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ArcelorMittal :: Licenciements de travailleurs à Liège et à Malines
La direction d’ArcelorMittal veut licencier beaucoup plus que les 795 travailleurs annoncés à Liège
Les mauvaises nouvelles s'accumulent en matière de suppressions d'emplois dans la sidérurgie liégeoise. La direction d’ArcelorMittal a en effet précisé ses intentions et vient d'annoncer officiellement qu'elle va passer de 581 à 795 suppressions d'emplois. Mais ce n'est pas tout. En fait, la direction compte supprimer beaucoup plus que ces 795 annoncés.
Rappelons que le géant de l’acier indien a annoncé, via son rapport annuel, la volonté de procéder à des « désinvestissements d’actifs non stratégiques » afin de réduire sa dette qui s’élève à 22,5 milliards de dollars. Le plan présenté au conseil d’entreprise place le bassin liégeois dans la catégorie des bassins non prioritaires de la division Plat Carbone Europe qui est au cœur de la cure d’amaigrissement que Mittal impose à son groupe.
Outre la fermeture de la phase liquide et la réduction de 25 % des effectifs sur les plus de 1000 employés et cadres, le plan présenté par la direction prévoit aussi une baisse de la capacité de production à 1 million de tonnes par an, contre 3 millions de tonnes aujourd’hui, soit 30 % de charge de travail. Pour y arriver, Mittal a identifié toute une série d’outils qu’il qualifie de « non stratégiques » dans le froid et dans le chaud (hors phase liquide) : les lignes hp3 et 4, tico, le recuit base kessales, la galvanisation 4 et 5 et le train à large bande. Outils qui sont donc classés comme « non prioritaires » dans un bassin classé « non prioritaire » et dont l’avenir est incertain. Sans parler de Ferblatil qui rentre en concurrence directe avec Florange où Mittal possède une gamme plus étendue qu'à Liège.
Comment la direction veut-elle faire fonctionner les outils à l'avenir ? Premièrement, il n'y a aucune garantie en effectifs sur les outils stratégiques (la galvanisation 7, la ligne peinture, la ligne hp5 et le recuit-continu). En revanche, leur charge de travail sera de 80 %, ce qui laisse entrevoir une baisse d'effectifs à ce niveau-là aussi. Deuxièmement, concernant les outils non stratégiques, la production se fera à la carte avec un effectif réduit utilisable « à la carte » aussi, soit une suppression de postes. « En fait », explique Damien Robert, en charge du dossier sidérurgie pour le PTB, « la direction ment : ce ne sont pas 795 emplois directs qu'elle veut supprimer mais bien plus ».
Pour Damien Robert, « on assiste à la fermeture progressive en forme de saucissonnage de notre sidérurgie intégrée ». « Si on laisse faire, rajoute l’auteur de l’étude du PTB “Sidérurgie, emploi et reconversion dans la sidérurgie liégeoise”, il ne restera, à terme, que quelques lignes de production qui cadrent dans la logique globale du géant mondial de l’acier qui laissera à Liège un quasi-désert sidérurgique ».
Le cynisme de Mittal, plus habitué à dorloter ses dollars que ses travailleurs, a encore atteint un pic dans ce dossier. Damien Robert: « Mi-juillet, nous expliquions dans un communiqué que les investissements annoncés étaient improbables et qu'ils étaient de la poudre aux yeux pour limiter les revendications sociales des travailleurs dans les plans de fermeture. Ces craintes sont maintenant confirmées, puisque que la direction a annoncé avoir suspendu les investissements ».
Damien Robert conclut : « Le monde politique doit ouvrir les yeux. Mittal veut faire de Liège un quasi-désert sidérurgique. Le seul avenir possible pour les 10 000 emplois passe par la reprise en main du secteur par le public. C’est ce que les travailleurs attendent. Il faut en finir avec les promesses. Maintenant, il faut des actes. Et ces actes doivent se faire maintenant car, une fois les travailleurs licenciés, qui va faire tourner les outils ? »
Tags : direction, travailleurs, emploi, siderurgie, mittal
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