• Journée noire pour Liège

    Service de presse du PTB

    « Cette journée est à marquer d’une pierre noire pour la région liégeoise » dénonce Damien Robert, président provincial du PTB Liège en charge du dossier sidérurgie pour le parti de gauche. Et de rajouter : « Cette journée est un aveu de faillite pour le gouvernement qui s’était donné comme mission de sauver la phase à chaud et l’ensemble de la sidérurgie liégeoise. »

    Depuis l’annonce de la première vague de fermeture en octobre 2011, le PTB a invariablement défendu l’option d’une reprise de la sidérurgie liégeoise par les pouvoirs publics, comme cela s’est passé pour la sidérurgie de la Sarre en Allemagne il y a 10 ans ou comme l’État algérien le fait actuellement. Nous n’étions pas les seuls. Plusieurs études, dont certaines ont été commandées par le gouvernement, ont confirmé la viabilité de la sidérurgie liégeoise, en ce compris la sidérurgie intégrée. « Après avoir multiplié les promesses sur la nationalisation, sur les repreneurs, sur le portage et sur l’expropriation, il ne manque au final pour le gouvernement que des actes et cinq minutes de courage politique », commente amèrement Damien Robert qui regrette en outre que « le gouvernement laisse Mittal mener la danse ».

    Pour le parti de gauche, Mittal aurait tort de croire que la partie est finie et jouée comme il l’avait pensée et avec le résultat espéré. « Il a toujours reçu dans ce pays. Maintenant il va falloir aussi qu’il donne. S’il décide d’envoyer les C4, son devoir est de garantir un avenir sur du long terme à ces travailleurs qui ont créé sa richesse dans un pays où il n’a jamais payé d’impôts... Et le devoir des pouvoirs publics est d’obliger Mittal à garantir cet avenir en le mettant devant ce choix cornélien : le payement de primes équivalentes au montant du payement des salaires jusque 2020 ou l’expropriation des outils pour cause d’utilité publique. »

    A Ford Genk, les travailleurs et les syndicats ont obtenu la garantie du paiement des primes avec un montant moyen d’un peu plus de 100 000 euros. La logique voudrait qu’il en soit, au minimum, de même pour les travailleurs du bassin liégeois. Et il serait bon que le gouvernement fasse son travail afin que, pour une fois au moins, la logique soit respectée dans ce dossier qui n’intéresse pas que Mittal mais aussi les 10 000 travailleurs, leurs familles et toute une région. Mittal a, malgré une perte de 3,7 milliards de dollars en 2012, réalisé un bénéfice de 2,9 milliards en 2010 et de 2,3 milliards de dollars en 2011. En outre, il a bénéficié, rien que pour les années 2009 et 2010 de déductions fiscales à hauteur de 912 301 303 euros dans notre petit pays. Ce qui permet à Damien Robert de conclure : « Ce n’est donc pas l’argent qui lui manque pour garantir le payement de primes décentes et permettre aux travailleurs liégeois d’envisager leur avenir un peu plus sereinement. »

    http://www.ptb.be/nieuws/artikel/journee-noire-pour-liege.html


    votre commentaire
  • Bienvenue à la Croatie et à ses 21% de chômeurs

    1 Juillet 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs  

    Aucune xénophobie digne de l'extrême-droite dans mon propos, mais la triste réalité de la Croatie qui vient, en ce 1er juillet 2013, d'être membre à part entière de l'Ue avec ses 4,2 millions d'habitants.

    Hier à minuit, sur la place centrale de Zagreb la capitale, les hors-sol croates, en compagnie des hors-sol de l'Ue et du président socialiste du Parlement européen ont trinqué leurs coupes de champagne en cet honneur. Le président de la Croatie y est allé de son "Le 1er juillet ouvre une toute nouvelle perspective, un nouveau monde pour nous".

    En Croatie, le PIB est de 39% en dessous de la moyenne européenne, seule la Roumanie et la Bulgarie se placent derrière la Croatie, selon l'Ue. L'économie est en récession depuis 2009 dans ce pays où le taux de chômage est de 21%.

     

    "300.000 chômeurs, que vont-ils fêter? Est-ce que l'UE a une baguette magique pour faire disparaître tous les problèmes", s'interrogent des internaute sur la page officielle du gouvernement croate.

    A juste raison, car à peine le peuple croate dans le carcan de l'Ue, Bruxelles a prévenu les autorités qu'une "procédure de déficit excessif pour dépassement du plafond de déficit budgétaire" est dans les tuyaux. C'est peut-être compliqué à comprendre, mais c'est ni plus ni moins l'austérité imposée par la BCE, l'Allemagne et Bruxelles, avec le FMI. Pile poil comme dans d'autres états "souverains" de notre vieux continent.

     

    Bienvenue donc dans le club du chômage et de la précarité, tout cela pour le grand profit de la concurrence libre et non faussée!

    En avril 2013, 23,5% (soit 5,6 millions d'européens entre 15 et 24 ans) sont au chômdu. 8 millions de jeunes de 15 à 24 ans sont sans emploi, mais aussi sans formation ni en apprentissage.

     

    Etat des lieux pour cette  catégorie d'âges:

    Allemagne 7,5%; Autriche 8%; Pays-bas 10,6%; Danemark 12,2%; Malte 14,7%; Luxembourg 18,2%; Estonie 19,4%; Finlande 19,9%; Tchéquie 22,2%; Royaume-Uni 20,2%; Lettonie 21,9%; Lituanie 21,2%; Roumanie 22,2%; Belgique 22,4%; Slovénie 24,4%; Suède 24,7%; France 26,5%; Irlande 26,8%; Hongrie 27,4%; Pologne 27,2%; Bulgarie 28,9%; Chypre 32,7%; Slovaquie 33,6%; Italie 40,5%; Portugal 42,5%; Espagne 56,4%; Grèce 62,5%.

     

    Allez, qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête?

    En avril 2008, le taux de chômage des jeunes était de 15,3% et de 18% pour la France.

    Ce n'est pas hélas un chamboule-tout, mais en rang d'oignons les hors-sol dirigeant l'Ue. Dernièrement, ils ont causé entre eux du chômage, à ce qu'il paraît.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


    votre commentaire
  • Scandale en Irlande : des banquiers sauvés par des chiffres "sortis de leur cul"

    L'Irish Independent a publié des enregistrements internes à l'Anglo Irish Bank, au moment de son sauvetage qui aura coûté 30 milliards d'euros, en 2008. On y entend des banquiers hilares, se moquant ouvertement des autorités financières, auxquelles ils ont refourgué des chiffres "sortis de leur cul" pour leur soutirer du flouze. Histoire d'une escrocrise en bande organisée...

    Scandale Anglo Irish Bank

    L'Anglo Irish Bank (AIB) a été sauvée par l'argent des contribuables, en 2008. De 30 à 40 milliards d'euros, selon les sources, soit un quart du produit intérieur brut irlandais. Et tout cela dans l'intérêt du peuple, entendait-on alors. Mais c'est une toute autre histoire que nous conte l'Irish Independent, qui vient de publier des enregistrements issus du propre système téléphonique de la banque.

    Au cours de ces conversations, un des directeurs de la banque, John Bowe, explique en rigolant à un autre directeur, Peter Fitzgerald, non moins hilare, comment l'AIB a enfumé l'Etat irlandais. Objectif : ne réclamer en premier lieu qu'une petite somme, 7 milliards d'euros, alors que tout le monde, dans la banque, savait qu'il en faudrait beaucoup plus. Une fois que le premier chèque aurait été encaissé, l'Etat n'aurait dès lors plus le choix : il faudrait qu'il aille jusqu'au bout en continuant de régler les douloureuses à répétition, à grand coup d'argent public.

    Un système cul par dessus tête

    Comment a été choisi ce chiffre de 7 milliards ? Bowe l'affirme clairement : "Comme [David Drumm, qui était alors le pédégé de l'Anglo Irish Bank] le dirait lui-même, il est sorti de mon cul". Le tout suivi d'un éclat de rire. "S'ils [la banque centrale irlandaise] voient d'emblée l'énormité [des chiffres], ils vont peut-être décider de faire un choix. Tu vois ce que je veux dire ? Ils pourraient dire que le coût pour le contribuable est trop élevé... Si ça ne semble pas trop important au début, assez pour être important, mais pas au point de tout remettre en cause, alors je pense que l'on a une chance. Je pense donc qu'on pourra ensuite augmenter le montant, sournoisement", explique Bowe. "Ouais", répond Fitzgerald. "Ils mettent leur peau en jeu, et c'est ça, la clé".

    Irlande Chiffres sortis de mon cul

    David Drumm, qui a pris la tangente aux Etats-Unis dans la foulée, rigole tout aussi gaiement : "un jour, un milliard" blague-t-il, en se référant aux pertes que la banque centrale était condamnée à subir. A un autre moment, John Bowe se met à chanter "Deutschland Uber Alles" en évoquant la réaction négative de l'Allemagne sur cette aide publique. Dans un autre enregistrement, Bowe et Fitzgerald rient de nouveau de concert lorsqu'ils évoquent la naïveté des autorités, qui croyaient alors que la banque allait leur rembourser les prêts accordés.

    "Pour la première fois, les contribuables peuvent avoir un aperçu des manigances banquières qui ont coûté sa souveraineté à l'Irlande", conclut amèrement le journal. Il est possible que ces enregistrements aient été en possession des autorités depuis 2009, mais rien n'aurait été fait depuis lors. D'autres révélations sont à attendre, ces prochains jours, qui impliqueraient des politiciens et des hauts fonctionnaires... La banque a été liquidée en début d'année, après avoir été nationalisée en 2009, des milliards d'argent public auraient pu être économisés. Mais ç'aurait été moins drôle, n'est-ce pas ?

    Proverbe irlandais : "Chat timide fait souris effrontée"

    [Sources : independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, irishexaminer.com, lemonde.fr, express.be]

    http://www.lesmotsontunsens.com


    votre commentaire
  • L'impasse portugaise

    L'impasse portugaise

    Dans ce texte, le militant portugais João Camargo - membre d'un collectif de travailleurs précaires ("Précaires inflexibles") - revient sur la situation politique au Portugal. Victime de programmes d'austérité brutaux, d'abord imposés par le PSP (Parti socialiste portugais) puis par le PSD (Parti social-démocrate, droite), le peuple portugais a relevé la tête à travers de gigantesques manifestations dans toutes les villes du pays, mettant le gouvernement de Passos Coelho sur la défensive sans pour autant le faire reculer. 

     

    L’impasse portugaise ne ressemble en rien à une impasse mexicaine1. Dans cette impasse digne d’un jeu vidéo, le tueur à gages (à savoir le gouvernement portugais), a été abattu, écrasé et enterré, et pourtant, son commanditaire (la Troïka), continue à lui envoyer des points de vie afin de le maintenir sain et sauf.

    Il s’agit là d’un cas classique de tromperie qui dure depuis longtemps, mais au lieu de jeter l’éponge, l’équipe portugaise se trouve renforcée. Le 2 mars, plus d’un million et demi de Portugais sont ainsi descendus dans la rue, sous le slogan : « Que la Troïka aille se faire foutre ». Dans près d’une trentaine de villes à travers le pays, les manifestants ont dénoncé clairement les politiques d’austérité ainsi que leurs promoteurs : le gouvernement et la Troïka, exigeant la démission du gouvernement et revendiquant le retrait du mémorandum imposé par la Troïka. Et ce n’était pas la première fois. Le 15 septembre de l’année dernière, les Portugais, outragés, avaient déjà élevé la voix contre le gouvernement et la Troïka, rassemblant près d’un million de personnes à travers le pays, en scandant pour la première fois le mot d’ordre : « Que la Troïka aille se faire foutre ».

    La légitimité démocratique du gouvernement a donc été réduite en lambeaux par la rue, qui exige à présent sa démission. Une telle exigence rassemble l’ensemble des partis de l’opposition2, les organisations de la société civile, les syndicats, et à présent la Cour constitutionnelle. En effet, pour la seconde année consécutive, la Cour constitutionnelle a jugé que les coupes budgétaires étaient contraires à la loi, et donc anti-constitutionnelles. Et alors que le gouvernement avait autorisé l’année dernière, de manière totalement illégale, les nouvelles coupes budgétaires, en prétextant de « l’urgence économique » dans laquelle le pays se trouvait plongé, cette année, la Cour a utilisé ses pleins pouvoirs pour exiger le rétablissement des salaires qui ont été retirés aux salariés, retraités, chômeurs, universitaires et fonctionnaires.

    Pour la seconde fois, le plan budgétaire du gouvernement était jugé anti-constitutionnel, et donc illégal, et la protestation générale a émergé de nouveau dans la société civile : démission immédiate. Le gouvernement, isolé et rendu incapable de se montrer publiquement pendant plus de deux mois (le Premier ministre, ses ministres et ses secrétaires d’Etat étaient interrompus à chaque audience), n’a donc présenté aucune mesure d’austérité durant cette période : d’abord de peur de provoquer de nouvelles mobilisations, ensuite en raison des rassemblements massifs. Entre le jour où le Parti socialiste a déposé la motion exigeant la démission du gouvernement et la décision de la Cour constitutionnelle, le ministre le plus important du gouvernement, celui qui lui a imprimé son orientation politique, Miguel Relvas, a présenté sa démission, laissant le Premier ministre orphelin de l’homme qui l’avait porté à la tête du Parti social-démocrate (PSD)3 et du pays.

    Le gouvernement emploie à présent la rhétorique bien connue de la peur et de la faillite, mais aussi de l’absence d’alternative. Le Président de la République, Cavaco Silva, qui avait lui-même demandé à la Cour constitutionnelle d’évaluer le nouveau budget de l’Etat, estime que le gouvernement est à même de se maintenir au pouvoir. Il est probablement le seul dans le pays à le croire, preuve de son caractère partisan et de sa loyauté envers son parti de toujours, le PSD. Les événements récents (notamment les manifestations du 2 mars), ont montré que le Président lui-même se trouve sur une pente glissante, étant considéré comme inefficace, partisan et incapable d’exercer la fonction qu’il occupe depuis sept ans.

    La décision de la Cour constitutionnelle relative aux coupes budgétaires exigées par la troïka, est un pas important en avant vers la reconnaissance de l’illégitimité des conditions imposées aux pays d’Europe du sud, particulièrement après l’épisode chypriote. Ce dernier a montré qu’il n’y a ni frontières ni scrupules en matière d’oppression et d’exploitation économique, dans cette vision plus que jamais impérialiste de l’Europe. L’exigence populaire et les manifestations historiques aux cris de « Que la troïka aille se faire foutre » ont eu, sur cette question, un rôle crucial, permettant à la Cour de faire primer des lois nationales et démocratiques sur des traités et des mémorandums européens, imposés sans vote.

    Le gouvernement portugais est à présent un esprit frappeur 4, hantant sa population bien qu’il ait perdu toute légitimité. Le principal parti au gouvernement (le PSD) a déclaré qu’il était en désaccord la décision de la Cour constitutionnelle, après avoir préventivement annoncé que la Cour était légalement soumise au mémorandum de la troïka. En s’opposant à la décision de la Cour dans sa réponse officielle, le Premier ministre a montré de manière frappante que son allégeance va, non pas à la Constitution sur laquelle il prêté serment, mais au mémorandum de la Troïka, qu’il fait respecter comme s’il s’agissait de la nouvelle loi fondamentale. Les quelques commentateurs qui persistent à soutenir le gouvernement ont d’ailleurs éprouvé quelques difficultés à justifier cette position. Ils s’y sont pourtant résolus, alors même qu’elle constitue la première attaque directe contre l’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif.

    La position du gouvernement a supposé l’invention d’un nouveau récit lui permettant de se maintenir au pouvoir : peu importe les coupes budgétaires qui seront imposées dans l’avenir, elles seraient attribuées aux décisions qu’aurait pris la Cour. Le Premier ministre, Passos Coelho, a annoncé ensuite que le gouvernement n’augmenterait pas les impôts, mais accélèrerait plutôt les coupes dans les services publics tels que la couverture santé et l’éducation. En insistant sur le déficit d’1,3 milliard d’euros provoqué par la décision de la Cour, il oubliait opportunément que les prédictions de son gouvernement étaient tombées de 1,9% du Produit intérieur brut (3,3 milliards d’euros). C’est oublier également qu’il avait annoncé 4 milliards d’euros de coupes supplémentaires, sans montrer le courage suffisant pour les exécuter face à la réponse populaire. 

    Enfin, il passait sous silence le fait que les 13 milliards de coupes déjà imposées ont produit une hausse du chômage (qui affecte actuellement 1,5 million de travailleurs), et une récession de -3,2%. Le Portugal a été le pays d’Europe où les coupes dans les budgets sociaux ont été les plus fortes : 3,7 milliards. Coelho a donc signé une lettre préventive de démission, prétextant d’une impossibilité d’exercer le pouvoir dans le cadre de la loi nationale, pour  justifier d’avance son éventuel échec ou l’acceptation d’une seconde rançon (auprès de la troïka). La population a réagi avec humour, ironisant sur internet à propos de la déclaration officielle du Premier ministre : « Margaret Thatcher est morte. La Cour constitutionnelle doit assumer sa responsabilité dans cet événement ».

    La Troïka a déjà étendu son emprise sur le Portugal, et elle sera amenée à « négocier » des coupes supplémentaires dans un moment de forte agitation politique et populaire. Ses représentants ont déjà annoncé qu’ils ne délivreraient la prochaine « tranche » de paiements que lorsque les coupes auront été exécutées. Le Président de la Commission européenne, le portugais Durão Barroso – qui est également membre du PSD – a quant à lui fait savoir que le Parti socialiste devait marcher main dans la main avec le gouvernement et accepter d’appliquer les coupes, essayant de satisfaire les ordres de la Troïka et d’imposer ainsi une transition paisible vers le nouveau régime d’austérité.

    Une impasse portugaise n’a donc rien à voir avec une impasse mexicaine. On peut en effet douter que la Troïka puisse envoyer de quelconques points de vie à son homme de main, pour le maintenir dans le jeu. L’équipe portugaise doit donc se préparer (et se préparera) pour le dernier round.

     

    Traduit de l'anglais par Milena Jakšić et Ugo Palheta.

    Photographie: Trente Parke

     

    Nos contenus sont sous licence Creative Commons, libres de diffusion, et Copyleft. Toute parution peut donc être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur•e(s) et URL d'origine activée.

     

    • 1. Une "impasse mexicaine" désigne une situation dans laquelle trois individus se menacent mutuellement, provoquant alors le blocage total. En effet, aucun d’entre eux n’a intérêt à attaquer l’un des deux autres, sous peine d’être attaqué par le troisième. En dehors des films de gangsters (cf. les films de Quentin Tarantino, notamment Reservoir Dogs), dans lesquels on retrouve souvent cette situation, on applique cette expression à des situations diplomatiques sensibles comme la crise des missiles de Cuba en 1962.
    • 2. Constituant actuellement le plus grand parti de l’opposition, le Parti socialiste portugais – qui dirigeait le précédent gouvernement et avait été à ce titre le signataire de la première « rançon » – a déposé, la semaine dernière, une motion de censure à l’Assemblée, demandant la démission du gouvernement. Mais la majorité parlementaire l’a emporté.
    • 3. Parti social-démocrate : il s’agit au Portugal d’un parti de centre-droit, défendant l’orthodoxie néolibérale.
    • 4. En anglais un « poltergeist », ce qui désigne une personne qui agit dans le secret et provoque des événements visibles de tous.
     
    João Camargo
     
     

    votre commentaire
  • Monde - le 2 Juin 2013

    Madrid et Lisbonne défilent contre la troika

    Sous le mot d'ordre "Tous unis contre la troïka", au son des percussions et des sifflets, plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi à Madrid comme à Lisbonne et d'autres villes de la péninsule ibérique, dans le cadre d'une journée européenne de manifestations contre la crise et l'austérité.

    En Espagne, quelque 80 rassemblements étaient prévus par le collectif "Marée citoyenne" qui dénonce "le grand échec des politiques économiques de rigueur, les expulsions, la réforme du travail et les privatisations" imposées par la troïka - Union européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI).

    Monarchie vascillante

    "Todos unidos contre la troika" ("Tous unis contre la troïka"), "No debemos, no pagamos" ("Nous ne devons rien, nous ne payons rien"), criaient les manifestants, en défilant dans une ambiance bon enfant jusqu'au siège de la représentation européenne. Certains agitaient des drapeaux républicains au moment où la monarchie du roi Juan Carlos, touchée par plusieurs scandales, est au plus bas dans les sondages.

    "Nous sommes ici pour lutter contre les diktats de la troïka, parce que nous pensons qu'ils gouvernent uniquement pour le grand capital, et contre la volonté de la majorité de la population", a déclaré à l'AFP Rafael Herguezabal, un retraité de 75 ans. "Les gouvernements en Europe font ce que la troïka leur dit de faire, au prix de l'appauvrissement des travailleurs", a-t-il ajouté.

    Le gouvernement conservateur espagnol, qui a promis de réduire le déficit et la dette publics du pays, a pris de nombreuses mesures d'austérité visant à faire 150 milliards d'économies, notamment dans l'éducation et la santé, entre 2012 et 2014.

    Carton rouge au FMI

    A Lisbonne des "Basta!", "Troïka dehors!" "Gouvernement démission!", "Respect!", ont été scandés par des dizaines de milliers de manifestants défilant devant la représentation du Fonds monétaire international (FMI), sur l'une des principales artères de la capitale.

    "Troïka, gouvernement dehors!", "arrêtons cette politique!", scandaient également les manifestants contre le programme de rigueur imposé depuis deux ans par la troïka des créanciers du Portugal, à savoir l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI, en échange d'une aide financière de 78 milliards d'euros.

    Les protestataires, qui ont défilé à l'appel du mouvement apolitique "Que se lixe a troika" ("Que la troïka aille se faire voir") et de plusieurs collectifs de citoyens, ont également entonné "Grandola Vila Morena": cet hymne de la révolution des oeillets, qui avait renversé en 1974 la dictature salazariste, est régulièrement repris pendant des manifestations contre l'austérité. "Il faut que ça cesse. Malheureusement, je crois qu'il ne nous reste plus qu'à faire la révolution. Ces manifestations n'y changeront rien", a affirmé une retraitée lisboète qui tenaient une pancarte réclamant le départ de la troïka.

    "Ce jour a une symbolique et une force particulières car il rassemble des pays européens, les peuples d'Europe, dans la lutte contre le chantage de la finance et la troïka", a déclaré Catarina Martins, coordinatrice du Bloc de gauche.

    S.G.

    Manifestation contre la troika et l'austérité à Francfort ce samedi

    Monde - le 1 Juin 2013

    Francfort: des milliers d'opposants à l'austérité manifestent

    Le mouvement Blockupy a mobilisé plusieurs milliers de manifestants contre la troika et sa politique d'austérité pour la seconde fois en deux jours à Francfort, capitale économique de l'Allemagne.

    Après avoir fait le siège avec succès de la Banque centrale européenne, l'un des trois piliers de la troika avec l'Union européenne et le FMI en faveur de l'austérité budgétaire, le collectif anticapitaliste est parvenu à mobiliser près de 20.000 personnes (5.000 selon la police) lors de cette journée européenne "tous unis contre la troika", ce samedi D'autres manifestations anti-austérité étaient également prévues dans le sud de l'Europe comme à Paris, au Trocadéro.

    Syndicats mobilisés

    La manifestation francfortoise, lancée dans le centre de la ville, devait rejoindre les abords de la Banque centrale européenne (BCE) où un rassemblement était prévu aux alentours de 16 heures 30, afin de marquer le jour anniversaire de la fondation de l'institution monnétaire.

    Syndicats et organisations de gauche (Verdi, IG Metall, le parti Die Linke, Attac, etc.) participaient à l'initiative qui fait suite à une autre manifestation organisée la veille et qui avait réuni près de 2.000 personnes contre l'austérité et la spéculation agricole.

    "Nous voulons clairement dire que la politique de la banque centrale européenne et de la troïka, soumises à l'influence capitale du gouvernement fédéral, n'est pas la solution", a affirmé à l'AFP Roland Süss, porte-parole de Blockupy.

    "Au nom de la gauche"

    "Je suis contente de voir les gens ensemble pour exprimer leur solidarité",  a expliqué à l'AFP Marica Frangakis, 62 ans, une manifestante grecque d'Attac, ajoutant: "Nous avons besoin de plus de solidarité, le capital est uni et fort mais beaucoup de voix s'expriment au nom de la gauche en Europe, ce qui rend les choses plus difficiles. C'est bien de voir que les gens (en Allemagne) se sentent aussi concernés par la crise".

    S.G.


    votre commentaire
  • Des manifestants réclament la démission du gouvernement samedi 25 mai à Lisbonne

    Monde - le 26 Mai 2013

    http://images.eldiario.es/internacional/Imagen-protestas-Portugal-Captura-RTP_EDIIMA20130525_0267_13.jpg

    Les Portugais réclament la démission du gouvernement

    Plusieurs milliers de personnes, à l'appel de la CGTP, le principal syndicat portugais, ont manifesté samedi à Lisbonne, près du palais présidentiel, pour réclamer la démission du gouvernement dont la politique d'austérité, imposée par la Troïka, a considérablement aggravé la récession et le chômage.

    "Changer de politique", "le gouvernement dehors", "contre l'exploitation et l'appauvrissement", étaient les principaux mots d'ordre de la manifestation convoquée par la CGTP qui avait affrété plusieurs dizaines d'autocars pour amener ses sympathisants jusqu'à la capitale. "Il faut faire tout ce qui est à notre portée pour nous débarrasser de ce gouvernement", a déclaré le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos.

    La manifestation était soutenue par le mouvement apolitique "Que se lixe a troika" (Que la troïka aille se faire voir) qui en mars dernier a rassemblé contre l'austérité plusieurs centaines de milliers de personnes à travers le Portugal. "L'austérité punit les pauvres mais profite aux riches", "Voleur, voleur", pouvait-on lire sur de petites affiches ornées du portait du Premier ministre Pedro Passos Coelho, brandies par des manifestants parmi lesquels des fonctionnaires, des chômeurs, et des retraités nombre d'entre eux agitant des drapeaux rouges. "Le gouvernement doit démissionner tout de suite", déclarait Maria, une lisboète de 57 ans, au chômage depuis plusieurs mois comme son mari et sa fille. "Nous sommes venus à Lisbonne pour dire assez. Le gouvernement coupe tout, même les retraites. Le président doit le renvoyer ", renchérissait Antonio Amoreira, venu de Porto, la grande ville du nord du pays.

    Le président Anibal Cavaco Silva, dont le rôle est essentiellement protocolaire, peut dissoudre le Parlement et convoquer des législatives anticipées, comme le souhaitent actuellement 57% des Portugais, selon un sondage, publié samedi par le journal Publico. Le mécontentement social s'est renforcé après l'annonce, début mai, d'un nouveau plan de rigueur qui inclut le report de 65 à 66 ans de l'âge du départ à la retraite, la suppression de 30.000 fonctionnaires sur près de 700.000 et l'allongement de leur temps de travail de 35 à 40 heures.

    Face aux critiques, le gouvernement a récemment avancé des mesures destinées à favoriser la croissance et l'emploi et notamment un "super crédit d'impôts" de 20% pour les sociétés qui investissent. Mais l'économie du Portugal, qui bénéficie depuis mai 2011 d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros, doit reculer de 2,3% d'ici la fin de l'année tandis que le chômage doit atteindre le taux record de 18,2%.

    http://md0.libe.com/photo/521165-a-woman-with-red-carnations-shouts-during-a-protest-against-government-austerity-policies-in-lisbon.jpg?modified_at=1369500951&ratio_x=03&ratio_y=02&width=476

    En ces temps de crise, chercher l’assentiment 
du peuple serait sans doute du luxe. Un sondage réalisé au Portugal donne la mesure du phénomène : 82,5 % 
des habitants estiment 
que leur pays devrait rompre, ou renégocier, l’accord 
avec la troïka (FMI, Banque centrale, UE). Lucides, à la fin du programme, en juin 2014, 55,1 % des Portugais pensent que la situation du pays 
se sera… aggravée !

    L’Irlande présente son très impopulaire plan d’austérité

    25/11 07:26 CET

    606x341_130415_l-irlande-presente-son-tres-impopulair.jpg

    Le gouvernement de Brian Cowen veut économiser quinze milliards d’euros et ramener son déficit public à 3% du produit intérieur brut d’ici 2014. Pour y parvenir Dublin augmente la TVA, qui passera progressivement à 23%, et se défait de près de 25.000 fonctionnaires. Outre les coupes budgétaires, l‘âge de départ à la retraite sera retardé.

    En clair, tous les Irlandais devront se serrer la ceinture. Un sacrifice essentiel selon le commissaire européen aux Affaires économiques. “En Irlande, le problème touche le coeur du système économique, le secteur bancaire”, précise Olli Renh. “Au Portugal, en revanche, la problématique est différente. Il s’agit d’une croissance faible. Il faut ajouter que le gouvernement prend des dispositions fermes et déterminées pour stabiliser les finances publiques”.

    La politique d’austérité du Portugal a provoqué hier la première grève générale conjointe des syndicats depuis 22 ans. Le Premier ministre affirme que son pays n’aura pas besoin d’un plan d’aide et que les réductions salariales, ainsi que l’augmentation des impôts, seront suffisantes.

    Plus d'actualités sur : , ,

    Copyright © 2013 euronews

    http://fr.euronews.com/2013/11/25/l-irlande-presente-son-tres-impopulaire-plan-d-austerite/


    votre commentaire
  • La République Tchèque n’est pas pressée d’intégrer la zone euro

    Петр Нечас

    La République Tchèque n’est pas pressée d’entrer dans la zone euro, a indiqué le premier ministre du pays Petr Necas dans un entretien à ITAR-TASS, avant sa visite officielle en Russie.

    Il a nommé trois raisons pour lesquelles son cabinet ne cherche pas à intégrer la zone de la monnaie unique rapidement.

    Il s’agit de la faiblesse du système financier, des avantages du taux de change flexible de la couronne tchèque et la crise dans la zone euro au cours de ces dernières années.
     http://french.ruvr.ru/news/2013_05_24/La-Republique-Tcheque-n-est-pas-pressee-d-integrer-la-zone-euro/


    votre commentaire
  • Moscou : le mausolée de Lénine a rouvert depuis le 15 mai

    Mausolée de LénineIls ont tenté à plusieurs reprises de fermer le mausolée de Lénine sur la place Rouge, mais rien n’y a fait. Ils ont seulement réussi à interdire son accès durant six mois de travaux car l’édifice menaçait de s’effondrer, mais les touristes, les admirateurs et les visiteurs venus du monde entier peuvent de nouveau pénétrer depuis le 15 mai à l’intérieur du mausolée d’un des personnages les plus extraordinaires de l’histoire. 

     

    Les admirateurs du grand homme se comptent encore aujourd’hui par millions, car Lénine suscita l’espoir pour une grande partie de l’humanité. Et il est intéressant de voir comment les ploutocrates et leurs valets tentent de minimiser l’émotion qui s’empare encore des humbles qui viennent encore se recueillir au mausolée… un peu comme si les fantômes du capitalisme allaient leur jouer un mauvais tour.

     

    Nous vivons dans un monde qui semble décidément pressé de tourner la page du communisme, tant Lénine continue de donner des sueurs froides au capitalisme. Ce capitalisme qui est désormais à genoux et qui remercie au passage qu’il n’y ait plus aucune menace sérieuse à l’horizon...

     

    Lénine restera donc en place dans le monument construit pour lui en 1930 sur la place Rouge par Chtchoussev. L’y enlever aurait eu une signification profonde, et le président Poutine ne s’y est d’ailleurs pas risqué. Boris Eltsine avait en son temps tenté de faire fermer le mausolée et avait même réclamé un référendum, mais il avait alors dû se heurter à la fronde des communistes et des patriotes, hostiles au projet. Aujourd’hui, des millions d’admirateurs continueront donc de se recueillir devant le grand homme, et non par superstition comme l’a grotesquement avancé la journaliste Anna Zafesova à la Stampa, mais parce que sa présence a encore un sens pour tous ceux qui ne désespèrent pas renverser un jour la capitalisme.

     

    Capitaine Martin

     

    Intérieur du mausolée de Lénine

    Par Résistance Publié dans : Les petits papiers du capitaine Martin

    votre commentaire
  • Monde Diplomatique

    Monde Diplo 02


    MANIÈRE DE VOIR 15 Dans l'engrenage libéral

    Lisbonne Quel avenir pour l'euro

     

     

    Présenté lors de son lancement, en 1999, comme l'outil indispensable à l'achèvement de l'espace commercial européen, l'euro fait aujourd'hui figure d'accusé.

     

    En imposant une politique monétaire unique, il favoriserait la récession en privant les Etats des moyens de s'adapter aux chocs conjoncturels.

    Diplo 09

    Un autre euro est-il possible ?

     

    Par Laurent L. Jacque *

     

    * Professeur à la Fletcher School, Tufts University (Medford, Massachusetts), au Groupe HEC (Jouy-en-Josas), et auteur de Global Derivative Debacles : From Themy to Malpractice, World Scientific, Singapour, 2010.

     

    LA TOURMENTE financière qui ravage l'économie internationale va-t-elle remettre en cause la pérennité de l'euro? Ses avocats sont assurés du contraire. En quatorze ans, argumentent-ils, la zone euro est devenue un havre de paix et de stabilité qui offre une monnaie forte, sinon stable, à la deuxième zone économique mondiale. Le 1er janvier 2011, l'Estonie est d'ailleurs devenue le dix-septième pays à y adhérer. En outre, le Dane­mark, la Lettonie et la Lituanie participent au mécanisme de change euro­péen II (MCE II), ce qui signifie que la couronne danoise, le lats letton et le litas lituanien sont liés à l'euro.

     

    Farouchement indépendante des pouvoirs politiques, la Banque centrale européenne (BCE) a su — ajoutent les partisans de la monnaie unique — maîtriser la croissance de la masse monétaire en ramenant l'inflation à environ 2 %; les taux d'intérêt réels sont au plus bas

     

    Diplo 06

    Padoue

    Quel avenir pour l'euro?

     

    Depuis les années 1960. En éliminant les risques de change (1) et les coûts de transaction, l'abrogation des devises nationales aurait galvanisé le commerce et l'investissement dans la zone euro, lesquels contribuent massivement à la formation de son produit national brut (PNB).

     

    Dix ans après son lancement, la devise européenne atteignait, en 2008, un taux de change record contre le dollar, alors que la chute préci­pitée de la livre sterling et la banqueroute de l'Islande confortaient ses pays membres. Enfin, la zone euro se présenterait comme une solution de rechange à la toute-puissante zone dollar : l'euro «fort» constitue plus du quart des réserves des banques centrales, et il s'affirme comme la devise de choix pour libeller les titres obligataires internationaux. Comme le résumait avec enthousiasme le président de la BCE de l'époque, M. Jean-Claude Trichet, « nous contribuons chaque jour à créer un niveau de prospérité toujours plus élevé et jouons ainsi un rôle important dans l'unification de l'Europe (2) ».

     

    Ce tableau tout en lumières ferait presque oublier les nombreux facteurs qui l'assombrissent. La zone euro a connu une première décennie plutôt laborieuse, marquée par une croissance anémiée, un taux de chômage élevé, alors même que le déficit budgétaire de plusieurs de ses économies a souvent dépassé le plafond de 3% du PNB fixé par le pacte de stabilité et de croissance et le pacte budgétaire (3). Le contraste est saisissant avec le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark, qui ont partagé des taux de chômage plus faibles, des taux de croissance plus élevés et des déficits limités (voire des excédents).

     

    A ce jour, la monnaie unique n'a guère enrayé le malaise économique européen, dû principalement à des problèmes structurels contre lesquels elle n'a jamais prétendu constituer une panacée. Néanmoins, les espoirs d'accélération de l'activité et de réduction du chômage ne se sont guère réalisés, et l'on ne peut manquer de s'interroger : l'euro a-t-il été, en partie, responsable des difficultés économiques de la décennie écoulée, et sortira-t-il intact d'une crise sauvage?

     

    En 1999, le lancement de la monnaie unique reposait sur une volonté politique et non sur la théorie économique de la zone monétaire optimale (ZMO). Selon cette théorie, un groupe de pays ou de régions peut consti­tuer une ZMO lorsque ses économies sont fortement imbriquées tant au regard des échanges de biens et de services que de la mobilité des facteurs de production (travail et capital). Les Etats-Unis représentent l'exemple le plus abouti d'une ZMO. Qu'en est-il de l'Union européenne? Les échanges commerciaux qui s'y déroulent représentent environ 15% du PNB de la zone euro, ce qui est très faible comparé à ce qui se passe outre-Atlantique. Si la mobilité du capital au sein de la zone euro s'est beau­coup accrue, la mobilité du travail reste très limitée par rapport aux Etats-Unis (sans compter qu'elle reste faible même à l'intérieur des Etats).

     

    La flexibilité des salaires et la mobilité de la main-d’œuvre, seules variables d'ajustement.

     

    IGNORANT ces questions essentielles, le traité de Maastricht a créé une politique monétaire unique gérée par la BCE, privant chaque pays de deux (de ses trois) outils de gestion économique : une politique moné­taire nationale indépendante et la flexibilité du prix de sa devise. Le troisième outil, la politique budgétaire, qui reste une compétence natio­nale, se voit quant à lui contraint par le pacte de stabilité et le pacte budgétaire entré en vigueur le 9 janvier 2013. Ces textes fixent le déficit maximal de chaque pays membre à 3 % de son PNB. En outre, la dette nationale est limitée en principe à 60% du PNB avec de notables entorses en pratique, telles celles de l'Italie et de la Grèce, où elle pu atteindre respectivement 104 % et 95 % de celui-ci au cours des années 2000. En raison de ces différences entre les Etats membres, l'autonomie de leurs politiques économiques devient une question grave, notamment si l'un d'entre eux subit un choc particulier qui n'affecte pas le reste de la zone euro.

     

    Diplo 07

    Lisbonne

     

    Si celle-ci était effectivement une ZMO, le pays en difficulté s'ajus­terait via la mobilité de sa main-d’œuvre avec le reste de la zone euro, la flexibilité des salaires et des prix et/ou un transfert budgétaire de rééquilibrage depuis Bruxelles vers le membre sinistré. Aucune de ces trois conditions n'était remplie à la création de l'euro, et peu de réformes structurelles destinées à «assouplir» le marché de l'emploi ont été mises en oeuvre depuis afin de créer une ZMO. La troisième condition — la plus simple à remplir — rend nécessaire une certaine dose de fédéralisme fiscal et l'existence d'un pouvoir économique centralisé qui contrebalance­rait l'indépendance de la BCE. Ces objectifs demeurent bien lointains car ils remettent en cause la souveraineté de chaque Etat. En fait, l'Union — qui ne dispose que de ressources limitées (un budget plafonné à 1,27% de son PNB, mais qui stagne autour de 1 % en pour 2014) — ne peut procéder à des transferts budgétaires pour amortir les chocs affectant les économies nationales.

     

    Cela contraste fortement avec la situation des Etats-Unis, où 60 % des dépenses publiques sont réalisées au niveau fédéral et où la mobi­lité du travail et la flexibilité des salaires sont bien supérieures aux normes européennes. Même l'Allemagne unifiée — qui en 1991 fusionna le mark de l'Est avec celui de l'Ouest — n'a pas réussi à créer une ZMO pour cette devise : malgré un transfert massif de 200 milliards d'euros depuis 1991, le taux de chômage dans la partie orientale demeure nettement supérieur au reste du pays en 2013.

     

    Dans sa première décennie, l'euro a dû affronter au moins deux chocs dits « asymétriques » car ils ne touchent pas les membres de la même manière : d'abord le dollar « cher » ou surévalué de 1999 à 2002, puis, plus récemment, l'envolée du prix du pétrole de 2005 à 2008. Dans le premier cas, les Etats très orientés vers le commerce international (plutôt que vers les autres pays de la zone euro) ont souffert d'une infla­tion importée (coût élevé des importations en raison de la cherté du dollar) beaucoup plus forte que les pays dont les échanges sont princi­palement tournés vers la zone euro. Ainsi, sur la période 1999-2002, l'Irlande a vu son taux d'inflation atteindre 4,1 % tandis que celui de l'Allemagne, plus axée sur le commerce intra-européen qu'international, restait à 1,2 %.

     

    De même, le quadruplement du prix du baril à la fin des années 2000 n'a pas atteint la croissance et l'inflation des pays de manière homo­thétique : la France par exemple — de par son choix du nucléaire — ne dépend qu'à 35 % du pétrole pour ses approvisionnements énergétiques, contrairement à la Grèce, à l'Espagne et à l'Italie, où ce pourcentage excède les 55 %.

     

    Erosion inexorable du pouvoir d'achat par rapport à l'Allemagne.

     

    MALHEUREUSEMENT, les différentiels d'inflation conduisent à des disparités de pouvoir d'achat de l'euro et de compétitivité entre les Etats membres. Dans le cadre d'un système de devises «nationales », cet effet serait aisément corrigé par une appréciation ou une dépréciation «compétitive» de la monnaie. Ceci n'est plus possible, la monnaie unique paralysant l'outil des taux de change tout en annulant l'indépendance des politiques monétaires nationales.

     

    En raison de cette impossibilité de corriger les écarts inflationnistes, le pouvoir d'achat de l'euro dans plusieurs pays s'érode par rapport à la moyenne de la zone et par rapport à l'Allemagne. Par exemple, entre janvier 1999 et septembre 2008, sur la base de coûts salariaux différents, l'euro en Italie s'est surévalué d'environ 40 % par rapport à l'euro en Allemagne, et l'Espagne et la Grèce ne se trouvent pas loin derrière.

     

    Corriger ces écarts cumulatifs constitue une tâche difficile car une baisse des rémunérations paraît politiquement explosive. Seuls des gains de productivité peuvent renverser la tendance ; l'Allemagne et les Pays-Bas y ont bien réussi. Il n'est donc pas étonnant que de nombreuses entre­prises aient choisi de résoudre leur «problème» en délocalisant (ou en menaçant de le faire) leurs activités vers les pays d'Europe centrale et orientale.

     

    Enfin, compliquant encore la donne, l'éclatement des calendriers électoraux (présidentiels, législatifs et municipaux) dans l'Union exacerbe l'asynchronisme des cycles économiques nationaux dans la mesure où les élections sont généralement précédées d'une politique budgétaire expansionniste.

     

    ALORS QUE le monde s'enfonce dans une crise profonde, endi­guer la forte hausse du taux de chômage — qui dépasse 11 % à la fin de 2012 — passera inévitablement par des déficits fiscaux massifs qui perce­ront des brèches difficiles à colmater dans le pacte de stabilité et remet­tront en cause la stabilité de la monnaie unique : les plans de relance font sauter les plafonds du déficit à 3 % et de la dette à 60% du PNB. Ils vont remettre en cause l'indépendance de la BCE. Mais, pour certaines économies déjà fortement fragilisées par les divergences inflationnistes, cela ne sera guère suffisant, et il deviendra très tentant de suivre l'exemple de la dévaluation brutale de la livre sterling en 2010. Alors l'Espagne, la Grèce, l'Italie et le Portugal (dont les taux de chômage ont souvent dépassé les 10 % au cours des dix dernières années) ne pourront accepter de rester éternellement « sous-compétitifs » du fait de la surévaluation de «leur euro ».

     

    Aussi «traumatisant» qu'il soit de restaurer sa monnaie nationale, certains pays pourraient décider d'abandonner l'euro pour recouvrer leur compétitivité économique. Au fond, ce scénario n'est guère qu'un retour aux grandes crises de change des époques révolues de Bretton Woods entre 1944 et 1971 et du système monétaire européen entre 1979 et 1999 (4) : il est peu probable à court terme — ne serait-ce que parce que la dette nationale libellée en euro deviendrait très chère à financer dans une devise nouvellement restaurée et dévaluée pour un pays qui vien­drait de quitter la zone. Néanmoins, toute détérioration du climat social déjà fragile (comme l'illustre la violence des manifestations populaires en Grèce), exacerbée par une accélération brutale du chômage, pourrait, dans certains pays, accroître la tentation de cette solution extrême.

     

    Laurent L. Jacque

     

    (1) Risques liés à la variation du taux de change des devises. Avant l'unification moné­taire, des investisseurs spéculaient régulièrement sur le franc français, la lire italienne ou la livre sterling. En septembre 1992, M. George Soros avait, par exemple, amassé des plus-values considérables en pariant à la baisse sur la livre au moment où le Royaume-Uni s'enfonçait dans la crise économique.

     

    (2) Entretien accordé à Die Zeit, Hambourg, 23 juillet 2007.

     

    (3) Le pacte de stabilité et de croissance reprend les critères de convergence fixés par le traité de Maastricht; il maintient notamment l'objectif de la réduction des déficits publics engagé en vue de l'adhésion à l'Union économique et monétaire (UEM). Le pacte budgétaire, entré en vigueur en janvier 2013, maintient ces chiffres.

     

    (4) Le système monétaire européen, créé en 1979, visait à stabiliser le cours des devises européennes. Celles-ci étaient arrimées à une unité de compte (l'écu) dont la valeur était calculée sur la base d'un panier de monnaies des pays membres.

     

    Diplo 08

    Valence (Espagne)

     



     

     

    « Ici, il vous faut faire vos preuves »

     

    Sous couvert d'anonymat, deux députés européens témoignent.

     

    ICI, vous êtes un député parmi beaucoup d'autres, vous n'êtes pas un ancien premier ministre de la France. Ici, il vous faut faire vos preuves... On a ainsi vu des personnalités qui, comme n'importe quel autre élu, n'ont eu droit qu'à deux minutes de temps de parole et puis après on leur a coupé le micro !

     

    Ça fait un drôle d'effet au début mais il faut bien s'y faire. Comme on dit, il faut faire son trou. (..) Par exemple, en juillet 2004, Jean-Marie Cavada, 64 ans, vient tout juste d'être élu député européen. Il arrive à Bruxelles. Il comprend alors, face aux services de sécurité du Parlement incapables même d'épeler son nom, que celui qui fut un puissant président de Radio France doit tout recommencer de zéro. (..)

     

    EN DÉFINITIVE, il est dans la nature du projet européen que les gens qui obtiennent des positions élevées soient en quelque sorte aspirés par l'ambiance et adoptent des positions différentes des citoyens lambda, conformes à ce que requièrent les institutions. Nous voyons ainsi de nouveaux élus arriver avec un état d'esprit plus sceptique que la moyenne de leurs collègues. Mais s'ils n'ont pas de convictions fermes, ils peuvent se laisser impressionner par les bâtiments, la perspective et le pouvoir de l'argent. Ils peuvent se laisser aspirer. Je l'ai vu.

     

    Source : Julien Navarro, «Les députés européens et leur rôle. Analyse sociologique de la représentation parlementaire dans l'Union européenne », thèse de doctorat en science politique, Institut d'études politiques de Bordeaux, 2007.


    votre commentaire
  • Criminalisation des pauvres

    En Hongrie, les victimes de la crise financière sont traitées comme des délinquants

    Par Krisztina Keresztély (14 mai 2013)

    Pris dans la tourmente de la crise financière, confronté à l’appauvrissement et au surendettement massif de centaines de milliers de familles incapables de rembourser leurs emprunts, le gouvernement ultra-conservateur hongrois choisit de criminaliser les sans-abris et de sélectionner les candidats à un logement social selon des critères moraux. Bienvenue dans l’autre laboratoire européen de la crise.

    Quatre modifications de Constitution... en un peu plus d’un an ! La coalition de droite au pouvoir en Hongrie ne lésine pas sur les jongleries institutionnelles pour renforcer le caractère ultra-conservateur de l’État, forgé avec sa « loi fondamentale », la nouvelle constitution, mise en œuvre depuis janvier 2012. Cette fois, avec cette 4ème version, en vigueur depuis le 1er avril 2013, il s’agit, notamment, de criminaliser les sans-abris. Le nouveau texte donne la compétence aux collectivités locales de « qualifier la demeure permanente des personnes sur les espaces publics comme étant non-conforme à la loi pour des raisons de l’ordre public, de la sécurité publique, de la santé publique et de la sauvegarde des valeurs culturelles ». Devenir sans-abri et n’avoir d’autre choix que de demeurer dans l’espace public est donc un crime, susceptible d’être puni.

    La Cour constitutionnelle hongroise s’était pourtant opposée à une telle loi à l’automne. Celle-ci prévoyait une amende pouvant s’élever à 500 euros, soit plus que le salaire minimum (300 euros), pour les sans-abris. « De par cette loi qualifiant de crime la demeure permanente d’une personne dans la rue, ce sont en effet les sans-abris mêmes que le législateur a qualifiés de criminels. Or, pour les sans-abris, vivre dans la rue ou dans les espaces publics est une situation de crise extrêmement grave, résultant des contraintes de nature différente et, seulement dans des cas très rares, des choix volontaires et bien réfléchis. (…) Le fait de vivre sur l’espace public ne heurte pas en soi les droits d’autrui, et ne menace ni l’utilisation de l’espace public ni l’ordre public. (…) Le sans-abrisme est un problème social, qui doit être traité par l’État à travers des dispositifs et des actions de la politique sociale et de la ville et non pas à travers des contraventions », expliquait dans sa décision, la Cour constitutionnelle. Qu’importe ! Le crime de « sans abrisme » est désormais inscrit dans la Constitution.

    10% de la population fortement endettée

    Cette 4ème modification constitutionnelle a provoqué l’indignation, en Hongrie comme dans plusieurs grandes villes européennes, et la protestation de la Fédération européenne des associations travaillant avec les sans-abris, qui regroupe en France des organisations comme Emmaüs, le Samu social ou le Secours catholique (Lire ici). Si être obligé de dormir dans des espaces publiques devient un délit, les autorités locales ne sont soumises à aucune contrainte en matière de politique sociale pour héberger ceux qui ont perdu leur domicile. L’article 8 de la Constitution déclare seulement que « l’État et les collectivités locales facilitent la mise en place des conditions humaines de l’accueil des sans-abris ».

    Les sans-abris risquent bien, pourtant, de se multiplier. Se loger devient de plus en plus difficile dans un pays dans la tourmente de la crise financière. L’endettement et l’appauvrissement des ménages sont des plus inquiétants. Un million de Hongrois, soit 10% de la population, sont directement concernés par des prêts immobiliers sur la base de devise étrangère, en particulier le franc suisse, qui donnait accès à des taux d’intérêts moins élevés. Or la monnaie hongroise (le Forint) a été fortement dévaluée en 2008 [1] Résultat : dettes et intérêts ont augmenté. Deux ans plus tard, pour un emprunt immobilier sur quatre, la valeur de la dette a dépassé la valeur de l’habitat servant de base au montant du prêt, selon la Banque nationale hongroise. 90 000 ménages sont ainsi en situation de « prêts problématiques », dans l’incapacité pendant plus de trois mois d’honorer le remboursement du crédit.

    Privatisation massive des logements sociaux

    En parallèle, les Hongrois ont de plus en plus de mal à s’acquitter des diverses charges liées au logement : services communaux, loyers, dépenses des copropriétés, factures énergétiques... Entre 2003 et 2009, le nombre des arriérés de payement des factures d’électricité aurait augmenté de 150%, et celui des factures de gaz, de 700% ! Selon le gouvernement, 100 000 ménages ont été coupés des services de gaz, l’été dernier, en raison d’accumulation de factures impayées. Soit près de 3% de la population ! [2]. Ces charges liées à l’habitat représentent en moyenne 25,5% des revenus des ménages hongrois en 2011 (en France, c’est 17,8%). Une famille sur quatre a contracté des dettes liées à ces dépenses quotidiennes (factures ou loyers impayés, crédits non remboursés). Une proportion deux fois plus importante que la moyenne européenne et 2,5 fois plus élevée que la moyenne française [3].

    Suite à la privatisation du parc de logement, entamée dès la transition politique de 1989, les ménages aux moyens modestes ne parviennent plus à se loger convenablement. En 2011, le parc du logement public locatif constitue 3% du total du parc des logements hongrois, principalement à Budapest (en France, environ 40% des locataires sont logés dans le parc de logement social). La qualité des logements publics est aussi en dégradation permanente : un cinquième d’entre eux est actuellement sans confort, et presque la moitié ne compte qu’une pièce. Il n’y a pourtant pas de pénurie de logements en Hongrie. Selon les résultats les plus récents du recensement de 2011, le nombre des logements vacants s’élève à 450 000, dont 13 000 dans le parc public. Cela signifie qu’un dixième du parc public reste vacant, malgré le nombre croissant des sans-abris !

    Tous propriétaires, ou tous à la rue ?

    Comment expliquer cette aberrante politique ? « Les autorités locales cherchent à se débarrasser des logements publics de mauvaise qualité au lieu de les rénover et de les remettre en location : ces logements sont laissés à l’abandon en attendant que quelqu’un les achète, même à un prix bas », analyse le collectif « La ville est pour tous » (« A város mindenkié », AVM). Cette stratégie permet de chasser les pauvres des centres des agglomérations et de libérer leurs logements pour pouvoir les revendre. Dans le 8ème arrondissement de Budapest, le plus touché par la pauvreté et la crise de logement depuis quatre ans, 1 400 demandes ont été enregistrées pour... 9 logements sociaux mis en location. Mais selon AVM, l’arrondissement compterait 300 logements publics vacants.

    Car depuis 1990, ce sont les collectivités locales qui ont récupéré la gestion du parc de logement public. La loi sur l’habitat de 1993 a offert la possibilité aux occupants des logements publics de racheter leur appartement à un prix bien au-dessous de celui du marché. Les revenus modestes n’ont donc pas été en mesure de « profiter » de cette privatisation massive en acquérant leur logement. Les disparités spatiales se sont creusées. Ce sont les communes et les arrondissements [4] les plus pauvres disposant d’un patrimoine dégradé habité par une population défavorisée, qui ont le plus souffert des désavantages de cette privatisation accélérée. En parallèle, l’État central s’est pratiquement retiré des politiques de l’habitat. Il n’existe pas de stratégie de l’habitat. La politique de logement n’a jamais été représentée au niveau ministériel, et est restée soumise au lobbying peu transparent des divers acteurs concernés.

    Des pavillons pour les bons pauvres

    Plusieurs programmes ont cependant été mis en place par l’État. Face à l’ampleur de l’endettement, un fonds national de gestion immobilière a été lancé. Objectif : racheter certains logements avant qu’ils soient confisqués par les banques et les louer à leurs anciens propriétaires. Mais que se passera-t-il, par exemple, si les familles soutenues par le programme s’endettent, cette fois en raison des factures impayées, et doivent quitter les logements dans le délai de trois mois prévu par le programme en cas de retards de paiement des charges ? Que fera l’État avec ce patrimoine dégradé, dont une grande partie risque ainsi d’être abandonnée par leurs locataires – les anciens propriétaires - et qui, par ailleurs se concentrent majoritairement dans les territoires les plus touchés par les problèmes sociaux ?

    D’autre part, le gouvernement hongrois a initié la construction d’un site de pavillons locatifs pour loger des familles expulsées. Un premier site a été choisi en lointaine périphérie de Budapest (près de la ville d’Ócsa), destiné à accueillir 60 familles. Un futur quartier qui ne bénéficie d’aucune infrastructure collective : pas de transport public, ni d’équipements scolaire ou de santé... Ce qui n’empêche pas la spéculation immobilière : le prix du terrain et les coûts de construction ont finalement atteint un niveau très élevé : 1659 euros/m2, soit à peu près équivalant au coût moyen de la construction neuve en France !

    Dresser le profil du pauvre méritant

    Ce n’est pas l’État qui sélectionne les candidats, mais une organisation caritative, le service hospitalier de l’ordre de Malte (un service particulièrement actif dans les actions de secours aux sans-abris). Les critères de sélection sont sévères : les candidats doivent non seulement prouver leur capacité à payer les loyers, mais démontrer leur aptitude à pouvoir s’intégrer dans la future communauté. Les relations familiales et amicales des candidats sont autant examinées que leur état d’esprit, afin de pourvoir estimer s’ils sont prêts à « commencer une nouvelle vie » sur le nouveau site... Une sélection autant sociale que morale. Fin mars, à l’issue du premier appel à candidatures, seulement 20 familles ont été sélectionnées parmi les 588 candidats. Les pauvres « méritant » d’être logés ne sont pas si nombreux... Et ceux qui restent, jugés inaptes à « commencer une nouvelle vie », seront criminalisés.

    Les spécificités de ce quartier pavillonnaire conduiront probablement à un isolement presque complet de ses habitants. Vu le nombre relativement restreint des candidats et encore plus restreint des familles sélectionnées, la question sur l’avenir de ce site se pose. Si le projet original est abandonné, ce site court le risque de se transformer en un futur ghetto accueillant les très pauvres poussés en dehors de la capitale par certaines opérations de renouvellement urbain.

    Émergence de mouvements de gauche

    Dans ce contexte, quel rôle joue la société civile hongroise ? Les associations disposant de la capacité financière pour lancer des programmes d’accueil est limitée. La majorité de ces programmes est liée à des organismes religieux : le service de l’ordre de Malte, les églises baptiste et évangélique. Le collectif « La ville est pour tous » (AVM) [5], créé en 2009, propose cependant une autre approche de la solidarité avec les sans-abris et de la lutte pour le droit au logement, sans les critères moraux appliqués par les organisations religieuses hongroises. Les activistes du mouvement sont en grande partie issus de divers milieux des sans-abris, et sont accompagnés par des activistes-experts. Très actif dans la mise en place de mobilisations contre les expulsions et les discriminations, AVM dispense également des aides juridiques et mène des investigations.

    Plusieurs organisations travaillent également à la rédaction d’une proposition de loi pour mettre en place un système d’agences immobilières à vocation sociale en Hongrie [6]. Face à un gouvernement ultra-conservateur, criminalisant les pauvres, et à la crise qui s’aggrave en Hongrie, l’émergence de ces mouvements illustre l’engagement de plus en plus fort et visible d’un milieu professionnel et associatif, en majorité de gauche, sur la question du droit au logement.

    Krisztina Keresztély / Aitec

    Photo : source

    Notes

    [1De 67% par rapport au franc Suisse, de 28% par rapport à l’euro.

    [2En 2011, on comptait 3,8 millions de ménages en Hongrie. 179 000 ménages ont des arriérés de plus d’un an du paiement de leur consommation de gaz, 286 000 ménages de celle de l’électricité, et 42 000 du chauffage communal, selon un communiqué ministériel de mi-2012.

    [3Selon Eurostat 2011.

    [4A Budapest, les 23 arrondissements sont des collectivités locales autonomes, leur statut est donc équivalant à celui des communes.

    [5membre de la FEANTSA et partenaire de l’Aitec en France.

    [6L’initiative est lancée par l’association « Habitat for Humanity » en collaboration avec un bureau d’études européen « Metropolitan Research Institute ». L’initiative est financée par l’Open Society Institute de la Fondation Soros.

    http://www.bastamag.net/article3059.html


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique