• De l’oligarchie au nouveau cours de la politique mondiale


    Par Hervé Kempf, Journaliste et écrivain français, auteur de L’Oligarchie ça suffit, vive la démocratie, (Seuil, Paris 2011). Son livre qui aborde les questions sociales et écologiques, a suscité un vif intérêt en France et a été traduit en plusieurs langues, pour la revue "Transform", 

    La grande majorité des analystes et des citoyens des sociétés occidentales  supposent que nous sommes en démocratie. Mais sommes-nous en démocratie – un régime où le peuple gouverne, ses représentants mettant en œuvre la volonté populaire ? Ou vivons-nous dans une oligarchie travestie en démocratie ? Une oligarchie, c’est-à-dire un régime où un petit nombre adopte en son cénacle les décisions qu’il lui paraît nécessaire de prendre.

    Le capitalisme a pris un virage en 1980 : à partir de cette date, l’inégalité a crû de manière constante dans tous les pays occidentaux, après plusieurs décennies durant lesquelles la distribution des revenus était restée stable. Au sein de ce mouvement s’est produit un second phénomène : le groupe des très riches a fait croître sa part des revenus encore plus rapidement que les « simplement » riches 1. Au sommet de la société s’est ainsi détaché un groupe fortement cohérent qui suit une logique propre, en termes de pouvoir comme de mode de vie.

    L’affaissement du système financier qui a commencé à se produire en 2007 a illustré la force nouvelle de la classe oligarchique. La logique aurait voulu que les responsables de la débâcle soient sanctionnés et le système financier réformé. Mais il conserve sa puissance et dicte ses décisions aux responsables politiques. Ceux-ci les appliquent sans broncher car ils ne sont que la face visible d’un mélange systématique entre les fonctions de direction publique et celles des entreprises privées.

    En démocratie, le clivage fondamental sépare le domaine public, qui concerne l’intérêt général, et le domaine privé, relatif aux intérêts privés, au demeurant légitimes dès lors que leur poursuite ne nuit pas au bien commun.

    Mais en oligarchie, la coupure, horizontale, se marque entre les membres du sommet de la pyramide, qui occupent les fonctions de direction dans ses différentes spécificités, et le corps social, conditionné pour considérer ce clivage comme légitime ou inévitable.

    En oligarchie, la réussite signifie notamment la mise en coupe réglée de l’État. Le mot réglé est ici important : il ne s’agit pas de le ruiner, comme dans une dictature africaine où une extraction trop violente des richesses maintient le peuple dans la misère, mais de « régler » le prélèvement sans tuer la bête et sans déclencher une rébellion qui pourrait menacer la pérennité de l’exploitation. L’adéquat niveau de prélèvement et les formes selon lesquelles il s’exerce attestent du savoir-faire de l’oligarchie. Ils varient selon les pays, les cultures nationales, les histoires. Le prélèvement actuel se révèle d’abord dans la corruption, mais surtout par deux courants qui ont orienté le capitalisme des trois dernières décennies : le poids devenu énorme des grandes entreprises financières relativement aux États, et l’idéologie de la privatisation, qui facilite l’acceptation du transfert des bénéfices publics dans les coffres de l’oligarchie.

    La mondialisation économique s’est traduite par un mouvement de concentration continu. Maints domaines industriels sont ainsi devenus le champ clos d’oligopoles. Cependant, il ne faut pas exagérer la puissance globale des firmes : en 2002, les cinquante plus grandes compagnies industrielles et de services représentaient seulement 4,5 % du PIB des cinquante plus grands pays 2.

    Mais un facteur nouveau a modifié en profondeur la scène économique : banques, fonds de pension, et gestionnaires de portefeuilles financiers ont vu ensemble leur taille augmenter et dépasser largement celles des grandes entreprises.

    En 2002, les cent premières firmes du monde représentaient un chiffre d’affaires de 5 600 milliards de dollars ; des nains en comparaison avec les cent premières banques qui géraient 29 600 milliards de dollars d’actifs 3. La puissance du secteur financier est devenue colossale. Les dix plus grandes banques mondiales ont chacune en 2010 des actifs supérieurs à 2 000 milliards d’euros quand la production intérieure d’un pays moyen comme la Grèce est de l’ordre de 200 milliards d’euros 4.

    Les intérêts de la communauté financière se sont imposés aux politiques économiques, notamment par des passages réguliers de responsables des banques aux postes de décision politique, comme en témoignent, de la façon la plus spectaculaire mais certes pas isolée, les nombreux associés de Goldman Sachs investis de charges publiques.

    Le deuxième volet du contrôle oligarchique de la sphère publique est le mouvement général de privatisation lancé dans les années 1980. Après avoir rendu aux intérêts privés les entreprises industrielles, les gouvernements oligarchiques se sont attaqués aux activités de service (transports, électricité, télécommunications, jeux), puis à la santé, l’éducation et l’armée.

    Le régime oligarchique conserve soigneusement le principe d’assemblées élues. Mais pour éviter que ces assemblées n’orientent dans la mauvaise direction l’usage des prérogatives qui leur restent, on a développé le « lobbying », c’est-à-dire des méthodes discrètes d’influence sur les élus et les décideurs par des organismes ou industries unis par un intérêt particulier.

    Tous les secteurs – finance, pétrole, informatique, électricité, chimie, communications, transports, agro-industrie –, déploient d’impressionnants efforts pour influencer les législateurs de Washington, de Bruxelles et d’ailleurs. Les succès qu’ils obtiennent sont remarquables. L’invasion des organismes génétiquement modifiés aux États-Unis n’aurait pas été si fulgurante sans une relation intime entre cette agro-industrie et les gouvernements successifs. Les projets européens de régulation financière sont confiés à des groupes d’experts composés pour l’essentiel de représentants… du secteur financier 5.

    Le système politique des États-Unis présente une caractéristique supplémentaire : les batailles électorales se gagnent à coups de millions, les candidats ne pouvant l’emporter que s’ils peuvent investir davantage que leurs rivaux en annonces télévisées et en publicités diverses. Dans 93 % des cas, les représentants et les sénateurs élus aux élections de novembre 2008 étaient ceux qui avaient dépensé le plus d’argent pendant leur campagne 6. À la Chambre et au Sénat, les élus défendront les intérêts de leurs donateurs plus que celui de leurs mandants. Les plus riches l’emportent : élections et oligarchie peuvent aller de pair.

    La fabrique de l’opinion publique

    Deux personnages vivant au début du xxème siècle aux États-Unis ont joué un rôle idéologique majeur. Pour le journaliste politique Walter Lippmann, les citoyens ne sont pas capables de comprendre les enjeux essentiels de la politique. « Le rôle du public ne consiste pas vraiment à exprimer ses opinions, mais à s’aligner ou non derrière une opinion. Cela posé, il faut cesser de dire qu’un gouvernement démocratique peut être l’expression directe de la volonté du peuple. » 6 La masse doit donc s’en remettre à des « hommes responsables ». Et l’on peut envisager de gouverner le peuple par la « fabrication du consentement » (the making of common will), en utilisant les méthodes psychologiques de manipulation.

    Cette idée que les citoyens sont incapables de saisir la complexité des problèmes dans une société moderne est le motif fondamental par lequel les oligarques légitiment leur domination.

    Lippmann a fortement influencé Edward Bernays qui a inventé la « communication ». Selon Bernays, « La manipulation consciente et intelligente des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays » 8.

    Le fondement de cette méthode est l’idée que l’individu n’est pas maître de ses choix, parce que son « jugement est un mélange d’impressions gravées en lui par des influences extérieures qui contrôlent ses pensées à son insu ». L’art du maître de la propagande est de combiner « clichés, slogans ou images symbolisant tout un ensemble d’idées et d’expériences » et résonnant « avec les ressorts classiques de l’émotion ».

    Le raisonnement de Bernays et de Lippmann marque une rupture capitale avec la conception de la société politique élaborée par les libéraux au xixe siècle : ceux-ci, dans la foulée du siècle des Lumières, considéraient que l’homme était un individu rationnel, capable de juger lucidement des inconvénients et des avantages d’une transaction ou d’une situation, et d’opérer un choix correspondant à son intérêt véritable. Sur le marché comme en démocratie, la rencontre de ces intérêts individuels divers mais rationnels devait produire la meilleure solution. Le nouveau courant nie la rationalité du citoyen comme celle du consommateur. Émotions et inconscient dominent la formation du choix des individus et, en jouant sur cette gamme, il est possible d’orienter leur décision vers la solution souhaitée par les manipulateurs.

    L’essentiel est que, sous les apparences de la démocratie réduite à l’élection, les « hommes responsables » gouvernent la masse sans que celle-ci ne doute du bon fonctionnement de la démocratie.

    Il manquait à cette logique un instrument qui lui permette de s’épanouir pleinement. Ce serait la télévision. Avec son essor dans les années 1960, le triptyque manipulation-publicité-télévision allait transformer la société politique dans le sens conçu par Bernays et Lippmann : une démocratie des apparences.

    Selon Eurodata TV, les téléspectateurs de 76 pays passent chaque jour 3 heures et 12 minutes devant leur téléviseur. Aujourd’hui, en Europe, une ou deux générations ont vécu avec la télévision dès leur plus jeune âge ; aux États-Unis, trois.

    Le divertissement télévisuel vise à détourner les foules de toute interrogation politique. La surreprésentation des rapports émotionnels entre individus – compétition, frustration, désir, cupidité – évacue tout rapport collectif du champ de la conscience des spectateurs. On encourage de même un intérêt démesuré pour les activités sportives, et l’on peuple feuilletons et téléfilms de policiers, de délinquants, d’hôpitaux.

    La publicité qui parsème et nourrit les programmes est un autre outil essentiel de formatage idéologique. Elle ne cesse de projeter des images de réussite fondée sur un surcroît de consommation. Pour être beau, heureux, en bonne santé, avoir des amis, il faut détenir ce que l’on veut vous faire acheter. Le message est simple, puissant et totalement politique : consommer, c’est bien.

    Faut-il rappeler que les télévisions – et les principaux médias écrits et radio – appartiennent à de grands groupes ? Dans presque tous les pays occidentaux, les médias indépendants de quelque importance se comptent sur les doigts d’une seule main.

    Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ?

    La facilité avec laquelle le régime oligarchique a digéré la crise financière ouverte en 2007 est déconcertante. Le sauvetage du système financier a rendu plus visible que jamais, d’une part l’importance vitale de l’intervention publique, démontrant l’inanité du dogme du marché, d’autre part le cynisme et l’impéritie des « champions financiers » et autres « experts » incapables de prévoir la catastrophe. Les peuples d’Occident n’en ont pas moins continué d’accepter sans grands remous la montée du chômage, la multiplication des pauvres, une inégalité stratosphérique, la poursuite implacable de la destruction écologique. Comment l’apathie populaire s’explique-t-elle ? L’une des causes en est le conditionnement mental et politique permis par le contrôle des médias et notamment de la télévision. La jeunesse est la première victime : avoir ingurgité cent mille messages publicitaires depuis sa naissance ne facilite pas l’élaboration d’une vision politique du monde.

    Le prolongement du conditionnement médiatique est le fatalisme. Le « there is no alternative » de Margaret Thatcher s’est durablement incrusté dans les esprits : il n’y a pas d’autre solution que le capitalisme, puisque le communisme a été vaincu ; la croissance est indispensable, sinon le chômage augmentera encore ; on ne peut pas taxer les hyper-riches, puisqu’ils s’enfuiraient ailleurs ; quoi que nous fassions pour l’environnement sera annulé par le poids de la Chine ; etc.

    Le fatalisme est d’autant plus intense qu’il sourd d’une culture devenue massivement individualiste. Le capitalisme depuis 1980 a généralisé à un degré jamais vu le repli sur soi, le déni du collectif, le mépris de la coopération, la concurrence ostentatoire.

    Mais les sociétés oligarchiques ne sont pas des dictatures, régnant sur des ombres craintives. Si les gens ne se rebellent pas, c’est aussi parce qu’ils ne le veulent pas.

    Cornelius Castoriadis observait naguère qu’il y a « une vérité élémentaire qui paraîtra très désagréable à certains : le système tient parce qu’il réussit à créer l’adhésion des gens à ce qui est » 9. La culture capitaliste a mis « au centre de tout les “besoinsˮ économiques », et « ces besoins qu’il crée, le capitalisme, tant-bien-que-mal-et-la-plupart-du-temps, il les satisfait ». De même, Herbert Marcuse avait souligné, dès les années 1960, la disparition de l’opposition entre prolétariat et bourgeoisie à partir du moment où « une classe moyenne relativement satisfaite a remplacé les classes laborieuses pauvres » 10.

    L’ébranlement amorcé en 2007, s’il fragilise de plus en plus nettement les classes moyennes occidentales, n’a ainsi pas encore nourri de sentiment de révolte ou de solidarité avec les plus démunis. La vie reste assez confortable.

    C’est la peur qui domine : la perte du statut guette, alors que le système de valeurs de la société, orienté par la rivalité ostentatoire, stigmatise tout ce qui s’apparente à une déchéance. Les stratégies de repli individuel dominent donc le comportement des classes moyennes.

    Enfin, celles-ci s’imprègnent de la découverte que, malgré leurs difficultés, elles font partie des riches de la planète. L’évidence de l’inégalité planétaire finit par s’imposer au regard de tous, et les habitants des sociétés occidentales, même grugés par l’oligarchie, se savent des privilégiés, ce qui crée une solidarité paradoxale avec la classe dirigeante qui profite cyniquement de la fragilité générale.

    Ce que signifie réellement la mondialisation

    Au total, le système social est aujourd’hui organisé pour attribuer la plus grande part possible du produit de l’activité collective à un petit nombre de membres dirigeant la société. Ceux-ci proclament que la prospérité économique est la clé de tout et que la croissance, assortie de la technologie, résoudra les problèmes – que l’on ne peut pas nier.

    Ceci aurait une importance historique secondaire s’il n’évacuait le phénomène dominant l’époque : une crise écologique qui correspond à un moment décisif de l’histoire de l’humanité, celui où elle rencontre les limites de la biosphère.

    En trente ans, le rythme de la destruction s’est accéléré, et ce qui paraissait relever d’un catastrophisme de marginaux forme le fond d’une conscience collective pessimiste. Ce mouvement des idées traduit un renversement radical de la perspective historique : alors que l’émancipation des Lumières trouvait son énergie dans la promesse d’un avenir meilleur, l’aube du troisième millénaire ne projette qu’une clarté incertaine sur un monde où l’objectif devient de ne pas le détruire.

    Or, depuis une trentaine d’années, nombre de pays du Sud ont connu une croissance très rapide. L’ensemble de ces pays émergents acquiert un poids bientôt dominant dans l’économie mondiale. Cet essor a fait reculer d’un quart en vingt ans le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour. Mais un milliard et demi d’humains sont encore dans le dénuement, tandis que le revenu moyen des pays du Sud de la planète reste très en-deçà de celui des pays riches. Or, la crise écologique, qui s’aggrave d’autant plus que la croissance de ces pays est intense, constitue un mur dressé sur leur route.

    L’éventualité qu’ils rejoignent le niveau actuel de prospérité des habitants du Nord est très improbable. Cette inégalité ne paraît pas justifiable ni durable. Ce qui est en jeu, en réalité, c’est la fin de l’exception occidentale. La révolution industrielle démarrée en Europe, puis élargie aux États-Unis et au Japon, a ouvert une parenthèse durant laquelle les pays occidentaux se sont écartés sensiblement, en termes de richesse et de puissance, du reste du monde. Cet écart a atteint son apogée au début du xxie siècle. Nous commençons à vivre le resserrement de cet écart.

    Ce resserrement ne pourra pas se faire seulement par un relèvement du bas. En raison des limites écologiques, tous les habitants de la planète ne pourront pas vivre comme un États-Unien, ni comme un Européen ou un Japonais. La réduction de l’écart des richesses devra donc s’opérer par un abaissement important du haut. La politique de la biosphère indique une direction à contrecourant de tout le discours dominant : les Occidentaux doivent réduire leur consommation matérielle et leur consommation d’énergie, afin de laisser une marge d’augmentation à leurs compagnons de planète. L’appauvrissement matériel des Occidentaux est le nouvel horizon de la politique mondiale.

    Ainsi, il nous faut reconquérir la démocratie dans un contexte mental radicalement différent de celui dans lequel elle s’est développée. Durant les xixe et xxe siècles, elle a grandi et convaincu parce qu’elle était une promesse d’amélioration du sort du plus grand nombre, promesse qu’elle a accomplie, en association avec le capitalisme. Aujourd’hui, le capitalisme délaisse la démocratie, et il nous faut revigorer celle-ci en annonçant un bien-être, un « bien vivre », fondamentalement autre que celui que fait aujourd’hui briller la publicité. Qui, d’abord, évitera la dégradation chaotique de la société. Qui, ensuite, ne sera plus fondé sur les séductions de l’objet, mais sur la modération illuminée par un lien social renouvelé. Il nous faut inventer une démocratie sans croissance.

    La question n’implique pas seulement les sociétés occidentales. Quelle ligne de fracture caractérise le monde actuel ? Celle qui oppose le « nord » et le « sud », ou bien le fossé qui sépare l’oligarchie mondiale des peuples sujets ?

    Les pays du Sud sont beaucoup moins homogènes que l’image qu’en donnent des médias fascinés par les performances économiques : ils vivent des conflits majeurs, portant sur la répartition de la richesse produite, dont profite surtout une oligarchie avide, et sur un mode de développement qui fait bon compte de la question agricole et de l’environnement. On y retrouve fréquemment l’opposition entre une classe dirigeante, qui s’appuie sur celles des classes urbaines dont le niveau de vie augmente, et les paysans, les prolétaires et les habitants des bidonvilles. De plus, les oligarchies de tous les pays du monde se conduisent solidairement : elles forment une classe transfrontière partageant une idéologie et des intérêts communs. 

    Il ne faut pas considérer les pays du Sud comme un bloc. Dans les pays dits émergents, les classes moyennes et riches jouissent d’un niveau de vie qui induit un impact écologique aussi conséquent que le mode de vie occidental.

    L’inégalité mondiale reste bien sûr un phénomène essentiel au regard du rééquilibrage entre les parties du monde qu’impose la contrainte écologique. Mais elle recouvre une inégalité majeure au sein de toutes les sociétés. Le rééquilibrage ne pourra se réaliser que si l’inégalité est corrigée dans chaque pays. Pour résumer l’enjeu de façon lapidaire, le petit employé européen n’acceptera pas une réduction de son niveau de vie si cela profite aux millionnaires chinois.

    Pour résoudre le défi écologique et éviter le repliement nationaliste auquel conduirait une approche pays par pays ou bloc contre bloc, il est vital de susciter les solidarités internationales entre peuples pour imposer, partout, la réduction des inégalités. Cela signifie que l’enjeu démocratique est planétaire : les droits de l’homme, la liberté du débat public, la participation de tous aux décisions ne sont pas des valeurs occidentales, mais les moyens par lesquels les peuples s’émancipent de leurs oppresseurs.

     

    Notes

    1) Voir pour les États-Unis : Piketty, Thomas et Saez, Emmanuel, « The Evolution of Top Incomes : a Historical and International Perspective», AEA 2006, session: Measuring and Interpreting Trends in Economic Inequality, janvier 2006.

    2) De Grauwe, Paul, et Camerman, Filip, How Big are the Big Multinational Companies?, janvier 2002.

    3) Morin, François, Le Mur de l’argent, Paris, Seuil, 2006, p. 40.

    4) Piketty, Thomas, « Non, les Grecs ne sont pas des paresseux », Libération, 23 mars 2010.

    5) « Financing Warmongers Set EU Agenda », Corporate Europe Observatory, avril 2010.

    6) Center for Responsive Politics, « Money Wins Presidency and 9 of 10 Congressional Races in Priciest U.S. Elections Ever », 5 novembre 2008.

    7) Lippmann, Walter, Public Opinion, New York, BN Publishing, 2008, p. 161.

    8) Bernays, Edward, Propaganda, Paris, Zones-La Découverte, 2007, p. 31.

    9) Castoriadis, Cornelius, et Cohn-Bendit, Daniel, et le public de Louvain-la-Neuve, De l’écologie à l’autonomie, Paris, Seuil, 1981, p. 26-27 et 32-33.

    10) Cité par Brown, Wendy, « Néo-libéralisme et fin de la démocratie », Vacarme, n° 29, automne 2004. 
     

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