• Cela va-t-il continuer ?

    Cela va-t-il continuer ?

    Ou va-t-on réussir à arracher la courroie de transmission ?

     

    La Canaille reprend la bonne idée de Jean Levy sur son blog : donner à connaitre ce qui se dit dans le camp d'en face, du moins là où se tient l'essentiel, le patronat et sa presse.

    Intéressant à plus d'un titre puisque comme si rien ne s'était passé, mais s'est-il passé quelque chose, le Medef trace la feuille de route au gouvernement.

    C'est long (le patronat tient à jour ses cahiers revendicatifs, lui). Le crédo du MEDEF, c'est compétitivité et discipline budgétaire.


    Le message est envoyé et d'après L Parisot partagé : pas de priorité au social, garder les dépenses publiques dans le pressoir de la BCE : le jus vers le capital, au peuple la rafle et qu'il se débrouille avec. Le tous adossé à "une défense totale évidement de notre monnaie unique" (sic).


    Au passage nous apprenons que le téléphone fonctionne bien :  "Ces grandes idées, nous les avons exposées hier dans les rendez-vous ou échanges téléphoniques que j’ai eu avec les différents ministres" (resic).


    La Canaille vous laisse juge mais il semble bien, sauf démenti actes à l'appui, que la rue de Solferino a su tirer enseignement de 1936 : "commençons par la pause on verra les avancée plus tard, le MEDEF sinon risquerait de se fâcher". La déclaration de Lebranchu sur le maintien du gel du point d'indice ne dément pas les déclaration de Parisot.

     

    "Point presse mensuel de mai 2012

    Bonjour à tous. J’espère que vous allez bien. 

    Hier, s’est tenu un Conseil exécutif au cours duquel nous avons fait un tour d’horizon de la situation économique et politique évidemment. Et vous savez par ailleurs que j’ai commencé à rencontrer certains ministres ou à avoir des conversations téléphoniques avec eux ; notamment Marisol Touraine, Arnaud Montebourg et Michel Sapin.  On nous a également annoncé un rendez-vous prochain avec le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

     

    Aujourd’hui, que pouvons-nous dire ?

    Il y a eu donc des premiers échanges qui sont avant tout des prises de contact. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes rentrés dans le vif du sujet. C’est normal, les choses sont en train de se préparer progressivement. Je dirais que l’on fait connaissance. Nous avons, au cours des entretiens d’hier en particulier, eu l’occasion d’exprimer à la fois nos espérances et nos inquiétudes. Et, hier, autour de la table du Conseil exécutif,  il y a avait une chose qui ne faisait pas débat, qui n’était pas du tout un objet de division, ni entre nous, ni éventuellement entre nous et le gouvernement. Je veux parler de la croissance. Évidemment, c’est pour nous une priorité et surtout un objectif. Et je crois qu’il faut faire attention : il ne faut pas considérer la croissance comme une hypothèse mais bien comme une conclusion. Il faut se demander comment on arrive à la croissance. On ne peut pas la décréter. Et hier, nous avons très largement échangé sur cette question-là : que faut-il faire pour atteindre cet objectif ?

    Nous, nous, disons premièrement que la croissance ce n’est pas la croissance des dépenses publiques. Et que par conséquent l’exigence de discipline budgétaire ne doit pas être abandonnée. J’y reviendrais en vous parlant notamment des prélèvements obligatoires.

    Deuxièmement, au-delà de la discipline budgétaire indispensable, le véritable outil de la croissance, l’instrument qui permet de créer de la croissance, c’est la compétitivité. La compétitivité du territoire France à l’intérieur de l’Union européenne et de la zone euro ; et la compétitivité du territoire Europe par rapport aux autres grandes régions du monde (Amérique du Nord, Asie, émergents).

    Donc, ces deux points sont essentiels et, pour nous, ils ne s’opposent pas. Ce n’est pas ou la discipline budgétaire ou la croissance ; c’est la discipline budgétaire et la croissance. L’ensemble bien sûr s’inscrit dans un cadre européen ; l’ensemble se fait principalement avec la force de l’Europe et de la zone euro et dans une défense totale évidemment de notre monnaie unique.

    Ces grandes idées, nous les avons exposées hier dans les rendez-vous ou échanges téléphoniques que j’ai eu avec les différents ministres. A cette question de la discipline budgétaire, de la compétitivité, du cadre européen, nous ajoutons également une autre dimension que j’ai rappelé sans cesse qui est l’esprit entrepreneurial. Il n’y aura pas de création de richesses si on ne valorise pas l’entrepreneur, si on ne suscite pas les créations, si on ne met pas en avant tout ce que l’entrepreneuriat peut apporter à un pays. La défense de l’entrepreneur pour nous est également une arme au service de la croissance.

    Voilà pour nous le cadre dans lequel nous souhaitons inscrire les relations de travail, les concertations voire les négociations que nous espérons développer avec le nouveau gouvernement.

    Mais je vous l’ai dit d’emblée, nous considérons que puisque l’essentiel passe par les entreprises, les entreprises ne supporteraient pas une augmentation nouvelle des prélèvements obligatoires. Ou alors le risque de décrochage, et je pèse mes mots, de notre pays serait vraiment très grand. Et à un moment où beaucoup s’inquiètent sur des plans sociaux, je crains que le pire serait à venir. Un chiffre qu’il faut avoir à l’esprit : le taux de marge moyen des entreprises françaises en 2011 a été de 28,6 %. Il était de 30,2 % en 2010. Donc nous avons perdu de 2010 à 2011 1,5 point de taux de marge. Alors qu’en Allemagne le taux de marge reste sur ces deux années aux alentours de 40 %. Ça c’est la clef, c’est la clef de tout : c’est la clef de l’investissement, c’est la clef de l’innovation, c’est la clef des embauches, c’est la clef de la création d’emplois, c’est la clef du pouvoir d’achat.

    Tout ceci pour vous dire qu’évidemment, là nous sommes dans une période que nous qualifions de transitoire, d’abord nous sommes en campagne pour les élections législatives, nous n’avons pas encore vu l’ensemble du gouvernement et le programme de travail est tout juste en train de s’élaborer y compris pour la conférence sociale du mois de juillet. Mais, d’ores et déjà, je tiens à dire que nous surveillerons de très près toutes les évolutions fiscales ou de charges sociales qui pourraient impacter les entreprises. Nous tiendrons un tableau de bord précis. D’autant plus que sur la base du programme de François Hollande, nous avons des inquiétudes. Mais je suis prudente, et j’espère que vous voudrez bien noter ma prudence, car c’est sur la base du programme – je pense que la façon dont les choses vont s’élaborer peut encore faire changer les données – mais sur la base du programme, nous avons calculé qu’il pourrait y avoir près de 27 milliards d’euros de charges fiscales et sociales nouvelles sur les entreprises. Vous comprenez que je ne vois pas comment on va pouvoir améliorer le taux de marge de nos entreprises et espérer les bénéfices qui en résulteraient avec une telle augmentation de la pression fiscale et sociale. Et il ne faut pas se tromper : il y a dans ces augmentations des dispositifs qui affecteraient tout particulièrement les PME et les TPE. Il y a des dispositifs qui impacteraient l’amont de la production avec des charges nouvelles qui pèseraient sur les facteurs de production, de l’ordre de 15,2 milliards d’euros ; et des dispositifs qui impacteraient l’aval de la production avec des taxations supplémentaires sur les résultats de l’entreprise évaluées à 7,4 milliards d’euros. A cela, s’ajoute un certain nombre de mesures ciblées pour arriver au total de 27 milliards que j’ai évoqué.

    Donc, ceci nous en discutons déjà. Je l’ai expliqué par exemple à Arnaud Montebourg hier. Il a le souci que nous partageons de faire en sorte que l’industrie dans notre pays soit en bonne santé et puisse à nouveau se développer. Mais ce ne pourra pas être le cas avec une telle charge fiscale et sociale supplémentaire. Donc nous serons attentifs, explicatifs aussi. Il s’agit pour nous tout simplement de démontrer, d’expliquer les impacts.

    Mais nous disons aussi, du coup, qu’il faut reprendre ce que, nous, nous avons dit dans Besoin d’Aire : c’est-à-dire organiser les choses dans une logique de désendettement compétitif. C’est cela que veut dire le fait qu’il faut à la fois avoir une discipline budgétaire et être compétitif. C’est le désendettement compétitif. Cela peut vouloir dire des grandes réformes, et y compris sur le plan fiscal et social. Je pense, je souhaite qu’à l’occasion de la conférence qui sera organisée en juillet nous puissions à nouveau aborder la question du financement de la protection sociale. Nous, nous avions proposé un pacte que nous estimons gagnant-gagnant pour les salariés et les entreprises avec une baisse des cotisations payées par les salariés et une baisse des cotisations payées par les employeurs – c’est ça la logique gagnante-gagnante –. Nous proposions en face de cette baisse une augmentation de la TVA. Nous comprenons que cela ne sera pas envisageable avec ce gouvernement, mais nous avions dit aussi que nous étions prêts à considérer une augmentation de la CSG. Donc, il nous semble que sur cette base-là nous pouvons discuter. Et cela, ce serait tout à fait essentiel pour la compétitivité des entreprises.

    Alors ça, c’est le premier grand volet, évidemment, c’est le volet économique-fiscal du travail qui nous attend tous. Et puis il y a un grand volet social. Dans ce grand volet social je mettrais aussi la question des retraites. Mais même si cette question est à la limite aussi de ce premier volet que je viens d’évoquer.

    Vous savez tous que ce sera probablement un des premiers actes du gouvernement. Il s’agit pour lui de permettre, sur la question des retraites, de permettre aux salariés qui ont commencé à travailler à 18 ans de partir à la retraite à 60 ans s’ils ont leur nombre d’annuités. Bien. C’était un point important du programme de François Hollande et celui-ci a été élu. Toutefois, à partir de là, il y a beaucoup de questions qui se posent et que nous avons commencé à évoquer avec Marisol Touraine. Mais ces questions nécessiteront à mon avis des consultations un peu plus étendues. En effet, est-ce que dans le calcul va être pris en compte uniquement les trimestres cotisés ou comme certains le demandent les trimestres validés ? L’impact financier n’est tout simplement pas le même. Première question.

    Deuxième question : est-ce les fonctionnaires sont également concernés ? Et dans ce cas-là, quel est l’impact financier ? Celui-ci n’a jamais été, me semble-t-il, jusqu’à présent évoqué.

    Troisième question : compte-tenu des modalités qui sont envisagées pour le moment, c’est-à-dire un décret – un décret qui s’inscrirait dans la logique des dispositifs carrières longues – cela voudrait dire que le nouveau dispositif serait immédiatement et obligatoirement applicable aux régimes Agirc-Arrco. Que nous n’aurions, nous en tant que partenaires sociaux, que la seule possibilité de négocier le financement de ce dispositif qui nous serait imposé. Or, ces régimes, notamment pour l’un d’entre eux, ne sont pas à même aujourd’hui de supporter un tel choc. Selon des estimations, mais je suis prudente puisque nous n’avons pas de chiffre officiel – la Cnav n’a pas pour le moment communiqué de calcul de l’impact réel de la mesure qui est envisagée –, mais on peut estimer que pour les régimes complémentaires, l’impact serait de 2 milliards par an à partir de 2017. Deux milliards par an. 

    Deux milliards par an donc sur les régimes complémentaires Agirc-Arrco, nous sommes dans au minimum 5 milliards par an à partir de 2017 dans le régime général. Nous n’avons pas de chiffrage sur la fonction publique. Vous voyez qu’on est déjà dans des ordres de grandeurs considérables qui pourraient, si les choses étaient vues dans cette version assez maximale, qui pourraient vraiment en partie annihiler l’effet de la réforme de 2010. Or, nous, nous avons une position très claire : nous avons non seulement défendu la réforme de 2010, mais nous pensons en être très largement à l’origine.

    Donc, le sujet est assez sérieux et, pour finir sur la question de l’Agirc-Arrco, il faut que vous ayez à l’esprit que si nous étions amenés ainsi à financer ce surplus du côté de l’Agirc et de l’Arrco nous serions certainement, nous, Medef amenés à nous poser des questions très importantes, très fondamentales, très structurelles sur ce que nous voulons faire de ces régimes. Dans l’hypothèse que j’ai évoquée, l’Agirc n’a plus les moyens de se financer dès l’horizon 2014. Donc, nous serons obligés d’être très imaginatifs, c’est le moins que l’on puisse dire. Et évidemment, nous ne pourrons pas accepter d’augmentations de cotisations ; ce qui a été annoncé est déjà pour nous à la limite du supportable – je parle des 0,1 côté salarié et côté employeur chaque année ; vous avez bien compris que c’est 0,1 plus 0,1 plus 0,1… donc cela fait 0,5 à la fin. Donc ce sujet est assez sérieux, et évidemment, ce sera un des premiers points de discussion sur toutes les questions sociales. Je pense que cela va arriver assez vite.

    Au-delà de cela, évidemment nous commençons à préparer la conférence sociale du mois de juillet. J’ai rencontré Michel Sapin hier soir. Il n’y a pas de divergences de vue a priori sur les modalités de l’organisation, sur la méthode. On parle de réunion qui pourrait durer une journée, deux jours, trois jours. Je crois que nous n’aurons aucune difficulté ; on s’adaptera à ce qui sera choisi in fine.

    Quels sont les sujets sur lesquels nous voudrions qu’il y ait de vraies discussions ?

    Ils sont au nombre de quatre.

    Le premier, et c’est par ordre d’importance, est le sujet marché du travail et employabilité compétitive. Nous devons avoir le courage, tous ensemble, dans l’esprit de concertation qui anime le Président de la République – il l’a souvent dit –, d’aborder le fonctionnement du marché du travail. Nous avons conduit dans la période 2006-2008 un premier grand chantier sur le sujet qui a abouti à la rupture conventionnelle qui a été le premier élément de flexi-sécurité. Mais il est évident que nous devons aller plus loin. Notamment dans l’objectif de croissance et de compétitivité que j’ai souligné. Nous souhaitons, dans ce cadre sur marché du travail et employabilité compétitive, tout d’abord continuer à travailler sur la négociation activité-emploi. Et si la dernière date de négociation a été décalée, ce n’est pas pour renoncer à cette négociation c’est plutôt pour bien, au contraire, l’inscrire dans le programme qui sera établi à l’occasion de la conférence sociale. Dans ce chapitre toujours de marché du travail, nous sommes très désireux de discuter du tutorat junior-senior tel qu’il a était envisagé par François Hollande. C’est un projet auquel, dans son principe, nous adhérons. Mais nous voulons aussi travailler sur l’employabilité, l’employabilité compétitive avec le lien qu’il convient de faire entre la formation, la formation qui est donnée par l’entreprise, pas simplement la formation pour recevoir les bonnes qualifications liées à son poste de travail, mais la formation liée à l’employabilité en général. Ce qui pourrait permettre, à terme, un fonctionnement du marché du travail plus souple, plus fluide. Nous voulons travailler aussi sur la simplification et la sécurisation des dispositifs d’ajustements des effectifs des entreprises. Et nous voulons également travailler sur toutes les mobilités et tout ce qui freine les mobilités : à nouveau les questions de formation, mais aussi les questions de logement ou de continuité de protection sociale. Dans ce chapitre, et ce sera mon dernier point sur marché du travail, nous voudrions aussi échanger sur la question des besoins en matière d’emplois et de compétences. Et vraiment affiner cette problématique qui est vraiment pénible, qui gêne l’économie française depuis longtemps et sur laquelle on progresse assez peu : celle de l’inadéquation entre l’offre et la demande. C’est le premier pilier de ce que nous souhaiterions voir abordé à la conférence, c’est le pilier marché du travail.

    Il y a trois autres piliers.

    Le deuxième, je suis toujours par ordre d’importance, c’est celui que j’ai déjà évoqué, le financement de la protection sociale. Et nous nous sommes prêts à aller jusqu’à discuter dans la question de la protection sociale de la santé et de la gouvernance de l’assurance maladie.

     Les deux autres piliers sont la modernisation du dialogue social que nous voulons conclure ; nous pensons que c’est possible.

     Et le dernier pilier : la qualité de vie au travail, sujet à l’intérieur duquel nous mettons aussi bien la lutte contre les discriminations, l’égalité homme-femme et le bien-être au travail d’une manière générale.

    Et le dernier pilier : la qualité de vie au travail, sujet à l’intérieur duquel nous mettons aussi bien la lutte contre les discriminations, l’égalité homme-femme et le bien-être au travail d’une manière générale.

    Voilà notre approche sur toutes les questions sociales. Vous le savez, j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, une partie de ce travail, en tout cas de ces thématiques, a déjà été balisé avec les organisations syndicales. Il y a des nuances, des divergences, des hiérarchies différentes, mais nous sommes bien au courant des agendas des uns et des autres et des proximités possibles. Nous avons commencé à l’évoquer avec le gouvernement mais nous ne l’avons pas encore précisé. Ecore une fois les contacts qui ont eu lieu depuis quelques jours ne sont que des prises de contact.

     Par canaille le rouge
     


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