• Charcuterie...

     

    Charcuterie...

     

    A.A.A.A.A.

     

    En charcuterie, c’est un gage de qualité… En économie, en revanche, c’est le genre de certification dont on se passerait bien…  Nous voilà donc promu au rang d’andouillettes, toutes bien alignées derrière la devanture réfrigérée, attendant que le grossiste de chez Moody’s, Standard and Poor’s et autres bouchers-charcutiers néolibéraux nous tripotent, nous pèsent et nous apprêtent pour le grand banquet…

     

    La vie de cochonnaille est ainsi faite que l’on soit d’Athènes ou de Troyes. Suer sang et eau sur les fourneaux de l’économie casino pour un gratin de classe qui ne dit pas son nom… Andouillette d’un jour, andouille toujours ?

     

    PCF Niort 01

    Le goût des uns…

    La ficelle est aussi grosse que le rôti et l’amère breuvage qu’on nous prépare a d’ores et déjà le goût de jus de boudin typique des grandes saignées…  En 2007, la dette publique française avoisinait les 70% du PIB ; en 2010, elle frisait les 90% (se reporter pour plus de détails aux chiffres publiés in « L’Humanité », page 3, dans son édition du jeudi 4 août 2011)... Entre les deux, la crise des « subprimes » et l’opération « Il faut sauver le gratin mondial »… De la grande cuisine, à coup de centaines de milliards de dollars déversées sans la moindre contrepartie dans l’argenterie des banquiers et des assureurs internationaux… Résultat, la bulle spéculative privée s’est transformée en dette publique ; le péché de gourmandise des Grands Chefs  en régime drastique planétaire … Privatisation des profits, socialisation des pertes ; les chiffres parlent d’eux-mêmes et la recette est vieille comme le capitalisme…

     

    Déjà capituler ?

     

    Alors, « Que faire ? », me direz-vous… S’accorder sur un minimum en-deçà duquel un compromis serait une compromission, un rapport de force, un simple désaveu…

     

    Et ce minimum exigible et néanmoins crédible : c’est la taxation du capital et la construction d’un vaste pôle public bancaire…  Ne pas mettre sur la table ce type de propositions ; c’est déjà capituler et au final, transférer sur le dos des peuples, la dette immonde. ..

     

    PCF Niort 02

     A l’Ouest, rien de nouveau…

     

    Il suffit de jeter un œil de l’autre côté de l’Atlantique pour mesurer que « la solution [adoptée aujourd’hui par Obama] est semblable à celle des médecins du Moyen Age ordonnant des saignées à leurs malades » (Paul Krugman, prix Nobel d’économie en 2008 [Keynésien donc libéral], cité in « L’Humanité », mardi 2 août 2011). La capitulation d’Obama, c’est très concrètement : la réduction massive des dépenses publiques dans tous les champs d’intervention de l’Etat (dépenses militaires, allocations chômage, allocations pour les pauvres…). En France, on appelle cela la « LOLF » et la « RGPP » (« Loi Organique relative aux Lois de Finances » et « Réforme Générale des Politiques Publiques »)…


     

    2012

    Qu’on le veuille ou non, ces quelques exemples suffisent à nous rappeler que le débat actuel sur la dette, c’est aussi la faillite idéologique de la gauche dite de gouvernement… Alors, gageons qu’en 2012, nous saurons opposer l’intelligence collective à l’alignement des andouilles…

     

    Nicolas MARJAULT

     


     

    Charcuterie (épisode 2)...

     

    Vous allez dire que mes obsessions charcutières du moment sont probablement liées à d’obscures frustrations de barbecue sur fond d’été pluvieux… Soit, mais pas seulement…

     

    De la langue…

     Même si la construction d’un lexique approprié permet de faire passer une vulgaire association de malfaiteurs en théorie économique appliquée, un bal de vautours ne peut pas passer pour un joyeux quadrille de perruches… A défaut d’imagination, la communication est au pouvoir… « Agences », « notations souveraines », « émetteurs d’Euro-obligations », les trésors de la langue sont inépuisables dès lors qu’il s’agit de légitimer tout en euphémisant l’ordre inégalitaire… Et pourtant, il suffit de gratter du bout des ongles le vernis linguistique pour que se dévoile l’implacable réalité de l’exploitation économique…

    Du bout de gras…

    Dans une récente chronique du monde, le banquier d’affaires Georges Ugleux vendait doublement la mèche en reconnaissant d’une part que ce sont les banques qui « sont les vrais commanditaires de ces notations » et d’autre part que ces mêmes banques ont réussi le tour de force de « faire payer par ces Etats ces mêmes notations en leur vendant le fait que […] sans cela le coût de leurs emprunts serait supérieur » (« Qui paie ces notations ? », in « Le Monde », le 8 août 2011)… Les Etats se trouvent donc contraints de consentir à leur propre spoliation c’est-à-dire, à la nôtre car tout ceci se fait bien entendu en notre nom et avec notre pognon si vous voulez bien me passer l’expression…

     

    PCF Niort 03

     De l’équarrissage…

    Aujourd’hui, notre bon Fillon joue les élèves modèles et Sarko, les « surgés » disciplinés avec en toile de fond l’examen de passage de la bourse et de belles facilités à recracher mot pour mot le manuel du petit néolibéral… La mention « AAA », cela se mérite et comme Merkel et Berlu font rien qu’à copier, la tension monte à la corbeille… D’autant que la prometteuse promotion européenne s’est d’ores et déjà allégée de la Grèce dont « le nouveau plan d’aide de 160 milliards d’Euros » défini le 21 juillet dernier prévoit « des mesures de rigueur drastiques étroitement surveillés par les […] représentants de la « troïka » (Commission Européennne, FMI, Banque Centrale Européenne) qui sont en permanence à Athènes et contrôlent la mise en place des mesures » (Alain Salles, « Grèce : la dette, la souveraineté et le poète d’Alexandrie », in « Le Monde », le 8 août 2011).

     

    PCF Niort 04

    Du dépeçage…

    Et dire que nous serons tous demain des Athéniens… Après avoir légalisé la spoliation généralisée du bien public (transfert d’une dette privée [crise des subprimes] en dette publique [crise de la dette]), nous allons donc légaliser le transfert de souveraineté (de la démocratie politique à l’oligarchie financière)…

     

    « L’Etat grec est-il indépendant quand les experts de la « troïka » viennent chaque mois vérifier la mise en œuvre de leurs injonctions ? » s’interroge perfidement Joëlle Dallègre (dans « La Grèce inconnue d’aujourd’hui », L’Harmattan, 2011)…

     

    PCF Niort 05

     De la ciguë ?

    Il y a 2500 ans, Athènes posait les bases de ce que nous appelons aujourd’hui la « démocratie directe »… N’est-elle pas entrain de poser le cadre légal de ce que d’aucuns ont qualifié hier de « totalitarisme financier » ?  Je ne résiste donc pas à conclure en m’appuyant sur le très déprimant et néanmoins très instructif Alexandre Zinoviev (adulé en Occident quant il était dissident soviétique - lire  « Les Hauteurs béantes » [1976] -  et immédiatement oublié dès que son « retour » au Parti Communiste russe en 1996 fut connu)…

     

    En 1999 était donc publié « La grande rupture », ouvrage passé quasiment inaperçu et dans lequel on pouvait lire les quelques lignes suivantes : « Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Il est froid. Il ne connaît ni la pitié, ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison avec la dictature financière. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures. Aucune révolte n’est possible contre la banque. »

     

    Qu’on le veuille ou non, reprendre effectivement le pouvoir politique est devenu un impératif. Nous avons quelques mois pour cela…

     

    Au boulot, camarades !

     

    Nicolas MARJAULT

    http://www.pcfbassin.fr


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