Mars 2012 (traduction Nico Maury)

     

    Le Parti Communiste et le Front de gauche ont décidé de collaborer à la veille de l'élection présidentielle

     
    La signature de ce document entre Udaltsov et Ziouganov une conférence de presse sera tenue "Il vous sera alors rendu public un plan d'action commun et le Parti Communiste et le Front de Gauche pour l'élection présidentielle du 4 mars"

    L'intégralité de l'accord sera dévoilé à l'agence de presse "Interfax" mardi 17 janvier à 11h.

    Qu'est ce que le Front de gauche en Russie ?

    C'est une coalition de partis d'extrême gauche issue de l'organisation de Garry Kasparov "Autre Russie" pour construire le socialisme et la démocratie en Russie. Cette coalition a été crée en été 2005 et c'est développée notamment lors du Forum Social de Russie (2006).

    Cette coalition comprend :
    -L'AKM (L'avant garde des jeunes rouge) de Sergei Udaltsov, organisation de jeunesse marxiste-léniniste radicale
    -La Ligue des Jeunes Communistes Révolutionnaires (Bolchéviques) proche du Parti des Travailleurs Communistes de Russie - Parti Révolutionnaire des Communistes
    -Le Parti des Travailleurs Communistes de Russie - Parti Révolutionnaire des Communistes crée en 2001 (55.000 adhérents)
    -Action Autonome (anarchiste et libertaire)
    -Le Mouvement Socialiste Russe (Trotskyste construit sur le modèle du NPA, dont il est proche, en 2011)

    Le Front de Gauche a quitté la coalition de Kasparov (Autre Russie) et a refusé l'adhésion du parti de d'écrivain anciennement national-bolchévique reconverti à la social-démocratie, Edouard Limonov, Autre Russie (même nom que la coalition)
     

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  • Règle d'or : le budget belge refusé par l'Europe car pas assez austère !

    Endettement, austérité, règle d'or : des mots qui cachent, en Belgique comme ailleurs, des politiques au service exclusif des classes privilégiées.

    Sarkozy et la droite parlent moins de la "règle d'or ", cette fameuse règle qui obligeait les états européens à être en équilibre pour l'éternité et à devoir rendre des comptes à la Commission européenne. Ce n'est pas parce qu'ils ont abandonné l'idée. C'est plutôt que cette mauvaise idée pour les français risque de plomber un peu plus leurs chances de réélection en cette année électorale.

    La Belgique vient pourtant apporté de l'eau aux moulins de ceux qui dénoncent cette "Règle d'or", comme les communistes.

    Hier, la Commission européenne a rejeté le budget belge car elle estime que ce budget et les "réformes" qui l'accompagnent ne vont pas assez loin dans l’austérité. La Commission exige un nouvel effort de 1,2 à 2 milliards d’euros d’ici lundi matin. Et à la mi-janvier, la Commission fera le jugement de l’application de ses six recommandations (évaluation du semestre européen) et exigera plus que probablement que le gouvernement s’attaque aussi à son calendrier de mise en place.

    Le Parti du Travail de Belgique, parti marxiste et seul parti réunissant wallons et flamands, dénonce cette intrusion de l'Europe dans les affaires belges et rappelle qu'il y a des personnes plus qualifiées que l'Europe pour rejeter ce budget : les belges. 

    Mais, pour le PTB, le rejet du budget d'austérité belge par les travailleurs se fait sur une autre base, bien différente, de la part d'une population qui n’approuve pas que le gouvernement attaque les prépensions, les pensions, les crédits-temps, diminue le pouvoir d’achat. Et qui l’a d'ailleurs fait bruyamment savoir le 22 décembre (avec la grève générale des services publics), qui le fera savoir par des actions au cours de ce mois et par une grève générale le 30 janvier ! 
    Un rejet argumenté par le PTB "car ce budget touche de plein fouet le citoyen alors que les millionnaires restent hors d’atteinte et les grandes entreprises ne participent qu’à 8 % de l’effort. Or, il y a une alternative à ce budget antisocial : aller chercher l’argent là où il se trouve. Par une taxe des millionnaires (8 milliards d’euros), la suppression des intérêts notionnels (4 milliards), la taxe bancaire, la lutte effective contre la fraude fiscale par la levée du secret bancaire. »
    « Nous dénonçons l’emprise croissante de la Commission européenne sur les politiques nationales mais aussi l’hypocrisie de notre gouvernement. Les trois familles politiques au pouvoir en Belgique ont approuvé le fameux “six-pack” qui donne le droit à la Commission européenne d’appliquer des amendes pour les pays qui n’appliquent pas ses directives budgétaires. Ces familles politiques ont approuvé le système de semestre européen qui donne le pouvoir à la Commission européenne d’intervenir dans la politique sociale des pays nationaux" dénonce Raoul Hedebouw, pour le PTB.

    Le gouvernement belge affirme aujourd’hui qu’il ne suivra pas directement la Commission européenne mais qu’il fera un contrôle budgétaire début février, avec de nouvelles économies déjà estimées par la Banque nationale belge à un ou deux milliards d'euros. Autrement dit, le gouvernement belge va réaliser les exigences de la Commission mais... quelques semaines plus tard. Il veut ainsi gagner du temps face au mécontentement croissant de la population.
    L'arnaque de la Règle d'or et de l'équilibre budgétaire

    Avec la Belgique, nous avons l'exemple de ce que donnerait l'application de la Règle d'or chère à l'UMP, au Centre-droit et aux patrons. Ce serait toujours plus de rigueur et toujours moins d'investissements publics !

    Car, un budget public n'a pas à être en équilibre ! Comme un budget familial, d'ailleurs !

    C'est que nos défenseurs de l'austérité mettent toutes les dettes de l'Etat face à son budget pour montrer à quel point notre pays serait endetté. Sauf que, comme pour une entreprise ou un foyer, les dettes (ou crédits) sont remboursables sur 2, 10, 20 ou 30 ans !  Et que, comme pour une entreprise, l'Etat doit faire des investissements, pour le bien commun, même dès fois à perte : cela ne rapporte rien aux comptes de l'Etat  de construire ou d'améliorer l'état des routes, de construire ou rénover des universités, de former et d'embaucher plus d'enseignants, de médecins ou de chercheurs.

    Pourtant, tous ces investissements de l'Etat sont utiles à la société, aux simples citoyens, aux entreprises et aux générations futures.

    Mais, les financiers qui contrôlent l'économie mondiale exigent de leurs relais politiques et institutionnels (Etats, Europe, Bourse, Agences de notation, partis libéraux) qu'ils réorientent un maximum d'argent vers la sphère privée. C'est l'origine des politiques libérales qui visent à alléger les charges des entreprises (suppression de la Taxe pro...), à alléger les impôts des plus riches (bouclier fiscal...) et à ouvrir de nouveaux marchés au secteur privé pour offrir de nouvelles sources de bénéfices aux capitaux (privatisations).

    Il n'y a plus de place pour les investissements d'intérêts communs ni pour les services publics ! Tout cela est considéré comme de l'argent perdu par les capitalistes !

    Règle d'or, austérité, remboursement de la dette publique... Autant de mécanismes montés et utilisés par ceux qui souhaitent maintenir une pression élevée sur les salaires et les avantages sociaux cédés dans le passé aux travailleurs.

    Si la question était effectivement de diminuer l'endettement de l'Etat, pourquoi ne reviendrions nous pas tout simplement sur les avantages accordés par Sarkozy aux riches français et aux entreprises, depuis cinq ans, et qui coûtent au budget national plusieurs dizaines de milliards d'euros par an ? Et pourquoi les états ne pourraient-ils pas emprunter directement auprès de la Banque Centrale Européenne qui prête à 1 % de l'argent que les banques privées prêtent ensuite aux états à des taux de 4 à 7 % ?...

    En France comme en Belgique, il est facile de comprendre que ces politiques de lutte contre l'endettement public servent finalement à réduire le niveau de vie des travailleurs pour maintenir ou améliorer encore un peu plus celui des nantis, ceux qui vivent des dividendes de leurs actions et de leurs placements financiers.

    http://andree-oger-pour-deputee.over-blog.com


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  • orban gyurcsany kezfogo 1Que se passe-t-il réellement en Hongrie ?



    Communiqué du Présidium du Parti communiste ouvrier hongrois



    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



    Ce 1er janvier 2012, une nouvelle constitution est entrée en vigueur en Hongrie. En lien avec  cet événement, la presse Occidentale a publié de nombreux articles où il était affirmé que ce qui se passait en ce moment en Hongrie « conduit à la paupérisation du peuple » et « menace la démocratie et resserre l'emprise du gouvernement sur les médias et la justice en dépit des critiques exprimées par l'Europe et les États-Unis ».

    Le 2 janvier s'est tenue une grande manifestation à l'Opéra de Budapest. L'organisateur officiel de la manifestation, le tout nouveau mouvement Solidarité, compte quelques dizaines de membres. Son dirigeant est l'ancien président du syndicat des forces de l'armée et de la police, il est lui-même un ancien officier de l'armée formé, entre autres, dans les écoles américaines.

    Derrière la manifestation, on peut trouver le Parti socialiste hongrois et les forces libérales ainsi que des « associations civiles » qu'elles ont formées. Dans cette manifestation, n'a participé aucune association qui lutte réellement contre la pauvreté, pour défendre les familles, contre les expulsions, etc. ou par exemple aucune organisation étudiante traditionnelle. Aucun mouvement de paysans, ni syndicat n'étaient présents.

    Parmi les mots d'ordre de cette manifestation, rien sur le nouveau code du travail, aucune protestation contre les mesures et l'ingérence du FMI. La réaction des médias occidentaux à ces événements provient des mêmes sources qui ont soutenu auparavant le gouvernement social-libéral et sa politique d'austérité.

    Mais que se passe-t-il réellement en Hongrie ?

    1.En avril 2010, le parti conservateur Fidesz – Union civique hongroise a remporté les élections législatives et a remplacé le précédent gouvernement social-libéral mené par le Parti socialiste hongrois (MSZP).

    Les partis parlementaires ont estimé que les élections de 2010 constituaient un tournant dans l'histoire Hongroise. Le FIDESZ a déclaré qu'il s'agissait « du début d'une nouvelle révolution ». Les socialistes et leurs alliés, « le début de l'autocratie et de la dictature ».

    2.Le Parti ouvrier communiste hongrois estime pour sa part que le véritable tournant historique s'est produit non pas en 2010 mais en 1989-1990 lorsque le socialisme a été démantelé en Hongrie. Ce fut une contre-révolution capitaliste. Le pouvoir de la classe ouvrière a été remplacé par le pouvoir des forces capitalistes. L’État perdait la propriété des usines et des banques, les fermes collectives ont été privatisées. La Hongrie a rejoint l'OTAN en 1999 et est entrée dans l'UE en 2004. Le système capitaliste, basé sur l'économie privée et la démocratie bourgeoise, s'est installé.

    C'est la transition du socialisme au capitalisme qui a conduit à cette paupérisation généralisée du peuple Hongrois. La Hongrie compte 10 millions d'habitants, 1,5 millions vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui signifie qu'ils vivent avec moins de 200 euros par mois. Près de 4 millions vivent avec un revenu de 250 euros par mois. Officiellement, il y a 500 000 chômeurs, en réalité 1 million de personnes n'ont actuellement aucune chance d'obtenir un emploi.

    Les restrictions de la démocratie n'ont pas commencé en 2010 mais en 1989-1990. Les forces politiques luttant contre le système capitaliste, en premier lieu le Parti communiste ouvrier hongrois (PCOH), n'ont pas la parole dans les médias. L'étoile rouge, la faucille et le marteau - « en tant que symboles de la tyrannie » - ont été interdits en 1993. En 2007, c'est toute la direction du PCOH qui a été accusée de « diffamation publique ». Des campagnes anti-communistes ont été menées quelque soit le parti bourgeois au pouvoir.

    3.La classe capitaliste hongrois compte sur différents partis pour exprimer ses intérêts. D'une part, il y a le FIDESZ, qui exprime les intérêts de la classe capitaliste conservatrice, étroitement nationale, tournée traditionnelle vers l'Allemagne.

    D'autre part, il y a le Parti socialiste hongrois et le Parti « Une autre politique est possible » qui représente la fraction libérale et social-démocrate de la classe capitaliste. Ils sont plus proches des États-Unis et d’Israël.

    La lutte entre ces deux fractions de la classe capitaliste Hongroise a de profondes racines historiques. Avant 1989, il y a avait deux grands courants dans le mouvement d'opposition anti-socialiste, la ligne conservatrice étroitement nationale et la tendance libérale. En 1990, le premier gouvernement capitaliste a été formé par les conservateurs. Dans le même temps, le libéraux ont convenu d'une coopération sur le long-terme avec le Parti socialiste hongrois, parti social-démocrate de droite. Nombreux parmi les dirigeants de ce parti étaient d'anciens dirigeants de la période socialiste mais ils avaient totalement retourné leurs vestes et nombre d'entre eux étaient devenus de riches capitalistes.

    Après avoir démantelé le système socialiste, le forces capitalistes ont créé une nouvelle structure politique qui a existé jusqu'en 2010. Il reposait sur les principes suivants :

    Les forces conservatrices-nationalistes et les libéraux alliés aux socialistes alterneront au pouvoir ;

    Aucun des deux blocs ne pourrait avoir le pouvoir absolu ;

    Ils empêcheront les forces anti-capitalistes d'entrer au parlement ;

    Ils respecteront leurs engagements vis-à-vis de l'OTAN et de l'UE et il n'y aura aucun débat sur les questions de politique étrangère ;

    Toutes les élections législatives entre 1990 et 2006 ont clairement montré un équilibre entre les deux blocs partisans. La situation a radicalement changé après 2006. Il est devenu clair que le capitaliste Hongrois se trouvait en crise profonde. Trois raisons à cela. Premièrement, l'économie Hongroise dépend entièrement du capital étranger. Deuxièmement, les Hongrois sont pauvres, ils n'ont plus d'argent. Troisièmement, la corruption est devenu un problème grave, paralysant le fonctionnement régulier de l’État.

    En 2010, les forces capitalistes ont réalisé que les forces socialistes-libérales ne pouvaient garantir la stabilité interne du système capitaliste, n'étaient pas capables de prévenir les explosions sociales. C'est pourquoi ils ont décidé de remplacer la coalition socialiste-libérale et d'ouvrir la porte au FIDESZ.

    La principale tâche du FIDESZ conservateur, et de son gouvernement dirigé par Viktor Orban, était de se prémunir de toute évolution à la Grecque. Le FIDESZ a remporté les élections avec des slogans sociaux (le plein emploi, la sécurité sociale, etc.). La majorité du peuple était profondément mécontente du gouvernement socialiste-libéral. Le FIDESZ a pu facilement les manipuler et obtenir une majorité des deux-tiers dans le nouveau parlement.

    4.Le gouvernement conservateur a réalisé des changements dans différentes directions :


    Il a renforcé sa propre base de classe. Le FIDESZ a placé se hommes à tous les niveaux de la vie politique, médiatique et culturelle. Il a propagé leur conception qui est de créer une nouvelle classe moyenne.

    Il a satisfait les forces nationalistes en Hongrie en introduisant la double-citoyenneté pour les gens de nationalité hongroise vivant à l'étranger, en mettant en place de nouvelles commémorations liées au traité de paix du Trianon de 1920.

    Il a pris un tournant clairement conservateur et nationaliste dans la vie politique, la culture et l'éducation.

    Il a décidé de prévenir une explosion sociale de différentes manières. Premièrement, il a instauré un nouveau Code du Travail qui accorde des droits très larges aux patrons capitalistes et transforme quasiment les travailleurs en esclaves. Deuxièmement, il a divisé les travailleurs en donnant pas mal d'argent aux cheminots et en augmentant le salaire minimum. Troisièmement, il a conclu un accord avec les grandes confédérations syndicales. Elles pouvaient conserver leurs privilèges et dans le même temps renoncer à une réelle lutte de classe.

    Le nouveau gouvernement a lancé une grande campagne anti-communiste. En 2010, le Code pénal a été modifié. Il y est inscrit que communisme et fascisme sont une seule et même chose, et que ceux qui nient les « crimes du communisme et du fascisme » peuvent être condamnés à 3 ans d'emprisonnement. Jusqu'à présent, il n'y a pu encore de jugement sur cette base légale.

    Dans les derniers jours de l'année 2011, une nouvelle loi a été adoptée encadrant le processus de transition vers une nouvelle constitution. Entre autres, elle déclare que la période socialiste (1948-1990) était illégitime, émaillée de crimes. Des figures de premier plan de l'époque socialiste peuvent être accusés et condamnés. Leurs retraites peuvent être diminuées. La loi contient une déclaration générale : Le Parti socialiste hongrois, en tant que successeur légal du parti dirigeant de l'époque socialiste, est responsable de tout ce qui s'est produit alors. Les conséquences que cela pourrait avoir ne sont pas encore tout à fait claires.

    5.Les forces socialistes-libérales ont lancé récemment une contre-attaque sérieuse contre le gouvernement.

    Le Parti socialiste a repris certains mots d'ordre et certaines revendications du Parti communiste ouvrier hongrois. Ils ont commencé à utiliser la couleur rouge, couleur traditionnelle des communistes.

    Les socialistes et les libéraux ont commencé à créer de nouvelles organisations et mouvements civils. En octobre 2011, le mouvement Solidarité a été créé avec une orientation clairement pro-socialiste.

    Ils ont introduit une nouvelle revendication : à bas le Gouvernement Orban ! Leur programme consiste en la formation d'un nouveau gouvernement socialiste-libéral.

    6.Les États-Unis se sont clairement ingérés dans les affaires internes de la Hongrie. L'ambassadeur Américain à Budapest critique ouvertement le gouvernement officiel et soutient la position des forces socialistes-libérales. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a fait de même dans sa lettre du 23 décembre 2011. La lettre a été publiée par la presse libérale.

    7.Le Parti communiste ouvrier hongrois analyse la situation ainsi :

    Le capitalisme Hongrois est en crise. La crise générale du capitalisme en Europe rend la situation Hongroise encore pire et imprévisible.

    La classe capitaliste Hongroise comprend que si le système de l'euro ou de l'UE s'effondre, cela conduira à de nouvelles explosions sociales encore plus dramatiques qu'en Grèce. Elle comprend que les travailleurs sont en colère et que nombre d'entre eux estiment désormais que le socialisme est un meilleur système que le capitalisme actuel.

    Tant les fractions conservatrices que socialistes-libérales de la classe capitaliste veulent prévenir toute explosion sociale. Ils ne diffèrent pas sur le fond mais bien sur les méthodes qu'ils sont prêts à utiliser.

    Ce qui se passe actuellement en Hongrie, c'est d'une part une lutte commune de la classe capitaliste contre les travailleurs, d'autre part, une lutte entre deux fractions de la classe capitaliste. Il s'agit même d'une lutte entre deux puissances capitalistes dominantes, les États-Unis et l'Allemagne, pour l'hégémonie Européenne.

    Le Parti communiste ouvrier hongrois ne soutient aucun des partis bourgeois. Nous déclarons que les principaux problèmes des travailleurs sont le chômage, les bas salaires, la vie chère, l'exploitation, et les incertitudes quant à l'avenir. Ces problèmes sont le produit du système capitaliste. Les gouvernements capitalistes ne peuvent ni ne veulent y apporter une solution.

    L'unique solution aux problèmes des travailleurs est la lutte conséquente contre le capitalisme et le combat pour une perspective socialiste.

    Le Parti communiste ouvrier hongrois ne soutient pas les manifestations de masse des forces socialistes et libérales. Ils ne veulent pas transformer le capitalisme. Leur objectif est de transformer un gouvernement capitaliste conservateur en un gouvernement capitaliste socialiste-libéral.

    Le Parti communiste ouvrier hongrois ne soutient pas non plus le FIDESZ. Son objectif n'est pas de créer une société socialiste mais bien de réformer et de renforcer le système capitaliste.

    Le Parti communiste hongrois considère qu'il est de son devoir d'expliquer à la population qu'il n'y a qu'une seule façon de résoudre leurs problèmes. Nous devons lutter contre le capitalisme.

    Nous voulons être présents partout où se trouvent des travailleurs. Nous voulons les aider dans les petites choses du quotidien afin qu'ils aient la confiance d'accomplir de grandes choses.

    Nous démasquerons tous les efforts des forces révisionnistes et opportunistes qui cherchent à manipuler les travailleurs et à les conquérir à la cause de la social-démocratie.

    Il n'y a aucune situation révolutionnaire en Hongrie. Mais les choses peuvent tourner mal en Europe et en Hongrie. Voilà pourquoi nous préparons le parti, nos adhérents et nos sections à une lutte de classe encore plus aiguë qui peut se déclencher à tout moment.

    Nous sommes convaincus que cela correspond à la position commune convenue lors de la 13ème Rencontre des partis communistes et ouvriers.

    Légende de la photo : les deux leaders des partis dominants, le premier ministre actuel Viktor Orban (FIDESZ) et l'ancien premier ministre Ferenc Gyursany (PS)


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  • Tribune libre de Vincze Szabo, doctorant à l'Université d'économie de Budapest

    Mais au fait, comment en est-on arrivé là ?

    Selon beaucoup d'observateurs, la Hongrie est considérée comme un laboratoire politique européen. Je propose de revenir brièvement sur l’évolution de ces deux dernières décennies, afin de mieux comprendre la situation actuelle de la Hongrie. Sans tomber dans l’ingérence, l’Europe ne peut ignorer ce qui se passe en Hongrie et devrait en tirer ses propres enseignements afin de sortir de l’impasse économique, sociale et politique dans laquelle elle se précipite.

    Viktor Orban en campagne électorale, 2010 (Crédit : HU-lala)

    Viktor Orban en campagne électorale, 2010 (Crédit : HU-lala)

    Une question lancinante revient fréquemment dans les débats : comment le "meilleur élève" de l'ex-bloc communiste, jeune démocratie la plus prometteuse dans les années 90, peut-elle basculer aujourd’hui dans l’autoritarisme ?

    Marquée par l’empreinte d’un socialisme du goulash, la Hongrie fut le premier pays de la région à ouvrir son économie à l'ouest. La population, à l’exception des opposants politiques, y vivait relativement bien : Kadar[1] s'assurait que les assiettes soient bien remplies et que les vacances au lac Balaton soient à la portée du petit peuple. En contrepartie les hongrois étaient invités à ne pas se mêler de politique. Mais, acheter la paix sociale afin d'éviter un nouveau soulèvement comme en 1956 a un coût et la Hongrie connaît sa première crise de la dette en 1982 et fait donc appel au FMI.

    Ce tournant marque le début des libéralisations à tout va, et pendant près de vingt ans, « les bijoux de famille » sont bradés. Le "meilleur élève de la zone" devient un nouvel eldorado, que renforce la chute de l'URSS. Les investissements coulent à flot, ce qui permet au passage à une certaine élite politique, souvent issue de l'ancien régime, d’en profiter largement.

    Par contre, la situation démocratique et politique reste instable et l’alternance s’opère, élection après élection.

    Figure de la résistance anti-communiste à la fin des années 80 et fondateur de l’Alliance des jeunes démocrates (Fidesz), Viktor Orban prend la tête du gouvernement entre 1998 et 2002, devenant le plus jeune premier ministre en Europe. Sous son mandat, la Hongrie intègre l'OTAN et se rapproche de l'Union Européenne (pour une adhésion effective en 2004) et les réformes économiques continuent, sous l’œil vigilant du FMI, mais sans améliorer la situation des Hongrois.

    En 2002, par opportunisme politique, Viktor Orban réveille la flamme nationaliste. Il fait référence aux blessures historiques du traité de paix de Trianon[2] et distingue les vrais hongrois – qui votent pour lui – des traîtres à la nation – ceux qui ont collaboré avec les soviétiques et qui bradent à présent le pays aux occidentaux. Il perd les élections et doit laisser la place à ses ennemis de toujours, les socialistes.

    En 2003, la Hongrie se prononce par référendum à plus de 80% pour son adhésion à l'Union Européenne. Seule ombre au tableau, une abstention record : 54%. Cela ne préoccupe pas les cadres européens puisque les votants ont bien voté et que la constitution hongroise avait été modifiée au préalable pour permettre de valider un référendum malgré une faible participation. La Hongrie intègre l'Union Européenne au 1er mai 2004, avec neuf autres nouveaux entrants (dont sept anciens pays communistes). L’effet de prospérité espéré à travers cette adhésion à l’Union Européenne ne joue pas, la situation économique reste difficile pour les Hongrois à qui l’on explique qu'il va encore falloir se serrer la ceinture.

    La fuite en avant continue avec le vote au parlement hongrois du traité établissant une constitution pour l’Union Européenne le 20 décembre 2004 à une large majorité, seulement quelques mois avant que le texte de plus 500 pages ne soit traduit en hongrois !

    De la chute de Ferenc Gyurcsany au grand retour de Viktor Orban

    En avril 2006, pour la première fois dans l’histoire de la jeune démocratie hongroise, la majorité parlementaire sortante est réélue. Orban perd à nouveau face aux socialistes alliés aux Démocrates libres(SzDSz). Le premier Ministre sortant Ferenc Gyurcsany, ancien membre des jeunesses communistes devenu homme d'affaires prospère, reste aux commandes et va pouvoir s'atteler à développer une politique néolibérale orthodoxe.

    En septembre 2006, la radio publique hongroise diffuse un enregistrement de Gyurcsany, fait à son insu, lors d'une réunion à huis clos. Avec un franc-parler rare en politique, celui-ci avoue avoir menti lors des dernières élections afin d’assurer sa réélection. Il admet avoir caché que l'économie hongroise était à l'agonie pour mieux faire miroiter des réformes de justice sociale, tout en sachant déjà qu'il va continuer à appliquer une politique d’austérité. Plusieurs milliers de personnes descendent dans les rues de Budapest pour demander sa démission. Les commémorations du 50ème anniversaire du soulèvement de 1956 se transforment en affrontements violents.

    Gyurcsany refuse de démissionner tandis que Orban exploite la situation et attise les émeutes. L'Europe ne sourcille pas sur le cas d'un pays pourtant récemment intégré. En effet, la politique économique de Gyurcsany, puis de Gordon Barnai, premier ministre « technocrate » depuis avril 2009, ont les faveurs de Bruxelles et Washington : une politique néolibérale empreinte d'austérité et de rigueur économique,  « des réformes comparables à ce que ­Mario Monti est en train de faire en Italie » pour reprendre l'économiste Erik Berglof dans le Figaro.

    La principale victime demeure : la démocratie hongroise.

    L'opportunisme et le cynisme de Gyurcsany et de son équipe couplés aux plans d'austérité entraînent désillusions et déceptions envers le libéralisme économique et l'Union Européenne. L’état de la société hongroise est du pain béni pour Viktor Orban. Il s’allie avec les chrétiens démocrates (KDNP) et remporte largement les élections de 2010 sans avoir présenté de vrai programme électoral.

    Les faux-semblants d’Orban

    Je propose ici de faire un point sur ce qui est souvent mal compris, simplifié, encensé ou diabolisé à l'étranger autour de la politique de Viktor Orban : « Il est important de préciser (...) qu’il n'est pas un fasciste. Sur le plan économique, par exemple, il suit une ligne qualifiée de "non orthodoxe" et qui se situerait entre Chevènement et de Villiers, si on la comparait à ce qui peut être proposé en France », pour reprendre l'analyse de Paul Gradvohl dans Le Monde.

    Quand le pouvoir rend fou !

    Lors de son premier mandat de Premier Ministre, Viktor Orban avait déjà montré des signes inquiétants relatifs à son rapport au pouvoir. Il n’avait pas hésité à jouer sur la fibre nationaliste afin de s'attirer les faveurs du vote d'extrême droite. Malgré ses défaites en 2002 puis en 2006, il a gardé le pouvoir au sein de son parti, le Fidesz, qu'il dirige d’une main de fer depuis sa fondation. Désormais, grâce à la majorité absolue dont il dispose au parlement, il continue de faire avec la Constitution et les institutions démocratiques hongroises ce qu'il a fait avec le Fidesz : s'approprier les pleins pouvoirs. Ce qui surprend, c'est qu'il n'a pas d'autre idéologie que de conserver les pleins pouvoirs pour les années à venir.

    Aujourd'hui, Orban et son équipe s'enferment dans une tour d'ivoire, déconnectée de tout sens des réalités. Le système s’est extrêmement centralisée, toutes les décisions, même les plus mineures, passent par lui. Il a en fait reproduit un système pyramidal rigide qui n'a rien à envier à ce qu’il combattait en tant que jeune révolutionnaire dans les années 80, le Kadarisme.

    La méthode Orban ou comment appliquer une politique économique orthodoxe avec des mesures hétérodoxes

    Alors qu’aucun obstacle ne semble pourvoir l’arrêter dans le pays,  Orban a décidé de se réapproprier l'économie hongroise à grands coups de déclarations et de projets spectaculaires : comme ignorer le FMI, taxer les banques et les produits financiers, taxer les multinationales qui s'enrichissent depuis le changement de régime en Hongrie, nationaliser les fonds de pension privés mis en place par les socialistes et plus récemment remettre en question l'indépendance de la banque centrale de Hongrie.

    Cependant, ces mesures hétérodoxes et choquantes pour les technocrates de Bruxelles et Washington, n'ont malheureusement pas pour but de protéger les plus démunis mais plutôt de servir davantage les classes les plus hautes hongroises ainsi que les intérêts privés d'une petite oligarchie à travers des cadeaux fiscaux, tel que la mise en place d'une flat-tax ou de réformes protectionnistes ! Ses mesures servent aussi à rembourser la dette hongroise.

    Orban déroute, agace, ne fait rien comme personne et devient donc la cible des donneurs de leçon occidentaux. Sa politique imprévisible en a aussi fait la cible des agences de notation, le forint subit et peut subir à tout moment des attaques spéculatives qui pourraient avoir des conséquences sociales dévastatrices.

    Jusqu'à ce jour, Washington et Bruxelles se sont montrés discrets malgré les frasques et les provocations du nouveau « roi Orban ». La crise de la zone euro a fait beaucoup d’ombre à la Hongrie.

    Mais l'Union Européenne peut-elle prendre le risque de laisser couler la Hongrie ? Un tel effondrement pourrait toucher et affecter de nombreux investisseurs étrangers, en particulier les banques autrichiennes, sans parler d'une population abandonnée aux frasques d'un dirigeant autoritaire ayant comme seul objectif de rester au pouvoir. Mais là n'est pas l'essentiel.

    La Hongrie : un laboratoire politique ?

    La Hongrie est un pays singulier du fait de histoire passée et récente, de sa situation politique, géographique mais aussi de son particularisme culturel : « la Hongrie est une île au milieu de l'Europe Centrale » avec une barrière linguistique très forte.

    Plusieurs observateurs tendent à penser qu’il s’agit là d’un véritable laboratoire politique au cœur de l’Europe : il s’analyse à la lumière des déceptions politiques et vis-à-vis du système démocratique, qui émergent dans plusieurs endroits de l’Occident mais aussi du fait de l'essoufflement d’un modèle économique alignant les plans d'austérité qui plongent la population hongroise dans une situation de plus en plus précaire (1/3 des hongrois vivent en dessous du seuil de pauvreté dont un million dans des conditions d’extrême misère !).

    L'émergence d’un régime autoritaire Orbanesque ainsi que la montée de l'extrême droite sont les conséquences des politiques successives menées avec le soutien du FMI et de l'UE depuis plus d'une décennie. Ces politiques n'ont cessé de remettre en question la souveraineté démocratique hongroise et de fragiliser la société tout en confortant l’élite oligarchique. Les frustrations accumulées sont d'autant plus grandes que ce modèle, démocratie représentative et économie de marché, soulevaient beaucoup d'espoirs. Désormais, l’illusion d’un bonheur incarné par la capacité à consommer toujours plus promue par la publicité, ne cesse de créer des jalousies, frustrations et de détruire les liens humains de solidarité dans une société au bord de l’explosion.

    "Contre Orbán, oui ; avec l’étranger, non !"

    Les accords Sarkozy-Merkel de la fin de l'année dernière vont dans la même direction et mène une Europe, toujours plus autocratique, tout droit vers les mêmes dérives dictatoriales ou extrémistes que connait aujourd'hui la Hongrie. Le philosophe hongrois Tamas Gaspar Miklos avertit très justement la tentation d’ingérence, "Contre Orbán, oui ; avec l’étranger, non !". Imposer de nouvelles politiques économiques et sociales restrictives, comme ce fut le cas par le passé et comme les mettent actuellement en place les gouvernements sponsorisés par « Goldman Sachs » ferait inévitablement le jeu de l'extrême-droite.

    Il est temps de construire une alternative et surtout de nous réapproprier nos choix de vie aussi bien pour les Hongrois en Hongrie que pour le reste de l’Europe. Pour éviter le chaos, il faut que l’Europe arrive à faire son autocritique et comprenne qu’en continuant à remettre toujours plus en cause la souveraineté démocratique des peuples pour leur imposer toujours plus de plans de sauvetage de l’Euro, sommet après sommet, elle nous mène à sa propre perte.

    Il faut au, contraire, commencer à construire cette Europe fédérale pour les peuples et par les peuples. Cela commence par la mise en place d’une réappropriation démocratique de la banque centrale européenne et donc de la création monétaire accompagnée de la mise en place d’audits citoyens de la dette comme les proposent Attac et le CADTM.

    D'une « nouvelle résistance »... vers une démocratie réelle ?

    Une « nouvelle résistance » pour reprendre la campagne lancée par le jeune parti écologiste LMP est en marche en Hongrie, mais sera-ce suffisant ? C’est au peuple hongrois de descendre dans la rue, de chasser Orban et de construire sa transition vers la soutenabilité écologique et énergique mais aussi économique et encore plus de décider et de reconstruire ses institutions démocratiques.

    La députée Virag Kaufer (LMP-Une autre politique est possible) vient de démissionner du Parlement car il aurait perdu, selon elle, toute légitimité démocratique. Même si il est important de continuer à combattre au Parlement, elle dit se sentir plus utile dans la rue avec la société civile à essayer de construire des communautés solidaires plutôt qu’à exacerber les passions.

    C’est aujourd’hui le défi des peuples européens de se réapproprier la démocratie et de créer de nouveaux modèles économiques soutenables, mais surtout souhaitables.

    Vincze Szabo, doctorant à l’université d’économie de Budapest.

     http://www.hu-lala.org/2012/01/05/bienvenue-en-orbanistan/#


    [1]    Dirigeant historique de la Hongrie communiste, décédé en 1989.

    [2]    Signé le 4 juin 1920 au grand Trianon à Versailles par les belligérants de la première guerre mondiale pour régler le cas de la partie hongroise de l'Autriche-Hongrie suite à leur défaite.


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    Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté lundi à Budapest contre la nouvelle constitution hongroise, jugeant qu’elle porte atteinte à la démocratie, tandis que le gouvernement célébrait l’entrée en vigueur de celle-ci lors d’une cérémonie.

    "Dictature d’Orban", "Orbanistan", scandaient les manifestants à l’adresse de leur premier ministre, Viktor Orban. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté lundi à Budapest contre la nouvelle constitution hongroise, qui entre en vigueur le 1er janvier. Les organisateurs de la manifestation, intitulée "Il y aura de nouveau une république", ont indiqué que près de 100.000 personnes se sont rassemblées en fin d’après-midi sur l’une des principales artères de la capitale hongroise. Le nom de l’événement faisait référence à l’une des dispositions de la nouvelle constitution, entrée en vigueur au 1er janvier, qui remplace la "République de Hongrie" par la simple "Hongrie".

    Le parti socialiste MSZP, le parti écologiste de gauche LMP et le nouveau parti DK de l’ancien Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany ont participé au rassemblement, mais les membres de la classe politique ne devaient pas s’exprimer. Les manifestants brandissaient des pancartes indiquant "Assez !". Dans le même temps, les membres du gouvernement et le président Pal Schmitt arrivaient pour une cérémonie à l’Opéra de Budapest pour l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution. "Viktor Orban et ses serviteurs ont fait passer la Hongrie d’un endroit prometteur au lieu le plus sombre d’Europe", a commenté avant le début de la manifestation le député socialiste Tibor Szanyi.

    L’indépendance de la justice menacée

    La Loi fondamentale, adoptée en avril grâce à la majorité des deux-tiers dont jouit au Parlement le parti Fidesz de Viktor Orban, a suscité les critiques de l’Union européenne, de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton et d’Amnesty International. Ses détracteurs reprochent à la nouvelle constitution de limiter les pouvoirs de la Cour constitutionnelle, de menacer le pluralisme des médias et de mettre fin à l’indépendance de la justice.

    http://lci.tf1.fr/monde/europe/hong...


    Constitution hongroise : préférence nationale... par euronews-fr

     

    http://bellaciao.org/fr


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  • La très controversée nouvelle Constitution entre en vigueur en Hongrie

    La nouvelle Constitution hongroise voulue par le Premier ministre Viktor Orban, aux accents très nationalistes, est entrée en vigueur dimanche 1er janvier, instaurant des réformes très controversées de la Banque centrale, de la justice et de la loi électorale en dépit des critiques internationales.

    Le Premier ministre Viktor Orban, s’appuyant sur une majorité des deux-tiers au Parlement, a entamé depuis 18 mois une profonde réforme de la législation de la Hongrie, avec de nombreux amendements de la Constition à son avantage.

    Voici les principales lois entrées en vigueur avec la nouvelle Constitution le 1er janvier ou auparavant, dont certaines ne pourront à l’avenir être modifiées qu’à la majorité des deux-tiers au Parlement :

    – L’appellation « République de Hongrie » disparaît au profit de la seule « Hongrie ».

    – La Constitution rend rétroactivement « responsables des crimes communistes » commis jusqu’en 1989 les dirigeants de l’actuel Parti socialiste (ex-communiste).

    Religion

    – Introduction d’une référence explicite à « Dieu » dans la Constitution : « Dieu bénisse les Hongrois ».

    – Les communautés religieuses bénéficiant de subventions publiques sont réduites de 300 à 14.

    Loi électorale

    – La nouvelle loi prévoit l’élection à un seul tour, au scrutin de circonscription et au scrutin proportionnel de liste, avec 199 députés au lieu de 386. Les petits partis ne pourront plus négocier leur désistement en vue d’un second tour. Les reports de voix de candidats non-élus au scrutin de liste profiteront à la liste arrivée en tête.

    – Le droit de vote est reconnu aux Hongrois d’origine vivant à l’étranger.

    Nominations

    – Le mandat des titulaires de postes importants de l’appareil d’Etat : économie, justice, police et armée, est porté à neuf ou douze ans. Un futur gouvernement d’une autre couleur politique sera en conséquence confronté à un appareil d’Etat hostile, aux mains de fidèles de Viktor Orban.

    Economie et finances

    – La loi de « stabilité financière » inscrit dans la loi fondamentale le taux unique de 16 % de l’impôt sur le revenu, ainsi que le niveau des retraites

    – Création d’un Conseil budgétaire de trois membres nommés par le Premier ministre, qui aura le pouvoir d’opposer son veto au projet de budget.

    – Banque centrale : l’influence du gouvernement est renforcée. Son président ne pourra plus choisir ses trois adjoints qui seront désignés par le Premier ministre – Le Conseil monétaire passe de sept à neuf membres. Les deux membres extérieurs supplémentaires seront nommés par le Parlement, comme c’est le cas pour quatre autres.

    – Le forint devient constitutionnellement la devise nationale. Conséquence : une adhésion à l’euro de la Hongrie, objectif de Budapest à l’horizon 2020, nécessitera au Parlement une majorité des deux-tiers.

    – La TVA (taxe à la valeur ajoutée) est augmentée de 25 à 27 % Société

    – La Constitution décrète que l’embryon est un être humain dès le début de la grossesse.

    – La Constitution stipule que le mariage ne peut avoir lieu qu’entre un homme et une femme, excluant les mariages homosexuels.

    – Une loi rend les sans-abri éventuellement passibles de peines de prison.

    Médias publics

    – Radio-télévision et agence de presse MTI sont regroupés en une seule entité supervisée par un Conseil des médias dirigé par une proche du Premier ministre Viktor Orban.

    – L’unique radio d’opposition Klubradio s’est vu retiré sa fréquence.

    http://www.lesoir.be/actualite/mond...


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  • Quelques semaines après la prestation de serment du nouveau gouvernement belge, il est temps de voir quels sont les antécédents des nouveaux dirigeants (même si la plupart ne sont pas si neufs que ça). Extraits de leur casier (qui devrait être) judiciaire

    Belgique : La composition du gouvernement Di Rupo n'est pas pour rassurer


     

    1|Elio Di Rupo

    (Premier ministre) 

    - Plus grand privatiseur de l’histoire de Belgique ? Sans aucun doute vu son palmarès. Comme ministre dans les années 90 : privatisation de la SNI (Distrigaz), de Belgacom, de la SNCI et d’INCA, du CCB, de la CGER (banque), de la Sabena et de La Poste. Comme président du PS l’OCCH (banque) et BIAC ainsi que la libéralisation du « rail ».

    - Schizophrène ? « À l’échelle de l’Europe, l’idéologie libérale nous mène, si l’on n’y prend garde, au désastre social », déclare-t-il en 2009. Mais, deux ans plus tard, face à la colère syndicale contre les mesures d’austérité qu’il met en œuvre, il répond : « Il fallait faire ce qu’il fallait faire (sic) et respecter formellement les recommandations de la Commission européenne. »

    - L’argent des communes pour sauver la banque Dexia  ? « Les autorités locales doivent continuer le mouvement de soutien des autorités publiques aux banques », déclare Di Rupo, en tant que bourgmestre de la Ville de Mons. Rappelons au passage que le président du PS siégeait au CA de Dexia en 2005…

    - « Sans nous ce serait pire. » Heu… Comme ajoute Nico Cué (MWB) : « Avec eux... ce n’est pas mieux ! »

    2|Johan Vande Lanotte

    (Ministre de l’Économie, des Consommateurs et de la Mer du Nord)

    - Il est l’un des fossoyeurs de la Sabena, étant donné le rôle crucial qu’il a joué dans l’accord dit de l’hôtel Astoria, signé avec Swissair.

    - Comptable inventif. En tant que ministre du Budget, il vend des édifices publics pour les racheter immédiatement après. Résultat : l’État fédéral paie chaque année 473 millions d’euros de plus par rapport à ce que la vente a rapporté.

    - Cède la société ABX Logistics (le service de transport de la SNCB) gratuitement : 600 millions d’euros envolés.

    - Quelqu’un a-t-il par hasard des nouvelles de son fameux « Fonds argenté » (fonds de vieillissement) ?

    - Electrawinds, JVL Comm V, basketbalclub Telenet Oostende, Otary, Muzee, EOS, Sleuyter Arena, Coastal Union, Rebo, Eco nv… La liste des conseils d’administration qu’il va devoir quitter à présent qu’il est à nouveau ministre est longue.

    3|Pieter De Crem

    (Ministre de la Défense)

    - De Crem espère refaire de la Belgique « un allié fiable des États-Unis, au sein de l’OTAN ». Également connu comme le ministre de la Guerre.

    - Aller se battre loin du Royaume pour défendre des intérêts économiques, c’est ce que Rambo De Crem (ou « Crembo ») a dû expliquer il y a quelques années et, pour ce faire, il n’a pas hésité à citer Martin Luther King pour justifier son interventionnisme : « Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier. »

    - À New York, il arrive « mort saoul » dans un café. La serveuse qui a relaté les faits sur son blog a été licenciée quelques jours plus tard.

    - Sobre, il se comporte en véritable dévot. En 2008, il s’est rendu avec ses soldats en pèlerinage à Lourdes.

    4|Didier Reynders

    (Ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes)

    - Ministre des rupins. Père de mécanismes fiscaux aussi opaques que coûteux tels que les intérêts notionnels, son (long) passage au ministère des Finances aura été marqué par une politique ultra favorable aux plus nantis. Il est vrai qu’il est ami avec les plus riches de ce pays (Albert Frère, le vicomte Davignon, Didier Bellens, etc.).

    - À l’heure où les banques faisaient (et font) des bénéfices indécents aux dépens du personnel et des (petits) clients, Reynders prend la défense des banquiers dans Le Soir (2 janvier) : « J’ai parfois l’impression qu’on classe ce secteur en dehors du monde réel, c’est lié à une idéologie, voire à une démagogie sur le thème de la spéculation. » Précision importante  : il a lui-même présidé le Conseil d’administration d’une banque avant d’être ministre.

    - Son arrivée au ministère des Affaires étrangères est déjà marquée par un « coup d’éclat » : son refus de se rendre au Congo pour l’investiture de Joseph Kabila, réélu démocratiquement malgré des irrégularités.

    5|Monica De Coninck

    (Ministre de l’Emploi)

    - « Tout le monde au travail, quel que soit le travail, l’endroit, les conditions et le salaire » : à la tête du CPAS d’Anvers depuis des années, elle a été proclamée reine de l’activation. Les médecins se plaignaient de la pression ressentie par les patients bénéficiant d’une allocation pour divulguer certaines informations médicales.

    - Elle trouve que Dalrymple, l’idéologue de la nouvelle extrême droite « marque un point » et « qu’elle va pouvoir discuter de sa politique avec la N-VA puisque Liesbeth Homans, le bras droit de Bart De Wever, a déjà annoncé qu’elle soutenait à fond son approche. »

    - Fait partie des architectes de la privatisation des hôpitaux du CPAS d’Anvers et de la suppression des services d’urgences. Demande la fermeture des hôpitaux Erasmus et Stuyvenberg.

    - Avait déjà fait installer une douche de luxe dans son bureau. Coût : 15 000 euros. Reste à savoir si elle va l’emporter à Bruxelles.

    6|Annemie Turtelboom

    (Ministre de la Justice)

    - Sa politique d’asile lui a valu toute une série de surnoms (Annie de fer, la tortue, etc.) L’avantage c’est que sa vision est claire : régulariser un minimum de sans-papiers et laisser mourir les grévistes de la faim. 

    - A fait en sorte que la police belge puisse désormais utiliser librement les tasers, ces armes à électrochocs importées des USA.

    - Mais pas contre ceux qui se rendent coupables de fraude fiscale et corruption. En effet, pour Annemie cette catégorie de personnes ne doit plus être une priorité pour la police. C’est d’ailleurs ce qu’elle écrit dans le plan de sécurité nationale 2012-2015.

    - « Turtelboom, casse toi, notre grève n'est pas à toi » : c’est le slogan que l’on a pu entendre lorsque l’année dernière, Annemie a tenté de casser la grève des convoyeurs de fonds de chez Brinks en sous-traitant les activités à la filiale Brinks Diamond & Jewelry.

    7|Olivier Chastel

    (Ministre du Budget et de la Simplification administrative)

    - Chevalier blanc ? Alors que, dans les médias, il critiquait à fond les affaires du PS carolo, il négociait en secret avec le PS une coalition communale PS-MR. Il paraît même que l’alliance était conclue lors d’une cérémonie maçonnique...

    - Chevalier blanc ? Non, Chastel la magouille. Au temps où il était ministre des Arts et des Lettres, de plantureux subsides ont été versés à une asbl dont il était président d’honneur, située à sa permanence MR et dirigée par son demi-frère qui était également son fidèle bras-droit...

    8|Joëlle Milquet

    (Ministre de l’Intérieur)

    - Madame chasse aux chômeurs. Se vantait en juin de cette année d’avoir fait passer le nombre de chômeurs sanctionnés de 77 000 à 108 000 comme ministre de… l’Emploi.

    - « Madame Non » a aussi œuvré au rééquilibrage entre les Régions : en quelques années, le nombre de chômeurs wallons sanctionnés a rattrapé et puis dépassé le nombre d’exclus en Flandre : 46 000 en Wallonie pour 45 000 en Flandre. Pour Bruxelles, on est passé de 11 000 sanctionnés à 16 000.

    - Travail forcé ? C’est l’impression qu’ont eue les travailleurs en grève d’INEOS en octobre dernier. La police a débarqué chez eux pour les forcer à reprendre le travail. Une réquisition ordonnée par… Joëlle Milquet. Scandaleux et illégal puisque l’ordre a par la suite été annulé par le Conseil d’État.

    9|Laurette Onkelinx

    (Ministre des Affaires sociales et de la Santé)

    - Fossoyeur de l’enseignement francophone. Avec les coupes sombres dans les budgets et en particulier, la liquidation de 3  000 postes d’enseignants dans le secondaire.

    - En 2009, alors ministre de la Santé, elle était l’invitée du Pharma Executive Club, devant une trentaine de bonzes de l’industrie pharmaceutique. Elle a annoncé à cette occasion qu’elle laissait tomber complètement le modèle kiwi dans un souci… d’un dialogue mature et constructif.

    - C’est dans son cabinet, alors qu’elle était à la Justice, qu’a été mis au point le complot pour extrader illégalement le Belge Bahar Kimyongür vers la Turquie, alors qu’il y dénonçait les violations répétées des droits de l’homme et les conditions des prisonniers politiques.

    - Habite dans une villa à Lasne (commune la plus riche de Wallonie, deuxième du pays)… mais parachutée dans la commune (plus populaire) de Schaerbeek où elle aspire à devenir bourgmestre. 

    10|Vincent Van Quickenborne

    (Ministre des Pensions)

    - Débute sa carrière sur une farce en faisant le pari de fumer un joint au Sénat. Plus tard, il a participé au procès intenté contre Ariel Sharon pour génocide, s’est rendu en Irak pour dénoncer l’embargo et a bu un thé avec le chef du Hamas...

    - Se transforme en arriviste néolibéral pour qui les fonctionnaires sont des fonctionnaireset l’état n’a pas à se mêler du salaire des grands directeurs. Une position qui, en 2008, lui vaut d’être promu au poste de ministre.

    - Estime que ces prochaines années, outre l’indexation automatique des salaires, il ne devrait plus y avoir d’augmentation salariale. De son côté, il gagne en tant que ministre environ 10.000 euros par mois.

    - Ancien membre de la Volksunie, il souffre d’un ulcère flamingant récidivant, responsable de ce rabâchage sur « l’électeur flamand qui veut que la Wallonie l’écoute »**.

    11|Sabine Laruelle

    (Ministre des Classes moyennes, PME, Indépendants et Agriculture)

    - Soutien indéfectible de Didier Reynders.

    - Libérale qui aime la chair de fonctionnaires (1). Elle déclarait en 2007 : « Il y a moyen d’employer mieux une partie des 33 000 fonctionnaires (des Finances, NDLR) plutôt que de les laisser jouer au sudoku. »

    - Libérale qui aime la chair de fonctionnaires (2). En 2011, elle récidive en attaquant directement Marco Van Hees, fonctionnaire aux Finances et spécialiste fiscalité du PTB. Un fonctionnaire n’a pas le droit de s’exprimer et n’a qu’à appliquer les lois de manière aveugle, selon elle. Réaction de la CGSP : « Une attaque personnelle abjecte » contre un fonctionnaire qui dénonce « des faits et des idées qu’elle et son parti sont incapables de contrer dans un débat digne de ce nom. »

    12|Steven Van Ackere

    (Ministre des Finances et du Développement durable)

    - Affilié à l’ACW (pendant néerlandophone du MOC), il a débuté sa carrière à la Kredietbank.

    - Connu pour son art d’amorcer les virages. En 2010, il plaide pour l’adhésion de la Libye au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Lorsqu’en 2011, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis attaquent Kadhafi, on le retrouve en première ligne.

    - Un type aimable, sauf envers celui qui ose s’attaquer à Israël. Il était contre une enquête internationale après l’attaque israélienne de la flotte humanitaire pour Gaza. Ce qui lui a valu son surnom de « lâche ».

    13|Paul Magnette

    (Ministre des Entreprises publiques, de la Politique scientifique et de la Coopération au développement)

    - Vive l’écologie ! Avec Magnette : autorisation à E.on d’ouvrir une centrale à charbon dans le port d’Anvers, recul de la sortie du nucléaire, etc.

    - À la solde des agences de notation ? « Même si nous ne devions pas le faire parce que l’Europe l’impose, il faudrait le faire tout de même, sous peine de faire payer les travailleurs pour les intérêts aux banques. »

    - « J’ai rencontré beaucoup d’acteurs de terrains. Tout le monde reconnaît qu’il y a des fraudeurs. » Il faut donc plus de contrôle. Parle-t-il des 20 milliards annuels de fraude fiscale ? Non, des personnes qui ne trouvent pas d’emploi…

    - Avec l’ex-ministre de l’Énergie, il n’y a qu’un seul gagnant sur le marché libre de l’énergie : Electrabel (des milliards de bénéfices chaque année). Au grand dam de tous ceux qui n’arrivent plus à payer leur facture…

    14|John Crombez

    (Secrétaire d'État à la Coordination de la Lutte contre la fraude sociale et fiscale)

    - Pour les intérêts notionnels : « Aujourd’hui encore je n’ai pas peur de dire que c’est une mesure qui renforce les entreprises. »

    - Contre la banque publique.

    - Veut faire des économies sur le dos des fonctionnaires.

    - Ne voit aucun inconvénient aux pratiques du richissime Luc Van Den Bossche, qui récemment n’a eu aucune gêne à réclamer à BIAC une indemnité de départ rondelette alors qu’il s’agissait d’une démission. « Luc travaille pour une entreprise privée et n’occupe plus aucune fonction au sp.a ».

    - Lors de sa nomination, il a voulu « rassurer les fiscalistes » en déclarant n’avoir pas le moindre projet concernant l’instauration d’un cadastre des fortunes. L’absence d’un tel cadastre rendra difficile l’instauration d’une taxe des millionnaires et une lutte efficace contre la fraude. 

    15|Servais Verherstraeten

    (Secrétaire d'État aux Réformes institutionnelles et à la Régie des bâtiments)

    - « Le système a permis non seulement de sauver des emplois, mais aussi d’en créer » : si Servais Verherstraeten n’est pas pour les intérêts notionnels, il ne les condamne pas pour autant. Même dans le cas d’AB-InBev. « Vous ne pouvez pas me demander de vérifier l’efficacité de la déduction des intérêts notionnels sur base d’un seul dossier. »

    - Campinois tout à fait à son aise dans le secteur du diamant à Anvers. Lorsque Jan Jambon (N-VA) fonde le « diamantclub », un lobby parlementaire qui défend les intérêts du secteur diamantaire, il est un des premiers à grimper dans la charrette.

    16|Maggie De Block

    (Secrétaire d'État à l’Asile, l’Immigration et l’Intégration sociale)

    - Farouche adversaire du modèle kiwi, estime que l’industrie pharmaceutique a ces dernières années déjà fourni suffisamment d’efforts et qu’il faut également viser d’autres secteurs de la santé publique.

    - A également proposé d’adapter l’âge de la pension, la condition de carrière pour la retraite anticipée et la fraction de pension à l’évolution de l’espérance de vie.

    - Envisage, en tant que ministre de l’Asile et de l’Immigration, de « garder le silence un mois ». Ce sont les demandeurs d’asile sans centre d’accueil qui vont rire.

    17|Hendrik Bogaert

    (Secrétaire d'État à la Fonction publique et à la Modernisation des Services publics)

    - En 2007, vend l’entreprise familiale Bogaert Cigars (chiffre d’affaires de 20 millions d’euros) à Swedish Match et fonde sa propre chocolaterie dans laquelle Gimv et Boerenbond investissent 10 millions d’euros. Aujourd’hui, la totalité de la production a été déplacée à Shanghai.

    - En 2010, cède à Daniel Vanhessche le poste de bourgmestre de la commune de Jabbeke. Il explique : « J’ai 42 ans et j’aspire à une vie plus calme ».

    - Selon De Standaard, « durant sa dernière législature, il a été plus actif en tant qu’entrepreneur qu’en tant que parlementaire ».

    - Partisan de l’indépendance socio-économique de la Flandre et de la Wallonie au sein de la Belgique, dont les seules compétences seraient la défense, la justice, la police, les affaires intérieures et les affaires étrangères.

    18|Melchior Wathelet

    (Secrétaire d’État à l’Environnement, Énergie, Mobilité et Réformes institutionnelles)

    - A été entarté pour s’être vanté d’avoir battu le record d’expulsions d’étrangers en séjour illégal.

    - Un de ceux qui ont enterré l’idée d’un impôt sur la fortune. « Une fausse bonne idée », selon lui.

    - Le prix de l’énergie payé par les ménages ? Un dossier « très préoccupant. Mais pas question d’imposer un prix maximum. »

    19|Philippe Courard

    (Secrétaire d’État aux Affaires sociales)

    - Toucher à la norme de croissance du budget des soins de santé ? Courard, comme tout le PS, le jurait encore il y a un an : « Nous n’allons pas faire des économies sur le dos des malades. » Parole mangée avec le budget 2012 : les soins de santé vont trinquer.

    - Compétent pour l’accueil des demandeurs d’asile. Résultat ? Des milliers de réfugiés, parfois mineurs, parfois avec des nourrissons, ont dormi dans la rue. Une plainte pénale a même été déposée contre lui.

    - Grossier. Les avocats aidaient les réfugiés sans-abris : ils faisaient « de la retape dans la rue ». Les juges prononçant une astreinte pour forcer l’État à respecter son obligation de les héberger : des « irresponsables ». Rappelons que Courard était responsable de l’intégration sociale...

    http://pcfnicenord.over-blog.com


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  • Les Belges en grève contre la réforme des retraites

    50 000 manifestants ont défilé lors de la grève contre l'austérité, le 3 décembre dernier

    Un front commun syndical a lancé un appel à une grève générale dans l'ensemble du secteur public, dont les transports en commun, les administrations, hôpitaux, écoles, prisons et chaînes de la télévision publique pour protester contre le projet de report de l'âge de départ à la retraite, dans le cadre d'un plan de réduction du déficit public.

    Le gouvernement belge du socialiste Elio Di Rupo, formé dans la douleur début décembre après une crise politique de 541 jours, affrontait jeudi sa première épreuve avec une grève générale des services publics. Cette grève se déroule alors que le parlement doit se prononcer dans la journée sur une importante réforme du système des retraites portée par le ministre libéral des retraites Vincent Van Quickenborne. Selon le projet de loi, l'âge légal du départ à la retraite, fixé à 65 ans, ne sera pas modifié, mais le "départ en retraite anticipé", très utilisé en Belgique, sera retardé de deux ans.

    Les mesures entrent dans le cadre d'un programme mis en place par le gouvernement pour réduire le déficit public et la dette et lancer les réformes structurelles qui n'ont pu être engagées durant la longue crise politique, alors que le pays est dans le collimateur des agences de notation et de la Commission européenne.

    Il s'agit de la seconde manifestation d'opposition des Belges aux mesures d'austérité annoncés il y a deux semaines par le nouveau gouvernement. Quelque 50.000 personnes avaient défilé le 3 décembre à Bruxelles, selon l'estimation des syndicats.


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  • AAA : Trichet et Pébereau, leader d’un gouvernement technique à la française ?

     

    17 décembre 2011 (Nouvelle Solidarité) – Le rédacteur en chef du Nouvel Economiste, Philippe Plassart, n’est pas le premier à rêver d’être gouverné par une clique d’experts au service de l’oligarchie financière, mais là, l’hebdomadaire de référence des décideurs et hauts dirigeants français sort le grand jeu ! La France va perdre son triple AAA, l’euro va exploser et le Trésor public sera en faillite : cette situation d’exception va permettre de se débarrasser des politiques afin de garantir définitivement aux grandes banques internationales et autres hedge funds de la City, du Luxembourg et des îles Caïmans, que la dette sera payée, coute que coute.

     

    Actua 114

     

    En une du Nouvel Economiste du 15 décembre, Jean-Claude Trichet à Matignon.


     

    Jean-Claude Trichet, Premier ministre ! Michel Pébereau, ministre des finances ! (…) Ce bouquet – insolite – de personnalités formant le prochain « gouvernement de salut public » de la France paraît de prime bien incongru. Il ne fait pourtant que transposer le type d’exécutif que l’Italie s’est offert (…)


     

    Exit les politiques, bonjour les technocrates : l’heure serait-elle venue de mettre à la place des professionnels de la politique, dépassés par les évènements et usés par leurs comportements, ces nouvelles têtes ayant la double qualité de l’expérience et de la compétence ? La France n’est pas l’Italie. Pas encore. Mais tant que l’hypothèque d’une crise budgétaire continuera à planer, un tel scénario ne peut être écarté. Une catastrophe ? Pas forcément. Il est plutôt réconfortant de voir que la France dispose d’un vivier de personnalités, issues de la haute administration ou de l’université suffisamment aguerries pour relever , le cas échéant , le défi de l’urgence. (…) Recourir temporairement à des experts crédités de leur expérience à la place de politiques manifestement dépassés : ce scénario pourrait même être tentant. (...)

     

    Un gouvernement d’experts ? « Cela peut s’envisager dans des circonstances exceptionnelles pour résoudre une crise grave et circonscrite », recadre d’emblée un haut fonctionnaire. Et d’y ajouter illico deux conditions supplémentaires : « Il faut qu’un tel gouvernement reçoive, dans les formes constitutionnelles normales, l’agrément du Parlement et qu’il soit expressément prévu pour une durée limitée. »

     

    En Italie, le gouvernement Monti règnera jusqu’aux élections de 2013, avec l’approbation des principaux partis. Il a suffi, explique le journal, que les Italiens aient l’impression d’être au bord du gouffre et de finir comme les Grecs pour qu’ils se résignent à abandonner le pouvoir à des technocrates. Et comme les partis ne veulent pas assumer le fardeau d’une austérité brutale et destructrice, gauche et droite sont bien contents de céder la place à des experts non-élus.

     

    Si la France n’est pas l’Italie, le grand problème c’est que le discrédit du politique associé à la résignation quotidienne face à la crise, ouvre véritablement la porte à un gouvernement de capitulation, qu’il soit technique ou pas. L’impuissance vient de ne pas vouloir affronter les enjeux existentiels de notre époque :

     

    Nous sommes en guerre. Une guerre déclenchée par un conglomérat d’intérêts financiers opérant depuis la City de Londres et Wall Street, qui détruit tout, la vie des peuples comme la substance des économies. L’Union européenne s’en est rendue complice en autorisant la Banque centrale européenne à procurer des fonds aux banques à deux ou trois ans et pratiquement sans limites, à un taux d’intérêt de 1 %, pour qu’elles puissent faire des bénéfices en reprêtant aux Etats à des taux bien supérieurs.

     

    Cette escroquerie économique conduit tout droit à un conflit militaire. Car l’austérité que la finance devenue folle impose à tous, sauf à elle-même, ne permet en aucun cas de rembourser les dettes ni de faire vivre plus d’êtres humains.

     

    La finance folle conduit ainsi à une guerre folle : déjà, sous prétexte d’interdire aux autres ce qu’elles-mêmes possèdent, des forces américaines, anglaises et françaises se déploient contre l’Iran (…)


    Si l’on ne change pas d’ordre économique, la guerre se produira fatalement, bien plus tôt qu’on ne le pense, car les nuées qui la portent sont déjà au-dessus de nos têtes.

     

    Voyant leur propre base détruite par l’ouragan dévastateur qu’elles ont provoqué, les forces de la mondialisation financière visent, par-delà l’Iran, une zone transpacifique (Russie, Chine, Corée, Inde…) dont elles ne peuvent tolérer le développement.

    http://www.pcfbassin.fr


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