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    A droite, comme ici, des économistes s’inquiètent de la possible crise finale de l’euro et, sans être des nationalistes forcenés, cherchent des solutions pour que le système se sauve.
    A gauche, certains parlent d’une "sortie par la gauche de l’euro" ou de l’UE comme une puissance impérialiste en construction dont on ne peut changer les règles en l’état.
    Mais dans le débat des présidentielles cette question a été balayée d’un revers de main quand elle n’a pas été simplement ignorée.

    Pourtant c’est au vu du bilan de la construction de l’UE et du caractère antidémocratique de celle-ci renforcé traité après traité, que grandit le sentiment que "l’Europe sociale" est un leurre. Le même sentiment qui est pour beaucoup dans le score du FN...

    Pour nous qui avons toujours dit que la question de la sortie de l’euro (et de l’UE) n’était pas une fin en soi mais méritait d’être posée, avant que sur des bases nationalistes ou par implosion du système elle nous soit imposée pour le plus grand malheur des peuples, ces questions là ne sont pas tabous.
    L’exemple de l’ALBA devrait faire réfléchir la gauche française sur le fait que l’on peut toujours sortir du cadre...

    Il n’y avait pas foule ce vendredi 27 avril matin dans les salons de l’hôtel Bedford. Il faut dire que la réunion programmait non pas un de ces défilés de lingeries relayés jusque dans les 20h des chaines nationales, mais une austère réunion d’économistes allemands et français. Et le thème, proposer une sortie pilotée de l’euro, n’avait rien pour allécher les grands média nationaux tout occupés à la campagne et peu curieux de ce genre de propos. Avec Marianne, un autre média français avait fait le voyage en métro pour venir écouter cet étrange attelage où se mêlaient coté français outre des économistes de l’université quelques représentants du patronnat, sous l’égide de l’association Pour un débat sur le libre-échange.

    « Je ne comprends pas ce que fait un libéral comme Wilhelm Nölling avec ces Français, plutôt portés sur le protectionnisme », s’étonnait le correspondant parisien d’un des principaux quotidiens allemands, le Frankfurter Allgemeine Zeitung qui, davantage habitué à couvrir Bercy et l’Elysée, et plus attentif que ses confrères des Echos ou du Monde, avait pourtant fait le déplacement. Ancien député du SPD et professeur d’économie, c’est surtout la casquette de co-auteur du recours contre le système de sauvetage de la Grèce devant la cour constitutionnelle de Karlsruhe (l’équivalent de notre conseil constitutionnel dans la république fédérale) qui avait motivé notre confrère. De même que la présence parmi les signataires du projet de sortie de l’euro de Dieter Spethmann, l’ancien patron de Thyssen. Un peu comme si Serge Dassault s’était publiquement prononcé pour une sortie de la monnaie unique.

    Techniquement le projet - résumé par leur appel publié ci-dessous) ressemble comme deux gouttes d’eau à l’implémentation de la marche vers l’euro telle qu’elle fut menée à la fin des années 90 mais à l’envers. En tout cas, sur le papier cela semble fonctionner. Pour eux, les gains futurs sont immenses au regard des coûts de cette explosion. Parmi les principales lignes de la facture d’un tel big bang, on trouve d’une part la coûteuse spéculation que les marchés financiers feront inévitablement subir à tous les pays durant la période de transition (ca peut être très sanglant), et d’autre part le coût important du renchérissement de la dette des pays qui, comme la France, s’orienteraient vers une nouvelle monnaie dévaluée par rapport à l’euro comme le serait l’hypothétique euro-franc.

    Mais pour les signataires de l’appel, ces sacrifices sont sans commune mesure avec le coût du statu quo. Leur analyse : la situation économique de l’Union européenne est plombée par la monnaie unique. Et il ne saurait en être autrement. A l’appui de leur thèse, il leur est loisible de pointer la crise que traverse notre continent, sans que la moindre solution pérenne n’émerge.

    « Notre pays a continuellement réévalué sa monnaie pour la plus grande satisfaction de ses travailleurs, qui voyaient leur pouvoir d’achat s’apprécier, quand leurs patrons ont toujours été contre. Avec la monnaie unique, c’en est fini. L’Allemagne ne peut plus remettre sa monnaie à sa véritable valeur et limiter les déséquilibres avec les autres pays de l’Union », explique Wilhelm Nölling. Et comme l’Allemagne ne veut pas payer pour la Grèce, c’est à dire reverser directement ou indirectement les incroyables surplus que sa puissance industrielle dégage et qui sont l’autre face des énormes déficits de la république hellénique, l’équation pourrait ne pas avoir de solution. Pas question de faire ce que fit la République Fédérale avec la République démocratique lors de la chute du mur de Berlin : assumer une parité de un pour un entre les deux marks ce qui induisait un transfert de richesse de plusieurs centaines de milliards de marks annuel sur une longue période.

    Evidemment, la présence de signataires de cet appel figurant parmi les poids lourds du patronat allemand ne signifie pas qu’une majorité d’entre eux adhérent à cette option. Mais la distinction est de taille entre l’uniformité apparente du Medef officiellement opposé à toute sortie de la monnaie unique.

    Bref, le débat semble plus ouvert outre-Rhin que de ce côté-ci du fleuve. Débat qui se prolonge même au sein du très libéral et très pro euro journal britannique The Economist. Dans Charlemagne, sa chronique phare, l’hebdomadaire notait le 7 avril dernier : « un processus concerté augmente les chances de sauver de ce démontage les autres grains de l’intégration européenne, notamment le marché unique. »

    Appel aux gouvernements d’un groupe d’experts économiques français et allemands réunis à Düsseldorf 27 avril 2012

    “Was die Stunde hat geschlagen, sollst du deinem Volke sagen“  [1] (Heinrich Heine)

    Treize ans après le lancement de l’euro, il est patent que non seulement cette expérience n’a tenu aucune de ses promesses, mais même que sa poursuite risque de déboucher sur le chaos.

    Au lieu de la prospérité, un ralentissement de la croissance dans tous les pays de la zone, avec un important volant de chômage.

    Au lieu de la rigueur, dix années d’augmentation irresponsable des dépenses publiques et des dettes souveraines, qu’une génération de sacrifices ne suffirait pas à apurer.

    Au lieu d’une meilleure intégration économique, des déséquilibres entre les pays qui s’aggravent chaque jour. Les pays d’Europe du Sud, Grèce, mais aussi Portugal, Espagne, Italie, et même France voient leur compétitivité se dégrader depuis dix ans de manière continue. Asséchant le pouvoir d’achat des uns, cette situation fait obstacle à la croissance des autres et donc au développement du marché unique.

    Au lieu d’un rapprochement des peuples, une animosité croissante entre créanciers et débiteurs.

    Au lieu d’un progrès de la démocratie, des décisions venues de haut imposées à des peuples qui les refusent.

    Les plans successifs destinés à « sauver l ’euro » sont vains car ils ne s’attaquent, d’ailleurs avec peu d’effet, qu’aux seuls déficits publics et non à ce qui est racine du mal : la propension différente des pays à l’inflation. La seule solution serait la déflation des prix dans les pays déficitaires : or une telle opération n’a jamais réussi nulle part (ex : l’Allemagne de 1930, la France de 1934).

    Poursuivant un objectif qu’elle n’atteindra de toutes façons pas, l’Europe est entraînée dans une spirale de récession qui, s’agissant du premier marché mondial, inquiète la planète toute entière.

    À cette récession s’ajoute le risque d’inflation, d’autant qu’en violation de ses statuts, la Banque Centrale Européenne ne voit d’autre issue, pour prolonger l’euro, qu’un recours massif à la création monétaire au bénéfice des banques, trop heureuses de l’aubaine.

    Il est tout aussi illusoire d’espérer organiser une « Europe des transferts », qui exigerait le transfert durable de centaines de milliards d’euros vers les pays en difficulté, revenant à une collectivisation des déficits publics. Solution refusée par les peuples que l’on voudrait mettre à contribution tout en n’offrant aucun espoir de redressement aux plus mal en point.

    Cet acharnement thérapeutique, qui ne vise que le court terme, ne pourra éviter l’accélération des secousses qui touchent non seulement la sphère financière mais aussi l’économie réelle.

    S’il n’y est pas rapidement mis fin, l’expérience de la monnaie unique se terminera de la manière la plus dramatique : détérioration de la situation économique, explosion du chômage, désordres sociaux, montée des extrémismes, résurgence d’anciens conflits, destruction de l’État de droit : les pays de l’Europe deviendraient ingouvernables.

    L’Union européenne ne saurait demeurer la marionnette des oligarchies financières qui visent la destruction de la base même de nos existences. N’est-il pas honteux de les voir soumettre les pouvoir politique et économique au gré de leurs intérêts ?

    Il est clair que seules des dévaluations et réévaluations réelles, adaptées à la situation de chaque pays, pourront mettre fin aux déséquilibres entre eux et, par-là, rétablir la croissance. L’histoire nous offre de nombreux exemples de ruptures d’unions monétaires : il en ressort que non seulement il est possible de les gérer de manière ordonnée sur les plans politique et économique, mais aussi qu’elles se sont révélées bénéfiques, et cela au bout de quelques mois seulement.

    C’est pourquoi les économistes allemands et français signataires, réunis à Lyon en octobre 2011 et à Düsseldorf en avril 2012, appellent leurs gouvernements respectifs à convenir et à proposer aux autres États membres de l’Union européenne, de mettre fin à l’expérience de la monnaie unique et, à cet effet, de prendre sans délai les mesures suivantes :

    - remplacer l’euro par de nouvelles monnaies nationales disposant de l’ensemble de leurs prérogatives dans chacun des États, sachant que certains pays pourront passer des accords bilatéraux ou multilatéraux pour mettre en commun leur monnaie ;

    - créer un nouveau système monétaire européen, comportant une unité de compte européenne, égale à la moyenne pondérée des unités monétaires nationales ;

    - afficher d’emblée les parités souhaitables des monnaies nationales vis-à-vis de cette unité de compte européenne, calculées de façon à limiter la spéculation, restaurer la compétitivité de tous les États, assurer des échanges équilibrés entre eux et résorber du chômage ;

    - veiller, en s’appuyant sur un Institut monétaire européen, à ce que les taux de change réels des monnaies nationales soient ensuite stabilisés, à l’intérieur d’une marge de fluctuation à déterminer ;

    - convertir dans chaque pays l’ensemble des prix et salaires intérieurs ainsi que les avoirs bancaires sur la base de un euro pour chaque unité de monnaie nationale ;

    - convertir, selon la même règle, les dettes publiques de tous les pays de l’euro en leur nouvelle monnaie nationale ;

    - convertir les créances et dettes privées internationales dans l’unité de compte européenne.

    Le règlement des dettes publiques et privées pourra faire l’objet de négociations bilatérales, entre créanciers et débiteurs, à partir des deux règles de base énoncées dans les deux précédents alinéas.

    Dans ce contexte, une même priorité doit être donnée aux politiques nationales, celle de développer et d’adapter toutes les forces productives, afin d’accroître la productivité de l’ensemble de l’Europe.

    La coopération des institutions responsables doit permettre de réussir une transition en bon ordre.

    Cette transition doit être la plus courte possible : elle ne pose pas de problèmes techniques majeurs. Les nouvelles règles doivent être affichées clairement. Il sera demandé aux États de veiller, en s’appuyant sur leurs Banques centrales nationales, désormais autonomes, à ce que la transition décidée n’entraîne aucune déstabilisation du système financier européen et lui donne même les moyens de contribuer activement au retour de la croissance.

    En lançant cet appel, les économistes allemands et français signataires souhaitent ardemment contribuer, par leur expertise et leur engagement, à la relance de la construction européenne sur des bases rénovées et réalistes, en même temps qu’au redressement économique de l’Europe.

    Le 27 Avril 2012.

    Bruno Bandulet, Rolf Hasse, Wilhelm Nölling, Karl Albrecht Schachtschneider, Wolf Schäfer, Dieter Spethmann, Joachim Starbatty,

    Alain Cotta, Jean-Pierre Gérard, Roland Hureaux, Gérard Lafay, Philippe Murer, Michel Robatel, Jean-Jacques Rosa.

    Par Emmanuel Levy source Marianne 2 le 28/04/2012

    Transmis par Linsay

     http://www.rougemidi.fr

    [1] Quand l’heure a sonné, tu dois avoir le courage de le dire à ton peuple


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  • Le site EUObserver rapporte qu’un officiel de l’UE lui a révélé que lors d’une réunion qui s’est tenue à Val Duchesse, un groupe de réflexion composé de quelques ministres des affaires étrangères européens dirigé par le ministre allemand Guido Westerwelle ont discuté de la possibilité de fusionner le rôle du Président du Conseil de l'Europe (tenu par Herman Van Rompuy) et celui du Président de la Commission européenne (tenu par José Manuel Barroso). Ce nouveau « super président » aurait plus de pouvoir que ces deux charges combinées, mais aussi plus de légitimité sur le plan démocratique, puisqu’il serait élu directement par les eurodéputés.

    Le « super président » présiderait également les Conseils des Affaires Générales (GAC) qui se tiennent tous les mois avec les ministres des Affaires étrangères pour débattre de questions internes de l’UE.

    L’idée de ce projet provient de la confusion qui règne parfois dans la structure actuelle, qui a été définie par le Traité de Lisbonne en 2009. Sur certains dossiers, par exemple, c’est Van Rompuy qui supervise les débats, tandis que Barroso agit comme une force de proposition, mais aussi comme le décisionnaire final.

    L'introduction d'obligations en euros, ou euro-obligations, a également été discutée à cette occasion. Mais selon l’informateur de EUObserver, cette possibilité ne serait mise en œuvre que pour les nouveaux financements, mais pas pour les dettes du passé.

    http://www.express.be


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  • Après les élections, il faudra non seulement affronter le grand patronat et la finance mais aussi la «troïka».

     

    L'Europe dans la mâchoire des politiques d'austérité

    Par 204 voix pour (dont une écrasante majorité de socialistes), 24 contre (gauche radicale, communistes et Verts) et deux abstentions (socialistes), le Parlement portugais a voté, le 13 avril, en faveur de la ratification du traité intergouvernemental «sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union économique et monétaire» (TSCG), dit également «Pacte budgétaire». Dans le même mouvement, il a adopté le Mécanisme européen de stabilité financière (MES). Ce faisant, le Portugal est le deuxième pays de l’Union européenne, après la Grèce, à ratifier ces traités qui vont enfermer l’Europe dans des politiques de super-austérité et la plonger dans la récession. Cette dernière, en anémiant l’économie, constitue la sombre promesse d’une explosion du chômage, de la précarité, des inégalités, de la misère pour tous les peuples européens. Et ce, pour les années à venir.

    Cette capitulation du pouvoir politique devant la haute finance — au Portugal comme ailleurs — se traduit par des politiques d’austérité : réduction des salaires, des retraites et des dépenses publiques; libéralisations et privatisations en tout genre; démantèlement du droit du travail et de la protection sociale, etc. Ces politiques font la preuve quotidienne de leur inefficacité pour résorber la crise des dettes souveraines. Elles aggravent la crise sociale et économique qui affecte déjà, entre autres, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, l’Irlande, la Roumanie et le Portugal. Imposées sans relâche depuis des mois par la «troïka» — Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI) —, ces politiques sont désormais gravées dans le marbre du TSCG et du MES sous la formulation «programme d’ajustement macro-économique».

    L’Allemagne, l’Espagne et le Danemark ont amorcé leur processus de ratification. Et en ont partiellement indiqué le calendrier : dans chacun de ces pays, cette dernière, du MES et/ou du TSCG, devrait intervenir avant l’été. Seule l’Irlande dont le gouvernement, pour des raisons constitutionnelles, organisera un référendum pour le TSCG (il se tiendra le 31 mai), pourrait enrayer un processus européen austéritaire garanti, partout ailleurs, par le jeu de majorités parlementaires serviles.

    Dans le même temps tous les gouvernements, les institutions de l’UE et la BCE s’échinent à contenir la crise monétaire et des dettes : injection régulière de fonds aux banques privées par centaines de milliards d’euros (1.018 milliards à 1% depuis décembre), organisation de la restructuration de la partie de la dette grecque détenue par les investisseurs privés, annonce quasi quotidienne de nouvelles restrictions en matière sociale et budgétaire en Europe.

    Mais rien n’y fait rien : la tempête financière ne se calme pas. Les taux d’intérêt sur les titres de la dette italienne et espagnole reprennent leur envolée. Demain, c’est la dette de la France — comme le prouve la récente création d’un nouvel instrument spéculatif sur ses titres, le «FOAT» — qui fera le miel d’une spéculation bourdonnante qui attaque sans relâche. Et elle continuera. En effet, l’objectif des marchés financiers n’est pas que les Etats remboursent leur dette, mais qu’ils continuent si possible à en payer les intérêts ad vitam aeternam afin de gonfler leur rente.

    Comme le décrivait déjà Karl Marx dans son chapitre du Capital (livre I) intitulé «Genèse du capitaliste industriel», «la dette publique opère comme un des agents les plus énergiques de l’accumulation primitive. Par un coup de baguette, elle dote l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques, les troubles inséparables de son emploi industriel et même de l’usure privée. Les créditeurs publics, à vrai dire, ne donnent rien car leur principal, métamorphosé en effets publics d’un transfert facile, continue à fonctionner entre leurs mains comme autant de numéraire. Mais, à part la classe de rentiers oisifs ainsi créée, à part la fortune improvisée des financiers intermédiaires entre le gouvernement et la nation – de même que celle des traitants, marchands, manufacturiers particuliers, auxquels une bonne partie de tout emprunt rend le service d’un capital tombé du ciel –, la dette publique a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, à l’agiotage, en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne».

    Au fond, l’objectif et les mécanismes ont peu évolué. Gouvernements et principaux partis de l’oligarchie (qu’ils soient aujourd’hui conservateurs ou sociaux-démocrates) agissent pour faciliter cette «aliénation de l’Etat» aux intérêts de la rente à laquelle ils sont d’ailleurs souvent directement associés : endogène, la classe des gouvernants transite de l’Etat au secteur privé, de l’industrie à la haute finance, de la banque à la direction d’un pays, etc. Plus qu’une stratégie planifiée et conspiratrice, la prédation de l’Etat et de ses richesses publiques est le fruit d’une action menée par les différentes fractions — parfois concurrentes — de la classe dirigeante pour laquelle il n’existe pas d’autre mouvement du réel que celui du capital, de sa logique et de ses intérêts.

    Pour cette oligarchie, la reproduction de ce capital est, en toute circonstance, l’ultime raison d’Etat. Elle est nécessaire au maintien du monde tel qu’il est. Et, pour ce faire, la vampirisation des finances publiques doit s’accompagner d’une politique visant à organiser, toujours et encore, l’extension des secteurs économiques et sociaux dans lesquels la logique de marché, du capital et de l’accumulation peut être instillée. Le moyen : lever tous les obstacles pouvant se dresser contre elle (droits sociaux, salariaux et syndicaux). D’où également la nécessité, sur le plan politique, de contourner la souveraineté populaire autant que de besoin lorsque les intérêts supérieurs du capital sont en jeu ou en danger.

    C’est ici toute l’histoire de la construction européenne et particulièrement celle qui, aujourd’hui, est à l’œuvre avec les deux nouveaux traités en cours de ratification. Le MES, signé le 2 février par les 17 Etats-membres de la zone euro et dont l’entrée en vigueur est attendue le 1er juillet, intègre le traité de Lisbonne par l’amendement de l’article 136 de ce dernier. Pour sa part, le Pacte budgétaire, signé le 1er mars par 25 des 27 Etats-membres de l’UE (le Royaume-Uni et la République tchèque ayant refusé de s’y intégrer), prévoit dans son article 14.6 une incorporation au traité de Lisbonne au maximum 5 ans après son entrée en vigueur.

    La stratégie arrêtée par les dirigeants de l’UE et les gouvernements pour égarer l’attention publique et procéder à une ratification en catimini des traités consiste à élaborer plusieurs textes organisateurs séparément, à les négocier et à les ratifier dans des temporalités différentes. Ils sont ensuite intégrés au corpus des textes européens via de multiples procédures juridiques offertes par les droits nationaux et le droit communautaire. La dilution des processus de ratification dans un calendrier quinquennal permet de brouiller les pistes et d’empêcher des votes clairs sur des questions claires.

    Le MES succédera au Fonds européen de stabilité financière (FESF), institué en mai 2010, à partir du 1er juillet (au lieu du 1er juillet 2013 comme initialement prévu). Financé par le budget des Etats au prorata de leur PIB annuel, il dispose d’un capital minimum de 80 milliards d’euros financé par ces derniers et d’une capacité d’intervention actuelle de 800 milliards d’euros.

    La première préoccupation des dirigeants européens est d’éviter qu’un pays utilise son droit de veto sur l’entrée en vigueur du MES. Ce droit est réservé aux Etats qui participent à hauteur d’au moins 10% du total du capital de l’institution. Ainsi Allemagne, Espagne, France (qui contribuent à hauteur de plus de 20% de ce capital) et Italie sont priées de ratifier, et au plus vite, ce texte. La France a ouvert le bal dès le 21 février.

    Certes le MES utilise des fonds d’Etat pour financer d’autres Etats, mais toute «assistance financière» est ici subordonnée à de «strictes conditionnalités». Et quelles sont-elles ? Il s’agit, ni plus ni moins, de l’application des politiques de la «troïka» dont on constate chaque jour les ravages. Telle est, dans la novlangue de l’UE, la définition d’un «mécanisme de solidarité».

    Qui pourra d’ailleurs en «bénéficier» ? Outre le fait que des pays pourront être mis sous pression de la Commission européenne pour accepter «l’aide financière» à «titre de précaution», seuls les Etats qui auront ratifié l’autre traité – le TSCG – pourront solliciter le MES !

    Ainsi, qui ratifie le MES s’engage pour le Pacte budgétaire. Ce second traité, sur lequel 25 Etats se sont mis d’accord le 25 janvier, vise à imposer une «règle d’or» renforcée à chacun d’entre eux. Désormais, les pays signataires s’engagent à durcir les dispositions budgétaires du Pacte de stabilité et de croissance (1997). Leur déficit ne devra «pas dépasser 0,5% du PIB» (article 3.1.b). Quant à leur dette publique, elle devra être contenue dans la limite des 60% de leur PIB. De plus, les Etats réaffirment leur engagement à «réduire d’un vingtième par an la différence entre leur dette publique et le seuil de 60%. Pour la France, dont la dette publique est de 87%, ce sont 26 milliards d’euros qu’il faudrait rogner !»

    Par ailleurs, par ce traité, la Commission européenne est autorisée à publier des rapports sur les pays membres qui ne respecteraient pas les conditions du Pacte afin que d’autres puissent saisir la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), institution non élue. Celle-ci, sur la base du rapport, pourra in fine déterminer si le budget d’un Etat est en règle. Si elle juge qu’il ne l’est pas, elle aura alors le pouvoir de lui infliger une amende pouvant aller jusqu’à 0,1% de son PIB.

    Le TSCG, qui devra être ratifié par au moins 12 Etats de la zone euro avant qu’il puisse entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2013, confirme enfin l’engagement des Etats à s’inscrire dans le Pacte pour l’Euro+ et prévoit également qu'à partir du 1er mars 2013, aucune aide financière ne pourra être versée à un Etat au titre du MES si ce dernier ne l’a pas ratifié ! La boucle est bouclée : MES et Pacte budgétaire ont partie liée et constituent les maxillaires inférieur et supérieur de la mâchoire austéritaire européenne.

    Il a fallu attendre 1907 pour que, dans le cas d’un conflit entre Etats en matière de remboursement d’une dette, le principe d’un règlement politique soit pour la première fois supérieur à celui du droit d’intervention militaire. Ce fut la convention Drago Porter qui innova en ce sens, dans la foulée du blocus imposé par l’Allemagne, la Grande Bretagne et l’Italie au Venezuela en 1902. Elle prévoyait que l’activation d’un mécanisme d’arbitrage politique entre ses Etats signataires précède l’éventuel emploi de la force par l’un d’entre eux ou par une coalition.

    C’est seulement depuis 1946 et la Charte des Nations unies que sont formellement proscrites des relations internationales les «guerres de la dette souveraine».

    Aujourd’hui, c’est par la politique fiscale et budgétaire que les Etats dominants européens et leurs classes dirigeantes aliènent les Etats dominés et asphyxient les populations de tous. Jusqu’au retour de nouvelles guerres ?

    Christophe Ventura, membre de l'association Mémoire des luttes, pour Marianne


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  • L’Italie commence à dévisser. Le jeudi 12 avril, l’Italie a émis pour 2,88 milliards d’euros d’obligations à trois ans : son taux d’emprunt est passé de 2,76 % à 3,89 %, soit une hausse de 41%, et ce, pour seulement 2,88 milliards d’euros. Il n’échappera pas aux observateurs avisés que “la BCE a prêté aux banques italiennes pour la même durée  1 %. Si elles utilisaient ces fonds pour assister l’Italie plutôt que pour restructurer leur bilan, elles auraient une superbe marge de 289 % pendant trois ans”. L’effet des premiers mois de Mario Monti s’estompe et le Tesoro italien continue de prétendre qu’il n’y a pas de problème de financement. Cette politique de l’autruche ressemble tellement à celle de la Grèce que l’on frémit. Il faut signaler que Mario Monti cumule les fonctions de Premier ministre et de ministre des Finances.

    Comme si nous avions besoin de problèmes supplémentaires, l’effet des pertes sur emprunts grecs dans les résultats et les bilans des banques chypriotes grecques commence à sérieusement inquiéter les investisseurs. Or leur endettement frôle les 100 milliards d’euros. La nervosité des investisseurs s’explique en effet face à l’incertitude sur l’impact de ces mesures sur les résultats des banques. (Source: Démystifier la Finance)

    http://liesidotorg.wordpress.com


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    Illustration © ThinkStock.

    Alors que les automobilistes ont de plus en plus de mal à remplir les réservoirs de leur voiture, les patrons des grands groupes pétroliers ont bénéficié de fortes augmentations salariales.

    Rex Tillerson, patron d'ExxonMobile est le grand gagnant de l'année 2011 avec des gains de 34,9 millions de dollars (26,6 millions d'euros). Il a gagné environ un cinquième de plus qu'en 2010.

    Chez Chevron, le directeur John Watson a engrangé 24,7 millions d'euros ou environ la moitié de plus qu'en 2010.

    L'augmentation des salaires des grands patrons n'est pas vraiment une surprise puisque les groupes pétroliers ont réalisé des bénéfices records en 2011 grâce à la hausse des prix des produits pétroliers.

    ExxonMobil a réalisé 41,1 milliards de dollars de bénéfices en 2011 et Chevron, 26,9 milliards de dollars.

    http://www.7sur7.be/


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    Le Parlement, Lisbonne.

    Le Parlement portugais a approuvé vendredi 13 avril le pacte budgétaire européen, devenant le second pays après la Grèce à ratifier ce texte qui fait de la discipline et de la rigueur les principaux instruments pour lutter contre la crise de la dette.

    Le Parlement a également adopté le Mécanisme européen de stabilité (MES), destiné à soutenir les pays de la zone euro qui, comme lui, connaissent des difficultés financières. Le pacte budgétaire a été voté par la majorité de droite et l'opposition socialiste, à l'exception de deux députés, et rejeté par la gauche radicale.

    CURE D'AUSTÉRITÉ

    Signé le 2 mars à Bruxelles par vingt-cinq pays membres de l'UE, le pacte s'appliquera dès que douze Etats l'auront ratifié. Actuellement sous assistance financière, le Portugal a demandé en mai 2011, après la Grèce et l'Irlande, une aide exceptionnelle de l'UE et du FMI. En échange d'un prêt sur trois ans de 78 milliards d'euros, il s'est engagé à mettre en œuvre un vaste plan de réformes, marqué par une austérité sans précédent.

    Jusqu'à présent le gouvernement est parvenu à respecter l'essentiel des objectifs recommandés par ses créanciers, réussissant par exemple à ramener l'année dernière son déficit public à 4,2 % du PIB alors qu'il avait atteint 9,8 % en 2010. Le premier ministre, Pedro Passos Coelho, a insisté devant le Parlement sur l'importance pour le Portugal "de retrouver la confiance des marchés".

    http://www.lemonde.fr/


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  • La force de gendarmerie européenne prête à intervenir contre le peuple grec en lutte pour défendre sa souveraineté et ses conquêtes sociales

     

    Eurogendfor, la force de gendarmerie européenne, s’apprête à intervenir en Grèce !

     

    Ceci n’est pas une trouvaille de ma part, mais je suis tombé sur l’article, et il ne me semble pas avoir vu le sujet sur les moutons enragés.

     

    Eurogendfor

     

    Préparatifs secrets pour l’intervention de l’EUROGENDFOR, la force européenne spéciale, en Grèce!

     

    La crise économique accompagnée d’une agitation sociale donnera à Bruxelles l’occasion de tester la capacité de réponse du groupe secret qui a été créé pour lutter contre les troubles  et les soulèvement populaires en Europe.

     

    L’EUROGENDFOR est un groupe secret avec son siège en Italie, et est prête à démarrer en Grèce, où elle a sa première opération d’envergure contre la population d’un Etat européen. La Grèce est en ébullition. Les protestations deviennent de plus en plus violentes. Préparatifs secrets de l’opération de la force spéciale européenne en Grèce!

     

    La troupe policière de l’UE existe depuis longtemps – et elle dispose de larges pouvoirs ! Actuellement, c’est une « troupe d’intervention spéciale » forte de 3000 hommes ( !) sous le sigle difficile à prononcer « Eurogend­for » (European Gendarmerie Force/troupes de polices européennes). Le commandement se trouve à Vincenza en Italie, loin du siège de l’UE !

     

    Ce corps de police a été créé à l’initia­tive de l’ancienne ministre de la Défense française Michèle Alliot-Marie, pour réprimer à l’avenir plus facilement les manifestations qui dégénèrent toujours à nouveau dans les villes françaises.

     

    Le grand problème est le suivant : Eurogend­for va à l’avenir réduire au niveau européen le droit national et la souveraineté natio­nale des Etats-membres de l’UE ! Un « conseil de guerre », qui se compose des ministères de la Défense et de la Sécurité des pays de l’UE participant à l’Eurogendfor et du pays concerné, décidera de l’intervention dans un Etat-membre de l’UE – voilà comment est réglementée la nouvelle troupe policière de l’UE dans le « document constitutif » dé­nommé Accord de Velsen (NL).

     

    Cela représente pour les observateurs un droit d’occupation par l’UE. Car, si une intervention à l’intérieur d’un pays « ami », membre de l’UE, est une fois décidée, tous les bâtiments et zones occupés par des unités d’Eurogendfor, jouissent de l’immu­nité et ne sont plus accessibles pour les autorités du pays concerné. En fait, il s’agit d’un droit d’occupation par l’UE. Mais il y a pire : l’Eurogendfor ne dispose pas seulement dans le cas particulier de compétences policières mais aussi de compétences qu’ont les ser­vices secrets et elle a le devoir de réinstaller l’ordre et le calme dans la zone d’intervention concernée en collaboration étroite avec l’armée ( !). En cas de besoin, les troupes doivent avoir à disposition toutes les autorisations et tous les moyens pour remplir leur mandat.

     

    Eurogendfor résout divers problèmes pour les gouvernements européens. A l’avenir, ils pourront, lors de troubles sociaux ou de manifestations majeures de longue durée, utiliser des armes à feu contre leurs populations, mettre des zones entières sous quarantaine militaire et retirer les meneurs de la circulation sans avoir à engager leurs propres forces militaires ou policières qui pourraient éventuellement se solidariser avec les manifestants. L’Eurogendfor de son côté, ne pourra pas être poursuivi en justice grâce à ses autorisations exceptionnelles, civiles et militaires.

     

    Eurogendfor 01

     

    Notons que ce n’est que grâce au Traité de Lisbonne – qui n’est rien d’autre que l’ancienne « Constitution européenne » controversée sous un nouveau titre – qu’une telle situation incroyable à pu être instaurée. Grâce au jugement du Tribunal constitutionnel su­prême, les politiques allemands, qui ont soutenu ce traité douteux à la quasi-unanimité au Bundestag, auront à l’avenir le droit d’être entendus. Un homme politique allemand, ramené à la réalité, déclare lors d’un entretien privé :

     

    « On s’amusera bien au sein de l’Eurogendfor quand à l’avenir l’état d’urgence sera imposé dans les centres chauds de Bottrop ou Neukölln en Allemagne fédérale. »

     

    Source: Vertraulicher Schweizer Brief du 23/1/10

    By: arthox

    http://lesmoutonsenrages.fr/2012/02/15/eurogendfor-la-force-de-gendarmerie-europeenne-sapprete-a-intervenir-en-grece/


    URL article : http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-la-force-de-gendarmerie-europeenne-prete-a-intervenir-contre-le-peuple-grec-en-lutte-pour-defendre-s-103287170.html


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  • celticcircustiger Les communistes irlandais lancent un appel à voter « Non » lors du prochain référendum sur le Traité de stabilité européen

    Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Lors de sa session ordinaire du 31 mars, le Comité national exécutif du Parti communiste d'Irlande a échangé sur la crise actuelle du système et ses effets de plus en plus importants sur le bien-être social et économique des travailleurs, du nord comme du sud. La crise est la grande préoccupation de tous les Irlandais, au nord et au sud. La seule perspective juste pour les travailleurs se trouve dans l'action unitaire, dans tout le pays, dans la lutte pour une alternative socialiste.

     

    Le parti appelle à une opposition maximale et à un vote « Non » retentissant lors du prochain référendum portant sur le Traité de stabilité, de coordination et de gouvernance dans l'Union économique et monétaire. Le CPI exige que le Traité sur le Mécanisme de stabilité européen (MES) soit également porté devant le peuple par un référendum, car les deux sont inséparables. Les deux jouent un rôle central dans la stratégie visant à imposer l'austérité à perpétuité sur les travailleurs en Irlande et tous les travailleurs de la zone euro et de l'UE dans son ensemble. Ce mécanisme crée un fonds permanent de renflouement pour le capital que les travailleurs devront payer, génération après génération, à mesure que le capital jouera avec l'avenir de la planète.

     

    Le CPI appelle l'ITUC (Irish Trade union congress) à arrêter de se dérober, à faire campagne pour le « Non », à se manifester clairement et à donner une direction aux travailleurs Irlandais sur ces traités en expliquant leurs effets potentiels pour les travailleurs.

     

    Ces traités visent à faire de l'austérité un fait permanent et immuable des politiques intérieures sociales et économiques des Etats-membres. Avec les autres traités européens, ils enserrent les options disponibles et les aspirations populaires dans le carcan du développement capitaliste posé comme seule voie possible.

     

    Les communistes Irlandais jugent que l'unité maximale de notre peuple est une nécessité, et que la constitution d'une coalition populaire unitaire d'opposition à ces deux traités, à cette dette odieuse et au pacte d'austérité, menée par les travailleurs, est la seule perspective.

     

    Les inégalités croissantes, la paupérisation généralisée et l'offensive contre les salaires et les conditions de vie des travailleurs sont des preuves, si cela était nécessaire, que les politiques du gouvernement Irlandais comme Britanniques ne servent que les intérêts des grands monopoles et de la grande finance. Le rapport Moriatry et le plus récent rapport Mahon sur la corruption ont révélé les liens multiples entre les partis politiques de l'establishmentet le grand capital.

     

    La récente décision du gouvernement Irlandais concernant le billet à ordre de 3,06 milliards d'euros que devait la désormais défunte Anglo-Irish Bank, désormais renomméeIrish Bank ResolutionCorporation (IBRC), n'est qu'une tentative de façade visant à faire croire qu'il allège le fardeau de la dette sur les épaules de notre peuple tout en se donnant l'image du respect des obligations de l'UE, du FMI et de la BCE. Il ne s'agit rien de mois qu'une ruse cynique visant à duper les naïfs. Il ne s'agit que d'étendre les délais de versement des échéances, ou de faire peser la dette sur une période plus longue, mais son boulet sera fermement chevillé au corps des travailleurs.

     

    La stratégie des gouvernements Irlandais est de persévérer sur la voie des plans d'austérité et de faire payer le peuple, de continuer à faire payer le peuple pour cette dette odieuse en étendant les délais de remboursement et en vendant notre peuple et notre pays au capital trans-national comme réserve de main d’œuvre bon marché privée de droits sociaux.

     

    Les partis au sein de l'Exécutif d'Irlande du Nord sont tout autant dépourvus d'idées de créations d'emplois qui ne passent pas par la constitution d'une terre d'élection pour une main d’œuvre flexible et bon marché. Le mouvement ouvrier a besoin de faire monter la demande d'un transfert de l'intégralité des compétences fiscales (avec une subvention du Trésor britannique garantie à un niveau convenu pour une certaine période) à l'Exécutif d'Irlande du Nord, ce qui permettrait de poser les bases d'un plus grand contrôle sur les politiques économiques et sociales menées, et de consolider et de construire une base industrielle intégrée sur toute l'île Irlandaise, une stratégie pour donner de l'emploi au près de demi-million de chômeurs que compte le pays.

     

    La récente utilisation des procédures des « repentis » (supergrass) et leur échec, soulève encore une fois le rôle des services dits de contre-espionnage (Special Branch), et sa nature et son rôle répressifs, ainsi que la pratique répétée de fouilles corporelles à nu marquent le retour à de bonnes vieilles méthodes de répression policière. Les leçons de décennies de répression sont simples à tirer, cela ne marche pas et ne fait que saper les fondements de la démocratie.

     

    La troika Irlandaise du Fine Gael, du Parti travailliste et du Fianna Failsont des collaborateurs zélés dans le transfert permanent de richesses de notre peuple, avec un processus similaire en cours dans les autres pays périphériques de l'UE, vers le centre, transformant ces pays en possessions permanentes, en protectorats des grands groupes financiers Européens. La crise de la dette s'étend désormais à plusieurs pays du cœur de l'UE.

     

    Le Parti communiste d'Irlande salue les campagnes et manifestations massives contre l'impôt sur les charges ménagères (Household charge). Il est évident que la résistance monte, et cela se voit dans le fait que l'immense majorité n'a pas encore cédé aux menaces et intimidations de l'establishment politique et des médias, et ne s'est pas encore inscrit pour payer cet impôt sur les charges ménagères. Les travailleurs devront être vigilants dans la période qui s'annonce, car l'establishment tentera de les diviser afin d'imposer ses solutions à la crise, celles que paiera le peuple Irlandais. Le succès de cette campagne ne sera assurée que si on parvient à maintenir son caractère rassembleur et de masse dans la période à venir.

     

    Les foyers de résistance dans les quartiers contre la taxe sur les fosses sceptiques et la campagne des débroussailleurs (turf-cutters) montrent clairement que le radicalisme rural reste une force vivace et que des campagnes qui portent un objectif clair et des revendications claires peuvent mobiliser le peuple et produire de petites mais importantes avancées. Le mouvement ouvrier peut en tirer des leçons, sur la nécessité de construire l'unité entre travailleurs et les quartiers et villages afin de mettre en échec la braderie généralisée des entreprises publiques.

     

    Le parti exprime sa solidarité aux centaines de milliers de travailleurs qui languissent dans les queues des agences pour l'emploi, avec des perspectives minces de trouver un emploi. Il exprime également sa solidarité aux travailleurs de la chaîne « Games Shop », en grève pour que leurs droits soient respectés, et aux milliers d'employés de banque qui connaissent des plans sociaux massifs et des perspectives d'avenir très incertaines, ainsi qu'aux travailleurs du journal Belfast Telegraphdont les emplois sont menacés. De nouvelles luttes vont éclater et les travailleurs vont devoir se mobiliser pour défendre les services de santé dans le Nord, alors que le gouvernement Britannique relance sa campagne visant à démanteler le système de santé public, le NHS.

     

    Aucune solution ne peut favoriser les travailleurs dans ce système moribond et décadent. L'heure est venue pour des solutions bien plus radicales, hors de ce système, si nous voulons mettre fin au gaspillage de ces talents humains qui croupissent dans les queues des agences pour l'emploi et la saignée de dizaines de milliers de personnes poussées à l'émigration de masse, plongées dans la pauvreté et des inégalités sans cesse croissantes.


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    L’UE, principal perdant de l'embargo sur le pétrole iranien

    « L'UE, principal perdant de l'embargo sur le pétrole iranien » (le président de Comité d'énergie du la Douma)


    Téhéran. Irna. 06 Avril 2012.
    Economie. UE.


    Le président de Comité d'énergie de la Douma, Yury Lipatov a déclaré jeudi que l'Union européenne est le principal perdant de l'embargo sur le pétrole iranien.


    Il a précisé à l'Irna que la hausse récente des prix du pétrole sur le marché international des hydrocarbures de façon drastique sur l'Europe n’est que la conséquence de l'embargo pétrolier proposé par les Etats membres de l'UE.

     


    Attirant l'attention sur les effets négatifs des prix du pétrole sur les marchés mondiaux de l'énergie, Yuri Lipatov a déclaré que la décision de boycott de l'UE envers l’Iran a été prise à un moment où de nombreux membres de l'UE sont confrontés à de graves crises financières et économiques ce qui ne pourra avoir qu’un impact plus grand sans aucun doute sur la hausse des prix du pétrole.


    Dénonçant la politisation des questions économiques par l'Occident, le président de Comité d'énergie du la Douma a déclaré que la principale raison de la hausse des prix du pétrole sur le marché énergétique mondial est la décision des pays occidentaux.

    Qui va trinquer ? Les peuples d’Europe !!


    http://www2.irna.ir/fr/news/view/line-96/1204064736132344.htm

     

    URL article : http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-l-ue-principal-perdant-de-l-embargo-sur-le-petrole-iranien-qui-va-trinquer-les-peuples-d-europe-103051067.html


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  • Valmy 46


     

    L’absence de démocratie européenne justifiée par Jean-Marc Ferry

     

    Un court article dans Libération, où le philosophe Jean-Marc Ferry justifie l’absence de démocratie européenne.

     

    Intéressant à décortiquer car il souligne bien que l’Union européenne restera longtemps en déficit démocratique : pour ses partisans, en tout cas pour Ferry, la démocratie n’est pas réellement une valeur. Et Ferry n’est pas représentatif que de lui-même puisque Libé, l’organe central du boboïsme français, a choisi Ferry pour animer un débat consacré à l’Europe contre la démocratie.

     

    Un premier paragraphe pose la problématique :

    « L’Union européenne est-elle encore démocratique ? Elle ne l’a, à vrai dire, jamais été sous nos critères nationaux. Mais ce n’est pas un reproche. Il ne serait pas pertinent, en effet, d’attendre de l’Union européenne qu’elle s’aligne sur le modèle de ses Etats membres. Elle devrait avoir plutôt pour fonction et pour mission de protéger à travers eux la « synthèse » de l’Etat de droit démocratique, où se gère la tension des deux pôles : entre, d’une part, le « commun » de la souveraineté populaire et de l’autonomie civique et, d’autre part, l’« universel » des droits de l’homme et de la justice politique. »

     

    Il est rare que l’on écrive noir sur blanc que l’Europe n’est pas démocratique. Certes pour Ferry, elle n’est pas démocratique « selon nos critères nationaux ». Mais nul n’a jamais prétendu que la démocratie était un concept français ou n’était pas. Je ne connais comme catégorie politique que la démocratie, pas la démocratie à la française.

     

    Pour Ferry, ce qui importe donc, plus que la démocratie, est que l’Union européenne soit un « état de droit démocratique ». Pas réellement une démocratie et à peine mieux qu’un état de droit.

     

    Pour faire très vite, à mon sens l’état de droit est un état où les décisions juridiques sont prises selon un système formellement clair, transparent et susceptible de recours, avec un certain niveau de libertés publiques - un peu l’équivalent du rule of law anglo-saxon.

     

    C’est une condition de la démocratie, mais pas tout à fait la démocratie.

     

    Donc ce régime d’état de droit démocratique qu’est celui de l’UE est un état de droit teinté de démocratie mais qui reste d’abord un état de droit. Un état de droit avec un supplément d’âme.

     

    D’ailleurs la définition de l’état de droit démocratique est éclairante : on y « gère la tension des deux pôles : entre, d’une part, le « commun » de la souveraineté populaire et de l’autonomie civique et, d’autre part, l’« universel » des droits de l’homme et de la justice politique. »

     

    La souveraineté populaire est donc le commun (je ne sais pas exactement ce que recouvre ce concept dans l’acception de Ferry, je ne peux m’empêcher de relever qu’il est donné par le TLFI comme synonyme de ordinaire, vulgaire, sans distinction, banal.)

     

    Le reste, c’est le grandiose et le sublime de la liberté politique.

     

    La conclusion de ce paragraphe doit se lire en creux : la souveraineté populaire, mais on pourrait aussi bien dire la souveraineté du populeux relève du national, l’empire européen s’occupant de sauvegarder les droits de l’homme et la liberté politique telle qu’elle s’exerce aujourd’hui : à coups de lobbies et de consultations des grandes entreprises.

     

    Cela n’est pas explicite, mais on enchaîne bien sur un paragraphe qui atteste de la probable justesse de cette interprétation :

     

    « Tel est du moins le point de vue normatif, d’où le projet européen devrait pouvoir tirer sa justification. Mais, dans les faits, la question se pose : l’Europe politique protège-t-elle ses nations face aux risques réels d’une subversion des Etats par les marchés, du politique par l’économie ? Sous les « suggestions » du Comité de Bâle, qui regroupe les principales banques centrales du monde, la Commission et le Conseil se préoccupent des équilibres et des disciplines sans paraître envisager une stratégie sérieuse de croissance à long terme. S’y ajoute un problème de rééquilibrage institutionnel : sous l’égide de l’Allemagne, épaulée par une France docile, le Conseil s’est érigé en gouvernement de l’Union, alors même qu’il n’est pas et ne saurait être comme tel politiquement responsable. »

     

    On retrouve bien dans ce paragraphe la structure hiérarchique esquissée au paragraphe précédent : l’Union est au-dessus des nations populeuses, sur lesquelles elle déploie son aile théoriquement protectrice. Ça ne marche pas.

     

    Selon Ferry, c’est encore la faute des gueux : si l’Union impériale ne peut vaincre les marchés, c’est à cause des nations réunies en Conseil. Or les nations sont politiquement irresponsables dans le système de l’état de droit démocratique qu’est celui de l’Union, tel qu’expliqué par Ferry. Si les nations voulaient bien, enfin, laisser faire ceux qui savent, l’Europe opèrerait une transmutation pas moins que mondiale.

     

    C’est la conclusion du troisième et dernier paragraphe :

    « Le projet européen connaît une crise de légitimation. A tort ou à raison, le motif fondateur de la construction, la paix, s’est comme effondré avec le bloc soviétique. A présent, la légitimation de relève se joue par rapport à la mondialisation. Comment l’Union européenne y répond-elle ? S’agira-t-il pour elle de faire accepter à ses peuples l’adaptation à une gouvernance mondiale qui échappe aux procédures démocratiques ? Ou peut-on envisager, qu’à rebours des orientations actuellement prises, elle agence une reconquête politique de l’économie mondialisée ? »

     

    Savoir comment une Europe débarrassée de ses nations « agencera une reconquête politique de l’économie mondialisée » est un mystère. Selon quel processus de débat ? On sait que la démocratie relève du populeux et du vulgaire. Il faudra donc s’en remettre à une bienveillante élite qui saura, uniquement appuyée sur les grands principes, faire le bien pour le gueux.

     

    Ce n’est pas par hasard que rien n’est dit ici sur le détail ou la méthode : la délibération est du domaine du commun, le gouvernement des experts européens n’a pas besoin de débat public pour faire bien.

     

    On retrouve là le motif déjà exposé par un autre grand européen, Tommaso Padoa Schiopa, qui lui aussi défendait un équilibre entre démos et kratos, entre le peuple ignare et voué au bas et au commun, et un pouvoir bienveillant et surplombant les masses.

     

    Les défenseurs de l’Union européenne retrouvent également la place qu’occupait la « gauche divine » décrite par Baudrillard (cf. le résumé de son livre :

     

    « Nous vivons la fin de la représentation. L’essentiel aujourd’hui n’est plus d’être représentatif mais d’être branché. Les hommes politiques s’y essaient désespérément : leur intervention se résume désormais à un calcul d’effets spéciaux et de performances. Leur idéologie même n’en appelle pas à nos convictions profondes : elle nous branche ou ne nous branche pas. Victoire de la politique spectacle et des professionnels des médias. « Echec d’une gauche qui se voudrait encore divine », transparente, vertueuse et morale, représentative des valeurs profondes, des valeurs définitives de l’histoire. Elle ne peut que rencontrer l’indifférence ironique des masses. »)

     

    La gauche divine est peut-être morte, elle s’est recyclée en une classe européenne qui se veut elle-aussi « transparente, vertueuse et morale ». Mais pas démocratique.

     

    Comme l’avait diagnostiqué Baudrillard, la classe européenne ne récolte que l’indifférence ironique des masses. Méprisant l’électeur et la démocratie, elle reçoit des électeurs un juste retour.

     

    http://www.lalettrevolee.net/article-l-absence-de-democratie-europeenne-justifiee-par-jean-marc-ferry-102673870.html


    URL article : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2360


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