• Grèves dans les grandes surfaces et les fast-food aux USA

    Pour un salaire minimum digne de ce nom

    De petits groupes de travail-leurs·euses combatifs se sont mis en mouvement dans diverses entreprises non-conventionnées : des grandes surfaces et des fast-food. Ils·Elles sont en grève pour des hausses de salaires, un salaire digne de ce nom et le droit de s’organiser. La dignité sur le lieu de travail et le respect dans la société sont des revendications implicites.

    Anciennement considérés comme des jobs pour ado­les­cent·e·s en mal d’argent de poche ou pour femmes au foyer travaillant à temps partiel pour gagner un petit supplément par rapport au nécessaire, les emplois dans les fast-food sont aujourd’hui la principale source de revenu pour des personnes qui doivent subvenir à leur besoin et à ceux de leur famille – tâche impossible vu que les salaires y sont inférieurs au minimum vital. Tous les sa­la­rié·e·s, quels que soient leur âge, leur sexe et leur situation sociale, très variables dans ce secteur, sont conscients de la nécessité d’obtenir d’un salaire plus élevé et, pour la majorité d’entre elles·eux, une couverture d’assurance-maladie qui leur fait défaut.

    Ce mouvement issu d’une minorité militante a une portée nationale et vise des objectifs à la fois économiques et politiques, tentant de forcer les employeurs à augmenter les salaires tout en mettant la pression sur le Congrès pour l’augmentation du salaire minimum au niveau national. De grands syndicats aux ressources économiques et organisationnelles significatives, tels que le syndicat des travailleurs de l’alimentation et du commerce (United Food and Commercial Workers Union – UFCW) à Walmart et l’Union internationale des employés des services (Service Employees International Union – SEIU) l’appuient, dans l’espoir que l’organisation de ces travailleurs.euses à faible revenu, souvent jeunes et de couleur, aide à reconstruire et à revitaliser les syndicats étatsuniens.

     

    Des grèves pour les salaires

    Le 5 septembre dernier, dans 15 villes des Etats-Unis, des tra­vail­leurs·euses de Walmart se sont mis en grève, organisant des piquets et occupant, dans certains cas, les lieux de travail?; au même moment des em­ployé·e·s tentant de remettre une pétition  au siège de Walmart ont été arrêtés. 

    Les salaires sont au cœur des revendications, et pour cause. A Walmart, troisième entreprise du monde, l’« associé » moyen (c’est ainsi que Walmart appelle ces employé·e·s) gagne seulement 8.81 $ de l’heure soit 15 576 $ par an. Au cours de l’année fisacle 2013, les profits de Walmart se sont élevé à 17 milliards de dollars et ses PDG ont reçu 18,7 millions. Les travailleurs.euses de Walmart demandent un salaire de 15 $ de l’heure soit 25 000 $ par an. Ils·elles gagnent 32 % de moins que les tra­vail­leurs·euses syndiqués du commerce de détail. 

    De même, les salarié·e·s de McDonald’s touchent l’équivalent du salaire minimum aux Etats-Unis, soit 7,25 $ de l’heure, sans congé maladie et sans couverture médicale, bien que McDonald’s a gagné 5,46 milliards de dollars en 2013 et que les PDG de la compagnie empochent aujourd’hui 13,8 million par an.

     

    Un mouvement en pleine expansion

    Au cours de la dernière année, le mouvement a pris une ampleur significative. En novembre 2012, 200 travailleurs.euses de divers fast food (Burger King, Kentucky Fried Chicken) ont déclaré une grève d’un jour. Cette année, des mi­li­tant·e·s de Fast Food Forward (l’un des groupes organisés autour de ce mouvement) ont annoncé sur leur site Facebook que des centaines de tra­vail­leurs·euses de Kentucky Fried Chicken, Wendy’s, Burger King et, entre autres, McDonald’s se sont mis en grève pour un jour. Les employé·e·s du commerce de détail de Macy’s Inc, Sears Holdings Corp et Dollar Tree Inc. ont soutenu leur revendication. Partout, les tra­vail­leurs·euses demandent 15 $ de l’heure et le droit de se syndiquer.

     

    Qu’est-ce que cela signifie pour le mouvement des salarié·e·s?

    Le mouvement ouvrier étatsunien est en mauvaise posture. Aujourd’hui, seuls 11,3 % de tous les tra­vail­leurs·euses sont syndiqués, soit 14,4 millions de personnes. Dans le secteur privé, seulement 6,6 %, soit 7 millions de personnes sont membres d’un syndicat. L’organisation des sa­la­rié·e·s à faible revenu dans les grandes surfaces, les fast food et les entreprises de gestion et de transport des stocks pourrait avoir de nombreux impacts positifs. 

    Tout d’abord, cela augmenterait évidemment, de manière significative, le nombre et la proportion de tra­vail­leurs·euses syndiqués au sein de la main d’œuvre. On compte 4 millions de tra­vail­leurs·euse dans les fast food dont virtuellement aucun n’est syndiqué. Un plus grand nombre de tra­vail­leurs·euses organisés donnerait aux syndicats un plus grand pouvoir.

    En second lieu, une syndicalisation réussie dans ces secteurs pourrait encourager les tra­vail­leurs·euses d’autres secteurs non-syndiqués (em­ployé·e·s de banques, de la haute technologie ou de l’agriculture) à s’organiser aussi. 

    En troisième lieu, la moitié de tous les tra­vail­leurs·euses syndiqués se trouvent aujourd’hui dans 7 Etats (Californie : 2,5 millions ; New York : 1,8 millions?; Illinois : 0,8 million?; Pennsylvania : 0,7 million?; Michigan, New Jersey, et Ohio : 0,6 million). Des campagnes couronnées de succès pour la syndicalisation dans les grandes surface pourraient permettre d’étendre les syndicats aux Etats du Sud, dont la plupart n’ont jamais été organisés. 

    En quatrième lieu, cette campagne pourrait modifier la nature du mouvement syndical en amenant plus de jeunes, de femmes et de tra­vail­leurs·euses blancs (en proportion les travailleurs.euses de couleur ont un taux de syndicalisation plus élevé).

    Dans tous les cas, le mouvement est en train de mettre la pression sur les employeurs pour qu’ils reconnaissent les syndicats et sur les Etats et le gouvernement fédéral pour l’augmentation du salaire minimum. Actuellement, certains Etats du Sud n’ont aucun salaire minimum.

     

    Engagement profond et doutes sérieux

    De jeunes militant·e·s, certains d’entre eux partisans du socialisme, se sont impliqués dans l’or­ga­nisation de ces campagnes de syndicalisation parfois en tant qu’employé.e et parfois comme « volontaires » occupant des emplois pour organiser les tra­vail­leurs·euses de l’intérieur des entreprises.

    Ceux·celles à gauche avec lesquels j’ai discuté ont quelques réserves sur le fait que les syndicats dirigent ces campagnes (SEIU, UFCW et IBT (Fraternité internationale des conducteurs?; syndicat des conducteurs routiers étatsuniens). Ils font valoir que ces syndicats sont de grosses machines avec des fonctionnaires grassement payés et généralement anti-démocratiques dans leur fonctionnement interne. Les jeunes militant·e·s craignent que les syndicats ne lâchent les campagnes d’organisation dans ces secteurs, en particulier s’ils obtiennent une augmentation du salaire minimum au niveau national. Ils s’inquiètent que les syndicats recrutent des tra­vail­leurs·euses et perçoivent leur cotisation sans, par ailleurs, satisfaire leur revendication de salaires décents et de dignité sur le lieu de travail. Quelles que soient leur doute, les mi­li­tant·e·s de gauche dans ce nouveau mouvement de travailleurs.euses se sont profondément engagés à organiser les sa­la­rié·e·s afin qu’ils·elles aient une voix et un vote au sein d’un mouvement syndical démocratique.

     

    Dan La Botz

    Enseignant, écrivain et militant, membre de Solidarity (solidarity-us.org)?; éditeur de « Mexican Labor News » (ueinternational.org/MLNA), ainsi que co-éditeur de « New Politics » (http://newpol.org).

     

    Article écrit pour « solidaritéS » et traduit par notre rédaction

    http://www.solidarites.ch/journal/d/article/6068


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  • idlenomore.jpgLe Parti communiste du Canada solidaire des luttes des Amérindiens : les autochtones portent les droits de tous

    SOLIDARITÉ AVEC LE MOUVEMENT « IDLE NO MORE » ! 

    Déclaration du comité central du Parti communiste du Canada reprise par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Le 10 Décembre, Journée internationale des droits humains de l’Organisation des Nations Unies, les peuples autochtones sont descendus par milliers dans les rues des villes et des villages du Canada. Le Comité central du Parti communiste du Canada exprime sa plus profonde solidarité avec le mouvement « Idle no more » qui a initié cette lutte historique contre le projet de loi C-45 et l’ensemble du programme raciste du gouvernement conservateur d’Harper.

     

    Les actions de décembre, qui reflètent une forte augmentation des protestations chez les peuples autochtones, ont fait voler en éclat l’arrogant mensonge colonial prétendant que le Canada serait un pays d’égalité, d’équité et de justice sociale. Au Canada, aujourd’hui, les peuples autochtones souffrent de taux élevés de pauvreté, de chômage et d’incarcération, et une durée de vie nettement plus courte. À Attawapiskat et dans d’autres réserves, et même dans les centres urbains, beaucoup vivent dans des conditions de logement épouvantables. Plus de 100 communautés parmi les Premières Nations n’ont pas d’eau potable. Au Manitoba, plus de 2000 membres de la communauté de Lac St. Martin demeurent sans abri 18 mois après que leur réserve ait été délibérément inondée pour épargner Winnipeg et d’autres communautés des grandes inondations de 2011. Malgré des siècles de traités promettant un traitement équitable rompus, et des décennies de protestation et de rapports, cette situation ne s’est pas améliorée. Parmi les plus récents exemples se retrouve le projet de loi C-45 qui supprime la protection fédérale de l’environnement pour des milliers de lacs, de ruisseaux et de rivières qui sont cruciaux pour le bien-être des peuples autochtones dans toutes les régions du Canada, et le gouvernement conservateur bafoue les droits sur le territoire et sur l’eau des Premières Nations qui s’opposent à l’expansion des exportations de sables bitumineux.

     

    Refusant d’accepter ces politiques génocidaires, quatre femmes autochtones de la Saskatchewan ont pris l’initiative l’automne dernier de lancer la campagne Idle No More, en utilisant les médias sociaux et des séminaires pour passer le mot. Leur courageux exemple a inspiré à un certain nombre de chefs de porter leur cause directement au premier ministre Stephen Harper, pour être empêchés finalement d’entrer dans le Parlement. Maintenant, ce mouvement a pris racine dans les communautés de toutes les régions du pays.

     

    Le Parti communiste du Canada appelle les mouvements ouvriers et démocratiques à renforcer leur solidarité avec le mouvement Idle no more et la lutte générale pour les droits des peuples autochtones, y compris la grève de la faim de la chef Theresa Spence d’Attawapiskat et le jeûne entrepris par d’autres femmes.

     

    Le manifeste de Idle No More place véritablement cette lutte dans le contexte de la question nationale au sein de l’État canadien. Comme cette déclaration le dit: «Les traités sont des accords de nation à nation entre le Canada et les Premières nations, qui sont des nations souveraines. Les traités sont des accords qui ne peuvent pas être modifiés ou brisés unilatéralement par une des deux nations qui s’y sont engagées. L’esprit et l’intention de ces traités étaient à l’effet que les peuples des Premières Nations accepteraient de partager la terre, mais conserveraient leurs droits inhérents aux terres et aux ressources. Au lieu de cela, les Premières nations ont connu une histoire de colonisation qui a donné lieu à des revendications territoriales laissées en suspens, au manque de ressources et à un financement inéquitable pour des services tels que l’éducation et le logement. Le Canada est devenu l’un des pays les plus riches au monde en exploitant la terre et ses ressources. Les entreprises canadiennes de l’exploitation minière, forestière, du pétrole et de la pêche sont les plus puissantes dans le monde en raison de la terre et des ressources. Certaines des communautés des Premières Nations parmi les plus pauvres (comme Attawapiskat) ont des mines ou d’autres développements sur leurs terres, mais n’obtiennent aucune part des bénéfices. L’exploitation des ressources a laissé de nombreuses terres et eaux empoisonnées – les animaux et les plantes meurent dans de nombreuses régions du Canada. Nous ne pouvons pas vivre sans la terre et l’eau Nous avons des lois plus anciennes que de ce gouvernement colonial sur la façon de vivre avec la terre. Actuellement, ce gouvernement essaie de faire passer plusieurs lois pour que les terres des réserves puissent également être achetées et vendues par les grandes entreprises pour tirer profit des ressources. Ils promettent de partager cette fois… Pourquoi ces promesses seraient-elles différentes des promesses passées? Nous nous retrouverons avec rien sinon l’eau, la terre et l’air empoisonné. C’est une tentative visant à retirer la souveraineté et le droit inhérent à la terre et aux ressources des peuples des Premières Nations. Nombreux sont les exemples d’autres pays en mouvement vers le développement durable, et nous devons exiger du développement durable aussi. Nous croyons en des communautés en bonne santé, justes, équitables et durables et nous avons une vision et un plan sur la façon de les construire. S’il vous plaît joignez-vous à nous pour créer cette vision. »

     

    Ce manifeste profond confronte le programme destructeur des Conservateurs d’Harper, et présente une alternative qui place les intérêts du peuple et de l’environnement avant les profits des entreprises. Le Parti communiste du Canada se réjouit de ce manifeste pour l’avenir des peuples de ce pays. Nous nous engageons à renforcer et à trouver de nouvelles façons de construire l’alliance des mouvements ouvrier et démocratiques avec les peuples autochtones, dont l’objectif est d’obtenir une pleine justice et le respect des droits nationaux des peuples autochtones au Canada, et la création d’une société plus juste et sans racisme pour toutes et tous.


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  • Extractivisme fou

    Le Canada, plaque tournante de l’industrie minière... et de ses magouilles

    Par Ivan du Roy (15 janvier 2013)

    Trois sociétés minières sur quatre ont leur siège social au Canada. Pourquoi un tel attrait ? Le Canada est un véritable paradis pour ces entreprises : elles peuvent y spéculer tranquillement sur les gisements du monde entier tout en y étant protégées en cas de crimes environnementaux et de violations de droits humains. Une réalité bien éloignée de l’image plutôt sympathique que véhicule le pays. Entretien avec Alain Deneault, coauteur du livre enquête Paradis sous terre.

    Basta ! : 75% des sociétés minières mondiales ont leur siège au Canada. Pourquoi ?

    Alain Deneault : [1] Il y est plus facile de spéculer en bourse sur la valeur présumée d’un gisement minier. On peut y mettre en valeur non seulement les « réserves » qu’une mine contient, soit ce qu’il est effectivement possible d’extraire, que les « ressources », c’est-à-dire tout ce qu’une mine contient et que l’on pourrait éventuellement exploiter. Ainsi, à la bourse de Toronto, il est possible de valoriser une richesse avérée, mais également la ressource présumée ou espérée : une richesse plus grande que ce qui a été évalué par les géologues, en fonction des évolutions des techniques ou des coûts d’exploitation. La bourse de Toronto a ainsi longtemps été très spéculative, jusqu’au scandale Bre-X, une société canadienne qui a gonflé artificiellement les réserves espérées de ses mines d’or, avant de faire faillite, faisant perdre 4,7 milliards d’euros à ses actionnaires en 1997.

    L’industrie minière dispose ainsi d’une manne d’argent drainée par la Bourse de Toronto, issue des fonds de pensions, des compagnies d’assurance et des banques. Entre 2007 et 2011, 220 milliards de dollars canadiens (168 milliards d’euros) de titres miniers y ont été échangés. Le gouvernement a mis en place des programmes fiscaux pour inciter et faciliter l’investissement dans le secteur minier. Un véritable pipe-line alimente ainsi en flux financier les projets miniers dans le monde, de la Zambie à la Roumanie, que ces projets comportent des risques ou non.

    Qu’entendez-vous par « free mining » ?

    C’est la manière très singulière au Québec et au Canada de gérer l’accès aux ressources du sous-sol. Il s’agit littéralement de prendre possession des droits du sous-sol d’un territoire donné en cliquant sur un site Internet du ministère des ressources naturelles. On peut ensuite procéder à des forages d’exploration indépendamment sans avoir l’autorisation des propriétaires fonciers sur ce territoire. La loi sur les mines confère un grand nombre d’avantages aux sociétés minières. Elle permet notamment ce qu’on appelle le « claiming » : revendiquer légalement une portion du sous-sol, ce qui octroie des droits d’exploration qui supplantent ceux des propriétaires fonciers, et vont même jusqu’à la possibilité de les exproprier. Des militants québécois ont montré l’absurdité de la loi en revendiquant des droits d’exploration dans un parc en plein centre de Montréal.

    Comment le Canada soutient-il l’industrie minière hors de ses frontières ?

    Le Canada bénéficie d’une image internationale qui inspire la confiance. Mais c’est un pays façonné par le secteur minier. Une véritable diplomatie de complaisance y a émergé. Les diplomates canadiens font pression sur les autorités locales des pays où les compagnies s’installent, pour les amener notamment à adopter des codes miniers d’inspiration canadienne. Ces pressions vont par ailleurs jusqu’à demander l’expropriation des populations civiles présentes sur les gisements. Et si l’affaire tourne mal – tensions, révoltes, graves pollutions ou ONG trop curieuses –, vous disposez, grâce au Canada, d’une couverture judiciaire pour votre société minière. Bref, on ne vous dérangera pas ! Un groupe de juristes de l’université d’Oxford (Oxford Pro Bono Publico) estime que le Canada est un pays anormalement difficile pour poursuivre une entreprise pour les méfaits qu’elle commet à l’étranger.

    N’est-ce pas au pays où la loi est enfreinte de poursuivre une entreprise criminelle ?

    C’est oublier la place de la corruption et les effets qu’ont eu dans les pays du Sud les politiques dévastatrices du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, que le Canada a toujours soutenues. On sait bien que le système judiciaire congolais, par exemple, ne permet pas de poursuivre une société sur place. Une société canadienne, Talisman Energy, aurait été poursuivie pour son implication dans la guerre civile au Soudan si elle n’avait pas quitté ce pays d’Afrique pour éviter que ce soit le cas. Mais c’était parce qu’elle était cotée à la bourse de New York. Cela n’aurait pas été possible au Canada. Le Canada s’est officiellement donné comme mandat de lutter contre la corruption. Mais, selon un rapport critique de l’OCDE, une seule société y a été épinglée en dix ans ! A la bourse de Toronto, une société minière est obligée de divulguer une information seulement si celle-ci est en mesure d’affecter le cours de l’action…

    Les compagnies minières canadiennes se sont particulièrement impliquées dans les guerres civiles en République démocratique du Congo (RDC). Pourquoi n’ont-elles jamais été inquiétées ?

    Le livre Paradis sous terre, tout comme Noir Canada que j’ai écrit avec Delphine Abadie et William Sacher, et qui a été attaqué en justice par la multinationale Barrick Gold, en traitent abondamment [2]. Début 1990, le pouvoir de Mobutu vacille. La dictature est lâchée par ses soutiens français et belge. Et mise sous pression par la Banque mondiale pour que le Zaïre – aujourd’hui RDC – ouvre ses sociétés publiques d’exploitation minière aux capitaux privés. Précisons que la RDC est le seul pays au monde où tous les éléments du tableau périodique sont présents dans le sous-sol (le tableau périodique recense tous les éléments chimiques, dont les éléments métalliques, de l’argent au zinc, ndlr). C’est dire l’ampleur des richesses minières ! Bref, tout est à prendre alors que la guerre civile débute. BarrickGold y acquiert une concession de 82 000 km2 (l’équivalent de l’Autriche, ndlr).

    Le problème, c’est que les sociétés minières signent des contrats avec les belligérants. Pour alimenter sa guerre vers la prise du pouvoir, Laurent-Désiré Kabila leur accorde des concessions qu’il a sécurisées. Des contrats invraisemblables sont signés avec des filiales dans des paradis fiscaux. Dans un rapport, l’Onu cite neuf sociétés canadiennes qui n’ont pas respecté les principes directeurs de l’OCDE, des critères éthiques pourtant a minima. Le Canada a donc une énorme responsabilité morale. L’Onu a demandé au gouvernement de diligenter des enquêtes sur ces sociétés, car les experts onusiens n’avaient pas les moyens judiciaires et financiers de les mener à terme. Or, jusqu’à présent, aucune commission parlementaire – comme l’a fait la France pour son rôle au Rwanda – n’a été créée.

    Comment expliquez-vous cette omerta ?

    Le mot est bien choisi. Prenez le Conseil consultatif international de BarrickGold, leader mondial de l’extraction d’or : aux côtés de George Bush Senior ou de l’ancien Président de la Bundesbank Karl Otto Pölh, on y retrouve Paul Desmarais, qui gère un empire médiatique [3]. D’autres empires médiatiques canadiens sont contrôlés par des investisseurs également présents dans le secteur des ressources naturelles [4] La presse ne va donc pas couvrir les affres de l’industrie minière. Les Canadiens sont tenus dans l’ignorance. Or, c’est leur épargne qui est placée dans l’industrie minière, dont ils sont devenus de fait les actionnaires. D’ailleurs, quand on évoque la situation d’un point de vue critique, ces derniers se montrent sensibles au problème parfois davantage en tant qu’épargnant qu’en tant que citoyen. Enfin, il est très facile de poursuivre des citoyens ou des intellectuels en diffamation, à la différence des Etats-Unis où ils sont protégés par l’amendement sur la liberté d’expression. Au Canada, dans la hiérarchie des valeurs juridiques, la réputation passe avant la liberté d’expression.

    Pourquoi cette omniprésence du secteur minier au Canada ?

    Le Canada n’est ni une nation ni une république, mais une colonie qui a mis en place des institutions spécialement pour exploiter les ressources naturelles. Aujourd’hui, les gaz de schiste, le pétrole issu des sables bitumineux ou les mines d’amiante constituent des legs coloniaux. Notre pays n’est toujours pas une république, il reste une monarchie constitutionnelle. La souveraine est Elizabeth II et le Premier ministre se comporte souvent comme un gouverneur. Les gens ne se considèrent pas comme des citoyens d’une république mais comme des personnes qui disposent de droits individuels garantis par un État, qui a la fonction d’une sorte de police d’assurance a minima. Ils ne se sentent donc pas liés à ses décisions, qui ne sont pas perçues comme étant prises en leur nom. Au contraire de la France où le schéma républicain, même critiquable, peut avoir son efficacité. Le poids du secteur minier révèle le Canada sous son vrai jour : une colonie créée au service de grands oligopoles.

    La France est en train de réformer son code minier. Et l’extraction minière est de retour en Europe avec les gaz de schiste ou des projets de nouvelles mines, comme en Roumanie. Que nous conseillez-vous pour éviter la dérégulation du secteur ?

    L’Europe importe la majeure partie de ses minerais. Si elle décide de relancer l’extraction, les entreprises canadiennes d’exploration risquent fort de débarquer. La question du droit du sous-sol ne doit pas se penser au détriment du droit à la propriété foncière. Et il faut différencier les types d’exploitation : extraire de l’or, de l’uranium ou du diamant n’a pas les mêmes conséquences ni la même pertinence que le cuivre ou le fer. L’or, c’est de la folie : des centaines de litres d’eau à la seconde avec l’utilisation de produits chimiques toxiques qui provoquent l’apparition d’arsenic. Quant aux royalties, si tant est qu’on juge sensé de permettre certains chantiers d’exploitation, il faut les prévoir à la source, dès que le minerai est prélevé, pour que les redevances ne concernent pas que les profits. Sinon, cela revient à dire à une entreprise : prend mon or ou mon cuivre, et si tu réalises des marges en les revendant, je te prendrai un pourcentage. Ce ne serait pas sérieux ! Heureusement, des garde-fous se manifestent plus rapidement en Europe en cas de dérapages. Je rappelle qu’en Argentine, BarrickGold a voulu dynamiter un glacier en haute montagne !

    Recueilli par Ivan du Roy

    Photos : une/CC Stephen Codrington, Toronto Stock Exchange (© kaila_09 ete© YYZ

    Paradis sous terre, Comment le Canada est devenu la plaque tournante de l’industrie minière mondiale, Alain Deneault, William Sacher, Editions Rue de l’Echiquier, 15 euros.

    Notes

    [1] Alain Deneault est docteur en philosophie. Il enseigne la pensée critique à l’Université de Montréal. Il est coauteur, avec l’économiste William Sacher, de Paradis sous terre, comment le Canada est devenu une plaque tournante de l’industrie minière mondiale.

    [2] Noir Canada a été publié en 2011. La multinationale BarrickGold réclamait des dommages et intérêts de 6 millions de dollars canadiens (4,6 millions d’euros). L’éditeur a décidé de retirer le livre ([lire ici : http://www.ecosociete.org/entente.php]), ndlr

    [3] Son groupe, Power Corporation du Canada, contrôle, via une filiale, la publication de plusieurs journaux canadiens, dont le quotidien québécois La Presse. Paul Desmarais est également proche de l’ancien Président français Nicolas Sarkozy.

    [4] Par exemple, Hollinger Mines, Irving Oil, Hancock Prospecting avec Canwest Global Communications Corporation.

     http://www.bastamag.net/article2852.html


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  • Le rêve américain ?

     

    El Diablo 88

     

    La faim et la pauvreté aux États-Unis atteignent des sommets jamais vus depuis des décennies. Les chiffres sont renversants. Le nombre d’Américains qui reçoivent des coupons alimentaires, soit 47,1 millions, a atteint un nouveau record en août de cette année, selon les plus récentes statistiques du département de l’agriculture. Ce nombre a augmenté d’un million par rapport à l’année dernière, et de plus de 50 % depuis octobre 2008, lorsque la statistique s’établissait à 30 millions. À Washington, la capitale du pays, et dans l’État du Mississippi, plus du cinquième des résidents reçoivent maintenant des coupons alimentaires.

     

    Une personne qui bénéficie des coupons alimentaires reçoit en moyenne l’équivalent de 130 $ par mois, ou environ 4,33 $ par jour, soit moins que le prix d’un café dispendieux dans le bas Manhattan. Néanmoins, un projet de loi qui est maintenant débattu au sénat américain priverait ce programme de milliards de dollars sur 10 ans, ce qui précipiterait un nombre incalculable d’enfants, de personnes âgées et de malades dans la pauvreté. Quelques 50 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aux États-Unis, par rapport à 36 millions en 2007 ; 17 millions de ceux qui ont faim sont des enfants.

     

    Le taux de pauvreté officiel, qui sous-estime grandement le vrai niveau de dénuement social, a également atteint un nouveau record. Quelques 49,7 millions de gens vivent sous le seuil de la pauvreté aux États-Unis, ou 16,1 % de la population totale, selon les chiffres du bureau de recensement américain rendus publics en novembre. En 2006, 37,3 millions de personnes étaient pauvres et le taux de pauvreté officiel s’élevait à 12,5 %.

     

    La Californie a un taux de pauvreté de 23,5 pour cent, ce qui veut dire que près d’un habitant sur quatre de l’État le plus riche et le plus populeux du pays est pauvre. La Californie, où l’on trouve Hollywood et la Silicon Valley, ainsi que des ateliers de misère de textile et des camps d’ouvriers agricoles migrants, a un des plus hauts taux d’inégalité de revenu des États-Unis.

     

    Les hauts niveaux de pauvreté et de misère sociale causés par la crise économique ont été exacerbés par les coupes constantes dans les programmes sociaux. Les programmes anti-pauvreté du gouvernement ont maintenu 50 millions de personnes hors de la pauvreté. Sans ces programmes, le taux de pauvreté serait deux fois plus élevé, selon le Center on Budget and Policy Priorities.

     

    En 2011, selon le National Employment Law Project (NELP), l’assurance-chômage a aidé 26 millions de travailleurs, et a porté 2,3 millions de personnes, incluant 600 000 enfants, au-dessus du seuil de pauvreté. À moins que le programme ne soit renouvelé, deux millions de personnes en seront exclues et les chômeurs partout dans le pays ne recevront pas plus de 26 semaines de prestations de chômage après avoir été mis à pied. Si le programme est laissé à l’abandon, selon Wentworth, cela voudrait dire que seulement un quart de ceux qui sont officiellement au chômage recevrait une quelconque forme d’allocation.

     

    Pour les masses, les élections de 2012 se sont déroulées sans que leurs vrais inquiétudes et besoins soient mentionnés. L’establishment politique et médiatique aux États-Unis est indifférent à la dévastation sociale que leur système a produit et hostile à toute mesure qui tenterait d’y remédier.

     

    Le mot « pauvreté » n’apparaît pratiquement jamais dans les discours et les commentaires du président Barack Obama, élu au plus haut poste, dans un pays où la moitié de la population est soit pauvre soit presque pauvre. L’élection de novembre derrière eux, les démocrates et les républicains s’affairent maintenant à attaquer les programmes gouvernementaux et ce qui reste du «filet de sécurité» social. Pour de tels programmes, «il n’y a pas d’argent». Au même moment, les partisans multimillionnaires des politiciens amassent les profits record et profitent des fortunes de la bourse de Wall Street.

     

    Que la pauvreté abjecte et la misère doivent cohabiter avec la richesse la plus extravagante et la plus absurde est une réalité inévitable, tout à fait naturelle, pour les deux partenaires de la grande entreprise et tous les pourvoyeurs de sagesse politique aux États-Unis. La population, qui elle n’a jamais été consultée sur ces questions, bouillonne de colère, malgré la confusion qui peut subsister. La société américaine, sclérosée, injuste et inégale, se dirige tout droit vers des soulèvements sociaux.

     

    Source : CGT ARDENNES

    http://www.pcfbassin.fr


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  • Pourquoi tue-t-on aux États-Unis beaucoup plus qu’ailleurs ?

    Michael MOORE
     

    Michael Moore vient d’envoyer ce texte à sa liste (toujours à propos du massacre de Newtown). On notera que le bon Michael fait preuve d’un optimisme inébranlable, qu’il croit que certaines grandes valeurs finiront par l’emporter. Mais son constat est accablant. - Bernard Gensane

    Après avoir regardé vendredi dernier la conférence de presse de la NRA, trompeuse et franchement dingue, il m’est apparu évident que la prophétie des Mayas s’était réalisée. A ceci près que le seul monde qui ait disparu était celui de la NRA. Son pouvoir brutal visant à déterminer la politique des armes dans notre pays, c’est terminé. Notre nation a été écœurée par le massacre du Connecticut.

    Ces tueries ne vont pas cesser d’ici demain. Désolé de le dire. Mais au fond de nous-même, nous savons que c’est ainsi. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille cesser de lutter. Après tout, l’élan est de notre côté. Je sais bien que, moi y compris, nous aimerions tous voir le président et le Congrès voter des lois plus restrictives. Une interdiction des armes automatiques ET semi automatiques est nécessaire. Ainsi que celle de chargeurs comptant plus de sept balles. Il nous faut davantage de contrôles, d’examens de santé. Nous devons également pouvoir réglementer la vente des munitions.

    Mais, mes amis, autant ce que je viens de suggérer contribuera à faire baisser le nombre de morts par balles (demandez au maire de New York, cette ville où il est pratiquement impossible de s’acheter une arme de poing : le nombre de meurtres par année est tombé de 2200 à moins de 400), autant cela ne mettra pas un terme aux tueries collectives et ne résoudra pas les problèmes fondamentaux qui nous font face. Le Connecticut avait l’un des arsenaux législatifs les plus contraignants en la matière.

    Cela n’a pas empêché l’assassinat de vingt enfants en bas âge ce 14 décembre.

    Concernant Newton, soyons clairs : le tueur avait un casier judiciaire vierge et n’avait jamais été référencé chez un marchand d’armes. Toutes les armes qu’il a utilisées avaient été achetées légalement. Le tueur avait certainement des problèmes psychiques, sa mère avait tenté de l’aider, mais sans résultat. Concernant les mesures de sécurité, l’école de Sandy Hook avait été fermée à double tour AVANT l’arrivée du tueur ce matin-là. Des exercices de simulation avaient eu lieu pour prévenir un tel épisode.

    Il y a un petit point bien embêtant que nous les progressistes ne voulons pas aborder : le tueur ne mit un terme à son massacre que quand il vit les flics grouillant dans l’enceinte de l’école, donc quand il perçut des hommes armés. C’est alors qu’il arrêta le massacre et se supprima ; ces officiers de police en armes empêchèrent 20, 40 ou 100 morts. Parfois, les flingues, ça marche. Cela dit, il y avait un shérif adjoint à Columbine le jour du massacre et il ne put rien empêcher.

    Je suis navré de soumettre ces éléments dans notre combat pour un changement radical de la législation sur les armes, une nouvelle législation nécessaire mais plutôt cosmétique.

    Nos dirigeants approuvent et perpétuent des actions violentes à des fins la plupart du temps immorales. Nous envahissons des pays qui ne nous ont pas attaqués. Nous utilisons régulièrement des drones dans une demi douzaine de pays, en tuant souvent des civils. Pas vraiment de quoi être surpris puisque notre nation est née d’un génocide et qu’elle a été construite grâce à la sueur des esclaves. La Guerre de Sécession a fait 620 00 morts parmi nous. Nous avons « apprivoisé » le Far West avec le pistolet à six coups ; nous avons violé, battu et tué nos femmes, sans merci, à un rythme sidérant : toutes les trois heures une femme est assassinée aux États-Unis, une fois sur deux par son compagnon ou par un ex ; une femme est violée toutes les trois minutes dans notre pays ; une femme est battue toutes les quinze secondes.

    Notre pays appartient à ce groupe illustre de nations (Corée du Nord, Arabie Séoudite, Chine, Iran) qui applique toujours la peine de mort. Nous n’avons que faire des dizaines de milliers de nos concitoyens qui meurent chaque année parce qu’ils n’ont pas de couverture sociale ou parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin.

    Pourquoi faisons-nous cela ? Une réponse simple est : parce qu’on le peut. Chez nous qui sommes aussi des gens animés de sentiments amicaux, il y a un degré d’arrogance qui nous pousse à croire bêtement qu’il y a quelque chose d’exceptionnel en nous qui nous différencie des « autres » pays. Il y a beaucoup de bonnes choses chez nous ; il en va de même en Belgique, en Nouvelle Zélande, en France, en Allemagne etc.

    Nous pensons que nous sommes n° 1 dans tous les domaines alors que nos étudiants sont les 17e en sciences, les 25e en mathématiques et que notre espérance de vie est la 35e au monde. Nous croyons que nous sommes la plus grande démocratie de la planète alors que notre taux de participation aux élections est le plus bas de toutes les démocraties occidentales. Nous sommes les plus forts et les meilleurs dans tous les domaines et nous exigeons et prenons tout ce que nous voulons.

    Parfois, nous devons nous conduire comme des f** de p** pour obtenir tout cela. Mais si l’un de nous pète les plombs et révèle la nature totalement psychotique et les conséquences brutales de notre violence à Newton, à Aurora ou à Virginia Tech, alors nous sommes « tristes », « nos sentiments vont aux familles des victimes » tandis que nos présidents promettent « des mesures significatives ». Peut-être que le président actuel est sincère cette fois. Il vaudrait mieux. Des millions de personnes en colère ne vont pas lâcher le morceau.

    Je demande respectueusement que nous nous arrêtions un instant pour réfléchir à ce qui me semble être les trois circonstances atténuantes qui peuvent nous aider à comprendre pourquoi les Américains sont le peuple le plus violent de la terre :

    1) LA PAUVRETE

    S’il y a une chose qui nous différencie du reste du monde développé, c’est que 50 millions de nos concitoyens vivent dans la pauvreté. Un Étatsunien sur cinq souffre de la faim au moins une fois par an. La majorité de ceux qui ne sont pas pauvres n’ont plus rien à la fin du mois. A l’évidence, ceci engendre de plus en plus de comportements délictueux. Les emplois du type de ceux de la classe moyenne préviennent le crime et la violence. Si vous ne croyez pas à cela, posez vous simplement la question suivante : si mon voisin a un vrai boulot et gagne 50 000 dollars par an, y a-t-il un risque qu’il pénètre chez moi par effraction, qu’il me tue et embarque ma télé ? Bien sûr que non.

    2) LA PEUR, LE RACISME

    Nous sommes un peuple extrêmement peureux, si l’on veut bien considérer que, contrairement à la plupart des nations, nous n’avons jamais été envahis (non, 1812 ne fut pas une invasion, c’est nous qui avons commencé). Pourquoi diable avons-nous besoin de 300 millions d’armes chez nous ? Je comprends que les Russes puissent avoir un peu les jetons puisque 20 millions d’entre eux sont morts pendant le Deuxième Guerre mondiale. Mais quelle est notre excuse ? A-t-on peur que les Indiens qui travaillent dans les casinos reprennent le sentier de la guerre ? On a peur que les Canadiens rachètent trop de cafétérias Tim Horton des deux côtes de la frontière ?

    Non. La raison est que trop de Blancs ont peur des Noirs. Un point c’est tout. La grande majorité des armes sont achetées par des Blancs qui vivent dans les banlieues résidentielles ou à la campagne. Quand nous fantasmons que nous allons être victimes d’une agression ou d’un bris de clôture, quelle image de l’agresseur construisons-nous dans nos têtes ? Le môme à tache de rousseurs de la maison d’à côté ou quelqu’un qui, s’il n’est pas noir, est à tout le moins pauvre ?

    Il serait bon de a) faire de notre mieux pour éradiquer la pauvreté et reconstruire la classe moyenne d’antan, et b) d’arrêter de promouvoir l’image du Noir croquemitaine qui sort de chez lui pour nous taper dessus. Calmez-vous les Blancs et débarrassez-vous de vos flingues.

    3) LA SOCIETE DU « MOI-JE »

    C’est cette éthique du chacun pour soi qui nous a mis dans une telle panade, et là est notre délitement. Je me débrouille par mes propres moyens ! C’est pas votre problème ! C’est le mien !

    Assurément, nous ne sommes plus les gardiens de nos frères et de nos sœurs. Vous tombez malade et vous ne pouvez pas payer l’opération ? Pas mon problème. La banque a saisi votre maison ? Pas mon problème. Vous ne pouvez pas aller en fac ? Pas mon problème.

    Et pourtant, un jour ou l’autre, cela devient notre problème, n’est-ce pas ? Enlevez trop de filets de protection et tout le monde finit par en ressentir l’effet. Vous voulez vivre dans ce type de société, une société où vous aurez à bon droit raison d’avoir peur ? Je ne le crois pas.

    Je ne dis pas qu’ailleurs ce soit parfait, mais j’ai constaté, au cours de mes voyages, que d’autres pays civilisés estiment que s’occuper de tous et de chacun bénéficie à l’ensemble du pays. Des soins gratuits, des droits universitaires gratuits ou peu élevés, une assistance aux malades mentaux. Et je me pose la question : pourquoi nous, ne pouvons-nous pas réaliser cela ? Parce que dans de nombreux autres pays les gens ne se perçoivent pas comme des entités individuelles et solitaires mais comme les membres d’un groupe, sur le chemin de la vie, chacun existant comme la partie d’un tout. On aide les nécessiteux, on ne les punit pas parce qu’ils ont joui de malchance ou parce qu’ils sont dans une mauvaise passe.

    J’en viens à croire que la raison pour laquelle les meurtres par balles dans les autres pays sont si rares est que leurs citoyens ne sont pas affligés de la mentalité du loup solitaire. La plupart ont reçu durant leur éducation le sens du lien, voire d’une solidarité totale. Difficile alors de se tuer les uns les autres.

    Voilà quelques réflexions avant de partir en vacances. N’oubliez pas de saluer votre beauf’ de droite pour moi. Même lui vous dira que si vous n’êtes pas capable de gauler un daim en trois balles, et que vous estimez qu’il vous en faut trente, vous n’êtes pas un vrai chasseur, mon pote, et vous n’avez aucun droit à posséder une arme.

    Michael Moore

    Source : http://bernard-gensane.over-blog.com/

    URL de cet article 18781
    http://www.legrandsoir.info/pourquoi-tue-t-on-aux-etats-unis-beaucoup-plus-qu-ailleurs.html

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  •  Faim et pauvreté extrême s’installent aux États-Unis

    telechargement--10----.jpg par David Brooks * Ici des millions gens souffrent de faim. Nous ne parlons pas d’Haïti, ni de pays africains, ou asiatiques, ni des favelas sudaméricaines, mais du fait extraordinaire dont que dans le pays le plus riche du monde, avec le secteur agricole le plus productif, des millions de gens souffrent de ce qui s’appelle l’« insécurité alimentaire », ou ce qui en chrétien se traduit comme ne pas savoir d’où proviendra la prochaine nourriture.

     

    Aux États-Unis il est permis – sans que cela soit un scandale national – que les enfants n’aient pas suffisamment à manger. Le programme national de télévision de CBS News, 60 Minutes, a récemment montré les visages et les histoires de familles sans toit, dont les enfants ont dit ce qu’ils ressentent quand ils ne mangent pas suffisamment. Plus de 16 millions de mineurs vivent dans la pauvreté -2 millions de plus qu’avant la crise économique qui a éclaté en 2007 – et on constate que c’est l’écroulement le plus rapide de la classe moyenne jamais arrivé depuis que le gouvernement a commencé à les mesurer, il y a demi-siècle, explique CBS News.

    Qu’est ce qu’on ressent quand on a faim ? demande le journaliste aux enfants d’une école primaire de Floride. « C’ est difficile. Tu ne peux pas dormir. Tu attends seulement, tu t’endors cinq minutes et tu te réveilles à nouveau. Tu as a mal à estomac et pense : « je ne peux pas dormir, je vais essayer de dormir, je vais essayer de dormir », mais tu ne peux pas parce que tu as trop mal à l’estomac. Et c’est parce que tu n’as pas de nourriture dans toi », répond un enfant.

    De nombreuses de familles racontent à CBS qu’elles n’ont jamais imaginé rester sans toit ou ne pas pouvoir nourrir suffisamment leurs enfants, puisqu’ils jouissaient d’une vie de classe moyenne. Avec la crise, tout a basculé.

    Une partie du reportage de CBS fut réalisée dans la même zone que celle qui se proclame comme « le lieu le plus heureux du monde », c’est à dire, les comtés autour de Disney World, à Orlando, en Floride. Là CBS a détecté environ 67 motels où logent plus de 500 enfants sans domicile. Là, tout près des écoles du comté de Seminole, mille étudiants ont récemment perdu leurs logements. Le gouvernement loge des milliers de familles sans toit dans des motels dans tout le pays pendant des mois. CBS remarque que « la ‘génération motel’ aux États-Unis grandit rapidement ».

    16.6% des étasuniens – soit, plus d’un sur six – a souffert « d’insécurité alimentaire » au cours de 2009, selon les chiffres les plus récents du recensement analysés par Feeding América, la plus grande organisation du pays dédiée à appuyer les personnes touchées par cette situation dans son rapport récent « Map the Meal Gap ». En fait, cette organisation explique qu’aujourd’hui elle offre ses services de soutien à 37 millions d’étasuniens, dont 14 millions d’enfants, une augmentation de 46 % comparée avec 2006.

    Même dans la capitale du pays le plus puissant du monde il y a de plus en plus de faim. Dans la zone métropolitaine de Washington et ses comtés limitrophes, plus de 400 000 habitants ont souffert de la faim pendant la récession, selon le rapport récent de Feeding America et son analyse par leWashington Post. Des millions encore dans chaque partie du pays, tant dans des zones riches que marginales, on a enregistré des chiffres croissants de faim. « La majorité serait surprise de savoir les dimensions de la faim dans ses communautés. Les gens tendent à penser qu’on souffre de la faim « là-bas » , dans un autre lieu, mais pas ici même, non pas dans mon coin. Mais ce rapport démontre que ce n’est pas vrai : la faim est partout dans notre pays en ce moment », a commenté Vicki Escarra, directrice de Feeding America, au Washington Post.

    « Il y a eu des moments où je n’ai pas mangé pour que mes enfants aient plus à manger. Je suis adulte, je peux le faire. Je peux boire de l’eau ou manger un morceau de pain. Mais on ne veut pas que ses enfants arrivent à dire : maman, j’ai faim, une heure après qu’ils aient mangé », a expliqué auWashington Post, Anette Emerson, mère célibataire de 46 ans. Ces histoires se répètent dans tout le pays.

    Et quelle est la réponse du gouvernement ? Proposer de réduire l’assistance alimentaire aux nécessiteux, provoquer plus de coupes dans les dépenses sociales et réduire les taux d’imposition sur les revenus des millionnaires.

    Mark Bittman, critique de gastronomie du New York Times [ Why We’re Fasting ], a annoncé lundi dernier qu’il se joignait à un jeûne d’une semaine avec environ 4 000 personnes dans tout le pays, dont l’intention est d’attirer l’attention publique sur les propositions du Congrès pour réduire sévèrement les programmes d’assistance pour les pauvres et pour ceux qui souffrent de faim dans ce pays. « Ces coupes faites soit disant pour réduire le déficit – à peine serait-ce une miette – causeront en vérité que plus de personnes meurent de faim, aillent au lit avec la faim ou vivent plus misérablement que maintenant. Et la proposition de loi augmentera la dépense pour la défense », a-t-il expliqué. Cela dit, devant quelques ironies : en 2010, les profits des entreprises ont augmenté avec le taux le plus rapide depuis 1950, tandis que le record de nombre de personnes qui dépendent de l’assistance fédérale pour manger a été atteint. Il a ajouté que les 400 étasuniens les plus riches ont plus richesse que la moitié des foyers du pays, tandis que 45 % des étasuniens dépensent un tiers de leurs revenus en nourriture et cependant n’y arrivent pas, et un enfant sur quatre dort en ayant faim dans ce pays, au moins sur certaines périodes.

    Bittman affirme : « nous avons besoin de nous rassembler et d’insister sur le fait que nos ressources collectives soient utilisées pour le bien-être collectif, pas pour mille, ni pour un million d’étasuniens les plus riches, mais pour la vaste majorité de nous tous aux États-Unis et, en fait, pour les citoyens du monde qui ont les difficultés à satisfaire leurs premières nécessités. Ou pour nourrir leurs enfants  ».

    Mais, apparemment, la faim n’est pas parmi les priorités de la classe dirigeante politique ou économique de ce pays. Apparemment, « l’insécurité alimentaire » n’est pas un sujet qui est considéré de « sécurité nationale » .

    David Brooksest un journaliste étasunien correspondant de La Jornada du Mexique à New York.

    La Jornada, Mexico, le 4 avril 2011

    Traduction de l’espagnol pour El Correo de  : Estelle et Carlos Debiasi


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  • USA : COMMENT LES MEDIAS CARPETTES DESINFORMENT L'OPINION PUBLIQUE CONCERNANT LA TUERIE A L'ECOLE DE NEWTOWN AU CONNECTICUT

    De Dr. Paul Craig Roberts

    La désinformation médiatique concernant la tuerie à l’école de Newtown au Connecticut

     

     

    Newtown école

     

    Je sais depuis longtemps que l’information américaine est motivée par un agenda. Ce soir (18 décembre), je me suis rendu compte à quel point l’information américaine, motivée par un agenda, motive l’information du reste du monde.

    Pour des raisons que j’ignore, la chaîne de télévision de Moscou, Russia Today (RT) m’a demandé une interview en direct via Skype à propos de la tuerie de masse s’étant déroulée dans une école de Newtown dans le Connecticut, tuerie qui coûta la vie à 20 enfants et plusieurs adultes. J’étais intéressé de savoir quel était l’intérêt de Moscou sur la fusillade et j’acceptais l’interview.

    Je fus surpris de me rendre compte que RT Moscou était intéressé par la version officielle américaine sur la tuerie et me demanda si je pensais que le résultat de tout cela serait une interdiction des “armes d’assaut” aux Etats-Unis.

    Beaucoup de choses peuvent être une arme d’assaut: une batte de base-ball, un couteau, un poing, un pied, une carabine 22 LR, un fusil de chasse à deux coups, un tisonnier, un révolver six-coups, une brique, un sabre, un arc et des flèches, une lance. Tout le monde peut rajouter ce qu’il veut à cette courte liste.

    Les partisans du contrôle des armes à feu ont défini une “arme d’assaut” comme étant la version civile semi-automatique d’armes militaires comme l’AR-15, les versions civiles des M-16 ou des AK-47. Pendant la présidence de Clinton, la version civile de ces différentes armes n’étaient pas autorisées d’avoir des caractéristiques sans dangers, car ces caractéristiques faisaient qu’elles ressemblaient trop aux armes de guerre ; de plus les armes étaient restreintes à n’avoir que des chargeurs ne pouvant contenir que dix cartouches maximum.

    Aujourd’hui, des chargeurs de 20 ou 30 cartouches sont sur le marché. Pour un professionnel, la capacité du chargeur n’a que peu d’importance car avec de l’expérience, une personne peut changer un chargeur en une seconde. On pousse un bouton, le chargeur tombe, on le remplace par un autre. Pour des raisons difficiles à suivre, les partisans du contrôle des armes à feu pensent qu’un chargeur de 10 cartouches transforme une “arme d’assaut” en quelque chose d’autre.

    J’ai dit sur RT que les Etats-Unis sont le plus grand état policier de l’histoire. Merci à la technologie moderne, Washington est capable d’espionner ses sujets de manière bien plus efficace que ne l’avait pu Joseph Staline et Adolf Hitler. Même George Orwell en imaginant son roman dystopique “1984”, a été surpassé par la pratique courante de Washington. En cela, la “guerre contre le terrorisme” est une excuse pour l’état policier américain.

    Un état policier, ai-je dit, est inconsistant avec une population armée et alors que tous les autres amendements constitutionnels sont tombés, le dernier qui reste de ceux-ci est le second amendement (NdT: celui qui déclare le droit inaliénable pour les citoyens américains de posséder et porter des armes) et il ne va plus survivre longtemps.

    Mais pourquoi cette focalisation de RT sur les “armes d’assaut” ? L’accusé, Adam Lanza, a été immédiatement déclaré coupable. D’après Associated Press, le médecin qui a examiné les corps à Newtown, Connecticut, le Dr. H. Wayne Carver a dit que “toutes les victimes de la tuerie de l’école primaire du Connecticut ont été tuées à bout portant de plusieurs coups de fusil.”

    http://www.staradvertiser.com/news/breaking/183651631.html

    Et pourtant, Fox News http://www.fox5vegas.com/story/20346133/reports-of-multiple-dead-including-1-child-from-ct-elementary-school-shooting rapporte que “un journaliste de CNN a dit que la police avait retrouvé trois armes sur la scène du crime: un Glock et un Sig-Sauer, qui sont des armes de poing, ainsi qu’un fusil Bushmaster .223. Le fusil a été retrouvé sur le siège arrière du véhicule que l’homme armé conduisit jusqu’à l’école, les armes de poing quant à elles furent retrouvées à l’intérieur de l’école.”

    Le même rapport de Fox News dit que: ”des mesures de sécurité mises en place cette année à l’école Sandy Hook prévoyaient de laisser les portes verrouillées durant les heures de classe et les gens devaient être introduit électroniquement. Il y a une caméra qui filme quiconque rentre dans le building.”

    Si ce rapport est correct, comment un Lanza armé jusqu’aux dents a pu entrer dans l’école ?

    J’ai essayé de faire remarquer à RT que ces rapports d’information indiquent que l’accusé armé, que personne ne peut plus interroger, s’il est bel et bien le coupable, a tué les enfants avec des armes de poings et non pas avec une “arme d’assaut” laissée dans la voiture, mais que le médecin qui a examiné les corps a dit que les enfants avaient été tués à coups de fusil.

    Les divergences sont évidentes. Soit les rapports de presse sont incorrects, soit le médecin a tort ou alors quelqu’un d’autre qu’Adam Lanza a tiré sur les enfants.

    Ceci fut trop pour la journaliste résidente de RT. Elle me coupa la parole et dit alors que les enfants avaient été tués par quel qu’arme que ce soit. Et pourtant le point de focalisation du programme était clairement les “armes d’assaut”. Ceci fut renforcé lorsqu’on me demanda de rester en ligne pour une question post-interview.

    La question de RT Moscou fut de savoir si je pensais que les armes d’assaut seraient interdites. J’ai répondu que je pensais que toutes les armes seraient interdites. J’avais déjà dit au journaliste hôte que je pensais que toutes les armes seraient retirées des citoyens, mais que je doutais de l’efficacité de l’interdiction. J’ai dit au journaliste qu’au début du XXème siècle l’alcool fut banni, mais que l’alcool était trouvable partout et que la prohibition fut à l’origine des fortunes de la mafia. Aujourd’hui, les drogues sont interdites, depuis des décennies. La drogue est partout et les cartels de la drogue gagnent des milliards de dollars. Ce ne sera pas différent avec une interdiction des armes à feu. L’Angleterre interdit les armes, mais les criminels sont armés et aujourd’hui la police britannique traditionnellement désarmée est lourdement armée. Quand je vivais en Angleterre, les armes n’étaient pas interdites et les policiers se promenaient dans les rues avec des bâtons de circulation et pas d’armes à feu. Cette focalisation sur ces “armes d’assaut” est troublante pour une autre raison. D’après les rapports de presse, Lanza avait un désordre de la personnalité ou avait un problème mental ou peut-être était-il juste différent.

    Peu importe, il était sous thérapie médicamenteuse. Alors la responsabilité va t’elle aux armes ou aux médicaments ?

    Comme l’agenda est d’interdire les armes, on blâme les armes à feu.

    Dans la fusillade de masse précédente dans le cinéma du Colorado, les témoignages oculaires différèrent de la version officielle et d’après les rapports d’information, le suspect était impliqué avec le gouvernement dans une sorte d’expérience de contrôle psychique et il fut retrouvé après la fusillade assis dans sa voiture, garée sur le parking du cinéma.

    De la même manière, la fusillade de l’école primaire dans le Connecticut possède des aspects troublants. Dans le rapport circonstancié de la police, un enseignant dit avoir vu “deux silhouettes qui couraient devant le gymnase”.

    http://sgtreport.com/2012/12/so-many-questions-too-few-answers-was-the-sandy-hook-massacre-an-organzied-false-flag-operation/

    L’enregistrement de la communication radio de la police fait aussi état de deux hommes dans un van, arrêtés et détenus et des rapports divers et variés disant que la police avait arrêté un homme dans le bois voisin. L’homme avait dit: “je ne l’ai pas fait”, comment un homme dans les bois pouvait-il savoir ce qui venait juste de se passer ? Il n’y a pas de télé dans les bois et pourtant l’homme niait avoir perpétré la fusillade. Très étrange.

    Ce qui se passe souvent, est qu’il y a un nombre initial de faux rapports, tel que dans le cas du Connecticut, faisant état que la mère de Lanza était enseignante à l’école et fut tuée dans l’école, que Lanza avait aussi tué son père et que son frère avait peut-être été impliqué. Toutes les divergences avec la version officielle sont ensuite jetées avec les faux-rapports. Comme les médias suivent simplement l’histoire officielle et n’enquêtent pas, il est impossible de savoir ce qu’il s’est vraiment passé, Les gens acceptent simplement la version donnée.

    Il apparaît un peu bizarre néanmoins que RT Moscou suivent sans aucune critique le reportage des médias US et la version officielle après avoir expérimenté par exemple le mauvais narratif intentionnel des médias américains sur la guerre russo-géorgienne, qui fut commencée par l’ancienne république soviétique de Géorgie mais fut blâmée sur la Russie, RT Moscou croit-elle vraiment ce que disent les médias américains, à savoir que les missiles américains qui encerclent la Russie sont dirigés sur l’Iran ?

     

    Les Américains ont été bien armés depuis plusieurs siècles, mais la “violence par armes à feu” est nouvelle. Pourquoi ?

     

    Y a-t-il plus de gens dérangés mentalement ? Plus de gens sous l’influence de médicaments ? Les Américains ont-ils perdu leur self-control ? Leur conscience morale ? Les Américains sont-ils façonnés par des films trop violents et par des jeux vidéo et par 11 années de massacre d’autres gens par leur gouvernement ? Les Américains ont-ils perdu leur empathie pour les autres ?

     

    Tom McNamara, qui enseigne à l’académie nationale militaire française demande : “Les Arabes pleurent-ils aussi pour leurs enfants ?”

     

    http://www.counterpunch.org/2012/12/18/do-arabs-cry-for-their-children-too/print

     

    La fusillade de l’école primaire du Connecticut est une tragédie à plusieurs niveaux. Des enfants ont perdu la vie, des familles ont perdu leurs enfants et cette tragédie est utilisée pour désarmer le peuple américain qui doit faire face à un état policier sans précédent, qui augmente son pouvoir et sa menace de jour en jour.

     

    Dr. Paul Craig Roberts

     

     

    Le 19 Décembre 2012

     

    Article original en anglais:

    U.S. President Barack Obama pauses while speaking about the shooting at Sandy Hook Elementary School in Newtown during a press briefing at the White House in Washington

    Going After Guns: Confronting Violence in America

    Traduit de l’anglais par Résistance 71

    http://www.mondialisation.ca/la-desinformation-mediatique-concernant-la-tuerie-a-lecole-de-newtown-au-connecticut/5316711

    http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/


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  • Newtown ou les symptômes d’une société qui se veut «civilisée» mais qui a perdu tout repère moral

    La dramatique tuerie qui vient d’avoir lieu dans la commune huppée de Newtown au sein du comté de Fairfield, dans l’Etat le plus riche des Etats-Unis, a pris le devant de la scène médiatique comme aucun événement violent ne l’a été aux Etats-Unis depuis longtemps.

    PAR ROBERT JAMES PARSONS

    Le crime en a éclipsé un autre le même jour qui, sans celui du Connecticut, aurait dominé la une: à Las Vegas, dans le célèbre hôtel-casino Excalibur, un homme a tiré sur une femme, la tuant, avant de se suicider avec la même arme.

    Le lendemain au petit matin, à Birmingham, Alabama, un homme a assassiné deux employés dans un hôpital puis un gendarme. Un second gendarme a tué l’assassin.

    Sur le site internet War is Peace (La guerre, c’est la paix, inspiré du livre «1984» où un langage  perverti sert à convaincre la population que le bien est le mal et vice-versa) ont été publiés les chiffres suivants: en 2011, les armes à poing ont tué 8 personnes au Royaume-Uni, 21 en Suède, 34 en Suisse, 42 en Allemagne, 52 au Canada, … 10.728 aux Etats-Unis. A cela on peut ajouter plus de 100’000 morts par an aux Etats-Unis attribuables aux armes à feu entre les mains des particuliers.

    L’hebdomadaire de gauche «Mother Jones» avait déjà fait remarquer qu’en 1995 on recensait   environ 200 millions armes à feu entre les mains de particuliers aux Etats-Unis, nombre qui était passé à quelque 300 millions fin 2011, soit une augmentation de 50%.  (Les chiffres sont établis sur une base de calcul des plus prudentes, donc bien en deçà de la réalité.) Et d’ajouter que le législatif du Michigan – autrefois l’un des Etats les plus progressistes, il est aujourd’hui investi par les «patriotes» du Tea Party qui conditionnent ses options politiques de manière radicalement opposée – vient de voter une loi permettant à toute personne (sans distinction d’âge) le port d’armes à feu dissimulées dans les écoles, les églises et les crèches, tout en abolissant (réduction du déficit oblige) dans les comtés les comités de contrôle chargés d’émettre les permis nécessaires pour le port d’une arme à feu dissimulée.

    La droite se déchaîne, qualifiant ceux qui critiquent l’omniprésence d’armes à feu de cyniques qui ne cherchent qu’à exploiter un événement tragique et «unique» (ce serait la première fois qu’un drame semblable touche autant d’élèves dans une école primaire….) et ce afin de promouvoir un programme socialiste et liberticide.

    Si un survol des 489 membres du Congrès fédéral inscrits sur Twitter révèle que tous ont exprimé leurs condoléances, seuls quatre d’entre eux ont évoqué le besoin d’une réforme des lois sur l’accès aux armes à feu par les particuliers. Un député new-yorkais s’est attiré les foudres de la population en déplorant que de tels événements soient devenus de la «routine» en raison du nombre d’armes à feu en circulation. Idem pour Rupert Murdoch, suite à un tweet surprise où le magnat de la presse dit: «Horribles nouvelles aujourd’hui. Quand est-ce que les politiques trouveront le courage d’interdire des armes automatiques – comme ils l’ont fait en Oz [Australie] après une tragédie similaire?»

    On entend partout des personnes hurler que les élèves, à tout le moins les enseignants, auraient dû être armés; il y aurait eu moins de morts parce que le tueur aurait été éliminé plus rapidement. Dans la même veine, le gouverneur du Colorado, où le dernier massacre, perpétré dans un amphithéâtre, a été facilité par des fusils d’assaut, n’a pas mâché ses mots en dénonçant ceux qui voudraient réinstaurer l’interdiction de ces armes chez les particuliers, assurant que «si les fusils d’assaut n’avaient pas été disponibles, ni ceci, ni cela, ce mec aurait trouvé d’autres moyens, n’est-ce pas?»

    On veut bien dans une société livrée, à une majorité écrasante, au culte de l’arme à feu et de la violence, mais il est irréfutable que les fusils automatiques rendent de tels sorties plus faciles, sans compter plus «efficaces». La tuerie du début de semaine dans un grand centre commercial de Clackamas, Oregon, l’a bien démontré.

    A la National Rifle Association, tête de pont du lobby des armes à feu, c’est le silence radio qui prévaut, de même qu’à la Gun Owners of America, association de particuliers à tendance néo-nazie.

    Ils n’ont rien à craindre. Le Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms, chargé de l’application des lois (quelles qu’elles soient) de contrôle des armes à feu, n’a les moyens d’effectuer une inspection qu’une fois par décennie.

    De même, les très efficaces Centers for Disease Control and Prevention (CDC), qui autrefois soutenaient de manière importante les recherches sur la violence résultant de l’utilisation des armes à feu et l’élaboration d’une législation cohérente, ont été mis au pas par un Congrès réactionnaire dont le rapport annuel souligne qu’«aucun de ces fonds mis à disposition aux fins de prévention et de contrôle ne sera utilisé pour soutenir ou promouvoir le contrôle d’armes à feu.»

    Absente entièrement du débat, bien sûr, est toute mention des tueries semblables effectuées par les drones sur les civils (y compris bon nombre d’enfants et de personnes âgées) au Pakistan et en Afghanistan. Si un massacre d’enfants dans une commune aisée est à déplorer, abattre encore plus «efficacement» des Musulmans n’est que de bonne guerre. Où que ce soit, il s’agit de symptômes d’une société qui se veut «civilisée» mais qui a perdu tout repère moral. Et c’est une perte qu’elle est peu susceptible de rectifier avant longtemps.

    http://www.lameduse.ch


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  • La crise sociale aux États-Unis


    Tandis que le président Obama et le Congrès s’apprêtent à retrancher des billions de dollars des programmes sociaux qui empêchent qu’un vaste nombre de personnes ne sombre dans le dénuement le plus complet, la faim et la pauvreté aux États-Unis atteignent des sommets jamais vus depuis des décennies.

    Les chiffres sont renversants.

    Le nombre d’Américains qui reçoit des coupons alimentaires, soit 47,1 millions, a atteint un nouveau record en août de cette année, selon les plus récentes statistiques du département de l’Agriculture. Ce nombre a augmenté d’un million par rapport à l’année dernière et de plus de 50 % depuis octobre 2008, lorsque la statistique s’établissait à 30 millions. À Washington D.C., la capitale du pays, et dans l’État du Mississippi, plus du cinquième des résidents reçoivent maintenant des coupons alimentaires.

    Une personne qui bénéficie des coupons alimentaires reçoit en moyenne l’équivalent de 130 $ par mois, ou environ 4,33 $ par jour, soit moins que le prix d’un café dispendieux dans le bas Manhattan. Néanmoins, un projet de loi qui est maintenant débattu au Sénat américain priverait ce programme de milliards de dollars sur 10 ans, ce qui précipiterait un nombre incalculable d’enfants, de personnes âgées et de malades dans la pauvreté. Quelque 50 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aux États-Unis, par rapport à 36 millions en 2007 ; 17 millions de ceux qui ont faim sont des enfants.

    Le taux de pauvreté officiel, qui sous-estime grandement le vrai niveau de dénuement social, a également atteint un nouveau record. Quelque 49,7 millions de gens vivent sous le seuil de la pauvreté aux États-Unis, ou 16,1 % de la population totale, selon les chiffres du bureau de recensement américain rendus publics en novembre. En 2006, 37,3 millions de personnes étaient pauvres et le taux de pauvreté officiel s’élevait à 12,5 %.

    Le nouveau rapport a révisé ses statistiques de pauvreté en prenant en considération les effets des programmes gouvernementaux et du coût de la vie de chaque région. En particulier, le rapport a trouvé des taux extraordinaires de pauvreté dans les États où la vie coûte cher.

    Avec la nouvelle mesure, la Californie a un taux de pauvreté de 23,5 pour cent, ce qui veut dire que près d’un habitant sur quatre de l’État le plus riche et le plus populeux du pays est pauvre. La Californie, où l’on trouve Hollywood et la Silicon Valley, ainsi que des ateliers de misère de textile et des camps d’ouvriers agricoles migrants, a un des plus hauts taux d’inégalité de revenu des États-Unis.

    De plus, les données du bureau de recensement indiquent que le revenu médian des ménages aux États-Unis, ajusté après inflation, a chuté de 1,5 % comparé à l’année précédente. Ce revenu était de 8,1 % plus bas qu’en 2007 et 8,9 % plus bas qu’à son sommet de 1999. Le revenu de la famille typique américaine en 2011 a chuté pour la quatrième année consécutive et a atteint des niveaux jamais vus depuis 1995.

    Les hauts niveaux de pauvreté et de misère sociale causés par la crise économique ont été exacerbés par les coupes constantes dans les programmes sociaux.

    Les programmes anti-pauvreté du gouvernement ont maintenu 50 millions de personnes hors de la pauvreté. Sans ces programmes, le taux de pauvreté serait deux fois plus élevé, selon le Center on Budget and Policy Priorities. En 2011, selon le National Employment Law Project (NELP), l’assurance-chômage a aidé 26 millions de travailleurs et a porté 2,3 millions de personnes, incluant 600 000 enfants, au-dessus du seuil de pauvreté.

    En 2010, environ deux tiers des gens comptés dans les statistiques de chômage du gouvernement recevaient des prestations de chômage. En 2011, cependant, ce chiffre a chuté à 54 %. Cette année, il a glissé à 45 %, selon George Wentworth, un haut responsable du NELP.

    Maintenant, les prestations d’assurance-chômage prolongées, offertes en raison de la crise économique et de la croissance du chômage à long terme, devraient prendre fin le 31 décembre. À moins que le programme ne soit renouvelé, deux millions de personnes en seront exclues et les chômeurs de partout au pays ne recevront pas plus de 26 semaines de prestations de chômage après avoir été mis à pied.

    Si le programme est laissé à l’abandon, selon Wentworth, cela voudrait dire que seulement un quart de ceux qui sont officiellement au chômage recevrait une quelconque forme d’allocation.

    Pour les masses, les élections de 2012 se sont déroulées sans que leurs vrais inquiétudes et besoins soient mentionnés. L’establishment politique et médiatique aux États-Unis est indifférent à la dévastation sociale que leur système a produit et hostile à toutes mesures qui tenteraient d’y remédier.

    Le mot « pauvreté » n’apparaît pratiquement jamais dans les discours et les commentaires du président Barack Obama, élu au plus haut poste, dans un pays où la moitié de la population est soit pauvre ou presque pauvre. L’administration Obama est le parfait exemple de l’inhumanité de l’aristocratie financière et de ses serviteurs politiques.

    L’élection de novembre derrière eux, les démocrates et les républicains s’affairent maintenant à attaquer les programmes gouvernementaux et ce qui reste du « filet de sécurité » social. Pour de tels programmes, « il n’y a pas d’argent ». Au même moment, les partisans multimillionnaires des politiciens amassent les profits records et profitent des fortunes de la bourse de Wall Street.

    Que la pauvreté abjecte et la misère doivent cohabiter avec la richesse la plus extravagante et la plus absurde est une réalité inévitable, tout à fait naturelle, pour les deux partenaires de la grande entreprise et tous les pourvoyeurs de sagesse politique aux États-Unis. La population, qui elle n’a jamais été consultée sur ces questions, bouillonne de colère, malgré la confusion qui peut subsister. La société américaine, sclérosée, injuste et inégale, se dirige tout droit vers des soulèvements sociaux.

    Par Andre Damon le 29/11/2012 source wsws.org

    Transmis par Linsay

    http://www.rougemidi.fr


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  • studentloans2.jpg

    Le cauchemar de la dette étudiante aux États-Unis : une dette de 26 000 $ par étudiant, 1 000 milliards de $ de dette cumulée

     

    Article AC pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ et http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    L'endettement d'un pays se mesure non pas au poids de sa dette publique mais bien à celui de sa dette globale, publique et privée. Avec une dette totale de 50 000 milliards de $, soit trois fois et demi le PIB du pays, les États-Unis restent un des pays les plus endettés du monde.

     

    A la base de cette édifice, une dette des ménages américains colossale, équivalant à 115% du PIB. Chaque ménage américain doit en moyenne rembourser une dette de 100 000 $ par an.

     

    Si la dette des ménages diminue légèrement depuis la crise, une seule partie de celle-ci ne cesse d'augmenter : la dette étudiante.

     

    Selon une enquête du Pew Research center, le montant total de la dette étudiante s'élève désormais à plus de 1 000 milliard de $, soit ce qui correspondrait au PIB... du Mexique.

     

    Un ménage américain sur cinq (20%) doit rembourser une dette étudiante (contre 9% en 1990), c'est 40% des foyers de moins de 35 ans.

     

    Le montant moyen de la dette étudiante se chiffre à 26 000 $ (9 000 $ il y a vingt ans). 10% de ces dettes sont supérieures à 60 000 $.

     

    Le rapport confirme également des inégalités sociales criantes face à la dette étudiante.

     

    Si les plus riches sont plus enclins à contracter des prêts (par l'accès de plus en plus barré pour les plus pauvres à l'université), le poids de la dette rapporté aux revenus et au patrimoine est bien moindre.

     

    Pour les ménages aux revenus inférieurs à 20 000 $ par an (20% les plus pauvres), la dette impayée correspond à 25% de leur revenu annuel. Elle ne représente que 2% du revenu annuel des ménages aux revenus supérieurs à 150 000 $ par an (les 10% les plus riches).

     

    Un système universitaire privatisé

     

    Le fonctionnement du système universitaire américain constitue une mise en garde pour tous les promoteurs de l'autonomie puis de la privatisation des universités.

     

    Le système américain est construit historiquement sur une base d'universités publiques d’État, de niveau inégal mais minimal garanti et quasi-gratuites, et sur une tête d'universités privés élitistes, de niveau mondial et aux frais exorbitants.

     

    Depuis une vingtaine d'années, c'est la course à la hausse des frais de scolarité.

     

    Les universités publiques, au niveau des États, demandent désormais un minimum de 6 000 $ par an, la moyenne étant supérieure à 10 000 $. Les plus prestigieuses, les seules à livrer une formation réellement valorisable sur le marché du travail, exigent des frais supérieurs à 15 000 $ par an, on peut penser à Berkeley en Californie.

     

    Quant aux universités privées d'élite, la moyenne des frais de scolarité est de 26 000 $ par an. Mais il faut compter en moyenne 40 000 $ pour étudier à Stanford, 45 000 $ à Yale et 50 000 $ par an à Harvard.

     

    Nouveaux venus sur le « marché universitaire » américain, les facultés privées à but lucratif connaissent un boom depuis une quinzaine d'années : un nombre d'étudiants multiplié par trois en dix ans, deux millions d'étudiants à ce jour soit 10% des étudiants américains.

     

    De piètre qualité mais peu exigeantes sur la sélection, elles constituent une opportunité en trompe-l’œil pour des ménages modestes, souvent originaires des minorités ethniques (la moitié des étudiants des facs privés), abusés par les promesses d'emploi illusoires de ces facs peu cotées.

     

    Ces facultés privées sont les plus chères de toutes, avec des frais de scolarité supérieurs en moyenne à 30 000 $ par an.

     

    Pourtant, ce sont ces universités qui dépenses le moins par étudiant : 2 000 $ par an par étudiant, contre 10 000 $ dans les universités publiques, selon le National Center for Education Statistics.

     

    Des « facs privées » dont par ailleurs la moitié du budget est pourtant financé par l’État, via des subventions à l'éducation privée. 25% des aides fédérales à l'université sont dirigées vers ces universités privées à but lucratif.

     

    Baisse générale du niveau de l'éducation, université à deux vitesses, privatisation de l'enseignement supérieur, le tout alimenté par une hausse des frais de scolarité et des subventions aux établissements privés. Explosion de la dette étudiante plaçant des centaines de milliers d'ex, actuels et futurs étudiants dans une situation de précarité existentielle dramatique.

     

    Le « cauchemar américain » nous incite à lutter en France contre ce discours dominant sur l'autonomie-privatisation des universités, elle n'est dans l'intérêt ni des étudiants ni des contribuables, mais seulement dans celui des grands groupes économiques qui font du profit sur l'éducation !


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