• Espagne : La droite revient au pouvoir ... par défaut

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    La droite espagnole a remporté les législatives battant le PS au pouvoir depuis 2004. Trois faits ont marqué ce scrutin : défaite du parti au pouvoir, hausse record de l'abstention et progression des "petits partis", en particulier d'Izquierda Unida. 

     Après l'Irlande, l'Islande, le Portugal, et hors élections, l'Italie et la Grèce, l'Espagne change de gouvernement. Les conservateurs du Parti populaire (PP) ont remporté dimanche les élections législatives dans un pays en pleine crise économique et financière. Emprisonnée dans la crise de l'euro et soumise à une politique de rigueur, l'Espagne, gouvernée par les socialistes, a changé de majorité dimanche. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui a reconnu sa défaite après plus de sept années au pouvoir, réunit moins de 29% des voix et perd une soixantaine d'élus au Congrès, sa pire performance depuis trente ans. Ce phénomène n'est pas nouveau en Europe, puisque les gouvernements qui se sont présentés devant les électeurs ont été battus. En Irlande, au Portugal et au Danemark, les gouvernements sortants ont été battus. En Espagne, le gouvernement socialiste qui proposait une politique de rigueur n'a pas convaincu ses électeurs de le soutenir.

    Record d'abstention . Le Parti populaire, qui a remporté le scrutin, est bien sur satisfait de sa victoire. Mais ce succès a été obtenu, selon les chiffres disponibles, avec moins de voix qu'en 2008 qui avait vu la victoire du gouvernement Zapatero. Explication : moins d'un Espagnol sur deux s'est déplacé pour voter. L'abstention est passée de 26% en 2008 à 53 % en 2011. Un record depuis le retour de la démocratie en Espagne. Appelés à sa prononcer entre la rigueur du PSOE et la rigueur du PP, les électeurs espagnols ne se sont pas mobilisés en masse.
    Troisième leçon de ce scrutin : Le PP et le PSOE (les deux partis majoritaires espagnols) auraient rassemblé à eux deux 73% des suffrages exprimés, contre 83% lors de la précédente consultation législative, soit 10 points de moins qu'en 2008. Résultat, ce sont les petits partis qui ont progressé : la gauche de la gauche (Izquierda Unida , la Gauche unie regroupant notamment le Parti communiste et les Verts) voit son nombre d'élus multiplié par cinq ou six, passant de deux à onze élus. Même progression d'un parti centriste qui passe de un à cinq élus.
    Sur le plan national, ces partis de "second plan" ont réuni 5,2 des 24,5 millions de suffrages exprimés. Au Congrès des députés, ils représenteront désormais 54 des 350 sièges, contre 26 dans la précédente législature. "Dans aucune autre élection depuis 1982 autant d'électeurs étaient passés d'un parti à un autre. C'est la première fois en vingt ans que, dans leur ensemble, les partis minoritaires, qui reculaient jusque là, progressent", relève Narciso Michavila, président de la société de consultants GAD3.


    La percée d'Izquierda Unida. Malgré un système électoral qui privilégie les partis nationalistes régionaux face aux petites formations nationales, les écolos-communistes d’Izquierda Unida occuperont onze sièges contre deux auparavant, au Congrès, la puissante chambre basse du Parlement où elle va constituer un groupe parlementaire. "Nous n'allons pas devenir une institution. Nous allons continuer dans la rue", assurait dimanche Cayo Lara, candidat d’IU à la présidence du gouvernement. Avec 700 000 voix en plus par rapport aux législatives de 2008, Izquierda Unida qui comptait deux députés jusqu'à présent, a ainsi réussi à se frayer un chemin et occupera onze sièges au Congrès. "Vous ne pouvez pas imaginer comme cela fait plaisir que la joie entre, de temps en temps, dans la maison des pauvres", a ajouté Coyo Lara. Une percée qui fait écho au mouvement des Indignados, né il y a six mois en Espagne et sonne comme un avertissement aux grands partis dont la crédibilité s'effrite sous l'effet de la crise. En nombre de voix, Izquierda Unida est la troisième formation espagnole, derrière les socialistes.
    Sous l'effet des nouvelles mesures d'austérité qui se profilent, la mobilisation sociale pourrait gagner en ampleur, alors que le chômage reste à un niveau record (21,52%). "L'axe central du discours de campagne d'IU passait par une opposition frontale aux politiques du gouvernement et aux coupes budgétaires à venir", souligne le politologue Anton Losada. "La période qui s'ouvre va voir les syndicats et les partis politiques de gauche jouer un rôle très actif", ajoute-t-il.  "Après le 20 novembre, la lutte se poursuit dans la rue", annonçait, comme en écho, une grande affiche placardée dimanche soir sur la Puerta del Sol, la place au centre de Madrid qui a vu naître les "indignés" au printemps. "Nous pouvons nous attendre à un grand mouvement social", assure Manolo Nolla, 64 ans, l'une des têtes les plus visibles de la commission économique des "indignés" madrilènes.


    Le vote espagnol vu par les socialistes français. Le responsable de la communication de François Hollande, Manuel Valls a attribué l'échec des socialistes espagnols au fait que José Luis Zapatero, le premier ministre socialiste sortant,  "a menti". "Il a caché la vérité aux Espagnols, à son peuple, sur l'ampleur de la crise il y a deux ans, a affirmé M. Valls. Il est là, le parallèle : Nicolas Sarkozy, François Fillon mentent aussi aux Français sur la situation économique et financière du pays. Ils préparent un nouveau plan de rigueur". Pour le porte-parole du parti socialiste, Benoît Hamon, c''est la "défaite historique et cuisante d'un gouvernement qui est arrivé à ces élections épuisé sur le plan politique et idéologique, étranglé par les politiques d'austérité mises en oeuvre en Espagne", a déclaré M. Hamon. La "leçon qu'il faut retenir", c'est qu'"il faut pouvoir proposer une alternative claire face aux choix qui sont ceux de la droite", a-t-il ajouté.
    Analyse différente pour un autre socialiste : Gérard Filoche (gauche du PS). Ancien inspecteur du travail, soutien de Martine Aubry pendant la primaire PS, très actif sur Twitter, il affirme : "Ce n'est pas un raz de marée vers la droite, mais un raz de marée d'abstentions à gauche". S'agit-il d'un message destiné au candidat François Hollande ?

     

    ... Et par Pierre Laurent (PCF). "La victoire de la droite espagnole qui a remporté une majorité absolue historique au Parlement, est une mauvaise nouvelle pour l'Espagne et pour l'Europe" souligne le secrétaire du Parti communiste français et président du PGE (Parti de la gauche européenne). "les classes populaires, les jeunes abandonnés par le PSOE qui obtient son plus mauvais score depuis le retour de la démocratie, vont être les victimes de cette politique. Voilà le résultat quand la gauche n'est plus la gauche. Quand elle mène des politiques de casse sociale et de soumission aux marchés financiers. Quand elle s'aligne sur Merkel et Sarkozy" explique le leader du PCF qui rélève pourtant le "très bon score" de Izquierda Unida et de l'EUIA (Gauche unie et Alternative en Catalogne). 
    "Une augmentation de 700 000 voix et de 9 députés par rapport à 2008, c'est une magnifique progression lorsque l'on connaît le poids du bipartisme et la règle électorale injuste qui perdurent en Espagne. Le rôle d' Izquierda Unida auprès des populations et leurs combats sont reconnus. Leur dialogue avec le mouvement des indignés et au côté des luttes pour l'Education dans les dernières semaines, a, je crois, porté ses fruits" analyse Pierre Laurent en soulignant que "pour tous les partenaires européens du PGE, pour les européens qui luttent, pour les grecs et les français qui, en 2012, vont eux aussi être confrontés à d'importantes échéances électorales, la progression d'une gauche unie autour de propositions de transformation en Espagne est un formidable espoir."

     

    Escaños totales : 350

    Votos contabilizados :                                                                     24590557     71.69 %

    Abstenciones :                                                                                     9710775     28.31 %

    Votos nulos :                                                                                           317886       1.29 %

    Votos en blanco :                                                                                   333095       1.37 %

     

    Parti Populaire (Droite)                                          186 escaños     10830693    44.62 %

    PSOE (Socialistes)                                                  110                        6973880    28.73 %

    CiU (centre droit de Catalogne)                               16                        1014263      4.17 %

    Izquierda Unida  (communistes et écolo)             11                        1680810      6.92 %

    AMAIUR (Indépendantistes basques - gauche)     7                          333628      1.37 %

    UPyD  (Centre gauche)                                                5                           323517     1.33 %

    ERC                                                                                  3                           256393     1.05 %

     http://pcfbalaruc.over-blog.com/


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