• Claude Vinci

     
    Et puis aussi pour le plaisir ou la découverte :

     

     Claude Vinci

     

    Né en 1932 dans village du nord de l'Indre. Son père était maître d'école de la classe unique. Sa biographie indique que "Il a traîné très tôt ses fesses au fond de la classe, à tel point que ses parents, aux alentours de ses trois ans, ont découvert qu'il savait lire, écrire et compter sans qu'il eut vraiment appris".

    Études secondaires au Lycée Giraudoux de Châteauroux et football à la Berrichonne (gardien de but).

    Claude aura été de tous les combats du 20ème siècle jusqu'à cette entrée dans le 21ème. Communiste, syndicaliste : Il a connu la guerre de 39-45 où il fait la connaissance de la poésie clandestine de Paul Éluard (notamment Liberté), mais surtout le maquis.  Il "commence" comme Résistant dès l'âge de 16 ans, Pacifiste et internationaliste : jusqu'à la fin de ses jours il sera un soutien indéfectible de la cause palestinienne,

    Les "idoles" de ses passions sont alors Yves Montand pour la chanson, cinéma, théâtre et poésie et René Vignal pour le football.


    En 1951, il "monte à Paris" pour faire ses études.

     

    Claude Vinci, ingénieur diplômé de l'école des Arts et métiers, footballeur tenté un temps par la carrière professionnelle.

     

    Il choisit la chanson plutôt que le football et fait ses games dans tous les cabarets Rive Gauche de l'époque : L'Écluse, L'échelle de Jacob, La Colombe, Le Cheval d'or, Le Port du Salut...

     

    C'est en 1956, que rappelé en Algérie, il déserte l'armée française en Algérie, combat au côté du FLN.  Il sera en Algérie "moudjahidine d’honneur".

     

    En 1963, il enregistre son premier album chez Philips "Claude Vinci chante Paul Éluard", préfacé par Montand et orchestré par François Rauber. En 1964 et 1965 c'est la sortie de deux nouveaux albums chez Philips "Vingt ans déjà" qui se vend à plus de 80.000 exemplaires. En 1966, il passe du Cabaret au récital.

     

    De 1967 à 1972, il enregistre 4 albums : Chanson pour vivre, Chanson de la Grande Patience, Je revendique et Faire le point.

     

    Ses biographe poursuivent "En 1984, il décide de souffler et d'abandonner momentanément la chanson. Il travaille sur un film en Italie dont il écrit le scénario et les dialogues avec et pour Monica Vitti La chanson d'Orlanda et de Orlando Furioso. Il écrit également l'adaptation littéraire pas publiée.

     

    Il retourne à la chanson avec un album en 1993 "Racines".

     

    Il a écrit le récit de sa vie dans plusieurs titres :   La trop courte vie d'Adrien en 1995, Les portes de Fer en 2003 aux éditions Le temps des cerises.

     

    Pour cadrer l'homme, un texte : Claude Vinci, pour le Bureau National du Syndicat Français des Artistes Interprètes CGT , paru en 1976 dans Le Peuple, (toujours organe officiel de la CGT). Cet article revient sur le problème posé par la gratuité des prestations des chanteurs “militants” lors des galas de solidarité organisés par des organisations syndicales. Ce texte fit alors débat mais c'est justement son but et dans nos luttes du moment ne garde-t-il pas une importance certaine ?

    Par canaille le rouge

     

    « Chanson, Chanson militante, Militantisme »2.

    Quand on voit un chanteur en scène, même pour un tour de chant long, de deux heures par exemple, sa prestation semble très souvent facile et on peut avoir l’impression que quiconque en ferait autant. Elle est normale cette apparence de facilité, et elle doit être la marque de ce qu’on appelle « le talent ».

    Mais-a-t-on pensé à ce qu’est « le talent » ? Serait-ce un don acquis à la naissance, par hérédité ? Aurions-nous, en naissant, un gène spécifique qui fasse de nous un artiste, un chanteur ? Certainement pas. C’est tout un contexte familial, social, d’éducation qui fait qu’à un moment donné nous accrochions pour les arts, pour un art, que « nous sentions la vocation ». Et c’est ce qui explique que, parmi les artistes, il n’y en ait certainement pas plus de 2% d’origine ouvrière et petite paysanne, tous les autres étant, à très grande majorité, d’origine petite bourgeoise.

    Si avoir « la vocation », « le talent », c’est nécessaire, c’est loin d’être suffisant. Il faut surtout le travail. Des heures et des heures, des semaines, des mois, des années de travail sur toute une carrière, passés en cours de chant, de musique, d’art dramatique, de danse, de mîme, d’expression corporelle qui coûtent fort cher. C’est être à peu près au courant de tout ce qui se fait, se recherche dans les domaines de la poésie, de la littérature, de la musique, du cinéma, de la télé, de la peinture, etc… C’est être dans la vie et non pas dans une tour d’ivoire sclérosante, pour accumuler un matériau solide qui sera transformé en chansons. Ce sont des heures, des semaines, des mois parfois pour mettre au point l’écriture de ces chansons, trouver la forme la plus apte, le vers le mieux tourné, le mot le plus précis, la musique, note par note quelquefois, la mieux mariée au texte. C’est, pour celui qui n’est qu’interprète, la recherche de ses chansons, de nouveaux auteurs, le choix, le travail souvent avec une équipe d’auteurs et de compositeurs.

    Et une fois ces chansons écrites ou choisies, combien d’heures de mise au point, de répétitions qui ne fourniront d’ailleurs que l’ossature de l’interprétation qui va s’améliorer, s’enrichir au contact du public.

    Encore faut-il pouvoir le contacter, ce public ! Et combien d’heures sont encore passées là en démarches, en prospection pour avoir des engagements, pour pouvoir enfin exercer ce métier, son métier.

    Aussi, un tour de chant qui semble facile – et c’est heureux – représente en définitive une somme incalculable d’investissements intellectuels non rémunérés, qui coûtent même, sans parler des investissements matériels nécessaires : une voiture et pas n’importe laquelle quand un chanteur fait entre 50 et 100 000 kilomètres par an avec souvent des étapes de 8 à 900 kilomètres, une sonorisation pour fournir le meilleur travail possible, des instruments de musique, etc…

    Tout cela, ajouté à la totale insécurité d’emploi, explique que le cachet d’un chanteur, même débutant, puisse paraître élevé, voire exorbitant, comparativement au salaire quotidien moyen d’autres travailleurs. Et pourtant, il est loin de correspondre, dans de très nombreux cas, à ce qu’il faut pour vivre à peu près décemment, à la disponibilité à son métier 24 heures sur 24, le professionnalisme donc, étant indispensable, ce qui n’a rien de discriminatoire pour les amateurs puisque dans notre pays où rien n’est organisé pour notre formation, tout professionnel vient des rangs amateurs.

    Il est donc anormal de demander à un chanteur de chanter gratuitement, même pour un gala de solidarité à une grande cause avec laquelle ce chanteur est en plein accord.

    Bien sûr, certains chanteurs véhiculent l’idéologie progressiste et se mettent ainsi directement aux côtés de la classe ouvrière, s’intègrent même à la lutte contre l’exploitation capitaliste, au niveau idéologique. On peut alors considérer que leur tour de chant est un acte militant. Cela est certainement vrai, mais dans un sens seulement, car si cela était pleinement vrai, ce serait admettre que la révolution peut se faire par la culture artistique. On sait bien que cela est en grande partie faux et que la chanson, comme tout art, n’est qu’une aide (elle n’est pas que cela) à une prise de conscience de la nécessité d’autre chose, une aide importante oui, mais une aide seulement.

    Et pourquoi un tour de chant serait-il plus militant dans un gala de solidarité où tous les spectateurs sont militants eux aussi et donc convaincus, que dans une représentation « normale » devant le tout-public dont une grande partie n’est pas forcément acquise aux idées exprimées ? Ne serait-ce pas plutôt dans ce second cas que le tour de chant est le plus militant ?

    Alors, chacun de nos tours de chant pourrait être considéré effectivement comme un acte militant, ne se faisant pas payer puisque militant ; mais quand et comment allons-nous gagner notre vie, quand et comment allons-nous amortir les investissements intellectuels et matériels que nous sommes obligés de faire constamment et sans lesquels il ne peut pas y avoir de tour de chant ? Nous préférons dire et nous sommes convaincus d’avoir raison parce que nous l’avons beaucoup vécu et y avons beaucoup réfléchi : « notre militantisme, le vrai, le fondamental, est ailleurs et quand nous montons sur une scène pour chanter, c’est avant tout notre métier que nous exerçons et c’est un travail pour lequel nous avons investi et cela nécessite un salaire ».

    Le problème se présenterait de manière totalement différente si nous étions des salariés « normaux », avec un salaire régulier et garanti. Mais tel n’est pas le cas ; nous ne sommes que des salariés intermittents à employeurs multiples.

    Aussi, nous pensons qu’il est tout à fait justifié que toute prestation artistique de notre part, tout tour de chant, tout travail donc, fasse l’objet d’un salaire. Celui-ci peut subir des variations selon les cas, être même reversé intégralement à l’organisateur, ça n’est plus alors qu’un problème d’appréciation personnelle mais il y a le principe reconnu de salaire.

    C’est qu’au salaire et au salaire seul, se greffe tous les droits sociaux qui dans nos professions, comme dans les autres, ne sont que des acquis des luttes syndicales.

    Cela veut dire que, quand nous faisons un gala gratuit, il ne peut pas y avoir de cotisations, donc pas de couverture en ce qui concerne la Sécurité sociale, les allocations familiales et les accidents du travail (et cela peut être grave, dramatique et c’est déjà arrivé, en cas d’accident sur le chemin ou la scène du gala), pas de cotisations à notre Caisse Congés Spectacles, nos congés payés, pas de cotisations ASSEDIC (et il y a plus de 80% de chômage dans nos professions), pas de cotisations retraite Sécurité sociale et retraite complémentaire. Pourquoi n’aurions nous pas droit, nous aussi, à bénéficier complètement de ces conquêtes syndicales à l’obtention desquelles notre propre syndicat, par son affiliation à la CGT et par ses luttes spécifiques, a participé ?

    La solution ? Il n’est pas question pour nous de nous opposer à ces galas de solidarité, de soutien, à ces galas « militants » qui risquent même d’augmenter avec les luttes sociales et politiques. Nous sommes partie prenante. Nous voulons nous y intégrer et en chantant aussi puisque cela peut aider les luttes, nos luttes communes.

    Mais cela ne peut se faire au détriment de notre métier ; cela ne peut aller à l’encontre des acquis des luttes communes et spécifiques ; sinon il faudrait bientôt penser à organiser aussi de nombreux galas de soutien aux chanteurs participant gratuitement à des galas de soutien. Il faut qu’un organisme possesseur d’une licence légale d’entrepreneur de spectacles, assurant ainsi toutes les cotisations sociales, puisse prendre en charge le financement de ces galas « militants ».

    Claude Vinci, pour le Bureau National du Syndicat Français des Artistes Interprètes CGT, 1976.


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