• Chiffres du chômage, le dessous des cartes

    D'abord un long plaidoyer du patron de pôle emploi qui donne dans "les Échos" cet état des lieux assez idyllique qui va faire rugir de colère les victimes de la casse sociale

    CHRISTIAN CHARPY DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PÔLE EMPLOI

    RECUEILLI PAR Derek    PERROTTE Journaliste

    L'Unedic prévoit 140.000 chômeurs  en moins cette année

     

    Les bonnes    nouvelles se succèdent sur le marché du travail. L'année 2011 s'annonce donc moins tendue que prévu pour Pôle emploi ?

    Le premier trimestre a enregistré pour la    première fois depuis 2008 une baisse continue du nombre de demandeurs d'emploi sur trois mois. C'est une très bonne nouvelle d'abord pour les chômeurs. Et, par définition, moins il y a de    demandeurs d'emploi, plus on peut intensifier leur suivi. Mais il faut rester prudent pour le reste de l'année ; en outre, la situation reste difficile pour les chômeurs de longue    durée. 

    Le chef de    l'État vous a demandé de trouver une solution d'ici à fin juin pour les chômeurs les plus exclus. Où en êtes-vous ?

    Près des trois quarts des    680.000 personnes concernées et qui sont encore au chômage ont été reçues par Pôle emploi ou ses partenaires. 43.000 ont bénéficié d'un accompagnement renforcé et, à fin mars, 6.500 étaient    entrées en formation. 

    Cette    opération ne se fait-elle pas au détriment des autres chômeurs ?

    Il est nécessaire de concentrer les efforts sur    ceux qui sont le plus en difficulté. Mais cela ne doit pas se faire au détriment des autres. En particulier, les jeunes qui vont sortir du système scolaire dans quelques semaines. Pour eux, nous    allons multiplier les actions à la rentrée : extension de l'accompagnement renforcé expérimenté dans le Nord - Pas-de-Calais, forums de recrutement et de rencontres, tout cela en    partenariat avec les missions locales. 

    Que    devient la réglementation sur l'offre raisonnable d'emploi (ORE) prévoyant de sanctionner le refus de deux emplois de suite ?

    Le contrôle de la recherche d'emploi prend    différentes formes : sanction de refus d'emploi, sanction du refus de formation, sanction de refus de deux ORE, actes positifs de recherche. Il donne lieu au total à environ    2.000 radiations par mois. Avec près de 3 millions de demandeurs d'emploi et 3,3 millions d'offres collectées, chaque demandeur d'emploi n'a pas forcément bénéficié d'une    proposition de Pôle emploi dans l'année. C'est pour cela qu'il est important que les chômeurs cherchent aussi du travail en activant leur réseau. 

    Où en    êtes-vous sur l'offre de service aux chômeurs ?

    En 2011, nous avons deux priorités : achever le déploiement de l'entretien d'inscription et de diagnostic (EID), le premier rendez-vous avec le demandeur d'emploi qui va de l'inscription à l'élaboration du projet professionnel. Il est déjà opérationnel dans plus de 150 agences et sera généralisé d'ici à la fin de l'année. Nous avons aussi ouvert le chantier de la segmentation des demandeurs d'emploi pour personnaliser les services. Je compte faire prochainement des propositions concrètes sur le sujet au conseil d'administration. 

    En    annonçant votre départ, Xavier Bertrand, le ministre de l'Emploi, ne vous a-t-il pas fragilisé, à un moment délicat car la convention tripartite État-Unedic-Pôle emploi doit être    renégociée ?

    J'ai toujours indiqué que je partirai à la fin    de l'année. Dire tout haut ce que chacun savait tout bas ne change rien à la situation ni à ma capacité à diriger Pôle emploi. 

    L'État n'a    pas tenu ses engagements financiers dans la première convention. Cela pèsera-t-il sur les discussions ?

    En 2009, une partie de la subvention n'a pas    été versée et, en 2010 et 2011, nous avons dû prendre en charge des dépenses assumées jusque-là par l'État. Cela a pesé sur les comptes de Pôle emploi. La feuille de route de 2012 à    2014 devra sûrement clarifier les engagements financiers de l'État vis-à-vis de Pôle emploi. 

    L'établissement n'a que deux ans mais se retrouve en déficit...

    Il se trouve dans une situation financière    complexe et difficile. En 2010, nous avons été en perte de 23 millions d'euros, hors provisions exceptionnelles constituées pour les congés des salariés. C'est peu rapporté aux    5 milliards d'euros de dépenses annuelles de fonctionnement et d'intervention. Mais nous allons devoir renforcer les synergies liées à la fusion pour baisser de 8 % nos charges de    fonctionnement, hors personnel et immobilier, en 2011 et d'autant en 2012. Et, une fois que toutes les synergies de la fusion auront été trouvées, il faudra mener une réflexion sur les    effectifs à laquelle nous invite le rapport de l'Inspection des finances, qui pointe le faible niveau des effectifs consacrés à l'accompagnement comparé au Royaume-Uni et à l'Allemagne. 

    Les 26 et    27 mai, vous accueillez les homologues de Pôle emploi de toutes les régions du monde pour évoquer la contribution des services publics de l'emploi à la sortie de crise. Qu'en    attendez-vous ?

    Les services publics de l'emploi ont mis en    œuvre des actions innovantes pour faire face à l'explosion du chômage. Avec les 50 pays participants, nous souhaitons tirer les enseignements de la crise et apporter notre contribution à la    dimension sociale de la mondialisation qui est un des thèmes prioritaires du G20.

    Propos recueillis par LEÏLA DE COMARMOND, Les    Echos

     

    Au passage, chacun pourra noter que l'état qui a piloté la casse du système    d'assurance chômage et de l'ANPE (avec l'aide de la CFDT) se permet de s'affranchir de ses obligations financières sans que cela face hurler les envoyeurs d'huissiers pour un loyer de    retard.

    Mais le plus intéressant est dans le décryptage des chiffres :

      

    Radiations : le    mensonge de Christian Charpy

        LUNDI, 23 MAI 2011 21:14 

    En mars, le total des radiations, tous motifs confondus, a dépassé    300.000. On est donc très loin des 2.000 radiations mensuelles avancées par le DG de Pôle Emploi. Dans son interview publiée dans Les    Échos, «le contrôle de la recherche d'emploi prend différentes formes : sanction de refus d'emploi, sanction du refus de formation,    sanction de refus de deux ORE [offres raisonnables d'emploi], actes positifs de recherche. Il donne lieu au total à environ 2.000 radiations par mois», affirme-t-il.
    Un    chiffre scandaleusement sous-évalué et allègrement repris par toute la presse.    De quoi accuser Christian Charpy de vouloir masquer l'ampleur du phénomène aux yeux de l'opinion.
        Comme le montre la dernière note mensuelle de la DARES/Pôle Emploi, en page    10, il existe six grands motifs de sorties des listes dont trois concernent les radiations, celles-ci représentant 66% du total.
        La note d'avril 2011 indique pour les seules catégories ABC, c'est-à-dire l'ensemble des inscrits «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» :
    Cessations    d'inscriptions pour défaut d'actualisation : 204.300 (soit    43,5% des sorties)     En janvier, il y en a eu 198.100. En février, 203.700. La progression annuelle est de +3,1%.

    Si la majorité de ces «absences à contrôle» sont justifiées — le chômeur a retrouvé un    emploi et ne se donne pas la peine de le déclarer, ou il décide de ne plus pointer parce que, n'ayant droit à aucune indemnisation, il en a assez d'être «suivi» inutilement… —, d'autres    s'expliquent soit par l'oubli du demandeur d'emploi, soit par les bugs informatiques du site pole-emploi.fr qui sature chaque fin de mois, en pleine période    d'actualisation.

        Mais admettons que, dans sa stricte interprétation, ce motif ne soit pas représentatif, et décortiquons les deux autres...
    Radiations    administratives : 45.000     En janvier, il y en a eu 40.800. En février, 44.000. La progression annuelle est de +10,3%.
        Elles regroupent les sanctions classiques décrites par Christian Charpy, dont les «absences à convocation» qui, très souvent, sont sujettes à caution (convocation non reçue, retard au    rendez-vous, loupé de l'entretien téléphonique…). On voit que les     2.000 radiations mensuelles annoncées par M. Charpy à propos du seul «contrôle de la recherche d'emploi» ne fait pas le poids,    surtout quand on se penche sur le troisième motif ci-dessous...
    Autres    cas :  54.100     En janvier, il y en a eu 55.400. En février, 53.800. La progression annuelle est de -2,3%.
        Ces mystérieux «autres cas» regroupent des radiations diverses, comme le refus de signature du PPAE, la déclaration erronée, le titre de séjour non valide pour les étrangers, ou le décès du    demandeur d'emploi. Elles concernent également la non présentation à convocation dans le cadre de la CRP ou du CTP, les abandons de stage, de CRP/CTP ou de contrat aidé. Il existe même une    sous-catégorie fourre-tout intitulée «indéterminé».
    Christian Charpy est-il un menteur ? On serait donc tenté de dire que oui.     La presse, qui reprend ces allégations sans creuser, est-elle moutonnière (sinon complice) ? Oui, assurément.

     

        Ce qui revient à dire que Fa# a dès maintenant mobilisé les services officiels (on ne dira pas "publics "en l'occurence) pour construire sa campagne 2012 sur des faux et usage de faux. Ce qui est    devenu la règle pour le pouvoir.

        Comme le nombre de chômeurs n'apparait pas dans les comptes de campagne, il servira à peindre en rose les contes qui émailleront sa campagne.      


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