• Aujourd’hui, pour la première fois, les enseignants du public et du privé sont appelés à cesser le travail

    Aujourd’hui, pour la première fois, les enseignants du public et du privé sont appelés à cesser le travail pour protester contre les suppressions de postes.

    « On enseigne mal et on n’en est pas fiers »

    le 27/09/2011 à 05:01 par Par FLorence Poli  

    Les enseignants en fin de carrière témoignent du déclassement social de leur profession. « Auparavant, on était proches d’un cadre supérieur. Aujourd’hui, on serait plutôt assimilés  à un technicien ». Photo archives Gilles Dufour

    Les enseignants en fin de carrière témoignent du déclassement social de leur profession. « Auparavant, on était proches d’un cadre supérieur. Aujourd’hui, on serait plutôt assimilés à un technicien ». Photo archives Gilles Dufour

    Ne plus pouvoir amener tous les élèves au meilleur niveau : voilà ce qui mine les profs. Depuis 20 ans, tous déplorent une dévalorisation de leur métier.

    Ils ne savent pas s’ils seront nombreux, aujourd’hui à Chalon, pour protester contre les suppressions de postes prévues dans le projet de budget 2012. La mobilisation contre les retraites, qui les a vus descendre par millier dans les rues l’an passé sans succès, a laissé des traces. Au collège et au lycée, les responsables d’établissement constateront tout au long de la journée l’ampleur de la mobilisation. En primaire et en maternelle où l’intention de grève doit être déclarée 48 heures à l’avance, on n’y voyait guère plus clair hier : 20 % de grévistes selon l’inspection, 50 % selon les syndicats.

    Grévistes ou pas, les profs ont le blues. Le sentiment que leur métier a changé, n’est plus valorisé comme il y a 20 ans. Concernant la rémunération, ils prennent garde aux dérives corporatistes. « Bien sûr, nos indices n’ont pas été revalorisés depuis deux ans. Mais tous les fonctionnaires subissent cela », note Philippe Dormagen, secrétaire de la FSU. Ce qui est « le plus dur à vivre, confie un prof du lycée Parriat à Montceau, c’est le sentiment de ne plus pouvoir amener tous les élèves au meilleur niveau. Les classes sont de plus en plus chargées, les enfants en difficulté en pâtissent les premiers ». S’ajoute à cela « l’impression de devenir prescripteur de savoirs non-discutables ». Enseignant en sciences économiques et sociales, Pierre Giesek envisage davantage sa mission comme « la formation d’esprits critiques, capables de réfléchir sur le monde qui les entoure ». Syndiqué, il condamne « l’indigence honteuse de notre employeur. On n’a toujours pas digéré la suppression de la formation initiale des enseignants. Dans n’importe quelle profession, on vous apprend le métier ». Au final, notent les organisations syndicales, « on ne peut plus rien revendiquer en termes de statut puisque n’importe qui peut être recruté par Pôle emploi pour jouer l’enseignant ».

    Un métier dévalorisé

    Une prof de collège résume le sentiment général en une formule : « On enseigne mal et on n’en est pas fiers ». Car c’est d’abord par vocation qu’ils sont devenus enseignants. Aujourd’hui, ils s’inquiètent de voir leur métier boudé par les jeunes. « Il ne faut pas s’en étonner après les propos dévalorisants tenus par les ministres… »

    Réformiste, « prêt à faire bouger les lignes mais pas à sacrifier la formation des élèves », l’Unsa parle carrément d’un « gouvernement qui ne tient jamais sa parole. Ils enjolivent chacune de leur réforme mais ne disent pas la vérité. On nous vante les 2 heures hebdomadaires d’enseignement personnalisé mais on supprime les dédoublements de classes qui permettaient, justement, de travailler au plus près avec chaque élève ».

    À l’approche de la présidentielle, ils sont nombreux, dans les salles des profs, à rêver d’une autre politique pour la jeunesse. « On a cessé de considérer l’éducation comme un levier pour l’éducation », se désole Sylvie Descombes de l’Unsa. Pierre Giesek, lui, continue d’enseigner à ses lycéens l’exemple de la Corée du Sud, devenue en trente ans un « pays d’ingénieurs grâce aux moyens mis dans l’école rendue obligatoire jusqu’à 18 ans ».

    En Saône-et-Loire, une seule manifestation aujourd’hui. Le cortège partira du lycée Mathias, à Chalon, à 15 heures pour un « rallye revendicatif » en centre-ville. Le Parti socialiste a indiqué, hier dans un communiqué, qu’il relaierait la « colère du monde enseignant. La réalité de l’école n’est pas celle que dresse le gouvernement qui prétend investir dans l’éducation alors que la part du PIB dédiée a diminué de 7.6 à 6.6 % en dix ans. »


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