• "Avec la fermeture des hauts-fourneaux, notre cœur de métier n’existera plus"

    Social-Eco - le 12 Avril 2013

    Sidérurgie

    Lionel Burriello : "Avec la fermeture des hauts-fourneaux, notre cœur de métier n’existera plus"

    ENTRETIEN. À la veille de la « mise sous cocon » des hauts-fourneaux lorrains, Lionel Burriello, secrétaire de la CGT du site d’ArcelorMittal de Florange, exprime sa colère contre l’exécutif. Après un an et demi de lutte, les hauts-fourneaux seront 
« mis sous cocon » la semaine prochaine…

    Lionel Burriello. On agonise depuis octobre 2011, date de l’arrêt des installations. Pour nous, c’est comme mourir d’une longue maladie. Les mecs de Florange sont écœurés, dégoûtés. Après ce « coma artificiel » de plusieurs mois, les hauts-fourneaux seront mis sous cocon en début de semaine prochaine. On va, dans un premier temps, arrêter le tour de chauffe, stopper l’électricité.

    L’ensemble du site va être barricadé, surveillé par un prestataire extérieur avec des maîtres-chiens. Il n’y a aucun budget pour l’entretien. L’outil va rester pourrir. Notre cœur de métier, l’un des derniers hauts-fourneaux en lorraine, n’existera plus. Notre combat contre la fin de la filière liquide à ­Florange est peut-être enterré, mais la guerre n’est pas finie. Mittal ferme les installations alors qu’en 2013, un rebond de la demande d’acier est prévu, voire une grosse reprise en 2017. À ce moment-là, il faudra aller importer de l’acier dans les pays à bas coûts !

    Que pensez-vous de 
l’attitude du gouvernement dans ce dossier ?

    Lionel Burriello. Avec Sarkozy, on savait qu’on allait droit dans le mur. L’arrivée au pouvoir de François Hollande nous avait fait espérer. On n’oubliera jamais sa visite en février 2012, quand, debout sur un camion, il nous avait promis de trouver une solution. Aujourd’hui, nous sommes toujours dans la merde. Il paraît qu’il compte nous rendre visite dans peu de temps. S’il n’a aucune solution concrète, il va bien se faire recevoir ! Il pourrait venir nous parler du projet Lis de captation de CO2 pour les hauts-fourneaux (comme le projet Ulcos, abandonné depuis par Mittal – NDLR). Dans tous les cas, le président ne pourra pas sortir grandi de cette histoire. Il a cédé à toutes les pressions du Medef, des entreprises du CAC 40. Il y a eu un revirement complet de sa politique industrielle par rapport à la campagne électorale.

    L’épisode de la nationalisation de Florange, projet porté un temps par Arnaud Montebourg avant d’être abandonné par le gouvernement, a-t-il marqué 
un tournant ?

    Lionel Burriello. Pour nous, c’est le point de rupture. La CGT portait cette idée depuis le début et avait convaincu les autres syndicats. Même les hommes politiques de droite en parlaient. Quand Arnaud Montebourg est arrivé avec cette proposition, on s’est mis à y croire, et puis, plus rien. On est tombés de haut. La nationalisation, c’était le seul moyen pour que la sidérurgie reste un secteur stratégique. De multiples rapports d’experts ont montré que le site était viable et rentable. À la place, nous avons un projet industriel signé par le gouvernement et Mittal, et examiné en CCE hier. Il est mauvais, chaque site ArcelorMittal sera tributaire de l’autre. S’il y a un problème sur le site de Dunkerque, on ne pourra plus travailler et le site de La Basse-Indre non plus. C’est très risqué, on pourrait perdre des clients. Cela va aboutir à une casse industrielle pure et simple. Et ça, le gouvernement refuse de le voir. Jusqu’à la fin de son mandat, nous allons être le grain de sable dans la chaussure de Hollande !

    Un an et demi de lutte :
    3 octobre 2011 : Le dernier haut-fourneau de Florange est mis en veille.
    24 février 2012 : Le candidat François Hollande promet une loi obligeant tout industriel se désengageant d’une usine française à la céder à un éventuel repreneur.
    1er octobre 2012 : Annonce de la fermeture de la filière liquide.
    22 novembre 2012 : Montebourg évoque une nationalisation temporaire, avant de revenir sur ses propos.
    30 novembre 2012 : Le sidérurgiste scelle avec le gouvernement un accord qui aboutit de fait à l’extinction des hauts-fourneaux.


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