• « Je veux rentrer chez moi à Cuba »

    José FORT
     

    Gilberto Martinez, 50 ans, vient d’être expulsé de son logement avec femme et enfants à Valencia en Espagne. Un cas parmi des dizaines de milliers d’autres dans ce pays où la gestion de la crise par un pouvoir de droite corrompu se traduit par le démantèlement des services publics, une misère galopante et une violente colère populaire. Rien d’extraordinaire le sort de M. Martinez, sauf qu’il s’agit d’un « dissident » cubain ayant choisi la « liberté » il y a quelques années après un accord entre l’Eglise cubaine et le gouvernement socialiste de M. Zapatero et qu’il demande « une seule chose : rentrer chez moi à Cuba ».

    M. Martinez n’hésite pas en rajouter : « On nous a menti, dit-il. Si on m’avait dit ce qui se passe en Espagne, je serais resté dans mon pays ». Pour M. Martinez, les photos dans la presse avec les dirigeants socialistes du PSOE et de la droite du PP relèvent de l’histoire ancienne ; les allocations s’élevant à environ 1000 euros par mois ont été annulées ; les articles à la gloire du « courage » de M. Martinez font place à des critiques englobant tous les « dissidents » sous les étiquettes de « profiteurs », de « faignants », de « marginaux » et aux réflexions du genre « tout ce qu’on nous disait sur le communisme était mensonge, mais le pire c’est que tout ce qu’on nous a raconté sur le capitalisme est vrai ».

    M. Martinez n’est pas un cas isolé. La plupart des « dissidents » cubains – à l’exception des reconvertis dans les bandes criminelles - résidant en Espagne vivent aujourd’hui dans le dénuement et ne bénéficient plus de l’intérêt des politiques et des médias. Plusieurs d’entre eux ont approché l’ambassade cubaine à Madrid pour évoquer un possible retour. On leur prête même l’intention de créer une « coordination ».

    Au même moment, plusieurs « dissidents » cubains de haut vol font le tour du monde avec passage obligé à Miami, célèbre station balnéaire spécialisée dans les résidences dorées pour anciens dictateurs latino-américains à la retraite et repère de la mafia cubano-américaine. C’est dans cette ville que la chef des « Dames en blanc », un groupe financé directement par le gouvernement des Etats-Unis, demande publiquement le maintien du blocus pour « asphyxier » les Castro. La bloggeuse sponsorisée par le journal « El Pais » et quelques officines US, Yoani Sanchez, véritable femme d’affaires aux comptes en banques bien remplis, à Barcelone notamment, saute d’un avion à un autre, mène grand train de vie et se croit obligé d’affirmer qu’elle n’est pas membre de la CIA tandis qu’un certain Guillermo Farias va recevoir un prix au Parlement européen. Les trois précités n’ont pas de souci à se faire : l’intendance est assurée. En revanche, en Espagne, M. Martinez n’a plus rien à attendre de ses anciens protecteurs. Il a servi avant d’être jeté comme un kleenex usagé.

    Les candidats cubains à l’exil avaient à chaque étape de la révolution des raisons diverses pour quitter leur pays : politiques, économiques…Les difficultés de la vie quotidienne, les illusions sur le mirage doré du capitalisme ont entraîné de nombreux départs. Durant ces longues années, les gouvernants des Etats-Unis ont maintenu le blocus, adopté des lois scélérates contre tous ceux qui à travers le monde souhaitaient commercer avec la Grande Ile, protégé les terroristes coupables d’attentats sur le sol cubain, financé et dirigé les fameux « dissidents ». Pour quel résultat ? La révolution cubaine reste debout. Des jeunes dirigeants progressivement accèdent aux plus hautes fonctions. Sur l’ensemble du continent latino-américain, Cuba bénéficie d’une reconnaissance populaire affectueuse et solidaire.

    En Espagne, M. Martinez, cubain « dissident » n’a plus un sou, plus de logement, plus d’école pour les enfants, plus de couverture sociale. Rien. Nada. « On ne m’avait pas dit cela », répète-t-il.

    José Fort

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    http://www.legrandsoir.info/je-veux-rentrer-chez-moi-a-cuba.html

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  • el-che-y-alfredo-guevara.jpgDécès d'Alfredo Guevara

     

    de l'intellectuel communiste au père du cinéma cubain, parrain du « Nouveau cinéma latino-américain »

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

     

    Alfredo Guevara, décédé à l'âge de 87 ans, était non seulement un communiste convaincu, un ami intime de Fidel Castro mais aussi le père du cinéma révolutionnaire cubain et un des initiateurs de la vague du « Nouveau cinéma latino-américain ».

     

    Né en 1925, Guevara était de la même génération que Fidel Castro. Les deux hommes ont noué une amitié indéfectible sur les bancs de l'Université de la Havane. Guevara était déjà militant du Parti socialiste populaire(PSP), nom officiel du Parti communiste cubain interdit par la dictature.

     

    Dans les années 1950, au moment où Fidel lance l'assaut contre la caserne de Moncada, Guevara lance l'assaut contre le vieux cinéma conformiste pré-révolutionnaire, dans le cadre du mouvement culturel avant-gardiste lié animé par des intellectuels communistes, Nuevo Tiempo.

     

    Il réalise en 1955 avec Julio Garcia Espinosa le documentaire néo-réaliste « El mégano », relatant la vie infernale des charbonniers cubains. Le documentaire est censuré, Guevara arrêté, torturé puis exilé. Au Mexique, il perfectionne son art au contact du cinéaste espagnol Luis Bunuel.

     

    De retour à Cuba, il fonde en 1959, après la révolution, l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographique(ICAIC) qu'il dirigera de 1959 à 1981 avant d'y revenir dans les années 1990.

     

    C'est dans le cadre de l'ICAIC que se développe un cinéma cubain créatif, novateur en particulier dans son introduction de la musique cubaine engagée (« Nueva Trova »), avec la collaboration de musiciens prestigieux tels que Leo Brouwer ou Silvio Rodriguez.

     

    Alfredo Guevara a toujours encouragé la liberté de création artistique, dans les limites de l'art révolutionnaire. Influencé par le cinéma italien ou soviétique, il refusa l'introduction à Cuba d'une conception étroite du « réalisme socialiste », dominant au début des années 1950 en Europe de l'est.

     

    C'est surtout à l'impulsion de l'ICAIC de Guevara que le mouvement du « Nouveau ciné latino-américain » prit forme : avec la création de l’École de cinéma de San Antonio de los Banos, qui a formé des générations de cinéastes latino-américains, et surtout avec le Festival de la Havane.

     

    Le Festival du Nouveau ciné latino-américain, inauguré par Guevara en 1979, devint l'épicentre d'un anti-Hollywood : un creuset du nouveau cinéma latino-américain, loin des circuits commerciaux, un art engagé mais de qualité.

     

    Loin de se contenter d'un cinéma pour une élite cultivée, Guevara fut un des artisans de la popularisation du cinéma à travers la pratique du « cinéma mobile », des cinéma ambulants apportant la culture au peuple cubain, dans les zones rurales ou montagnardes du pays.

     

    Son action au service du cinéma cubain lui valut d'être récompensé en 2003 du Prix national de ciné. Reconnaissance internationale également avec la médaille d'or Federico Fellini, remise par l'UNESCO, récompensant ceux qui ont réussi à populariser le 7 ème art.

     

    La liberté de critique d'Alfredo Guevara était indissociable de ses convictions communistes. Son anti-conformiste artistique, son esprit subversif, son style détonnant ont fait débat à Cuba dans les années 1980, mais ils n'ont jamais entamé son prestige d'intellectuel révolutionnaire.

     

    AlfredoGuevaraFidelCastro.jpg Ami intime de Fidel, engagé dans un Parti communiste qu'il avait rejoint avant-guerre, partisan du système socialiste, Guevara refusa toujours de mettre ses critiques – sur les dérives bureaucratiques, les risques de stérilisation du débat démocratique – au service des ennemis de la révolution.

     

    Dans les années 1990, il accède enfin au Comité central du Parti communiste cubain, dont il est membre de 1991 à 1997. Il retrouve par ailleurs sa place à la tête de l'ICAIC dont il se retire en 2000.

     

    Ces dernières années, malgré son retrait de la vie politique et artistique, il s'est notamment positionné en faveur du processus de réformes économiques entamées par Raul Castro

     

    A l'annonce de sa mort, les plus grandes figures de la culture cubaine et latino-américaine lui ont rendu hommage.

     

    Des musiciens Leo Brouwer et Silvio Rodriguez à l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, avec lequel il travailla à la promotion du « nouveau ciné latino-américain », en passant par le cinéaste bolivien Jorge Sanjines, tous évoquent la perte d'une grande figure de la culture latino-américaine.

     

    Guevara faisait partie de toute cette génération de cinéastes et hommes de culture qui ont trouvé au XX ème siècle dans le communisme une source d'inspiration artistique. A travers le Festival de la Havane, le cinéma cubain engagé et le Nouveau cinéma latino-américain perpétueront l’œuvre de Guevara : au service de l'art et de la révolution.


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  • Cuba crée quatre vaccins contre le cancer : une leçon aux firmes pharmaceutiques.

    Cuba crée quatre vaccins contre le cancerJosé Manzaneda
     

    Que Cuba ait déjà développé quatre vaccins contre différents types de cancer est sans doute une nouvelle importante pour l’Humanité (1), si nous tenons compte que, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, chaque année meurent dans le monde, par cette maladie, environ 8 millions de personnes (2). Toutefois, les grands moyens internationaux l’ont ignorée presque complètement.

    En 2012 Cuba brevetait le premier vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon au niveau mondial, la CIMAVAX-EGF (3). ET en janvier 2013 on annonçait secondement, le Racotumomab (4). Des essais cliniques dans 86 pays démontrent que ces vaccins, bien qu’ils ne traitent pas la maladie, obtiennent la réduction des tumeurs et permettent une étape stable de la maladie, en augmentant l’esperance et la qualité de vie.

    Le Centre d’Immunologie Moléculaire de La Havane, appartenant à l’État cubain, est le créateur de tous ces vaccins. Déjà en 1985 a été développé le vaccin de la méningite B (5), unique dans le monde, et plus tard d’autres, comme celles qui combattent l’hépatite B ou la dengue (6). En outre, il fait des recherches depuis des années pour développer un vaccin contre le VIH-SIDA (7). Un autre centre étatique cubain, les laboratoires LABIOFAM, développe des médicaments homéopathiques aussi contre le cancer : c’est le cas du VIDATOX, élaboré à partir du venin du scorpion bleu (8).

    Cuba exporte ces produits pharmaceutiques à 26 pays, et participe dans des sociétés mixtes en Chine, au Canada et l’Espagne (9). Tout ceci casse complètement un stéréotype très étendu, renforcé par le silence médiatique sur les avances du Cuba et d’autres pays du Sud : selon lequel la recherche médico-pharmaceutique d’avant-garde se produit seulement dans les pays appelés « développés ».

    Indubitablement, l’État cubain obtient un rendement économique de la vente internationale de ces produits pharmaceutiques (10). Toutefois, sa philosophie de recherche et commercialisation est aux antipodes de la pratique patronale de la grande industrie pharmaceutique.

    Le Prix Nobel de Médecine Richard J. Roberts dénonçait récemment que les fabriquants orientent leurs recherches non a la guérison des maladies, mais au développement de médicaments pour indispositions chroniques, beaucoup plus rentables économiquement (11). ET il indiquait que les maladies propres des pays les plus pauvres - par leur basse rentabilité- ne donnent simplement pas lieu à des recherches. Pour cette raison, 90% du budget pour recherche est destiné aux maladies de 10% de la population mondiale.

    L’industrie publique médico-pharmaceutique du Cuba, étant une des principales sources de devises pour le pays, est régie par des principes radicalement opposés.

    D’abord, ses recherches sont dirigées, en grande partie, à développer des vaccins qui évitent des maladies et, par conséquent, amoindrissent les frais en médicaments de la population. Dans un article de la revue prestigieuse Science, les chercheurs d’Université de Stanford (Californie) Paul Drain et Michele Barry assuraient que Cuba obtient de meilleurs indicateurs de santé que les USA en dépensant jusqu’à vingt fois moins (12). La raison : l’absence - dans le modèle cubain de pressions commerciales par les firmes pharmaceutiques, et une stratégie d’éducation de la population en prévention de santé.

    En outre, les thérapies naturelles et traditionnelles - comme la médecine herboriste, l’acuponcture, l’hypnose et beaucoup d’autres, des pratiques peu rentables pour les fabricants de médicaments, sont intégrées depuis des années dans le système de santé publique gratuite de l’Île (13).

    D’autre part, à Cuba les médicaments sont distribuées, d’abord, dans le réseau hospitalier public national, de manière gratuite ou hautement subventionnée - précisément grâce aux recettes en monnaie forte par leurs exportations (14).

    L’industrie pharmaceutique cubaine, en outre,qui destine un présupposé budget publicitaire qui, dans le cas des multinationales, est supérieur à celui investi dans la recherche elle-même (15).

    Finalement, Cuba propulse la production de médicaments génériques qu’il met à la disposition d’autres pays pauvres et de l’Organisation Mondiale de la Santé, à un prix très inférieur à celui de la grande industrie mondiale (16).

    Mais ces accords, étrangers aux règles du marché, produisent des fortes pressions de l’industrie pharmaceutique. Récemment, le Gouvernement d’Équateur annonçait l’achat au Cuba d’un important nombre de médicaments, en « réciprocité » par les bourses à des étudiants équatoriens dans l’Île et par l’appui de spécialistes cubains dans le programme « Manuela Miroir » pour personnes handicapées (17). Les protestations de l’Association des Laboratoires Pharmaceutiques équatoriens se sont transformées immédiatement en campagne médiatique, en diffusant le message de la supposée mauvaise qualité des médicaments cubains (18).

    D’autre part, de nombreux analystes voient derrière le coup d’état du Honduras, en 2009, la grande industrie pharmaceutique internationale, puisque le gouvernement abandonné Manuel Zelaya, dans le cadre de l’accord AUBE, prétendait remplacer l’importation de médicaments des multinationales par lesgénériques cubains (19).

    Le blocus des USA à Cuba impose d’importants obstacles pour la commercialisation internationale des produits pharmaceutiques cubains, mais aussi nuit directement à la citoyenneté des USA. Par exemple, les 80.000 personnes diabétiques qui souffrent dans ce pays, chaque année, l’amputation des doigts de leurs pieds, ne peuvent pas accéder au vaccin cubain Heperprot P, qui précisément les évite (20).

    Le Prix Nobel Chimique de Peter Agre affirmait récemment que « le Cuba est un exemple magnifique de comment on peut intégrer la connaissance et la recherche scientifique » (21). Irina Bokova, president-directeur général de l’UNESCO, disait se sentir « très impressionnée » avec les réalisations scientifiques du Cuba et montrait la volonté de cette organisation de Nations Unies en les promouvant dans le reste du monde (22). La question est inévitable : disposera-t-elle de la collaboration indispensable des grands médias internationaux pour les diffuser ?

    José Manzaneda
    coordinateur de Cubainformación.

    http://www.cubainformacion.tv/index.php/lecciones-de-manipul...

    (1) http://www.jornada.unam.mx/2011/11/08/ciencias/a02n1cie

    (2) http://www.lapagina.com.sv/nacionales/61996/2012/02/04/Cada-...

    (3) http://actualidad.rt.com/ciencias/view/32388-Cuba-lanza-prim...

    (4) http://www.prensalibre.com/salud/Desarrollan-segunda-vacuna-...

    (5) http://www.nnc.cubaweb.cu/clasificados/ciencia/ciencia1.htm

    (6) http://ipsnoticias.net/nota.asp?idnews=96327

    (7) http://www.telesurtv.net/articulos/2012/03/07/cientificos-cu...

    (8) http://www.jornada.unam.mx/2012/07/12/index.php?section=cien...

    (9) http://spanish.news.cn/salud/2011-11/05/c_131230334.htm

    (10) http://www.guiacuba.info/noticias-de-cuba/turismo-segunda-fu...

    (11) http://voselsoberano.com/index.php?option=com_content&vi...

    (12) http://www.cubadebate.cu/especiales/2010/05/04/reportaje-rev...

    (13) http://www.sld.cu/sitios/mednat/

    (14) http://www.nuevatribuna.es/articulo/mundo/cuba-ya-utiliza-la...

    (15) http://www.elmundo.es/elmundosalud/2002/07/19/medicina/10270...

    (16) http://www.cubainformacion.tv/index.php/lecciones-de-manipul...

    (17) http://www.diariovasco.com/agencias/20110813/mas-actualidad/...

    (18) http://www.ciudadaniainformada.com/noticias-politica-ecuador...

    (19) http://www.tercerainformacion.es/?Honduras-Intereses-Transna...

    (20) http://actualidad.rt.com/economia/view/44707-Cuba-crear-f%C3...,-una-receta-contra-embargo

    (21) http://www.opciones.cu/cuba/2012-03-09/reconocen-avances-de-...

    (22) http://www.juventudrebelde.cu/cuba/2012-11-29/directora-gene...

     

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  • Haïti, nouvelle « Taïwan des Caraïbes » ?

    Article de Frédéric Thomas publié le 22 janvier 2013 sur le site Mémoire des luttes. Merci au CETIM d’avoir fait connaître cet article.

    Près de trois ans après le séisme qui fit, le 12 janvier 2010, environ 220 000 victimes, on ne parle plus guère d’Haïti. Sauf, « comme d’habitude », au gré des nouvelles tempêtes et autres désastres qui ravagent l’île. Le dernier en date, l’ouragan « Sandy », a détruit, fin 2012, 70% des récoltes du pays et causé le déplacement de plus de 200 000 personnes, générant ainsi la crainte d’une nouvelle crise alimentaire.

    Le gouvernement a décrété l’état d’urgence et sollicité l’assistance humanitaire internationale.

    Haïti serait-elle toujours condamnée au cycle des catastrophes naturelles, des urgences et des appels à l’aide ?

    Trois ans après le séisme, où en est-on ?

    La difficulté pour tirer un bilan de la reconstruction tient au manque de transparence, aux manipulations des chiffres et aux calculs faussés. Ainsi, les 10 milliards de dollars annoncés le 31 mars 2010 lors la « Conférence internationale des donateurs pour un nouvel avenir en Haïti »mêlent en réalité financements déjà budgétés et aides nouvelles, prêts et dons, promesses et engagements effectifs.

    Un seul exemple : lors de sa visite éclair à Port-au-Prince le 17 février 2010, Nicolas Sarkozy avait promis une aide financière de la France de 326 millions d’euros. Mais dans cette somme, 40 millions étaient comptabilisés au titre des aides déjà budgétées en 2010 et 2011, et 56 millions représentaient la part française de la dette haïtienne annulée.

    Il y aurait encore plus à dire sur la manière dont cet argent a été utilisé. Les gaspillages, les doublons et autres ratés se combinent à la transformation de la reconstruction en un immense marché dans lequel chaque pays essaie de positionner ses propres entreprises.

    Lorsque des critiques s’expriment, elles traitent surtout de la question des lenteurs de la reconstruction et non du chemin qu’elle prend. Les liens (ou convergences) entre la prétendue politique minimaliste des organisations et acteurs humanitaires (« politique du moindre mal, (…) politique minimale de la vie [qui] consiste à entretenir les corps » [1]) et les choix macroéconomiques ne sont guère interrogés.

    « Caracol », un parc industriel « symbole de la nouvelle Haïti » ?

    Ouvert en grandes pompes le 22 octobre 2012 en présence de Bill et Hillary Clinton – le premier en tant qu’envoyé spécial des Nations unises pour Haïti, la seconde comme secrétaire d’État américaine –, de l’ancien président haïtien René Préval et de l’actuel, Michel Martelly, le parc industriel de Caracol ( ville située dans la région nord du pays), est, avec ses 250 hectares, présenté comme le plus grand espace industriel des Caraïbes.

    Il constitue, selon Michel Martelly, « un modèle de coopération internationale et un symbole de la nouvelle Haïti qui bouge ». Et il est vrai que, contrairement au manque général de coordination entre ONG, institutions internationales et autorités publiques, qui a caractérisé tout le processus de reconstruction, Caracol est un exemple de collaboration.

    Bénéficiant d’une aide financière de 124 millions de dollars, ce projet constitue le plus important investissement des États-Unis pour la reconstruction. Les productions à venir issues de ce site bénéficieront d’un accès libre – sans taxes – au marché états-unien.

    Le gouvernement haïtien a, pour sa part, offert le terrain et accordé une exemption d’impôts à la multinationale sud-coréenne du textile Sae-A . C’est ici que cette dernière va ouvrir une nouvelle usine.

    Le slogan « Symbole de la nouvelle Haïti » – choisi par le président Martelly lui-même – cache mal le recyclage d’une même politique poursuivie depuis trente ans dans le pays dont le véritable objectif est de le convertir en « Taïwan des Caraïbes ». Sae-A, dont le chiffre d’affaires annuel est de 1,1 milliards de dollars, produit des vêtements pour de nombreuses entreprises nord-américaines dont Walmart, Target ou Gap.

    Si l’entreprise a annoncé la création de 20 000 emplois dans les six années à venir, l’ambition du gouvernement haïtien et de ses partenaires internationaux est d’en créer 65 000. Mais ce pari ressemble à s’y méprendre à celui de l’ancien président Jean-Claude Duvalier, dit « Bébé doc », qui souhaitait implanter en Haïti des usines de production de vêtements de sport à destination des États-Unis.

    La logique, simple, est toujours la même : tirer profit des « avantages comparatifs » du pays et s’appuyer sur une division « rationnelle » du travail. Pour les promoteurs de ces politiques, Haïti ne saurait avoir d’avenir dans l’agriculture du fait de son voisinage avec le plus grand producteur agricole mondial que constituent les États-Unis. En revanche, le réservoir de main-d’œuvre disponible dans l’île, peu qualifiée et à faible coût, constituerait son atout. D’où l’implantation de zones franches – « maquiladoras » –, censées offrir des milliers d’emplois et produisant essentiellement pour l’exportation (dont une grande part pour les États-Unis).

    Reconduction des mêmes politiques

    Pourtant, de tels projets n’ont jamais tenu leurs promesses. L’expérience montre que les emplois créés ont toujours été précaires et en quantité bien inférieure à ceux prévus. De plus, ils se sont toujours accompagnés d’un non respect des droits du travail. Les agriculteurs, acculés à quitter leurs terres pour travailler dans ces usines, n’ont plus été en mesure de produire leur propre nourriture et se sont retrouvés dans l’incapacité de l’acheter avec leurs nouveaux salaires de misère. De plus, l’ouverture du marché a conduit Haïti – un pays qui était auto-suffisant sur le plan alimentaire jusqu’au début de la décennie 1980 – à devenir largement dépendante des produits importés.

    Le cas du riz, produit alimentaire de base, est emblématique. Haïti est devenue le quatrième plus grand importateur mondial de riz états-unien. En 2008, le pays a ainsi importé 82% de sa consommation !

    En mars 2010, Bill Clinton a fait preuve d’autocritique en reconnaissant que « cela n’a pas marché ». Et d’ajouter : « C’était une erreur » [2]. Pourtant, cela n’a entraîné aucun changement de politique et le même type de « solutions » est toujours mis en avant.

    « L’heure n’est plus à l’assistanat, mais à l’investissement durable. Je réitère, mesdames, messieurs, qu’Haïti est ouverte aux affaires de manière irréversible, « Haiti is open for business ». Et ceci n’est plus un slogan, il s’agit d’une politique bien réfléchie » a ainsi réaffirmé le président Martelly lors de l’ouverture officielle de Caracol.

    Pourtant, le projet pose de nombreux problèmes : le choix de terres agricoles fertiles pour implanter la zone franche – et, en conséquence, l’expulsion des familles paysannes -, les lourds risques environnementaux et l’intervention de Sae-A, connue pour son mépris des droits des travailleurs. Actuellement, l’entreprise paierait moins que le salaire minimum – 300 gourdes par jour (un peu plus que 5 euros) – aux quelques centaines d’employés travaillant déjà à Caracol. Ceci est un problème crucial. En effet, la compagnie conditionne clairement sa présence et ses investissements au maintien de salaires « compétitifs » et à l’absence d’« obstacles » à son management.

    Dans un tout récent rapport, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) notait que les expériences de zones franches « n’ont engendré aucun effet durable sur le développement » [3].

    Pourtant, le dogme libéral constitue le ciment de la reconstruction du pays. Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a donc servi de catalyseur au projet Caracol, qui existait depuis plusieurs années déjà.

    L’horizon de la reconstruction

    La combinaison entre la politique toujours plus minimaliste de milliers d’ONG internationales présentes en Haïti et celle, maximaliste, du libéralisme de l’État et de la « communauté internationale », constitue-elle une division du travail réaliste ?

    Dans son même rapport, la FIDH affirmait, à propos de la reconstruction : « Au total, on constate que très peu de solutions durables ont été apportées (…). Non seulement les réalisations sont très insuffisantes par rapport aux besoins, mais les solutions apportées sont provisoires et précaires et elles repoussent les problèmes dans l’espace et dans le temps plutôt que d’apporter des réponses durables » [4]. Le choléra, la malnutrition et l’analphabétisme sévissent alors qu’il n’y a ni politique d’éducation, ni politique de santé, ni politique agricole dignes de ce nom.

    Jusqu’à quel point la « politique du moins pire » de l’humanitaire fonctionne-t-elle « à côté » de la pire politique du libéralisme ? Les prix alimentaires ne cessent de grimper en Haïti et l’appel à l’aide alimentaire internationale est permanent.

    Pourtant, dans le même temps, une zone fertile et productive est de nouveau sacrifiée sur l’autel de la création d’un parc industriel et d’une zone franche. Aucune chance n’est laissée aux paysans haïtiens si le pays doit importer Ad vitam æternam des produits alimentaires subventionnés.

    Haïti est ouverte aux affaires, de la même manière qu’elle est ouverte à l’humanitaire qui se substitue aux politiques publiques et sociales.

    Lénine affirmait que l’Union soviétique socialiste, « c’est le pouvoir des soviets plus l’électrification ». Pour le paraphraser, nous pouvons dire que l’aide internationale à Haïti « c’est 10 000 ONG plus le parc industriel de Caracol ».

    Les deux éléments composent l’horizon néolibéral du pays. Il ne s’agit donc pas de deux options distinctes ou d’une vision contradictoire, mais d’un nouvel alliage qui s’agglomère à partir des mêmes paramètres de catastrophe naturelle, de crise et d’urgence pour gérer de manière faussement apolitique une population réduite au statut de victime.

    [1]  « L’école des dilemmes », entretien avec Rony Brauman (Médecins sans frontières). Réalisé par Michel Feher et Philippe Mangeot dans la revue Vacarme, n°34, 2006 (http://www.vacarme.org/article486.html ).

    [2]   http://www.huffingtonpost.com/ruth-messinger/what-bill-clintons-mea-cu. Consulté le 10 octobre 2012.

    [3]  Haïti : la sécurité humaine en danger, rapport de la FIDH ( http://www.fidh.org/IMG/pdf/haiti_fr.pdf ), page 20.

    [4]  Ibid, page 12.

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=8696


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  • "DOCUMENTAIRE" ANTI CUBAIN ET ANTI COMMUNISTE DE M. LECONTE SUR ARTE. 1

    Envoyé par Alain Rondeau.

    Texte adressé par la PRCF à l'ambassade Cuba en France.

    Décidément M. Leconte est un spécialiste de la désinformation.


    Spécialiste aussi de la calomnie et de la haine anti-cubaine. Quiconque connait Cuba ne peut être qu'indigné par la manière dont cet individu présente la réalité cubaine. A coup de mensonges, de manipulations, de montages, le procureur Leconte mène son dossier à charge et uniquement à charge.


    Tout est mauvais à Cuba sauf que.... l'ONU, l'UNESCO, le PNUD disent le contraire que ce que prétend M. Leconte. Tous les organismes internationaux reconnaissent que Cuba, qui est un pays du tiers-monde, est le pays le plus égalitaire, le plus social, celui où la place de la culture est la plus développée de tous les pays comparables et même dans certains domaines un pays plus avancé que les États-Unis ou d'autres pays riches !


    Ces chiffres sont disponibles à tout un chacun et rares sont, même parmi les ennemis de Cuba, ceux qui osent être à ce point caricaturaux et falsificateurs que les reportages de M. Leconte. La haine pathologique du socialisme cubain, de Cuba et de son peuple trouve son origine dans un anticommunisme paléolithique d'une grossièreté digne de la propagande maccarthyste. Ce petit personnage s'est déjà illustré, dans sa spécialité, dans un autre documentaire sur Cuba et Fidel, et dans un "documentaire" sur le communisme qui reprenait les thèses de Stéphane Courtois et son "Livre noir du communisme" qui font rire ou pleurer les plus anticommunistes des historiens.


    M. Leconte et Arte, chaine de télévision à qui il arrive de faire preuve de plus de nuances parfois, se livrent à une agression scandaleuse contre un pays qui lutte pour son peuple et son indépendance. Qui lutte contre la plus grande puissance du monde, son blocus et sa subversion contre-révolutionnaire. Et qui résiste victorieusement, à travers des difficultés immenses, depuis plus de 50 ans. Un pays socialiste qui est un phare pour tous les peuples d'Amérique Latine et un exemple pour tous les peuples du monde.


    Le mépris qu'inspire à tout progressiste, à tout honnête homme, ce type d'opération ne fera que renforcer l'exigence de solidarité et de fraternité pour Cuba socialiste, son peuple, son Parti communiste et ses dirigeants Fidel et Raoul Castro.

    Commission internationale du PRCF  le 15 janvier 2013


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  • Communiqué du Comité révolutionnaire autochtone clandestin - Commandement général de l’Armée de Libération National Zapatiste, Mexique.

    l’EZLN annonce les prochaines étapes (El Kilombo)

    Sous-commandant Marcos
     

    Au peuple du Mexique,
    Aux peuples et gouvernements du monde,
    Frères et soeurs,
    Camarades,

    Le 21 décembre 2012, dans les premières heures du matin, nous nous sommes mobilisés à plusieurs dizaines de milliers d’indigènes zapatistes et nous avons pris, pacifiquement et silencieusement, cinq municipalités du sud-est de l’État mexicain du Chiapas.

    En traversant les villes de Palenque, Altamirano, Las Margaritas, Ocosingo et San Cristobal de las Casas nous vous avons regardé et nous nous sommes regardés en silence.

    Nous n’apportons pas un message de résignation.

    Nous n’apportons pas la guerre, la mort et la destruction.

    Notre message est un message de lutte et de résistance.

    Après le coup d’état médiatique qui vient de propulser l’ignorance au pouvoir fédéral, une ignorance mal dissimulée et encore plus mal maquillée, nous nous sommes montrés pour leur faire savoir que s’ils ne sont jamais partis, nous non plus.

    Il y a 6 ans, une partie de la classe politique et intellectuelle a cherché quelqu’un qu’elle pouvait rendre responsable de sa défaite. À cette époque, dans les villes et les collectivités, nous luttions pour la justice dans un Atenco* qui, alors, n’était pas encore à la mode.

    A cette époque, ils nous ont calomniés, puis ont tenté de nous réduire au silence.

    Malhonnêtes et incapables de voir qu’ils sont eux-mêmes le levain de leur propre ruine, ils ont essayé de nous faire disparaître à coups de mensonges et de silence complice.

    Six ans plus tard, deux choses sont claires :

    - Ils n’ont pas besoin de nous pour échouer.

    - Nous n’avons pas besoin d’eux pour survivre.

    Nous, qui ne sommes jamais partis, contrairement à ce que tous les medias ont essayé de faire croire, nous nous manifestons à nouveau, comme les autochtones zapatistes que nous sommes et que nous continuerons d’être.

    Ces dernières années, nous nous sommes renforcés et nous avons considérablement amélioré nos conditions de vie. Notre niveau de vie est plus élevé que celui des communautés autochtones environnantes inféodées au pouvoir officiel, qui reçoivent des aumônes qu’elles gaspillent en alcool et autres sottises.

    Notre habitat s’améliore sans détruire l’environnement avec des routes étrangères à sa nature.

    Dans nos villages, la terre qui autrefois servait à engraisser le bétail des ranchs et des propriétaires terriens, sert maintenant à faire pousser du maïs, des haricots et des légumes qui agrémentent nos repas.

    Notre travail nous donne la double satisfaction d’avoir de quoi vivre honorablement et de contribuer à la croissance collective de nos communautés.

    Nos enfants vont à une école qui leur enseigne leur propre histoire, celle de leur pays et du monde, ainsi que la science et les techniques nécessaires, pour grandir sans trahir leurs origines.

    Les femmes zapatistes indigènes ne sont pas à vendre comme des marchandises.

    Les Indiens du PRI [parti traditionnellement dominant au Mexique] fréquentent nos hôpitaux, nos cliniques et nos laboratoires parce que, dans ceux du gouvernement, il n’y a ni médicaments ni matériel médical ni médecins ni personnel qualifié.

    Notre culture s’épanouit, non pas isolément, mais en s’enrichissant du contact avec les cultures d’autres peuples du Mexique et du monde.

    Nous gouvernons et nous nous gouvernons nous-mêmes en privilégiant toujours la conciliation sur la confrontation.

    Et tout cela nous l’avons fait tout seuls car, non seulement le gouvernement, les politiciens et les médias qui les accompagnent ne nous ont pas aidés, mais ils nous ont combattus et nous avons dû résister à toutes sortes d’attaques.

    Nous avons démontré, une fois de plus, que nous sommes qui nous sommes.

    Notre présence a été longtemps silencieuse. Aujourd’hui, nous ouvrons la bouche pour dire que :

    Premièrement – Nous réaffirmons et renforçons notre appartenance au Congrès National Indigène, espace de rencontre des peuples autochtones de notre pays.

    Deuxièmement -. Nous allons reprendre contact avec les compagnons qui ont adhéré à la Sixième Déclaration de la Jungle de Lacandón, au Mexique et dans le monde.

    Troisièmement -. Nous tenterons de construire les ponts nécessaires aux mouvements sociaux qui ont surgi et continueront de surgir, non pas pour les diriger ou les supplanter, mais pour apprendre d’eux, de leur histoire, de leurs chemins et de leurs destins.

    Pour cela nous avons constitué des équipes formées d’individus et de groupes de différentes régions du Mexique pour soutenir les Commissions de la 6e Déclaration et les Commissions Internationales de l’EZLN ; ces équipes de soutien deviendront des courroies de transmission entre les bases de soutien zapatistes et des individus, groupes et collectifs qui adhérent à la Sixième Déclaration au Mexique et dans le monde entier, et qui continuent de vouloir et d’oeuvrer à la construction d’une alternative de gauche non institutionnelle.

    Quatrièmement -. Nous maintiendrons la même distance critique que par le passé vis à vis de la classe politique mexicaine dans son ensemble, qui prospère aux dépens des besoins et des espoirs des gens humbles et simples.

    Cinquièmement - En ce qui concerne les mauvais gouvernements fédéraux, étatiques et municipaux, exécutifs, législatifs et judiciaires, et les médias qui les accompagnent, nous déclarons ce qui suit :

    Les mauvais gouvernements de tout le spectre politique, sans aucune exception, ont fait tout leur possible pour nous détruire, nous acheter, nous soumettre. PRI, PAN, PRD, PVEM, PT, CC et le futur parti RN, nous ont attaqués militairement, politiquement, socialement et idéologiquement. Les grands médias de communication ont essayé de nous faire disparaître, d’abord en nous calomniant de façon servile et opportuniste, puis en faisant preuve d’un silence complice. Ceux que ces médias servaient et qui les faisaient vivre, ne sont plus et ceux qui leur ont succédé à présent ne dureront pas plus que leurs prédécesseurs.

    Comme nous l’avons prouvé le 21 décembre 2012, ils ont tous échoué. Il revient donc aux instances fédérales exécutives, législatives et judiciaires de décider si elles vont continuer dans la voie de la contre-insurrection qui n’a donné aucun résultat à part les mensonges maladroits et débiles des médias ou bien si elles vont reconnaître et respecter leurs engagements en accordant aux Indigènes les droits constitutionnels et culturels inscrits dans les « Accords de San Andrés » signés par le gouvernement fédéral en 1996 alors dirigé par le parti qui détient à nouveau le pouvoir exécutif aujourd’hui.

    Il reste au gouvernement de l’État à décider s’il y a lieu de poursuivre la stratégie malhonnête et méprisable de son prédécesseur si corrompu et menteur qu’il a pris l’argent du peuple du Chiapas pour s’enrichir, lui et ses complices, et acheter sans vergogne la voix et la plume des médias, plongeant ainsi le peuple du Chiapas dans la misère pendant que les forces de la police et des paramilitaires essayaient d’empêcher les communautés zapatistes d’améliorer leur organisation sociale ; ou bien, si, au contraire, avec justice et sincérité, l’Etat acceptera de respecter enfin notre existence et de se rendre à l’idée qu’une nouvelle forme de vie sociale est en train de fleurir dans le territoire zapatiste du Chiapas, au Mexique. C’est une floraison qui attire d’ailleurs l’attention des honnêtes gens partout sur la planète.

    Il appartiendra aux autorités locales de décider si elles vont continuer longtemps encore à avaler les mensonges que les organisations anti-zapatistes ou prétendument "zapatistes" leur racontent pour qu’elles attaquent nos communautés, ou si ces autorités vont enfin utiliser l’argent qu’elles ont pour améliorer la vie de tous leurs administrés.

    C’est au peuple du Mexique qui s’implique dans les luttes électorales et la résistance, qu’il appartiendra de décider s’il nous voit toujours comme des ennemis ou des rivaux sur qui décharger sa frustration engendrée par des fraudes et une violence qui, finalement, nous affectent tous, et si dans sa lutte pour le pouvoir il va continuer à s’allier avec ceux qui nous persécutent ; ou bien s’il reconnaît enfin en nous une autre façon de faire de la politique.

    Sixièmement - Dans les prochains jours, l’EZLN, à travers les Commissions de la 6e Déclaration et les Commissions Internationales annoncera une série d’initiatives, civiles et pacifiques, pour continuer à marcher avec les autres peuples natifs du Mexique et du continent et avec ceux qui au Mexique et dans le monde résistent et luttent à partir de la base et à gauche.

    Frères et soeurs,
    Camarades,

    Avant, nous avions la chance de bénéficier d’une attention honnête et noble de la part de divers médias. Nous avions exprimé notre reconnaissance alors. Mais leur attitude a changé notablement par la suite.

    Ceux qui pensaient que nous n’existions que grâce aux médias et que le siège de mensonges et de silence qu’ils avaient élevé autour de nous aurait raison de nous, se sont trompés. Nous avons continué d’exister sans caméras, ni micros, ni stylos, ni oreilles, ni regards.

    Nous avons continué d’exister quand ils nous ont calomniés.

    Nous avons continué d’exister quand ils ont essayer de nous museler.

    Et nous voici, nous existons toujours.

    Notre chemin, comme nous venons de le démontrer, est indépendant de l’impact médiatique, il repose sur le fait d’intégrer le monde et tout ce qu’il contient, sur la sagesse indigène qui guide nos pas, sur la conviction inébranlable que notre dignité est en bas et à gauche.

    À partir de maintenant, nous allons choisir nos interlocuteurs, et, sauf exception, nous ne pourrons être compris que par ceux qui ont marché avec nous et qui continuent de marcher avec nous, sans céder à la pression médiatique ni à la mode du temps.

    Ici, non sans beaucoup d’erreurs et de difficultés, nous avons mis en place une autre manière de faire de la politique. Très rares sont ceux qui auront le privilège de l’expérimenter et d’apprendre directement d’elle.

    Il y a 19 ans, nous les avons surpris en prenant leurs villes dans le feu et le sang. Aujourd’hui, nous avons recommencé mais sans armes, sans mort, sans destruction.

    De la sorte, nous nous différencions de ceux qui, quand ils détiennent le pouvoir, sèment la mort chez ceux qu’ils gouvernent.

    Nous sommes les mêmes qu’il y a 500 ans, 44 ans, 30 ans, 20 ans, les même qu’il y a quelques jours.

    Nous sommes les Zapatistes, les plus petits, ceux qui vivent, luttent et meurent dans le coin le plus reculé du pays, ceux qui ne renoncent pas, ceux qui ne se vendent pas, ceux qui ne se soumettent pas.

    Frères et sœurs,
    Camarades,

    Nous sommes les Zapatistes, et nous vous embrassons.

    Démocratie !

    Liberté !

    Justice !

    Depuis les montagnes du sud-est mexicain.

    Pour le Comité clandestin révolutionnaire indigène - Le Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale,

    Sous-commandant Marcos.

    Mexique. Décembre 2012 – Janvier 2013.

    Pour consulter l’original : http://www.elkilombo.org/communique-from-the-indigenous-revo...

    Traduction : Dominique Muselet

    Note :

    * Profitant de l’échéance des élections présidentielles du 2 juillet 2006, le sous-commandant Marcos sort de 5 ans de clandestinité totale pour lancer son « Autre Campagne » de 6 mois à travers les 31 états du Mexique. La brutale répression policière d’Atenco, va l’obliger à prolonger son séjour dans la capitale, malgré un climat de plus en plus tendu et une situation d’impasse politique.

    URL de cet article 18832
    http://www.legrandsoir.info/l-039-ezln-annonce-les-prochaines-etapes.html

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  •  Cuba : résumé de l’histoire des « Cinq »

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    Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Ramón Labañino, Fernando González et René González, « les Cinq » comme on les appelle, sont des Cubains emprisonnés depuis plus de 14 ans aux Etats-Unis.

     

    Les Cinq, agents Cubains membres du « réseau Avispa », avaient été envoyés dans les années quatre-vingt-dix à Miami par leur gouvernement pour infiltrer les groupes terroristes de Floride et prévenir les attentats contre leur pays.

     

    Pour comprendre leur histoire, il faut savoir que les Etats-Unis, depuis plus de cinquante ans, soutiennent, voire organisent, le terrorisme à l’encontre de Cuba. Ils n’ont jamais admis que Cuba soit un pays souverain, libre de son choix de société. En 1960, le sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires interaméricaines : Lester D. Mallory, préconisait dans un mémorandum : « La majorité des Cubains soutient Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace(…)Tous les moyens doivent être entrepris rapidement  pour affaiblir la vie économique de Cuba(…)Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement ».

     

    Depuis telle est la ligne de conduite des U.S.A. envers Cuba, non seulement il y a le blocus, mais les actes terroristes se sont multipliés du fait des organisations financées et souvent mises en place par les gouvernements des Etats-Unis.

     

    Ces attentats ont fait de nombreuses victimes. Il est impossible de les citer tous, mais signalons tout de même celui contre le vol 455 de la Cubana le 6 octobre 1976 qui a causé la mort des 73 passagers et membres de l’équipage. Ses concepteurs sont  Orlando Bosch et Luis Posada Carriles. Orlando Bosch est décédé en 2011, il avait été gracié par George Bush père en 1990. Luis Posada Carriles, lui, après quelques années d’emprisonnement, et de nombreuses années de  cavale et de terrorisme, vit tranquille sous le soleil de  Miami après avoir été jugé sur les conditions de son entrée clandestine aux Etats-Unis !!! .

     

    Après l’écroulement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis ont multiplié les attentats contre les infrastructures touristiques de La Havane pour ruiner le tourisme de l’île, source de devises. En 1998, les membres du réseau Avispa ont appris que de nouveaux attentats étaient programmés contre des avions de lignes desservant Cuba. Ils en ont informé leur gouvernement. L’écrivain Garcia Marquez, servant d’intermédiaire entre les gouvernements de Cuba et des USA, une délégation du FBI s’est rendue à La Havane en juin 1998. Trois mois plus tard, le 12 septembre 1998, étaient arrêtés ceux-là même qui avaient constitué le volumineux dossier remis à La Havane, par les autorités Cubaines, aux agents du FBI.

     

    Après leur arrestation, Les Cinq ont été enfermés pendant 17 mois dans des cellules d’isolement de la prison de Miami dans des conditions extrêmes.

     

    En décembre 2001, le tribunal de Miami à l’issue d’une parodie de procès, a condamné les Cinq à de très lourdes peines. En tout, 4 perpétuités plus 75 ans. Mais, comme l’a déclaré, le 14 oct.2009 dans le New York Times, le docteur Pastor, ancien conseiller de la sécurité nationale du président Jimmy Carter pour l'Amérique latine : " Un jugement contre cinq agents de l'intelligence cubaine se déroulant à Miami est aussi juste qu'un jugement contre un agent de l'intelligence israélienne qui aurait lieu en Iran ».

    Depuis ce jugement, les appels se sont succédé, les uns annulant les autres. Le dernier en date, celui du 4 juin 2008 a ratifié les verdicts de culpabilité des Cinq. Il a confirmé les sentences de Gerardo et de René, et demandé de revoir à la baisse celles des trois autres Cubains. A la suite de cette décision, les avocats des Cinq ont demandé l’arbitrage de la Cour Suprême de Justice. Contre toute attente, et malgré les 12 demandes des nombreux « amis de la Cour », celle-ci a refusé le 15 juin 2009 d’étudier le dossier des Cinq.

     

    - Le 13 octobre 2009 : Antonio a eu sa condamnation à perpétuité plus 10 ans ramenée à 22 ans,

     

    - Le 8 décembre 2009, Ramón a eu sa condamnation à perpétuité ramenée à 30 ans tandis que la peine de Fernando a été ramenée de 19 à 17 ans et 9 mois.

     

    C’est mieux, mais cela reste une terrible injustice quand on est innocent ! D’ailleurs, le 27 mai 2005, le Groupe de Travail de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU sur les Détentions Arbitraires avait déclaré « arbitraire et illégale « la détention des Cinq, car le procès n’a pas eu lieu dans le climat d’objectivité et d’impartialité requis par l’article 14 de la convention internationale des droits civiques et politiques.

     

    La juge Joan Lenard du tribunal de Miami, chargée du dossier des Cinq a justifié les 17 ans et 9 mois infligés à Fernando par le fait que cette condamnation devait « servir d’exemple à ceux qui auraient l’intention de venir aux USA pour espionner des citoyens des Etats-Unis et empêcher que ceux-ci exercent leurs droits constitutionnels ». Elle confirmait ainsi que pour le gouvernement des Etats Unis, il est légitime et conforme à la constitution des U.S.A d’organiser des attentats terroristes contre un pays souverain.

     

    René conserve sa condamnation à 15 ans, il a été libéré le 7 octobre 2011, mais doit rester 3 ans aux Etats-Unis !  Gerardo garde sa double condamnation à vie plus quinze mois. Il est maintenant le seul des Cinq à être dans une prison de haute sécurité où les conditions de vie sont des plus dures.

     

    Selon l’avocat Leonard Weinglass, décédé en 2011 : « le cas de Gerardo est exemplaire car il purge deux condamnations a perpétuité plus 15 ans, alors qu’il est effectivement innocent des charges retenues. De plus, c’est la première personne dans l’histoire des USA à être accusée de la disparition d’un avion abattu par les forces armées d’un autre pays défendant son espace aérien.

     

    De plus [...] les procureurs des Etats-Unis ont reconnu à la fin du procès dans une motion de “circonstance imprévue” qu’ils n’avaient aucune preuve suffisante pour le faire condamner, en qualifiant la chose “d’obstacle insurmontable” pour obtenir une condamnation si la juge donnait aux jurés des instructions sur cette base. Cependant, l’appel [de la défense] fut refusé, les instructions données, et le jury l’a condamné. Il n’y a qu’à Miami [que c’est possible]… ».

     

    Le 14 juin 2010, une demande d’appel collatéral au nom de Gerardo a été présentée à la Cour Fédérale de Miami. C’est pour lui le dernier recours prévu par le système légal des Etats-Unis. Un des points de cet appel concerne le fait que des journalistes qui couvraient le procès des Cinq, entre décembre 1999 et décembre 2001, avaient été achetés par le gouvernement fédéral de Floride. Ces journalistes peu scrupuleux, contre de l’argent, publiaient des articles ou faisaient des reportages haineux, dans le but de monter l’opinion publique et en particulier les jurés du procès, contre ces Cubains en cours de jugement. Le sixième amendement de la Constitution Américaine qui garantit un jugement juste devant un jury impartial a bien été bafoué. Les quatre autres aussi ont fait une telle démarche !

     

    En 2011, le Procureur Général Eric Holder a demandé à la Cour en charge du dossier de refuser une  audience où seraient développés "les arguments et supposées preuves" de cet appel.

     

    Le 16 août 2011, Gerardo Hernandez  a répondu point par point au Procureur Général dans un document appelé affidavit.

     

    Gerardo Hernandez a depuis 2012 un nouvel avocat Martin Garbus. Ce dernier a présenté le 31 août 2012, un nouvel affidavit. C'est un document de 82 pages où cet avocat a stigmatisé le fait que le Procureur Général ait minimisé de façon surprenante l’impact des corruptions de journalistes. Il demande au Département de la Justice d'œuvrer pour" avoir l’espoir qu’une  telle chose ne se reproduise plus aux Etats-Unis ».

     

    le Procureur Général a présenté une motion demandant à la juge de ne pas prendre en compte le dernier affidavit de Garbus, de l'effacer complètement des actes… Gerardo a présenté avec son avocat  un nouveau document le 8 novembre 2012, dans lequel ils argumentent auprès de la juge pourquoi elle ne doit pas faire ce que le Gouvernement lui demande..."

     

    A suivre donc…mais la juge n’a pas de date butoir pour donner sa réponse.

     

    Il faut aussi savoir que les épouses de René et Gerardo ont les visas systématiquement refusés par les autorités US, elles ne peuvent donc pas rendre  visite à leurs maris, ce qui aggrave les peines, et est absolument inhumain.

     

    Jacqueline Roussie

    Monein (Pyrénées-Atlantiques - France)

    http://eldiablo.over-blog.org


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  • Le secret de l’internationalisme médical cubain. (Temas)

    John M. KIRK
     

    Où est le secret ? La vérité c’est que le capital humain peut plus que le capital financier. Le capital humain implique non seulement des connaissances, mais aussi, -et même essentiellement-, la conscience, l’éthique, la solidarité, sentiments vraiment humains, l’esprit de sacrifice, l’héroïsme et la capacité de faire beaucoup avec très peu. - Fidel Castro Ruiz

    Les mots souvent attribués à Maximo Gomez et souvent répétés, « les Cubains en font toujours trop ou pas assez » s’appliquent parfaitement au programme cubain d’internationalisme médical. (1) Cuba en a vraiment « trop fait » pour ce qui concerne cette politique : en Avril 2012, il y avait 38 868 professionnels de la santé cubains, dont 15 407 médecins (environ 20% des 75 000 médecins de Cuba) - travaillant dans 66 pays. (2) En Afrique, le personnel médical cubain, au total près de 3000 personnes, travaillant dans 35 des 54 pays du continent, tandis qu’au Venezuela il y en a approximativement trente mille. (3) Ce n’est qu’une partie de l’histoire, puisque l’internationalisme médical cubain présente de nombreuses facettes. Dans toutes, le « capital humain » est déterminant.

    Cet article, basé sur sept années de recherches et près de 70 entretiens avec des professionnels de la santé cubains, à la fois sur l’île et à l’étranger, vise à fournir une large vue d’ensemble de l’internationalisme médical cubain. Pour ce faire, on verra des programmes très différents dans la coopération médicale, on fournira des données de base sur son évolution et son impact ainsi qu’une analyse de la logique dans son déroulement.

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    L’internationalisme médical n’est pas un phénomène récent, on peut remonter dans le passé jusqu’en 1960, quand la première délégation médicale cubaine est envoyée au Chili après un séisme majeur. Cette toute première assistance est fort significative si l’on pense que les relations diplomatiques entre Cuba et le gouvernement de droite de Jorge Alessandri étaient tendues à l’époque, ce qui a clairement souligné le caractère humanitaire de la mission. Une délégation médicale plus fournie a été envoyée à l’étranger en 1963, lorsque les professionnels cubains ont aidé à mettre sur pied le système de santé publique algérien après l’indépendance. Encore une fois, il est nécessaire de tenir compte du contexte : environ la moitié des six mille médecins à Cuba avaient quitté le pays, principalement en direction de Miami. En outre, la France, dirigée par le président Charles de Gaulle, était l’un des rares alliés qui restaient alors à Cuba, ce qui montre bien que l’engagement médical de l’île était humanitaire et non politique. M. José Ramon Machado Ventura, ministre de la Santé cubain, le dit par ces termes : « C’était comme un mendiant offrant de l’aide, mais nous savions que le peuple algérien en avait encore plus besoin que nous, et ils le méritaient ». (4) Le capital humain, tel que défini par Fidel Castro, a été, encore une fois, même à ce stade du processus révolutionnaire, la base de l’aide médicale.

    Le chiffre de collaborateurs médicaux n’a cessé d’augmenter en particulier dans les pays en développement et sous-développés, et à ce jour près de 135 000 travailleurs de la santé ont participé à des missions à l’étranger. Cuba dispose d’un nombre plus élevé de personnel médical travaillant à l’étranger dans des missions de coopération médicale que toutes les nations du G-8 réunies, un record fort étonnant et significatif.

    Les étapes historiques

    Nous pouvons compter trois étapes de base dans l’internationalisme médical cubain : les premières années du processus révolutionnaire (dont le meilleur exemple reste l’envoi des missions au Chili et en Algérie), les années du milieu de la décennie 1970 à 1979 (alors que le pays, soutenu par l’Union soviétique et les pays socialistes d’europe, a développé un programme particulièrement fort de coopération en Afrique subsaharienne), et enfin, la période qui a commencé en 1990, après l’accident du réacteur nucléaire de Tchernobyl survenu en 1986. Elle a été suivie par une augmentation importante de la coopération médicale vers la fin de cette décennie, fondamentalement en Amérique latine et dans les Caraïbes, après les ravages causés par les ouragans George, en Haïti, et Mitch en Amérique centrale. Cette dernière étape a donné lieu à de nombreuses initiatives, allant des programmes de santé intégrale (utilisés dans des dizaines de pays du Tiers Monde) et l’accès aux soins de base à des millions de personnes qui, dans de nombreux cas, n’ont jamais reçu la moindre attention médicale, jusqu’à l’arrivée du contingent médical d’urgence "Henry Reeve" un énorme succès, déployé à la suite de catastrophes naturelles.

    Les pages de l’internationalisme médical sont nombreuses et glorieuses depuis 59. Nous avons focalisé cet essai sur les contributions de Cuba qui se sont matérialisées à partir de la fin des années 80. L’exemple le plus probant est l’aide apportée aux victimes de Tchernobyl. Au total, environ vingt-six mille personnes, presque tous des enfants, ont été traitées dans les installations de Tarara depuis l’arrivée des premiers enfants en mars 1990 (ils furent reçus par le président Fidel Castro en personne, pour montrer l’importance accordée par le gouvernement cubain à cette l’initiative). Tout le traitement médical a été donné aux patients, sans aucun frais pour eux (transport et hospitalisation). Ce geste humanitaire d’ampleur est particulièrement remarquable quand on sait qu’il a commencé au moment où l’Union soviétique a implosé, entraînant la perte de 80% du commerce de Cuba, une baisse d’environ 30% du PIB, et le début de la période spéciale et ses restrictions de toute sorte. Pour Cuba, le moment ne pouvait tomber plus mal. Nombreux sont les pays qui, confrontés à une telle crise, auraient immédiatement mis fin à un programme aussi vaste et coûteux. Mais cela ne s’est pas produit et Cuba a respecté ses engagements avec les enfants de Tchernobyl.

    Après plusieurs visites sur place à Tarara et des rencontres avec les patients et le personnel médical cubain, nous avons pu constater que l’attention médicale donnée aux enfants était excellente, et qu’on avait réalisé un travail remarquable dans des conditions difficiles pour recevoir les enfants. À son apogée, environ 350 personnes y travaillaient, disposant d’un petit hôpital entouré de centaines de bâtiments destinés à loger les malades et leur offrir des programmes éducatifs et récréatifs. Avant leur départ, les enfants étaient examinés en Ukraine par des médecins cubains. Le plus souvent ils restaient dans l’île 45 jours, et ceux qui souffraient des maux les plus graves étaient traités dans différents hôpitaux spécialisés à Cuba. L’objectif était de fournir une assistance médicale et humanitaire de qualité. Au total, 21.874 enfants et 4.240 adultes ont été traités à Cuba, 19.497 d’entre eux âgés de moins de quatorze ans, et les affections les plus courantes étaient liées à des problèmes dermatologiques, du système endocrinien et digestifs. (5)

    Médecins cubains dans le monde entier

    Par ailleurs, on peut souligner le rôle de Cuba dans la formation de dizaines de milliers de médecins du monde entier, des pays en développement et des pays sous-développés. Des professeurs cubains dispensent leurs cours dans quinze pays et sont particulièrement nombreux au Venezuela. Depuis le début des années 70, Cuba a contribué à la fondation d’écoles de médecine dans plusieurs pays, y compris le Yémen (1976), Guyana (1984), Éthiopie (1984), Ouganda (1986), Ghana (1991), Gambie (2000 ), Guinée équatoriale (2000), Haïti (2001), Guinée-Bissau (2004) et Timor oriental (2005).

    L’ouragan Mitch (1998) causa des dommages terribles en Amérique centrale et fut, à bien des égards le catalyseur pour un développement significatif de l’internationalisme médical de Cuba. Environ trente mille personnes sont mortes dans cette catastrophe, et les gouvernements d’Amérique centrale firent appel à la communauté internationale. Cuba n’avait pas de relations diplomatiques avec les pays concernés (dont plusieurs avaient maintenu une politique d’hostilité à la Révolution), cependant, en quelques jours, Cuba a envoyé une brigade de 424 membres. Leur nombre est passé rapidement à deux mille, avant de se stabiliser autour de neuf en tout pour la région. (6)

    Cette mission était différente des autres parce qu’alors est née la décision d’aider les pays touchés afin qu’ils puissent s’aider eux-mêmes. Cela a conduit à l’idée de former les jeunes de la région à Cuba pour qu’ils deviennent médecins et qu’ils puissent revenir ensuite chez eux pour aider leur propre peuple. En Novembre 1999, l’École Latino-américaine de Sciences Médicales – de nos jours Ecole Latino-américaine de Médecine (ELAM) - a ouvert ses portes aux premiers étudiants, principalement de la région touchée. La plupart d’entre étaient issus de familles pauvres et environ la moitié étaient des femmes.

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    Cette faculté de médecine, (la plus grande du monde, avec un effectif annuel de 1500 étudiants en première année et plus de 9000 étudiants suivant le cursus de six ans) a largement démontré ses capacités pour apporter avec succès une attention médicale à des patients qui autrement n’en recevraient point. Jusqu’à ce jour, plus de onze mille médecins ont été formés par l’ ELAM. En outre, plus de vingt mille étudiants étrangers appliquent le Nouveau Programme de formation de Médecins Latino-américains. Cette méthode d’apprentissage accompagnée de travaux pratiques est également utilisé dans plusieurs pays où la formation a été adaptée aux conditions locales et besoins spécifiques.

    L’approche cubaine de l’ÉLAM repose essentiellement sur l’engagement de former des étudiants qui n’auraient jamais pu devenir médecins autrement dans leur pays. Ces médecins qui ne sont pas issus de milieux privilégiés, sont plus susceptibles de retourner dans leurs communautés d’origine pour y travailler après l’obtention de leur diplôme. On espère ainsi contenir la traditionnelle « fuite des cerveaux » (les cubains emploient le terme de « vol des cerveaux » NDT), -les diplômés des écoles de médecine dans le Tiers Monde s’installent dans les pays développés où les salaires sont plus élevés-. En outre, ceux des diplômés de l’ELAM qui, pour différentes raisons, ne peuvent pas être utilisés dans leur propre pays, se portent volontaires pour travailler dans d’autres où ils viennent travailler dans des « déserts médicaux ». Haïti en est le meilleur exemple puisqu’y exercent actuellement des diplômés originaires de nombreux pays d’Amérique latine. Les leçons sur le capital humain durant les années de formation à Cuba ont été assimilées par des milliers d’entre eux.

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    L’immense portée de l’Opération Miracle, qui a débuté en 2004, est à bien des égards représentative du niveau de la coopération médicale cubaine dans le Tiers Monde. Les origines de ce programme ophtalmologique peuvent être trouvées dans les difficultés rencontrées par l’excellent programme d’alphabétisation cubain : « Yo, Si puedo », utilisé dans de nombreux pays, (7) où l’on a découvert que beaucoup de gens ne pouvaient pas lire, ni apprendre à lire, pour des raisons de déficience visuelle en particulier la cataracte et le glaucome, affections pouvant être traitées relativement simplement par la chirurgie. C’est pourquoi le gouvernement révolutionnaire cubain a décidé de développer un programme pour rendre la vue à ceux qui en ont besoin, et cette approche s’est répandue à travers l’Amérique latine. Rien qu’en Bolivie on compte plus de 600 000 chirurgies pratiquées depuis 2006, dont une partie pour des citoyens d’autres pays limitrophes.

    Le succès de cet engagement peut être mesuré par la lecture des articles de la section Ophtalmologie du site Web Infomed.(8) "Plus d’informations sur Opération Miracle" : des dizaines de textes qui illustrent l’ampleur du programme. Pour ne citer que quelques exemples : 15 000 Paraguayens ont recouvré la vue, 400 000 Haïtiens ont bénéficié du programme, au Nicaragua 90 000 opérations ont été réalisées, et presque 1,5 million au Venezuela. A tel point qu’en Octobre 2011 le Dr. Reinaldo Rios, directeur de l’hôpital ophtalmologique Ramón Pando Ferrer, à La Havane, estime a plus de deux millions de personnes dans 34 pays d’Amérique latine, des Caraïbes et Afrique le nombre de personnes opérées. (9) Les opérations pratiquées par des médecins cubains, avec le soutien du Venezuela, ont été offertes gratuitement aux patients, dont la plupart n’étaient pas en capacité de payer.

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    Un autre élément extrêmement important de l’internationalisme cubain ces dernières années est le rôle du contingent d’urgence Henry Reeve. Cette brigade médicale (elle porte le nom d’un américain qui participa à la première guerre d’indépendance de Cuba) a été fondée en septembre 2005 à la suite des inondations massives qui touchèrent la Nouvelle-Orléans avec l’ouragan Katrina. Le gouvernement cubain avait offert d’envoyer 1.586 professionnels de santé et 36 tonnes de matériel médical pour aider les habitants de la région, mais le président George W. Bush a rejeté ce geste humanitaire. La brigade fut constituée en deux semaines, et ses objectifs furent définis par Fidel Castro dans son discours du 19 septembre 2005, s’adressant aux diplômés en médecine :

    « Le contingent Henry Reeve va prendre la suite de la force médicale constituée pour aider le peuple des États-Unis dès que Katrina a frappé le sud de ce pays dans toute sa force brute. Son but est non seulement d’assister un pays en particulier, mais de coopérer immédiatement, avec un personnel spécialement formé, dans tout pays souffrant d’une catastrophe, en particulier ceux qui font face à de grands fléaux tels que des ouragans, des inondations ou d’autres phénomènes naturels graves. » (10)

    Le contingent Henry Reeve a déjà réalisé douze missions dans les pays qui ont connu des catastrophes naturelles -la plus récente au Chili, à la suite d’un tremblement de terre. Tous ces phénomènes se sont produits en quelques années, et l’on peut dire que le travail de la brigade constitue un exploit remarquable. Le groupe le plus important (environ 2250 membres) a été envoyé au Pakistan, mais celui qui reste le plus mémorable est celui d’Haïti.

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    HAÏTI

    Dans ce pays, Cuba a joué (et joue toujours) un rôle déterminant, à la fois après le tremblement de terre de janvier 2010 qui a pris 250 000 vies, puis dans le contrôle de l’épidémie de choléra qui a éclaté en septembre de la même année. Dans les deux mois suivant le début de l’épidémie près de 150 000 cas ont été signalés et 3333 décès.(11) Les personnels cubains ont tenu un rôle de premier plan dans le soutien au peuple haïtien et leurs efforts ont fait paraître minuscules ceux de la communauté internationale. De fait, la brigade médicale cubaine a été importante depuis 1998, lorsque l’ouragan George a dévasté Haïti. A cette époque, cinq cents professionnels de la santé sont arrivés dans le pays et, au moment du séisme, douze ans plus tard, environ 340 Cubains étaient déjà sur place dans le secteur de la santé publique.

    En ce qui concerne l’épidémie de choléra, l’équipe médicale cubaine a été renforcée par l’arrivée de diplômés et d’étudiants supérieurs de l’ELAM. En avril 2011, il y avait encore 1 117 membres de la brigade médicale, dont 923 cubains et 194 étrangers diplômés à Cuba. Ensemble, ils ont fourni des consultations à deux millions de patients, opéré 36.000 d’entre eux et assisté près de 35 000 naissances. 465 000 autres haïtiens ont bénéficié des programmes de rééducation. (12) Une fois encore, les efforts humanitaires de la mission cubaine étaient (et sont) plus élevés que ceux de tous les pays industrialisés réunis. Cependant, jusqu’à présent, ces contributions sont toujours ignorées des médias internationaux. Ce qui est le plus important, c’est que maintenant Cuba prépare Haïti pour l’avenir en établissant un système de santé publique financé principalement par le Venezuela et le Brésil, système dans lequel les médecins haïtiens formés à Cuba joueront un rôle clé. Sur les 625 qui étaient diplômés de l’ELAM début 2011, 430 se trouvaient déjà en Haití.(13) Cette même année, un autre groupe de 115 ont étés diplômés de l’Université de Santiago de Cuba.

    Un aspect tout aussi important est le travail réalisé au Timor-Oriental. Le personnel cubain est arrivé là suite à une demande officielle d’aide en 2003. En effet, en 2002, il n’y avait que 47 médecins dans tout le pays. La première tâche consistait à apporter un soutien médical dans une nation se remettant de sa lutte pour l’indépendance et de l’invasion des forces armées indonésiennes. Au cours des cinq premières années, les médecins ont effectué plus de 2,7 millions de consultations et on estime qu’ils ont sauvé environ onze mille vies. La phase suivante de la coopération cubaine était la formation de jeunes Timorais qui deviendraient des professionnels de la santé et prendraient soin de leur propre peuple. Au cours de l’année 2008, « il y avait 350 travailleurs cubains de la santé dans la région, 870 nationaux du Timor et plus d’une centaine de Mélanésiens et de Micronésiens ont été formés comme médecins » (14) La plupart d’entre eux ont eu leur formation de base à Cuba, puis ils sont rentrés au Timor, l’objectif était de les former de plus en plus dans leur propre patrie. A cet effet, en 2005, fut créé une école de médecine assistée par des professeurs cubains.

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    La coopération de Cuba au Vénézuela

    Sur une échelle beaucoup plus grande, des efforts comparables au Timor-Leste ont étés fournis dans la coopération de Cuba au Venezuela. Il s’y trouve aujourd’hui le plus gros contingent de médecins cubains. Cette contribution a commencé en 1999, après des inondations massives dans l’État de Vargas où sont morts ou disparues 15.000 personnes. En l’espace d’une semaine plus de 450 professionnels de la santé cubains étaient sur place pour soutenir les initiatives du Président Hugo Chavez, nouvellement élu. Quatre ans plus tard, la municipalité Libertador de Caracas, qui a eu les plus grandes carences de santé de la région, a demandé l’aide des spécialistes vénézuéliens. Soucieux de leur sécurité personnelle, la plupart refusèrent, ce qui a conduit le président Chavez à faire appel à La Havane, et en conséquence, en avril 2003, Cuba a envoyé 53 médecins de famille.

    Par ailleurs, il est important de reconnaître la détermination de Chavez d’utiliser la richesse pétrolière au profit de la nation dans son ensemble, et plus particulièrement les secteurs marginalisés, habituellement exclus de ces services. La mission initiale envoyée à Libertador, a connu un grand succès et a abouti à la décision d’étendre le programme à l’ensemble du pays et, finalement, aux différentes étapes de la mission Barrio Adentro. Selon Chavez, en Novembre 2010, la brigade cubaine travaillait dans 6172 cabinets de médecine populaire, 3019 cabinets dentaires et 459 cabinets d’ophtalmologie, 514 centres de diagnostic intégral, 599 salles de rééducation et 28 centres d’examen équipée de la plus haute technologie médicale. (15)

    Ajoutons au tableau décrit ci-dessus que 51 000 Vénézuéliens ont reçu un traitement médical spécialisé à Cuba. (16) Jusqu’à avril 2012 on estime que les cubains ont réalisé plus de 740 millions de consultations médicales gratuites et sauvé plus d’un million et demi de vie humaines, des personnes qui sur la base des critères traditionnels de mortalité, auraient probablement décédé s’ils n’avaient reçu ses soins appropriés de la part des médecins cubains. (17) Pour l’avenir, le Venezuela est entré en émulation avec l’ ELAM de Cuba et forme dans ses universités plus de 30 000 médecins avec des professeurs venus de Cuba. En Février 2012, a été diplomé le premier groupe de 8.150 spécialistes en médecine intégrale communautaire (CMI) et 6300 le seront dès la conclusion du programme de six ans. À l’heure actuelle, selon Chavez, 22 604 étudiants de la spécialité étudient au Venezuela, ce qui représentera une contribution importante au système public de santé.(18)

    Soulignons en passant que, bien que 20% des médecins cubains travaillent à l’étranger, le rapport médecin/patients à Cuba est encore probablement le meilleur dans le monde. Comparons avec d’autres pays : en 2009, on comptait 2,4 médecins pour mille habitants au Canada (19) et aux États-Unis, tandis qu’à Cuba le chiffre était de 6,7 en 2010, selon la Banque Mondiale. (20) De plus, l’accès au soins à Cuba est beaucoup plus équitable qu’au Canada (et, dans les faits, bien plus équitable que dans la plupart des pays industrialisés, dont les États-Unis), où par exemple, non nombre de spécialistes travaillant dans le secteur privé et bien peu de médecins travaillent dans les zones rurales.

    Un des plus récents programmes entrepris par les internationalistes cubains a été l’échantillonnage de la population des pays membres de l’ALBA. Ceci a été réalisé par des centaines de professionnels de la santé de l’île, afin de déterminer le niveau de santé physique et mentale de leurs populations. Dans le cas du Venezuela (où, en 2008, le personnel médical cubain -dont une bonne partie de généticiens et psychologues sociaux- a travaillé en collaboration avec la brigade locale de la santé dans la mission Hernández José Gregorio), on a identifié environ 600 000 patients ayant des besoins spécifiques, et le gouvernement a décidé de répondre à ces préoccupations. Le but de cette campagne était donc non seulement procéder à un échantillonnage détaillé, mais de mener une étude pour déterminer les causes particulières de « handicap » pour fournir une assistance aux personnes concernées.

    Depuis 2009, d’autres pays de l’ALBA ont bénéficié de ce projet. Il s’agissait d’un dépistage massif, et plus de 71 000 spécialistes (cubains et de chacun des pays concernés) ont visité près de 3,8 millions de foyers au Venezuela, en Bolivie, en Équateur, au Nicaragua, à Saint-Vincent-et-les Grenadines. (21) En juillet 2011, on avait identifié un total de 1.017.464 personnes ayant des besoins spécifiques. En Bolivie, la campagne a été appelée Mission Moto Mendez (du nom d’un guerrillero du 19ème siècle), et a impliqué les médecins Cubains, Vénézuéliens et les Boliviens. Le bilan est d’environ quatre-vingts trois mille personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux détectées. La Mission Solidarité Manuela Espejo a eu un objectif similaire : entreprendre une étude scientifique biopsychosociale afin de déterminer les causes des problèmes rencontrés par les équatoriens et de leurs besoins. Les médecins spécialistes - 229 cubains et 129 équatoriens – ont visité 1.286.331 foyers et détecté 294.611 personnes ayant des nécessités physiques ou mentales spécifiques. 135 254 d’entre elles avaient reçu 265 515 consultations et aides techniques. (22)

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    Une vision politique humanitaire

    N’importe lequel de ces divers programmes de coopération médicale est tout à fait extraordinaire pour un pays de la taille et de la richesse de Cuba. En fait, aucun pays industrialisé n’a jamais tenté d’entreprendre un projet aussi ambitieux dans le domaine de la santé. Mais la combinaison de toutes ces initiatives humanitaires mises en œuvre est tout simplement grandiose. Quand on pense que ces programmes sont en cours depuis cinq décennies et qu’en Amérique latine depuis les vingt dernières années, Cuba a fourni des niveaux élevés de coopération. Dans le cas de l’Afrique, 5500 professionnels de la santé cubains y travaillent encore mais surtout, près de 40.000 Africains ont obtenu leur diplôme dans les universités de l’île qui compte toujours près de 3000 étudiants africains. (23) Lors de sa visite à La Havane en 1991, Nelson Mandela décrit la contribution cubaine : « Nous venons ici avec un sentiment de reconnaissance pour l’immense dette que nous avons contractée envers le peuple cubain ». Quel autre pays a été dans l’histoire plus altruiste que Cuba dans ses relations avec l’Afrique ? (24)

    Cela soulève une question logique : pourquoi ? Pour quelles raisons Cuba continue d’offrir des coopérations d’une telle portée ? Se pourrait-il que Cuba ait l’intention d’exercer ce qu’on appelle dans les milieux universitaires nord-américains le « soft power » ? C’est-à-dire de coopter des pays grâce à un appui constant et des avantages en échange de futurs gestes bienveillants de leur part. À première vue, il semblerait que cet argument est recevable. De toute évidence, le programme de l’internationalisme médical à Cuba, -même dans les pays avec lesquels les relations diplomatiques étaient difficiles-, a entraîné un affaiblissement de l’hostilité de certains gouvernements et finalement la normalisation des relations.

    Il est particulièrement significatif que Cuba n’a pas offert une coopération médicale qu’aux pays ayant les mêmes convictions idéologiques. À cet égard, il convient de rappeler que la première mission dans le Chili d’Alessandri en 1961, et l’abondante coopération cubaine avec le Honduras et le Guatemala, pays qui avaient été des alliés inconditionnels des États-Unis et avaient toujours condamné Cuba. Le Salvador, quant à lui, sous la botte d’un certain nombre de régimes militaires, était un adversaire idéologique acharné de la Révolution cubaine. La Havane, n’a pourtant pas hésité à envoyer vingt-deux tonnes de fournitures médicales d’urgence après le tremblement de terre de 1986 et une brigade médicale conséquente en 2000, pour une importante épidémie de dengue. Cuba a également fourni un soutien médical au Nicaragua d’Anastasio Somoza, après le tremblement de terre qui dévasta la capitale en 1972. Aucun autre président latino-américain ne s’était opposé autant à la révolution cubaine que Somoza qui alla même en 1961, à entraîner les mercenaires qui utilisèrent les ports nicaraguayens pour la tentative d’invasion ayant échoué dans la baie des Cochons.

    On avance également que le gouvernement cubain mène cette politique dans le but d’obtenir des soutiens pour les votes à l’ONU. Dans une interview de mai 2007 le Dr Yiliam Jiménez, a répondu : « En admettant le point de vue cynique que Cuba envoie des médecins dans les pays pauvres pour gagner des voix à l’ONU, qu’est-ce qui empêche les pays industrialisés de faire de même ? La chose la plus importante est de sauver des vies, et c’est précisément ce fait notre polítique. » (25)

    « Sauver des vies ! », Un engagement similaire de la part des pays du G8 fait cruellement défaut, alors que Cuba à maintes reprises a placé l’humanitarisme avant l’ idéologie.

    Le facteur déterminant qui a impulsé ces programmes depuis des décennies a été le gouvernement révolutionnaire, et en particulier la vision à long terme de Fidel Castro, pour qui l’accès aux soins de santé publique a toujours été un enjeu extrêmement important en même temps qu’un droit humain fondamental. Dans tous les entretiens avec les responsables politiques cubains, dans le cadre de cette recherche, il ressort toujours que l’initiative venait toujours de lui. La volonté politique de mener à bien ces campagnes de santé, mobiliser les ressources et assurer un financement adéquat, étaient le résultat d’une décision politique et humanitaire prise au plus haut niveau dans l’île.

    Pour un étranger qui examine ce phénomène complexe et multidimensionnel, il est clair que le développement d’une conscience sociale et politique élevée dans la population cubaine est une base indispensable à l’acceptation de ces politiques d’envergure. Le succès du programme d’internationalisme médical, a lui-même renforcé au fil des ans, la fierté et le sentiment d’identité nationale. La Constitution cubaine exprime l’engagement du pays dans « l’internationalisme prolétarien, [...] l’amitié fraternelle, le soutien, la coopération et la solidarité des peuples du monde, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes ».

    Ce sens de la solidarité internationale, (qui a des racines profondes dans l’île puisqu’on le trouve dès la fin du XIXe siècle aux temps de la lutte pour l’indépendance) est aussi un facteur psychologique inestimable. Dans la seconde moitié du XXe siècle, Cuba a été aidée dans des actes de solidarité concrète par des étrangers. Depuis le rôle clé d’Ernesto Che Guevara jusqu’au soutien financier des pays du COMECON, et plus récemment par le Venezuela. La combinaison des décennies de participation à des missions internationalistes, ou la participation d’amis ou dans sa famille, a abouti à un profond processus de socialisation du respect à l’égard de ces initiatives humanitaires.

    Il est également vrai que l’exportation de biens et de services professionnels est une source importante de devises pour l’économie cubaine, elle dépasse de loin le secteur du tourisme et de l’exportation de nickel. Le montant des recettes provenant des services médicaux à l’étranger varie de 3 à 8 milliards de dollars par an. L’estimation la plus récente est de cinq milliards de dollars, soit environ le double de la somme apportée par l’industrie touristique florissante. (26) Quel que soit le chiffre exact, il est de toute façon déterminant pour l’apport en devises étrangères à l’État et demeure une priorité du gouvernement cubain.

    Grâce à ce que l’on pourrait nommer un excédent de personnel de santé -toujours nié par les membres de la direction révolutionnaire, qui soutiennent qu’il ne peut y avoir en aucun cas un excès de médecins- cette utilisation de cadres formés en médecine est une politique économique extrêmement réussie. Le gouvernement de Raul Castro a décidé de réduire certains des avantages dont bénéficiaient à la fois les internationalistes (suppléments financiers importants) et les bénéficiaires. Par exemple, les étudiants nord-américains à l’ELAM ne sont plus formés gratuitement, on demande au gouvernement ukrainien de payer pour le traitement des enfants touchés par l’accident nucléaire de Tchernobyl, et que les étudiants étrangers paient pour poursuivre une spécialisation plus poussée.

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    En outre, le gouvernement cubain a dit qu’il est intéressé à étendre ses activités de tourisme médical sur l’île, et à envoyer professionnels de la santé dans les pays riches. Ceci est illustré par la présence cubaine au Qatar, où au début de 2012 a été inauguré un hôpital de 75 lits et entièrement géré par une brigade médicale cubaine d’environ deux cents membres. En bref, tandis que l’île poursuit sans changement sa politique d’internationalisme médical avec les pays les plus pauvres, on trouve une volonté croissante d’augmenter les bénéfices de l’exportation de biens (comme on le voit dans la croissance impressionnante du secteur des biotechnologies) et des services de médecine.

    Tout au long de cette enquête, il a été extrêmement intéressant d’avoir les opinions des internationalistes eux-mêmes sur leur participation à des missions médicales à l’étranger. La plupart ont dit qu’ils le faisaient pour des raisons financières puisqu’ils percevaient un salaire bien supérieur au cours de leur mission à ce qu’ils auraient reçu à Cuba. Bien qu’il soit extrêmement difficile de quitter la famille pour de longues périodes, les professionnels apprécient d’avoir momentanément la possibilité d’avoir des revenus plus élevés, ce qui leur permet d’acheter Cuba des bien qu’il n’auraient pas acquis autrement.

    Depuis le début de la Période spéciale, il existe dans l’île une pyramide inversée en termes de salaires. Ceux qui sont employés dans le tourisme, même à des postes qui ne nécessitent pas un degré élevé d’instruction ou d’études, sont mieux rémunérés que des techniciens ou scientifiques de haut niveau. Par conséquent, les missions internationalistes permettent aux participants, de combler en partie ce déséquilibre. Certains ont indiqué que l’expérience à l’étranger dans les pays en développement représente pour eux une excellente occasion de développer leurs compétences professionnelles médicales : ils font face à des situations qui sont souvent complètement nouvelles pour eux comme la malnutrition ou les blessures causées par des armes à feu. D’autres présentent cette expérience comme un rite de passage, quelque chose que presque tout le personnel de santé à Cuba a accompli un moment dans sa vie.

    Quelles que soient les motivations des individus ou du gouvernement révolutionnaire, il ne fait aucun doute que ces cinq décennies de coopération médicale ont apporté une énorme contribution au bien-être dans le tiers-monde. En 2010, Julie Feinsilver a fait un résumé succinct de l’importance de cette contribution : Les internationalistes cubains ont sauvé plus de 1,6 millions de vies, prescrit un traitement à plus de 85 millions de patients (plus de 19,5 millions desquels ont eu la consultation à leur domicile, dans leur école, leur lieu de travail, etc.), réalisé plus de 2,2 millions d’opérations, assisté 768.858 naissances et multi-vacciné plus de 9,2 millions de personnes. (27)

    Que ce soit au Chili d’Alessandri en 1960, au Nicaragua de Somoza en 1972, ou aux États-Unis de George W. Bush en 2005 (quand il a rejeté l’offre de Cuba d’envoyer 1500 médecins après l’ouragan Katrina), l’engagement d’aider l’humanité a été cohérent.

    Dans son discours durant l’acte de création de la Brigade Henry Reeve, Fidel Castro a parlé de la nécessité de répondre aux catastrophes naturelles, indépendamment de l’idéologie du pays :

    « Pas une seule fois, tout au long de l’histoire révolutionnaire pleine d’abnégation, notre peuple n’a cessé d’offrir son aide médicale dans la solidarité en cas de catastrophe à d’autres peuples qui en avaient besoin, sans jamais tenir compte des abîmes idéologiques et politiques nous séparant, ou des offenses graves infligées par tel ou tel gouvernement ». (28)

    Pour l’essentiel, Cuba a été un exemple pour le monde entier, en montrant comment ses programmes de coopération médicale ont été beaucoup plus efficaces et de plus grande envergure que n’importe quelle aide fournie par les efforts combinés de tous les pays du G8. En cinquante ans, les personnels cubains ont servi dans les zones les plus pauvres et les plus déshéritées du monde, là où d’autres ont refusé d’aller. Actuellement, ils sont en charge du bien-être de soixante-dix millions de personnes. Leur travail (superbement ignoré par les grands médias internationaux) peut faire honte à tous les pays « développés » de la planète.

    John M. Kirk

    Professeur. Université de Dalhousie, Canada.

    Traduit de la version originale anglaise de l’article en espagnol par David González pour la revue cubaine TEMAS http://www.temas.cult.cu/ repris par www.rebelion.org le 19/11/2012

    Traduit pour Le Grand Soir (à partir de la version espagnole) par alfare. Les intertitres ont étés ajoutés.

    L’article dans TEMAS http://www.temas.cult.cu

    EN COMPLEMENT : Cuba - Tchernobyl : Lettre à Maria.

    Notes

    1. Le projet de recherche énoncées dans le présent article est financé par le Conseil de recherches en sciences sociales du Canada . Je remercie le Conseil pour son soutien financier, et tiens à souligner l’appui du Dr Victor Manuel Rodriguez, chargé des Relations internationales du Ministère de la Santé Publique à Cuba et du Dr Arturo Menendez Cabezas, qui travaille actuellement à Barcelone, Venezuela, merci Emily Kirk, de l’Université de Nottingham, pour leurs précieux commentaires.

    2. Données fournies par le Dr Yiliam Jimenez, directeur de l’unité centrale de coopération médicale du MINSAP, dans un reportage de Prensa Latina, 3 avril 2012, « la coopération médicale cubaine, gratuité et accès universel."

    3. "Environ 5.500 professionnels cubains au service de l’Afrique," Cubadebate 5 Juin 2010.

    4. Cité dans Piero Gleijeses, Missions en conflit. La Havane, Washington et Afrique, 1959-1976, Editorial de Ciencias Sociales, La Habana, 2002, p. 28

    5. Les données du rapport "Programme cubain de soins médicaux complets aux enfants de Tchernobyl », par le Dr Julio Medina, directeur du programme de Tarara, et une entrevue avec lui, en Décembre 2011. Le président ukrainien Victor Yankovich avait accepté, à la fin de 2011 de commencer à payer ces coûts, mais à ce jour rien n’est concrétisé et le programme a malheureusement été placé dans un circuit d’attente.

    6. Le personnel médical cubain est resté (et reste), mais leur nombre a diminué graduellement, car ils ont été remplacés par des diplômés de médecine naturelle du pays et formés à Cuba.

    7. Le programme d’alphabétisation a été utilisé dans vingt-neuf pays pour l’enseignement de base à 6,5 millions de personnes, selon Pedro Rioseco, « Développer le programme d’alphabétisation réussie" Yo, si puedo"," Prensa Latina, La Havane, le 24 mai , 2012.

    8. Voir « En savoir plus sur l’Opération Miracle" disponible www.oftalmologia.sld.cu/mas-sobre-operacion-milagro.

    9. Voir "La Mission Miracle a bénéficié deux millions de patients« Radio Santa Cruz, Octobre 8, 2011.

    10. Fidel Castro Ruz, « Adresse au moment de la constitution du Contingent international de médecins spécialisés dans les situations de catastrophes et de graves épidémies« Henry Reeve »et l’obtention du diplôme national d’étudiants en médecine, La Havane, Septembre 19, 2005, disponible à l’adresse www. cuba.cu/gobierno/discursos/2005/esp/f190905e.html.

    11. Conner Gorry, "Haïti, un an plus tard : l’équipe médicale cubaine s’appuie sur l’expérience et les partenariats" MEDICC examen, v 13, n. 1, Janvier 2011, La Havane, p. 52.

    12. Voir "Bruno Rodriguez à l’ONU : la reconstruction d’Haïti est remarquable question" Cubadebate, La Havane, Avril 6, 2011.

    13. Conner Gorry, ob. cit., p. 53.

    14. Tim Anderson, "Coopération de santé cubain au Timor-Leste et le Pacifique Sud-Ouest," The Reality of Aid : Rapport spécial sur la coopération Sud-Sud 2010, IBON, Quezon City, Philippines, 2010, p. 77.

    15. Pour une analyse plus approfondie, voir John M. Kirk, « La coopération médicale cubaine Dans ALBA : le cas du Venezuela », Revue internationale d’études cubaines, v 3, n. 2/3, Londres, été-automne 2011, p. 231.
    16. "Un pas de géant pour la vie », Juventud Rebelde, La Havane, le 31 mai 2012.

    17. René Tamayo, « Une mission de l’art" Juventud Rebelde, La Havane, 17 Avril 2012.

    18. René Tamayo, « Premiers diplômés du Venezuela médical complet communauté », Juventud Rebelde, La Havane 16 Février 2012.

    19. Patrick Sullivan, « MD Canada / Patient Improves but Low International Ranking Continues », l’Association médicale canadienne, Février 12, 2012, disponible à www.cma.ca / md-patient-taux-Améliore (consulté le 31 mai 2012) .

    20. Voir « Les médecins (pour 1000 personnes) », dans Banque mondiale, http://data.worldbank.org/indicator/SH.MED.PHYS.ZS (consulté le 31 mai 2012). Le site Web du Bureau national de la statistique indique qu’en 2010 Cuba avait 76.506 médecins dans le pays, pour un ratio de un médecin pour 147 patients. Voir Bureau national des statistiques, www.one.cu/aec2010/esp/19_tabla_cuadro.htm.

    21. Compilé à partir des rapports Cubadebate « résultats de l’enquête mettant en évidence le handicap dansn les pays ALBA pays, Juillet 7, 2010, et« étude sur le handicap réussie des pays ALBA , "Novembre 27, 2010, disponible à l’adresse www. tvcamaguey.co / cu / index.php ? view = article & catid = 43% 3Asalud & id = 6054 3AE%.

    22. Voir "Manuela Espejo Solidarité Mission,« n / d., Publié par le Bureau du Vice-Président de l’Équateur, www.vicepresidencia.gob.ec disponible / programmes / manuelaespejomision.

    23. Voir Marcos Rodriguez, "A propos de ..." Cubadebate, La Havane 5 Juin 2012.

    24. Piero Gleijeses, ob. cit., p. 458.

    25. John Kirk et Michael Erisman, interviews Yilian Jimenez, La Havane, mai 2007.

    26. Fernando Ravsberg, "May Day à Cuba : Les médecins en avant", La Havane Times, 2 mai 2012.

    27. Julie Feinsilver, « La politique de santé de Cuba : à la maison et à l’étranger", rapport préparé par le Conseil des études hémisphérique, Mars 2010, disponible à l’% e2% www.coha.org/cuba/ / 80% 99s-santé-politique-au -home-and/abroad (consulté le 20 Septembre 2010).

    28. Fidel Castro, ob. cit.

    URL de cet article 18408
    http://www.legrandsoir.info/le-secret-de-l-internationalisme-medical-cubain-temas.html

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  •  Tornades, inondations, choléra ravagent Haïti : le désastre dont les médias ne parlent pas

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     Sandy a provoqué la mort de 52 personnes en Haïti et détruits les habitations déjà précaires de 200 000 personnes. Plus qu’aux USA. Et pourtant toutes les télés du monde se sont données rendez-vous à New York. Haïti n’intéresse plus personne, alors que le choléra continue à sévir et que de nouveau les morts jonchent les rues.

     

    IL faut bien vouloir chercher sur internet pour avoir des nouvelles d'Haïti ....

     

    Catastrophes : Tornades, inondations, choléra ravagent Haïti. N’oubliez pas les Haïtiens

     

    Les haïtiens détestent qu’on dise de leur île qu’elle est maudite. C’est sans doute leur manière toute philosophique de conjurer l’enchaînement des malheurs. En moins de dix ans, deux tornades ont balayé l’île, un séisme a ravagé quelques grandes villes dont Port-au-Prince et provoqué la mort de 150 000 personnes, suivi quelques mois plus tar de l’explosion d’une épidémie de choléra apportée accidentellement par des troupes onusiennes qui pourtant voulaient du bien à la population.


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    Et voilà que des inondations frappent le nord de l’île à peine les 52 morts provoqués par Sandy enterrés. Bilan, provisoire : 16 morts. Et pendant la tornade, pendant les inondations, le choléra continue son œuvre, l’amplifiant même aux grès du chaos. «Après le passage de l'ouragan Sandy nous avons enregistré une recrudescence du choléra suite aux inondations, alors que de nombreux centres de traitement de la maladie ont été détruits ou endommagés», a déclaré à l'AFP le docteur Ronald François, coordonnateur national du choléra.

     

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    Les haïtiens ont beau être philosophes, il n’empêche. Ils ont de plus en plus de mal à s’habituer aux cadavres qui jonchent les rues, aux moyens de secours qui font défaut, aux villages de toile installés après le séisme, censés être provisoires et qui n’en finissent pas de durer. Pis, la solidarité internationale s’essouffle. Les dons se raréfient, les hôpitaux des ONG humanitaires plient bagage passant le relai aux autorités locales dont les caisses sont pourtant vides.

     

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    En pleine recrudescence de l’épidémie de choléra au printemps dernier, du fait de la saison des pluie, Médecin sans frontière constatait avec dépit que « plus de la moitié des intervenants de l’année dernières ne sont plus là, les stocks de médicaments sont vides, et une partie du personne n’a pas reçu de salaires depuis janvier.» Le passage de Sandy a aggravé la situation. « 200.000 personnes ont dû être relogées », explique à Marianne Vincent Rossigneux, coordinateur des opérations de l’ONG Enfants Bonheurs en Haïti, spécialisée dans la prise en charge des orphelins haïtiens, et particulièrement ceux du séisme.

     

    Malgré cette souffrance, Haïti n’intéresse plus les medias. Lors du passage de Sandy, toutes les caméras des télévisions du monde entier se sont tournées vers New York, ajoutant le sentiment d’abandon aux malheurs des Haïtiens. Plus que jamais Haïti souffrent et les ONG appellent au secours. Il est temps de réparer cet oubli. Les dons seront les bienvenu à Médecin sans frontières et à l'association Enfants Bonheur.

     

    Marianne

     

    70% des récoltes ont été détruites dans le sud du pays et des cas de choléra ont été recensés.

    Pendant que les caméras étaient braquées sur New York, un autre drame se jouait à quelques milliers de kilomètres. Le passage de l’ouragan Sandy au large d’Haïti a provoqué la mort de plus de 50 personnes dans le pays et causé des dégâts considérables. C’est le département de l’Ouest, où se situe la capitale Port-au-Prince, qui a été le plus affecté. Des maisons se sont effondrées sur leurs habitants et des campements de fortune, qui abritent encore 370.000 rescapés du séisme de 2010, ont été sévèrement touchés, indique le Washington Post.

     

    Pas moins de 18.000 familles se retrouvent sans-abris, selon les autorités. "C’est comme si personne ne savait que nous existons", dénonce un survivant du séisme interviewé par l’ONG Let Haïti Live, dans l’un de ces camps.

     

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    "La famine va arriver"

    Conséquence : le prix des denrées alimentaires risque d’augmenter. "Une grande partie des récoltes agricoles laissées intactes après l’ouragan Isaac [en août] ont été détruites par Sandy", a déploré le Premier ministre, Laurent Lamothe, pour qui la "sécurité alimentaire va devenir un problème".

     

    De nombreux bananiers et arbres à pain, qui produisent des aliments de base consommés par les Haïtiens, ont été détruits par Sandy. Dans la ville d’Abricots, au sud du pays, le maire, Kechner Toussaint, déplore un "désastre agricole" et prévient : "la famine va arriver dans les prochains jours".

     

     

    Europe 1

     

    http://www.mleray.info/article-tornades-inondations-cholera-ravagent-haiti-112353776.html


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  • ONU : 188 pays rejettent le blocus contre Cuba

    ONU : 188 pays rejettent le blocus contre Cuba

    La résolution condamnant le blocus contre Cuba a été approuvée par 188 voix, contre trois et deux abstentions (les Iles Marshall et la Micronésie) selon l’annonce faite par le président de l’Assemblée Générale, Vuk Jeremic, à la conclusion d’un débat qui a duré près de trois heures et où la communauté internationale a condamné les agressions contre Cuba.

    L’envoyée spéciale de TéléSur aux Etats-Unis, Karina Cartagena, précise que la résolution A68LS qui fut approuvée ce mardi par 188 voix, avec trois voix contre et deux abstentions, non seulement demande la levée du blocus que les Etats-Unis maintiennent contre Cuba, mais aussi le respect de la souveraineté de chaque pays.

    « Cette résolution qui propose la levée du blocus des Etats-Unis contre Cuba, propose aussi la réaffirmation de la souveraineté et que cessent les interventions internationales dans les décisions internes de chaque pays. »

    Cartagena a aussi expliqué que « les trois nations qui se sont opposées à la résolution à la levée du blocus sont les Etats-Unis, Israël et Palau. (...) ».

    Les résolution qui condamne le blocus imposé par les Etats-Unis contre Cuba a déjà été approuvée à 21 reprises lors de votes précédents, le premier en 1992 avec 59 pays votant pour, 3 contre et 71 abstentions.

    En plus de demander l’abrogation de cette mesure, la résolution exprime sa préoccupation devant de nouvelles mesures qui continuent d’être appliquées et qui visent à renforcer le blocus, avec de graves conséquences sur la population cubaine et ses citoyens résidents à l’étranger.

    En 2011, Cuba avait reçu l’appui de 186 pays membres de l’ONU (sur un total de 193) – les Etats-Unis et Israël votant contre et les Iles Marshall, la Micronésie et Palau s’abstenant.

    (…)

    La République de Cuba a reçu l’appui unanime des nations du monde dans de nombreux forums où le blocus a été condamné mais où aussi sa levée immédiate a été exigée.

    Avant le vote, une vingtaine d’orateurs ont exprimé leur opposition au caractère unilatéral de l’embargo et sa violation de la Charte de l’ONU et du Droit international.

    En présentant le texte de la résolution, le ministre des Relations Extérieures de Cuba, Bruno Rodroguez Parilla, a précisé qu’il n’existait aucun motif légitime ou moral pour maintenir une mesure issue de la Guerre Froide.

    « Il s’agit uniquement d’une mesure appliquée par une minorité de plus en plus réduite, isolée, violente et arrogante qui l’instrumentalise à des fins électorales, en ignorant l’exigence de la majorité et qui ne se résigne pas devant l’inébranlable détermination des Cubains à décider de leur propres destin » a-t-il dit.

    Le ministre a réaffirmé la volonté ferme de Cuba d’avancer sur la voie de la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis et a proposé un agenda pour un dialogue bilatéral, sur une base de réciprocité et de respect de la souveraineté.

    Selon les estimations cubaines, le blocus imposé en février 1962, a provoqué des pertes à l’économie de l’île qui dépassent désormais le milliard de dollars, provocant des dégâts humains incalculables à la population cubaine.

     

    Votes aux Assemblées Générales des Nations-Unies sur la nécessité de cesser le blocus des Etats-Unis contre Cuba

    Année Date Pour Contre Abstention Pays votant contre
    1992 24 Novembre 59 2 72 Etats-Unis, Israel
    1993 3 Novembre 88 4 57 Etats-Unis, Israel, Albanie, Paraguay
    1994 26 Octobre 101 2 48 Etats-Unis, Israel
    1995 2 Novembre 117 3 38 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan
    1996 12 Novembre 137 3 25 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan
    1997 Octobre 143 3 17 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan
    1998 Octobre 157 2 12 Etats-Unis, Israel
    1999 Novembre 155 2 8 Etats-Unis, Israel
    2000 Novembre 167 3 4 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
    2001 Novembre 167 3 3 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
    2002 Novembre 173 3 4 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
    2003 Novembre 179 3 2 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall
    2004 Octobre 179 4 7 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
    2005 Novembre 182 4 1 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
    2006 Novembre 183 4 1 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
    2007 Novembre 184 4 1 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau
    2008 Octobre 185 3 2 Etats-Unis, Israel, Palau
    2009 Octobre 187 3 2 Etats-Unis, Israel, Palau
    2010 Octobre 187 2 3 Etats-Unis, Israel
    2011 25 Octobre 186 2 3 Etats-Unis, Israel
    2012 13 Novembre 188 3 2 Etats-Unis, Israël, Palau

    traduction "Vous lirez la suite dans les médias traditionnels... ou pas" par VD pour le Grand Soir avec probablement encore plus de fautes et de coquilles que d’hab’.

    URL de cet article 18317
    http://www.legrandsoir.info/onu-188-pays-rejettent-le-blocus-contre-cuba.html

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