•  Ni "eurobligations", ni sortie de l'euro...

    Sortir de l'euro ferait redoubler les difficultés et la spéculation, exacerberait les rivalités entre Européens et, au total, consoliderait la domination mondiale du dollar, pourtant elle-même en crise   très   profonde.   Surtout,   cela   reviendrait   à   se   priver   de  la   force   d'une   création monétaire commune à l'échelle européenne, donc des conditions de financement qui serait très limitée par rapport à des  pays-continent comme les États-Unis ou la Chine.

    Les   euro-obligations,   dont   la   conception   s'inscrit   toujours   dans   le   recours   aux   marchés financiers, présentent deux autres inconvénients. D'une part elles interdisent la possibilité de conduire des politiques différenciées selon les besoins propres de chaque pays. D'autre part, émises au nom de la zone euro,  elles imposeraient, pour garder leur notation, aux pays les plus faibles de s'aligner sur les normes des pays qui dominent, Allemagne en tête, poussant ainsi vers une politique budgétaire unique.

    Tout au contraire, l'enjeu  est de commencer à rompre avec cette logique qui consiste à faire accumuler de nouvelles dettes, pour tenter de régler celles en cours, en empruntant toujours plus sur les marchés financiers.

    Utiliser l'euro et la BCE autrement :

    C'est possible avec une autre utilisation de l'euro, de la création monétaire de la BCE, du crédit bancaire, des fonds publics nationaux et européens.

    Le PCF,   le Front de gauche, et le Parti de la gauche européenne (PGE) proposent   de construire un Fonds social et solidaire pour le développement européen.
    Son principe: l'émission  des titres nationaux de dette publique rachetés par la BCE à un taux d'intérêt   nul   qui   alimenteraient   ce   nouveau   Fonds.   Celui-ci   serait   chargé   de   les   répartir, démocratiquement,   entre   chaque   pays,   selon   leurs   besoins   respectifs,   dans   le   but, expressément, de développer leurs services publics et leur potentiel de croissance sociale nouvelle.

    La dénonciation du pacte de stabilité, le rejet déterminé du pacte de l'euro +,  marcheraient alors de paire avec le lancement d'un nouveau pacte pour une croissance sociale, écologique et solidaire européenne.

    Redonner une pleine utilité à la  création monétaire et au  crédit

    Pour y parvenir nous avançons un ensemble cohérent de propositions:

    •    Réorienter   la politique  monétaire de la BCE  sous   le contrôle des parlements européen et nationaux. •    Redonner     aux    banques  centrales  la  possibilité   de  financer  directement  les États, soit par des avances monétaires directes, soit par la souscription d'obligations du Trésor à bas taux d'intérêt.
    •    Différencier les taux d'intérêt (des banques commerciales vers les ménages et les entreprises,   et de la Banque Centrale vers les banques commerciales) selon l'utilité sociale effective de l'activité à financer ou refinancer
    •    Revenir sur le décloisonnement banque de dépôts/banque d'investissement  et interdire certaines pratiques comme les opérations de "gré à gré"
    •    Réinventer une maîtrise publique et sociale du système bancaire et d'assurances
    •    Revenir   sur   la   libre   circulation   des   capitaux  et   instaurer   une   taxe   sur   les transactions financières
    •    Réorienter le  crédit vers l'économie réelle, en privilégiant les activités socialement et écologiquement efficaces, pour  permettre un nouveau type de développement pour générer  des   richesses    indispensables   pour  retrouver   des   recettes   publiques,  des revenus populaires, et les moyens de répondre aux besoins sociaux, en premier lieu d'emplois.

    Une telle réorientation de la création monétaire et du crédit à l'économie peut contribuer à
    maîtriser et résoudre le problème de la dette, sans les "cures d'austérité" qui saignent les
    peuples sans guérir l'économie. Il faut organiser un dégonflement de sphère financière.

    Une affaire mondiale et pas seulement européenne :

    Il faut en finir avec la dictature des agences de notation privées pour le compte des marchés financiers   et   la   spéculation.   Cela  nécessite     une   profonde   transformation   du   système monétaire international dans le cadre d'une nouvelle conférence mondiale qui serait au moins de la portée de celle de Bretton Woods de 1944.

    L' Europe peut jouer un rôle majeur dans ce sens, de concert avec sa propre transformation:
     
    •    En se tournant vers les besoins énormes de développement du monde arabe en révolution et de l'Afrique sub-Sahara avec un nouveau plan de type Marshall sans domination.
    •    En se rapprochant des pays émergents pour faire reculer le rôle du dollar et aller vers la création d'une monnaie commune mondiale de coopération, à partir des droits de   tirage   spéciaux   (DTS)   du   FMI,   comme   l'envisagent   désormais   explicitement   la Chine, la Russie, la CNUCED... et d'une refondation des institutions monétaires, financières et commerciales internationales.


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