• grossflaeche_thema1_revolution_1130x800.pngÉlections législatives en Allemagne : nouveau recul pour un pâle « Die Linke », dans un pays plus à droite que jamais

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Plus à droite que jamais. L'Allemagne sortie des législatives du 22 septembre l'est avec une CDU au plus haut depuis 1990, un SPD qui continue sa dérive droitière et « Die Linke », empêtré dans une stratégie euro et SPD-compatible, encore en recul.

     

    Le fait majeur de ce scrutin, c'est le triomphe de la CDU d'Angela Merkel. Avec plus de 43% des voix, le parti démocrate-chrétien a écrasé le scrutin. La seule incertitude reste sa capacité ou non à obtenir la majorité absolue.

     

    Dans une campagne résolument conservatrice, axée sur la stabilité et la continuité, elle a fait le plein dans l'électorat de droite et du centre, sur fond d'un nationalisme (« L'Allemagne forte »), qui trouve sa pleine expression dans un européisme intéressé et prudent.

     

    Merkel n'a pas hésité à récupérer l'héritage de l’œuvre de l'ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schroder, dont les réformes (« Hartz IV »), au début des années 2000, ont plongé des millions d'Allemands dans l'enfer de la précarité et des bas salaires.

     

    Plus subtilement, elle s'est distinguée de son prédécesseur social-libéral par des inflexionsen politique étrangère, moins suiviste vis-à-vis de l'OTAN, et jusqu'en politique intérieure, avec quelques mesures sur le salaire minimum limitées à certaines branches bien précises.

     

    A droite, Merkel occupe tout l'espace et écrase ses partenaires-concurrents : le FDP est balayé sur ses fondamentaux, libéralisme et européisme (4,5%) tandis que le parti populiste anti-euro, « Alternative fur Deutschland », échoue aux portes du Bundestag (4,8%).

     

    Mais la droitisation du pays se manifeste aussi à la faillite des partis dits de « gauche ». Les Verts, en recul avec 8 % des voix (- 2,7 points) et surtout du SPD qui avec 26 % des voix réalise un score décevant, bien qu'en progression par rapport au fiasco de 2009 (+ 3 points).

     

    Parti dans un premier temps sur des propositions identitaires « de gauche » offrant un vernis de radicalité (salaire minimum, impôts progressifs), le SPD a fini par accentuer sa dérive vers la droite, aidé en cela par la figure idoine, Peer Steinbruck.

     

    Représentant émérite de la « gauche caviar » allemande, Steinbruck a été le ministre des Finances de Merkel sous la « Grande coalition » de 2005 à 2009, maître d’œuvre du plan de renflouement des banques, et de l'austérité dans et hors des frontières allemandes.

     

    Se revendiquant de l'héritage des réformes Schroder, défendant le recul de l'âge de départ à la retraite à 67 ans qu'il a fait passer, Steinbruck ne s'est finalement distingué de Merkel que par sa défense plus obstinée de l'austérité budgétaire et du fédéralisme européen.

     

    Pris dans cette vague droitière, « Die Linke » l'a aussi alimentée.Dans la lignée des derniers scrutins régionaux, « Die Linke » s'effritte. Avec 8,4% des voix, elle pourrait rester troisième force du pays, mais en net recul par rapport aux scores de 2009, où elle avait obtenu 11,9 %.

     

    Au-delà de son résultat, ce sont ces axes de campagne qui ont nourri la droitisation du pays : l'approfondissement de l'intégration européenne et la recherche d'une alliance avec la social-démocratie.

     

    Approfondissement de l'intégration européenne, alliance avec le SPD : virage droitier ou continuité pour Die Linke ?

     

    Die Linke s'est distinguée d'abord dans la campagne par son zèle dans la défense et l'approfondissement de l'intégration européenne.

     

    On se souvient en mai de l'intervention du fondateur de « Linke », l'ancien ministre de l'Economie de Gerhard Schroder, Oskar Lafontaine se prononçant pour la sortie de l'Euro afin de pouvoir mettre en place une véritable « politique de relance » de gauche, toute keynésienne et social-démocrate.

     

    La levée de boucliers a été instantanée chez les dirigeants de Linke, proclamant leur attachement politique à la construction européenne.

     

    Ainsi, Bernd Riexinger, représentant les ex-sociaux-démocrates de RFA et co-président, répondit : « Certains disent Non à l'Euro et oui à l'Austérité (l'AfD/Alternative fur Deutschland), nous, nous disons non à l'austérité et oui à l'Euro. Ils sont de droite, nous sommes de gauche ! »

     

    Katia Kipping, représentant l'ex-PDS de l'Est, elle aussi co-présidente, avait alors répondu dans un article dans Neues Deutschland au titre fort : « Nous disons oui à l'Euro ».

     

    Le programme adopté par Die Linke lors de sa Conférence à Dresde en juin insiste sur la nécessité de lutter ... contre la fin de l'Euro en promouvant une réforme de l'Union économique et monétaire, notamment des missions de la Banque centrale européenne (BCE).

     

    Un européisme zélé parfaitement compatible avec la position ultra-fédéraliste du SPD.Le deuxième point marquant étant la recherche obstinée pendant la campagne de convergences avec le parti social-démocrate, en vue d'un gouvernement de gauche plurielle « rouge-rouge-vert ».

     

    Les dirigeants de Linke, en premier lieu les présidents Tanja Kipping et Bernd Reixinger, n'ont cessé de modérer leur discours, insistant sur leur disponibilité pour des accords avec le SPD.

     

    Une position défendue par le dirigeant historique de l'ex-PDS d'Allemagne de l'Est, désormais représentant de l' « aile modérée » ou « pragmatique » du parti, Gregor Gysi, qui rêve désormais de moins en moins secrètement d'un poste aux Affaires étrangères.

     

    Gregor Gysi a tenu à insister sur le fait que « le SPD ne ferait pas de chancelier sans nous », et qu'il était disposé à s'entendre sur un programme minimal de gouvernement, rappelant les « points de convergence »entre les deux formations.

     

    Un programme minimal dans lequel il a renoncé progressivement à tous les points de friction avec le SPD :l'abandon de la lutte contre le recul de l'âge à la retraite à 67 ans, de la suppression des lois Hartz IV oudu retrait des troupes d'Afghanistan.

     

    Die Linke se contentait en fin de compte de déclarations incantatoires sur la « justice sociale » et la « paix » et de mesures compatibles avec les propositions du SPD. C'est le cas pour la mise en place d'un salaire minimum à 10 € quand le SPD … le proposait à 8,50 €.

     

    Gysi a affirmé que « lorsque Die Linkeest plus forte, c'est l'Allemagne qui est plus pacifique et sociale ». Die Linke a atteint un score historique en 2009, l'Allemagne n'est pas pour autant devenue plus « pacifique et sociale » … si ce n'est pour la paix sociale dans le pays, peut-être ?

     

    Anecdote révélatrice de la position conservatrice du parti, Die Linke a choisi pendant la campagne de présenter une affiche avec le mot « Revolution ? » … suivie de la réponse : « Nein ! ».

     

    Si Linke ne cesse de mettre en avant son rôle pour tirer le SPD à gauche, le SPD suit de son côté la campagne anti-communiste alimentée par la CDU, et refuse toute coalition « rouge-rouge », laissant toujours entre-ouverte la porte d'une « grande coalition » avec la CDU.

     

    Cela n'a pas empêché Gregor Gysi, triomphaliste à l'annonce des résultats, de déclarer le soir même sa « disponibilité pour des entrevues » dans la perspective d'un accord gouvernemental.

     

    La dérive droitière de « Die Linke » avait atteint son paroxysme lors des dernières élections présidentielles de mars 2012 où le parti « de gauche » avait soutenu une femme ouvertement de droite, amie de Nicolas Sarkozy, sioniste invétérée : Beate Klarsfeld.

     

    Chez un personnage comme Gregor Gysi, elle s'est manifestée notamment par des sorties en faveur du sionisme(« l'anti-sionisme n'est plus une position défendable pour Die Linke », disait-il lors de la commémoration des 60 ans d'Israel en 2008), y compris pour condamner ceux dans les rangs de Linke qui avaient participé à la « Flotille de la liberté » pour Gaza.

     

    Ou encore, selon la fuite de Wikileaks, par cet entretien avec l'ambassadeur américain en 2010 tenant à le rassurer du caractère inoffensif du mot d'ordre de « dissolution de l'OTAN » par rapport à celui du « retrait de l'Allemagne de l'OTAN ».

     

    Gysi et le parti « Die Linke » est le cœur et la tête du parti européen dit « Parti de la gauche européenne » (PGE) qui, sur le modèle allemand, tend à transformer les partis communistes en « partis (parlementaires) de gauche », pro-européens et sociaux-démocrates de gauche.

     

    Après ces élections, le cœur de l'Europe penche plus que jamais à droite, renforcé dans son consensus libéral et européiste. La ligne adoptée par les dirigeants de « Die Linke », orientée vers la défense de l'UE et d'une alliance avec le SPD, n'a fait qu'alimenter cette dérive.

    EUROPE - Le parti de la chancelière allemande Angela Merkel a recueilli plus de 42% des suffrages, mais elle devra probablement gouverner avec l'opposition sociale-démocrate, selon les estimations des télévisions. Les réactions....

    20h25 François FIllon félicite Angela Merkel

    Allemagne: 4 années de plus avec Merkel

    20h05 Sur le Twitter français, inquiétudes, humour et joie...
    Tout le monde ne se réjouit pas de la victoire d’Angela Merkel Pouria Amirashahi , député socialiste dénonce «problème politique majeur»

    Allemagne: 4 années de plus avec Merkel

    L’éditorialiste politique Jean-Michel Aphatie fait, semble-t-il, de l’humour sur ces résultats
     

    Allemagne: 4 années de plus avec Merkel

     
    Nicolas Dupont-Aignan, depute et president de Debout la République y voit la victoire de l’indépendance

     

    Allemagne: 4 années de plus avec Merkel

    19H46 Les excellents résultats d'Angela Merkel

     

    En termes de sièges, la CDU/CSU remporterait 304 mandats de députés sur un total de 606. Trois partis de gauche seraient en outre représentés au Bundestag : le SPD (185 sièges), Die Linke (60) et les Verts (57).

    Mme Merkel a donc été plébiscitée par les 62 millions d'électeurs allemands, qui la créditent d'avoir bien géré la crise de l'euro et d'avoir su protéger la première économie européenne. Elle a vanté durant la campagne la bonne tenue des finances publiques et la baisse du chômage, à seulement 6,8% de la population active, quand ce même indicateur explosait dans beaucoup de pays européens.

    Aucun de ses homologues en Espagne, en France, en Italie, ou au Royaume-Uni, ne s'est fait réélire depuis le début de la crise financière.

    Dans l'Allemagne d'après-guerre, seuls Konrad Adenauer et le chancelier de la Réunification Helmut Kohl ont réussi à remporter trois mandats de chancelier.

     

    19H45 Selon BFM TV François Hollande a été le premier dirigeant à féliciter Angela Merkel et l’Elysée évoque « une conversation chaleureuse »

    19h43 Le chef de file du parti libéral allemand, le FPE admet «C'est le résultat le plus terrible que nous ayons enregistré»

    Le parti libéral allemand, le FDP, ne sera pas représenté au parlement élu dimanche, une première en 65 ans d'existence et un constat d'échec après quatre années laborieuses dans la coalition d'Angela Merkel.

    Pour le chef de file du parti pour ces élections, Rainer Brüderle, «C'est le résultat le plus terrible que nous ayons enregistré»,

    Avec environ 4,5% des suffrages exprimés, selon des estimations des télévisions, le FDP a réalisé son plus mauvais score au niveau national depuis sa création en 1948. Il n'enverra donc aucun député au Bundestag ces quatre prochaines années. Il faut recueillir au minimum 5% des voix pour être représenté à la chambre basse du parlement allemand.

    Ces dernières années, cette respectabilité en a pris un coup, sur fond de disputes internes et querelles de personnes, et alors que l'équipe dirigeante est "relativement antipathique", relève Siegmar Schmidt, politologue de l'université de Landau.

    19h37 Le détail des résultats selon la télévision allemande
    Selon Das Erste, les estimations offriraient 42,5% à la CDU et  25,6% au SPD

    19h33 François Hollande félicite Angela Merkel
    Dans un message adressé à la Chancellière, le Président de la République Française a plaidé pour "la poursuite de leur coopération"

     

    19H20. Si les électeurs ont largement accordé leur confiance à Mme Merkel, affectueusement surnommée «Mutti» (maman) au sein de son parti, ils ont sanctionné son partenaire gouvernemental.

    Le parti libéral FDP s'est écroulé et n'est pas parvenu à se maintenir au Bundestag pour la première fois dans l'histoire de la République fédérale d'Allemagne, totalisant 4,5% des voix, en-dessous des 5% nécessaires.

    19h12 La télévision allemande annonce la majorité absolue pour les conservateurs

    19h08 Angela Merkel réagit après la publication des premiers résutalts.
    Elle a salué un "super résultat", et promis "quatre nouvelles années de succès"

    A.C. avec AFP
     

    Allemagne: 4 années de plus avec Merkel


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  • 76117.jpgLes communistes allemands empêchent la démolition symbolique du mémorial Ernst Thalmann par la droite revancharde

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Le révisionnisme historique continue son œuvre de destruction de la mémoire anti-fasciste en Europe de l'Est. Réhabilitation des collaborateurs dans les pays baltes ou en Ukraine, effacement des noms de rue ou destruction des monuments en Hongrie ou en Allemagne.

     

    Ce 15 juin, l'initiative convoquée par les Jeunesses du Parti libéral (FDP) était un symbole fort : un dynamitage fictif du mémorial Ernst Thalmann, érigé dans le parc éponyme, dans un quartier ouvrier de Berlin-Est.

     

    La réponse du Parti communiste allemand (DKP), en coordination avec d'autres organisations et associations locales, a été ferme : près de 200 militants ont mis en échec la tentative des jeunes « libéraux » anti-communistes.

     

    La tentative de déboulonner « un héros de la RDA », selon les termes des dirigeants libéraux, a tourné court. Le nom d'Ernst Thalmann reste associé à celui d'une des grandes figures de la résistance anti-nazie.

     

    Président du Parti communiste allemand de 1924 à 1933, maintenu en cellule d'isolement pendant onze ans, transféré en camp de concentration à Buchenwald, il y est abattu sur ordre d'Hitler en août 1944.

     

    En 1986, le gouvernement d'Allemagne de l'Est décide d'ériger, pour le centième anniversaire de sa naissance, un monument en son honneur, réalisé par le célèbre sculpteur soviétique Lev Kerbel.

     

    Ce que les libéraux du FDP, partie-prenante de la coalition gouvernementale avec la CDU d'Angela Merkel, tentent de déboulonner : c'est la mémoire anti-fasciste et révolutionnaire. Les libéraux proposent d'effacer tous les noms et symboles liés aux dirigeants révolutionnaires en ex-RDA.

     

    Une tentative d'autant plus choquante que nous savons désormais que des partis comme le FDP ont servi de machine à recycler les dignitaires nazis après la guerre, sous la bannière de l'anti-communisme de combat, devenu raison d'être de la RFA à partir de 1949.

     

    Nous ne pouvons pas non plus oublier que les efforts pour rayer la carte le monument Thalmann au cœur de Berlin s'inscrit aussi dans les opérations de spéculation immobilière qui transforment Berlin en une ville de plus en plus chère et réservée aux classes aisées.

     

    Selon le Morgen Post, les investisseurs lorgnent sur le « parc Thalmann », dans un quartier en plein embourgeoisement. Les premiers menacés sont les locataires du grand parc HLM construit dans les années 1980 par la RDA. Leur crime, bénéficier de trois pièces pour 400 € au cœur de Berlin.

     

     

    En Allemagne comme ailleurs en Europe, le fascisme idéologique ne passera pas : la lutte héroïque des Thalmann ou Dimitrov doit avoir une perspective, l'organisation de la résistance à la politique de casse sociale qui crée les bases de recrutement du mouvement fasciste !


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  • Monde - le 15 Mai 2013

    Allemagne: victoire pour les salariés de la métallurgie

    Sous la pression d’un durcissement du mouvement social, patronat et syndicat du secteur de la métallurgie en Allemagne ont convenu ce mercredi à Munich d’une hausse de salaires en deux temps. 3,7 millions de salariés sont concernés.

    Selon les termes de l'accord qui court sur vingt mois, les salaires augmenteront en deux temps: +3,4% à partir du 1er juillet 2013, puis +2,2% au 1er mai 2014. Le syndicat IG Metall, particulièrement combatif et qui avait réussi à mobiliser plus de 700 000 salariés ces deux dernières semaines, revendiquait une hausse de salaire de 5,5% pour cette année. La fédération patronale Gesamtmetall avait signalé en début de semaine qu'étendre l'accord dans le temps pourrait constituer une base de compromis.

    "Avec un tel accord, les salariés sont traités de façon juste et appropriée, en harmonie avec la situation économique", a dit le président d'IG Metall, Bertold Huber, cité dans un communiqué. "Je me réjouis de l'accord-pilote atteint en Bavière", a dit le président du patronat de la métallurgie, Gesamtmetall, Rainer Dulger. Les syndicats et salariés étaient près à une grève dure dans la métallurgie. Hier, 50 000 salariés de Volkswagen pourtant peu concernés s’étaient mobilisés par solidarité, pour faire pression avant le début de cette nouvelle nuit de négociation. Rien qu'entre le 1er et le 8 mai, 400.000 salariés avaient cessé le travail ponctuellement, par exemple chez Daimler, Bombardier ou encore le fabricant de câbles Nexans. IG Metall avait fixé la date de la Pentecôte comme ultimatum avant le passage à la grève dure. Les métallos allemands ne se sont pas mis en grève dure depuis 11 ans.

    C’était le quatrième tour de table. Le compromis va ensuite devoir être approuvé par les autres sections régionales d'IG Metall pour valoir dans tout le pays. L'accord salarial dans la métallurgie sert en général d'étalon pour d'autres pans de l'industrie en Allemagne. Le printemps social est chargé en Allemagne cette année. Les salariés de Lufthansa ont paralysé le trafic de la première compagnie aérienne lors de deux grèves en mars puis en avril. Deutsche Post a été touchée aussi, cette semaine ce sont les salariés d'Amazon qui ont cessé le travail sur deux sites pour revendiquer un rattachement du géant de la distribution en ligne à la convention collective du commerce de détail.


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  • 20101204 Lafontaine Melenchon2Les dirigeants de Die Linke défendent l'Euro... contre Oskar Lafontaine!

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Rien ne va plus pour Die Linke. En chute libre dans les sondages, la formation « de gauche » allemande est minée par les dissensions internes. La dernière en date, sur la monnaie unique, opposant les dirigeants du parti à leur père fondateur, l'économiste Oskar Lafontaine.

     

    Il n'est plus besoin de présenter Oskar Lafontaine. L'ancien ministre des Finances de Schroder se définit comme viscéralement attaché à l'héritage social-démocrate, européiste du SPD, qu'il estime trahi par son actuelle direction.

     

    C'est ce cheminement qui le conduit à claquer la porte du gouvernement social-démocrate en 1999, à quitter le SPD en 2005 puis à fonder « Die Linke » avec les dirigeants du PDS (Parti du socialisme démocratique), restes des communistes du Parti du socialisme unifié est-allemand.

     

    Mais en 1999, La Fontaine restait un partisan de la monnaie unique européenne. Aujourd'hui, en 2013, fidèle à son orientation social-démocrate, européiste conséquente, sa position a changé. Sa déclaration du 30 avril a créé un débat enflammé dans le parti qu'il a contribué à fonder

     

    Pour Lafontaine, il faut sortir de l'Euro pour mener une politique « de gauche »... et sauver l'Europe !

     

    Lafontaine rappelle que son enthousiasme initial pour l'Euro allait de pair avec l'idée d'une « coordination économique européenne » allant vers une « harmonisation salariale ». La Fontaine est aujourd'hui déçu que l' « Euro n'ait pas conduit à l'adoption d'un comportement rationnel ».

     

    Il souligne, avec acuité, que le capital allemand a en réalité pratiqué une politique de modération salaire pour gagner des parts de marché et ruiner les économies des pays du Sud, qu'il tente d'achever avec sa politique d'austérité.

     

    De la crise actuelle de la zone euro, Lafontaine en tire une conclusion radicale en apparence : en finir avec l'Euro, revenir à une monnaie commune dans un Système monétaire européen. En réalité, la position de l'ex-leader du SPD est conséquente.

     

    Sur le plan économique car la fin de l'Euro est nécessaire à la mise en place d'une politique de relance social-démocrate. La Fontaine avance l'idée que seule une dévaluation compétitive – supposant la souveraineté monétaire – peut représenter une alternative à la dévaluation salariale.

     

    Mais sur le plan politique aussi, la fin de l'Euro est nécessaire au maintien de l'Union européenne. La politique de Merkel et de la classe dominante allemande de la terre brûlée alimente les tensions au sein de l'UE, risquant de faire imploser le projet européen.

     

    La politique de nivellement par le bas des salaires imposée par le capital allemand se sert de l'instrument Euro. Paradoxalement, il faut, pour La Fontaine, en finir avec l'Euro pour rétablir un équilibre au sein de l'UE, assurant la pérennité du projet européen.

     

    Si la position de Lafontaine est pétrie d'illusions idéalistes passées (« adoption de comportements rationnels » sic), elle est toutefois la plus conséquente, dans son cadre réformiste et européiste.

     

    Or, cette position tranche radicalement avec celle promue par le PGE à l'échelle européenne et ses figures Tsipras ou Mélenchon. Elle s'oppose nettement à la position de la direction officielle de Die Linke, et ses architectes liés au PGE, Lothar Bisky ou Gregor Gysi.

     

    Une levée de boucliers à la direction de Die Linke : « Nous disons oui à l'Euro ! »

     

    La position exprimée publiquement par Lafontaine n'a pas encore reçue de réponse frontale, le respect pour l'illustre aîné, l'aura de l'économiste social-démocrate a conduit les dirigeants à lui répondre de façon détournée, ce qu'ont néanmoins fait les deux co-présidents actuels de Linke.

     

    Tout d'abord, Katja Kipping, ancienne dirigeante du PDS (ex-communiste) de l'ex-RDA a répondu par un article dans la presse du parti Neues Deutschland au titre évocateur : « Nous disons Oui à l'Euro ! ».

     

    Le principale argument avancé par la dirigeante du parti est la collusion avec le nouveau parti anti-euro « Alternative pour l'Allemagne » (AfD). Kipping a rappelé la position de Gysi en 1998 : oui à l'Euro, mais il faut une harmonisation sociale et fiscale. Donc plus d'Europe !

     

    Bernd Riexinger, représentant les ex-sociaux-démocrates de RFA a répondu tout d'abord de façon laconique mais claire : « Certains disent Non à l'Euro et oui à l'Austérité (l'AfD), nous, nous disons non à l'austérité et oui à l'Euro. Ils sont de droite, nous sommes de gauche ! »

     

    Les déclarations de soutien à la monnaie unique se sont multipliés dans la presse du parti. Le député européen Jurgen Klute a ainsi émis un vibrant article contre le retour du nationalisme, soulignant en ce sens la « réussite du projet européen » (sic), visant en réalité le retour à la monnaie nationale.

     

    A la gauche du parti, la responsable de la plate-forme communiste Sarah Wagenknecht a, elle, rendu des déclarations peu claires. Aucun soutien explicite à la proposition de La Fontaine, puis une dénonciation du programme de l'AfD, enfin le refus de prendre position pour ou contre.

     

    En vue de la réunion à Dresde en juin, pour adopter le programme du parti pour les élections de septembre, le groupe dirigeant de Die Linke a déjà tiré des conclusions sur l'UE et la monnaie unique :

     

    « Même si l'Union monétaire européenne a été très mal construite, Die Linke ne veut pas la fin de l'Euro. Au contraire, l'Union monétaire doit être totalement réorganisée, afin que l'on défende la coopération pacifique en Europe plutôt que d'exacerber les divisions ».

     

    Au moment où l'idée d'une sortie progressiste de l'Euro s'impose de plus en plus dans le débat européen, désormais mises en avant par des Partis communistes au Portugal ou à Chypre, par les JC d'Espagne, le débat parvient au cœur de l'Europe capitaliste.

     

    Mais pour les dirigeants de Die Linke et du PGE, malgré le bon sens des meilleurs économistes réformistes, la question de l'Euro est politique : il s'agit de sauver le projet d'intégration capitaliste européenne, coûte que coûte.


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  • Monde - le 3 Mai 2013

    50 000 métallos allemands se mobilisent pour leurs salaires

    Alors qu’Angela Merkel continue son plaidoyer pour l’austérité, près de 50 000 métallos d’outre-Rhin ont pris part à un mouvement de grève, à l’appel du syndicat de la métallurgie IG Metall. Les grévistes réclament une hausse des salaires.

    "Près de 50 000 salariés issus de plus de 100 entreprises ont pris part aux premières actions et grèves d'avertissement", a déclaré le puissant syndicat IG Metall, dans un communiqué. C’est l'Etat régional du Bade-Wurtemberg (sud-ouest) qui a été le plus mobilisé, il représente à lui seul plus de la moitié des grévistes (26 500), parmi eux figurait quelques 9 000 employés du constructeur automobile Daimler.

    "Les personnels ont montré à travers leur importante participation au déclenchement de la grève d'avertissement nationale, ce qu'ils pensent de la proposition des employeurs : ça ne suffit pas !", a estimé jeudi Berthold Huber, le responsable de la première centrale syndicale Allemande. Le mouvement avait commencé dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque près de 400 ouvriers du sous-traitant automobile Bentler avaient débrayé leur site.

    Une série de négociations avaient pourtant débuté entre IG Metall, et la fédération patronale Gesamtmetall. Le syndicat souhaitait une augmentation des salaires de 5,5% pour les quelques 3,7 millions de salariés du secteur de la métallurgie, secteur qui comprend entre autre l’automobile, l’électroménager et l’électronique. Lundi 30 avril, le syndicat patronal a fait une proposition de hausse salariale de 2,3% sur 11 mois à compter du 1er juillet. L’offre a été refusée par IG Metall qui a immédiatement appelé à des débrayages d’usines.

    Augmenter les salaires pour relancer la consommation

    Selon les syndicalistes, une hausse des salaires serait bénéfique pour l’économie puisqu’in fine cela conduirait à une hausse de la demande intérieure, autrement dit de la consommation. Avec les politiques d’austérités mises en place partout en Europe, les pays du vieux continent, principal marché de l’Allemagne, absorbent de moins en moins de produits allemands. Or l’économie d’outre-Rhin reposant essentiellement sur les exportations (près de 50% de son PIB), le pays aurait tout intérêt à se reposer d’avantage sur sa consommation intérieure. De son côté la centrale patronale prétend qu’une augmentation des salaires conduirait à une hausse du chômage.

    Dans d’autres secteurs d’activités, certains accords ont débouché sur des hausses de salaires de 6%, de son côté IG Metall souhaite assurer aux metallos allemands une hausse minimum de 3%. "IG Metall attend une proposition qui permette un accord. C'est pourquoi nous allons maintenir la pression", a-t-il ajouté, annonçant "des grèves d'avertissement massives au niveau national pour les prochains jours".


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  • nazis-stop.jpgUne dizaine de milliers de manifestants à Munich disent « Non » à la terreur néo-nazie

    Article MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Dans le sillage de la crise, de la destruction de la RDA socialiste, du regain de la puissance nationale allemande décomplexée, le néo-nazisme retrouve un certain écho en Allemagne, pas seulement à l'Est mais aussi de plus à l'Ouest.

     

    La Bavière, bastion ultra-conservateur historique, est au cœur de la renaissance du mouvement néo-nazi à l'Ouest. En 2008, les partis d'extrême-droite avaient obtenu près de 3% dont 1,5% pour le parti néo-nazi NPD.

     

    Récemment, le journal der Spiegel révélait les liens privilégiés entretenus par l'extrême-droite bavaroise et le parti grec Aube dorée qui contribue à re-structurer le mouvement nazi en Allemagne du sud.

     

    « Non à la terreur nazie, au racisme quotidien et d'Etat »

     

    Ce samedi, plus de 10 000 personnes ont manifesté dans les rues de Munich pour dire Non au retour du néo-nazisme, non aussi au terrorisme d'extrême-droite et non à la collusion entre milieux conservateurs ouest-allemands, services secrets et groupuscules fascistes.

     

    Parmi les mots d'ordres reflétés par les banderoles des manifestants :« Munich doit rester une ville libérée du nazisme»,« Non à la terreur nazie, au racisme quotidien et d’État ».

     

    « Nous devons avoir une tolérance zéro pour les néo-nazis dans cette ville », a affirmé une survivante d'Auschwitz, Esther Bejarano, dans un message envoyé à la manifestation.

     

    Complicités en haut lieu avec un groupe terroriste néo-nazi

     

    Le procès du groupe terroriste néo-nazi « National-socialiste underground » (NSU) à Munich a fourni l'organisation à une centaine d'organisations, anti-fascistes, anti-racistes, dont le Parti communiste allemand (DKP) et la Jeunesse socialiste ouvrière allemande (SDAJ) de riposter.

     

    Le NSU a orchestré dix meurtres – dont cinq à Nuremberg et Munich – et deux attentats à la bombe, dans la ville de Cologne, entre 2000 et 2006. La dernière survivante du groupe, Beate Zschape, a participé ainsi à l'assassinat de huit individus immigrés, d'origine turque.

     

    Les complicités en haut lieu, le laissez-faire des services secrets allemands incitent les organisations de la manifestation à demander la dissolution de l'Office fédéral pour la protection de la constitution (BFV), accusée d'avoir laisser faire le NSU et ses crimes.

     

    Dans le passé, la complicité du BfV avec le NDP a déjà été évoqué. Le scandale de la gestion par le BdV des attentats du NSU – qu'il a longtemps attribué à des gangs immigrés – a conduit à la démission de plusieurs responsables des services de renseignement.

     

    munich1.jpgPour les communistes munichois : « les nazis jouent un rôle dans le système : dévoyer la colère populaire »

     

    Les communistes munichois du DKP ont soulevé des questions dérangeantes dans leur tract :

     

    « L'Office fédéral pour la protection de la constitution a-t-elle connu un dysfonctionnement ou a-t-elle bien fait son travail ? C'est peut-être aussi le résultat d'un dénominateur commun anti-communiste et nationaliste, entre l'organisme fédéral et l'organisation néo-nazie. »

     

    « Pourquoi les a-t-on laissé en liberté et qui a intérêt à ce que le NPD ne soit pas interdit ? Les tueurs du NSU sont-ils les revenants d'une sombre politique, celle d'un discours nationaliste légitimant les intérêts impérialistes de l'Allemagne.

     

    Les nazis jouent un rôle dans ce système, ils canalisent l'indignation et la protestation contre les excès du capitalisme vers la droite.

     

    Dans l'ombre de la dictature européenne des marchés financiers, le risque de tendances populistes et nationalistes de droite monte en Europe, ils vont cibler les peurs des couches perdantes de la mondialisation capitaliste et vont leur proposer des 'solutions' nationalistes.

     

    Face à cette menace, l'action collective est plus que jamais nécessaire. »


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  • L’Allemagne face au mal intérieur

    LUNDI 15 AVRIL 2013

    LE PROCèS D’UNE NéONAZIE S’OUVRE MERCREDI

    Complice de dix meurtres, Beate Zschäpe est la seule survivante du groupe «Clandestinité nationale-socialiste». Une cellule terroriste qui a été ignorée pendant treize ans par les services de renseignement et de la police.

    Dans sa cellule de la prison de Cologne, Beate Zschäpe, seule survivante du groupe «Clandestinité nationale-socialiste» (NSU) et complice présumée de dix meurtres, deux attentats à la bombe et une quinzaine d’attaques à main armée, n’a pas seulement reçu de nombreuses demandes en mariage. En novembre dernier, la direction de la prison a aussi ­intercepté une lettre du terroriste d’extrême-droite norvégien Anders Breivik: « Quand il sera clair aux yeux de tous que tu es vraiment une militante nationaliste, tu deviendras la courageuse héroïne de la résistance nationale-socialiste, qui a tout fait et tout sacrifié pour barrer la voie au multiculturalisme et à l’islamisation de l’Europe», écrit-il à sa «chère sœur».
    Née en 1975, Zschäpe est-elle vraiment la «pasionaria néonazie» fantasmée par Breivik? Ou plus simplement le produit d’une enfance sans amour, vécue à l’est de l’Allemagne au moment où la chute du Mur de Berlin fait éclater les cadres d’une société trop longtemps muselée? Elle est en tout cas le verrou que le tribunal de Munich va tenter de forcer à partir de mercredi, au cours d’un procès qualifié «d’historique». Pas moins de 600 témoins sont en effet attendus à la barre pour essayer de comprendre la dérive criminelle de la NSU mais aussi l’échec absolu des services de police allemands. L’affaire secoue l’opinion publique. Près de dix mille personnes ont défilé samedi contre l'extrême droite à ­Munich.
    Les différentes commissions d’enquête qui travaillent à faire toute la lumière sur la plus grande série de meurtres politiques depuis la «Fraction armée rouge» montrent ainsi que pendant 13 ans, la police et les renseignements généraux allemands n’ont cessé d’accumuler les pannes, préférant s’acharner sur la piste de la mafia turque plutôt que d’envisager l’implication d’éléments néonazis.
    «Nous n’avons jusqu’à présent rien trouvé qui corrobore la thèse de la collusion entre la police et l’extrême-droite. Les nombreuses pannes laissent cependant apparaître un net problème de mentalité et de structures dans un appareil policier qui a parfois du mal à «regarder à droite» et dont les services se sont montrés incapables de collaborer», affirme le député social-démocrate Sebastian Edathy, président de la commission d’enquête du Bundestag sur la NSU.

    Fidèle exécutante
    Le 4 novembre 2011, une explosion déchire la façade d’une grosse bâtisse située au No 26 de la Frühlingsstrasse, dans la petite ville saxonne de Zwickau. Le toit s’enflamme immédiatement. Et pendant que le voisinage s’attroupe, une silhouette s’éloigne discrètement. En guerrière disciplinée, Beate Zschäpe est en train d’exécuter les dernières volontés, en détruisant leur planque, de ses camarades de cavale Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt. Les deux hommes se sont suicidés quelques heures plus tôt à deux cents kilomètres de là, à ­Eisenach (Thuringe), pour échapper à la police, après avoir dérobé 70 000 francs dans la caisse d’épargne locale.
    Le lien entre les trois complices est vite établi. La relation entre Zschäpe, Mundlos et Böhnhardt, membres actifs de l’extrême-droite à Iéna depuis les années 1990, est connue de la police qui a perdu leurs traces en 1998. Le 11 novembre, l’affaire prend cependant une tout autre dimension. Dans les décombres de l’appartement, les policiers retrouvent la carcasse calcinée d’un pistolet tchèque de marque Ceska. La découverte est une véritable bombe. En effet, ce pistolet n’est autre que «LE» Ceska que plusieurs centaines de policiers regroupés dans la Commission spéciale «Bosphore», cherchent en vain
    depuis des années.
    Obtenue en Suisse, l’arme a été utilisée entre 2000 et 2006 pour assassiner sans raison neuf commerçants d’origine turque et grecque. La stupeur est donc d’autant plus grande quand on découvre que les assassins sont trois néonazis d’Allemagne de l’Est et non d’hypothétiques mafieux turcs.

    Un air de «Jules et Jim»
    Beate Zschäpe, qui s’est rendue à la police 4 jours après le suicide de ses compagnons, n’a pas connu son père, un citoyen roumain qui a refusé de la reconnaître. Sa mère Annerose, alors étudiante à Budapest, la laisse chez sa grand-mère deux semaines après sa naissance. Ce n’est que plus tard, de retour en République démocratique allemande (RDA), qu’elle reprend sa fille. Mais leurs relations sont orageuses.
    Puis vient le grand bouleversement, la chute du Mur de Berlin. Après avoir traîné dans un groupe de jeunes «anarcho-punks», Zschäpe tombe amoureuse d’Uwe Mundlos qui, en 1996, fréquente déjà le chômage et les milieux néonazis. Celui-ci jouera le rôle de l’idéologue du groupe, pendant que son ami Uwe Böhnhardt, avec qui Beate a aussi une liaison, est plutôt le guerrier. Une mission supérieure cimente ce trio à la «Jules et Jim»: la lutte contre la «contamination» de l’Allemagne par les étrangers. Un temps, ils tétanisent leur ville natale en déposant des bombes artisanales sans détonateurs dans divers lieux publics. Quand la police découvre, en 1998, le garage où ils préparent leurs «cocktails», un mandat d’arrêt est enfin délivré. Mais le trio s’est déjà évanoui dans la nature…
    Les juges de Munich espèrent donc que Beate Zschäpe sortira de son mutisme pour permettre de mieux comprendre les actions et la nature de la NSU. Mais il n’est pas certain qu’ils parviennent à expliquer pourquoi la puissante Allemagne s’est laissé berner par un ennemi intérieur que les statistiques les plus récentes dépeignent comme plus brutal qu’avant. Quant aux familles des victimes, assassinées pour la seule raison d’avoir été d’origine étrangère, la manière dont la justice se battra pour que toute la vérité soit faite leur tient plus à cœur que les peines qui tomberont. A l’instar de Semiya Simsek, fille de la première des victimes, elles sauront alors à quel point «on veut nous avoir ici ou pas». I

     

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  • Guerrière : les amazones du néo-nazisme

    Mêlant chronique sociale (fruit de deux ans d’enquête du réalisateur dans les milieux néonazis) et structure tragique (le film s’ouvre sur une image de l’héroïne se vidant de son sang), Guerrière, le premier film de David Wnendt, dresse un tableau inquiétant de la jeunesse est-allemande d’aujourd’hui et de la résurgence des nostalgiques du Troisième Reich.

    Guerrière suit les trajectoires croisées de deux personnages féminins aux prises avec le néo-nazisme : Marisa, vingt ans, bloc de violence brute affichant fièrement les croix gammées tatouées sur sa poitrine, va petit à petit se détacher du groupuscule dont elle est l’un des piliers ; Svenja, quinze ans, élève modèle et jeune fille (trop) sage, va elle faire le chemin inverse, par ennui, curiosité et rébellion contre une père trop sévère…

    Dans son compte-rendu du film, Zéro de conduitesouligne que

    «le plus terrifiant n’est pas la violence des jeunes néo-nazis : c’est plutôt l’indifférence et la mansuétude de la société à leur égard, et la banalisation de leurs « idées » (racisme et antisémitisme, haine de la démocratie). Loin d’être des exclus ou des marginaux, Marisa et ses amis travaillent, vivent chez leurs parents…»

    Pour remettre le film dans son contexte, le site pédagogique, réalisé par Zéro de conduite, propose une interview avec l’historien Patrick Moreau(spécialiste de l’extrême-droite dans les pays de l’Est), qui permet de remettre le film dans son contexte. A ce titre, Patrick Moreau indique que

    «Le néonazisme pose un réel problème en Allemagne, il divise le pays en deux grandes zones. A l’ouest, les groupes d’extrême droite sont présents mais faiblement organisés alors qu’à l’est, ils sont très actifs et réunissent la majorité des 25 000 militants. A l’image de la cellule terroriste Clandestinité nationale-socialiste (Nationalsozialistischer Untergrund, NSU), près de 10 000 activistes pratiquent la violence ouvertement. Ils sont de plus en plus jeunes et les femmes sont plus nombreuses et violentes.»

    Principalement implanté dans l’ex-RDA, les raisons du succès des néo-nazis ne reposent pas uniquement par les problèmes économiques, mais par le processus même de réunification

    «La réunification a précédé la disparition de la quasi totalité du tissu industriel. Le chômage s’est accru considérablement, provoquant une forte désorientation intellectuelle et collective face à l’arrivée de valeurs nouvelles et inconnues. Les Allemands de l’est ne se sentent pas représentés par un parti politique à l’exception des néo-communistes. Ainsi, ceux qui sont en mal de protestation, les jeunes en particulier, recherchent un parti exutoire. Et le seul parti présent sur le marché, c’est celui qui représente les néonazis. Tous les autres partis sont perçus comme des partis de l’étranger, des partis de l’ouest.»

    Au niveau européen, Patrick Moreau considère que «nous n’assistons pas à une progression du néonazisme en Europe, mais à une radicalisation inquiétante des sociétés européennes, une adhésion forte à des thèmes anti-islamiques.»

    Source : Guerrière : les amazones du néo-nazisme.

    http://www.politis.ch


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    Changement de cap au Parti communiste allemand (DKP)

    Retour au marxisme-léninisme et critique de « Die Linke »

     

    par Günter Pohl, secrétaire aux relations internationales du DKP

     

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Ces 2 et 3 mars, en Allemagne, se tenait le 20 ème Congrès du Parti communiste allemand (DKP) dans la ville de Mörfelden, près de Francfort. L'issue est lourde de sens.

    Le nouveau président du DKP est Patrick Köbele, jusqu'à présent un des trois vice-présidents, il remplace Bettina Jürgensen. Il a obtenu 91 voix contre 60 pour elle. C'était la première fois qu'un congrès du DKP décidait de sa direction en présentant plusieurs candidats.

     

    Ce résultat net et sans bavure apparaît comme la fin d'une querelle de longue date entre les communistes allemands concernant plusieurs des points mis au débat.

     

    Les nouveaux vice-présidents sont Wera Richter et Hans-Peter Brenner, la camarade Hina Hager étant confirmée dans ses fonctions.

     

    Le DKP retourne ainsi à ses positions d'internationalisme prolétarien, au marxisme et au léninisme. Le courant qui a désormais perdu la majorité au Comité central, a déjà perdu d'une certaine façon la direction politique au 19 ème Congrès, en octobre 2010, lorsque les délégués ont rejeté les « Thèses du Secrétariat » optant pour un parti sans Léninisme et une orientation vers les « mouvements » plutôt que guidée par les intérêts de la classe ouvrière.

     

    Mais ce courent, désormais considérablement affaibli, est resté aux commandes du DKP, conservant alors une majorité étroite au Comité central qui ne représentait pas la volonté des bases du DKP.

     

    La nouvelle direction du DKP, d'autre part, cherche à concentrer son travail sur la classe ouvrière, sans négliger une politique raisonnable d'alliances. C'est la fin donc du dogmatisme du « mouvementisme » qui avait mené le Parti communiste à une impasse : en se rapprochant de positions réformistes, du parti « Die Linke » qui n'est plus qu'un simple parti électoral, c'était l'existence du DKP qui était en jeu.

     

    Sans refuser toute alliance avec « Die Linke », quand cela aura du sens et quand prévaudra l'intérêt de classe comme sur les questions des droits sociaux et de la paix, le DKP retourne au combat dès maintenant, avec son identité communiste.

     

    Il va ainsi « retourner dans la rue », comme le disait Patrik Köbele dans son discours de clôture. Le DKP se doit d'être plus combatif et redevenir à moyen-terme une avant-garde, ce qu'elle n'est plus depuis longtemps, et ce qu'une partie du parti ne veut plus être, prétextant que ce serait « dépassé ».

     

    La question des alliances dans le pays, a à voir aussi avec le rôle de la coopération internationale. Pour la nouvelle direction du DKP, les Partis communistes et révolutionnaires ont la priorité, bien que les contacts avec les partis socialistes ou de gauche ne soient pas abandonnés.

     

    Au niveau européen, la participation du DKP au Parti de la gauche européenne (PGE) est un des points de débats qui sera discuté lors d'un jour additionnel du congrès prévu pour mai. Il est probable que le DKP restera observateur tout en s'abstenant d'entrer dans ses instances dirigeantes.

     

    Autre affrontement entre les communistes allemands, ce fut sur la caractérisation de l'impérialisme. Selon certains, il n'existe pas d'impérialisme allemand suivant ses propres objectifs, mais seulement celui de l'Union européenne, agissant parfois collectivement aux côtés de l'impérialisme américain.

     

    La majorité du DKP voit une différence entre exploiteurs et exploités dans l'UE, entre les métropoles et la périphérie de l'Union. Le 20 ème congrès a caractérisé le rôle de l'impérialisme allemand ainsi.

     

    L'Allemagne n'est pas seulement l'avant-garde de la politique réactionnaire au sein de l'UE, mais elle tire profit de la crise économique, laissant supposer même qu'elle l'intensifie dans cette perspective.

     

    Le nouveau Comité central est plus jeune et se veut plus combatif. Par rapport au syndicalisme allemand, le DKP continue d'opter pour le syndicat unique, mais il veut mettre l'accent sur le soutien aux tendances de lutte et de classe au sein des huit syndicats de la DGB (Centrale syndicale allemande).

     

    En Europe, ces derniers temps, au cœur de la crise plus encore qu'avant, on a attiré l'attention sur le fait que des syndicats comme IG-Metall (métallurgie) ne se sont pas solidarisés avec les grèves dans les pays du Sud de l'Europe, mais ils ont appuyé la fermeture d'usine dans ces pays si cela permettait d'éviter la fermeture d'usines en Allemagne.

     

    Le premier Comité central, les 23 et 24 mars, a élu huit membres du Secrétariat, responsables aux politiques d'alliances, à l'organisation au journal « Unsere Zeit » du DKP, à l'éducation marxiste, à la politique aux entreprises et aux syndicats, aux relations internationales, aux relations publiques et aux finances.


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  • Allemagne: L’industrie et le gouvernement planifient des guerres de ressources

    Par Peter Schwarz
    22 février 2013

    Il y a un an, les principales entreprises industrielles allemandes ont lancé une Alliance pour la sécurisation des matières premières (Rohstoffallianz) en vue de sécuriser l’approvisionnement en matières premières sélectionnées pour le compte de ses actionnaires et de ses membres. Pour atteindre ce but, elle appelle à recourir aux moyens militaires.

    Dans une interview accordée lundi 18 février à Reuters, le directeur de l’Alliance, Dierk Paskert, a réclamé «une politique stratégique en matière de commerce extérieur et de sécurité» afin de garantir aux entreprises allemandes l’approvisionnement en matières premières.

    Alors même que cette politique devrait se laisser guider par «l’objectif consist[ant] à accéder à des marchés des matières premières libres et transparents,» dit Paskert, «il serait naïf de considérer que cela se fera dans un avenir proche.» L’évolution est «malheureusement allée exactement dans le sens inverse.» C’est pourquoi, Paskert conclut, «Nous [l’Allemagne], en coopération avec nos partenaires de l’UE et de l’OTAN, devons nous impliquer encore plus, avec nos partenaires de l’Union européenne et de l’OTAN, dans les questions relatives au commerce extérieur et à la sécurité.»

    «L'implication dans les questions relatives à la sécurité» est un euphémisme pour des opérations militaires. Ceci est révélé par la référence faite à l’OTAN, une alliance militaire.

    Paskert réclame des guerres de ressources.

    En réponse à une question directe posée par le quotidien économique Handelsblatt – «Allons-nous assister à des guerres de ressources ?» – Paskert a répondu par l’affirmative en citant un précédent historique. «L’histoire montre,» a-t-il dit, «que de nombreux conflits ont eu pour origine dans la lutte pour les ressources… L’approvisionnement en matières premières est la base de la création de valeur et du bien-être d’un pays, et a donc une signification géopolitique.» Le Handelsblatt a publiquement déclaré quelle était la question centrale. Dans un long éditorial sur l’interview de Paskert, le journal écrit que l’industrie voudrait qu’il y ait «un plus grand engagement du gouvernement – et de l’armée – dans la sécurisation des matières premières.» L’éditorial a été publié sous le titre révélateur «Expédition matières premières : la nouvelle voie de l’Allemagne.»

    Dans les cercles politiques, explique le Handelsblatt, cette exigence de l’industrie trouve une audience. Pour le gouvernement, «le contrôle des matières premières est une “question stratégique” pour la politique étrangère allemande.» L’on peut s’imaginer «que les partenariats sur les matières premières qui existent déjà ne suffisent pas. “Des instruments sécuritaires et militaires” sont aussi nécessaires.»

    Selon le Handelsblatt, la chancelière envisage de nommer un coordinateur qui «ajustera mieux les intérêts des industries stratégiques à la technologie de la défense et de la sécurité, en contribuant à garantir l’approvisionnement en matières premières.» Les partenaires stratégiques de l’Allemagne, comme l’Arabie saoudite, devraient être soutenus en matière de technologie des armes avant que l’Allemagne en cas de crise ne soit obligée d’envoyer ses propres soldats. Et les forces armées devraient «être mieux préparées pour jouer leur nouveau rôle en tant que gardiens des intérêts stratégiques.» Le Handelsblatt cite les directives sur la politique de défense de 2011 disant que la «sécurité et l’accès aux ressources naturelles» sont l' «intérêt le plus important de la politique de sécurité et de défense.»

    Cet objectif n’est pas tout à fait nouveau. Au milieu des années 1990, les directives de la politique de défense avaient défini les tâches principales de la Bundeswehr (les forces armées allemandes) comme étant le «maintien de la liberté de commerce dans le monde et l’accès aux matières premières stratégiques.» Cette approche a ouvert la voie à la transformation de l’armée allemande de force de défense du territoire en force d’intervention internationale.

    Dans la propagande officielle, les missions de l’armée aux Balkans, en Afghanistan et ailleurs ont été justifiées par des raisons humanitaires ou comme faisant partie de la «guerre contre le terrorisme.» Mais le gouvernement et le patronat estiment maintenant qu'il est temps de mettre l’opinion publique au fait des objectifs réels de telles opérations.

    Dans une interview accordée le 31 janvier au journal Süddeutsche Zeitung, le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, a déclaré, pour souligner la nécessité d’interventions militaires directes à l’avenir, qu’un nouveau type de justification devrait être trouvé. «Les opérations militaires internationales doivent être expliquées de manière réaliste,» a-t-il «et les justifications ne doivent pas sembler trop piteuses.»

    Sous la direction de De Maizière, fils d’un général d’armée et chef d'État-major de longue date de la Bundeswehr, la transformation de la Bundeswehr progresse rapidement. Les moyens de reconnaissance et de transport ainsi que les troupes de déploiement rapide sont en train d’être élargis. De plus, la Bundeswehr veut acheter des drones armés et deux «joint support ships» (navires de soutien interarmées) qui, aux dires d’un haut gradé militaire, sont appropriés pour «faire preuve de volonté politique,» c’est-à-dire pour intimider adversaires et rivaux.

    L’Allemagne est entre-temps en train de s'impliquer de façon toujours plus agressive dans des guerres impérialistes. Alors que Berlin affichait certaines réserves en 2003 en Irak et même en 2011 dans la guerre en Libye, elle soutient actuellement pleinement l’intervention française au Mali et les préparatifs de guerre contre la Syrie.

    Le contexte de cette évolution est l’intensification de la lutte pour les matières premières, notamment avec la Chine. L’été dernier, le chef de l’Alliance, Paskert, déclarait au magazine américain BusinessWeek : «Si nous considérons que la Chine consomme 40 pour cent de presque tous les produits et que ses besoins continueront d’augmenter drastiquement, je commence à me sentir mal à l’aise à moyen terme. La Chine est un aspirateur géant qui n’existait quasiment pas, il n'y a pas si longtemps. Nous devrions maintenant sérieusement réfléchir à la sécurité de l’approvisionnement de l’industrie allemande.»

    L’appel lancé par le patronat allemand en faveur d’une guerre de ressources rappelle les chapitres les plus sombres de l’histoire allemande. Les objectifs de guerre allemands dans la Première Guerre mondiale – des annexions extensives en France, dans les pays du Benelux et en Afrique – étaient fondés sur les besoins et les projets d’«éminents esprits du monde des affaires, de la politique et de l’armée,» comme l’écrivait en 1961 l’historien Fritz Fischer dans son livre innovant Les buts de guerre de l’Allemagne impériale.

    Les mêmes cercles d’affaires avaient alors soutenu Hitler parce que ses projets pour la conquête du monde et la demande de «Lebensraum» (espace vital) à l’Est correspondaient à leur poussée expansionniste à la recherche de matières premières et de marchés et parce qu’il avait détruit l’organisation du mouvement ouvrier.

    De nos jours, de nombreuses entreprises, ou leurs successeurs, qui avaient soutenu la Première et la Deuxième Guerre mondiale figurent parmi les partisans et les membres de l’Alliance. Ceux-ci comprennent, les sociétés chimiques et pharmaceutiques BASF et Bayer, qui sont issus du tristement célèbre cartel IG Farben ; le géant de l’acier ThyssenKrupp, né de la fusion de Thyssen et Krupp, qui tous deux faisaient partie des premiers partisans des nazis ; le groupe Volkswagen qui avait été fondé sur initiative de Hitler ; et le constructeur automobile BMW dont le principal actionnaire, la famille Quandt, doit une grande partie de ses actifs à la politique d’arianisation et de travaux forcés pratiquée par les nazis ainsi qu’aux crimes nazis.

    Comme l’indique son site Internet, l’Alliance a été fondée fin de 2010 par le «président de la fédération allemande de l’industrie (BDI), le Prof. Dr Hans-Peter Keitel, dans le but d’examiner l’évolution des marchés de matières premières et des réponses éventuelles à donner par l’industrie.» Son haut responsable, Dierk Paskert, est un cadre supérieur qui siégeait précédemment au directoire d’E.ON Energie AG, l’un des plus grands producteurs d’énergie en Allemagne.

    L’Alliance entretient de très étroites relations avec le gouvernement allemand. Elle gère, au nom du ministre allemand de l’Économie, Philipp Rösler, un programme d’aide qui accorde des prêts conditionnellement remboursables à des entreprises pour la conquête de nouveaux marchés cruciaux de matières premières comme l’antimoine, le béryllium, le cobalt, la fluorine, le gallium, le germanium, le graphite, l’indium, le magnésium, le niobium, les métaux du groupe du platine, les terres rares, le tantale et le tungstène.

    Le fait que l’industrie allemande ose une fois de plus appeler ouvertement à une guerre impérialiste pour satisfaire ses besoins en matières premières doit être considéré comme un avertissement par les travailleurs en Allemagne et aux quatre coins du monde. C’est l'expression évidente de l’accroissement des conflits économiques et géopolitiques mondiaux qui conduisent inexorablement à une guerre mondiale – à moins que les impérialistes ne soient désarmés par la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière.

    (Article original paru le 20 février 2013)

    http://www.wsws.org/fr/articles/2013/fev2013/indu-f22.shtml


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