• Dettes, [en♫ -♫;-)] : tentative (?) d'éclairage d'une question volontairement maintenue dans le brouillard

     

    Canaille 112

     

    Le tonneau des Danaïdes

    Dans l'entourage de La Canaille, mais est-il le seul, fusent des mots du type « dette, on y comprend rien, c'est quoi ? Existe-t-elle ? Si oui, d'où vient-elle ? »

     

    Comme nous sommes englués idéologiquement dans une sortes d'obligations morales poussant à payer cette dette (le fameux « qui paie ses dettes s'enrichit » « les dettes ça s'honore » etc.), chacun veut légitimement en savoir plus.

     

    De nombreux économistes, les uns pour enfumer la question, certains beaucoup moins nombreux avec de bonnes intentions, apportent leurs explications. Mais tout le monde, La Canaille en tête, n'est pas « bac + 17.4 ».

     

    Donc, nous allons modestement tenter de donner quelques coups de lumière pour y voir plus clair.


    Comme point d'appuis de départ, deux textes courts, l'un extrait d'un article de Michael Hudson, économiste de Wall Street, et donc pas forcément un bolchevik forcené.

    Et l'autre de ce bon vieux barbu dont la puissance d'analyse montre l'urgence de se replonger dans ses écrits, j'ai nommé mon camarade Karl Marx, économiste et 1er afficheur public avec son pote Fr. Engels de la réalité de la lutte de classe.

     

    Ces deux textes devraient arriver à faire que Canaille le Rouge puisse sans s'engluer aider à éclairer des lanternes qui ne demandent qu'à se ranimer.

     

    Le Texte de M Hudson :

    La dette a été la force motrice de ces évolutions —seules les stratégies changent. La dette clive la richesse en créant une classe de créanciers dont le pouvoir oligarchique est renversé par de nouveaux leaders (« tyrans » dans le vocabulaire d’Aristote) qui obtiennent le soutien populaire en supprimant la dette et en redistribuant les biens ou en gardant les profits que génèrent ces biens pour l’état. 

    Depuis la Renaissance, cependant, les banques se sont mises à soutenir les démocraties. Non pas par souci de liberté ou d’égalité mais bien plutôt pour sécuriser leurs prêts. Comme l’a expliqué James Steuart en 1767, les emprunts royaux restaient des affaires privées plutôt que des
     dettes publiques. Pour qu’une dette souveraine devienne la responsabilité d’un pays tout entier, il fallait que des représentants élus puissent faire passer des augmentations d’impôts pour payer les intérêts. 


    En accordant aux contribuables une voix au gouvernement, les démocraties anglaises et hollandaises ont donné aux créanciers de bien meilleures garanties de remboursement que les rois et les princes dont les dettes s’éteignaient avec eux. Mais à cause des récentes protestations contre la dette, de l’Islande à la Grèce en passant par l’Espagne, les créanciers retirent leur adhésion aux démocraties. Ils exigent l’austérité fiscale et même la privatisation des biens publics.


    La finance internationale est devenue le fer de lance d’un nouveau type de guerre. Son objectif est le même que la conquête militaire d’autrefois : s’approprier la terre et les ressources minières, ainsi que les infrastructures communales et les revenus de l’extraction. En réponse les démocraties exigent des référendums pour choisir de payer ou non les créanciers en vendant le domaine public et en augmentant les impôts, ce qui engendrera du chômage, des baisses de salaire et une récession économique. L’alternative étant de réduire le montant de la dette ou même de l’annuler et de remettre en place des règles pour contrôler le secteur financier.

     

    Celui de K Marx ensuite :

    « Le peuple sait bien, par sa propre expérience et les saignées faite à sa bourse, combien la dette publique pèse sur les impositions ; mais peu de gens savent dans quelles conditions spéciales cette dette a été contractée et existe toujours. L'État, cet instrument commun entre les mains de nobles propriétaires fonciers, et des gens de la finance, a besoin d'argent pour réaliser, à l'intérieur comme à l'extérieur, l'œuvre d'oppression. Il emprunte donc chez les capitalistes et usuriers, et leur remet un bout de papier, par lequel il s'engage à payer, pour 100 livres sterling prêtées, tel chiffre d'intérêt. Les moyens nécessaires à ce paiement, il les tire, sous forme d'impôts, de la poche des classes ouvrières. Si bien que le peuple doit servir de garantie à ses oppresseurs vis-à-vis des gens qui prêtent leur argent pour qu'on lui coupe le cou à lui, peuple. Cette dette figure sous diverses rubriques, suivant que le taux d'intérêt est de 3,3 ½ ou 4 0/0. » ( K. Marx  People's Paper, 16 avril 1853.)

     

    Maintenant, munie de ces deux outils, creusons un peu sur cette fameuse dette.


    Depuis la désindexation de la monnaie sur les cours de l'or et, concernant en particulier la France, le fait que l'émission de monnaie, donc les prêts aux institutions, ne sont plus le privilège des banques centrales (nous la banque de France et cela depuis Pompidou-Giscard), à quoi ressemble le lien entre l'emprunteur (public ou privé) ou la banques prêteuse.

     

    Si mon voisin de palier me prête 100€ pour attendre l'arrivée de ma pension, soit il me donne 100€ en liquide ou bien il me fait un virement de 100€ c'est officieux et dans des conditions réglées de gré à gré. Si c'est mon banquier qui me prête 100€ ou m'accorde un découvert de la même somme, il y adjoint un intérêt de x% à lui régler calculé sur la durée du prêt, intérêts qui sont payés d'abord avant même de rembourser le principal (la cigale et la fourmi, foi d'animal etc. vous vous souvenez ?), notez, c'est important que cet argent est inscrit sur mon compte.

     

    Quand un état emprunte 1 milliards d'Euro pour acheter des avions de chasse, des gaz lacrymogènes, payer les dettes contractées pour régler une facture antérieure, ce milliards n'est pas versé sur le compte du budget il est une autorisation de dépense conditionné à remboursement sur « n » années avec un taux d'intérêt de x% à l'organisme émetteurs qui de ce fait crée de la monnaie à hauteur de ce milliards. Ce sont des prêts obligataires. Ils figurent en négatif sur les comptes publics. Ils structurent le fameux « déficit public ». De l'argent qu'on doit alors qu'on ne l'a pas en compte, qui produit des intérêts bien réels payés par l'impôt et qui doit être utilisé pour ce pourquoi il a été demandé. C'est pour cela que les prêts usuraires accordés à la Grèce vont servir à acheter aux autorités prêteuses des navires de guerre, des tanks et avions et que pour cela Papademos ferme écoles et hôpitaux.


    C'est du crédit révolving au niveau des états sauf que ceux qui empruntent, les gouvernements, ne sont jamais ceux qui remboursent : vous. Sinon vous emprunteriez pour la recherche et feriez un téléthon pour les mirages ou les lacrymos.


    C'est la différence entre un prêt domestique et les salades financières internationales. Deux éléments aliment le jeux de ces dernières : la virtualité des fonds a transformé les sage banquier à l'ancienne dont la prudence proverbiale alimentait le soupçon d'avarisme en traders fous qui ne rêve que de faire banco et tapis pour rafler la mise et aller comme des chiots faire le beau devant les actionnaires qui les dressent pour cela.

     

    Il n'y a plus de transfert de fonds sur le compte de l'emprunteur mais autorisation d'usage du montant prêté contre versement d'un intérêt dont le taux n'est plus défini contractuellement mais arbitré par des agences de notation qui modifie à la hausse les taux que doivent honorer les peuples.

     

    Plus le remboursement paraît risqué, plus le prêteur se couvre par un taux d'intérêt élevé. Pour obliger les peuples à rembourser les gouvernements ont, ensemble à la demande des prêteurs, décidé de ce plafond de 3% de déficit (Maastricht) quand les intérêts sur les sommes « empruntés » au même surfent sur des 4.5 à 8% (G20).

    Canaille 113


    Passer sous l'objectif des 3% de déficit est l'objectif quel que soit le prix à payer pour l'atteindre.

     

    Sachant que pour le gouvernement souscripteur ou le pool bancaire préteur, financer un Avion de chasse ou creuser un tunnel qui désenclavera définitivement une vallée est de même nature (ce qui est faux d'un point de vue strictement comptable) et exige d'être remboursé de la même façon.

     

    Sans que les banques en question n'immobilisent une seule unité de monnaie de leur réserve, elles autorisent donc la dépense publique contre paiement d'intérêt. C'est leurs versements cumulés par les états ou organisme débiteurs qui en créant de l'argent, est censé assurer une solvabilité du créancier qui lui accumule et se rémunère grassement. C'est du Madoff « légal » parce qu'institutionnel.

     

    Les états, pour financer leur politique, essentiellement le remboursement de la dette et les frais que coûte le détachement permanent d'un appareil de coercition pour assurer la continuité du fonctionnement du système (en gros police, armée, justice, administration générale de l'ensemble et encadrement idéologique du tout), recours à l'emprunt et rembourse avec intérêts.

     

    Pour assurer le remboursement, les états ont recours à la fiscalité et à la pression sur les revenus salariaux. Seuls épargnés au nom de l'investissement qui n'existe pas : les revenus du Capital et leur accompagnement idéologique dont les congrégations religieuses-même en France.

     

    C'est ce que dit Marx des moyens du remboursement : « Il les tire, sous forme d'impôts, de la poche des classes ouvrières. Si bien que le peuple doit servir de garantie à ses oppresseurs vis-à-vis des gens qui prêtent leur argent pour qu'on lui coupe le cou à lui, peuple »

     

    Comme la solvabilité des états se réduit tant ils ont recours à des emprunts qui ne vont pas à l'investissement social ou productif, pour se prémunir et surtout gonfler les profits, les prêteurs ont besoin de faire monter les taux d'intérêts. C'est pour cela qu'ils ont inventé, dirige et font monter aux créneaux leurs agences de notation (AdN).

     

    Mais mieux, ou pire, les institutions financières capitaliste pour assurer le taux de profit ont engagé des fonds dans des conditions d'insolvabilité (dettes pourries) qu'ils cherchent à refiler à des gogos ou à sanctuariser moyennant rétributions. Ce sont ces créances pourries et leurs explosions comme des bulles de lave volcanique qui sont responsables de l'odeur sulfureuse de pourriture économique et de l'incendie financier cause du désastre actuel : Le système financier en appelle aux états à qui elles prêtent à x%, les états les garantissant contre un intérêt à (1/2 X)% et les banques ensuite re-prêtent ces fonds contre un intérêt à (2x%) à ceux des états les plus victimes des politiques mises en œuvre pour alimenter les banques.

     

    Canaille 114


    Compliqué ?

    Les états « E », pour « soulager » les banques des conséquences de leur avidité garantissent les banques « B » avec un intérêt de 2%. La banque « B1 » prête ces fonds globalement à 4% aux états « E1 », « E2 » etc., avec une pointe à 6 voire 8% pour les plus vulnérables c'est ce qui se passe avec la Grèce ou le Portugal. Ce sont les notes des AdN qui fixent la posologie de leur potion empoisonnée au travers de ces lettres qui ont pour mission de faire trembler les peuples, le chantage à la perte du « tripleuhâ »

    Pour rembourser ces prêts, les fonds sont mobilisés par les états à partir des richesses produites par les peuples et dont ceux-ci sont privés de jouissance pour aller aux coffres des banques qui les re-prêtent encore plus chers y compris à celui qui, exsangue, vient de les rembourser.

    Comme les états n'arrivent plus à payer tant les exigences fixées par les patrons financiers et industriels des AdN sont inatteignables, ils s'assurent leur capacité de remboursement en bradant le socle politico économico géographique qu'ils ont en charge de gérer.  C'est ce qu'avance de M. Hudson « à cause des récentes protestations contre la dette, de l’Islande à la Grèce en passant par l’Espagne, les créanciers retirent leur adhésion aux démocraties. Ils exigent l’austérité fiscale et même la privatisation des biens publics ».


    La finance internationale est devenue le fer de lance d’un nouveau type de guerre. Son objectif est le même que la conquête militaire d’autrefois : s’approprier la terre et les ressources minières, ainsi que les infrastructures communales et les revenus de l’extraction.

     

    Leur politique leur accorde une pseudo légitimité pour retirer de l'espace public ce que les peuples ont acquis, construit et fait fonctionner pour en les spoliant les soumettre aux critères du privé.

     

    Avec ces deux citations, nous faisons à la fois le tour des causes de la crise des financements publics qui n'est donc pas une crise de la dette. Mais aussi nous éclairons les raisons de la reprise à marche forcée des politiques impérialistes qui visent à asservir TOUS les peuples pour le bénéfice du capital. Ce capital qui, l'actualité le démontre, n'est pas en voie de mondialisation mais est un concept global d'asservissement et donc d'abord un rapport social d'exploitation à subvertir et supprimer.

     

    Cela justifie d'inscrire dans le granit l'objectif de récupérer sans indemnités ces biens public volés et en repoussant le chantage des petits porteurs qui ont eu le choix d'y aller ou pas et qui de toute façon ont touché dividendes à hauteur de leur participation à la rapine.

    Canaille 115

     

    Ensuite, si vous le voulez bien, poussons le raisonnement.

     

    Si les marchés financiers autorisent les états à leur emprunter des lignes de crédits qui n'existent pas. Cela parce que les emprunteurs (gouvernements) leur ont abandonné le droit non pas d'émettre mais d'autoriser l'usage contre rétribution bien réelle, des crédits dont sa solvabilité est assurée par le travail bien réel des peuples et donc devrait leur appartenir, c'est bien la preuve qu'il n'y a pas de dette à rembourser puisqu'il n'y a pas de prêts de la part du financier qui ne donne que se que produit le savetier, lequel est privé des fruits de son travail.

     

    La seule dette existante est celles que ces institutions financières ont puisqu'elles ont capté les richesses produites comme rémunération de capitaux qu'elles n'ont jamais mobilisés.


     

    Les peuples n'ont pas de dettes et donc n'ont rien à payer.

     

    Par contre ceux qui mentent sur cette fausse question de la dette publique ont des comptes à rendre et comme le capital, sont en dette avec leur peuple.

     

    Voilà qui justifie amplement d'exiger et d'imposer la mise sous propriété et gestion publique de l'ensemble du système financier et le démantèlement des ADN comme outil de leur propagandestaffel.

     

    C'est un peu le sens de l'appel des partis communistes mis en ligne sur une page précédente. Réjouissons-nous-en.

     

    Reste qu'un texte pour devenir objectif à concrétiser a besoin d'un outil organisationnel qui le porte. Et ici, il reste à reconstruire.

     

    Boileau là, pour réac qu'il fut n'avait pas tout à fait tort : « les choses simples s'énoncent clairement et les mots pour le dire viennent aisément ! »… Enfin aisément ? A la relecture, même si je publie, on doit encore pouvoir faire mieux.

    Par canaille le rouge


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