• Conquérir le présent pour garantir l'avenir

    Voilà des décennies que les militants de tradition marxiste ou indépendants scrutent l’horizon de l’histoire : analyse de l’état du monde, de la montée des périls, mise en exergue de telle ou telle lutte exceptionnelle. Ce faisant, lucidement, les mêmes constataient l’ampleur des défaites mondiales consacrées en 1989 par la victoire de la coalition des oligarques russes capitalistes occidentaux détruisant pierre sur pierre, jusqu’au souvenir de la Révolution d’Octobre.

    Cette débâcle a permis à la contre-révolution, sur tous les continents, d’accéder.

    A partir de la fin des années 1970, quelques intellectuels, quelques militants ont commencé à analyser le libéralisme comme nouvelle expression du système capitaliste. De fait, l’analyse a toujours retardé sur les conséquences de l’offensive libérale contre les exploités, classes et peuples confondus. Les défaites ont succédé aux échecs.

    Dévitalisant le prolétariat des pays avancés par la délocalisation systématique, mise en concurrence des classes ouvrières entre elles, désintégration totale de toutes les conquêtes sociales, explosions du chômage, etc. Jamais la violence sociale ne s’est exercée à l’échelle du globe avec une telle persévérance. Quasiment planifiée, l’offensive pouvait marquer le pas dans ce pays, elle progressait sur l’ensemble du reste du front.

    Ajoutons que le libéralisme n’est pas limité à une démarche économique ou financière. Il faut que ça tienne ! Et pour ce faire, les maîtres de la mondialisation ont bâti un système mondial, total, intervenant en temps réel, qui à chaque moment matraque les opinions, fournit des explications. Fiction, publicité, propagande forment un tout qui produit en permanence le spectacle positif de la société. Un véritable programme ! La barbarie n’a jamais été aussi sensuelle, conquérante, jeune, attrayante. Les maitres du monde instruits par l’histoire savent qu’à l’échelle du globe, l’ordre des prédateurs doit éviter autant que faire se peut l’utilisation de l’armée. La répression passe aussi par la télévision, les médias modernes, les systèmes d’éducation, de formation.

    De surcroit, cette communication est rentable.

    Combien de fois avons-nous pensé, après tel ou tel événement : ça ne tiendra pas… Ca tenait. Au point que depuis vingt ans au moins, chaque crise économique financière semblait régénérer le système qui tel un phénix revivait en permanence de ses cendres.

    L’offensive libérale, depuis le coup d’état de Pinochet a ravagé la planète. Partout où il y a eu résistance, combat, partout  au bout du bout, les masses ont perdu la bataille, le chômage a explosé, la paupérisation s’est installée, banalisée, la pauvreté bat des records en Europe et aux Etats-Unis. Les sans toits sont maintenant des centaines de milliers et nombreux sont ceux qui ne peuvent plus se soigner !

    Hier, la barbarie c’était ailleurs, encore loin. Maintenant sans exagérer, c’est ici. Par leurs seules forces, les salariés, défaits, démoralisés, sans imaginaire politique, (encadrés par des appareils politiques et syndicaux affaiblis mais très présents pour défendre l’ ordre social, accompagner et aider à la mise en place de ces contre réformes et défaites), ne sont pas en mesure de combattre avec une chance sérieuse de l’emporter sur un système organisé mondialement (Europe, FMI, Alena, ONU, OTAN, etc).

    Un système politiquement centralisé. Les sommets européens, les réunions du G7 du G20 n’ont qu’une fonction. Coordonner les politiques libérales sur tous les continents.

    Mais depuis 2008 (crise des subprimes), une nouvelle situation politique s’écrit sous nos yeux. Le salariat, la classe ouvrière internationale n’y sont pas pour grand-chose (même s’ il y a débat et nuances entre nous sur ce point). Les militants révolutionnaires encore moins…

    Le système économique, financier, politique bâti depuis 1980 commence à s’effriter, à s’effondrer. Ce n’est ni une berlue ni une exagération. En particulier l’Europe implose.

    Ici le toit glisse, là les murs se fissurent... La panique boursière, les peurs financières (stabilité des banques) impuissantent les gouvernants. A peine annoncent-ils un accord laborieux qu’il est remis en cause !

    Avec la crise de la dette souveraine, le système commence à prendre l’eau.L’incroyable se réalise. Même pour nous. Nous avons si longtemps scruté l’avenir sans rien apercevoir, que là nous sommes sur le retrait. Annulation de tout ou partie de la dette grecque ! et déjà les « marchés » lorgnent du côté de l’Italie… L’euro peut sauter disent les « experts. » Les gouvernements européens ne parviennent pas à juguler l’hémorragie. Tout le système se craquèle. L’unité du commandement n’est plus. Les intérêts anglais, français, allemands et américains s’opposent.

    C’est dans cette situation que salariés et jeunes peuvent relever la tête. Ils doivent se battre car évidemment le système capitaliste ne peut faire payer la situation qu’aux opprimés. La crise des sommets ne déclenche pas automatiquement une contre-offensive mais elle la rend possible.

    C’est ici bien sûr que nous devons mesurer et analyser la portée des révolutions initiées cet hiver en Tunisie, Egypte etc… et aussi le mouvement des « indignés » de ce printemps, un ensemble hétérogène et différencié dont la dimension et l’ apport  font débat aussi entre nous : en quoi bouscule t il  nos convictions et/ou les conforte t il ?

    Ce n’est pas une crise économique de plus.

    Ce n’est pas une crise politique supplémentaire.

    Une nouvelle époque commence. Si les principaux bateaux de l’armada libérale ont des avaries, peuvent s’échouer ; si l’avalanche de la dette souveraine écrase les institutions financières internationales, la question d’un nouvel ordre contre ce désordre va être posée. Peut-être que le cycle de près de quarante ans de stabilité libérale s’épuise…

    Ce n’est pas une affaire revendicative ou syndicale.

    Nous sommes les quatre vingt dix neuf pour cent, disent les Indignés. Et c’est dans la citadelle de la mondialisation, aux Etats-Unis, que ce mouvement semble prendre tout son sens.

    Ce que je trouve exceptionnel, ce qui à mon avis annonce peut-être une nouvelle période et non pas un simple classique « tournant », c’est que la crise mondiale du capitalisme pose à des millions de femmes et d’hommes, une question simple.

    Si ce système, cette économie, ces modes de gouvernements, conduisent à de tels cataclysmes alors il faut débattre d’un autre monde. Tout de suite. Maintenant. Hors de quoi nos enfants, nos petits-enfants sont condamnés à la barbarie.

    Il me semble que la question d’un processus révolutionnaire : conquérir le présent pour garantir l’avenir est posé. Il me semble que ce sont ces problèmes qu’il faut mettre au cœur de nos discussions.

    Un mot encore. Les événements grecs annoncent la politique que le prochain gouvernement de François Hollande mettra en œuvre. Tous les candidats des primaires socialistes ont soutenu, loué, Papandréou.

    Ne nous racontons pas d’histoires. Evitons d’en raconter. La « victoire » de Hollande sera une défaite électorale de Sarkozy. Certainement pas une victoire des salariés. Discutons-en !

    Le 4 novembre 2011

    Charles Jérémie

    http://www.convergencedesluttes.fr/index.php?


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