• Ce que Nicolas Sarkozy a écrit aux parlementaires

    Ce que Nicolas Sarkozy a écrit aux parlementaires

    L'Expansion.com - publié le 26/07/2011 à 10:21

    Pour la première fois, un président a envoyé une lettre aux députés et sénateurs. Dans ce courrier signé de sa main, Nicolas Sarkozy vante les décisions européennes sur la Grèce et appelle à mots cachés l'opposition à voter la règle d'or budgétaire.

    Nicolas Sarkozy a adressé un courrier signé de sa main aux parlementaires pour faire le bilan du plan d'aide à la Grèce.
    REUTERS/Eric Feferberg/Pool

    Pour la première fois, un chef de l'Etat français a écrit aux députés et sénateurs. Dans cette lettre, révélée par Le Figaro et que les parlementaires devraient recevoir aujourd'hui, Nicolas Sarkozy vante les décisions prises par la zone euro pour sauver la Grèce. "Depuis plus d'un an maintenant, la Grèce traverse une crise d'une gravité exceptionnelle. Au-delà du sort de la Grèce qui nous concerne tous, c'est l'avenir de toute la zone euro qui se joue, donc notre avenir et celui de toute l'Europe", rappelle le président.

    "Le sommet qui s'est tenu à Bruxelles jeudi a constitué une étape fondamentale. Il a d'abord permis l'adoption d'un plan global et ambitieux de soutien à la Grèce. Ce plan organise non seulement l'aide d'urgence indispensable pour permettre à ce pays de continuer à faire face à ses échéances, mais aussi un effort de moyen et long terme pour alléger le poids de sa dette et l'aider à rétablir son économie", se félicite Nicolas Sarkozy.

    Le chef de l'Etat reconnait toutefois qu'au-delà de ces progrès et de ces avancées, "la question fondamentale reste celle de la gouvernance de la zone euro". Sur ce sujet, il indique que Paris va travailler main dans la main avec Berlin afin de pourvoir faire des propositions communes "avant la fin de l'été". Dans ce contexte de crise, la France se doit d'être "exemplaire dans sa remise en ordre de ses comptes publics", poursuit le président, qui estime que la France doit "continuer à oeuvrer pour le renforcement de sa compétitivité."

    "En France, dans les mois qui viennent, nous avons besoin de nous rassembler sur ces questions essentielles, au-delà des intérêts partisans. La représentation nationale que nous incarnons jouera, j'en suis sûr, un rôle majeur pour assurer le sens de notre responsabilité commune face à l'Histoire", conclut le chef de l'Etat. Une allusion à peine voilée à la fameuse "règle d'or budgétaire".

    Sous ce nom se cache un projet de loi de réforme dont le but est d'inscrire dans la Constitution l'obligation de limiter les déficits publics et de ramener à l'équilibre le budget de l'Etat. L'Assemblée et le Sénat ont déjà voté ce texte début juillet. Mais pour modifier la Constitution, une majorité des trois cinquièmes du Parlement est nécessaire. Or les socialistes ont d'ores et déjà annoncé qu'il voteraient contre ce projet de loi.

    Parce "c'est faire d'un sujet extrêmement sérieux, le redressement des finances publiques de la France, un objet purement politicien, expliquait récemment à L'Expansion.com Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'économie. C'est une opération de communication d'un gouvernement qui, depuis qu'il est au pouvoir, a fait exploser les déficits. L'objectif est de mettre la gauche en difficulté. Nous ne tomberons pas dans le panneau."

    Sarkozy écrit aux parlementaires et les exhorte à voter la règle d'or budgétaire

    Nicolas Sarkozy exhorte majorité et opposition à l'union sacrée sur la "règle d'or budgétaire" qu'il veut inscrire dans la Constitution française, dans une lettre aux parlementaires dévoilée mardi 26 juillet par plusieurs médias, dont Le Monde. Assemblée et Sénat ont voté cette règle, mais le président français n'a pas, à ce jour, la majorité des trois cinquièmes nécessaire au Parlement réuni en congrès pour la ratifier, du fait du refus de la gauche de joindre ses voix à celles de la droite.

    Dans la lettre que députés et sénateurs devaient recevoir mardi, le président vante le plan de sauvetage financier de la Grèce, adopté jeudi par les dirigeants de la zone euro, grâce à un accord franco-allemand conclu la veille avec la chancelière Angela Merkel à Berlin. Il estime que l'étape suivante doit être un renforcement de la gouvernance économique de la zone euro et souligne, à ce propos, que la France doit être "exemplaire" dans la remise en ordre de ses comptes publics.

    "RASSEMBLER AU-DELÀ DES INTÉRÊTS PARTISANS"

    Il rappelle que les décisions prises à Bruxelles l'ont été en privilégiant l'intérêt général et malgré des sensibilités politiques différentes et il invite les parlementaires français à faire preuve du même sens des responsabilités. "En France, dans les mois qui viennent, nous avons besoin de nous rassembler sur ces questions essentielles, au-delà des intérêts partisans, écrit-il. La représentation nationale que nous incarnons jouera, j'en suis sûr, un rôle majeur pour assurer le sens de notre responsabilité commune face à l'Histoire."

    En inscrivant dans sa Constitution l'obligation de limiter les déficits publics et de ramener à l'équilibre le budget de l'Etat, la France suivrait les pas de l'Allemagne, qui dispose déjà d'une telle "règle d'or". Mais à neuf mois de l'élection présidentielle, l'opposition, en particulier le Parti socialiste, n'entend pas faire cette fleur à Nicolas Sarkozy, qui briguera, sauf coup de théâtre, un second mandat au printemps prochain. Selon les calculs de l'Elysée, il manque entre trente et quarante voix, compte tenu de la perte anticipée d'une dizaine de sièges lors des élections sénatoriales de septembre, et le président ne peut guère espérer, en l'état actuel des choses, en récupérer qu'une dizaine, au prix de tractations laborieuses.

    Dans sa lettre aux parlementaires, Nicolas Sarkozy s'efforce donc de mettre l'opposition face à ses contradictions, tout en prenant soin de ne pas trancher définitivement la question d'une convocation éventuelle du Congrès, désormais repoussée en septembre ou cet automne. Selon l'entourage du président du Sénat, Gérard Larcher, la question a été évoquée lundi par le chef de l'Etat à l'Elysée lors d'un déjeuner auquel participait aussi le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. ce dernier a déclaré à l'issue de ce déjeuner que la question ferait "partie des débats de la rentrée".


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