• C’est une véritable guerre sociale

    Moyen Orient

    On commence par externaliser 
les services de ménage, 
de restauration, de maintenance, et on finit par sortir de l’hôpital 
le traitement des dossiers médicaux, l’interprétation des examens radiologiques, le codage 
des actes médicaux… La privatisation, le démembrement du service public hospitalier, fonctionne comme 
une vis sans fin au détriment des soins, de la prise 
en compte des patients dans leur intégralité. Tout y passe, jusqu’à la déontologie des métiers, le secret médical. Patients, salariés, cadres, médecins sont victimes 
de cette machine à broyer. Dans la logique où 
ne prévalent que les colonnes des dépenses et des recettes, c’est la qualité du service rendu, le sens même du travail qui se perdent, pour laisser place peu à peu à l’abattage d’actes codifiés. Des hommes et des femmes en souffrent, parfois jusqu’à vouloir mourir.

    Sur l’étal des services publics, l’hôpital 
n’est pas le seul lot mis en liquidation. L’opération de déstockage est lancée et tout est à vendre. La violence de la crise financière avait un temps quelque peu ébranlé les convictions les plus libérales. Quand il s’agit, 
à coups de milliards d’euros, de sauver les banques 
ou d’amortir le choc dans l’industrie automobile, 
que l’État se mêle d’économie ne semble pas tout à fait déplacé, même pour 
un libéral pur jus. 
La crise est toujours là 
et les beaux esprits se sont ressaisis. Ils ont repris l’archet pour exécuter leur antienne. Bertrand Jacquillat, vice-président du Cercle des économistes qui organise cette fin de semaine à Aix-en-Provence 
son « Davos provençal », donnait hier le ton dans 
une tribune au Nouvel Économiste : « Est-ce à dire que 
les États doivent revenir en force sur la scène économique ? La réponse est définitivement non », tranche-t-il. 
Il demande « un recentrage de l’État sur ses activités principales », qui sont, selon lui, « au-delà des activités régaliennes », « le financement des grosses dépenses 
de santé » et « l’éducation scolaire pour les enfants 
des ménages les moins aisés », notamment. Ce n’est plus l’État providence, c’est l’État charité, quelle ringardise ! Tout le reste peut faire profit, au privé donc d’en profiter !

    Il n’est nul besoin d’injonctions des agences de notation ou du FMI pour appliquer ici les recettes imposées à la Grèce et au Portugal. Le pacte européen euro plus sert de caution générale. On privatise, 
on serre la vis sur les salaires, les pensions, on précarise, on impose des reculs sociaux en tous domaines. 
Pour être moins brutal, ce qui se passe en France 
n’en est pas moins lourd de violence. Des attaques 
contre les services publics, l’emploi des fonctionnaires, 
à la réforme des retraites, une véritable guerre sociale 
est engagée contre les salariés par le gouvernement 
et le patronat français. Et, loin des frappes chirurgicales, ce sont les armes de destruction idéologique massive qui sont employées. Chaque jour, les conventions de l’UMP, les ministres en campagne, certains médias, envoient 
leurs missiles pour tenter d’hébéter le monde du travail 
et le mettre à genoux. Les partis de gauche, le Parti socialiste surtout, auraient tort de n’y voir que tapage 
et occupation de terrain. À laisser l’ennemi occuper seul le champ de bataille…

    Pour être moins brutal, ce qui se passe en France n’en est pas moins lourd de violence.

    Olivier Mayer


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