• CN du PCF du 25 avril 2012 : intervention de D.NEGRI

    Intervention de Dominique NEGRI (Isère)


    L’élection présidentielle a été réduite à un référendum pour ou contre Sarkozy. Tous les autres candidats ont cherché à se démarquer du bilan de son gouvernement.

    Le rejet de sa politique de casse sociale s’est effectivement exprimé. Alors oui, il faut aller jusqu’au bout et faire barrage à surenchère droitière de Sarkozy. Mais non, le vote Hollande ne doit surtout pas être un vote « sans conditions » mais un vote sans illusions! L’alternance n’amènera pas de changement de cap.

    dominiquenegriLa campagne électorale a été organisée dans le but de détourner l’opinion des analyses, des propositions de rupture dont les travailleurs auront besoin pour affronter la prochaine offensive du capital. 

    La crise n’est pas une crise « financière », due aux « excès » du capitalisme. C’est une crise du capitalisme lui-même. Il avance ses propres solutions : liquidation des acquis sociaux, baisse des salaires d’abord, puis aides publiques massives pour reconstituer le profit des grands groupes (du pur capitalisme monopoliste d’Etat porté par la « gauche »).

    L’UE est l’organisme de coordination de ces politiques dans les différents pays. L’euro est son instrument. La question n’est pas pour nous, communistes, de rentrer dans le mythe de « l’Europe sociale », du soi-disant « modèle social européen ». Elle est de continuer à porter notre opposition fondamentale au Traité de Maastricht. La contestation de ses avatars actuels, « règle d’or » ou MES, ne prend de sens que dans le refus premier de Maastricht.

    Ces positions cruciales, comme tant autres, n’ont pas été portées ces derniers mois, sinon pour être caricaturées. On mesure les conséquences de l’absence de candidat (vraiment) communiste.

    La candidature quasi-imposée de Jean-Luc Mélenchon s’est révélée strictement conforme à ce que nous dénoncions, quelques uns ici, même si, faute d’autre choix électoral, elle a drainé une partie de l’aspiration au changement. Il y a tromperie sur la marchandise.

    Le sénateur mitterrandien honoraire, l’ancien ministre de Jospin s’est servi d’un phrasé révolutionnaire pour mieux esquiver les questions de fond, mieux canaliser vers sa maison-mère Hollande (dès 20h15 dimanche !). Les postures radicales, la façon scandaleuse de singer Georges Marchais ont cherché à masquer les axes réformistes du Front de gauche : l’adhésion à l’UE au nom de l’Europe « sociale », avec cette folle et dangereuse illusion de la réorientation de la BCE, l’insertion totale dans les institutions bourgeoises et l’électoralisme etc.

    La fumeuse 6ème république prétend en finir avec la personnalisation du pouvoir : toute la campagne a été centrée sur le personnage de Mélenchon, au mépris en particulier des communistes.   

    Nationalement depuis des mois, le CN, direction du PCF ne fait qu’enregistrer les décisions des dirigeants autoproclamés du Front de gauche (Mélenchon, Autain, Billard, peut-être MG. Buffet). L’opacité a été totale sur le Comité national de campagne du Front. Mélenchon se permet de convoquer une convention nationale du Front sans même en référer à Pierre Laurent. Mais pour ce dernier, il faudrait que l’on continue à structurer le Front de gauche.

    L’opération est plus subtilement mise en œuvre qu’au moment des collectifs antilibéraux mais elle le même objectif : dissoudre le PCF dans une nouvelle organisation réformiste. Je fais partie de ceux qui s’y opposeront jusqu’au bout.

    Nous avons tous constaté la complaisance, la connivence entre les journalistes et l’insulteur public Mélenchon. Elle me rappelle la phrase du dirigeant marxiste allemand August Bebel : « quand la bourgeoisie me flatte, je cherche l’erreur que j’ai commise ». Sauf que là, il n’y a pas d’erreur.

    Nous allons affronter une période encore plus dure. La droitisation de la vie politique avec la campagne a préparé le terrain. Hollande mènera une politique de droite. Sarkozy lui facilite le travail en glissant vers Le Pen. Le Pen, qui n’est pas du tout « semi-démente », détourne la colère populaire.

    Immédiatement, appelons à battre Sarkozy. Mais refusons toute négociation électoraliste avec le PS pour les législatives, excluons toute participation à une majorité PS.

    C’est la condition pour que nos idées progressent et fassent progresser les luttes, sur une ligne de classe. 


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